Sa grand-mère Paulette, la cinéaste et écrivaine Annie Ernaux… La chanteuse Juliette Armanet parle des 4 femmes qui l’ont inspirée.
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00:00Une des idoles de ma jeunesse, c'est Soria Bonaly.
00:04Il se trouve que pendant une période de ma vie, j'ai fait pas mal de patins à glace.
00:08Et c'était vraiment pour moi une référence absolue de liberté, d'insolence, de perfection sportive.
00:20Parce que c'était une sportive, c'était la reine des glaces.
00:24Elle avait une manière de faire du patin qui a complètement pulvérisé les codes du patinage artistique.
00:29Elle avait un élan, c'était une rebelle de dingue.
00:33Elle a osé des trucs qu'aucun patineur patineuse n'avait osé à l'époque.
00:37J'ai le souvenir qu'elle avait carrément même inventé son propre saut,
00:41le Bonaly, qui est une espèce de backflip arrière,
00:45qui est absolument prodigieux, impossible à faire, que personne n'arrivait à faire à part elle.
00:51Elle me fascinait complètement, Soria Bonaly,
00:54à tel point que j'avais mes patins à glace qui étaient dédicacés Soria Bonaly.
00:59Je les garde précieusement, je les chéris.
01:02Une des femmes qui compte énormément pour moi,
01:05qui m'a énormément appris, inspirée,
01:09c'est ma grand-mère Paulette, qui était une pianiste géniale.
01:14Vers l'adolescence, elle a eu l'adolescence,
01:17vers l'adolescence, elle a eu la maladie d'Alzheimer.
01:21Il y a eu un truc très bizarre qui s'est passé.
01:24C'est une maladie qui ravage tout sur son passage.
01:27Elle ne savait plus rien d'elle-même, son prénom, son nom.
01:32Si elle avait eu des enfants ou pas, elle avait oublié sa vie.
01:35Mais par contre, une chose qui restait,
01:38et qui était son territoire absolu de liberté, de conscience d'elle-même,
01:43c'était le piano, la musique.
01:45C'était une manière de rentrer en contact avec elle,
01:48parce qu'elle ne savait plus qui j'étais,
01:50elle ne savait pas trop.
01:52Mais par contre, quand je jouais au piano,
01:54que je lui jouais un Chopin ou une balade,
01:57elle m'engueulait quand je faisais une fausse note,
02:00ou alors elle s'offusquait quand ce n'était pas le bon accord,
02:04ou alors elle me disait, ça c'est vraiment bien joué.
02:08Et c'était un moyen hyper beau, hyper fort de connecter avec elle.
02:16Voilà.
02:19Non, attends, tu n'as pas besoin de le rejouer celui-là,
02:22il ne faut pas le rejouer tout seul.
02:24D'accord, je ne le rejoue pas.
02:26Voilà.
02:35Très bien, tout ça, ça s'est passé.
02:38C'est merveilleux ce que tu as fait.
02:40Cette idée de se dire que jusqu'au bout de sa vie,
02:43même avec cette maladie,
02:45la musique était restée un endroit de vérité,
02:48de liberté, de conscience,
02:51ça s'est resté ancré en moi très très fort.
02:54Quand tu penses à elle, c'est quoi le premier souvenir,
02:56le premier sentiment, la première sensation qui te revient en mémoire ?
02:59C'était vraiment une femme exubérante et timide à la fois.
03:03Elle fumait des gitanes comme ça,
03:05la clope au bec, la fumée qui rentrait dans les yeux,
03:08elle jouait en même temps comme ça.
03:10J'adorais.
03:13Annie Arnaud, je l'ai rencontrée dans ses livres
03:17à plein de moments différents de ma vie.
03:20Elle m'a aidée à passer plein de capes de ma vie de femme,
03:23à me reconnaître dans plein de lignes
03:25que je n'aurais jamais forcément osé me formuler à moi-même.
03:28Elle a aidé beaucoup de femmes à se comprendre,
03:31à se connaître, à se pardonner,
03:33à s'aimer aussi, je crois, profondément.
03:36Elle a un truc un peu de guide spirituel, Annie Arnaud.
03:38Il y aura toujours Annie Arnaud dans mon cinquième.
03:42Je suis en amour total avec cette musicienne
03:45qui est Nati Peluso, qui est une musicienne argentine.
03:52Qui est littéralement explosive, démesurée, archi-théâtrale,
03:58drôle, insolente, puissante.
04:02Sa musique, c'est une espèce de format un peu hybride
04:06entre du hip-hop et de la salsa.
04:10Elle se déguise, elle danse comme une déesse.
04:14C'est une bête de scène, vraiment.
04:16Elle est ultra inspirante d'audace.
04:23Et très drôle, encore une fois.
04:24Ça, c'est un truc qui me touche vachement.
04:27Cet humour-là, mélangé à autant de talents,
04:30ça donne vraiment un cocktail assez rare.
04:32C'est quelqu'un avec qui tu pourrais te dire
04:34« Tiens, si on collaborait, qu'est-ce que ça donnerait ? »
04:37Ça, c'est le rêve absolu.
04:38Une collab avec Nati, ça, j'en rêve.
04:40Mais bon, là, elle est nominée au Grammy.
04:42Je pense qu'elle a d'autres choses à faire.
04:45Qui sait ?