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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:0019h, ravie de vous retrouver ce soir. L'Info avec Barbara Durand, bonsoir.
00:05Bonsoir Christine, bonsoir à tous.
00:07À la une de l'actualité, Nicolas Sarkozy dénonce l'outrance de la peine réclamée au procès des soupçons de financement libyens.
00:15Le parquet national a requis 7 ans d'emprisonnement à l'encontre de l'ancien président, 300 000 euros d'amende
00:21et une interdiction des droits civiques relatifs à l'inégibilité pendant 5 ans.
00:25Le PNF a également requis des peines de prison et des amendes entre 100 000 euros et 4 millions d'euros contre les 11 autres prévenus.
00:34Une mission franco-britannique se rendra en Ukraine pour préparmer l'armée ukrainienne de demain,
00:39annonce faite par Emmanuel Macron à l'issue du sommet pour soutenir Kiev.
00:43Le président a également annoncé qu'en cas de paix, il y aura une force de réassurance européenne en Ukraine
00:50et ce, pour éviter une nouvelle agression russe.
00:53Enfin, à Amsterdam, 4 personnes ont été gravement blessées dans une attaque au couteau.
00:59Les faits ont eu lieu cet après-midi, le suspect interpellé a été placé en garde à vue
01:04et alors que l'enquête se poursuit, aucune information n'a été donnée dans l'immédiat sur un éventuel mobile.
01:12Merci à ma chère Barbara. Dans un instant, on recevra Alain Tolédano, cancérologue fondateur de l'Institut Raphaël.
01:20D'abord, le sommaire ce soir, Éric Zemmour a été condamné pour ses propos tenus dans le cadre de l'affaire Crépole.
01:29On analysera ses propos avec Mathieu Bocoté, que comprendre l'édito de Mathieu Bocoté.
01:35Dans l'affaire du petit Émile, une question ce soir, pourquoi un katobashing depuis le début de l'affaire
01:42alors que les 4 gardés à vue ont été libérés ce matin ? L'analyse de Gabrielle Cluzel.
01:49Boalem Sansal a été condamné par la justice algérienne à 5 ans de prison.
01:54Que comprendre ? Est-il victime de la lâcheté française ? Le regard de Marc Menand.
01:59La piste familiale n'est pas refermée dans l'affaire du petit Émile.
02:04Vers quelle piste pourrait-on se tourner maintenant ? L'analyse des faits avec le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:10Et puis quel a été le rôle des médias dans ce dossier, dans l'affaire du petit Émile ?
02:16L'édito de Mathieu Bocoté.
02:20Une heure avec nos mousquetaires, c'est parti.
02:35Ravie de vous retrouver ce soir. Dans un instant, je vous disais, nous allons recevoir Alain Toledano
02:39qui sera notre invité ce soir. Vous savez que c'est le mois du cancer du Coulomb.
02:43Je ne sais pas si vous avez vu la publicité du gouvernement. Je n'ose pas reprendre les mots.
02:47C'est un peu inélégant mais c'est provocateur. La campagne va chier.
02:51Voilà, tout simplement pour inciter à se faire dépister du cancer du Coulomb.
02:57On parlera du cancer. On parlera de ce mois mars bleu qui incite à se dépister du cancer du Coulomb.
03:05Et on parlera aussi des avancées de la France.
03:07Sommes-nous en déclin ou sommes-nous en avance en matière de cancer ?
03:13On en parle dans un instant.
03:15D'abord, Éric Zemmour, condamné pour ses propos tenus dans les suites du raid de Tripol.
03:21Propos tenus sur BFM TV.
03:23Il devra payer 9000 euros d'amende ou encore aller en prison.
03:27Il a décidé de faire appel. Que comprendre Mathieu Bocoté ?
03:31Que c'est une histoire lunaire et banale tout à la fois.
03:35Lunaire parce que voilà un homme politique qui se retrouve devant les tribunaux
03:40pour avoir livré son interprétation d'une affaire qui avait une portée nationale.
03:45Et banale parce qu'il est aujourd'hui banal de se retrouver devant les tribunaux
03:49lorsqu'on remet en question la doxa, l'idéologie dominante.
03:53Alors, on ne reviendra pas sur le détail de l'affaire Crépole.
03:56Dieu sait qu'on l'a souvent racontée ici.
03:58Je raconterai plutôt comment Éric Zemmour a raconté cette affaire et ce qu'on lui reproche aujourd'hui.
04:03D'abord, il sort du récit médiatique autorisé.
04:07Ce n'est pas une rixe, selon Éric Zemmour.
04:09Ce n'est pas un fait divers, selon Éric Zemmour.
04:12Ce n'est pas Thomas qui a donné un coup de ventre à un couteau, selon Éric Zemmour.
04:16C'est un événement qui n'est pas une rixe seulement.
04:19Éric Zemmour politise l'événement.
04:21Il le politise en disant que cette délinquance n'est pas qu'une forme d'insécurité banale.
04:27Cette délinquance a une dimension politique ou sociologique en quelque sorte.
04:31C'est un RAID.
04:32C'est une délinquance prédatrice et conquérante.
04:36Ce ne sont pas ses mots exactement. Je résume évidemment son état d'esprit.
04:39C'est une délinquance conquérante et prédatrice qui porte une dimension de racisme anti-blanc.
04:45Il ajoute qu'il y a une dimension intercommunautaire dans ce conflit.
04:51Ce ne sont pas que des individus qui se battent.
04:55Il y a une communauté et une autre qui s'identifient en tant que telle.
04:59C'est-à-dire qu'il y a un « nous » contre un autre « nous » qui se confrontent.
05:03Ces deux « nous » sont distincts.
05:05D'un côté, dans son propos, il y a le « nous » de la communauté nationale,
05:08le « nous » des autochtones, le « nous » des natifs,
05:10et de l'autre, un « nous » qu'il associe au racaille, dit-il.
05:15Il identifie ces communautés.
05:17Ce n'est pas un « nous » générique.
05:19Il dit « Voilà de qui nous parlons, voici de quelle communauté nous parlons. »
05:22Il le fait de manière imagée en associant une communauté à un prénom,
05:25en associant une autre communauté à un prénom.
05:28Donc, il fait le portrait des événements.
05:31On peut évidemment être en désaccord avec la lecture que Zemmour fait des événements.
05:36Ça va de soi.
05:37En politique, on n'est pas obligé de partager la même lecture.
05:40C'est de moins en moins vrai avec le pouvoir qui nous dit qu'on devrait toujours répéter la même chose.
05:45Mais quoi qu'il en soit, on pourrait être en désaccord.
05:48Mais on pourrait dire que c'est immoral.
05:51On pourrait dire que c'est inexact.
05:52Surtout, on pourrait dire que vous avez tort.
05:53Et voilà pour les faits pourquoi votre analyse est fausse.
05:56Mais ce n'est pas de cela dont nous parlerons ici.
05:58Parce que pour son analyse, il s'est retrouvé devant les tribunaux.
06:01Et il est donc aujourd'hui condamné.
06:04La question est donc, on veut transformer un désaccord politique en délit idéologique.
06:10Zemmour est transformé en délinquant idéologique.
06:13Qui a cherché à le condamner ?
06:16Parce que le « qui » est important ici.
06:18C'est d'abord l'État, indirectement, avec la DILCRA.
06:21En ce sens, c'est l'agence proche du premier ministre,
06:23qui est censée être responsable de la lutte contre la discrimination,
06:25le racisme, l'homophobie, la transphobie.
06:27Ce qu'on pourrait appeler plus poliment la police politique du régime.
06:30Il y a SOS Racisme, la milice idéologique publiquement subventionnée du régime.
06:36Il y a deux députés, LFI, sans surprise,
06:40et un citoyen ordinaire qu'on appellera poliment un « délateur »,
06:43comme il y en a tant aujourd'hui.
06:45Dans les circonstances, il doit donc payer, vous l'avez dit, 9000 euros d'amende.
06:50S'il ne paye pas ces 9000 euros d'amende,
06:52il pourrait aller en prison pour son propos.
06:55On parle donc aujourd'hui d'un pays qui n'est pas l'Algérie,
06:59où on peut se retrouver en prison pour avoir dit quelque chose
07:02qui déplait aux gardiens de l'orthodoxie.
07:05Je précise, s'il le faut, que jamais Zemmour n'a dit
07:10que tous les Arabes, par exemple, tous les musulmans,
07:13ça fait de la liste de tous les groupes possibles, seraient coupables.
07:17En fait, c'est un échange historique entre vous et lui, d'ailleurs.
07:19Pas tous.
07:20Là, on est dans un autre pas tous.
07:22Mais il ne dit pas tous.
07:25Il dit, par ailleurs, il y a un fait statistique reconnaissable,
07:28il dit il y a un fait sociologique reconnaissable.
07:30Encore une fois, on peut être en désaccord, j'insiste.
07:32Mais lui, il dit voilà les choses comme je les vois.
07:34Mais il ne dit jamais que tous, par exemple, tous les immigrés,
07:37ils sont des racailles.
07:38Ce serait absurde de dire ça.
07:39Ce serait odieux de dire ça.
07:40Et ça tombe bien, il ne le dit pas.
07:43Mais l'objectif ici est très clair.
07:45C'est d'assurer avec une justice complaisante, idéologiquement orientée,
07:49très marquée à gauche.
07:51Il s'agit de transformer, je l'ai dit, un désaccord politique en délit idéologique.
07:55Il s'agit de le marquer au fait rouge de la condamnation.
07:58Et ensuite, on nous le présentera comme un délinquant multirécidiviste
08:02sur ces questions.
08:04Et tout comme je dirais qu'il y a une gestion policière aujourd'hui
08:06des manifestations, il y a une gestion juridique de l'opposition.
08:10Et ce qui devrait nous intéresser ici, je crois,
08:12c'est le simple fait qu'on puisse être condamné
08:14pour avoir exercé sa liberté d'expression.
08:16Ce qui devrait nous intéresser, c'est que la mise en question
08:19d'une vérité officielle peut vous conduire possiblement en prison.
08:22Je pense que ça, c'est le véritable enjeu.
08:24Vous parlez de délinquant idéologique.
08:27Qu'est-ce que vous entendez par là, délinquant idéologique?
08:29Alors, vous avez raison de me demander de préciser,
08:31je dirais que c'est plutôt un dissident.
08:33Le mot dissident retrouve sa pleine valeur aujourd'hui.
08:36Qu'est-ce que c'est un dissident?
