Pendant un an, elle a filmé la relation entre les journalistes et les politiques hors antenne. Salhia Brakhlia a répondu aux questions de Brut.
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00:00Parfois, on se fait engueuler parce que les questions ne plaisent pas.
00:03On a fait des questions qui ne sont pas importantes.
00:05C'est 30 secondes.
00:06Ouais, c'est une minute 40.
00:08Ouais, c'est la petite vacherie de la fin, quoi.
00:10Histoire de dire qu'on s'en bat la soupe.
00:12C'est pas du dingue, ça ?
00:13De quoi ?
00:14Bah que vous ayez dit qu'on était des macronistes.
00:16C'est-à-dire qu'en fait, nous, on passe notre temps à justement faire gaffe aux questions qu'on pose.
00:20Non, mais aux termes qu'on utilise.
00:21Et vous, vous arrivez, vous faites une vidéo comme ça.
00:23Non, mais c'est fou.
00:24On s'en fout, c'est des macronistes.
00:25C'est rare que les médias disent qu'une réforme est une bonne réforme.
00:28Après, ça fait allégeance.
00:29On a posé une caméra dans les coulisses de la matinale de France Info
00:33tous les matins pendant un an, en période électorale.
00:36Et voilà, on a voulu faire opération transparence.
00:39Les relations avec les politiques, elles sont simples, elles sont cordiales.
00:41Accueil cordial pour tout le monde, peu importe le parti politique.
00:45Mais en revanche, on ne s'interdit pas de poser toutes les questions en direct.
00:49Et puis après, moi, je suis à leur service pour débriefer après.
00:51Tous les matins, j'ai des critiques.
00:53Mais c'est souvent des militants de partis politiques qui tweetent à tout va.
00:59Si je reçois un ministre ou un élu de la majorité,
01:04je suis forcément une macroniste parce que je n'ai pas posé les bonnes questions.
01:08Si je reçois un membre de la France Insoumise, je suis une gauchiste.
01:12Si je reçois quelqu'un de l'extrême droite, du Rassemblement National,
01:17j'ai laissé la propagande du RN glisser sur l'antenne.
01:20Si on fait l'addition de toutes ces critiques,
01:22on se rend compte qu'on est un peu équilibrés.
01:24Ça veut dire qu'on embête un peu tout le monde, qu'on fait à peu près bien notre boulot.
01:29On n'est pas forcément bons tout le temps.
01:31C'est tout le problème.
01:33Et on a un chef qui est là pour nous le rappeler.
01:35Il s'appelle Jean-Philippe Baye, c'est le directeur de France Info.
01:38Quand on est mauvais, il n'hésite pas à nous dire qu'on a été vraiment mauvais.
01:41C'est un débat.
01:43Je vous avoue, j'ai rentré dans le parking, j'ai fait « aaaah ».
01:49Laissez-le parler.
01:50En période électorale, il y a beaucoup plus de stress, beaucoup plus de pression.
01:54On ne les voit pas arriver pareil que lorsqu'il n'y a pas d'élection.
01:56Littéralement, à chaque prise de parole, ils risquent leur campagne.
02:00Ils risquent leur candidature.
02:01Aujourd'hui, ils sont un peu plus détentes.
02:03Mais pendant l'élection présidentielle,
02:06j'ai vu des politiques trembler, agiter leurs pieds sous le plateau où on ne le voyait pas,
02:12gribouiller sur leurs notes une fois qu'ils avaient dit un mot qui était important pour eux.
02:16Ils savent que quand ils interviennent dans un média, ils doivent marquer le coup.
02:22Il y en a qui marquent le coup par leur prestance, par leur charisme.
02:27Et puis, il y en a qui se disent « moi, je vais passer par les punchlines ».
02:30Et donc, oui, on les voit en amont préparer leurs punchlines.
02:35Et quand on assiste à ça, on se dit « ah oui, d'accord, c'est comme ça que ça se passe vraiment ».
02:39Il y en a qui arrivent avec des fiches où il y a des punchlines,
02:42où il y a des chiffres à caser, où il y a des éléments de langage.
02:45Pour la plupart, ils ont tous leurs petites fiches.
02:48Et voilà, pendant une demi-heure, ils doivent essayer de tout caser.
02:51Notre rôle à nous, c'est d'essayer de casser tout ça, de casser ces éléments de langage,
02:55de casser cette langue de bois pour avoir un discours vrai.
02:58Charmaine Bardella et ses fiches.
03:00Je pense que les fiches de l'élection présidentielle sont encore là.
03:03Putain, il a plein de fiches.
03:05Il a plein de trucs avec des petites punchlines absurdistantes, covid-absurdistantes.
03:10Le but du film, en fait, c'est de montrer aux Français,
03:13de montrer à ceux qui nous regardent, ceux qui nous écoutent tous les matins,
03:16qu'en fait, être journaliste, ça ne s'improvise pas.
03:19J'ai déjà entendu des gens me dire « alors tes questions, tu les reçois tous les matins de la part de l'Élysée,
03:24on t'envoie un petit mail et puis tu réponds ».
03:26Et ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça.
03:31« Tu les reçois tous les matins de la part de l'Élysée, on t'envoie un petit mail et puis tu répètes ».
03:35Ou alors, on me dit « tu dois être copain, tu déjeunes, tu dînes avec les politiques ».
03:40Ben non, en fait, ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie.
03:42Moi, je ne suis pas copain, copine avec les politiques.
03:45Je ne les vois jamais en dehors de mon plateau, je les accueille.
03:48Ils viennent faire l'interview, je leur dis au revoir et c'est terminé, je ne les revois plus après.