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Avec le confinement, de nombreuses personnes ne peuvent plus payer leur loyer. Dans la cité des 4000 à La Courneuve, Aly Diaoura se bat pour les annuler.

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00:00Avec les enfants, quand mon mari il est décédé, moi tout s'est décidé avec les enfants.
00:05J'arrive pas à payer mon loyer. Avec les enfants, j'ai la honte quoi.
00:09Aujourd'hui, vous êtes face à une maman qui n'a plus aucune ressource du travail, d'accord ?
00:15Elle est veuve, elle a à sa charge deux enfants.
00:19Elle travaillait avant ça, mais depuis les mesures de confinement, elle se retrouve au chômage technique.
00:25Mais comme elle ne travaillait pas juste avant, puisqu'elle était en maladie,
00:30du coup, elle ne bénéficie pas aujourd'hui des mesures de chômage partiels
00:35qui permettent à n'importe qui de pouvoir bénéficier d'une certaine somme, etc.
00:41Donc aujourd'hui, elle se retrouve démunie, sans ressources pour pouvoir payer son loyer
00:46et en faisant l'économie aussi d'acheter les aliments de d'habitude de l'époque à laquelle elle travaillait.
00:53Y'a rien. Même hier, j'ai parti pour tirer 20 euros seulement de mon compte, y'a rien.
00:58J'ai parti découvrir, encore.
01:01Jamais, moi, j'ai pas allé découvrir mon compte.
01:04Mais moi, maintenant, c'est 400 euros pour découvrir.
01:07Donc là, elle se retrouve dans une situation très très compliquée
01:10et c'est pour ça qu'elle m'a alerté sur la situation.
01:13Donc moi, par la suite, j'ai alerté le bailleur en demandant au bailleur
01:18comment il pourrait mettre en place des mesures exceptionnelles pour ce cas précis
01:23puisqu'on me demandait du cas par cas, j'amène du cas par cas d'exonération des loyers.
01:29Et aujourd'hui, la réponse qu'on m'apporte, c'est que non,
01:32pour l'instant, on n'est que sur des échelonnements des loyers,
01:36c'est-à-dire qu'on paiera le loyer à l'issue de la crise sur plusieurs mois, jusqu'à un an.
01:41Comment je vais payer les loyers ? Je ne savais pas.
01:45Découvert. Jamais.
01:47Non, ce n'est pas de l'amendicité.
01:50C'est simplement un geste de solidarité pour une situation d'urgence vitale.
01:54On vit dans ces logements depuis plus de 50 ans.
01:58Je pense qu'on les a rentabilisés depuis.
02:02Une famille a donné depuis 50 ans entre 150 et 300 000 euros dans chaque logement en loyer.
02:08Entre 150 et 300 000 euros, c'est le prix d'une maison.
02:21C'est malheureux, c'est dramatique.
02:25On a même peur pour elle, parce qu'on a peur qu'elle pète un câble.
02:51Comment on nous considère ?
02:54Parce que c'est toujours les mêmes personnes qui sont touchées par ces situations-là,
02:58qui sont touchées par les violences policières,
03:01qui sont touchées par la crise sanitaire, alimentaire,
03:06la crise sociale, la crise économique.
03:10Nous, on la vit tous les jours, la crise économique.
03:12C'est-à-dire que là, il va y avoir une échelle peut-être plus globale au niveau de la France,
03:16mais on va être encore plus impacté, doublement voire triplement impacté ici.
03:20Parce qu'on l'a vivé déjà.
03:22Les fins de mois, l'euro, on le compte.
03:24Et ça doit être la même chose un peu dans des territoires ruraux, sans doute.
03:28Mais ici, c'est vraiment très particulier.
03:30Je trouve ça bien que des gens fassent preuve de solidarité,
03:32mais vous savez, en banlieue, la solidarité, on la connaît.
03:35C'est-à-dire qu'on a toujours été solidaires,
03:38parce qu'on a toujours eu en face de nous des portes qui se ferment.
03:41Et aujourd'hui, voir cet élan de solidarité incroyable, c'est magnifique.
03:45On ne peut que le saluer.
03:47Mais ça doit nous interroger quand même sur l'action de l'État et des pouvoirs publics,
03:51qu'ils soient de proximité ou un peu plus lointain,
03:54sur pourquoi on en est arrivé là.
04:03La solution qui consiste à exonérer tous les locataires de loyers,
04:09ne nous paraît pas la meilleure.
04:13Pourquoi ? Parce que les situations sont très diverses.
04:16Il y a des locataires qui verront leur salaire maintenu.
04:19Il y a des locataires qui verront leur salaire très diminué.
04:22Et nous préférons apporter beaucoup à ceux qui ont une véritable difficulté.
04:27Mais pour ça, il faut qu'on les connaisse.
04:29C'est pour ça qu'on les rappelle par téléphone.
04:31Et c'est pour ça qu'on a besoin du chiffre de ces locataires en difficulté,
04:35pour savoir combien ils sont.
04:37Ce chiffre n'est pas disponible.
04:39Nous les aurons dans les prochains jours.
04:41Le confinement est respecté.
04:42Tout ce qu'on nous a demandé de faire, on l'a fait.
04:44Mais au final, on en paye quand même un trop lourd prévu.
04:47Pour moi, c'est inconcevable d'être dans cette situation-là.
04:51Et pour moi, c'est une situation qui est liée clairement à l'ensemble des inégalités
04:57qui aujourd'hui concourent à clairement nous tuer.
05:05Sous-titrage Société Radio-Canada

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