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Au Liban, un habitant sur quatre est un réfugié. Près de 1,5 million de Syriens qui ont fui la guerre sont réfugiés dans le pays. Brut est parti avec Cyrus North dans le camp de Saadnayel.

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00:00Ce n'est même pas qu'ils ont fui le pays, c'est qu'ils ont fui le pays
00:02et ça ne sert à rien qu'ils s'y retournent parce qu'ils n'ont plus rien là-bas.
00:05Donc tu te dis, qu'est-ce qui leur reste en fait ?
00:14Salut à tous, c'est Sirius North, je suis actuellement au Liban,
00:16plus précisément à l'Est, à la frontière avec la Syrie qui se trouve derrière ces montagnes.
00:21Je suis venu avec le Média Brut pour vous parler des conditions de vie
00:23des réfugiés syriens dans le pays et pour vous partager leurs témoignages.
00:30Le Liban est un pays du Proche-Orient qui compte approximativement 4,5 millions d'habitants.
00:34À cela, il faut ajouter environ 1,5 million de réfugiés syriens
00:37qui depuis 2011, fuient la guerre dans leur pays.
00:39Au Liban, c'est donc une personne sur quatre qui est réfugiée.
00:50Donc là, on est dans une tente qui s'appelle la Tente du Média Brut.
00:53C'est une tente qui s'appelle la Tente du Média Brut.
00:55C'est une tente qui s'appelle la Tente du Média Brut.
00:58Donc là, on est dans une tente assez classique des camps de réfugiés syriens au Liban.
01:03C'est Yasmine qui nous a gentiment invité chez elle.
01:06Je suis chaud quand même.
01:07Donc c'est une tente qui est assez spacieuse par rapport aux autres tentes.
01:11Il y a une famille nombreuse qui vit ici.
01:13Donc ça reste très rudimentaire.
01:15Il n'y a que deux pièces.
01:17Il y a celle-là dans laquelle il y a toute la vie qui se fait.
01:20Et il y a une chambre.
01:21Il n'y a pas de cuisine comme vous pouvez le constater.
01:23Donc la cuisine est à l'extérieur.
01:24On est sur des matériaux qui sont très rudimentaires aussi.
01:26Donc on a quelques planches de bois et sinon on a juste de la toile en fait.
01:29Une toile de l'eau à nu.
01:30Contre des vraies intempéries, il n'y a pas grand-chose qui résiste ici.
01:34L'hiver, ça veut dire qu'il fait froid aussi parce que c'est mal isolé.
01:37Demain, s'il y a des pluies torrentielles qui viennent, on est à même le sol.
01:42Forcément, ça va être inondé.
01:43Il y a beaucoup de familles syriennes au Liban qui vivent dans ce type de logement.
01:46C'est des conditions de vie extrêmement difficiles, notamment pour des enfants.
01:57Pour bien comprendre l'exode des Syriens au Liban, il faut remonter jusqu'en 2011.
02:00Ça fait alors 10 ans que Bachar al-Assad est au pouvoir.
02:03La situation dans le pays, notamment d'un point de vue économique et en matière de liberté publique,
02:07ne s'est pas améliorée.
02:08À ce moment-là, plus de la moitié de la population syrienne a moins de 25 ans
02:12et un tiers des jeunes sont au chômage malgré le niveau d'éducation assez élevé dans le pays.
02:16En écho au printemps arabe, la population manifeste alors
02:19pour demander plus de démocratie et plus de droits.
02:22Pour demander plus de démocratie et plus de droits.
02:25Mais la répression du régime est extrêmement violente.
02:28Arrestations, emprisonnements, tortures, tirs à balles réelles sur les manifestants,
02:32le pays sombre peu à peu dans le chaos et la guerre civile.
02:41Depuis le début de la guerre, il y aurait eu plus de 510 000 morts en Syrie
02:44et selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés,
02:47les combats incessants ont fait 6,6 millions de déplacés dans le pays
02:51et 5,6 millions dans le monde.
03:05Apparemment, il y a des enfants qui ont préparé des petits jouets à nous montrer.
03:09Donc on va voir ça tout de suite.
03:13Bonjour.
03:14Bonjour.
03:15Alors dites-moi, vous faites quoi ici exactement ? Qu'est-ce que vous fabriquez ?
