Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
"Pour moi l'école a été un lieu d'humiliation, j'y étais nul. Mon arme, c'était d'être drôle."
Au départ il n'y croyait pas, mais entouré d'amis fidèles et talentueux, ça fait quinze ans qu'il "monte une marche supplémentaire" à chacun de ses projets. Franck Gastambide c'est aussi une histoire de potes, et il nous la raconte.
Transcription
00:00À mon parcours, il est très au-delà de ce que je pouvais espérer.
00:03Moi, je suis un nul, qui a toujours été nul à l'école,
00:05qui a toujours été dernier de sa classe,
00:06qui n'a pas été foutu d'avoir le moindre diplôme.
00:08Aujourd'hui, on me donne de l'argent pour faire mes films
00:13et qui marchent, à chaque fois un peu plus.
00:15Oui, je n'ai jamais osé rêver de ce qui est en train de se passer en ce moment,
00:17ça c'est sûr.
00:22Dans Meddling, tu incarnes un perso qui est très fidèle à ses potes.
00:25En plus de ça, dans le film, on retrouve des gens avec qui tu as déjà travaillé, etc.
00:29Est-ce que tu dirais que pour toi, la loyauté, c'est la valeur suprême ?
00:33La loyauté, la fidélité en amitié, les valeurs de l'amitié, oui.
00:38C'est d'ailleurs ce qui me nourrit.
00:40J'ai les mêmes producteurs depuis 15 ans, j'ai le même agent,
00:43je tourne avec les mêmes comédiens.
00:44Oui, c'est important dans ma vie et puis surtout,
00:47moi, c'est mes potes qui m'inspirent.
00:48En vérité, moi, je n'ai pas vraiment de talent.
00:50Mon seul talent, c'est de pouvoir regarder qu'est-ce que les autres ont de bon,
00:55qu'est-ce qu'ils savent faire de mieux.
00:56Et depuis les carrières, c'est ce que je fais en fait.
00:59Je me nourris du talent de mes potes.
01:00Est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que ton parcours est fidèle à ce que tu espérais au début ?
01:06Mon parcours, il est très au-delà de ce que je pouvais espérer.
01:10Moi, je suis un nul.
01:12Je suis un nul qui a toujours été nul à l'école,
01:13qui a toujours été dernier de sa classe,
01:15qui n'a pas été foutu d'avoir le moindre diplôme.
01:16Aujourd'hui, on me donne de l'argent pour faire mes films
01:18et qui marchent chaque fois un peu plus.
01:20Qu'on aime ou qu'on n'aime pas ce que je fais,
01:22toujours est-il que ça trouve son public
01:23et qu'à chaque fois, j'essaie de monter une marche supplémentaire.
01:27Les carrières, c'était un petit film que j'ai fait dans mon quartier avec mes potes.
01:30Et puis Patria, c'était un peu plus gros.
01:31Puis Taxi, un peu plus gros.
01:32Et puis Validé, plus gros.
01:33Et aujourd'hui, je tourne Medellin, qui est mon film le plus ambitieux.
01:36Et oui, je n'ai jamais osé rêver de ce qui est en train de se passer en ce moment.
01:40Ça, c'est sûr.
01:40Du coup, là, tu nous parlais un petit peu de ton parcours par rapport à l'école, etc.
01:44Comment ça se passait pour toi à l'école ?
01:46Est-ce que tu aurais aimé être ton pote au collège ?
01:52Écoute, pour moi, l'école a été un lieu d'humiliation parce que j'y étais nul.
01:56Et donc, ma seule arme, c'était d'être le mec sympa et le mec drôle.
02:01Et c'est ce que j'ai toujours essayé de faire et ce que j'essaie de continuer à faire.
02:05Mais oui, en fait, j'ai découvert tardivement que j'avais des handicaps invisibles
02:10qui sont la dyspraxie, qui sont les troubles de l'apprentissage, de l'orthographe, des maths.
02:13Enfin, tous ces handicaps que j'avais en moi sans trop savoir que je les avais
02:18et qui provoquaient que j'ai été l'éternel dernier de la classe.
02:20J'essayais en tout cas de faire en sorte d'être le bon camarade.
02:24C'est ça qui me sauvait parce que quand t'es dernier de la classe,
02:28il faut qu'on traîne avec toi pour d'autres raisons que copier sur toi.
