Mehdi Bayat, l'administrateur délégué du Sporting de Charleroi, a répondu aux questions de Benjamin Helson et Cédric Baufayt.
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00:00Pour la suite, Médhi, parlons de ce fameux conflit avec une certaine partie des supporters du Sporting de Charleroi,
00:08parce qu'encore une fois, il est important de le rappeler, c'est une partie et pas l'intégralité des supporters du Sporting de Charleroi.
00:15Mais avant de parler de ce conflit, une question d'ordre philosophique.
00:19De manière générale, dans un stade de foot, et pas simplement en Belgique, en Europe,
00:25est-ce que les supporters ne considèrent pas aujourd'hui un stade de foot comme une zone de non-droit ?
00:34C'est une question qui mérite d'être posée, et vous avez raison de dire que ce n'est pas que par rapport à la Belgique.
00:44On se rend compte aujourd'hui de plus en plus que les supporters, certains, veulent réellement prendre le contrôle du stade.
00:54Et avoir la possibilité de faire ce qu'ils ont envie, que ce soit en termes de folklore, comme on pourrait l'appeler,
01:01ou en même temps aussi d'avoir un poids sur certaines décisions.
01:08Mettre la pression sur un entraîneur, mettre la pression sur une direction, on le voit.
01:12On a vu des situations en France, par exemple, à Lyon.
01:15Moi, j'ai encore ces scènes assez surréalistes, on parle quand même de Lyon, ce n'est pas un petit club,
01:20où on voyait les joueurs qui étaient comme des petits enfants devant un cop en train de se faire gronder à la fin d'un match.
01:26Et puis, ils étaient là tous, on voyait sur leur visage, ils se demandaient qu'est-ce qu'on fait là, mais on doit être là.
01:31Et donc, c'est une réalité aujourd'hui du monde dans lequel on est.
01:35Moi, je pense qu'il faut voir, en tout cas de notre côté aujourd'hui à Charleroi,
01:41on a quand même vécu pas mal de situations compliquées, difficiles, surtout ces derniers temps.
01:48Moi, à titre personnel, je veux dire, j'ai ramassé pour mon grade bien comme il faut.
01:55Et comme je le répète quand même assez souvent, le sporting de Charleroi, c'est plus de 23 ans de ma vie.
02:02J'ai 46 ans, c'est la moitié de ma vie.
02:05J'ai donné la moitié de ma vie à un club pour lequel je pense avoir quand même...
02:11La question se pose même plus.
02:13Est-ce que l'attachement que j'ai pour la ville de Charleroi, pour le club de Charleroi ?
02:17Je veux dire, il n'y a même plus de question par rapport à ça.
02:21Et se faire démolir comme ça m'est déjà arrivé de le vivre à certains moments, évidemment que ça fait mal.
02:29Et en tant que dirigeant, à un moment donné, on se pose la question de se dire mais pourquoi en fait ?
02:33Est-ce que je suis maso d'accepter ça ?
02:36Ma femme me pose des fois la question de me dire mais tu n'en as pas marre.
02:39Et beaucoup de personnes qui me côtoient au quotidien me disent mais cette résilience, on ne la comprend même plus.
02:44Et vous en avez marre ?
02:46Alors à certains moments, c'est difficile mais c'est là où il faut faire la part des choses.
02:51Ça veut dire que mon expérience ces 23 années m'ont permis de comprendre que le foot,
02:58et je le disais tout à l'heure, n'est pas une entreprise comme une autre en réalité.
03:01On doit la gérer comme une entreprise comme une autre parce qu'à un moment donné, elle a des responsabilités cette entreprise.
03:07On a plus de 100 équivalents temps plein aujourd'hui au sporting de Charleroi.
03:10Ma responsabilité première, c'est de payer les salaires de mon personnel à la fin du mois coûte que coûte.
03:16Parce que si je ne le fais pas, je mets en danger toutes ces familles-là aussi.
03:20Et en même temps, il y a un aspect émotionnel très fort dans lequel il y a un sentiment d'appartenance,
03:25un sentiment dans lequel certains supporters se disent c'est mon club, on s'en fout de lui.
03:31Moi, je suis quelqu'un de passage, tous les gens qui sont là sont des gens de passage.
