Manuel Bompard Député LFI des Bouches-du-Rhône, invité de L'Interview à la une
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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une de l'émission vidéo de la rédaction
00:16de Nice Matin, une émission que j'ai le plaisir de présenter avec Frédéric Maurice,
00:20c'est le chef de l'édition de Nice.
00:21Bonjour Frédéric.
00:22Bonjour Denis.
00:23Notre invité aujourd'hui, Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur
00:28national de la France Insoumise.
00:30Bonjour Manuel.
00:31Bonjour messieurs.
00:32Merci de votre invitation.
00:33Merci de l'avoir accepté.
00:34Vous êtes aujourd'hui à Nice pour participer ce soir à une marche contre le racisme et
00:39les idées d'extrême droite.
00:41Pourquoi ce rassemblement ? Alors on participe d'abord à plusieurs événements
00:45puisque ce soir on a une réunion publique qui va avoir lieu à 19h30 et puis un premier
00:51rassemblement.
00:52Précisons à l'hôtel Splendide pour ceux qui veulent y aller.
00:53Voilà à l'hôtel Splendide pour ceux qui veulent venir et vous êtes toutes et tous
00:56les bienvenus évidemment.
00:57Et puis ce soir il y a effectivement aussi un premier rassemblement, c'est surtout demain,
01:0322 mars qui est une journée nationale de manifestation contre le racisme, contre l'extrême droite
01:09et avec près de 200 points de rassemblement partout en France, il y aura une manifestation
01:13à Nice à partir de 14h place Garibaldi selon mes informations.
01:17Bravo.
01:18C'est ça.
01:19Le racisme progresse-t-il vraiment en France ?
01:21Je pense qu'on est dans un contexte qui est quand même un contexte très anxiogène
01:26pour une catégorie de la population et pour la population dans son ensemble parce que
01:31je pense qu'on est tous solidaires et quand on voit ces derniers mois, ces dernières
01:35semaines, la multiplication des offensives remettant en cause de mon point de vue les
01:41principes de la République, les attaques par exemple, les dernières attaques sur la
01:45question du voile à l'école, pas à l'école pardon, dans le sport, excusez-moi, au contraire
01:50à l'école c'est une bonne chose mais du voile dans le sport on en reparlera.
01:53Quand j'entends les propos du Rassemblement National et cette manière en permanence à
02:00longueur d'antenne, à longueur de plateau sur n'importe quel sujet d'essayer de rendre
02:04responsable des difficultés des Françaises et des Français, nos compatriotes de confession
02:08musulmane en particulier, oui je pense qu'il y a un climat, un climat extrêmement anxiogène
02:12et qui nécessite une riposte populaire.
02:14Quand vous avez des groupuscules d'extrêmes noirs qui se baladent dans Paris en criant
02:18Paris est nazi, quand vous avez, y compris à l'échelle internationale, le salut nazi
02:23dont on pouvait considérer et espérer que ça ne revienne jamais et qui commence à
02:27revenir et qui est même y compris banalisé sur les antennes en France, oui je pense qu'on
02:31a besoin d'une riposte populaire, d'une réaction à la hauteur de cette situation et c'est l'objectif
02:36de cette journée de manifestation.
02:37En quoi l'extrême droite constitue-t-elle vraiment une menace et comment lui barrer
02:42la route ?
02:43L'extrême droite constitue une menace parce que le programme qu'elle porte est un programme
02:48qui de mon point de vue va à l'encontre des principes d'égalité qui sont inscrits pourtant
02:53au fronton de nos mairies.
02:54Je vous rappelle que lors de la dernière élection législative, le Rassemblement national
02:58proposait par exemple qu'un certain nombre de Français, parce qu'ils ont une double
03:02nationalité, ne puissent pas accéder à certains emplois et donc commençait à introduire
03:10le fait qu'il y ait des Français de seconde zone, c'est-à-dire des Français qui n'ont
03:12pas les mêmes droits que les autres.
03:14Je pense que c'est effectivement une menace pour l'unité de la République.
