Lundi 24 mars 2025, retrouvez Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac), Louis de Fels (Directeur Général - Responsable de la gestion collective, Gay-Lussac Gestion), Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research) et Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box et vous nous suivez en parallèle en replay chaque jour sur bsmart.fr
00:22ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, les marchés qui sont dans l'attente du jour
00:29de libération de l'Amérique, la date est fixée au 2 avril et ce sera l'occasion pour
00:36Donald Trump d'annoncer une nouvelle vague de tarifs dits réciproques, beaucoup de flou
00:41entoure encore le design, la conception de cette vague de tarifs promise pour le 2 avril.
00:48Scott Besant, le secrétaire du Trésor, estime que le 2 avril marquera le point de départ
00:54d'une grande phase de négociation, on peut donc estimer que l'incertitude qui pèse
00:59déjà lourd sur les marchés, sur l'économie américaine va se prolonger sans doute au-delà
01:04du 2 avril prochain qui sera une date importante dans ce second mandat de Donald Trump.
01:10Les annonces du jour se focalisent sur le Venezuela avec une série de tarifs dits secondaires.
01:16Donald Trump promet d'imposer à 25% les importations de tous les pays qui continueraient d'acheter
01:23du pétrole et du gaz vénézuélien, la Chine fait partie des acheteurs de gaz et de pétrole
01:28vénézuélien aujourd'hui et cette menace pourrait être exécutée là aussi le 2 avril
01:33prochain.
01:34Dans ce contexte, où en est-on de l'équation monétaire en zone euro avec d'un côté la
01:40menace tarifaire de Donald Trump bien sûr et de l'autre côté la donne économique et
01:45la donne budgétaire qui a changé en Allemagne, c'est une équation qui reste compliquée
01:49pour la Banque Centrale Européenne, on notera aujourd'hui la prise de position du membre
01:53italien du directoire Pierrotti polonais qui estime que la BCE a encore plus d'arguments
01:59aujourd'hui pour continuer de baisser les taux qu'elle ne l'avait lors de sa réunion
02:03du 6 mars dernier.
02:05Et puis dans le dernier quart d'heure, notre quart d'heure américain comme chaque lundi
02:09dans Smart Bourse, nous reviendrons bien sûr à Donald Trump, Donald Trump contre le DEI,
02:14Donald Trump contre les juges également, le front judiciaire est un front qui est ouvertement
02:20ouvert par Donald Trump avec une pression importante qui est mise désormais sur la Cour suprême.
02:27Donald Trump demande à la Cour suprême de bloquer les décisions fédérales qui vont
02:32à l'encontre de l'application de son programme.
02:35Pierre-Yves Dugas sera avec nous évidemment dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse,
02:38notre correspondant américain.
02:44Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, nous retrouvons Pauline Grattel
02:53qui vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
02:56Bonsoir Pauline.
02:57A une semaine de leur mise en place, le 2 avril prochain, Donald Trump reste encore
03:01flou sur les futures droits de douane.
03:04Oui, Donald Trump s'est montré rassurant vendredi sur les droits de douane à venir
03:08en déclarant qu'il y aurait de la flexibilité mais en disant que les droits de douane seront
03:12fondamentalement réciproques.
03:14Le Wall Street Journal et Bloomberg ont par ailleurs évoqué des droits de douane peut-être
03:17plus faibles que ce qui était prévu au départ et que certains secteurs seraient éventuellement
03:22épargnés.
03:23Scott Bessent indique de son côté que la vague de tarifs du 2 avril sera le point de
03:27départ d'une grande négociation.
03:29Dans ce contexte, comment évoluent aujourd'hui en ce début de semaine les marchés actions
03:33Pauline ?
03:34En Europe, les indices sont ouverts en hausse avant que les gains ne s'essoufflent.
03:37Le stock se sixsant évolue sans réelle tendance tout comme le CAC 40 en France qui cède
03:41un peu de terrain autour de 8000 points environ.
03:43Aux Etats-Unis, les indices ouvrent en hausse de l'ordre de 2% par exemple pour le Nasdaq
03:48après avoir baissé de 10% et plus en quelques semaines.
03:51Côté macroéconomie, les chiffres du jour sont les PMI préliminaires, les enquêtes
03:58d'activité pour le mois de mars.
04:00Oui, commençons par la zone euro où l'activité du secteur privé atteint un plus haut depuis
04:047 mois en mars avec un PMI composite au-delà de 50, seuil qui sépare la contraction de
04:09la croissance à 50,4, le PMI manufacturier lui ressort à 48,7, supérieur aux attentes
04:16et au mois précédent et le PMI service à 50,4, c'est inférieur aux attentes.
04:20Et puis PMI préliminaire pour les Etats-Unis également qui ont été publiés tout à
04:25l'heure.
04:26Oui, toujours pour le mois de mars, le PMI manufacturier ressort à 48,8, c'est sous
04:29les attentes et sous le mois précédent où le PMI était supérieur à 50, le PMI service
04:34ressort par ailleurs à 54,3, supérieur aux attentes et au mois précédent, ainsi
04:40le PMI composite s'établit à 53,5 pour le mois de mars.
04:44Que dire des niveaux observés sur les marchés obligataires en ce début de semaine Pauline ?
04:47Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans remonte légèrement au-delà de 4,30%.
04:51Aujourd'hui, en Europe, le rendement allemand à 10 ans évolue entre 2,75 et 2,80%.
04:56Sur le marché des échanges, le dollar regagne également du terrain face aux grandes devises
05:00avec un euro dollar autour de 1,08.
05:02Du côté des entreprises, Valneva aujourd'hui bondit à la Bourse de Paris.
05:07Oui, le titre bondissait de plus de 6% au cours de la séance.
05:10La société pharmaceutique va fournir 40 000 doses de vaccins à La Réunion pour lutter
05:15contre l'épidémie de chikungunya à compter de début avril et pourra même en livrer
05:20davantage.
05:21La Haute Autorité de Santé préconise de vacciner en priorité les seniors de plus
05:25de 65 ans, les adultes avec des comorbidités et les agents de lutte anti-moustiques.
05:29Et puis Bayer est condamné de son côté au règlement d'une lourde amende.
05:32Oui, Bayer, la société maire de Monsanto doit régler une amende de plus de 2 milliards
05:36de dollars.
05:37C'est la sanction infligée par un tribunal américain dans le cadre du procès contre
05:42un désherbant.
05:43Bayer a annoncé faire appel de cette décision mais en attendant, le titre plonge de plus
05:47de 7%.
05:48Quel sera le programme demain sur les marchés Pauline ?
05:50Demain, les investisseurs prendront connaissance de l'indice IFO allemand du mois de mars
05:54ainsi que la confiance des consommateurs du Conference Board américain pour le même
05:58mois.
05:59C'est ce qui commence mon ami.
06:00Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour
06:02sur les marchés.
06:03Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:17Evelyne Herrmann est avec nous, économiste Europe chez Bank of America Global Research.
06:20Bonsoir Evelyne.
06:21A vos côtés, Louis De Fels, directeur général et directeur de la gestion collective de Gail
06:26USAC Gestion.
06:27Bonsoir Louis.
06:28Bonsoir.
06:29Et Kévin Thauzet qui nous accompagne également, membre du comité d'investissement de Carmignac.
06:32Bonsoir Kévin.
06:33Bonsoir.
06:34Louis, Kévin, je commence par les questions de marché et on viendra bien sûr à la macro
06:38européenne notamment avec vous Evelyne, j'ai hâte de vous entendre sur la donne budgétaire
06:44en Allemagne.
06:45Mais question de marché, Louis, on est passé par un plus 10 moins 10 entre les Etats-Unis
06:50et l'Europe là au cours du premier trimestre de cette année 2025.
06:56Que reflète cette situation et comment est-ce qu'on la gère d'un point de vue de gestion
07:01d'actifs et d'investissements ?
07:02Europe is back mon cher Guillaume.
07:04On ne va pas gâcher notre plaisir, c'est vrai que pour la première fois depuis très
07:08longtemps, depuis 2014, les Etats-Unis sont le moteur de la croissance mondiale grâce
07:12à leur déficit.
07:13Et pour la première fois, quand on l'a vu, tout le monde était hyper positif sur le
07:18marché américain, personne ne voyait de surperformance de l'Europe et quand il y a un consensus
07:23qui est trop établi, c'est exactement l'inverse qui se passe.
07:26C'était la même chose sur le dollar 1.02, tout le monde voyait une parité sous les
07:291 et voilà qu'on rebondit au-dessus d'un 0.8, un 0.9.
07:33Donc voilà, on ne va pas bouder notre plaisir et on pense sincèrement chez Légussec Gestion
07:37que c'est que le début.