03:34Ça fait 23 ans que je suis là, à un moment donné, je ne serai plus là.
03:37Et puis certains disent bon voilà, moi, j'ai le tatouage sur mon bras, c'est mon club.
03:41Mon club coule dans mon sang.
03:44Et donc, c'est là où on doit être dans une forme de compromis en permanent,
03:52à essayer de comprendre l'aspect émotionnel, mais en même temps de faire fonctionner le club.
03:56Mais instant confession quand même, est-ce qu'il y a eu un soir où sur l'oreiller,
04:02vous avez dit à votre épouse, bon, demain matin, je l'annonce, c'en est trop, j'arrête ?
04:10Malheureusement, sur le modèle dans lequel moi, je suis, ça ne peut pas exister.
04:20Pourquoi ? Parce que je suis, j'ai été pendant tout un temps l'actionnaire principal du club.
04:28Depuis que David Allmer nous a rejoint, j'ai embarqué quelqu'un d'autre avec nous dans le bateau.
04:34Et j'ai cette responsabilité.
04:37Ça veut dire que le sporting de Charleroi, ce n'est pas un bout de tissu ou un papier
04:42que je peux, à un moment donné, jeter à la poubelle et dire voilà, ça y est, je n'en peux plus.
04:46Ils m'ont fatigué, je dois partir. Ça ne marche pas comme ça.
04:49C'est une responsabilité que j'ai, que j'ai accepté en 2012 lorsqu'on a repris le club.
04:55Et donc, si à un moment donné, je laisse cette possibilité se poser,
05:05même de dire à ma femme, c'est quoi là, ça y est, j'en peux plus.
05:09Demain, je ne vais plus travailler. J'abandonne le sporting.
05:12Je crois que là, à ce moment là, il faut vraiment que je fasse un sacré pas de côté
05:16et que je trouve très vite quelqu'un d'autre pour pouvoir prendre mes responsabilités
05:20et s'occuper du club parce que ce serait inconscient totalement de ma part.
05:25Encore une fois, je dis, il faut bien faire la part des choses
05:27entre le sens des responsabilités d'un côté qui engage d'avoir une résilience
05:33quand même relativement dopée au maximum parce que certains moments sont très compliqués,
05:38mais ça fait partie de la vie du dirigeant de foot que beaucoup de gens ne voient pas.
05:41C'est l'autre côté. On voit un peu le côté strass, paillettes.
05:46On est pris en photo, on a des interviews, on est une personnalité publique,
05:49on est connu, reconnu, mais ce n'est pas toujours non plus très agréable de le vivre de cette manière là.
05:56Alors ce mardi 25 mars, il y a donc eu une décision de justice.
06:01Les ultras ont proclamé qu'ils avaient remporté la victoire.
06:07De votre côté, vous, sur le show, vous avez dit
06:11« Laissez-nous le temps de lire et d'analyser techniquement cette décision ».
06:16Avec 48 heures de recul, c'est quoi votre analyse ?
06:21L'analyse, c'est que la décision qui est rendue me paraît juste et d'une certaine manière équilibrée.
06:31Et si les ultras, on voit dans le fait qu'ils peuvent réintégrer,
06:38parce que la décision est très claire par rapport à ça, le stade une victoire, c'est une bonne chose.
06:44Mais moi, je ne vois pas pour autant une défaite pour l'un ou pour l'autre.
06:48Je suis vraiment content parce qu'on a eu une réunion hier soir avec 13 de nos clubs de supporters.
06:54Donc mercredi soir.
06:55Oui, tout à fait.
06:57Et j'ai commencé la réunion en disant « Écoutez, on est dans une situation aujourd'hui
07:05où le plus important pour moi, c'est l'apaisement.
07:08On ne veut pas être en conflit avec nos supporters, quels qu'ils soient,
07:11ultra, pas ultra, les uns, les autres.
07:14Un club de football ne peut pas être en conflit en permanence avec ses supporters.
07:20Et j'ai vraiment senti aussi de leur côté qu'ils étaient tristes de dire
07:24« On a été obligés d'assigner en justice notre club. »
07:28Et je les pense sincères par rapport à ça.
07:30Par contre, il y a une réalité.
07:32C'est le modèle de fonctionnement.