08:38Il y en a des grands, historiquement.
08:39Évidemment, on n'est pas en URSS,
08:41donc on n'est pas devant sur le Jenny Steen ici.
08:43Mais on est dans un pays qui, officiellement,
08:45est une démocratie libérale et qui, dans les faits,
08:47ne se comporte plus comme telle.
08:48Qu'est-ce que c'est un dissident?
08:49Ce n'est pas quelqu'un qui révèle quelque chose
08:51que personne ne savait
08:53et qui est une forme de découverte absolue.
08:55C'est quelqu'un qui ose dire une vérité et une banalité
08:58que tous savent, mais que personne n'osait exprimer.
09:02Le dissident, c'est celui qui a le courage
09:04de sortir de l'ombre la banalité refoulée,
09:07la vérité interdite.
09:09Tel est le rôle du dissident, c'est sa fonction.
09:12Quelles sont, par ailleurs, les méthodes de répression
09:15des dissidents aujourd'hui en Occident
09:18et en Europe plus largement?
09:20Vous pourrez, par exemple...
09:22Ça commence d'abord avec les journaux de gauche, normalement.
09:24Les journaux de gauche, vous les connaissez.
09:26Ils sont spécialisés là-dedans.
09:27C'est la police idéologique.
09:28Leur job, c'est de coller le plus rapidement possible
09:31à un opposant politique ou idéologique
09:34l'étiquette d'extrême droite.
09:35Il faut que cette étiquette colle absolument
09:37parce qu'une fois que cette étiquette est lancée,
09:39vous pouvez gâcher la vie d'une personne
09:41sur une longue période.
09:42Vous pourrez, par exemple, être mis en garde à vue
09:45pour avoir dénoncé un francocide
09:47ou pour avoir réclamé le départ des OQTF.
09:49On l'a vu tout récemment.
09:51Je crois que c'était en Alsace, si je ne me trompe pas.
09:53Si vous demandez l'expulsion des violeurs étrangers,
09:55le cas de Nemezis,
09:57vous pourrez aussi être mis en garde à vue.
09:59Vous pouvez passer votre vie devant les tribunaux.
10:01C'est, par exemple, le sort d'un Zemmour aujourd'hui
10:04ou d'un Damier-Rieux, par exemple.
10:06Encore une fois, Damier-Rieux, on peut être en désaccord
10:08avec non seulement son discours, ses méthodes,
10:10mais passer sa vie devant les tribunaux pour ça,
10:12c'est une forme de harcèlement juridique
10:14pour interdire un certain type d'action politique.
10:17Vous pouvez voir votre association se faire dissoudre.
10:20Génération identitaire.
10:21On pourra interdire votre coloc
10:23ou fermer habituellement votre compte bancaire.
10:25Ça, c'est l'institut Iliad.
10:27Vous pouvez connaître de fortes amendes
10:29et demain, vous pourrez aller en prison.
10:31Ah bien, je parle ici d'Éric Zemmour.
10:33Je suis surpris par ailleurs que les partis de droite,
10:35aussi large du centre droit à la droite nationale,
10:38n'aient pas comme souci de démanteler
10:40ce dispositif liberticide qui existe aujourd'hui
10:43et qui, dans les faits, conditionne le débat public
10:45de telle manière qu'il ne soit plus possible.
10:47La plupart ont intériorisé l'idée que mieux vaut se taire
10:50parce que sinon, on en paiera le prix.
10:52Mieux vaut se taire parce que sinon, on pourra peut-être,
10:54demain, comme Zemmour, être menacé d'aller en prison
10:56pour avoir contesté un propos officiel
10:58de quelqu'un qui est sûr dans la matière.
11:01Revenons à Crépole.
11:03Certains disent que, pour l'instant,
11:05les seuls condamnés dans cette affaire
11:07sont les défenseurs de Thomas.
11:09Est-ce que c'est vrai?
11:11C'est une remarque de Pierre Sautarel qui m'a frappé.
11:13Il dit, je cite,
11:15« À ce jour, 100 % des condamnés dans l'affaire de Crépole
11:17sont des défenseurs de Thomas. »
11:19Et là, on regarde ça et c'est factuel.
11:21C'est-à-dire que la police, au sens large,
11:23les forces de l'ordre et plus largement la justice,
11:25dans les faits, c'est peut-être ça qui est plus exact de dire,
11:27est beaucoup plus efficace pour traquer
11:29le dogme, la vérité idéologique officielle,
11:31le récit officiel, que pour traquer les vrais délinquants.
11:33Et ça nous ramène à ce qu'on a vu de Crépole, en fait.
11:35Le scandale de Crépole,
11:37on l'a compris très rapidement,
11:39c'était pas les événements de Crépole.
11:41C'était d'interpréter les événements de Crépole
11:43comme une manifestation d'échec de l'intégration,
11:45d'interpréter les événements de Crépole
11:47à la lumière du racisme anti-blanc.
11:49Le vrai scandale était là.
11:51Le vrai scandale, c'était pas Crépole.
11:53C'est-à-dire, Crépole veut dire quelque chose
11:55sur l'état des relations dans ce pays,
11:57sur l'état des relations sociales, communautaires,
11:59ethniques, tous les termes qui existent aujourd'hui.
12:01Alors, on en revient à ce qu'on a vu depuis le début.
12:03Si vous dérogez du récit officiel,
12:05vous serez sanctionnés.
12:07Je veux pas faire de comparaison, évidemment, avec l'Algérie.
12:09Ça va de soi. La France n'est pas l'Algérie.
12:11La France, c'est une démocratie libérale imparfaite,
12:13mais c'est une démocratie libérale. L'Algérie est une dictature.
12:15Nous le savons aussi.
12:17Certains le savent pas, c'est vrai, d'anciens premiers ministres.
12:19Mais je note qu'aujourd'hui,
12:21nous nous sommes tous émus, et Marc nous en parlera,
12:23du sort de Boalem Sansal,
12:25qui fera 5 ans de prison
12:27pour avoir remis en question
12:29une certaine vision de l'histoire de l'Algérie.
12:31Je serais absolument désolé
12:33qu'en Europe occidentale,
12:35aujourd'hui, un chef politique,
12:37qui est aussi un intellectuel,
12:39puisse faire de la prison pour ne pas avoir interprété
12:41de correcte manière, selon les officiels du régime,
12:43ce qui s'est passé à Crépole.
12:45Une petite question subsidiaire.
12:47Est-ce que la justice, selon vous,
12:49se déconsidère
12:51lorsqu'elle condamne
12:53des propos dont la réalité
12:55est évidente pour tout le monde?
12:57Je pense que...
12:59C'est une formidable question parce qu'en fait,
13:01elle se déconsidère, mais elle ne peut pas faire autrement
13:03parce qu'elle n'est plus gardienne de la vérité,
13:05elle n'est plus gardienne du droit,
13:07elle est gardienne du régime.
13:09Il y a une forme de politisation de la justice,
13:11ce que les Américains appellent la weaponization of justice,
13:13l'arsenalisation de la justice,
13:15l'utilisation de la justice pour marquer aux faits rouges
13:17ceux qu'on traite comme les adversaires du régime.
13:19Et je trouve, de mon point de vue,
13:21que nos démocraties libérales,
13:23qui sont de moins en moins démocratiques et libérales,
13:25hésitent de moins en moins à persécuter
13:27ceux qu'ils considèrent comme des opposants de l'intérieur.
13:29Ça peut aller de la fermeture d'une chaîne télé
13:31au fait de traîner un chef de parti politique
13:33devant les tribunaux en le menaçant de le mettre en prison.
13:35Merci pour votre regard. Dans un instant,
13:37avec vous, on va parler du rôle des médias
13:39dans l'affaire du petit Émile
13:41puisqu'il y a eu un rebondissement aujourd'hui.
13:43Les quatre gardés à vue ont été libérés
13:45sans aucune poursuite.
13:47Et on marque une pause
13:49avant de revenir avec vous
13:51parce qu'on a quand même cette impression
13:53de catholique bashing,
13:55je ne sais pas comment dire,
13:57mais on va analyser ça avec vous
13:59ma chère Gabrielle. On marque une pause
14:01et on revient tout de suite sur l'affaire Émile.
14:05À garde à vue
14:07de quatre membres de la famille
14:09Védoveni, les grands-parents
14:11du petit Émile, a donné lieu
14:13à une séance de
14:15catho bashing. On peut le dire
14:17Gabrielle Cluzel, comment expliquer cela ?
14:19Alors, c'est vrai que nous venons d'avoir
14:21un exemple vraiment chimique, mais en pur, du catho bashing.
14:23Comme vous le savez, le catho bashing, c'est un peu comme
14:25le vélo d'appartement.
14:27C'est un sport national absolument
14:29sans risque. C'est tellement
14:31fréquent que les catholiques
14:33l'ont intériorisé et
14:35ne s'en étonnent plus. Vous savez, c'est
14:37Frédéric Beigbeder dans le roman français qui écrivait
14:39« J'ai bon dos, je suis la cause de tous les malheurs du monde.
14:41J'ai l'habitude, je suis catholique. »
14:43Alors, il peut prendre
14:45plusieurs formes. Ça peut être l'invisibilisation.
14:47Vous conviendrez avec moi qu'on a quand même
14:49assez peu entendu parler de cet abbé
14:51de 96 ans qui a été
14:53frappé et ligoté le 17
14:55par deux individus qui l'ont détroussé.
14:57Ça peut être la ridiculisation.
14:59Les cathos sont coincés, bornés,
15:01pas drôles, malfalgotés, moches,
15:03inhibés, pas drôles. J'ai déjà dit je crois.
15:05Ils ne sont vraiment pas drôles.
15:07C'est peut-être pour te faire rire.
15:09Voilà, c'est une comique de répétition.
15:11Il croit à des trucs
15:13improbables. La version gentille, c'est la
15:15Vietnam, l'on fleuve tranquille. La version méchante,
15:17c'est les caricatures dans l'Ibé.
15:19Mais là, on est dans le
15:21registre supérieur puisqu'on
15:23a fait de la foi catholique de cette
15:25famille l'argument et le
15:27fil rouge de leur culpabilité.
15:29Vous savez, c'est Marguerite Dura
15:31qui écrivait dans l'Ibé pour incriminer
15:33la mère de Grégory, sublime,
15:35forcément sublime. Là, c'est coupable,
15:37forcément coupable.
15:39Alors, entendons-nous bien.