07:38C'est vrai qu'on pense qu'en effet, il y a eu plus de 10% et même 15% de surperformance
07:42de l'Europe depuis 4 mois si on le remet en dollars.
07:45Et la maison UBS dit que souvent, ce sont des périodes qui peuvent aller jusqu'à 14
07:50mois.
07:51C'est vrai qu'il y a eu plusieurs surperformance de l'Europe et souvent, quand ça commence,
07:54ça ne fait que 4 mois.
07:55Donc on ne va pas bouder notre plaisir.
07:56Normalement, si on reprend les statistiques, ça pourrait continuer encore pendant une
07:59bonne dizaine de mois et il n'y a pas de raison que ça ne continue pas parce que pour
08:04la première fois, l'Europe, notamment par le fameux plan allemand, les 500 milliards
08:08plus le plan de la défense, on en parlera tout à l'heure, c'est vraiment la bonne
08:11nouvelle tombée du ciel.
08:13Tout le monde nous disait « mais qu'est-ce qui peut se passer pour que l'Europe surperforme
08:16? ». Tout le monde attendait la BCE, voilà, et finalement, c'est venu l'Allemagne, l'éventuel
08:20aussi de la fin de la guerre en Ukraine, c'est des vraies très bonnes nouvelles.
08:23Voilà, pour nous, c'est un peu le « whatever it takes » de Robis de 2012, donc en tout
08:28cas, nous, c'est une suggestion que nous sommes sur les small handicaps, les valeurs
08:31un peu locales, très domestiques, en tout cas, voilà, c'est un peu le… c'est Noël
08:35avant l'heure, on ne le voit pas encore dans les flux, ça arrivait vers les large
08:38caps et les mid-caps, mais voilà, comme en 2012, le temps que ça ruisselle un petit
08:42peu, il y a la rotation sectorielle qui arrive, voilà, vous en parlez, les gens sortent un
08:45peu des sets magnifiques, ça arrive sur les méga-caps, ça arrive sur les mid-caps et
08:49on espère que ça va continuer.
08:51Il n'y a pas de raison que ce mouvement-là, une fois qu'il est lancé, une fois qu'il
08:55est parti, s'arrête brutalement ?
08:56Non, non, non, parce que voilà, le fameux plan allemand, on en parlera, mais c'est…
09:00Eh, vous avez le droit d'en parler, hein.
09:02Ça a sauté le verrou et c'est la meilleure des nouvelles, c'est au moment où les Etats-Unis
09:06ont plutôt, en contrainte budgétaire, vont être en ralentissement économique, tout
09:10le monde, il y a un momentum de révision à la base du PIB aux Etats-Unis, alors qu'au
09:13contraire, en Europe, ce fameux plan, maintenant, on peut quasiment attendre 0,9 de croissance
09:17en 2025 zone euro, c'est pas encore énorme, mais peut-être qu'en 2026, on sera à 1,4,
09:22on sera peut-être mieux que les Etats-Unis.
09:23Donc voilà, après, c'est pas non plus énorme, mais vous savez comment ça se passe
09:26dans les marchés financiers, c'est la dynamique, c'est…
09:28Bien sûr, la dérivée, l'impulsion qui changent.
09:31Ça fait deux ans que les Etats-Unis ont une croissance au-delà du potentiel, on pourrait
09:36passer par une phase où les croissances américaines, au moins momentanément, seraient inférieures
09:41à son potentiel.
09:42Ça m'intéresse, small et mid-cap, small et mid-cap en Allemagne, est-ce que c'est
09:46là où ça a le plus réagi, sur des indices comme le MDAX, par exemple, Louis ?
09:51Alors, clairement, au début, c'est plus localisé sur l'Allemagne, clairement, le MDAX, c'est
09:55quasiment plus de 16% depuis l'année, le small DAX également aussi, après, voilà,
09:59il y a des compositions d'indices, il faut faire toujours attention, mais c'est vrai
10:03que les valeurs allemandes ont très fortement rebondi, donc c'est une bonne nouvelle, et
10:08ça crense, ça ruissele un tout petit peu sur les autres pays, notamment un peu en France
10:11et aussi sur le reste des pays du Sud, notamment les valeurs qui sont exposées à la défense,
10:15c'est vrai que par exemple, quand vous prenez les indices small français, Dassault Aviation,
10:18qui est une grande partie d'Antalès, a fortement monté, il y a Exosens aussi qui a un très
10:22gros poids des indices, donc voilà, c'est vrai que les indices ont un peu monté, notamment
10:27sur la défense, mais c'est vrai que c'est pas encore revenu sur les valeurs un peu plus
10:30small et encore moins sur les micro-caps, donc ça c'est la dérivée seconde qui arrivera
10:34on l'espère dans quelques mois, parce que c'est vrai que les flux, ce qui est assez
10:38intéressant, c'est que même au niveau mondial, quand on regarde, ça fait 10 ans que les
10:42flux mondiaux vers les Etats-Unis, ça s'est accéléré avec les élections de Trump, voilà,
10:48donc c'est pour ça que je pense que l'Europe, le temps que ça revienne, là on a juste
10:52à peine corrigé les excès de novembre-décembre de l'année dernière, donc voilà, là on
10:56est juste revenu à la normale, maintenant, le temps que ça arrive, on peut avoir, j'espère,
11:02allez, plusieurs mois, années, de flux qui reviendraient.
11:06En tout cas, à ce stade, il est temps de rester positionné sur ses actifs européens
11:11et sur des valeurs de taille un peu intermédiaire.
11:15Plus que jamais, après 4 ou 5 performances, ça va pas nous donner de plaisir, on n'y
11:19est pas encore, mais voilà, rappelez-vous, 2012, c'est arrivé, c'est pas arrivé tout
11:22de suite, ça a mis quelques mois, le temps, vous savez, cette rotation sectorielle, voilà,
11:26que les flux arrivent, reviennent, donc on reste, voilà, très positif, on a vu que
11:31les Allemands ont fait vite, ça arrivait vite, donc il n'y a pas de raison de bonner de
11:34plaisir.
11:35Il y a différents types d'acteurs dans le marché, il y a ceux qui peuvent réagir très
11:38vite, les hedge funds, il y a ceux qui mettent un peu plus de temps à prendre des décisions
11:42d'investissement avec des horizons longs termes.
11:45Kévin, quand on a 15% d'écart de performance, c'est vrai qu'en plus, ramener en dollar,
11:50avec l'euro qui s'est apprécié, c'est encore plus dur pour un investisseur en dollar américain.
11:55Comment on gère cette situation ? Est-ce que l'histoire peut nous enseigner que oui, la
12:01surperformance de l'Europe peut se prolonger au-delà de quelques mois et comment on gère
12:05la situation actuelle ?
12:06Pour faire écho à ce qui a été dit, on a effacé en gros les 12 mois de surperformance
12:11américaine.
12:12Bon, sur 10 ans, 12 mois, il y a potentiellement encore un peu de place.
12:18L'idée étant peut-être pas d'effacer 10 ans de surperformance américaine ?
12:21Non, non, ce n'est pas mon point, mais c'est que, voilà, en effet, on a vu un rebond très
12:25fort des valorisations européennes, elles sont, on va dire, au plus haut des dix dernières
12:29années, si on met de côté, ou sous cloche, quand nous, on a été mis sous cloche, c'est-à-dire
12:34la période du Covid, il y a quand même, il me semble, une dynamique, un peu un front
12:40renversé entre ce qui se passe aux Etats-Unis, ce qui se passe en Europe et ce qui se passe
12:43en Chine.
12:44C'est-à-dire qu'on a clairement aux Etats-Unis, on va dire, un dosage macroéconomique moins
12:48favorable.
12:49Donc ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que sur les actifs américains, la question
12:52qui se pose, c'est plus comment est-ce qu'on va chercher à réduire le bêta ou la cyclicité
12:57de son portefeuille d'actions américaines ? Il vaut mieux le faire aujourd'hui qu'il
13:01y a six semaines.
13:02Pourquoi ? Parce qu'on arrive aujourd'hui à investir sur des actions américaines qui
13:07ont perdu 15, 20, 25 %, alors même que c'est plutôt ce qu'on va appeler des actions à
13:12forte visibilité dans le secteur de la santé, par exemple, on pense à des entreprises comme
13:17un petit tuyau surgical qui fait des robots pour assister dans les opérations, beaucoup
13:21de revenus qui sont récurrents, c'est des valeurs qui ont fortement corrigé.
13:25Et ça, c'est plutôt intéressant à avoir dans un portefeuille, les grandes valeurs
13:29du secteur technologique aussi.