07:34En tant qu'administrateur délégué du Sporting de Charles Roy,
07:36je suis responsable de la sécurité dans le stade, du bien-être dans le stade,
07:41de tout ce qui se passe autour de l'organisation du match de foot.
07:45Pas tout seul.
07:46On a la police, les pompiers, on a des partenaires qui nous accompagnent
07:50parce que c'est notre responsabilité de pouvoir organiser
07:52une grande manifestation sportive de cette ampleur-là.
07:56Et on a tous des responsabilités.
07:58Aujourd'hui, ce règlement d'ordre intérieur
08:02que nous avons utilisé pour exclure une partie de nos supporters
08:05n'a pas été remis en cause par la justice.
08:09La justice dit simplement
08:11« Vous avez tout à fait le droit d'utiliser votre règlement d'ordre intérieur
08:14de la même manière qu'est la loi foot,
08:15qu'est la loi civile par rapport à la Fédération belge de football.
08:20Vous avez tout à fait le droit d'utiliser votre règlement d'ordre intérieur
08:23pour exclure, mettre des sanctions à quelqu'un qui est dans un contrat avec vous.
08:31Pourquoi ? Le Sporting de Charles Roy est une entité privée.
08:34Ils vendent des tickets pour assister à un spectacle,
08:37qui est un match de football.
08:38Et lorsqu'on achète ce ticket,
08:41on reconnaît le règlement d'ordre intérieur de facto
08:45et celui-ci nous engage dans une espèce de forme de contrat.
08:48Et ce contrat engage les deux entités à respecter certaines choses.
08:53Nous, à donner accès à une place pour pouvoir assister à un spectacle
08:56qui va durer autant de temps et ainsi de suite,
08:59et faire en sorte que la personne puisse arriver tranquillement dans le stade,
09:04s'accéder à sa place et repartir.
09:06Ça, en gros, c'est notre contrat.
09:07Mais la personne qui assiste au spectacle a aussi un contrat vis-à-vis du club.
09:11Celle de respecter la bonne ambiance, de ne pas insulter son voisin,
09:17de ne pas taper son voisin, de ne pas créer une ambiance délétère,
09:21de ne pas avoir des propos racistes et ainsi de suite.
09:24Et donc, ce contrat mutuel que nous avons l'un et l'autre,
09:28aujourd'hui, cette décision de justice nous dit de manière très claire,
09:31attention, vous avez effectivement le droit d'utiliser votre règlement d'ordinateur,
09:34mais là, vous ne l'avez pas bien utilisé.
09:37Parce qu'il faut identifier clairement le coupable.
09:40Parce que vous avez fait un bloc en disant,
09:42il y a 60 personnes que vous avez identifiées pour différentes faits,
09:50mais vous n'avez pas identifié individuellement
09:54les reproches que vous faites aux uns et aux autres.
09:56Ça veut dire qu'à partir du prochain match contre le standard,
09:59des choses vont-elles être mises en place pour davantage mieux pouvoir identifier
10:03ces personnes qui vont peut-être, je n'espère pas,
10:05mais arrêter la rencontre à la 62e minute ?
10:08Alors aujourd'hui, on est clairement dans un état d'esprit d'apaisement.
10:13Ça veut dire que je pense que les supporters...
10:14Oui, mais on sait très bien qu'il y a toujours un dingue qui a bu un peu trop de bière, qui... voilà.
10:18Ils ont compris.
10:19Ils ont compris leurs responsabilités.
10:21Ils ont compris la responsabilité qu'ils ont vis-à-vis du reste de la tribune, du reste du stade.
10:26Ils avaient déjà dit ça aussi après Maline.
10:28Mais aujourd'hui, on est dans une situation où pour moi, de mon côté,
10:31c'est ce que j'ai dit et je l'aurai dit de manière très claire hier soir.
10:33On va jouer le jeu.
10:35On veut repartir vers nos supporters.
10:37On veut assainir.
10:37On veut faire en sorte que la situation soit beaucoup plus calme,
10:40beaucoup plus sereine pour tout le monde.
10:41On veut retrouver de l'ambiance dans le stade.
10:43On veut que nos supporters s'identifient de nouveau au club
10:46et ne pas être dans un conflit permanent.
