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À cent jours du Grand départ du Tour de France, le directeur du Tour, Christian Prudhomme, est l'invité d'ici Nord. Il détaille le tracé des trois premières étapes, explique le passage à 23 équipes sur les grands tours et revient sur la participation de Tadej Pogacar à Paris-Roubaix.

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00:00Bonjour Christian Prudhomme, nous sommes à J-100 du Tour de France mais avant toute chose nous sommes aussi à J-17 de Paris-Roubaix avec cette annonce
00:07dont parle toute la planète vélo depuis hier, Tadej Pogacar sur Paris-Roubaix, vous l'avez appris vous aussi
00:12hier ou vous aviez l'info un petit peu avant, c'est un événement ?
00:15Non, je l'ai appris exactement en même temps que vous
00:17honnêtement je ne pensais pas qu'il viendrait cette année et je me disais de toute façon il fait une pub formidable pour l'arène des
00:22classiques donc c'est magnifique
00:25Finalement c'est un peu à son image c'est à dire qu'il est capable de tout y compris dans les annonces au fin fond d'un
00:30communiqué
00:30il fallait lire jusqu'au bout pour découvrir qu'il serait bien au départ de Paris-Roubaix
00:34l'annonce de l'équipe n'a pas été tonitruante, le résultat est tonitruant mais ils ont mis ça tout au fond
00:38mais c'est une formidable nouvelle bien sûr. Mais pourquoi est-ce que vous n'y attendiez pas parce que c'est une course particulièrement
00:45compliquée, il est prétendant pour
00:48remporter encore un Tour de France
00:49faire les deux c'est exceptionnel, c'est pour ça que vous y attendiez pas ? C'est exceptionnel parce que ce sera le premier tenant du titre
00:54vainqueur du Tour de France de l'été précédent à être au départ de Paris-Roubaix
00:57pour gagner je me souviens il y a une dizaine d'années
01:00nous étions très heureux d'avoir Bradley Wiggins au départ, il avait gagné le Tour en 2012, il était au départ de Paris-Roubaix en 2014
01:05il avait fini 9e je crois d'ailleurs cette année là
01:07mais on ne l'attendait pas forcément comme vainqueur, là c'est clairement le bras de fer, le combat des chefs contre celui qui est le maître
01:14des classiques de printemps et qui vient de gagner Milan Sanremo et Mathieu Van Der Poel
01:17donc on va avoir une explication au sommet formidable d'autant plus que Pogacar est capable de tout
01:21d'attaquer de très très loin, de faire que la course soit intense du début à la fin donc ça va être évidemment palpitant
01:27c'est bien sûr cette confrontation avec Mathieu Van Der Poel que l'on attend particulièrement
01:30deux champions du monde qui s'affrontent sur un monument du cyclisme, lequel des deux est le plus en forme selon vous cette saison ?
01:35je peux pas vous répondre ce qui est sûr c'est qu'ils sont préparés tous les deux pour aller
01:38pour aller gagner à Roubaix, il y a le Tour des Flandres entre les deux, moi le
01:42meilleur moment sportif que j'ai vécu comme directeur du Tour
01:45c'est l'an passé dans la voiture rouge
01:47derrière le maillot arc-en-ciel de Mathieu Van Der Poel volant sur les pavés, là je me suis vraiment dit mais t'es un incroyable
01:52privilégié, il y avait Antoine Silani le vice-président de la région de France qui était avec moi mais il y avait un sentiment de privilège
01:59extraordinaire dans la roue du champion donc peut-être qu'ils seront deux devant nous
02:02le 13 avril je ne sais pas. Paris-Roubaix c'est déjà en soi un monument mais rajouter de l'enjeu comme celui-ci, un récit comme celui-ci, cette
02:09confrontation Van Der Poel-Pogacar
02:12cela permet à la course de briller encore un peu plus ? Oui alors ce qui est
02:15formidable et que parce que vous avez le privilège vous d'être beaucoup plus jeune que moi
02:19c'est qu'en fait on retrouve ce que j'ai connu quand j'étais gamin, c'est les champions, les plus grands champions du cycliste qui sont là
02:24du début à la fin de la saison, qui sont là de mars à octobre pour certains même de février, c'est-à-dire qu'Eddie Merckx était là
02:30donc
02:32d'ordinaire à Paris-Roubaix on a des champions je pense à l'époque
02:34Bonhomme-Cancelara, des champions d'exception mais ils sont vraiment
02:38focalisés sur les classiques de printemps et puis ils vont vous chercher
02:40une victoire d'étape, il y a un maillot jaune de Cidela en juillet mais pas pour le classement général
02:44donc là c'est vraiment quelque chose de formidable et puis ça préfigure aussi peut-être
02:47la première semaine du prochain Tour de France. Et en 2025 aussi, juste pour terminer sur Paris-Roubaix, la force des réseaux sociaux, la force de
02:54la télévision, les retombées, tout ce que ça implique, là forcément vous attendez à des records d'audience et des retombées encore plus cette année
03:00On a envie d'y être, voilà
03:02Il est 7h48, ici d'ailleurs nous sommes en direct avec
03:05Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France. Si vous êtes à Lille aujourd'hui Christian Prudhomme, c'est bien pour le Tour de France, quand
03:11vous venez comme ça, en amont, c'est juste pour les photos ou il y a encore du repérage à faire, des réglages à faire sur place ?
