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  • 25/03/2025
Edgar Morin a 101 ans. Sasha en a 22. Tous les deux sont engagés pour l’écologie. Ils discutent des manières de faire réagir les autorités.

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Transcription
00:00Il y a eu une vague de chaleur.
00:01On va dire, ah oui, c'est le réchauffement qui nous a dit que ça ne va pas.
00:05Mais dès que la vague de chaleur s'arrête, on oublie tout ça.
00:10On vit au jour le jour.
00:11Heureusement, une partie de la jeunesse prend conscience de ceci
00:17et milite ardemment pour la planète.
00:20On a décidé d'avoir des actions de perturbation répétées
00:23pour justement, comme vous disiez, que d'un jour à l'autre,
00:26les gens en fait n'oublient pas l'urgence dans laquelle on est.
00:30Il ne faut pas avoir peur d'aller jusqu'à un certain point
00:43pour pouvoir faire bouger les choses.
00:45Jusqu'à quel point ?
00:46La perturbation non violente, c'est ce qui a montré dans le passé que ça marchait.
00:49Les droits civiques américains, moi, c'est ce qui me parle beaucoup.
00:52L'histoire des Freedom Riders, tout en étant non violents,
00:55en fait, il faut aller provoquer le changement qu'on attend.
00:58Et on n'a pas besoin d'être très nombreux.
00:59S'il n'y a pas une nouvelle force politique
01:03qui regrouperait les bonnes volontés,
01:07on est livré à des actions isolées.
01:09Les choses, si vous voulez, se font à travers la prédication,
01:14à travers la parole, par exemple, ou à travers une pensée qui s'exprime.
01:23S'il n'y avait pas eu le manifeste communiste de Karl Marx
01:28ou son œuvre politique, jamais il n'y aurait eu des grands partis
01:32comme socialistes ou communistes, pour le meilleur comme pour le pire.
01:36Donc aujourd'hui, moi, je crois qu'il faut une pensée écologique.
01:42– Déjà, dans les mouvements que vous avez cités,
01:43il ne faut pas nier aussi physiquement qu'est-ce qui s'est passé.
01:46C'est des personnes qui sont montées sur des podiums,
01:48c'est des personnes qui se sont mises en travers d'une route
01:50parce qu'elles n'étaient pas contentes, c'est des personnes qui ont tagué,
01:52c'est des personnes qui ont fait des choses.
01:54Et aujourd'hui, je pense que le pouvoir d'agir, il faut le redonner aux gens,
01:57aussi en leur disant, vous avez une autre force de frappe,
02:01en plus de juste réfléchir dans votre chambre,
02:03et vous pouvez aller, vous pouvez descendre dans la rue,
02:05vous pouvez faire des choses.
02:06– Je crois qu'on sera aidés par les catastrophes.
02:11Ce sera notre meilleur allié, c'est paradoxal de le dire,
02:16mais une catastrophe permet de prendre conscience.
02:20On voit déjà des petites mesures locales,
02:22mais on n'a pas encore la grande action coordonnée,
02:26parce que je pense là aussi que les gouvernements,
02:33qui sont encore englués dans ce qu'on peut appeler le néolibéralisme,
02:40dans la croyance uniquement de la compétition et au profit,
02:46ne se rendent pas compte des nécessités.
02:50Il y aura des catastrophes de toutes sortes.
02:54Et ces catastrophes, c'est ça qui sera notre arme.
02:59Et peut-être que nous réussirons, au bord de l'abîme, à aller vers le salut.
03:07Un espoir n'est jamais une certitude, mais il faut travailler avec l'espoir.
03:12– Moi, mon espoir, j'aimerais le placer juste un petit peu avant.
03:15Moi, j'ai plus l'espoir que la prise de conscience collective
03:19arrive bien avant les catastrophes,
03:21parce que les catastrophes auxquelles on va faire face,
03:24ce n'est pas une ou deux catastrophes,
03:25et ensuite on va pouvoir dire,
03:26ah ok, là on fait une petite pause, ça suffit.
03:29C'est que là, ça va être un engrenage où ce n'est pas pendant 10 ans,
03:32ce n'est pas pendant 20 ans,
03:33c'est toutes les prochaines générations qui vont vivre des catastrophes naturelles,
03:37donc des famines de masse parce qu'il va faire trop chaud,
03:39des inondations, ça va être la totale panique.
03:42Bien sûr que du coup, s'il y a beaucoup de catastrophes,
03:44Dieu merci, il y aura des réactions, mais ça sera trop tard en fait.
03:47Et si aujourd'hui je me bats,
03:48et si aujourd'hui je descends dans la rue et je vais sur la route,
03:51pour ces convictions-là, c'est que j'ai l'espoir qu'avant ça,
03:54il est encore totalement possible de changer la donne
03:56et d'espérer un monde dans lequel ces catastrophes seront beaucoup moins fortes.
04:00Il faut cette politique globale dont vous parliez,
04:03mais il faut aller la chercher.
04:05Il ne faut pas penser que ça fait déjà 50 ans
04:08que les gouvernements sont au courant et qu'il ne se passe rien,
04:10donc ce serait très naïf de penser que dans les 2-3 prochaines années,
04:13il va juste y avoir un déclic sans qu'on aille le chercher.
04:16Quand vous parlez des prochaines catastrophes, ça me fait super peur,
04:19parce que je sais qu'il ne va pas y en avoir une ou deux,
04:23et que ça va être ça pendant toute la fin de ma vie.
04:26Moi j'avais déjà vécu le somnambulisme dans les années d'avant-guerre.
04:32Ces années, on allait sans se rendre compte vers la catastrophe comme ça.
04:38Très peu de gens avaient conscience,
04:41ils ne voulaient pas se tenir compte de leurs avertissements,
04:45et on a eu la catastrophe.
04:50Aujourd'hui, les conditions sont différentes,
04:54mais on est des somnambules à nouveau.
04:58Donc moi j'écris, réveillez-vous, réveillons-nous.
05:02Je me demandais juste, est-ce que vous auriez un conseil ou quelque chose à dire
05:07à toutes les personnes qui s'engagent aujourd'hui,
05:09ou celles qui ne le font pas du coup,
05:12Chacun vit son aventure personnelle,
05:15mais en même temps on vit l'aventure du pays dans lequel nous sommes, la France,
05:21et nous vivons dans l'aventure humaine,
05:24beaucoup plus générale de toute l'humanité.
05:28Et si nous sentons que nous vivons dans cette aventure,
05:34alors nous nous sentons automatiquement engagés.
05:39Nous faisons ce qu'il faut dans ce sens-là, avec nos moyens,
05:43voilà ce que je peux dire.
05:46Sortons du au jour le jour, sortons du somnambulisme,
05:53sortons du déni, sortons de l'oubli,
06:00essayons de voir les choses, de prendre conscience,
06:04et c'est la conscience qui va animer l'action.
06:09Merci beaucoup.
06:10Merci Sacha, merci Edgar.
06:13Merci beaucoup.

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