• il y a 3 jours
"On doit choisir à quel patient donner le médicament selon la gravité. C'est un peu inhumain…"

Un an après avoir été ravagé par la terrible explosion au Liban, Brut est retourné à l'hôpital Geitaoui de Beyrouth, où les soignants font face à de nombreuses pénuries… #BrutauLiban

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00:00Le 4 août dernier, cet hôpital était en partie détruit à cause de l'explosion sur le port de Beyrouth.
00:04Un an plus tard, je me suis rendu de nouveau sur place pour Brut,
00:07pour vous montrer une réalité auxquelles est confronté le personnel soignant,
00:10qui est tout aussi dramatique, c'est la pénurie de médicaments.
00:13Donc ici, vous pouvez voir, il y a plein d'étagères qui sont vides.
00:16Voilà, ici, ici, ici.
00:19Les patients n'ont pas de médicaments.
00:21On n'a pas de produits d'anesthésie,
00:23on n'a pas de produits de contraste pour faire des échos, des scans, des IRM.
00:30Presque tous les médicaments chroniques ne sont pas présents.
00:33On doit choisir à quel patient donner le médicament selon la gravité de sa situation.
00:39Donc c'est un peu inhumain de le faire parce qu'avoir un médicament,
00:42prendre un médicament, c'est un droit humain.
00:44On est en train de trier les patients avec les médecins,
00:47donc on met des protocoles pour voir chaque médicament qui est en pénurie,
00:50à qui le donner.
00:51Il y a aussi une pénurie inquiétante de vaccins pour les enfants et de vaccins en général.
00:58Une pénurie aussi de lait pour les enfants, pour les nouveau-nés.
01:04Donc c'est vraiment catastrophique parce qu'on ne peut pas les remplacer par quelque chose d'autre.
01:07Ça fait plusieurs années que je travaille,
01:09mais c'est la première fois que je sens que je ne peux vraiment rien faire.
01:12Je n'ai pas d'alternative, il n'y a pas de solution.
01:16Je suis vraiment coincée, les mains attachées, je ne peux rien faire.
01:22Les Québécois et les Allemands,
01:25Qu'est-ce que c'est d'être un Québec avec le Québec ?
01:38Après avoir reconstruit, maintenant les défis sont différents.
01:40Les défis sont d'un autre ordre,
01:43depuis un an les choses se sont dégradées au Liban,
01:46la situation politique ne s'étant pas arrangée,
01:47la situation économique en conséquence s'est détériorée gravement.
01:51Nous commençons à manquer sérieusement de moyens, de moyens humains,
01:55puisqu'il y a beaucoup de médecins qui ont quitté le Liban,
01:58qui ont repris le chemin de l'étranger pour travailler et trouver un avenir meilleur là-bas,
02:03vu l'incertitude.
02:05Nous avons des infirmières qui sont parties aussi en masse.
02:07En plus, nous avons aussi des soucis logistiques.
02:10Des fois, il y a manque d'électricité, un manque de mazout, de fuel,
02:13et ce qui a une conséquence directe sur la logistique de fonctionnement,
02:16même la logistique de fonctionnement vitale de l'hôpital.
02:19Il y a des médicaments qui manquent complètement, des médicaments vitaux,
02:22des médicaments diurétiques, des anticoagulants,
02:25des médicaments d'oncologie, des médicaments de toute catégorie
02:30sur lesquels les patients doivent compter.
02:31Et comme il n'y a pas de substitut,
02:33ces médicaments, s'ils manquent, ça risque de mettre en danger leur vie.
02:37Vous aussi, vous souffrez de cette pénurie de médicaments ?
02:39Bien sûr.
02:40Il n'y a plus les médicaments, ils ne sont plus préservés.
02:46On ne peut rien faire.
02:47Il y a beaucoup de médicaments qu'on ne peut pas prendre, sur le marché.
02:53Parfois, les patients commencent à pleurer devant nous
02:56parce qu'ils ne peuvent pas payer rien du tout.
02:59Parfois, ils refusent de faire certaines interventions
03:03parce qu'ils ne peuvent pas payer les sommes exorbitantes qu'on demande.
03:08Donc, ils me disent, je préfère mourir plutôt que de payer toutes ces sommes que je n'en ai pas.
03:16La situation est de pire en pire.
03:19Des fois, on ne trouve aucun médicament, on ne sait pas quoi prescrire, quoi faire.
03:24C'est triste, mais bon, on essaie de s'adapter de mieux en mieux
03:27avec un espoir pour une amélioration dans l'horizon.

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