03:16Alors c'est-à-dire que je suis la face immergée de l'iceberg, c'est-à-dire que vous voyez
03:21ce qui est pour tout le monde, pour les journalistes, pour les médias, mais bien évidemment qu'il y a aussi des réunions, des rencontres
03:26et qu'il y en aura encore en permanence, comme ça existe depuis plus d'un an jusqu'au départ du Tour de France
03:31la trajectoire est nominale, tout se prépare parfaitement bien avec les collectivités, avec les services de l'État
03:36mais bien sûr que jusqu'au bout, il y a toujours des ajustements.
03:38Le Tour de France cette année passe trois jours, nous le disions dans le Nord-Pas-de-Calais, on entendait ce matin d'ailleurs votre directeur technique Thierry Gounoud
03:45nous dire que la plus compliquée c'était peut-être la deuxième étape, entre Lovain-Planque et Boulogne-sur-Mer, c'est votre avis aussi ?
03:49Ah oui, sans aucun doute, la deuxième étape est faite pour avoir les favoris du Tour de France, épaules contre épaules
03:54c'est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur, elle est faite pour les punchers, mais elle est faite pour ceux qui
04:00aspirent à gagner le Tour de France. Il y a une succession de côtes courtes certes, mais raides dans le final
04:04il y a des changements de direction, il y a possiblement du vent, donc oui on aura une étape qui sera forte sans aucun doute, sachant
04:09que le premier jour, pour la première fois depuis cinq ans
04:12il y a la chance pour un sprinter d'être en maillot jaune, avec l'arrivée tout près de la Citadelle
04:16à Lille dans la métropole, et le lendemain, oui une bagarre de punchers, mais une bagarre des favoris du classement général.
04:21La même folie qui fait que Pogacar est au départ de Paris-Roubaix, il a ça en lui pour attaquer
04:27sans doute, peut-être, pourquoi pas, espérons-le, on verra dans les derniers kilomètres de l'étape de Boulogne-sur-Mer.
04:33Et vous citez cette arrivée de la première étape à Lille, tout proche effectivement de la Citadelle,
04:38s'il fait beau, avec la place qu'il y a sur l'esplanade, sur la Citadelle, vous allez avoir un monde de fous.
04:42Mais c'est aussi l'une des raisons de notre présence ici à Lille,
04:47dans le département du Nord, dans la région des Hauts-de-France, c'est qu'après trois grands départs consécutifs à l'étranger,
04:52on voulait un retour en France marquant, et un retour en France marquant, vous ne l'avez pas forcément partout dans l'Hexagone,
04:58mais on est sûr de l'avoir ici, et c'est pour ça qu'on est là.
05:01Une première étape pour les sprinters, avec l'arrivée à Lille, deuxième pour les punchers, la troisième Valenciennes-Dunkerque,
05:05qu'est-ce que vous pouvez nous en dire rapidement ?
05:07A priori pour les sprinters, mais ça dépendra vraiment du vent dans la remontée vers Dunkerque,
05:10et ça dépendra aussi de ce qui se sera passé la veille,
05:13c'est le feuilleton du Tour de France, il dépend toujours évidemment de l'épisode de la veille.
05:17Christian, le Conseil du cyclisme professionnel a approuvé hier le passage à 23 équipes sur les grands tours cette année,
05:23alors l'Union cycliste internationale doit encore valider cette décision,
05:27mais a priori ça devrait se faire pour le Tour de France, vous êtes-y d'accord pour passer à 23 équipes ?