03:17Le Rassemblement national a un programme qui est un programme dangereux, il a un programme
03:22qui par ailleurs est un programme extrêmement libéral d'un point de vue économique et
03:25il trompe les Françaises et les Français en leur faisant croire qu'il va défendre
03:29leurs intérêts alors qu'en vérité à l'Assemblée nationale, à chaque fois qu'il faut voter
03:33pour plus de justice sociale par exemple, il vote avec le gouvernement contre la justice
03:37sociale.
03:38Mais est-ce que la France insoumise est la mieux placée pour lutter contre l'extrême
03:41droite ?
03:42Je pense que la France insoumise lutte au quotidien contre l'extrême droite et je pense
03:47qu'elle est la mieux placée, elle participe en tout cas à des formations politiques qui
03:50sont les mieux placées pour lutter contre l'extrême droite parce qu'elle propose une
03:54alternative au pouvoir en place.
03:56L'extrême droite progresse sur la défiance politique, sur le sentiment que nos dirigeants
04:02politiques ne répondent pas aux problématiques du quotidien, aux priorités des Françaises
04:06et des Français et face à la Macronie, l'extrême droite essaye d'apparaître comme étant la
04:10seule alternative.
04:12Et je pense que l'existence de la France insoumise, son rôle, ses propositions politiques, ses
04:16campagnes, permettent au contraire de montrer aux Françaises et aux Français que s'ils
04:19ne veulent pas de la Macronie mais qu'ils ne veulent pas de l'arrivée au pouvoir de
04:22l'extrême droite, ils ont une autre possibilité avec la France insoumise.
04:24Tout ça n'est pas toujours très clair, on va prendre les choses dans l'ordre.
04:27Sur la question du racisme, de l'antisémitisme, comment vous expliquez tous les procès qu'ont
04:33fait la France insoumise en permanence sur l'antisémitisme, ce qui revient tout le temps.
04:37C'est quoi ? C'est un gigantesque complot contre vous ?
04:42En quoi êtes-vous responsable de ce message trouble qui colle à la peau de la France insoumise ?
04:48D'abord, moi je n'ai pas à parler de complot, mais je pense qu'il y a une manière d'essayer
04:54de jeter l'opprobre, le discrédit sur la France insoumise en maniant de manière mensongère
04:59des accusations en antisémitisme qui, pardon, ne s'appuient sur aucun élément réel, sérieux
05:05et concret.
05:06La France insoumise, ses militantes, ses militants sont des militants engagés pour l'égalité,
05:11sont des militants engagés contre toutes les formes de discrimination, contre toutes
05:14les formes de racisme et donc évidemment contre l'antisémitisme.
05:16Comment vous expliquez que de plus en plus de juifs ont davantage confiance aux juifs
05:19dans le RN que dans l'FI ?
05:20Je ne l'explique pas et je pense que si certains le font, je pense qu'ils se trompent.
05:26Vous savez, je lisais il y a quelques semaines une interview d'Emmanuel Todd, le juif lui-même,
05:33il le disait, qui disait une chose qui me paraît très juste, il disait que si un jour, malheureusement,
05:40les juifs sont menacés, y compris physiquement, en France, je pense qu'ils auront plutôt
05:44intérêt à venir se réfugier chez un militant de la France insoumise que dans un militant
05:49de l'extrême droite.
05:50Eh bien, je suis d'accord avec lui.
05:51Tout aussi brillant qu'il est, Emmanuel Todd, c'est une personne, il y a beaucoup de gens
05:53aujourd'hui.
05:54J'entends bien, mais vous voyez, c'est la preuve que, je pense que, puisque vous m'interrogez
05:58sur la communauté juive, les juifs de France, je pense qu'ils ont aussi des avis différents
06:02et qu'ils ont des opinions politiques différentes et en tout cas, je veux leur dire de manière
06:07très simple, comme je le dis à toutes les Françaises et les Français, que la France
06:10insoumise, elle a toujours été du côté de l'égalité, toujours du côté de la lutte
06:14contre toutes les formes de stigmatisation, de discrimination et que, quel que soit le
06:20moment, quel que soit l'instant, si une personne est pourchassée, menacée, stigmatisée en
06:25raison de son origine ou de sa religion, eh bien, il trouvera toujours la France insoumise
06:29à ses côtés pour le défendre, quelles que soient les opinions politiques des uns et
06:32des autres.
