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Témoin de la situation dans le monde culturel, le théâtre du Pilier à Giromagny doit ajuster sa programmation pour faire des économies. Les efforts sont expliqués par Marc Toupence, le directeur de l'établissement;

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Transcription
00:00Il est 8h13, les inquiétudes financières du monde du spectacle, des économies nombreuses,
00:06des événements annulés dans le Nord-Franche-Comté, et vous, constatez-vous toutes ces difficultés ?
00:11Le gouvernement cherche des économies, faut-il les faire dans la culture ?
00:15On en parle tous ensemble ici, 0384 22 82 82, pour discuter avec l'invité d'ici matin, Alexandre.
00:22Bonjour Marc Toupance.
00:23Bonjour.
00:24Vous êtes le directeur du théâtre du Pili à Giromanie, vous en connaissez malheureusement un rayon en ce moment,
00:28niveau économie, deux spectacles prévus le mois prochain d'ores et déjà annulés.
00:32A quel point c'est une situation particulière chez vous ?
00:35Alors la situation du théâtre du Pili est effectivement un peu particulière,
00:38puisque nous avons déjà fait face entre 2015 et 2018 à des baisses très importantes,
00:4473 000 euros en tout, et depuis 2018 on est vraiment en survie permanente,
00:52donc on est dans une grande fragilité de structure.
00:57Nous avons dû l'année dernière renoncer à renouveler un des postes permanents,
01:01qui s'occupe de l'action culturelle, et nous avons donc mené toute cette année
01:07l'activité qui était prévue pour quatre permanents à trois permanents.
01:11Vous avez parlé de 73 000 euros d'économie dans une phase précédente,
01:14on va être dans cet acabit-là pour cette période ?
01:16Non, un peu moins, là on est à moins 32 000 euros entre la baisse du département et la baisse du Grand Belfort.
01:24C'est un cumul forcément qui pèse pour vous, c'est un crève-cœur,
01:27j'imagine que d'annuler ces spectacles il n'y avait donc pas d'autres possibilités,
01:30vous n'avez pas été étudier, peser le pour et le contre pendant quelques temps ?
01:33Oui, on a beaucoup travaillé avec le conseil d'administration,
01:36on a réfléchi aussi à nos options, à ce qu'on pouvait faire,
01:39mais les frais de structure de l'association sont déjà extrêmement réduits,
01:44donc nous n'avons plus de marge de ce côté-là,
01:47donc la seule marge qui nous reste c'est d'enlever de l'activité,
01:51puisque comme toutes les petites associations culturelles,
01:54le théâtre du pilier ne peut pas par définition être rentable,
01:57puisque les jauges des salles sont trop petites pour ça.
02:00Donc à chaque fois qu'on mène des activités,
02:03que ce soit de l'action culturelle ou de la programmation,
02:06nous perdons de l'argent,
02:08et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les collectivités sont sollicitées
02:12pour soutenir cette activité pour qu'elle existe sur le territoire.
02:15Le problème c'est que les collectivités en ce moment vous donnent moins d'argent,
02:18baissent des subventions concrètement, une grosse baisse là ?
02:21Moins de 32 000 euros, c'est-à-dire 40% de la ligne budgétaire
02:24qui nous sert à acheter des spectacles.
02:26Donc on est obligé à un moment donné de prendre en compte cette réalité-là
02:31et de réagir le plus vite possible pour ne pas mettre en danger l'association elle-même.
02:36Il est 8h16, quel avenir pour le monde du spectacle vivant du Nord-Franche-Comté ?
02:41C'est notre question ici matin et on continue la discussion avec l'invité d'ici matin Alexandre.
02:45Marc Toupance, directeur du Théâtre du Pilier à Géromanie.
02:48On entend votre position, je vous propose d'écouter celle des collectivités locales en réponse.
02:52On vient de les évoquer.
02:53La justification notamment d'Anaïs Monnier-Von Esch,
02:56la vice-présidente du Conseil départemental du territoire de Belfort,
02:59en charge de l'éducation et de la culture.
03:01Elle explique qu'elle n'a pas le choix que de réduire certaines subventions,
03:04dont celles dédiées au secteur culturel.
03:0698% du budget du Conseil départemental est contraint par les dépenses obligatoires
03:11et ces dépenses subissent aussi des hausses qui nous sont imposées par l'État
03:15et encore une fois sans compensation financière.
03:17Donc aujourd'hui pour le Conseil départemental du territoire de Belfort,
03:19mais pas que, pour tous les conseils de France,
03:22c'est extrêmement compliqué de pouvoir réaliser notre budget cette année.
03:26Vous comprenez Marc Toupance, toutes ces économies
03:28et que le budget de la culture malheureusement passe derrière par exemple le budget de l'éducation.