13:31Je ne crois pas que la révolution de l'intelligence artificielle se soit arrêtée fin janvier
13:36avec DeepSeek ni avec la mise en place du Doge, sans doute des tendances de beaucoup
13:41plus long terme.
13:42Donc voilà, quand on va chercher à investir sur des entreprises un peu moins cycliques
13:45qu'aux Etats-Unis, on a aujourd'hui l'occasion de le faire sans investir sur des grandes
13:50chaînes de supermarchés qui traite ou les multiples qui s'échangent sur 30 ou 40 ans
13:54de réputation.
13:55C'est un peu trop cher.
13:56Exactement.
13:57Donc on retrouve un vrai confort dans le « risk reward » sur de grandes blue chips américaines
14:01du secteur tech, du secteur de la santé.
14:03Oui, je crois.
14:04Et c'est vrai que ce raisonnement, un peu contrariant, c'est contrariant d'acheter
14:08de la tech américaine aujourd'hui, mais on va dire d'aller chercher un peu des creux
14:12de marché, il se vérifie très bien sur les marchés du crédit.
14:14C'est-à-dire qu'on a eu une hausse des rendements obligataires, pour des raisons
14:17différentes entre les Etats-Unis avec ses craintes de ralentissement économique, on
14:22peut le dire, de récession, d'une croissance économique sous son potentiel sur la deuxième
14:25partie de l'année.
14:26Et on a plutôt eu un mouvement envers, je ne sais pas, mais on a eu une hausse des
14:31taux et des primes de risque sur les marchés du rendement européen, plutôt parce que
14:35ça reflète, on va dire, une croissance potentielle plus élevée, des taurées plus élevées,
14:39enfin plutôt pour des bonnes nouvelles.
14:40Un avenir plus optimal pour l'Europe ?
14:41Oui.
14:42Mon point, c'est qu'on va dire qu'il y a une hausse de 0,5, 0,6% sur ces marchés
14:47du haut rendement, ça va effacer 2-3 mois de portage, sur un horizon d'investissement
14:52de 5 ans, on va très largement, on va dire, revenir dans les clous.
14:58Et donc, on va dire que ces difficultés qu'on a eues à court terme, ça sert quand même
15:01la performance de long terme, et je crois que sur certaines valeurs américaines, encore
15:05une fois, pas trop exposées au cycle américain, c'est plutôt des niveaux qu'on a envie d'acheter.
15:11Mais ça veut dire, parce qu'on pourra peut-être se poser des questions un peu plus difficiles
15:14sur la course de l'économie américaine sous Trump, et des marchés également, mais
15:19il y a quand même un confort à pouvoir déployer des investissements diversifiés aujourd'hui,
15:25Kévin, là où la hausse des dernières années, on l'a raconté tous les jours ici, était
15:30ultra concentrée sur quelques méga-cap américaines, ce qui rendait le métier difficile.
15:35Oui, l'expression qui a été utilisée, c'est ne pas bouder son plaisir, on peut
15:40enfin trouver des vertus dans la diversification, en Europe sans doute aussi, il y a d'autres
15:47moyens d'aller faire de la sélection de valeurs, on va dire en dehors de l'armement, en dehors
15:50de la construction, qui ont une trajectoire de performance quasiment exponentielle dans
15:55l'espace de quelques semaines, on a là aussi des acteurs européens qui sont, on va dire,
16:01moins favorisés aujourd'hui, et qui bénéficieront à terme de ces plans de relance, le à terme
16:06est important, parce que là aussi, les plans de relance ne se verront pas dans les résultats
16:08des entreprises avant l'année prochaine, et encore, je suis optimiste, sans doute l'année
16:13suivante, et puis après, si on regarde ce qui se passe en Asie, là aussi, il y a la
16:18réalisation que l'innovation, ce n'est pas une exclusivité américaine, il y a des acteurs
16:24chinois qui innovent dans l'intelligence artificielle, on a beaucoup parlé de DIGPsy, on l'a vu
16:28la semaine dernière, BYD, l'autre grand constructeur de véhicules électriques, on dit qu'ils
16:33arrivent à recharger des véhicules en 5 minutes, 500 km d'autonomie en 5 minutes,
16:38c'est ça, la biotech aussi, on parle beaucoup de la biotech chinoise, il y a des téléphones
16:43qui marchent mieux que les téléphones favoris des américains, et qui sont faits en Chine,
16:49l'innovation peut se faire ailleurs, et aujourd'hui, on apprend que Hand Financial, filiale de Alibaba,
16:54utilise des puces chinoises pour entraîner ces modèles d'intelligence artificielle
16:58et que tout ça permet de réduire les coûts de 20% dans le sillage de ce qu'on a vécu
17:02avec DIGPsy fin janvier.
17:05Comment modère-t-on donc tout cet enthousiasme, Evelyne ? Je me tourne vers l'économiste
17:11allemande de surcroît, je le rappelle, Evelyne, j'attends de vous parler depuis le 4 mars
17:16dernier, c'est vrai que cette date du 4 mars, je l'ai inscrite dans la lignée du 26 juillet
17:202012, le Whatever It Takes originel de Mario Draghi, je l'ai inscrit dans la lignée du
17:2618 mai 2020, qui était le discours Emmanuel Macron-Angela Merkel à l'époque, qui ouvrait
17:31la voie Next-Gen EU, il faut mettre en commun nos ressources plus que jamais, disait-on
17:37à l'époque, et donc le 4 mars dernier, Whatever It Takes to protect freedom and peace, nous
17:43dit Frederic Schmerz, ce qui débouche sur un virage budgétaire historique en Allemagne.
17:49Je ne veux pas gâcher le plaisir du tout, je suis très contente des annonces qu'il
17:53a tenues, pas mal de gens, et Schmerz a utilisé exactement Whatever It Takes, même en allemand,
18:00il l'a dit en anglais, il a repris le label Draghi, les allemands n'ont pas aimé la période
18:08Draghi, mais on aime bien utiliser les bazookas et les Whatever It Takes pour les réponses
18:12budgétaires quand il y en a, donc voilà, on ne s'étonnera pas.
18:15Je pense qu'il y a quelques points qui ont déjà été évoqués là, donc le changement
18:19de la politique budgétaire allemande, il n'était pas attendu, surtout pas avec ce
18:23résultat d'élection même, le contexte mondial joue probablement un rôle assez significatif
18:28dans la vitesse avec laquelle ça s'est produit, et c'est pour ça aussi que ça reste un scénario
18:35un peu compliqué, y compris pour les marchés.
18:37Vous l'avez déjà évoqué, c'est un stimulus qui est sur la défense potentiellement immédiat,
18:43mais si on veut augmenter les dépenses de défense à très court terme, ça viendra
18:47probablement avec beaucoup d'importations, donc du coup je prendrai plus l'exemple des
18:51100 milliards qui ont été décidés en 2022 côté Allemagne, qui ont eu un effet de croissance
18:56plutôt de zéro, parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été importées.
19:00À très court terme, on ne pourra probablement pas produire autant pour remplacer donc le
19:05soutien américain en Ukraine, donc du coup ça se fera probablement un peu plus à travers les importations.
19:10Après, si vraiment on continue à dépenser dans les 3-3,5% du PIB pour la défense au
19:17niveau allemand et potentiellement à terme aussi en Europe, les choses peuvent se développer.
19:23Les multiplicateurs budgétaires au début proche de zéro peuvent se gonfler si vraiment
19:28on arrive au point où le secteur privé répand positivement et envoie tous les titres autour
19:35de certaines entreprises.
19:36En tant qu'économiste, je n'ai pas trop le droit de nommer un, mais du coup il y a…
19:41Il y a eu un enthousiasme boursier sur les valeurs concernées.
19:44Il peut y avoir une certaine réallocation des ressources à l'intérieur de l'économie
19:48où on refonctionne une partie du secteur automobile qui était en voie de, je ne vais pas dire
19:52disparition, mais de croissance zéro voire négative pendant très longtemps.
19:56On peut les refonctionner ailleurs et ça aidera.
19:59Donc ça, c'est pour le moyen terme.
20:01Et après, il y a le plan de relance infrastructure, le 500 milliards, ce qui est quand même 12%
20:06du PIB allemand de 2024.
20:07C'est géant.
20:08C'est sur 10-12 ans.
20:10Et c'est là que ça devient compliqué.
20:11Parce que la beauté du truc, c'est que c'est vraiment un plan structurel.
20:15Donc on parle d'un plan de long terme.
20:17C'est très différent par rapport à la réponse à une récession.
20:22Donc du coup, récession, typiquement, c'est une réponse immédiate avec un impact sur
20:26la croissance immédiate.
20:27Là, on doit d'abord travailler.