06:33Vous comprenez que le fait que LFI poste la semaine dernière une affiche représentant
06:40Cyril Amina avec les codes des affiches antisémites des années 30, ça puisse créer le trouble,
06:46c'est clairement un dérapage.
06:47Alors, d'abord, je vais préciser, pardon, ce n'est pas une affiche, c'est un visuel
06:52qui a été…
06:53C'est un visuel posté…
06:54C'est important, c'est un visuel qui a été…
06:55Pour la manif de demain.
06:56Qui a été parmi une série de 10 visuels dans lesquels on représentait des figures
07:01dont on considère qu'ils sont des figures d'extrême droite ou des figures qui contribuent
07:05au relais des idées d'extrême droite dans notre pays, il y a eu des visuels qui ont
07:09été produits et qui représentaient les gens de manière, on va dire, menaçante et
07:14agressive.
07:15Évidemment qu'il n'y avait aucun rapport dans la représentation qui était faite de
07:20Cyril Hanouna avec le fait qu'il soit juif.
07:22Si Cyril Hanouna était parmi cette série de visuels, c'est tout simplement parce que
07:26de notre point de vue, et je pense que ce n'est pas juste un point de vue, c'est
07:29un fait assez objectif, dans son émission…
07:31C'est la faute à l'intelligence artificielle.
07:34Je vais préciser les points, mais je crois que c'est important de parler de ce sujet
07:38de manière sérieuse et précise.
07:39Je vous ai dit dans quel contexte ces choses avaient été faites.
07:42Ensuite, une fois que cette affiche a été publiée, pas cette affiche, vous voyez,
07:45moi-même je reprends, une fois que ce visuel a été publié, un certain nombre de figures,
07:50y compris essentiellement, et pas seulement, mais des figures d'extrême droite, ont
07:53commencé à faire le parallèle entre ce visuel et des affiches antisémites des années
07:5730, en disant, vous voyez, ils ont voulu reprendre les mêmes codes, évidemment que
08:00ce n'est pas le cas.
08:01Et donc, à partir du moment où ce parallèle était fait, on a supprimé ce visuel, parce
08:05qu'il n'y avait aucune volonté que ce parallèle puisse être fait.
08:08C'est vous qui l'avez fait retirer, c'est ce qu'affirme le Monde ?
08:11Mais moi, je suis responsable, coordinateur de la France Insoumise, donc j'assume évidemment
08:16la responsabilité, et à partir du moment où je vois que ce visuel est utilisé pour
08:21faire un parallèle et pour faire passer un message qui ne correspond pas du tout au message
08:25qui voulait être passé dans ce visuel, il fallait effectivement le supprimer.
08:29Je le dis sincèrement, si des gens ont eu le sentiment que notre volonté était d'utiliser
08:33des codes, qui sont des codes que nous réprouvons, que nous désapprouvons, que nous combattons
08:37et contre lesquels nous luttons, je leur ai dit franchement, ce n'était pas du tout notre
08:40intention.
08:41Et c'est quoi, là ? C'est une erreur ? C'est une maladresse ?
08:42C'est une erreur d'avoir publié ce visuel, puisque manifestement, ensuite, il a été
08:46utilisé pour faire ce parallèle.
08:48Vous arrivez à victimiser Cyril Hanouna au passé ?
08:51Voilà, donc, bon, voilà, c'est une erreur, une maladresse, vous l'appelez comme vous
08:54voulez.
08:55Maintenant, pardonnez-moi, considérez quand même qu'un visuel resté quelques minutes
09:01sur les réseaux sociaux, ne mérite peut-être pas dix jours de polémique.
09:05Ça vient après une série, quand même, mais ne l'oublie pas.
09:08Et sans aucun doute pas, de nous jeter à la figure des accusations infâmes et infamantes
09:14dont il s'est bêtisé.
09:15Ce n'est pas le premier visuel qui fait polémique, votre collègue Aymeric Caron a déploré
09:20des communications catastrophiques.
09:22C'est involontaire ou il y a une stratégie derrière ?
09:24Je vous l'ai dit, sur la publication de ce visuel, ce n'était évidemment pas l'objectif
09:29qu'ensuite commence une polémique sur est-ce que ce visuel est proche ou pas proche de
09:36figures, d'images et d'affiches qui, elles, étaient des affiches clairement antisémites
09:40dans lesquelles est remarqué à chaque fois le mot juif, etc.