10:49Donc je vais prendre nos responsabilités par rapport à ça.
10:53Mais évidemment, nos supporters aussi ont une responsabilité.
10:56Et c'est très clair.
10:57Et notre règlement de l'intérieur, on l'utilisera.
10:59Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui, on décide de dire qu'on veut aller de nouveau vers ouvrir la porte
11:05et faire en sorte que la situation se passe mieux
11:07qu'on peut de nouveau se permettre de prendre des risques par rapport aux autres.
11:10Si un fumigène termine dans la tête de quelqu'un
11:12et que cette personne, malheureusement, perd un œil ou pire même, meurt
11:18parce qu'un fumigène lui a atterri dans la tête,
11:19c'est moi qui suis responsable.
11:21C'est moi qui suis responsable.
11:23Si à un moment donné, pour être dans des faits un peu moins graves,
11:26la Fédération décide de nous pénaliser de nouveau pour utilisation de pyrotechnique,
11:30elle décide de donner un huis clos à la T4 ou voire même à tout le stade,
11:35c'est notre responsabilité.
11:37Les autres supporters qui sont dans le stade vont dire
11:40« Mais enfin, Medivh, il est bien sympa, mais qu'est-ce qu'il fait en fait ? »
11:45Avec son équipe de sécurité, avec ses stewards, avec la police,
11:49ils ne sont pas capables de fouiller convenablement,
11:51de faire en sorte qu'on ne puisse pas allumer de fumigène dans le stade.
11:54Et moi maintenant, je suis pénalisé parce que je ne peux pas assister
11:57aux matchs de foot de mon équipe,
11:58parce que des mecs ont envie d'allumer des fumigènes dans un stade.
12:01C'est ça en fait, tout le principe est là.
12:04Et je pense qu'il faut qu'à un moment donné,
12:06nos ultras aussi soient conscients de la passion qu'ils les animent
12:10à travers le fait d'être des ultras
12:12et la responsabilité qu'ils portent vis-à-vis des autres aussi.
12:15Et à un moment donné, tout ça doit se mettre sur la table
12:18et dans les faits se vérifier
12:20et voir exactement comment les choses vont évoluer sur les prochains matchs.
12:24Mais en tout cas, et de manière très claire,
12:27on n'a pas été hier soir, en tout cas mercredi soir,
12:29dans une réunion avec les supporters pour les menacer
12:31en leur disant tout de suite « voilà ».
12:33Non, ils savent très bien.
12:34Ils ont lu le jugement.
12:35Ce n'est pas des idiots.
12:37Le règlement d'en intérieur est tout à fait valable.
12:39Et sur base de ce règlement d'en intérieur,
12:41nous pouvons prendre des décisions d'exclusion
12:43qui sont beaucoup plus rapides que celles
12:46où on doit passer par la loi football
12:49ou par la possibilité d'intenter des actions civiles
12:52au niveau de la Fédération belge de football.
12:54On peut le faire.
12:55Et on sait maintenant comment on doit le faire
12:57puisque la juge nous l'a expliqué.
12:59Et nous prendrons les mesures nécessaires
13:01qui s'imposent simplement pour faire respecter l'ordre,
13:05le bien-être et le bon fonctionnement de nos matchs de football.
13:08On ne veut pas être en conflit avec qui que ce soit.
13:11On n'est pas là avec une volonté dictatoriale
13:13de dire on veut taper sur tout le monde.
13:15On veut simplement que la loi soit respectée,
13:18que les règles soient respectées,
13:19parce que nous sommes responsables de ça.
13:21Et que si de notre côté,
13:22nous ne faisons pas ce que nous devons faire,
13:24c'est nous qui sommes responsables.
13:25Et il y a aussi ce principe de la responsabilité objective
13:29des clubs qui sont censés être responsables
13:31des actes de leurs supporters.
13:32Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ça.
13:34Je sais qu'il y a des actions qui sont en cours aujourd'hui,
13:36en Belgique d'ailleurs, par d'autres clubs.
13:39Et on verra exactement ce qu'il en est.
13:41Mais en tout cas, nous essayons de faire du mieux possible
13:43pour assumer nos responsabilités.
13:45Ce règlement d'ordre intérieur,
13:47est-ce que vous allez le revoir
13:48pour davantage le muscler pour la saison prochaine ?