20:29On sait très bien pourquoi il faut dépenser cet argent et dans quel projet.
20:34Mais ça prendra du temps pour vraiment se mettre en route.
20:37Et en attendant, on a un choc d'incertitude au niveau européen qui est quand même géant.
20:43Du coup, on a aujourd'hui un niveau d'incertitude de la politique de commerce, notamment au
20:49niveau mondial et au niveau européen, qui est bien au-delà de ce qu'on a vu en 2018-2019.
20:54Et on sait très bien ce que ça fait avec les investissements dans une économie.
20:57Donc du coup, d'un point de vue marché, ce qui est étrange et curieux aujourd'hui, c'est
21:01que les annonces allemandes nous font pour un cycle un peu prévisible.
21:05Donc c'est un cycle qui aujourd'hui commence, comme vous l'avez évoqué, peut-être avec
21:10un taux de croissance de 0,9% au niveau euro, en zone euro cette année.
21:15En Allemagne, c'est probablement très proche de zéro, qui peut s'accélérer donc vers
21:19la fin de 2026 et 2027, ce qui est très difficile pour les marchés de presse.
21:24Et comment on prend ?
21:26Bien sûr.
21:27Pour l'instant, le marché regarde un peu à travers, en fait.
21:29Et juste pour finir, parce que vous avez évoqué la comparaison avec Whatever It Takes, The
21:33Drag et NGEU.
21:34Là, on n'y est pas encore.
21:35Il n'y a pas l'échelle européenne, vous voulez dire, c'est ça, Évelyne ?
21:39On sait ce que vont faire les Allemands, on sait ce que font certains pays de l'Europe
21:45de l'Est et les Scandinaves.
21:48Par contre, au-delà de l'Allemagne, pour l'instant, on n'a pas grand-chose.
21:52Alors, Kévin, et puis…
21:54Pour reprendre des termes d'économistes, toute la problématique, c'est qu'on fait
21:58R, donc le taux d'intérêt, et puis on soustrait ça à la croissance AG.
22:02Et on va dire le choc positif à la croissance, c'est une très bonne nouvelle, c'est pour
22:062026-2027.
22:07Par contre, le choc des taux d'intérêt sur ce R, c'est maintenant.
22:11Et donc, pour, en effet, des acteurs endettés, alors j'imagine que dans les petites témoignes
22:17de capitalisation, il n'y a pas que des acteurs qui sont endettés, mais pour des acteurs
22:21endettés, que ce soit des entreprises et des États, ça peut venir vite faire mal,
22:25et faire plus mal que ce qu'il y aurait à gagner sur le front des relances allemandes.
22:29Et on pense notamment à l'Italie.
22:30Si l'Italie doit, on va dire, se mettre au niveau des 2%, alors je mets même de côté
22:36les 3,5% de dépenses d'armement, ça envoie le ratio dette sur PIB allemand à 140% à
22:43l'horizon de l'Union française.
22:44Avec des taux à 4,4,5 ?
22:45Oui, 4,4,5, on fait plus que complètement effacer les bénéfices du plan de relance
22:52allemand.
22:53Donc il y a un choc un peu asymétrique là, en fait, c'est pas bien réparti ?
22:57C'est tout le risque aujourd'hui.
22:58Donc là aussi, comme vous le disiez, je crois que les marchés regardent au travers de ça,
23:01les agences de notation aussi.
23:02On voit la France, double A, vous me donnerez un autre acteur économique avec les niveaux
23:12d'endettement de la France et une notation double A, mais c'est bien.
23:15Je ne sais pas, la Grèce, ils sont à quoi, quelques bips de nous sur le 10 ans, mais
23:19ils sont combien de grands en dessous dans les agences ?
23:22Exactement.
23:23Ça va relever beaucoup plus la Grèce.
23:25Et c'est toute cette difficulté-là, c'est-à-dire qu'on va avoir un passage de relais entre
23:28quand même ce consommateur européen qui va aider, on l'espère, la croissance européenne,
23:33ensuite une croissance explosive, j'ai envie de dire, et il y a ce passage de bâton-là
23:39avec, entre les deux, l'épée de Damoclès ou ce bras de fer entre les tarifs douaniers
23:43et les plans de relance budgétaires.
23:44C'est mal réparti, vous disiez, Evelyne.
23:47Il y a une mauvaise… non ?
23:48Non, c'est juste que c'est très… le plan de relance allemand, il impactera la
23:56croissance probablement à partir de la deuxième moitié de 2026, sinon 2027.
24:00Donc du coup, il faut attendre quand même un an, et dans un an, un an, un an et demi,
24:05et dans ce temps-là, il y a beaucoup de défis qui nous attendent.
24:09Donc on fait face aujourd'hui à une croissance à un point de départ en Europe qui est plutôt
24:13anémique, avec une croissance qui reste sujet à beaucoup de risques à la baisse.
24:17Il y a tout le sujet douanier, cotisant à chacun, on n'en sait rien, je n'ai pas
24:24de boule de cristal, mais la chose qu'on peut quantifier, c'est le choc d'incertitude
24:28qu'on est en train de subir.
24:29Il y a tout le complexe d'incertitude géopolitique.
24:33Les décisions sur la défense, ça ne vient pas tomber du ciel.
24:37Donc du coup, ça fait un contexte qui, d'un point de vue investissement du secteur privé
24:43et d'un point de vue consommation des ménages, reste très complexe, ce qui fait qu'aujourd'hui,
24:50on fait face à un creux qui peut devenir assez peu confortable, déconfortable même,
24:56avant que les bonnes nouvelles côté croissance ne soient vraiment matérialisées.
25:00Je suis complètement d'accord avec ce qui est dit au niveau économiste, mais c'est
25:04ça qui fait souvent la grande différence, ce qui est très compliqué dans votre métier,
25:08c'est entre ce que Price le marché anticipe et l'économie.
25:11Mais c'est vrai qu'en tant que moi, je suis plus un homme de marché qu'économiste.
25:15En tout cas, on ne va pas bouder notre plaisir parce que le problème de l'Europe, c'est
25:19un choc de confiance.
25:20Il fallait quelque chose de confiance.
25:22Pourquoi les Américains ont épargné toute leur épargne Covid, dont un taux d'épargne
25:25au plus bas, alors que nous, Européens, sachant que les salaires réels sont positifs déjà
25:29depuis, je crois, neuf mois ou un an, et au lieu de consommer, ce qu'on fait, on l'épargne.
25:33Pourquoi ? Parce que tous les jours, en ouvrant les journaux, on nous dit que c'est la fin du monde, etc.
25:37Voilà, donc ne boudons pas notre plaisir.
25:39C'est un vrai choc de confiance.
25:40On a vu que le taux d'épargne en zone euro est pour la première fois arrêté de monter,
25:43même un tout petit peu diminué.
25:45Voilà une relance de la consommation.
25:46L'inflation est en train de baisser plus qu'aux Etats-Unis, les salaires sont encore
25:50assez élevés.
25:51Voilà, pour la première fois, si la confiance revient, la consommation devrait repartir.
25:56Les esprits animaux, ça peut exister aussi en Europe.
25:59Ça peut exister.
26:00Donc c'est vrai que tout ce qui a été dit, ça va peut-être prendre du temps.
26:04Mais voilà, il suffit aussi que ça va venir peut-être baisser la prime de risque.
26:09Donc voilà, peut-être qu'en faisant baisser la prime de risque, automatiquement, ça remonte
26:13un peu.
26:14On est entre 11 et 12 fois pour le marché large cap européen.
26:17Ça y est, ça mérite peut-être un peu une prime parce qu'on va commencer à l'acheter
26:21en 2026.
26:22Et on se dit, voilà, aussi le président Trump a complètement secoué l'Europe.
26:27Donc c'est dans le bon sens parce que là, même si les discussions patinent un peu avec
26:31l'Ukraine, si la fin de la guerre en Ukraine se termine, ça redonne, je sais c'est hypothétique,
26:36encore un surcroît.
26:37Oui, mais c'est des catalyseurs potentiels devant nous, bien sûr.
26:42Parce que je vous rappelle qu'un investisseur américain, tous les flux sont partis aux
26:45Etats-Unis, ils ne savent pas du tout où est l'Ukraine sur une map de l'Europe.
26:48Ils pensent que l'Ukraine, c'est en Europe.
26:49Donc voilà, tout ça, ça pourrait venir continuer le boom momentum européen.
26:54On l'attendait depuis longtemps.
26:56Oui, mais moi, je suis dans votre camp, Louis, je suis d'accord.
26:58Non, non, mais il n'y a pas de camp.
27:01Ce que je dis, c'est que quand vous regardez la réaction du 10 ans sur le bound, on a fait
27:05un overshoot qui était quand même assez important.