15:41Le procureur a dit que la piste
15:43familiale n'était pas refermée.
15:45On peut même dire que tant que le criminel
15:47n'a pas été retrouvé, aucune hypothèse
15:49ne peut être écartée. Et ce n'est pas
15:51parce qu'on est un catholique
15:53qu'on ne peut pas être un assassin. J'aimerais même que les catholiques
15:55seraient premiers à le dire parce qu'ils croient à un truc
15:57qui s'appelle le péché original et qui est quand même
15:59une zone d'ombre sur la mimène sévère.
16:01Mais, a contrario, ce n'est pas
16:03parce qu'on est catholique
16:05qu'on est forcément coupable. Ce n'est pas
16:07l'école du crime, même le catholique
16:09traditionnaliste.
16:11Et le problème, c'est que la détestation de la religion
16:13catholique est tellement inscrite dans le logiciel
16:15de certains qu'ils ne peuvent
16:17pas s'empêcher d'y voir
16:19l'alpha et l'oméga du mal
16:21dans le monde entier.
16:23Et c'est vrai que
16:25cette analyse par le prisme
16:27de l'intégrisme catholique, ce qui est
16:29deux étages dans cette fusée,
16:31il y a le catholique et puis il y a le catholique qui va
16:33à la messe en latin, comme on dit communément,
16:35même si ce n'est pas tout à fait ça dans le fond,
16:37eh bien,
16:39ça a vraiment submergé
16:41toute l'information
16:43et les réseaux sociaux.
16:45Alors, vous savez,
16:47je vous souvenais de cette chanson de Brassens
16:49« Les braves gens n'aiment pas qu'on suive une autre
16:51route qu'eux ». Eh bien, là, cette famille
16:53a sans doute trop de chemin
16:55autour d'elle qui diverge.
16:57Trop de chemin de traverse, trop de transgression
16:59pour notre société.
17:01Alors, on dit qu'ils sont catholiques,
17:03qu'ils vont à la messe en latin. Alors, j'ai entendu
17:05dire des gens que c'est une secte.
17:07Alors, sauf à dire comme Ernest Renan
17:09que le christianisme est une secte qui a réussi,
17:11non, ce n'est pas une secte.
17:13Ils sont catholiques. Alors,
17:15ils sont discrets. Alors, donc, on dit
17:17qu'ils sont taiseux. S'ils sont taiseux, c'est-à-dire qu'ils ont
17:19secret. S'ils sont secrets, c'est qu'ils ont
17:21un truc à cacher, voire plusieurs.
17:23Donc, nous voici quelque part entre le
17:25nom de la rose et le Da Vinci code.
17:27La famille s'entend
17:29bien et aime à se retrouver.
17:31Eh bien, ça, ça veut dire que c'est un fonctionnement
17:33clanique au sein
17:35duquel on se couvre mutuellement.
17:37Alors, ils prient.
17:39C'est vrai que pour des catholiques, ça peut paraître
17:41pas trop étonnant. Eh bien, ce sont donc
17:43des illuminés.
17:45Ah oui, oui, j'ai lu tout ça.
17:47Même la jeune mère,
17:49ça c'est quand même, vous voyez, j'ai pas
17:51envie de rire avec ça, a été traitée
17:53d'illuminée parce qu'elle avait fait circuler
17:55une prière du temps où elle espérait
17:57retrouver son petit garçon.
17:59Alors, les enfants sont bien
18:01élevés, ne posent pas de problème,
18:03disent bonjour monsieur et bonjour madame, d'après les voisins.
18:05Mais est-ce qu'ils ne sont pas trop
18:07polis ? Entendez, éteints,
18:09terrorisés, sous la coupe d'un
18:11père trop autoritaire et violent.
18:13Alors, on rappelle
18:15son statut de témoin assisté
18:17dans l'encadrement d'une école, on a raison de le faire,
18:19du reste, mais rappelons que ce n'est pas
18:21condamnation, ni même mise en examen,
18:23ni garde à vue. Rappelons-le parce que si
18:25tout se vaut, eh bien,
18:27il n'y a plus besoin de code pénal,
18:29des avocats et de la
18:31justice. Et puis, on dit
18:33ces dix enfants, c'est louche.
18:35La mère ne peut être qu'une pauvre
18:37femme soumise. Emmanuel Macron lui-même
18:39n'a-t-il pas dit, je crois que c'était en 2018,
18:41qu'il ne connaissait aucune
18:43femme de sept ou huit enfants, ayant sept
18:45ou huit enfants, éduquée. Alors, pour
18:47la petite histoire, vous ne vous souvenez pas ?
18:49Ursula von der Leyen, à l'époque, était ministre
18:51de la Défense à sept enfants. Elle l'a sûrement appréciée.
18:53C'est quand même
18:55assez étonnant. Encore une fois, je ne prends
18:57la défense de personne. Vraiment, je ne sais
18:59rien à cette affaire, donc je constate. Mais
19:01dans une époque qui prétend lutter contre
19:03les préjugés, les discriminations,
19:05les raccourcis, l'amalgame,
19:07eh bien, le temps que ça prend,
19:09on a tout mis ensemble.
19:11Et puis, ce genre de profil,
19:13on le sent en filigrane,
19:15confine à l'extrême droite. D'ailleurs,
19:17c'est l'accusation qui a été
19:19portée sur les parents
19:21d'Emile, qui n'étaient pas là.
19:23Ce ne sont pas les grands-parents, là.
19:25Qui n'étaient pas là lors de la disparition d'Emile.
19:27Alors, en 24 heures, je vais vous donner un tout
19:29petit exemple. Sans attendre le résultat de la garde à vue,
19:31Libération a sorti deux titres.
19:33Et d'autres. Mais j'ai noté
19:35ceux-là parce qu'ils sont très proches quand vous faites
19:37une recherche. Philippe Vénovigny,
19:39grand-père d'Emile, parcours d'un intrigant
19:41intégriste. Vous noterez l'allitération
19:43et le registre du mystère.
19:45Et le
19:47deuxième, mort d'Emile au cœur
19:49du passé rigoriste de son grand-père
19:51à la communauté intégriste de Riomont.
19:53Donc, intégriste, rigoriste,
19:55intrigant, allitération toujours.
19:57Mais on peut remarquer,
19:59Gabrielle Cluzel, que dès la disparition
20:01du petit Emile, cela avait déjà commencé
20:03et plus choqué, sans même épargner les parents.
20:05Oui, voilà. C'était ce qui était vraiment choquant
20:07parce qu'on peut quand même signaler
20:09que dans cette affaire, il peut bien sûr y avoir
20:11des coupables catholiques,
20:13mais il y a à coup sûr des victimes
20:15catholiques. Les parents d'Emile sont
20:17fervents catholiques et après Emile,
20:19ils sont évidemment les premières victimes
20:21de ce drame.
20:23C'est ce que Charlotte avait raconté.
20:25Exactement.
20:27J'ai ainsi retrouvé sur le site d'une scène
20:29concurrente, disparition d'Emile,
20:31le profil, donc ça c'était au tout début,
20:33le profil particulier des parents
20:35du petit garçon, catholique-traditionaliste
20:37engagé dans un mouvement néofasciste
20:39dissous par Emmanuel Macron en
20:412019. Alors c'est quel niveau d'indécence
20:43quand des pauvres gens viennent de perdre
20:45leur enfant. On pourrait convenir
20:47de tous communier ensemble dans la même douleur.
20:49Et je pense aussi
20:51aux petits frères et sœurs,
20:53tout jeunes pour certains, mineurs,
20:55qui au chagrin
20:57d'avoir perdu leur neveu, doivent
20:59rajouter l'opprobre jetée sur leur
21:01famille. Ils doivent se reconstruire
21:03eux aussi, ils sont je le répète très jeunes.
21:05Pas facile quand on vous jette
21:07en pâture collectivement
21:09dans les médias.
21:11Et je remarque qu'à l'heure du fact-checking pointilleux
21:13qui traque chez les confrères le moindre
21:15mot de travers, eh bien on n'a tiré aucune
21:17leçon de l'affaire
21:19Grégory. Alors entendons-nous,
21:21parce que là aussi je veux être claire, il est bien naturel
21:23que les forces de l'ordre, les gendarmes en particulier
21:25puisque c'est eux dont il s'agit,
21:27s'intéressent à la piste des proches et donc
21:29à la famille, parce que mécaniquement c'est
21:31le premier cercle, c'était eux qui étaient au contact.
21:33Et à l'heure qu'il est, la piste intrafamiliale
21:35n'est pas à s'écarter. Exactement.
21:37Donc tout cela est normal et logique, mais que des
21:39journalistes, parce que je ne parle pas des anonymes,
21:41pointent du doigt sans preuve
21:43des parents acclamés, accablés
21:45par le chagrin, ben ça c'est quand même différent.
21:47Et je vous renvoie
21:49à un entretien qu'ils avaient accordé au magazine
21:51Famille Chrétienne auprès du
21:53journaliste Samuel Prougeau,
21:55et les parents avaient dit
21:57« Nous étions conscients que la plupart des journalistes ne sont pas
21:59en mesure de comprendre le monde catholique ». Moi ça m'avait
22:01choqué parce que je me dis que quand on est journaliste,
22:03on doit être capable d'enquêter au-delà
22:05de son propre univers,
22:07parce que sinon c'est quand même très embêtant.
22:09Et ils avaient rajouté « Il ne sait pas toujours
22:11le sens des mots, tout peut être déformé,
22:13compris de travers, voire volontairement
22:15caricaturé ». Ils avaient rajouté
22:17« Certains médias se sont permis de raconter
22:19n'importe quoi sous prétexte que nous
22:21étions cathos ». Ils confient avoir été blessés
22:23par ces inepties, mais il faut rajouter,
22:25parce que c'est important pour que tout ne soit
22:27pas noir, parce qu'à l'occasion de cet entretien,
22:29ils avaient dit aussi
22:31leur grande
22:33reconnaissance pour tous ceux nombreux
22:35en France comme à l'étranger, qu'ils les avaient
22:37entourés de leur soutien, qu'ils les avaient aidés,
22:39ça les avait profondément réconfortés,
22:41tous ces gentils mots, une immense
22:43vague de compassion dont ils avaient donné des exemples,
22:45et puis ils disent « On désespère
22:47à un moment et ensuite on est comme soulevé
22:49par l'espérance à cause d'une lettre
22:51ou d'un signe qui nous touche ».
22:53Donc c'est important quand même de le préciser.