13:52Oui, très clairement, on va essayer de travailler avec.
13:53Encore une fois, l'objectif,
13:55de toute manière, on en a parlé aussi avec les supporters,
13:57c'est un, de faire aussi une charte avec eux,
13:59une charte de responsabilité de la part de nos supporters
14:01qui s'engage aussi à certaines choses.
14:04Et cette charte sera signée avec les clubs de supporters
14:06officiellement reconnus par le club.
14:09Et puis de l'autre côté, notre règlement d'ordre intérieur
14:11sera, je dirais, updaté
14:14de manière à pouvoir nous permettre justement
14:16d'être encore plus clairs
14:18et que les supporters comprennent bien
14:20quels peuvent être les risques pour eux
14:22en cas de non-respect des règles de fonctionnement du club.
14:26Le supporter qui est à l'origine
14:27de l'arrêt de la rencontre contre Maline,
14:30il vous a versé les 65 000 euros ?
14:32Non, il a fait appel.
14:33Il a fait appel de la décision.
14:36Et je pense que l'appel était suspensif
14:39de ce qui avait lieu de payer.
14:43Mais encore une fois aussi,
14:44c'est une question de principe pour nous.
14:46On veut aller au bout des choses
14:49parce qu'on veut démontrer aussi aujourd'hui
14:52que la responsabilité d'une personne
14:55peut être engagée dans un stade
14:56et que tout le monde le comprenne.
14:58Parce qu'il doit payer plus de 60 000 euros.
14:59On parle de beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent.
15:02Ce n'est pas rien.
15:03Et donc aujourd'hui,
15:07un, j'espère qu'il regrette son geste, vraiment.
15:10Mais deuxièmement, il doit servir d'exemple à tous les autres.
15:14Parce que ce que je veux que chacun comprenne,
15:16c'est qu'aujourd'hui, le club ne se laissera plus faire.
15:18On ne va plus payer des amendes comme ça à Touva,
15:20à la Proligue, à la Fédération.
15:22À partir du moment où on peut identifier
15:24les personnes qui sont responsables
15:25et nous ferons tout pour le faire,
15:27nous les attaquerons parce que ce n'est pas
15:30au sporting de Charles Roy
15:31ou à sa grande masse d'autres supporters
15:33d'assumer les conséquences d'actes de certains.
15:36Dernière question sur cette thématique.
15:38Et de manière générale,
15:39parce que vous avez évoqué la France,
15:42il y a eu une escalade en France,
15:44mais aussi en Belgique.
15:46On voit bien qu'en France,
15:48il y a même maintenant un règlement qui stipule que
15:51si, et je vais être un petit peu vulgaire,
15:53je m'en excuse,
15:54si les supporters commencent à chanter
15:57« On sert au tankul »,
15:59l'arbitre a l'obligation d'arrêter le match
16:01et de faire perdre le club
16:04dont les supporters sont à l'origine de ces chants-là.
16:07Je pense que le débat n'a pas encore eu lieu en Belgique.
16:10Vous, votre position par rapport à ça ?
16:12Puisqu'on sait que Charles Roy,
16:13vos supporters sont assez coutumiers
16:16de chanter « Bruxelles, on t'encule »
16:18pour des raisons un peu débiles.
16:19Oui, ça chante un peu partout en Belgique.
16:22Je dirais, moi aussi,
16:23quand on voyage avec Charles Roy,
16:26on entend très souvent aussi...
16:28Il y a pareil du côté de la Flandre,
16:30on est bien d'accord, et ainsi de suite.
16:32C'est une réalité, malheureusement,
16:36ennuyeuse,
16:40c'est dérangeant,
16:42c'est gênant.
16:42Ça renvoie une image très mauvaise, quand même.
16:44Ça renvoie une image négative du monde du football
16:46de manière générale, ça c'est clair,
16:48parce qu'il y a des tas d'enfants qui sont là dans le stade
16:50et des parents qui disent « OK, moi je viens au stade,
16:52c'est pas pour entendre ce genre de choses ».
16:54C'est clair.
16:55Mais ça fait partie aussi, malheureusement,
16:56de la réalité du monde du football.
16:58C'est pas propre qu'à Charles Roy.