27:07On est arrivé à 3 aujourd'hui.
27:09On est à 2.
27:10215.
27:11Donc, du coup, il peut y avoir des flux.
27:14Ça ne sera pas une trajectoire, ce qu'ils disent, et il peut y avoir beaucoup de boom.
27:18Et dans l'intervalle, Evelyne, ça veut dire que la BCE conserve un rôle essentiel, clé,
27:25indispensable, avant de se poser la question du taux d'équilibre une fois que l'Allemagne
27:31aura commencé à dépenser pour ses infrastructures et pour sa défense.
27:35Là, il y a 12, 18 mois où la BCE va devoir continuer d'être active.
27:38Oui, totalement.
27:39Donc, du coup, nous, on part sur l'hypothèse, enfin, je pense qu'on avait discuté ça ici
27:42avant.
27:43On avait un taux terminal sur la BCE de 1,5 depuis 2 ans, au point que ça commence à
27:48nous ennuyer d'en parler, mais on le maintient.
27:51Du coup, on pense toujours qu'il y a, comme je le disais, ça fait vraiment pour un cycle
27:56prévisible.
27:57Ce n'est pas quelque chose dont on a l'habitude, parce que typiquement, vraiment, les plans
28:01de relance, ça vient avec un but d'effet immédiat, moins partiel.
28:06Bien sûr.
28:07Et voilà un truc qui a pour but, vraiment, le moyen terme.
28:11Et donc, du coup, ça fait pour un cycle prévisible.
28:15En attendant, la BCE doit gérer le choc d'incertitude, il doit gérer l'impact sur les taux réels
28:22qui ont quand même grimpé en fonction de quels points de référence on prend.
28:26Mais la courbe, elle a grimpé de 20 points de base, à peu près, depuis le 3 mars, la
28:30veille de l'instant.
28:31Oui, exactement.
28:32C'est ce que nous dit Pieroci, polonais.
28:33Ça fait partie des arguments, les taux réels sont plus élevés.
28:36Depuis la dernière prévision de la BCE, c'est significatif, quand même.
28:40Donc, du coup, ça, c'est quelque chose que la BCE va devoir gérer et accompagner.
28:44Aujourd'hui, il n'y a pas l'impact du plan de relance sur l'économie encore visible,
28:51ce qui veut dire qu'aujourd'hui, les taux neutres dans l'économie ne sont pas encore
28:54impactés.
28:55On peut en parler, peut-être que le taux neutre dans l'économie grimpe une fois que vraiment
28:59on aura toutes ces dépenses, on aura vraiment la matérialisation de tous les effets secondaires
29:04aussi qui viennent avec.
29:05À ce moment-là, peut-être, les taux neutres en zone euro seront plus proches de 2-2,5%
29:10tels que les faucons veulent nous expliquer aujourd'hui, nous, on n'y croit pas trop.
29:15Donc, du coup, ça fait que la BCE peut baisser les taux, devrait baisser les taux aujourd'hui
29:20et à terme, ils peuvent les remonter.
29:21Voilà.
29:22Mais on ne peut pas dire qu'on est dépendant des données qui arrivent et, dans le même
29:29temps, dire « ah bah oui, mais non, parce que l'Allemagne va relancer, donc, ma baisse
29:33de taux sera plus limitée ».
29:35Il y en a sans doute qui vont le dire.
29:36Mais oui, mais il faut être cohérent de ce point de vue-là.
29:38J'entends, Kévin.
29:39Sur les données, si on regarde les indices composites qui sont utilisés par la BCE sur
29:43les matières premières, il y a un élément gaz important dedans, plus on baisse, on a
29:47un euro qui est plutôt en hausse, il y a les taurelles qui sont montées, il y a aussi
29:52les anticipations qui ne sont pas les mêmes aujourd'hui par rapport à la région mars.
29:55Il y a moins d'anticipation de baisse de taux dans le marché aujourd'hui.
29:58Donc, quand on met tout ça bout à bout, plus, eh bien, là aussi, cette hausse des
30:02taux longs, elle pose question sur les plus endettés d'entre nous, disons.
30:06Ça veut dire que la BCE, elle doit continuer sans doute sur son chemin de baisse de précaution
30:13pour la réunion d'avril.
30:14C'est peut-être un peu technique, mais le fait que l'envolée des rendements allemands
30:18ait aspiré également toute la courbe euro, est-ce que ça redonne de l'intérêt à la
30:25politique de gestion de bilan de la BCE ?
30:28Pour l'instant, c'est vraiment géré séparément.
30:31Donc, on a de plus en plus de questions au sujet de QUT.
30:34Est-ce que la BCE va ralentir ou pas la réduction de son bilan ?
30:39Pour l'instant, on a vraiment l'impression que pour eux, c'est un sujet complètement
30:42à part.
30:43D'accord.
30:44Donc, sauf vraiment perturbations significatives sur les marchés, des réactions.
30:48Enfin, je ne prendrai pas l'exemple de l'Allemagne le jour des annonces, peut-être parce que
30:52là, il y avait une raison véritable.
30:53Mais sauf s'il y a vraiment une réaction très rapide, très extrême sur certains
30:58segments, on pense que c'est peut-être un peu trop avancé de vraiment parler d'une
31:01fin de la réduction.
31:02Du point de vue de la BCE, on n'est pas dans le cadre d'une correction obligataire qui
31:06serait non souhaitée, non voulue, qui irait au-delà des fondamentaux.
31:12Non, mais je pense que c'est ce qu'il y a plein d'analyses, y compris qui sortent de
31:16l'Allemagne.
31:17Parce qu'en Allemagne, on a quand même des économistes qui disent que c'est la fin de
31:20la soutenabilité de la dette de l'Allemagne.
31:22Bien sûr, le AAA et tout ça.
31:24Mais il y a une très grosse partie de cette réaction qui se voit dans les marchés qui
31:28est justifiée par les perspectives de croissance qui, à moyen terme, ne sont peut-être plus
31:32dans cette économie à zéro.
31:34Et donc, du coup, c'est un contexte très différent parce que, comme vous disiez, on
31:38voit une réaction positive sur le marché de l'action, on voit une réaction positive
31:42côté euro.
31:43Donc, du coup, ça met un peu un contexte très différent de la hausse des taux.
31:50Ce que je disais un peu tout à l'heure, depuis 2014, les déficits publics US, il
31:55a 6,5.
31:56Voilà, toute la croissance US depuis 2014, c'était ce déficit.
32:00On a 3,4% en zone euro, donc bon, on dirait la France, on est déjà 6, mais voilà.
32:04Donc, il y a de quoi faire.
32:06C'est clairement...
32:07Donc, normalement, il suffit que ça se réinverse et c'est des politiques de flux, on le disait
32:10tout à l'heure.
32:11C'est pour ça que nous, on est assez positifs sur l'euro.
32:12Et clairement, dès que l'euro, à tous les coups, il va peut-être passer un 10, un 12,
32:16après, je ne suis pas non plus des experts sur le changeur au dollar, mais quand on
32:20regarde dans le passé, à chaque fois que l'euro a surperformé le dollar, l'Europe
32:24a surperformé les Etats-Unis, je parle sur le marché actions.
32:27Donc, voilà.
32:28Et on se pense aussi...
32:29Maintenant, la vraie question que tout le monde se pose, c'est les différenciels de
32:31taux d'intérêt entre les US et l'Europe.
32:33Voilà, il n'y a pas de raison.
32:35Nous, on ne pense pas vraiment que le taux allemand va remonter au-dessus du 3, mais
32:38clairement, les Etats-Unis vont être en ralentissement économique.
32:42Ils sont un peu en bout de cycle.
32:43Donc, la vraie question, c'est à quelle vitesse ils vont ralentir ?
32:46On a vu les deux mois consécutifs, les retail sales qui étaient en baisse, même prévises
32:49en baisse.
32:50Ceux de la semaine dernière, flat en volume, plus 0,2 en prix.
32:55Donc, voilà tous les pains de Covid consommés par les Américains.
32:59Voilà, nous, on pense qu'au contraire, on en parlait tout à l'heure de taux réels.
33:03L'autre solution, sinon, sur les marchés actions, c'est d'acheter de la duration américaine
33:07aux gens, puisque les taux réels sont assez élevés.
33:08Ça vous donne une protection énorme contre un éventuel ralentissement américain.
33:13D'ailleurs, Trump en fait son KPI, c'est la baisse des taux longs qui doit marquer,
33:17en tout cas, sa crédibilité sur le début de son mandat.