22:55Cela dit, Gabrielle Cluzel,
22:57signaler la confession de cette
22:59famille ne doit pas être interdit,
23:01elle fait partie aussi de leur identité.
23:03Oui, vous avez raison, rien ne doit
23:05être interdit,
23:07on doit pouvoir le dire. Mais ce n'est pas pour ça qu'on
23:09est obligé de faire tout de suite, par exemple, un lien
23:11avec le suicide d'un prêtre
23:13qui se trouve avoir baptisé Emile
23:15dans un scénario façon l'Auberge Rouge.
23:17Il y a vraiment des scénaristes dans
23:19cet univers.
23:21Le procureur
23:23du reste a écarté tout lien avec
23:25cette affaire, il avait l'air presque,
23:27moi je l'ai vécu ainsi, presque
23:29pas au courant. Et puis à ce
23:31moment-là, il faut loger à la même enseigne
23:33toutes les religions. Est-ce que vous connaissez la religion
23:35de tous les assassins d'enfants ?
23:37Moi je peux par exemple prendre Nordal-Lelandais,
23:39imaginons qu'ils soient athées, je peux faire
23:41une démonstration complètement capilotractée
23:43sur le sujet qui va plaire à Marc.
23:45Je vais lui dire, comme il ne croyait ni à Dieu
23:47ni à Diable, il n'avait aucune conscience
23:49pour le retenir de mal agir, la peur d'aucun
23:51châtiment là-haut, c'est gonflé
23:53comme démonstration, mais ce n'est pas plus gonflé
23:55que ceux qui convoquent la foi de la famille
23:57à tout bout de champ. Et je voulais
23:59signaler quand même un autre exemple de bashing, parce qu'en
24:01parlant de Nordal-Lelandais,
24:03il y a d'autres registres
24:05pour lesquels on a le droit
24:07de faire du bashing, c'est
24:09l'armée. Vous savez que dès que quelqu'un a fait
24:11un séjour, si court soit-il dans l'armée,
24:13même s'il a été viré au bout de deux mois parce qu'on s'est rendu compte
24:15qu'il était cinglé, on dit
24:17l'ancien militaire. Alors Nordal-Lelandais,
24:19il y a moult titres avec marqué
24:21l'ancien militaire tueur d'enfants.
24:23Moi j'ai regardé Fourniret, il était fraiseur-tourneur,
24:25personne a mis
24:27l'ancien fraiseur-tourneur-fourneur.
24:29Parce qu'on voit bien
24:31qu'il y a quand même
24:33une idéologie de gauche qui sous-tend,
24:35qui mène la danse et qui donne
24:37le ton, et ce deux
24:39poids deux mesures est assez choquant.
24:41Et comme vous avez dit, ça ne
24:43préjuge de rien de la culpabilité.
24:45On va continuer
24:47à analyser dans un instant avec
24:49Mathieu Boqueté, c'est le rôle des médias.
24:51Quel rôle ont joué
24:53les médias dans cette affaire ?
24:55Avec Charlotte, on va voir aussi où est-ce qu'on
24:57en est. Est-ce qu'effectivement
24:59tout ça pour ça ? On se posera
25:01les questions et toutes les questions qu'on se pose à l'heure qu'il est
25:03avec, dans cette affaire
25:05du petit Émile. D'abord, avec vous.
25:07Remarquable chronique de Gabriel.
25:09Vous le laïquard, cela vous convient ?
25:11Non, non.
25:13Non mais très clairement, parce que c'est une très très
25:15belle démonstration.
25:17C'est-à-dire qu'on ne peut pas broyer
25:19des individus au nom
25:21de leurs convictions profondes.
25:23Et de se laisser manipuler
25:25parfois même sous je ne sais trop
25:27quels airs de sainteté
25:29laïque ou je ne sais trop quoi
25:31pour se comporter de façon
25:33abjecte. Et c'était une très très belle
25:35démonstration. Bravo.
25:37C'était la chronique de Marc Menand.
25:39A la semaine prochaine.
25:41On va parler
25:43avec vous, Marc Menand,
25:45de Boilem Sansal.
25:47Condamné
25:49par la justice algérienne à
25:515 ans de prison. Beaucoup de questions.
25:53Il faut comprendre.
25:55La première chose,
25:57c'est que cet homme
25:59est un symbole.
26:01Cet homme représente
26:03ce que nous ne sommes plus.
26:05Nous sommes des êtres
26:07assoupis, des êtres
26:09endormis, des êtres
26:11de renonciation.
26:13On n'a plus le sens de l'honneur
26:15et de la capacité à se battre
26:17pour la liberté.
26:19Lui, il incarne ça.
26:21Et d'ailleurs, ce qui est invraisemblable,
26:23c'est que dans ce pays,
26:25on aime avoir des manifestants.
26:27Alors, il y a un petit livre qui est sorti
26:29pour le soutenir bien tardivement.
26:31Mais,
26:33à part le prix Goncourt
26:35qui, depuis son incarcération,
26:37est d'une noblesse,
26:39d'une force de plume pour dire
26:41voilà, voilà qui est
26:43Sansal. Et il nous met chaque jour
26:45au défi de le soutenir.
26:47Or, on a l'impression
26:49d'une sorte de bruit
26:51de fonte de temps en temps. Et moi, j'ai entendu.
26:53Parce que oui,
26:55même si ça déplaît à certains,
26:57je viens de la gauche, entre guillemets.
26:59Et ces gens-là,
27:01qui aiment bien avoir la plume militante,
27:03me disent, quand même,
27:05il est un peu facho.
27:07On ne va quand même pas se mobiliser.
27:09Sinon, c'est faire le lit.
27:11Alors, ça, c'est insupportable.
27:13Un homme
27:15est condamné.
27:17Un homme a été victime
27:19d'un État, d'un gouvernement
27:21qui se comporte
27:23comme des bandits.
27:25C'est-à-dire qu'on le prend en otage.
27:27Et on est, soi-disant,
27:29une grande puissance. Aujourd'hui,
27:31une mobilisation nationale, internationale.
27:33On va faire la guerre.
27:35Avec, pourquoi pas,
27:37l'arme nucléaire.
27:39Et là, on a un homme avec une plume.
27:41Il a été condamné
27:43pour avoir remis en doute
27:45l'imposition du gouvernement algérien.
27:47Eh bien, on n'est pas capable
27:49de faire en sorte
27:51que, de par la puissance
27:53que nous représentons,
27:55de l'idée que l'on se fait
27:57de l'esprit des Lumières, de la Grande France,
27:59de mobiliser un certain nombre
28:01de pays, de dire, maintenant, l'Algérie,
28:03on arrête là-dessus. Ça ne se discute
28:05même pas. Si vous voulez être des proscrits,
28:07vous serez des proscrits.
28:09Mais un homme libre, un homme qui n'a tué personne,
28:11un homme qui, au contraire,
28:13dans votre pays, un jour, a pris sa plume
28:15alors qu'il était un fonctionnaire qui pouvait dormir
28:17tranquille, il a osé
28:19devenir un homme
28:21qui dénonce
28:23ce qui se passait
28:25dans son pays. Et alors,
28:27il ne l'a pas fait en
28:29fuyard. Il ne l'a pas fait
28:31en péteux. Il est resté
28:33droit, droit sur sa plume.
28:35Il a multiplié
28:37les ouvrages. Et cet homme-là,
28:39on l'a
28:41honoré de le reconnaître
28:43comme français. Pourquoi français ?
28:45D'abord, parce qu'il utilise notre langue.
28:47Et on est avant tout d'un pays par sa
28:49langue. Et il représente
28:51cette force-là. Eh bien,
28:53lui, Boalem, sans salle,
28:55qu'a-t-il fait ?
28:57Il n'est pas resté bien
28:59calfeutré dans un salon à Paris
29:01en disant, mais comment, gouvernement
29:03algérien, vous comprenez ? Non.
29:05Il a dit, je suis d'Algérie,
29:07bien qu'étant avec ce titre
29:09de citoyen français,
29:11il est hors de question que l'on m'interdise
29:13d'aller là où sont mes
29:15racines. Il est allé
29:17là-bas, donc, avec cette
29:19force d'audace que vantait
29:21tant notre Danton. Eh bien,
29:23aujourd'hui, qui, en France, dans ce
29:25pays qui, soi-disant, incarnait
29:27le droit de l'homme ? Ah ! Les droits
29:29de l'homme pour défendre la femme voilée.
29:31Ah ! Les droits de l'homme pour permettre
29:33qu'au sport, on puisse
29:35faire sa prière dans les vestiaires, etc.
29:37Là, oui, on est
29:39dans la compassion, on est dans
29:41une sorte de paternalisme,
29:43qui est un véritable racisme.
29:45Mais où se mobilise-t-on pour
29:47Boislem-Sensal ? Et aujourd'hui,
29:49je les entendais m'innoder,
29:51ici et là. Ils gémissaient
29:53aujourd'hui. Oh ! Le président
29:55Théboune, ce président
29:57va avoir la sagesse.
29:59Dans quelques jours, c'est la fin du
30:01Ramadan, il aura
30:03cet homme de cœur.
30:05Il fera le courage de la grâce.
30:07Il fera sortir cet homme qui subit
30:09un cancer. Il le rendra
30:11à la liberté, parce que
30:13c'est un être humain, un être
30:15de cœur. Voilà où nous en sommes,
30:17nous, Français, nous qui avons eu
30:19Voltaire, nous qui avons eu Diderot,
30:21nous qui avons fait la révolution,
30:23soi-disant, pour être les exemples du monde.
30:25J'ai honte.
30:27– Merci pour votre plaidoyer,
30:29Marc Noudan, qui sort des tripes.
30:31On le sent très bien.
30:33Effectivement, à la première chronique de Mathieu Bocoté
30:35par rapport à Eric Zemmour. Je rappelle aussi,
30:37on l'avait dit, qu'Eric Zemmour fait appel
30:39de sa condamnation, condamné pour
30:41des propos. Et Eric Zemmour
30:43fait appel. Charlotte Dornelas,
30:45avant de recevoir notre invitée dans un instant,
30:47revenons sur l'affaire
30:49du petit Émile.
30:51Le procureur a confirmé
30:53la levée des gardes à vue
30:55sans aucune
30:57poursuite. Beaucoup de questions se
30:59posent.
31:01– En effet, il faut comprendre
31:03à la fois ce qu'a expliqué le procureur
31:05et comment fonctionne tout cela, parce qu'il y a des réactions.