09:42Évidemment que c'est des affiches qui, pardon, me donnent envie de vomir.
09:46Donc, moi, quand j'ouvre cette comparaison, je me dis mais il y a une énorme erreur
09:49si vous pensez que ces affiches-là correspondent à l'intention qui est la nôtre.
09:54Donc voilà, ce n'est pas la nôtre, la France Insoumise n'a aucune complaisance dans la
10:00propagation des idées antisémites, bien au contraire, et je trouve qu'il y a une
10:03forme d'indignation à la géométrie variable, vous savez, parce que quand un syndicat étudiant
10:08qui s'appelle l'Uni publiait il y a quelques semaines un jeu de cartes antisémite et que
10:13M.
10:14Retailleau était allé à leur congrès fondateur, je n'ai pas entendu les condamnations de
10:18M.
10:19Retailleau sur ce sujet, vous voyez.
10:20Donc moi, quand je fais une maladresse, je suis capable de la reconnaître mais par contre
10:24je n'accepte pas qu'on puisse remettre en cause mon engagement ou l'engagement des
10:27Insoumises et des Insoumis dans la lutte contre toutes les formes de racisme et contre l'antisémitisme
10:31en particulier.
10:32Très clairement, la Manivie de Main, elle appelle à lutter contre le racisme et l'antisémitisme.
10:36Évidemment, contre toutes les formes de racisme et l'antisémitisme, évidemment, on fait
10:40partie et bien sûr que dans la rue aussi, on protestera contre l'antisémitisme, contre
10:45par exemple, je vous ai évoqué ce jeu de cartes antisémite et contre à chaque fois
10:49qu'une personne est attaquée en raison de son origine, de sa confession ou je ne sais
10:52quoi, évidemment, elle nous trouvera toujours à ses côtés.
10:54Enfin, pardon, mais nous, nous sommes les militantes et les militants de l'égalité
10:58entre les êtres humains, du refus de toutes les distinctions, qu'ils soient des distinctions
11:03de couleur de peau, d'origine, de religion et nous l'avons toujours été et rien dans
11:08notre programme dit l'inverse.
11:09Et donc, recevoir, si vous voulez, des leçons de lutte contre l'antisémitisme de la part
11:13par exemple du dirigeant d'un parti qui a été fondé par des anciens collaborateurs
11:19et qui contient dans son programme des mesures qui sont des mesures discriminatoires, ça
11:24je ne l'accepte pas par contre.
11:25Alors, sur un autre sujet, le conclave sur les retraites est en train de tourner court,
11:29c'était écrit d'avance ?
11:30Oui, bien sûr, vous savez, quand ce machin a été inventé, il était évident qu'à
11:37partir du moment où vous mettiez autour de la même table les représentants du salariat,
11:42les représentants du patronat et que vous fixiez comme règle que ne pouvait sortir
11:47de ce conclave que quelque chose qui faisait l'accord unanime de tous ceux qui étaient
11:51autour de la table, il était évident que ce conclave n'aboutirait pas sur l'abrogation
11:55de la réforme des retraites et que je pense que le parti socialiste, en acceptant ce machin
12:02en échange d'une promesse et d'un acte de non-censure, s'est fait clairement rouler
12:07dans la farine.
12:08Vu la situation budgétaire, économique, financière du pays, est-ce qu'on peut raisonnablement
12:13revenir sur l'âge de départ à la retraite, vu que la discussion a été beaucoup débattue
12:18cette semaine avec la déclaration de François Bayrou à ce sujet ?
12:20Oui, mais on peut évidemment le faire, c'est une question de choix politique, vous savez,
12:25on parle du pire des déficits annoncés, c'est-à-dire l'année qui serait la plus
12:30défavorable en termes de démographie, on parle de 10 à 15 milliards d'euros de déficit
12:35pour les comptes de retraite.
12:37Bon, si vous mettez, par exemple, pour donner juste un exemple, si vous soumettez à cotisation
12:41sociale les revenus du capital, par exemple les dividendes versés aux actionnaires, vous
12:45rentrez 14 milliards d'euros supplémentaires dans les caisses de retraite.