33:21Parlons de Trump, combien il a coûté déjà, alors au marché, ça, le calcul est assez
33:28facile, mais à l'économie américaine, Kevin ? Et qu'est-ce que vous comprenez de la stratégie
33:34? On s'est tous un peu remis à jour, moi le premier en tout cas, sur Trump 2.0 par
33:38rapport à Trump 1.0, bon, ceux qui avaient bien bossé, avaient peut-être déjà en
33:43tête que Trump 2.0 serait sans doute un peu plus agressif, brutal et peut-être dogmatique
33:49également que Trump 1.0, on est en plein dedans avec en plus la perspective du 2 avril.
33:54Ce qu'il a coûté, on a dit le mot je pense dix fois au moins aujourd'hui, c'est l'incertitude,
34:01puisque l'incertitude, ça fait plus mal que les tarifs douaniers.
34:04Parce que si on est un ménage ou une entreprise, on arrive à gérer avec des tarifs douaniers,
34:10on arrive à trouver des alternatives, tant qu'on ne sait pas, on attend.
34:14Et chaque jour qui passe ou mois qui passe, il fait mal, a fortiori, quand on a des taux
34:18réels à 2% aux Etats-Unis.
34:21Sur toute la question qui se pose, c'est-à-dire qu'on parlait en introduction, c'est-à-dire
34:26qu'on a et l'Europe et la Chine qui relancent, en gros, qui vont avoir des déficits plus
34:30importants que ce qu'on pouvait anticiper.
34:33Ce n'est pas le cas aujourd'hui aux Etats-Unis, donc toute chose égale par ailleurs.
34:38Ce qu'on a apporté, ce que vous souveniez, c'est-à-dire cette corrélation forte entre
34:43des déficits importants et de la croissance économique, si on va enlever des déficits,
34:46ça se voit sur la croissance économique, et toute la question c'est le niveau, c'est
34:50le pivot.
34:51Est-ce qu'Infine va faire procéder à de la relance budgétaire ? Nous, on a plutôt
34:58tendance à penser que oui, Infine, via les baisses d'impôts, via sa big beautiful
35:06bill comme il aime à l'appeler, mais ça ne se fera pas tout de suite, ça ne se fera
35:11pas avant juin ou juillet, et je crois qu'on est en train de découvrir le mécanisme de
35:17prix, pas de marché, mais de Donald Trump, et que sans doute le niveau d'exercice de
35:24ce pivot-là, on n'y est pas encore, et on va l'apprendre, on va le découvrir avec lui.
35:34Mais sans doute qu'Infine, c'est ça qui se joue, mais ça ne veut pas dire plus de dommages
35:38aujourd'hui que par le passé.
35:40Et Scott Besant nous dit, le 2 avril, donc les tarifs, le jour de libération de l'Amérique,
35:46ce sera le point de départ de la grande négociation, c'est-à-dire que moi ce que je comprends
35:50c'est que les tarifs, la menace va être permanente, je les enlève, je les remets,
35:55etc., le temps d'accompagner une négociation qui aboutisse à des conclusions satisfaisantes
36:01pour Trump et son équipe.
36:02Donc l'incertitude va durer au-delà du 2 avril, c'est ce que je veux dire, on ne va
36:08pas régler l'incertitude le 2 avril avec les annonces.
36:11Et donc d'où notre point de vue, c'est qu'il n'y a que le pivot, il n'est pas pour tout
36:17de suite.
36:18Et ensuite sur ce qu'il motive, pourquoi est-ce que le fait qu'il favorise le Main Street
36:25comme il l'a appelé par rapport à Wall Street, on a quand même, on va dire toujours ce mariage
36:30toxique aux Etats-Unis entre le niveau des marchés d'action et la croissance économique
36:34américaine.
36:35Parce que vous le soulignez, les taux d'épargne sont très bas, le portefeuille actions d'un
36:40ménage médian aux Etats-Unis, il est de l'ordre de 250 000 dollars et donc principalement
36:45investi sur des grandes valeurs américaines ou j'imagine pour les plus jeunes des Américains
36:49sur des crypto-devises qui sont en baisse de 15, 20, 25%, il y a un moment où ça se
36:55voit et ça se voit dans la croissance économique.
36:58Combien est-ce que Trump a déjà coûté à l'économie américaine, au reste du monde,
37:05Evelyne, et comment chez Bank of America Global Research on réfléchit à la suite
37:10et à ce qui peut se passer à partir du 2 avril ?
37:13Bon, d'un point de vue économie américaine, mes collègues continuent à croire que l'économie
37:20américaine est quand même assez résistante comme point de départ, mais ils ont quand
37:23même baissé leur prévision de taux de croissance pour la fin de l'année, puisqu'on est Bank
37:28of America, on aime bien exprimer en T4 sur T4, glissement 1, donc du coup ils ont baissé
37:32le T4 de 50 points de base en glissement, donc on retombe en dessous des 2% et après
37:38ça se restabilise vers les 2.
37:39Là où ça devient vraiment compliqué aussi d'un point de vue marché, c'est qu'on a
37:43pris l'habitude du power put, donc dès qu'il y a un truc qui se passe mal côté marché
37:47d'emploi et ou action, ou économie réelle, la Fed ignore la dynamique d'inflation et
37:54y fonce, cette fois-ci ça commence à être un peu plus compliqué, on l'a vu dans les
37:58enquêtes des ménages, les anticipations d'inflation de moyen long terme ont grimpé de façon
38:02assez significative, donc du coup ça complique cette fois-ci la fonction de réaction de
38:06la Fed.
38:07Powell a plutôt balayé en l'occurrence l'enquête du Michigan en disant c'est un outlier.
38:12Oui par contre on a vu aujourd'hui dans la mise à jour des prévisions de nos collègues
38:17qu'on est plutôt en voie d'avoir un taux d'inflation sous-jacent aux Etats-Unis, le
38:22fameux COP ici, qui serait plus proche de 3% que de 2,5 dans la deuxième moitié de
38:27l'année.
38:28Donc ça devient tout un peu plus, l'arbitrage il y est encore, on ne va pas dire que la
38:32Fed va toujours ignorer les faiblesses de l'économie réelle, mais l'arbitrage il
38:36est moins évident aujourd'hui qu'il était dans le passé.
38:39Après comment quantifier le mal qu'il y a dans l'économie mondiale ? Encore une fois
38:45c'est l'incertitude bancaire qu'on peut quantifier, on prépare un Trade Policy Uncertainty Indicator,
38:52c'est la fréquence des mots-clés affiliés avec l'incertitude commerciale dans la presse
38:59internationale et on voit très bien qu'aujourd'hui, ou il y a dix jours, on était à 4 écarts-types
39:04au niveau européen, au-delà de la moyenne de long terme, au niveau mondial on était
39:08à 5 écarts-types, c'est le double-triple de ce qu'on a vu en pic en 2018-2019, et les
39:14élasticités standards, et encore avec tous les KVA qui s'appliquent, un choc persistant
39:20d'un écart-type est l'équivalent d'à peu près 80-90 points de base sur la croissance
39:25d'investissement.
39:26C'est via l'investissement, c'est via la baisse des perspectives d'investissement
39:39et la baisse des CAPEX que cette incertitude se traduit et se matérialise ?
39:44Oui, voilà, c'est le mécanisme de transmission auquel on peut se préparer même si on n'a
39:50pas de décision effective ou de hausse significative des douanes eux-mêmes.
39:56Le marché il est prêt ? Parce qu'il y aura des annonces le 2 avril, je crois qu'on l'a
40:01tous compris là maintenant.
40:02C'est très compliqué de savoir, mais sur votre question de savoir qu'est-ce que coûte
40:07Trump, pour moi ce sera peut-être un cas d'école derrière, avant qu'il soit élu,
40:10vous prenez la production, le pays américain c'était le leader de très très loin, tout
40:15était huilé à la perfection, tout était parfait.
40:18Et pour une partie des américains c'était la pire économie ever.
40:22Voilà, maintenant tout revient sous-optimisé, ils vont repayer les importations plus chères,
40:27devoir tout l'européaliser avec une main d'oeuvre forcément plus chère parce qu'ils
40:30font tout un programme aussi contre l'immigration, donc forcément beaucoup de main d'oeuvre
40:34plus chère.
40:35Donc là, la beauté de la machine et qu'il y a une productivité historique par rapport
40:38à l'Europe et tout, d'un coup tout est en train d'être un peu remis en cause.
40:42Donc c'est vrai que ce sera peut-être un cas d'école derrière, que dans quelques
40:44années on pourra se dire mais comment on a pu annoncer tout ça ? Donc voilà, je
40:47ne sais pas combien ça a coûté, mais en tout cas la seule chose c'est le coût peut-être
40:51pour les Etats-Unis, indirectement, est bénéfique pour l'Europe comme on a parlé tout à
40:55l'heure.