31:07D'abord, il y a
31:09beaucoup de convictions, d'intimes convictions,
31:11d'intuitions chez les uns et chez les autres.
31:13Et on le sait, dans ces affaires-là,
31:15ça joue. Et il y a aussi
31:17beaucoup d'ignorance sur la manière
31:19dont fonctionne, on va dire, une enquête
31:21pareille. Et d'ailleurs,
31:23le gendarme qui était présent
31:25aux côtés du procureur
31:27a expliqué des chiffres complètement incroyables
31:29depuis le début de cette
31:31enquête, à la fois des écoutes qui ont
31:33été faites,
31:35des documents qui ont été
31:37étudiés, des auditions qui ont
31:39été faites, des signalements qu'ils ont
31:41reçus. C'est des chiffres qui dépassent
31:43l'entendement. Et
31:45par ailleurs, la compréhension
31:47est rendue particulièrement difficile
31:49par un discours médiatique, j'y reviens
31:51rapidement parce que Mathieu va en parler,
31:53mais qui est assez peu prudent,
31:55très peu précis, et souvent
31:57éteinté d'une idéologie qui n'a pas grand-chose
31:59à voir avec les faits. Je rappelle que
32:01l'enquête se fait sur la disparition
32:03et la mort d'un petit garçon.
32:05Pas pour savoir ce qu'on pense d'une affaire
32:07déjà passée,
32:09du profil de X ou Y,
32:11ça n'est pas comme ça qu'une enquête se fait.
32:13On travaille à partir de ce qu'il est arrivé,
32:15il y a bien sûr la personnalité des personnes
32:17qui est étudiée par les enquêteurs,
32:19mais je ne suis pas sûre que
32:21tous nos confrères aient eu accès
32:23à la personnalité des uns et des autres
32:25aussi précisément qu'ils le rapportent.
32:27Alors le procureur a révélé ce matin
32:29des éléments nécessaires à la compréhension
32:31de ce qui s'est passé ces derniers jours.
32:33Pourquoi homicide volontaire ?
32:35C'est évidemment la qualification qui a choqué
32:37tout le monde au moment de la mise en garde à vue,
32:39enfin qui a sidéré tout le monde, pas choqué
32:41au sens négatif ou positif, mais qui a sidéré
32:43tout le monde, parce que,
32:45dit-il, au terme de 60 missions
32:47d'expertise sur
32:49ce qu'il restait du petit corps
32:51d'Emile, et notamment sur le crâne d'Emile,
32:53il dit, au terme
32:55de ces 60 missions d'expertise,
32:57le crâne présentait, je le cite,
32:59un des stigmates anatomiques évocateurs
33:01d'un traumatisme facial violent
33:03qui introduisent la probabilité
33:05de l'intervention d'un tiers.
33:07C'est parce que,
33:09au travers des expertises, il voit
33:11ce choc extrêmement violent
33:13qu'il nous dit ça introduit
33:15la probabilité de l'intervention
33:17d'un tiers, et donc
33:19l'enquête se fait au titre de l'homicide volontaire
33:21parce que les expertises
33:23le laissent penser. Notons la
33:25prudence du procureur qui dit,
33:27introduisent la probabilité de l'intervention
33:29d'un tiers. Nous ne sommes pas
33:31certains, alors nous, c'est normal,
33:33mais les enquêteurs n'ont plus, à travers
33:35le procureur, que cette action soit
33:37même volontaire aujourd'hui. Il le
33:39dit lui-même, cette qualification a été retenue
33:41sans que l'homicide involontaire ne soit définitivement
33:43écartée. J'ai trouvé
33:45le procureur et le gendarme qui
33:47mènent l'enquête plus prudents que l'intégralité
33:49de mes confrères. J'y vois quand même
33:51un petit problème. Et ce que disent
33:53en revanche les analyses,
33:55c'est cette question du
33:57recel de cadavres. C'était l'autre partie
33:59de la qualification, et là il explique
34:01encore parce que les vêtements et les ossements
34:03ont été transportés et déposés
34:05peu de temps avant leur découverte,
34:07et que le corps de l'enfant ne s'est pas décomposé
34:09dans les vêtements qui ont été retrouvés
34:11à proximité de son corps,
34:13et donc l'hypothèse, encore une fois,
34:15nous dit le procureur, c'est que le corps a été
34:17transporté, ce qu'on appelle donc
34:19le recel, le fait de le cacher, de le transporter.
34:21Alors pourquoi ces garde-à-vue de la
34:23famille ? Il n'y a pas eu de garde-à-vue
34:25jusqu'à maintenant dans toute l'affaire et dans
34:27toute l'enquête d'Émile. Pourquoi ces quatre garde-à-vue ?
34:29Pour placer en garde-à-vue, il faut
34:31évidemment des soupçons, des questions, des doutes,
34:33des réponses nécessaires pour faire avancer
34:35l'enquête. Il y a toutes ces raisons pour placer
34:37quelqu'un en garde-à-vue.
34:39Or, nous dit encore le procureur ce matin,
34:41ouvrez les guillemets, les membres
34:43de la famille étaient présents au moment de la disparition.
34:45Ils ont réagi au moment de cette
34:47disparition et
34:49il était nécessaire de comprendre
34:51à la fois cette réaction, à la
34:53lumière des liens et des relations
34:55qui unissent les membres de cette famille.
34:57Donc, explique le procureur,
34:59ils ont été placés en garde-à-vue parce
35:01qu'ils étaient là au moment de la disparition d'Émile,
35:03qu'ils ont un témoignage préçu
35:05évidemment, qu'il fallait vérifier
35:07certaines réactions, comportements, poser
35:09des questions, présenter des éléments.
35:11Et je note que le détail de leurs auditions
35:13est resté secret parce que l'enquête
35:15est encore en cours, même si certains aimeraient
35:17vraiment la clore à la place des enquêteurs
35:19eux-mêmes. Désormais, Charlotte
35:21Dornelas, ces quatre personnes sont
35:23libres. Comment le comprendre
35:25alors que le procureur lui-même
35:27explique que la piste intrafamiliale
35:29n'est pas refermée ?
35:31Là, encore une fois, on a eu, ils sont libres
35:33et puis dans le quart de seconde où le procureur
35:35avait parlé, oui mais ça ne veut rien dire. Alors si
35:37ça veut dire quelque chose et ce sont
35:39deux informations différentes.
35:41Pendant la garde à vue qui se fait à charge
35:43et à décharge, dans tous les cas,
35:45les enquêteurs peuvent s'attarder sur
35:47les éléments matériels qui préexistent
35:49à cette garde à vue. Ils ont des éléments matériels,
35:51ils les présentent par exemple au garder à vue.
35:53Ils peuvent en faire apparaître d'autres
35:55au cours des auditions, des actes d'enquête,
35:57des perquisitions qui sont
35:59posées et ils peuvent confirmer
36:01ou infirmer
36:03les soupçons qui ont mené
36:05à la garde à vue. A l'issue de celle-ci,
36:07ils ont trois possibilités.
36:09Un, ils défèrent les personnes
36:11mises en garde à vue ou une des quatre ou deux
36:13des quatre ou trois des quatre
36:15ou ils leur présentent une convocation
36:17sous le statut de témoin
36:19assisté. Cela veut dire que des doutes
36:21demeurent mais qu'il n'y a pas
36:23suffisamment d'éléments
36:25pour faire une mise en examen.
36:27Deuxième possibilité,
36:29il existe au terme de la garde à vue
36:31des indices graves et concordants
36:33qui sont recueillis. Les personnes sont
36:35déférées, elles sont mises en examen.
36:37Troisième solution, rien n'est
36:39retenu, les personnes sont libérées
36:41sans poursuite. C'est le
36:43cas des grands-parents, de l'oncle
36:45et de la tante d'Emile aujourd'hui.
36:47Ce qui veut dire que rien ne
36:49justifie aujourd'hui, sans éléments
36:51nouveaux, parce que l'enquête est encore en cours,
36:53un éventuel soupçon.
36:55Dans leur cas, la garde à vue
36:57a servi, à l'heure où nous parlons,
36:59à lever les soupçons qui ont
37:01poussé à les mettre en garde à vue.
37:03Et si le procureur précise à la fin de ça
37:05que la piste intrafamiliale
37:07n'est pas refermée,
37:09il ne dit pas qu'il a encore des doutes
37:11sur ce qui s'est passé en garde à vue,
37:13il explique que l'enquête n'est pas terminée.
37:15Si cette piste-là n'est pas refermée, c'est qu'aucune
37:17piste n'est refermée, parce que ça n'aura échappé à personne,
37:19le mystère demeure relativement entier.
37:21Peut-être encore plus pour nous que pour les
37:23enquêteurs, mais à l'heure actuelle,
37:25c'est ce qui est dit. Cette phase
37:27de la garde à vue
37:29de la famille, donc les gardes à vue
37:31intrafamiliales, est fermée aujourd'hui,
37:33mais, nous dit le procureur,
37:35ça ne veut pas dire qu'elle se termine
37:37définitivement, il peut
37:39survenir au cours des investigations futures
37:41des éléments complémentaires nouveaux
37:43qui sont susceptibles de prolonger
37:45cette phase. C'est-à-dire qu'en l'absence
37:47d'éléments nouveaux, aujourd'hui, et nous
37:49journalistes, notre métier, je le rappelle, est d'informer.
37:51Le procureur nous a donné
37:53des éléments pour informer, l'information
37:55est celle-ci, aujourd'hui ces éléments
37:57n'existent pas. Ce qui ne veut pas dire qu'ils
37:59n'existeront pas demain ou qu'ils n'existeront jamais,
38:01les deux sont possibles.
38:03Pourquoi disiez-vous tout à l'heure que certains journalistes
38:05rendaient la compréhension difficile ?
38:07Et parce que le profil du grand-père,
38:09et Gabriel nous l'a parfaitement expliqué,
38:11a servi de trame de lecture
38:13à tout ce qui arrive, alors
38:15le profil de la famille de manière générale
38:17et du grand-père depuis deux jours. Le fait
38:19qu'il soit en effet catho-tradit et que ses
38:21enfants le soient aussi et que son petit-fils, accessoirement,
38:23alors il avait deux ans, mais ses parents
38:25en tout cas, qui eux n'étaient pas là le jour du drame,
38:27le soient, ne dit rien ni de l'innocence
38:29ni de la culpabilité, évidemment.