03:32D'abord je voudrais dire qu'on est tout à fait conscient des difficultés des collectivités.
03:36Il faut savoir qu'en France, la culture est financée à 75% par les collectivités territoriales
03:41et non pas par l'État.
03:43C'est le cas pour le Théâtre du Pilier,
03:45puisque nous n'avons pas de conventionnement avec l'État.
03:50Nous ne recevons de la DRAC que des aides pour certains projets d'action culturelle,
03:54mais le fonctionnement de l'association, lui, est porté par quatre collectivités.
03:58Donc la région, la communauté de communes des Vosges du Sud, le Grand Belfort et le département.
04:04Donc on est tout à fait conscient des difficultés des collectivités.
04:08On sait qu'ils font du mieux qu'ils peuvent.
04:13Malheureusement, pour nous, ça ne suffira pas.
04:16Le choix que nous avons eu à faire, c'était soit de supprimer des spectacles cette saison,
04:22soit de ne pas programmer du tout entre septembre et décembre.
04:25De quoi continuer votre activité avec tout ça ou pas ?
04:28L'idée, c'est justement de pouvoir poursuivre en attendant des jours meilleurs,
04:32c'est-à-dire de pouvoir au moins engager la programmation de la saison prochaine
04:37entre septembre 2025 et juin 2026.
04:40On a fait le choix avec le conseil d'administration de préserver l'avenir
04:47et de faire en sorte que l'association puisse passer ce moment difficile.
04:51On espère évidemment que les collectivités vont revenir sur ces décisions.
04:55Soit cette année, ce serait idéal, soit l'année prochaine.
04:59Ce qui n'a pas été le cas la dernière fois quand ils ont baissé leurs aides entre 2015 et 2018.
05:05Ils ne sont jamais revenus au financement initial.
05:08Il faut tenir pour vous, Marc Toupens.
05:10Est-ce que parmi les solutions, rapidement, il ne faudrait pas mutualiser les moyens
05:13avec d'autres salles dans le territoire de Belfort ?
05:15Est-ce que des discussions ont déjà été évoquées en ce sens ?
05:17En fait, on le fait déjà depuis très longtemps.
05:19On travaille avec Viadance, on travaille avec La Poudrière,
05:22on travaille avec La Maison à Beaucour, on travaille avec le Théâtre de Marionnettes.
05:26On a énormément de projets en partenariat.
05:29On travaille avec la filature de Ronchamp.
05:32Ce travail-là de mutualisation des forces, on le fait déjà depuis très longtemps.
05:37Vous pouvez aller plus loin encore ?
05:39Ça me semble difficile puisqu'on prévoit pour la saison prochaine
05:43six partenariats différents, y compris avec la ville de Belfort,
05:47notamment sur la période de mars et sur la journée internationale des droits des femmes
05:52à laquelle on participe depuis trois ans.
05:54Donc, ça nous paraît difficile d'aller plus loin.
05:56Au bout d'un moment, il n'y aura plus de théâtre du pilier,
05:59il n'y aura plus qu'un outil pour coprogrammer avec les autres structures culturelles.
06:04Et à un moment donné, il faut aussi préserver l'identité d'une association
06:08qui a, je le rappelle, 40 ans.
06:10Pour finir, Marc Toupens, pour le personnel, les intermittents du spectacle,
06:14est-ce qu'il y a toujours des gens qui viennent ?
06:17Est-ce qu'il n'y a pas de crise d'évocation en ce moment ?
06:19Quel mot vous voulez leur adresser ce matin aux intermittents et aux bénévoles ?
06:22Effectivement, je pense aussi aux compagnies qui sont durement impactées par cette réalité,
06:27puisque le théâtre du pilier n'est pas un cas isolé,
06:30même si pour nous c'est un peu plus dur peut-être que pour d'autres structures culturelles.
06:34Donc, les compagnies sont en bout de course, impactées,
06:38et donc les artistes, il y a des engagements qui ne se font pas,
06:42il y a des projets qui sont abandonnés,
06:45et sur le territoire de l'air urbain en particulier,
06:49c'est très compliqué puisque les artistes ne sont que très peu soutenus
06:53pour leur travail de création et de diffusion,
06:56ils le sont essentiellement pour de l'action culturelle.
06:58Et donc, ce n'est pas leur vocation première, même s'ils le font avec plaisir,
07:02il faut aussi les accompagner sur leur travail de création et de diffusion.
07:07Le besoin sur le long terme.
07:08Merci beaucoup Marc Toupens pour ce décor planté au théâtre du pilier à Giromanie
07:12pour le monde de la culture.
07:13Merci de nous avoir répondu.
07:14Merci à vous.

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