16:59Je pense qu'il faut, à un moment donné,
17:01être conscient de l'impact
17:07de certaines décisions qui doivent être prises
17:11au niveau politique
17:13pour pouvoir essayer, à un moment donné,
17:15de régler certains problèmes.
17:17Aujourd'hui, les clubs n'ont pas les moyens
17:19tout seuls de régler le problème.
17:21Je vais vous donner un exemple précis pour expliquer
17:23pourquoi, aujourd'hui, je doute
17:25de ce genre de décision.
17:27À l'époque, on a eu des arrêts de match
17:29Charles Roy standard, standard Charles Roy.
17:31C'est ça qui a un peu initié les règles qu'on a mises en place
17:33aujourd'hui en disant « on va mettre des amendes sévères,
17:36on va faire en sorte qu'un match est arrêté,
17:38pas arrêté, on le reprend, on le reprend pas,
17:40on paye 20 000, 25 000, 50 000 euros d'amende. »
17:43On pensait que nos supporters
17:45allaient être conscients
17:47et quand je dis « nos supporters », c'est de manière générale
17:49dans le monde du foot, qu'ils peuvent nuire à leur équipe.
17:51Mais si on peut faire en sorte qu'ils payent
17:5350 ou 100 000 euros d'amende, on va faire ça.
17:55Enfin, c'est pas bon pour notre club.
17:57Et finalement, on s'est rendu compte que non.
17:59L'argent, c'est pas leur problème.
18:01Et puis, à un moment donné,
18:03il y a eu aussi ce fait de dire « on fait perdre
18:05des points, on a perdu un match
18:07contre Maline.
18:09Peut-être que ces trois points-là, à cette époque-là, nous auraient permis
18:11– on en parle encore aujourd'hui –
18:13d'aller en play-off.
18:15Et donc,
18:19le fait de dire aujourd'hui
18:21par exemple qu'en France,
18:23si on décide de prendre cette décision,
18:25je pense que la réflexion derrière
18:27se dit « on va taper là où vraiment l'âme
18:29du supporter va dire à l'autre
18:31« arrête tes conneries,
18:33parce que là, on perd le match,
18:35on perd les points ».
18:37Mais moi, ça me fait peur.
18:39Parce que c'est des mesures
18:41qui peuvent tellement impacter la vie d'un club au quotidien.
18:43Et on s'est rendu compte à certains moments
18:45que certains supporters peuvent dire « on va faire
18:47couler le club ». On va faire couler le club.
18:49On va le tuer. On s'en fout.
18:51Qu'on redescende en deuxième, en troisième,
18:53en quatrième division, c'est pas grave.
18:55On reconstruira. Nous, on est là.
18:57Nous, peu importe, on soutiendra notre équipe.
18:59Mais eux, si on descend, ils seront plus là.
19:01Donc c'est pour ça que je dis qu'il faut toujours faire attention
19:03et je parle pas aujourd'hui uniquement
19:05de Charleroi. Je parle d'un sujet
19:07de société globale où il faut
19:09faire attention à ne pas
19:11donner autant
19:13de pouvoir
19:15à des supporters de pouvoir décider
19:17de la survie d'un club ou pas.
19:19On peut faire perdre un match. On a décidé.
19:21On vous emmerde. Voilà. C'est comme ça.
19:23Parce que c'est de cette manière-là qu'il faut regarder la chose.
19:25Et donc je trouve que c'est très dangereux.
19:27Et je pense qu'on doit aujourd'hui essayer
19:29de trouver
19:31encore une fois des solutions
19:33adéquates
19:35avec les supporters.
19:37Parce qu'on le veuille ou pas, à un moment donné, c'est des acteurs
19:39importants de la vie d'un club.
19:41Mais ils doivent comprendre quelle est leur place.
19:43Et comme je le dis souvent,
19:45le supporter doit supporter. Le dirigeant doit diriger.
19:47À certains moments, le dirigeant peut faire des erreurs.
19:49Le supporter peut en faire aussi.
19:51Et le tout, c'est d'essayer de rester dans une zone
19:53dans laquelle, à un moment donné,
19:55ça ne nous explose pas au visage et nous
19:57repousse malheureusement dans des situations que nous avons déjà vécues à Charleroi.