38:31Le fait qu'il soit autoritaire, témoin assisté
38:33dans une autre affaire peut donner
38:35des éléments pour éclairer une personnalité,
38:37évidemment que ça rentre en compte
38:39par exemple dans les intuitions des enquêteurs,
38:41dans les pistes qu'ils vont ouvrir ou non,
38:43ça rentre en compte, la personnalité d'une personne
38:45compte évidemment, mais par contre le fait
38:47d'être témoin assisté dans une affaire ne vous rend pas
38:49criminel dans une autre. Ça vraiment, ça n'existe pas
38:51dans aucune enquête au monde.
38:53Et ensuite, le fait qu'un prêtre,
38:55et Gabriel en a parlé, se suicide dramatiquement,
38:57mais que l'information sorte et ressorte
38:59pendant toute la journée où les grands-parents
39:01sont placés en garde à vue, alors que ça n'est pas
39:03ce jour-là, je le précise quand même,
39:05que ce prêtre s'est dramatiquement suicidé,
39:07ne dit rien encore de l'implication
39:09de qui que ce soit dans le meurtre
39:11d'Emile à l'heure où nous parlons,
39:13ce que le procureur en effet a rappelé
39:15assez sèchement. Donc le placement
39:17en garde à vue correspondait peut-être
39:19aux attentes de certains, ça on a bien compris,
39:21mais cela ne rend pas leurs commentaires
39:23pertinents ou légitimes.
39:25Ce placement en garde à vue, il correspondait
39:27évidemment aux intuitions
39:29de certains enquêteurs.
39:31Et ça n'a pas rendu la poursuite
39:33ou la mise en examen, ou la preuve des éléments
39:35pertinents non plus.
39:37Parce que les enquêteurs qui sont, je le rappelle aussi,
39:39les seuls à avoir l'intégralité
39:41du dossier à l'heure actuelle, avec la justice
39:43évidemment, travaillent
39:45sur autre chose que le profil politique
39:47ou religieux, même si ça rentre en compte, même si
39:49c'est étudié au cours de l'enquête, de
39:51leur garder à vue. Ils analysent des faits,
39:53des indices, des preuves, et la vérité.
39:55Et aujourd'hui, ils ne l'ont pas.
39:57Et aujourd'hui, ils ne l'ont pas.
39:59Beaucoup de questions restent en suspens.
40:01Mais les médias ont joué un rôle
40:03particulier. On en parle avec vous
40:05dans un instant, Mathieu Bocoté.
40:07J'aime bien comment vous analysez régulièrement
40:09le rôle des médias. On aime ça. D'abord,
40:11on va recevoir notre invité ce soir,
40:13puisque c'est Marsebleu. Vous savez ce que c'est
40:15que Marsebleu ? C'est Octobre Rose, mais...
40:17Et Octobre Rose, voilà. Mais Marsebleu.
40:19Alain Toledano, notre invité.
40:21Je vous prie de bien vouloir vous installer
40:23à la gauche de Marc Menand, Alain Toledano.
40:25Vous êtes cancérologue,
40:27fondateur de l'Institut
40:29Raphaël, professeur au Conservatoire
40:31National des Arts et Métiers.
40:33On parle dans un instant de l'Institut
40:35Raphaël que vous avez fondé.
40:37D'abord, Marsebleu,
40:39c'est le mois du cancer
40:41du colon. On voit
40:43ici, il y a eu toute une campagne
40:45du gouvernement sur tout le mois de mars
40:47pour insister au dépistage du colon.
40:49Quels sont les chiffres déjà de ce colon ?
40:51De ce cancer ?
40:53Puisque j'ai vu que c'est
40:55la deuxième cause de mortalité par cancer.
40:57Merci Christine. Donc en France,
40:5943 000 personnes chaque année sont atteintes de cancer
41:01du colon, et c'est malheureusement encore
41:0317 000 décès. Mais quand on regarde le monde,
41:05on a 2 millions de cancers du colon
41:07chaque année, et encore 930 000
41:09décès. Donc il y a beaucoup de progrès
41:11à faire en médecine, en termes de dépistage
41:13et en termes de traitement. On a plusieurs
41:15éléments d'espoir.
41:17C'est la troisième cause après le cancer du sein
41:19et du poumon.
41:21Ce qu'il faudrait, c'est le guérir complètement
41:23et c'est pour cela que tout le monde travaille ensemble.
41:25Alors des campagnes comme ça,
41:27comme Marsebleu, Octobre rose dont on parlait,
41:29ce sont des campagnes qui
41:31servent à impacter les gens,
41:33qui poussent au dépistage. Elles sont efficaces ?
41:35On parle beaucoup des campagnes
41:37d'affichage en ce moment.
41:39Effectivement, ça peut susciter une émotion
41:41mais peut-être que ça ne rencontrera
41:43pas un public
41:45qui a finalement peur de se faire dépister.
41:47Vous savez qu'en France, c'est 34% des personnes
41:49qui acceptent ce dépistage
41:51à aller chercher dans les selles
41:53par un test immunologique du sang
41:55entre 50 et 74 ans tous les deux ans.
41:57Alors qu'en Finlande, par exemple,
41:59c'est 79%. C'est bien qu'il y ait
42:01un impact culturel et éducationnel
42:03pour aller arriver en amont. Parce que si vous détectez
42:05un cancer du colon tôt,
42:07on a beaucoup de chances de le guérir
42:09complètement et avec très peu d'effets secondaires.
42:11Alain Tonédano,
42:13on entend beaucoup parler d'une flambée
42:15de cancer. Je ne sais pas, vous qui nous regardez,
42:17autour de nous, on entend toujours
42:19telle personne a un cancer,
42:21quel que soit l'âge.
42:23On en parlait même
42:25entre nous, il y a quelques instants, hors plateau.
42:27Nous, les chroniqueurs, on a toujours
42:29quelqu'un. Est-ce qu'il y a
42:31effectivement une flambée de cancer
42:33depuis quelque temps ?
42:35Il y a effectivement un peu plus de cancer parce que la population
42:37vieillit. On la soigne pour
42:39des problèmes d'infection, par exemple.
42:41Mais on a aussi des facteurs de civilisation
42:43et le cancer du colon en est un exemple.
42:45Notre mode de vie occidentale,
42:47l'alimentation,
42:49on mange peu
42:51de fibres et légumes,
42:53beaucoup de viande rouge, on peut en manger
42:55mais il faut quantifier
42:57ce qu'on fait. On a fait des efforts
42:59sur la charcuterie, par exemple,
43:01en diminuant en France, grâce à une industrie
43:03qui en a pris conscience, les nitrites.
43:05Vous savez qu'on peut...
43:0740% des cancers sont évitables.
43:09Si on travaille sur l'alcool, le tabac,
43:11la sédentarité, le surpoids.
43:13C'est très important,
43:15cette prévention. Aujourd'hui, faire
43:17du sport, ça diminue le risque de cancer en général,
43:19de cancer du colon particulier.
43:21À une époque où on a un héritage des Jeux olympiques,
43:23il sera aussi peut-être en santé
43:25par la pratique du sport. Mais le bien manger
43:27et la santé va passer
43:29de la prévention à de meilleures
43:31thérapeutiques et à une recherche renforcée.
43:33Mais on voit aussi des cancers
43:35chez des jeunes. Avant, on se disait
43:37c'est des 70 ans... Pardon,
43:39excusez-moi, il a 45 ans.
43:41On voyait peut-être 90 ans,
43:4395 ans. Mais là, c'est des jeunes,
43:4520 ans, 30 ans, 40 ans, 45 ans,
43:47des très très jeunes, pardonnez-moi.
43:49Est-ce que là aussi, il n'y a pas
43:51un changement, une évolution ?
43:53Et ensuite, on va parler
43:55de la recherche. Oui, bien sûr.
43:57Il y a une évolution. Ça dépend des types de cancers,
43:59puisque le cancer du colon, 95%
44:01arrive après 50 ans.
44:03Mais on a beaucoup de maladies, des maladies qui augmentent.
44:05Par exemple, les maladies inflammatoires chroniques
44:07de l'intestin, ce qu'on appelle la maladie de Crohn,
44:09la rectocolite hémorragique, que beaucoup
44:11connaissent parce que c'est des patients
44:13qui ont des diarrhées importantes, qui ont des problèmes
44:15fonctionnels, qui n'arrivent pas à mener une vie sociale.
44:17Et ces maladies-là prédisposent
44:19au cancer du colon. On a aussi des familles
44:21qui sont des familles à risque, qui développent ce qu'on appelle
44:23des polypes dans ce colon
44:25qu'on surveille, qui peuvent se cancériser.
44:27Donc, bien sûr qu'on en fait plus
44:29le diagnostic, mais il y a effectivement un peu plus
44:31de cancers.
44:33Et par rapport aux facteurs que vous disiez tout à l'heure.
44:35Alors, par rapport à nous, on parle
44:37souvent aussi du... Et on observe
44:39le déclin de ce système
44:41de santé en France,
44:43un déclin de, peut-être, la prise en charge.
44:45Vous me direz si c'est juste ou faux.
44:47On a l'impression qu'on est moins
44:49bien pris en charge. On a l'impression que
44:51l'avance que la France avait en matière de santé,
44:53qu'on la perd.
44:55En termes de recherche pour le cancer,
44:57sommes-nous en pointe ?
44:59Sommes-nous en tard par rapport aux autres
45:01pays du monde ? Oui, la France
45:03peut être fière. C'est un des plus grands pays au monde
45:05en cancérologie. C'est l'occasion de rappeler
45:07l'initiative
45:09du général de Gaulle, lorsqu'il était président
45:11en 1963, qui avait été ému
45:13par la lettre d'un homme qui avait perdu
45:15sa femme dans des souffrances atroces, et qu'il sollicitait
45:17en disant, mais si on mettait un petit peu
45:19de la dépense en nucléaire
45:21dans la cancérologie, on pourrait
45:23faire mal. C'est ce qu'il disait.
45:25Et donc, le général de Gaulle a ouvert
45:27une lettre, et l'Organisation mondiale
45:29de la santé a ouvert un centre international
45:31de recherche clinique qui est à Lyon,
45:33avec des chercheurs qui travaillent sur les perturbateurs
45:35endocriniens, sur les pesticides,
45:37les polluants, toutes ces causes de
45:39cancer qu'il va nous falloir combattre.
