"J'étais heureuse, mais après, il y avait le choc, quand j'ai vu pour la première fois le bidonville."
En juillet 2017, Ana et sa mère arrivent à Massy après avoir quitté la Roumanie. Son premier jour en France, voilà comment elle l'a vécu.
En juillet 2017, Ana et sa mère arrivent à Massy après avoir quitté la Roumanie. Son premier jour en France, voilà comment elle l'a vécu.
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00:00Mon premier jour en France, je suis arrivée ici à Massy.
00:03Après deux jours de long trajet dans Romanie jusqu'à là,
00:07j'étais avec ma mère et je lui demande pour rigoler
00:11« Elle est où la Tour Eiffel ? »
00:13Et après elle me répond, elle me regarde comme ça bizarre
00:17et elle me répond « Mais tu sais qu'on ne va pas habiter en dessous de la Tour Eiffel ? »
00:22Et après on a entendu mon frère qui venait nous chercher
00:25pour aller sur le Bidamville où on va habiter.
00:30Ma première réaction, j'étais heureuse qu'après un trajet de deux jours,
00:34je suis arrivée finalement.
00:36Mais après il y avait le choc quand j'ai vu pour la première fois le Bidamville.
00:41Dans ce moment-là, je n'ai pas réalisé que c'est là où je vais vivre encore des années.
00:47Et quand j'ai réalisé que je dois rester là parce qu'en Romanie on ne peut plus retourner,
00:53je me suis dit que je vais me battre pour m'en sortir.
00:56Dès que je suis arrivée, je voulais m'inscrire à l'école
01:00et après j'ai vu que c'était compliqué.
01:03Et j'étais vraiment déçue de ce contraste, de ce que je pensais avant,
01:08comment elle est décrite en théorie la France et qu'est-ce que c'est en vrai.
01:13Il y a plus de 5000 enfants qui ne sont pas scolarisés dans ce moment.
01:17Moi, je suis allée faire les courses avec ma mère.
01:20J'étais dans le bus et je passais par le lycée.
01:25Je voyais tous les élèves qui vont le jour de la rentrée,
01:30qui sont très contents de se revoir avec ses collègues.
01:33C'était une tristesse énorme.
01:35Je me suis sentie exclue et franchement j'avais le cœur brisé.
01:43Moi, j'ai intégré l'école en janvier 2018.
01:48Et en juin, quelques mois, j'avais un examen pour voir mon niveau de français.
01:56Ensuite, la pause, c'était le même jour de mon examen,
02:04c'était le jour où il y avait l'expulsion du terrain.
02:09Grâce à ma mère, on a pu déménager.
02:13On a pu déménager avant l'expulsion et ne pas se retrouver dans la rue sans rien faire.
02:20On a trouvé un autre bien dans la ville à Antony, c'est là où j'habite actuellement.
02:23J'ai passé mon examen et j'ai eu 80 sur 100 points.
02:29J'étais super contente qu'après quelques mois, j'aie réussi à apprendre assez le français
02:35pour pouvoir m'intégrer dans un lycée normal, dans une classe normale.
02:39J'habite à Antony.
02:41J'habite dans un bidonville avec ma mère et mes deux frères, avec les enfants de mes frères.
02:48Et dans le même temps, je suis scolarisée au lycée Point Carré à Palaisaux.
02:54Je suis en première S2S.
02:56Je travaille dans le domaine social.
02:59Mais les conditions de vie qui sont dans un bidonville,
03:04il n'y a pas de l'eau courante, il n'y a pas d'électricité.
03:08Ça m'empêche un peu d'avoir une scolarité normale comme tous les élèves,
03:13comme ça serait normal.
03:19Sur un bidonville, on n'est jamais sûr de rester longtemps.
03:22Il y a toujours le risque d'expulsion.
03:25Une expulsion, c'est six mois de scolarisation.
03:28Et alors, je vis tous les jours avec la peur que le lendemain, je me trouve dans la rue
03:33et je ne peux pas continuer mes études comme tous les autres.
03:39Nous, enfants vivant en bidonville squat aux hôtels sociaux,
03:43nous jeunes mineurs isolés étrangers,
03:46nous enfants des gens de voyage,
03:49nous vous adressons cette lettre,
03:51car dans le pays de Victor Hugo et de Jules Ferry,
03:54la porte de l'école reste fermée devant nous.
03:57Avec ce collectif, nous, ce qu'on demande, c'est le droit d'être scolarisés,
04:01de réussir à l'école,
04:04pour tous les enfants en situation de précarité en France.
04:07Mon rêve, vraiment, c'est de devenir assistante sociale
04:09pour aider tous ceux qui en ont besoin.
04:15Ça, c'est mon rêve professionnel,
04:18mais mon rêve personnel,
04:23c'est que tous les élèves, tous les enfants et jeunes
04:27puissent s'inscrire à l'école pour réaliser leur rêve.