40:56Ça permet de ressouder un peu l'Europe, de reprendre les décisions et merci les Allemands.
41:02Est-ce que ce sera inflation ? Cette histoire de tarif, est-ce que c'est intéressant ? Quand
41:08on a vu la baisse des taux longs arriver, plus Trump parlait des tarifs, plus les taux
41:13longs baissaient.
41:14Le marché obligataire voit les tarifs comme avant tout récessifs, en tout cas plus récessifs
41:19qu'inflationnistes.
41:20Comment elle bouge cette histoire ?
41:23Je ne suis pas sûr.
41:24C'est-à-dire que le narratif de marché, il y a encore un gros mois et demi ou deux
41:29mois, c'est que M. Trump n'aboyait plus qu'il ne mordait et c'était l'incertitude
41:34qui pesait sur la croissance économique in fine.
41:37Vous le disiez, M. Powell a indiqué que pour lui, l'inflation liée aux tarifs était
41:43transitoire.
41:44Je pensais que le mot était terminé à la fête, visiblement pas, il l'a retenu.
41:51Pour autant, on a vu d'autres papiers sortis par d'autres membres de la réserve fédérale
41:58ou des réserves fédérales locales qui tentent à indiquer que l'impact des tarifs douaniers
42:03il est plus que transitoire, c'est-à-dire que deux, trois, quatre ans après, on le
42:06sent encore.
42:07Pourquoi ? Parce qu'il y a toute une question, en tout cas toute une problématique autour
42:10des biens intermédiaires dont les prix restent élevés.
42:14Donc ça, c'est quand même un facteur important.
42:17Le deuxième, c'est quand même que d'essayer de calquer les tarifs de 2018 sur 2025, c'est
42:23un peu délicat.
42:24Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même eu beaucoup d'ajustements qui se sont faits
42:27dans le siège de 2018.
42:28C'est-à-dire que si je regarde les exportations du Mexique ou du Vietnam vers les Etats-Unis
42:34et puis de la Chine vers ces pays-là, ça montre quand même qu'il y a déjà eu cette
42:39forme d'adaptation des entreprises et des pays auxquels on faisait allusion tout à
42:43l'heure.
42:44Ce travail-là, cet exercice-là, il a déjà été fait.
42:47Donc le point de départ aujourd'hui, c'est un peu l'évidence de le dire, mais c'est
42:51important, ce n'est pas tout à fait le même qu'en 2018 et donc potentiellement
42:55il y aura des prix qui seront plus élevés, infinés et a fortiori dans une économie
43:01comme vous le disiez, qui globalement tient bien, le taux de chômage reste quand même
43:07sur des niveaux extrêmement bas, les taux de démission, etc.
43:10Donc on vient choquer plus l'offre que la demande et ça, ça a tendance quand même
43:16à faire monter les prix.
43:17Dans l'idée où l'Europe se montrerait ferme, et c'est vrai que dans les grandes
43:22zones économiques, alors là on est dans la grande phase de négociation, tout le monde
43:25va aller négocier avant le 2 avril, les échanges vont être intenses, mais on voit par exemple
43:30le UK de Kirstarmer aujourd'hui qui envisage pourquoi pas d'abaisser la taxe sur les GAFA
43:36pour pouvoir de la supprimer.
43:37L'Europe dès le départ, dès qu'on a eu des taxes sur la sidérurgie, sur l'acier,
43:41l'aluminium, tout de suite on a ressorti les listes de produits 2018-2019, les Harley-Davidson,
43:46le Bourbon du Kentucky, etc., dans l'idée de se montrer ferme et de montrer qu'on allait
43:51réagir tout de suite, assez automatiquement, face au risque tarifaire de Trump.
43:57Ce risque d'escalade, il va coûter économiquement aussi, Evelyne, j'imagine, et est-ce qu'il
44:03y a d'autres manières de répondre avec un coût économique à l'arrivée peut-être
44:06moins important pour des partenaires ? Ou plus important ?
44:10Pour l'instant, j'aurais tendance à dire que l'Europe a répandu quand même de façon
44:14assez chirurgique qu'elle, comme la Chine, donc nous coïncidons un peu les secteurs
44:18qui sont peut-être avec des élasticités de demande inférieures, on a encore de la
44:24marge, les tarifs réciproques, il y a de la marge de dire qu'aujourd'hui en Europe
44:29on a un taux d'importation, un taux de douane qui est de 10% côté américain, c'est 2,5%,
44:35si on baisse à 2,5%, ça va bénéficier les BMW, les Volkswagen, voilà, c'est pas non
44:41plus...
44:42Il y a de la marge encore de la négociation, après je pense que ça dépend aussi du point
44:45de départ ou de la négociation côté américain, donc si c'est les tarifs réciproques d'un
44:49point européen, il y a vraiment beaucoup de marge de négociation, si vraiment tarif
44:54réciproque inclut par exemple quelque chose comme la TVA en Europe, ça devient soudainement
44:59beaucoup plus compliqué, et donc du coup là, oui, je pense que personne n'a envie
45:05d'une escalade, le côté européen au moins il n'y a pas l'intention de se renchérir,
45:16par contre si ça devient inévitable, il y a des moyens et on a regardé ça dans un
45:23autre contexte, mais le compte-courant déficitaire des Etats-Unis est quand même un peu l'image
45:29miroir du compte-courant excédentaire de l'Europe, donc du coup c'est non seulement
45:33les flux de biens, mais c'est les flux de capitaux qui compensent derrière, il y a
45:38de quoi faire.
45:39Sur la partie services, flux de capitaux, l'Europe a de quoi se défendre peut-être
45:44par rapport aux Etats-Unis, c'est l'Europe aujourd'hui qui achète des treasuries pour
45:48faire les fins de mois des Etats-Unis, c'est plus la Chine, c'est moins le Japon, donc
45:53il y a un pouvoir de négociation peut-être plus équilibré qu'est-ce qu'on croit.
45:56Allez, on va se dire ça et on va en rester là en attendant le 2 avril.
46:00Merci en tout cas à vous trois d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
46:03Evdy Nerman, économiste Europe chez Bank of America Global Research, Kevin Tauzet,
46:07membre du comité d'investissement de Carmignac et Louis Defels, directeur général et directeur
46:11de la gestion collective de Gaelusaggestion.
46:18Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique
46:21et chaque lundi c'est le quart d'heure américain, nous retrouvons notre correspondant américain
46:25en visio avec nous à distance, Pierre-Yves Dugas, bonsoir Pierre-Yves.
46:29Merci beaucoup d'être avec nous, deux sujets impliquant bien sûr Donald Trump à la une
46:34avec vous, Trump contre les programmes d'EUI, contre les programmes de diversité, d'égalité
46:40et d'inclusion et puis Trump contre les juges également, ce sont deux fronts ouverts au-delà
46:46de la bataille commerciale que mènent activement Donald Trump et ses équipes.
46:50Commençons avec l'état profond et la mise au pas de l'état profond par Donald Trump et son cabinet.
46:57Donald Trump va beaucoup plus loin que ses prédécesseurs républicains, certainement
47:03beaucoup plus loin qu'Israël et Ronald Reagan, il combat l'état profond au moins sur deux fronts.