45:41Donc oui, la France est pionnière en recherche,
45:43mais on va citer aussi quelques exemples qui
45:45donnent de l'espoir. Quand on a remarqué
45:47qu'il y avait des patients qui étaient un peu
45:49moins sensibles aux chimiothérapies qui
45:51fragilisent, on s'est rendu compte que
45:5315% d'entre eux, par exemple,
45:55avaient une instabilité sur les tumeurs,
45:57et on a développé des immunothérapies.
45:59Les équipes françaises ont été des fers de lance.
46:01C'est-à-dire, comment on va restaurer votre
46:03propre immunité pour se battre contre
46:05votre propre cancer, et en termes de
46:07colon, ça a donné des résultats spectaculaires
46:09qui ont fait verser des larmes à de nombreux
46:11cancérologues. Et enfin,
46:13on est obligé de parler des progrès de la chirurgie,
46:15la chirurgie des métastases.
46:17C'est vrai qu'il y a 20 ans, quand on traitait un patient
46:19avec des métastases, on avait des pronostics souvent sombres.
46:21Aujourd'hui, il y a des patients métastatiques
46:23qui guérissent de cancer du colon
46:25parce qu'on sait faire de la chirurgie fine,
46:27parce qu'on fait de la radiothérapie guidée
46:29par les robots, ou sans ouvrir le patient,
46:31on détruit des métastases. Et donc,
46:33la recherche française, que ce soit sur les médicaments,
46:35sur les facteurs de risque
46:37ou sur le traitement, est à la pointe
46:39et il faut une politique forte
46:41pour porter cette recherche.
46:43En parlant d'innovation, dernière question,
46:45vous êtes président, si vous avez une question,
46:47n'hésitez pas, vous êtes président et fondateur
46:49de l'Institut Raphael. Et l'Institut Raphael,
46:51c'est totalement innovant,
46:53totalement incroyable,
46:55puisque vous prenez en charge les patients
46:57qui ont eu le cancer gratuitement et dans leur globalité.
46:59C'est bien ça ?
47:01Oui. Aujourd'hui, on parle du cancer,
47:03mais il y a 24 millions de Français qui sont atteints de maladies chroniques.
47:05On essaie de rallonger la quantité de vie.
47:07Mais les gens souffrent. Plus de 5 ans après,
47:09il y a 2 tiers des patients
47:11qui souffrent, qui ont tout un tas
47:13de symptômes. Donc on a décidé, Raphael,
47:15c'est l'ange de la guérison, de co-construire
47:17avec tous les patients
47:19des parcours d'accompagnement qui sont coordonnés
47:21et qui vont être orientés vers la nutrition,
47:23les émotions,
47:25l'activité physique, le bien-être,
47:27l'aide au retour à l'emploi. Et on offre
47:29gratuitement ces soins et on les évalue,
47:31pour montrer qu'en s'occupant globalement de chacun,
47:33c'est mieux que si on s'occupait que de la maladie.
47:35Quand un patient est bien inséré
47:37socialement, eh bien figurez-vous
47:39que sa tumeur pousse moins vite et qu'on a
47:41de meilleurs résultats. Donc il faudrait
47:43qu'il y ait une prescription sociale.
47:45Il y a des prescriptions culturelles. Quand un patient
47:47rencontre le beau, l'émotion, l'esthétique,
47:49il se reconnecte à lui-même. Vous êtes le seul, hein,
47:51que j'ai entendu parler de l'art et de l'impact
47:53de l'art, de la culture
47:55sur un patient qui a un cancer.
47:57Redéfinir son projet de vie,
47:59arrivé par les actions d'art-thérapie,
48:01par le non-dit, le non-verbal,
48:03à travailler sur l'impact émotionnel
48:05et à travailler sur soi et sur la guérison.
48:07Et on a de plus en plus d'études
48:09et tout un tas de recherches sur ces sujets.
48:11Très intéressant.
48:13Rappelons que c'est gratuit, mais comment est-ce que vous avez des fonds, du coup ?
48:15C'est une association, effectivement,
48:17qui indemnise des soignants pour offrir
48:19gratuitement des soins et pour les évaluer.
48:21C'est un projet d'intérêt général.
48:23On a offert plus de 100 000 soins à 5 000 patients en 5 ans
48:25et on a montré qu'en s'occupant des gens,
48:27on a diminué de 60% le taux de dépression
48:29sans médicaments, le sentiment d'isolement
48:31chez des gens pourtant très bien entourés,
48:33les troubles du transit, qui minent la vie des gens,
48:35les troubles du sommeil, qui minent aussi la vie des gens,
48:37qui coûtent des dizaines de milliards d'euros à la France chaque année.
48:39Et tout ça, c'est le cancer,
48:41c'est le monde du cancer, mais de toutes les maladies chroniques,
48:43que Marsebleu puisse porter ses messages
48:45pour que tous les patients qui souffrent
48:47et leurs aidants, ces 11 millions de personnes
48:49en France qui sont des aidants et qu'on oublie,
48:51qu'on puisse mieux s'occuper d'eux autour
48:53de parcours santé et d'une vision de santé
48:55intégrative.
48:57En tout cas, vous ne le dites pas, mais on peut faire un don
48:59à l'Institut Raphaël. Vous ne le dites pas,
49:01vous avez la pudeur, la décence et l'humilité,
49:03je le dis à votre place puisque c'est ce que j'ai bien compris.
49:05C'est essentiel, professeur.
49:07Avant de poser la question, je préviens,
49:09Marc Menon déteste les médecins.
49:11J'ai beaucoup aimé l'analyse du professeur
49:17sur ce que nous sommes en amont.
49:19Parce qu'on est là toujours, on dit,
49:21on traite les causes, mais c'est formidable
49:23qu'un professeur en médecine dise, attention,
49:25nous sommes responsables de notre santé.
49:27Et c'est pour ça que je voulais vous poser la question.
49:29C'est qu'aujourd'hui, on a, je crois,
49:3155% d'enfants
49:33qui sont en surpoids, c'est-à-dire
49:35qu'ils sont dans une malbouffe,
49:37ils sont dans la torture morale.
49:39On n'a jamais eu autant d'enfants déprimés.
49:41Comment votre association,
49:43telle que vous venez de la décrire,
49:45vous pouvez faire en sorte qu'elle intervienne
49:47de façon précoce sur ces mômes en péril ?
49:49Vous avez raison.
49:51D'abord, je vous félicite pour l'intervention
49:53que vous avez faite au préalable qui m'a beaucoup ému également.
49:55Merci à vous et je crois que c'était important.
49:57Il faut défendre des valeurs.
49:59Les valeurs et les valeurs de société.
50:01La santé, ce n'est pas que l'absence de maladie.
50:03La santé, ce n'est pas que le silence des organes.
50:05La santé, elle va se composer de la santé mentale,
50:07la santé psychologique, la santé sociale,
50:09la santé émotionnelle, la santé sexuelle.
50:11Quand il y a une injustice de société,
50:13les gens se referment sur eux-mêmes.
50:15Quand l'actualité est difficile,
50:17on a des patients qui ne prennent plus soin d'eux
50:19parce qu'ils ne se reconnaissent pas dans la société
50:21qu'ils ont envie de défendre.
50:23Il faut qu'on s'occupe de la santé sociale
50:25et de la santé émotionnelle.
50:27C'est un impact direct sur la santé physique.
50:29Sortir de la maladie et apprendre à manger aux enfants,
50:31à faire du sport et à se comporter autrement.
50:33On parle de facteurs environnementaux
50:35et de facteurs comportementaux.
50:37Toute cette recherche est fondamentale
50:39et elle mérite d'être soutenue.
50:41Après, c'est politique.
50:43À quelle hauteur ?
50:45Mais on a besoin de la recherche.
50:47Est-ce que vous voulez rester avec nous
50:49pour la dernière partie de l'émission ?
50:51Cher Alain Toledano, merci infiniment.
50:53Je rappelle que vous êtes cancérologue,
50:55fondateur de l'Institut Raphaël.
50:57Merci beaucoup d'être venu nous éclairer
50:59sur ce mars bleu, mois de dépistage
51:01du cancer du côlon.
51:03Nous avons parlé de l'affaire du petit Émile.
51:05On va consacrer les dernières minutes.
51:07Vous avez suivi aussi l'actualité,
51:09Alain Toledano.
51:11Vous parlez de l'impact de l'actualité
51:13sur la vie, sur la santé de chacun d'entre nous.
51:15On va s'interroger avec vous,
51:17Mathieu Bocoté,
51:19sur le rôle des médias
51:21dans l'affaire du petit Émile.
51:23Oui, parce que la question
51:25qu'on doit se poser de manière un peu sévère,
51:27c'est est-ce que les médias au sens large,
51:29mais j'enviserais peut-être certains
51:31auraient une forme d'autocritique
51:33à faire dans les événements présents.
51:35C'est-à-dire, il y a deux histoires, en fait,
51:37dans l'histoire du petit Émile.
51:39Il y a l'histoire en tant que telle, factuelle,
51:41documentée, l'enquête qui se poursuit,
51:43racontée correctement
51:45par certains journalistes qui nous disent
51:47voilà ce dont nous parlons.
51:49Mais il y a une autre histoire
51:51qui est celle de l'excitation médiatique
51:53autour du petit Émile
51:55qui fait en sorte que quand cette histoire
51:57surgit publiquement, nous connaissons
51:59une éclipse médiatique quasi totale.
52:01Le reste de l'actualité n'existe plus.
52:03Le reste de la vie publique n'existe plus.
52:05Cette histoire, on pourrait dire,
52:07provoque une éclipse
52:09ou confisque l'actualité.
52:11Or, quand on dit ça,
52:13c'est que ce n'est pas seulement
52:15que l'histoire surgirait par un effet naturel
52:17et d'un coup, à la manière d'une éclipse naturelle aussi,
52:19l'ensemble de l'actualité serait balayé.
52:21Certains médias,
52:23que la politesse m'interdira de nommer,
52:25dans les circonstances, peuvent mettre
52:276% de leur temps d'antenne seulement
52:29sur cette question et décident
52:31de construire l'actualité de telle manière
52:33qu'ils considèrent que le reste
52:35ne compte plus dans cette histoire.
52:37Mais si ça plaît au public?
52:39Tout peut plaire au public potentiellement.
52:41Ensuite, les médias, est-ce qu'ils ont une fonction...
52:43Vous savez, il y a un mot qu'on utilisait un peu
52:45auparavant, c'est le sensationnalisme.
52:47En tant que tel, tout peut plaire au public potentiellement.