02:33Parce que moi, c'était une très mauvaise idée de copier sur moi.
02:35Donc, on traînait avec moi parce que j'étais sympa et que j'essayais de faire rire les potes.
02:41Et du coup, justement, en 2019, t'as été diagnostiqué HPI.
02:46Est-ce qu'à ce moment-là, ça t'a permis de comprendre pourquoi ça s'était passé comme ça à l'école ?
02:50J'ai découvert très tardivement que j'avais une manière particulière de fonctionnement de mon cerveau.
02:57Et c'était pas vraiment un cadeau d'ailleurs
02:59parce qu'il y a plein de choses qui sont simples pour les gens et qui sont très compliquées pour moi.
03:02Et paradoxalement, il y a des choses qui sont dans le métier artistique
03:06qui vont être plus évidentes pour moi.
03:07Et voilà, il a fallu que j'accepte ces différences, que je les comprenne.
03:10Et tout ça, ça met un petit peu de temps.
03:13Et à cet âge-là, si jamais on t'avait dit que tu ferais tourner Mike Tyson, est-ce que tu l'aurais cru ?
03:19Non, et quand j'étais au fin fond de ma banlieue à élever des pitbulls,
03:22j'étais loin de me douter qu'un jour je pourrais faire du cinéma.
03:25Oh mon Dieu, tu es un héros !
03:27Pourquoi tu l'embrouilles pas comme les autres, lui ?
03:29Eh ben, il est sympa, j'ai pas à l'embrouiller.
03:31En tant que réalisateur, quand on n'est pas content d'une scène de Mike Tyson, comment ça se passe ?
03:35Comment on revient sur ça ? Est-ce qu'il y a des moments où t'as eu peur un peu de le reprendre ?
03:41D'abord, c'est extrêmement impressionnant de voir arriver Mike Tyson sur son tournage.
03:44Pour être clair, c'est un moment qui est surréaliste, en fait.
03:49Je suis à Noir avec Ramzy, et là, il y a vraiment Mike Tyson qui arrive sur mon plateau.
03:55Et quand il est arrivé sur le tournage, on craignait d'être déçus,
03:59parce qu'avec Ramzy, on est des grands fans et on se disait, est-ce qu'il va être sympa avec nous ou pas ?
04:04Et en fait, on s'est très vite retrouvés à ce qui reste avec nous entre chaque prise,
04:09à passer les soirées ensemble, à rigoler et à appeler tout le monde en FaceTime pour dire
04:12« Regarde, je suis avec Mike Tyson ! »
04:13Donc on a vécu ça comme un rêve d'enfant avec Ramzy.
04:17Mais la vraie bonne surprise avec Tyson, c'est qu'il a pris les choses très au sérieux,
04:21qu'il a bossé son texte, qu'il avait appris vraiment son texte,
04:24qu'il arrivait le matin avec le texte en me disant « Franck, j'ai des doutes sur ça, est-ce que je peux le dire comme ça ? »
04:27Et je me suis dit « Ok, il prend les choses au sérieux. »
04:30Aujourd'hui, on voit que tu fais des films, des séries, tu produis des docs,
04:34t'es très à l'aise sur les réseaux, on voit que tu tentes des nouvelles choses à chaque fois, etc.
04:39Est-ce que tu dirais que c'est ta curiosité qui t'entraîne toujours plus loin dans tes projets ?
04:42La motivation de chacun de mes projets, c'est clairement de parler aux gens en fait.
04:47Je me dis toujours « Ok Franck, qu'est-ce que t'as envie de faire ? »
04:50Et tant la main vers le public, intéresse-toi à ce qu'ils aiment, intéresse-toi à ce qu'ils veulent voir.
04:54Je suis toujours très étonné que personne avant moi ait fait une série sur le rap.
04:58Et je m'y suis collé avec le succès que ça a été.
05:02Je vais continuer à travailler pour pouvoir produire et réaliser des choses qui intéressent les gens.
05:10Tu sais, il y a différentes catégories de cinéma.
05:14Ce que j'aime moi, c'est provoquer des émotions positives aux gens, j'aime les faire rire.
05:19Et tant que j'y arrive, je vais continuer.

Recommandations