03:18On fabrique des voitures.
03:19Vous voyez, c'est très détaillé.
03:23Mais c'est d'une autre manière.
03:24On fabrique comme ça.
03:26On fabrique un moteur comme ça.
03:28Montrez-nous ce moteur.
03:32Je l'ai déjà en fonction.
03:37C'est de l'adhésion.
03:38On l'adhère à l'un à l'autre.
03:40On l'appuie sur un bouton.
03:42Et c'est le moteur.
03:45Il y a de l'électricité.
03:46Comment tu soudes les deux, le plastique ?
03:49On a de la plastique.
03:51J'aime fabriquer parce que j'ai tout.
03:55Il y en a quelques-uns que je n'ai pas fabriqués.
03:58Et d'autres.
04:13Peux-tu nous parler de la vie d'une adolescente
04:16dans un camp de réfugiés syriens comme celui de Sad Mayel ?
04:39Et tu veux faire quoi plus tard ?
04:47J'espère que tes rêves vont se réaliser
04:49et que tu vas sortir du camp
04:51et que tu vas trouver un travail dans le make-up,
04:53le maquillage, la coiffure.
04:55C'est vraiment tout ce que je te souhaite.
05:16C'est sans doute l'absence de papiers légaux.
05:19On considère par exemple qu'il y a 75% des réfugiés,
05:22des Syriens qui sont présents au Liban
05:24qui ne disposent pas de permis de résidence légal.
05:27Ça veut dire que ce sont des personnes, des familles,
05:29des parents, des enfants
05:31qui ne vont pas vouloir se déplacer
05:33par crainte de se faire contrôler,
05:34par crainte de se faire ensuite arrêter
05:36parce qu'ils n'ont pas cette documentation légale.
05:41On parle avec eux depuis hier, aujourd'hui.
05:43Ils te racontent leurs rêves,
05:45toutes leurs aspirations, etc.
05:47Il y en a un qui voulait devenir pilote,
05:48il y a une meuf qui voulait travailler dans le make-up.
05:51Il y en a qui font des dossiers pour partir au Canada,
05:54en Italie, dans les pays européens.
05:57Mais je comprends cette envie de partir d'ici.
06:06Comme vous avez pu le voir,
06:07les réfugiés syriens vivent dans des conditions extrêmement difficiles
06:10et ils ont parfois vécu de vrais traumatismes.
06:12Là, on est à Beyrouth, la capitale du Liban.
06:14On va dans l'hôpital public le plus grand du pays
06:16pour rencontrer d'autres réfugiés syriens
06:18qui bénéficient d'une aide en santé mentale.
06:28Est-ce que vous pouvez me raconter un petit peu votre histoire
06:30et ce qui fait que vous êtes ici aujourd'hui ?
06:42J'étais enceinte d'Ahmad,
06:44j'ai Hassan et Hala.
06:46J'ai commencé à tirer sur les enfants,
06:48et j'ai eu des tirs sur mes enfants.
06:50J'ai eu peur pour mes enfants,
06:52j'ai pris soin de moi-même et je suis restée ici.
06:54Le système m'a laissée ici pendant deux ans,
06:57et je n'ai pas pu y retourner.
07:00Jusqu'à aujourd'hui, notre pays n'est pas bien.
07:03Ma maison a été bombardée.
07:06Ma mère est morte.
07:13Mon frère est mort aussi.
07:15Ma mère est morte et je n'ai pas vu mon frère.
07:21Le système est très difficile.
07:23Ce n'est pas un pays, ce n'est pas un endroit.
07:25Il n'y a pas de sécurité.
07:27Jusqu'ici, je suis fatiguée,
07:29je suis très fatiguée.
07:31Mes enfants, je ne veux pas qu'ils s'inquiètent.
07:35C'est à cause de la guerre que je suis venue ici.
07:37Ce n'est pas un pays, ce n'est pas un endroit.
07:41Il n'y a pas de vie.
07:45Ma mère me demande pourquoi ils nous bombardent.
08:10Avec ses enfants à côté qui jouent et qui se marrent,
08:13et entre deux larmes,
08:16tu as un sourire pour ses enfants.
08:18C'est hyper fort, c'est hyper triste.