52:49Mais il y a aussi,
52:51et Dieu sait que je suis sévère lorsque les médias se prennent
52:53pour des professeurs à l'endroit de la population,
52:55mais ils ont aussi une fonction relative
52:57de mise à distance critique.
52:59Ils n'ont pas pour fonction de coller
53:01à l'émotion immédiate,
53:03aussi légitime soit-elle.
53:05Les médias ont une fonction fondamentale,
53:07c'est une mise en récit critique
53:09de l'actualité. C'est-à-dire une mise en récit
53:11à distance. Ils doivent perpétuellement,
53:13s'ils sont sérieux, se questionner
53:15sur les termes utilisés dans le débat public.
53:17Ils doivent se demander si eux-mêmes ne construisent
53:19pas une actualité parallèle,
53:21déconnectée du réel.
53:23C'est un peu ce dont nous parlait Gabriel
53:25il y a quelques minutes.
53:27Le récit autour du Petit Émile, il y a son histoire,
53:29il y a à travers ça l'autre histoire
53:31qui traîne de l'actualité et qui, dans les faits,
53:33intéresse bien davantage certains journalistes.
53:35C'est le procès du supposé
53:37catholicisme traditionnel,
53:39sectaire, d'un certain milieu.
53:41Et l'histoire du Petit Émile sert, dans les faits ici,
53:43de prétexte.
53:45Elle sert d'appui pour nous raconter
53:47une autre histoire qui est celle
53:49du catholicisme toxique qui existerait
53:51en certaines régions de France.
53:53Autrement, il y a une instrumentalisation
53:55du récit du Petit Émile
53:57pour faire le procès de tout autre chose.
53:59Personne ne parle de ce mot récupération.
54:01Voilà, là on est dans une récupération
54:03qui plaît en quelque sorte à une partie
54:05du système médiatique parce que là,
54:07ça permet aussi de ne pas parler d'autres sujets.
54:09Je reviendrai dans un instant.
54:11Soyons sérieux, chaque fois qu'il y a un fait
54:13nouveau sur cette enquête,
54:15par définition, avec raison,
54:17on doit en parler. Et parce que c'est un sujet
54:19qui a végétalement ému l'ensemble d'entre nous,
54:21il est normal que les médias nous mettent
54:23à jour, nous tiennent au courant
54:25si quelque chose évolue.
54:27Mais si au final, ce qu'on apprend, c'est que rien n'évolue
54:29et que l'enquête se poursuit et qu'on n'en sait
54:31toujours pas davantage,
54:33là, ça commence à causer problème.
54:35Et c'est à ce moment que les médias sont responsables
54:37d'un moment de... On bascule dans la spéculation
54:39généralisée dont je parlais hier.
54:41Donc on passe d'un récit médiatique
54:43qui nous informe à un récit médiatique
54:45qui nous transforme tous
54:47en commerce du village.
54:49Et ça, je pense que c'est probablement le plus mauvais côté
54:51des médias dans nos sociétés, lorsqu'ils ne nous transforment
54:53plus en citoyens critiques,
54:55en individus éclairés. Lorsqu'ils nous transforment
54:57en commerce du village,
54:59chacun fait sa théorie sur le membre de la famille
55:01qu'il déteste en particulier, le grand-père,
55:03la grand-mère, l'oncle, la tante, la soeur,
55:05le cousin, le beau-frère, qui est le vrai coupable,
55:07comme si on était entrant dans un jus de clous.
55:09À ce moment précis,
55:11les médias ne font plus leur travail,
55:13ils basculent dans une forme de récit
55:15et ça peut être payant, quelquefois,
55:17en matière d'audience, je le précise,
55:19mais il se peut que ces audiences payantes soient des audiences toxiques,
55:21en quelque sorte.
55:23Allons un peu plus loin, Mathieu Bocoté.
55:25Cette critique des médias ne doit-elle pas
55:27être faite par les médias eux-mêmes?
55:29C'est pour ça que je parlais plutôt d'autocritique.
55:31C'est-à-dire qu'à un moment donné,
55:33les médias ont un pouvoir dans notre société qui est un pouvoir immense.
55:35Ils aiment se faire croire, fidèles
55:37à leurs vieilles années, qu'ils sont le quatrième pouvoir.
55:39Mais ce n'est plus vrai depuis longtemps.
55:41Les médias disent
55:43qu'ils sont le premier pouvoir
55:45à bien des égards aujourd'hui.
55:47On le sait, lorsqu'ils décident
55:49de se jeter sur un homme,
55:51de faire une forme de campagne sous le thème de l'anathème,
55:53ils peuvent détruire une vie
55:55en quelques heures.
55:57Ils peuvent faire ça politiquement,
55:59dans les milieux journalistiques, dans les milieux culturels.
56:01Ils peuvent détruire une réputation
56:03simplement à partir
56:05de soupçons.
56:07En autocritique, je pense qu'elle devrait se faire,
56:09tous doivent la faire.
56:11Est-ce qu'on fait son travail? Est-ce qu'on le fait correctement?
56:13Est-ce qu'à un moment, on n'a pas dérapé dans telle interprétation?
56:15Tout le monde, je pense, doit le faire.
56:17Mais cette histoire-là...
56:19Mais cette histoire-là
56:21est particulièrement propice, je crois,
56:23à l'autocritique, parce que dans les faits,
56:25est-ce qu'il est normal qu'un seul sujet comme celui-là,
56:27qui est, et j'y reviens,
56:29un fait divers, dans ce cas-là, ça en est un vrai,
56:31un fait divers qui éclipse complètement
56:33les enjeux internationaux, nationaux,
56:35financiers, sociologiques, politiques,
56:37de sécurité. Je croyais vaguement
56:39qu'il y avait du nouveau, cette semaine,
56:41sur le front ukrainien-russe-États-Unis.
56:43Je croyais vaguement, cette semaine,
56:45que Donald Trump avait menacé l'Europe
56:47de sanctions sévères
56:49au moment de la question des tarifs.
56:51Je croyais vaguement que, cette semaine, on en a parlé ici,
56:53mais pas vraiment ailleurs, un homme politique français
56:55risquait la prison pour ses propos.
56:57Je croyais vaguement que Boilem Sansalle
56:59avait cinq ans de prison aujourd'hui.
57:01Franchement, c'est pas le thème de fond de l'actualité.
57:03Le thème de fond de l'actualité, c'est le petit Émile.
57:05Et surtout, l'instrumentalisation qu'on en fait.
57:07Alors, je reviens à une question
57:09dont on a souvent parlé ici,
57:11la distinction de faits divers et faits de société.
57:13Qu'est-ce qu'un fait de société?
57:15On dit souvent, c'est pas un fait divers,
57:17c'est un fait de société.
57:19Un fait de société, c'est un fait qui implique une répétition.
57:21C'est-à-dire que ça arrive une fois, ça arrive encore,
57:23ça arrive encore une fois.
57:25Et c'est ce qui fait, d'ailleurs, que maintenant, par exemple,
57:27pour une partie de l'insécurité, on perd presque l'histoire
57:29parce qu'on a encore un OQTF.
57:31Encore un OQTF parce qu'on a constaté un effet sériel.
57:33Il y a un événement,
57:35un élément de répétition
57:37qui crée un événement sociologique.
57:39Ça fait un fait de société.
57:41Ça implique la possibilité que ça puisse arriver à chacun d'entre nous.
57:43On pourrait dire qu'un fait de société,
57:45c'est un événement qui devient presque banalisé
57:47alors qu'il ne devrait pas l'être.
57:49Ça implique un dysfonctionnement de l'ordre social
57:51et même un dysfonctionnement de l'ordre politique.
57:53Parce que quand on dit un fait de société,
57:55la question qui suit, c'est qu'est-ce que le politique peut faire?
57:57Qu'est-ce que l'État peut faire?
57:59Qu'est-ce que les autorités peuvent faire
58:01pour que ça ne se reproduise plus?
58:03Avec toute sa part de mystère dont on voit pour l'instant,
58:05c'est la conjugation du mystère,
58:07de l'absurde,
58:09du tragique de l'existence humaine.
58:11Mais on n'est pas devant un événement qui se reproduit
58:13chaque jour, chaque semaine
58:15et qui constituerait la trame de notre actualité.
58:17Donc on est dans ce moment très particulier
58:19où certains reprochent, par exemple,
58:21à Seigneux, je me permets de le dire,
58:23de surfer sur les faits de société.
58:25J'apprécie les faits divers.
58:27Mais les faits divers dont nous parlons ici sont des faits de société.
58:29Nous en parlons parce qu'il y a un effet de répétition.
58:31C'est un fait divers pur.
58:33Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas le considérer.
58:35C'est tragique, c'est bouleversant, on est tous émus.
58:37Mais c'est un fait divers pur qui n'a pas une portée politique
58:39sur l'ensemble de la société.
58:41Pour cela, c'est très étonnant,
58:43on en parle sans arrêt, on nous force à en parler,
58:45on écrase le reste de l'actualité pour en parler
58:47et les grands sermoneurs qui nous disent
58:49qu'on doit normalement se tenir à l'écart des faits divers,
58:51là soudainement braquent le regard de l'actualité
58:53exclusivement sur ce sujet.
58:55Je le redis, ce qui est absolument tragique
58:57sur le plan médiatique ou de l'éthique des médias dans tout cela,
58:59c'est que cette histoire nous aura tous transformés
59:01pour quelques heures, pendant une semaine,
59:03pendant quelques mois, en commerce du village.
59:05Un journaliste informe,
59:07un journaliste ne transforme pas.
59:09Merci pour votre regard,
59:11Mathieu Bocoté,
59:13merci Gabrielle, merci Charlotte, merci Marc
59:15et Alain Toledano, merci infiniment
59:17d'être venu nous parler du cancer.
59:19Cancer et vaccins,
59:21c'est des questions qu'il ne faut pas poser.
59:23Non, il y a des vaccins qui protègent du cancer
59:25aujourd'hui, pour certains cancers.
59:27D'accord, mais conséquences
59:29de l'un des vaccins du Covid,
59:31il ne faut pas poser la question en général.
59:33Non, il faut expliquer et puis dire que la science,
59:35c'est utile pour sauver la vie des gens.
59:37Bon, bon, bon, allez,
59:39tout de suite, l'heure des produits. Merci encore
59:41vraiment d'être venu, président de l'Institut Raphaël,
59:43l'heure des produits avec Pascal Fraud.
59:45Excellente soirée.

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