47:12Alors il y a un front dont on a beaucoup parlé en Europe et nous en avons parlé ensemble
47:17ici au cours des dernières semaines, c'est celui du démantèlement délibéré de la
47:22bureaucratie fédérale, de sa démoralisation également qui contribue à son démantèlement
47:31et avec des chiffres quand même assez stupéfiants, surtout pour des Européens habitués à la
47:38protection totale de l'emploi des fonctionnaires, la moitié des effectifs du département de
47:43l'éducation va être éliminé, on parle de supprimer 60 000 emplois, alors c'est vrai qu'il y a
47:49beaucoup de monde, 60 000 emplois civils au Pentagone, on parle de supprimer plus de 1300
47:57emplois dans l'administration des anciens combattants et puis il y a un autre combat,
48:02un autre combat auquel les démocrates ne s'attendaient pas, en tout cas certainement pas
48:07dans ce caractère extrêmement virulent, c'est celui qui est lancé contre le wokeisme mais
48:13c'est aussi un combat de vengeance, de rétribution de Donald Trump à l'égard d'acteurs qui,
48:19de son point de vue, et il y a du vrai dans son point de vue, se sont acharnés contre
48:24lui en vue de le mettre en prison, de le ruiner et de ruiner sa réputation pour qu'il ne puisse
48:31pas se présenter aux primaires républicaines et dans cette liste il y a au moins trois
48:35piliers de l'état profond qui jouent un rôle important dans la définition du narratif
48:41pour l'opinion publique américaine, il y a les universités, il y a les médias naturellement
48:47et il y a les cabinets d'avocats et je voudrais commencer par là parce qu'on ne s'y attendait
48:53pas du tout et on a vu des décrets présidentiels de Donald Trump retirés purement et simplement
49:00à des cabinets d'avocats très largement alignés sur le parti démocrate dont nombre
49:07d'associés ont travaillé avec le département de la justice sur de multiples dossiers en
49:13vue de mettre Donald Trump en prison au cours des quatre dernières années, ces cabinets
49:18d'avocats tout simplement ont été déclarés non grata pour le gouvernement fédéral américain
49:24par le président, ce qui est une forme de peine de mort parce que quand vous êtes un
49:29grand cabinet d'avocats et que vos clients tout d'un coup découvrent que les associés
49:35qui sont censés défendre vos dossiers n'ont plus le droit d'accéder à des données confidentielles
49:38pas simplement sur les questions militaires mais des données confidentielles de ce qu'on
49:44appelle le security clearance, c'est quelque chose d'absolument catastrophique, quand tous
49:49les contrats du gouvernement fédéral vous sont interdits et ces cabinets d'avocats sont de
49:55grandes entreprises, c'est une forme de sanction absolument lapidaire qui oblige toute la profession
50:02à reconsidérer sa position d'activiste politique anti-Trump et probablement à moyen et long terme
50:08son positionnement par rapport au parti politique. Le patron du grand cabinet d'avocats monsieur
50:18Brad Karp du cabinet Paul Weiss est allé à la Maison-Blanche avec ses conseillers et il a négocié
50:27avec le président Trump et il a mis le genou à terre, il a dit ok vous m'avez supprimé toute
50:35possibilité de travailler avec ou pour le gouvernement fédéral, j'accède à toutes vos demandes, j'accepte
50:43de travailler désormais pour des clients ouvertement républicains, j'accepte de faire travailler mes
50:48associés gratuitement à hauteur de 40 millions de dollars pour des causes républicaines, j'accepte
50:54d'abandonner au sein de mon cabinet d'avocats les politiques de diversification, de promotion
51:01de l'égalité raciale etc etc, j'accepte tout ça. Levé de bouclier bien entendu dans la profession
51:09des avocats qui disent attention nous sommes là pour des raisons éthiques, nous sommes là pour
51:15défendre la loi, pour défendre certes les intérêts de nos clients, or en accédant à ces demandes et
51:21à cette forme de chantage pratiqué par la Maison-Blanche, Donald Trump s'adresse en fait à des
51:26entreprises qui sont certes des cabinets d'avocats mais qui ont des intérêts économiques et qui sont
51:31obligés de faire passer leurs intérêts économiques avant ceux de leurs clients. Brad Karp l'a très
51:38bien expliqué, si je ne fais pas ce que j'ai fait, on va nous piquer nos clients. Bien sûr, bien sûr.
51:43Exactement ce qui s'est passé du côté de Columbia également, Pierre-Yves, alors j'ai vu c'est peut-être
51:51400 millions de dollars de soutien public que reçoit la grande université de New York, Columbia,
51:58Pierre-Yves, face aux demandes de Trump, là aussi la direction de l'université a été obligée de plier.
52:06Exactement, c'est la même logique, alors c'est encore plus direct parce que là il s'agit d'une
52:13carotte de 400 millions de dollars de contrats de recherche et de financement attribués par
52:19diverses agences fédérales à cette université privée qu'est Columbia University qui est un
52:28peu au coeur du réacteur woke et uber démocrate depuis d'ailleurs des décennies et qui tout d'un
52:37coup s'aperçoit qu'elle ne va plus pouvoir fonctionner si elle n'accède pas aux demandes de
52:43l'exécutif américain qu'elles sont elles. Nous voulons interdire que des étudiants puissent être
52:50masqués et faire de l'activisme sur le campus, créer des villages de tentes au milieu du campus
52:56invoquant la cause palestinienne, terroriser les étudiants juifs, les faire enfermer dans
53:07les bibliothèques et dans les salles de classe des étudiants juifs, interdire toutes sortes
53:12d'exactions qui du point de vue des républicains et de beaucoup de membres de la communauté
53:17juive new-yorkaise ont absolument choqué l'opinion lorsque Columbia est devenu le centre
53:25pro-palestinien qui a complètement bouleversé toutes les activités dans cette université et à
53:34ce titre Columbia accède comme les cabinets d'avocats à toutes les demandes du président,
53:39révision des programmes, obligation de neutralité dans l'enseignement de l'histoire et de la
53:47civilisation, abandon de l'enseignement, en tout cas en théorie, on va voir ce qui se passe
53:53vraiment, selon lequel les États-Unis sont une puissance raciste et coloniale et qu'il faut
54:00combattre la domination blanche si l'on veut sortir l'Amérique de son péché originel. Tout ce qui
54:06est enseigné pas simplement à Columbia mais à Harvard qui sont là encore des universités privées
54:11très très riches et très engagées à gauche depuis longtemps, Donald Trump est en train de
54:16casser cette tendance politique. Bon et puis il y a Donald Trump et les juges, alors il y a bien
54:20sûr Donald Trump et les juges fédéraux et de ce point de vue là la relation est compliquée mais
54:25il y a Donald Trump et les juges de la cour suprême Pierre, je crois qu'il a nommé trois des six
54:30juges conservateurs de la cour suprême et pour autant la relation entre Trump et la cour est un
54:36peu tendue. Il est en train de provoquer la cour suprême à un degré qui ravit clairement le
54:45mouvement MAGA mais qui risque de lui poser de vrais problèmes parce qu'il est en train de se
54:49mettre à dos le président de la cour suprême, M. John Roberts, qui est un républicain modéré et
54:56qui était plutôt sympathique à l'égard d'un certain nombre de théories juridiques avancées
55:01par les républicains et les MAGA, notamment sur le périmètre de droits exclusifs de pouvoir
55:07propre du président américain, Donald Trump veut absolument se doter à nouveau de pouvoirs
55:13propres importants, par exemple celui de pouvoir éliminer, radier les membres de certaines
55:21commissions dites indépendantes qui pourtant dépendent de l'exécutif. Eh bien John Roberts
55:27a protesté contre des tweets et des déclarations sur Fox News faites par Donald Trump la semaine
55:32dernière selon lesquelles il faut absolument radier, impeach en l'occurrence, éliminer,
55:41destituer certains juges qui osent, imaginez-vous Grégoire, qui osent s'opposer par des procédures
55:47d'urgence d'injonction à un certain nombre d'initiatives radicales et constitutionnellement
55:54douteuses prises par Donald Trump. Je citerai deux exemples, la première concerne l'élimination
56:01systématique de milliers de fonctionnaires dans leurs emplois parce qu'ils ont été embauchés au
56:07cours des derniers mois et que donc ils n'ont pas encore atteint le niveau de protection
56:13totale que l'on accorde à un fonctionnaire fédéral américain au-delà d'un an. Un juge à San Francisco
56:21vient de déclarer toutes ces mesures prises à l'initiative d'Elon Musk illégales, il fallait
56:27les arrêter en urgence et maintenant cette affaire va aller à la Cour suprême. Autre exemple stupéfiant,
56:33la position prise par un juge fédéral à Washington, le juge Wolfsburg, qui appelle le département
56:44d'État à renvoyer aux États-Unis des avions qui ont déjà décollé et qui sont remplis, semble-t-il,
56:49deux Vénézuéliens tatoués, tatoués avec des symboles qui pourraient faire croire qu'ils font
56:56partie d'un organisme terroriste de narcotrafiquants et que l'on envoie dans des prisons au Salvador
57:02alors qu'ils n'ont pas eu l'occasion de se présenter devant un juge et de défendre leurs
57:09causes individuelles. Ce juge est déclaré par Donald Trump comme gauchisé et dangereux, il
57:15veut le radier. Le patron de la Cour suprême dit attendez, si vous n'êtes pas d'accord avec
57:18les décisions d'un juge, vous avez un appel et ensuite on en discutera. Et ce climat de provocation
57:24politique de Donald Trump à l'égard de la Cour suprême risque d'être contre-productif.
57:28Oui, c'est assez rare visiblement que le président de la Cour suprême sorte de sa réserve pour
57:34intervenir dans le cadre du débat public américain. Merci beaucoup Pierre-Yves. Pierre-Yves Dugas avec
57:41nous chaque lundi pour le quart d'heure américain. Vous nous retrouvez bien sûr sur BeSmart for Change
57:46à partir de 20h30 le soir mais à retrouver en replay chaque jour, chaque semaine sur
57:51besmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.