05:30Vous savez, je suis l'un des membres du Conseil du cyclisme professionnel,
05:33il y avait 7 pour, 4 abstentions et 1 contre, je vais simplement vous dire que je n'étais pas contre.
05:3923 équipes, avec 8 coureurs par équipe, cela fait à la fin 184 bonhommes sur des vélos, plus tous ceux qui les accompagnent,
05:45est-ce que cela amène des aménagements logistiques par rapport aux précédentes éditions, qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:52Dans l'hébergement bien évidemment, mais on avait anticipé si d'aventure, ce que je souhaite bien sûr,
05:58le souhait du Conseil du cyclisme professionnel est confirmé par le comité directeur de l'UCI,
06:03ça se fera très vite, dès le début de la semaine nous saurons, et je pense effectivement que ce sera accordé.
06:10Non, sur le nombre d'équipes et de coureurs, on va refaire un tout petit peu d'histoire,
06:15il y a une dizaine d'années, les organisateurs, l'AIOC, l'association des organisateurs, dont je suis le président,
06:20avait souhaité une réduction du nombre des coureurs, 1 coureur de moins par équipe,
06:25on est passé de 9 à 8, à la fois pour des raisons de sécurité et pour des raisons d'attractivité.
06:30Les raisons d'attractivité aujourd'hui, elles n'existent plus, on le voit bien, à l'époque il y avait très peu d'attaques,
06:34ça se déclinait par l'arrière, maintenant il y a des attaques de loin, on vient de l'évoquer avec Pogacar,
06:40et pour la sécurité aujourd'hui, le point névralgique sans le moindre doute, c'est la vitesse,
06:44sans le moindre doute c'est la vitesse, c'est sur la vitesse qu'il faut agir,
06:48puisque d'après les conclusions de la mission d'enquête de l'union cycliste internationale,
06:53le groupe Safer, dans lequel Thierry Gouvenoud d'ailleurs est partie prenante,
06:56la vitesse moyenne des champions, des courses, a augmenté d'un kilomètre heure entre 15 et 10 ans,
07:03entre 15 et 5 ans d'ici, et dans les 5 dernières années de 2 kilomètres heure,
07:07donc c'est sur la vitesse absolument qu'il faut jouer pour les raisons de sécurité.
07:11Est-ce que là, oui, ça va poser de fait un problème de sécurité ou pas ?
07:15Non, non, parce que vous savez, ce qui pose un problème de sécurité, c'est que ça va de plus en plus vite,
07:20et qu'il y a mécaniquement de plus en plus d'aménagements, sans le moindre doute,
07:24mais c'est pas lié au nombre de coureurs.
07:25Les très grosses chutes de l'an passé, je pense à celle du Tour de Pays Basque par exemple,
07:28c'était par un peloton groupé qui est tombé, et pourtant il y a eu un sacré dégât.
07:32Pourquoi cette décision finalement d'augmenter le nombre d'équipes, une équipe supplémentaire ?
07:36Est-ce que c'est pour permettre aux équipes plus modestes de participer ?
07:40Est-ce que c'est pour que Julien Alaphilippe par exemple,
07:42dont l'équipe n'est pas forcément sélectionnée, d'être sur le Tour de France cette année ?
07:45Non, c'est très clairement d'abord pour densifier le deuxième niveau.
07:48J'évoque souvent la pyramide du cyclisme.
07:50Le fait que le Tour soit tout en haut de la pyramide, mais qu'il est nécessaire d'avoir une base solide.
07:55Et en fait, on se rend compte que cette pyramide, elle se transforme en sablier,
07:58c'est-à-dire que la deuxième division, elle a de moins en moins d'équipes
08:02qui sont capables de participer aux grandes courses.
08:04Si l'on a pris une équipe espagnole Carahual sur Paris-Nice,
08:07c'est précisément pour que les coureurs s'aguerrissent et puissent ensuite grandir,
08:11et peut-être demain participer à un autre grand tour.
08:13On voit un gouffre derrière une vingtaine d'équipes,
08:17il y a un gouffre et il n'y a plus personne ensuite,
08:19parce que les budgets sont de plus en plus importants.
08:21Et on a envie, nous, que ce fameux vieux sport à l'européenne,
08:25où quand on en est bon en deuxième division, on puisse monter en première,
08:27et quand on n'est pas très bon en première division, bien qu'on descende,
08:29que ça existe toujours et qu'on ne dérive pas vers un système de ligues fermées,
08:33façon basket américain, NBA ou Adytam, Eternam,
08:36ce sont toujours les mêmes qui sont au sommet.

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