08:21Le fait de mettre des visages dessus,
08:24d'avoir quelqu'un face à toi qui te raconte ça,
08:27sa vie, elle a vécu des choses extrêmement difficiles.
08:32Il y a une dimension empathique,
08:34et il y a aussi une autre dimension qui est
08:36que le déni n'est plus possible.
08:38Quand les personnes te racontent son histoire,
08:40ce n'est pas au JT de France 2,
08:43entre deux, je ne sais pas quoi.
08:46C'est juste avant un match de foot.
08:48Non, c'est l'histoire d'un semblable.
08:59Ici, on est dans un centre de santé mentale.
09:01Comment on vous aide ici concrètement ?
09:03Je ne sais pas qu'il y ait de soins psychologiques.
09:06Quand mon fils est allé à l'hôpital,
09:08à Hariri,
09:10j'ai fait une opération pour lui,
09:12j'étais très fatiguée.
09:14Je suis allée à l'hôpital pour lui expliquer
09:16notre situation.
09:18J'ai beaucoup souffert avec ma fille.
09:22Elle a des problèmes psychologiques et psychologiques
09:26très difficiles.
09:28J'ai reçu un résultat de 75%
09:32et un résultat de 80%
09:34sur mon visage.
09:36Elle s'est très bien soignée.
09:38Je suis vraiment reconnaissante.
09:40Je conseille à tout le monde
09:42qui a des problèmes
09:44qu'il n'ait pas l'intention de dire
09:46qu'il a besoin de soins psychologiques.
09:48Non, c'est le contraire.
09:50J'ai ouvert mon esprit,
09:52mon fils et ma fille.
09:54Merci beaucoup.
10:02Le fait de me raconter tout ça,
10:04c'est hyper courageux,
10:06c'est hyper fort.
10:08Ce qui m'impressionne aussi,
10:10c'est cette force
10:12où elle est capable
10:14de t'expliquer
10:16comment elle a perdu sa mère
10:18et comment elle a fui son chez-soi
10:20pour sauver ses enfants.
10:22En même temps,
10:24il y a ses 4 gamins à côté,
10:26sa petite fille de 11 mois
10:28qui court partout.
10:30Wow !
10:32Quelle maîtrise !
10:34Quelle force !
10:36C'est admirable.
10:38On se rend compte
10:40que les problèmes psychologiques
10:42sont extrêmement graves.
10:44On en parle très peu.
10:46Alors que potentiellement,
10:48ça concerne des dizaines
10:50de milliers de réfugiés
10:52qui ont vécu des traumatismes.
10:55On considère que ça risque
10:57d'être un problème explosif
10:59dans les années,
11:01voire dans les générations à venir,
11:03car ce sont une génération entière
11:05d'enfants, de jeunes adultes
11:07et évidemment d'adultes aussi
11:09qui sont marqués non seulement
11:11par les traumatismes liés à la guerre
11:13qu'ils ont pu vivre.
11:15Un enfant qui, même s'il est aujourd'hui
11:17au Liban depuis 5-6 ans,
11:19s'il a quitté la Syrie à l'âge de 3-4 ans,
11:21ça veut dire qu'il a forcément
11:23vu des choses et qu'il a vécu,
11:25intégré, digéré des situations
11:27de stress qui ont été vécues
11:29par ses parents, par son entourage,
11:31par sa communauté.
11:33Les séquelles moraux et psychologiques
11:35sont extrêmement violentes
11:37et ça continue.
11:39Là, ils sont sortis de Syrie.
11:41Elle racontait qu'il y avait une discrimination
11:43et que ces enfants subissaient la discrimination
11:45dans le quartier, à l'école, etc.
11:47C'est hyper important
11:49que ces enfants-là soient subis
11:51et que ce ne soit pas,
11:53elle le disait elle-même,
11:55un tabou, un problème
11:57de venir
11:59discuter de ça avec des spécialistes.
12:01Et un jour, justement,
12:03si la Syrie arrive à se reconstruire,
12:07il est important qu'effectivement
12:09les générations de Syriens
12:11qui vont revenir, qui vont naître,
12:13soient protégées
12:15dans ces problématiques de santé mentale
12:17quand elles sont prêtes à se déclarer.

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