Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et là nous en avons une nouvelle illustration…
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Hugo Clément sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Hugo Clément sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Allez, il est 7h19, en toute subjectivité, Hugo Clément, Hugo, ce matin, vous nous
00:05parlez d'un combat qui semblait gagné, mais qui revient dans l'actualité.
00:09Oui Nicolas, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, et là,
00:13nous en avons une nouvelle illustration.
00:15Vous vous souvenez, je vous en avais parlé sur cette antenne il y a quelques mois, le
00:18deep sea mining, en français le minage en eau profonde, menace les abysses des océans
00:24du monde entier, puisque des entreprises souhaitent exploiter les grands fonds marins pour y extraire
00:29des minerais.
00:30Une pratique rejetée en bloc par l'ensemble de la communauté scientifique, puisqu'elle
00:35conduirait à saccager des écosystèmes extrêmement fragiles, que nous connaissons très peu
00:39et qui abritent des espèces encore inconnues.
00:42Suite à une large mobilisation citoyenne de nombreux pays, dont la France, ont annoncé
00:46leur opposition au minage en eau profonde, Emmanuel Macron a carrément décidé d'interdire
00:51à titre préventif toute exploitation des grands fonds marins dans les eaux territoriales
00:56françaises, ce qui fait de la France le pays le plus engagé du monde sur ce dossier.
01:00D'autres états, une quarantaine en tout, dont le Brésil, l'Allemagne ou encore le
01:04Canada, défendent eux un moratoire sur le minage en eau profonde dans les eaux internationales.
01:09On pouvait donc se dire que la partie était quasiment gagnée, que cette très mauvaise
01:13idée ne deviendrait jamais une réalité et que les petites et grosses bestioles des
01:18abysses étaient sauvées.
01:19Et bien, que nenni Nicolas ?
01:21Alors, c'est-à-dire, qu'est-ce qui se passe là ?
01:23Il se passe que quand la porte se ferme, certains essayent de passer par la fenêtre.
01:27Jeudi dernier, l'entreprise canadienne TMC, The Metal Company, qui est le groupe le plus
01:32actif pour obtenir le droit d'exploiter les grands fonds marins, a annoncé son intention
01:37de déposer un contrat auprès de l'administration Trump pour pouvoir démarrer l'exploitation
01:42en dehors du cadre de l'ONU.
01:44Pour résumer, si les pays du monde entier s'opposent à ce qu'on saccage les abysses,
01:49il y a peut-être une chance que Donald Trump, lui, soit d'accord, donc on tente.
01:52L'administration américaine n'a pour l'instant pas répondu, mais on est en droit de craindre
01:56le pire.
01:57Et si cette demande de TMC était acceptée, l'entreprise pourrait commencer à exploiter
02:02les fonds marins dans les eaux internationales.
02:04Ce serait une catastrophe écologique, mais aussi une violation flagrante du droit international
02:09puisque les abysses n'appartiennent à aucun Etat et sont gérés par l'autorité internationale
02:14des fonds marins qui dépend de l'ONU.
02:16En théorie, c'est donc uniquement dans ce cadre-là que peuvent se prendre de telles
02:20décisions, mais sentant le vent défavorable et l'opposition d'un nombre croissant
02:24de pays, le groupe TMC joue son va-tout avec Donald Trump, en espérant qu'il accepte
02:29de piétiner le droit international au nom du business.
02:31La réponse des Etats-Unis sera donc déterminante pour la Suisse ?
02:35Oui, un accord des Américains au démarrage de l'exploitation de manière unilatérale
02:39serait un précédent gravissime.
02:41Cela fragiliserait grandement les prochaines réunions internationales, notamment celle
02:45prévue en juin prochain à Nice pour le sommet de l'ONU sur l'océan, qui est censé être
02:49déterminant.
02:50Si un pays isolé s'arrogeait le droit d'exploiter la haute mer en dehors de tout cadre légal,
02:55ce serait la porte ouverte à la surenchère et un clou de plus sur notre cercueil.