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Le rabbin marchait en compagnie de son fils de 9 ans dans les rues d'Orléans, ce samedi 22 mars vers 13h30, lorsqu'un jeune homme l'a pris à partie en le filmant, et l'a insulté, a appris BFMTV, confirmant une information de France 3. Alors que le rabbin lui demandait de s'en aller, le jeune homme l'a frappé à la tête et mordu à l'épaule avant de prendre la fuite. La victime, Arié Engelberg, s'est exprimé pour la première fois sur BFMTV ce dimanche 23 mars.

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00:00il y a ce témoignage qui nous saisit et qui est encore une fois le symbole d'un fait depuis les attentats terroristes du 7 octobre,
00:08l'explosion des actes antisémites. Je crois qu'il faut donner, parce que parfois on donne des chiffres que les gens ont du mal à saisir,
00:1462% des actes religieux, des actes anti-religieux en France sont des actes antisémites. Et en fait ça,
00:22je ne vais pas dire que ça dit tout, mais ça dit énormément
00:24de ce que vivent et de ce que subissent au quotidien les Français de confession juive. Et il faut mettre ce chiffre en
00:31regard avec ce qui a été rappelé, c'est-à-dire que le poids de la population de confessions de culture juive en France, c'est 0,6% de la population.
00:38Vous avez 0,6% de la population qui encaisse
00:4262% des actes
00:45anti-religieux ou racistes ou à connotation religieuse. Alors je vais vous donner d'autres chiffres.
00:51En 2023,
00:53donc l'année du 7 octobre, on a recensé
00:571676 actes antisémites. Donc ça peut être des menaces, des agressions verbales ou physiques, des dégradations de biens. Donc
01:051675 actes antisémites.
01:07L'année dernière c'était 1570. Et pour avoir un ordre de grandeur,
01:11en 2000, au moment du déclenchement de la deuxième intifada, c'était 850 actes. En 2004, lors d'un précédent conflit
01:20israélo-palestinien à Gaza, c'était 850 actes. Donc vous voyez qu'au moment les plus tendu géopolitiquement, on était
01:27au pire à 850 actes. Et là, on a explosé
01:31littéralement tous les plafonds. Tout ça, bien évidemment, crée, vous l'avez rappelé, un sentiment d'insécurité que
01:37tous les juifs de France ressentent, avec cette question de savoir quand est-ce que ça va m'arriver et est-ce que nous devons ou non
01:44rester ici en France. Le départ, la montée, comme on dit, vers Israël s'appelle l'Aliyah.
01:50Depuis 2000, donc depuis le début de la deuxième intifada,
01:53d'après les autorités israéliennes, on a recensé 70 000 juifs français qui sont partis faire l'Aliyah
02:01en Israël, sur une population qui représente
02:06350 000 à 500 000 individus. Donc il n'y a aucun autre groupe social, culturel ou religieux en France qui a connu un tel mouvement, sachant que
02:14une partie des départs ne sont pas là recensés, puisque là on recense uniquement ceux qui sont partis en Israël.
02:20D'autres membres de la communauté juive ont pu partir en Grande-Bretagne, au Canada, etc. Ça, c'est ce qu'on appelle
02:27l'Aliyah.
02:29Donc on parlait ensuite d'une Aliyah intérieure, c'est-à-dire des déménagements
02:32de gens de la communauté juive qui vont quitter tel quartier ou telles écoles.
02:36Il se trouve qu'à l'IFOP, on a pu mener des enquêtes auprès de cette population en 2015.
02:40Donc après ce qui s'était passé en 2014, après les attentats, on avait 37% des familles juives
02:47avec enfants qui scolarisaient au moins certains de leurs enfants dans le privé.
02:51En moyenne nationale, c'est 18%. C'était deux fois plus. Aujourd'hui, on est à 61%.
02:56Donc on voit comment les choix d'établissement, les déménagements,
03:01tout ça se pose. Quand vous discutez avec des gens de la communauté juive, ils vous disent que déjà, avant,
03:06nous on avait enquêté dans un livre qui s'appelait L'An prochain à Jérusalem pendant l'interrogation, des gens qui nous disaient déjà
03:11qu'on avait intégré que dès qu'il y avait des périodes de tension
03:15au Proche-Orient, on changeait notre itinéraire. Vous voyez ce rabbin qui disait que je rentrais chez moi,
03:21et bien des gens disent que je ne vais pas prendre toujours le même itinéraire. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, on va changer son nom
03:27sur l'abonnement qu'on va avoir sur des plateformes bien connues,
03:31soit de livraison à domicile, soit de
03:35taxi ou de VTC,
03:37ce qu'on appelle la Mézouza, c'est-à-dire ce symbole qu'on met devant sa porte ou sur le chambranle de sa porte, beaucoup les ont enlevés,
03:43et donc on a toute une partie de cette population qui, aujourd'hui, dans son propre pays, se vit sous la menace.
03:51Alors, si on veut essayer de rééquilibrer un peu les chiffres,
03:55on a tout dans ce récit, c'est-à-dire qu'on a à la fois
03:59la manifestation qu'une partie de la population française, non négligeable, est travaillée par un antisémitisme
04:06virulent, à peu près un quart des français nous disent que les juifs sont trop
04:10influents dans les médias ou dans la finance, c'est un quart des français qui pensent ça, 20% des français considèrent qu'il est légitime
04:18de pouvoir s'en prendre un juif
04:20en raison de ce qui se passe
04:23en Israël
04:25et à Gaza, mais donc ça veut dire quand même qu'on a 75 à 80% de la population qui ne partage pas cette ligne,
04:31et c'est ce qu'on a vu, c'est-à-dire qu'il y a des gens spontanément
04:33de tout milieu qui se sont interposés, sauf qu'à 20% de la population qui pense ça, sur 50 millions d'adultes, ça fait potentiellement
04:4110 millions d'individus qu'on va recruter dans différents milieux, qui peuvent se livrer à de tels actes ou de telles agressions, un rappel,
04:50en mai 2024, un individu avait essayé de mettre le feu à la synagogue de Rouen et...
04:57Pardon, il a mis le feu ? Il l'a mis. Quand on dit qu'il a essayé, moi j'y suis allé, avec la présidente, j'étais
05:03défait de voir qu'effectivement la synagogue a brûlé. Et puis c'était en août dernier, la synagogue de la Grande Motte,
05:09et donc on voit quand même comment ces événements se multiplient.

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