12:47Donc il y a évidemment la possibilité de financer dans un premier temps le retour à
12:51la retraite à 62 ans, c'est-à-dire l'abrogation d'une réforme dont je veux rappeler qu'elle
12:55a quand même été rejetée par 90% de la population et qu'elle a donné lieu à des
12:59mobilisations et des manifestations qui étaient les plus puissantes de ces 50 dernières années
13:02Et puis nous, dans notre programme, on veut aussi aller plus loin et je pense que le pays
13:06doit se fixer une perspective, qui est une perspective de progrès social et que ça
13:09passe par un objectif de retourner à terme à la retraite à 60 ans.
13:12C'est le moment de censurer François Bayrou ?
13:13Oui, enfin moi j'étais déjà favorable évidemment à la censure avant.
13:17Bon, là il faut revenir à la charge ?
13:18En tout cas, je pense que ceux qui ne l'ont pas censuré la dernière fois l'ont fait
13:23en échange de promesses ou de choses qui ont été depuis contredites.
13:29Ce fameux conclave dont tout le monde a compris désormais que c'est quelque chose de piégé
13:34ou des économies ou des mesures, des aménagements qui ont été proposés en échange de la non-censure
13:41du Parti Socialiste qui se retrouvent aujourd'hui complètement bafouées.
13:45Quand François Bayrou disait « j'ai accordé au Parti Socialiste un milliard d'euros de
13:50plus pour le budget de la santé », il a annoncé hier qu'il allait geler 9 milliards
13:56d'euros de crédit supplémentaire dont un milliard dans la santé.
13:59Donc vous voyez, les promesses qui ont été faites à ce moment-là, elles ont été toutes
14:03remises en cause.
14:04Donc je ne comprendrai pas pourquoi ceux qui n'ont pas voté la censure la dernière fois
14:07ne la votent pas à nouveau si nous pouvons déposer une motion de censure.
14:10Est-ce que vous êtes capables de vous retrouver avec les socialistes pour mener ce combat
14:14pour la censure ?
14:15Est-ce que vous êtes capables de retravailler ensemble ?
14:17Là, en l'occurrence, nous sommes capables évidemment de voter ensemble une motion de censure.
14:20Maintenant, de ce que j'ai entendu ces derniers jours et ces dernières heures, j'ai l'impression
14:26que ce n'est pas tout à fait l'intention du Parti Socialiste.
14:28Donc c'est à eux de répondre à cette question.
14:30Nous, nous avons une constance, une cohérence dans nos positionnements, nous considérons
14:34que ce gouvernement de François Bayrou est illégitime, nous considérons que la politique
14:38qu'il met en place est une politique qui est mauvaise pour le pays et donc nous considérons
14:42qu'il doit être censuré le plus rapidement possible.
14:44Nous avons déposé 5 motions de censure depuis le mois de janvier, le Parti Socialiste n'en
14:48a voté aucune d'entre elles.
14:49Donc si maintenant le Parti Socialiste change d'avis et se décide à voter la censure,
14:53je l'accueillerai de manière positive.
14:55Mais je veux dire, parce qu'il ne faut pas concentrer la discussion que sur le Parti
14:58Socialiste, qu'il y a un deuxième parti politique qui est tout à fait responsable
15:01de cette situation, c'est le Rassemblement National, puisque le Rassemblement National
15:04à 5 reprises n'a pas censuré le gouvernement de François Bayrou et que si le gouvernement
15:08de François Bayrou est toujours là aujourd'hui, c'est d'un côté de la responsabilité
15:11du Parti Socialiste et de l'autre la responsabilité du Rassemblement National.
15:15Vous avez évoqué tout à l'heure l'interdiction du port du voile dans la pratique du sport,
15:20pourquoi il ne faudrait pas l'interdire ?
15:22Mais en fait, vous avez déjà la possibilité pour des fédérations, quand le port du voile
15:27ou d'un autre signe religieux est incompatible avec la pratique du sport en question, il
15:32y a déjà la possibilité pour des fédérations de dire que ce n'est pas possible.
15:36Je pense que les seules mesures qui peuvent être compréhensibles sur ce sujet sont celles
15:41qui sont indispensables à la pratique du sport en question.
15:44Il y a dans un certain sport, vous devez avoir une tenue particulière et dans ce cas-là,
15:48évidemment que les fédérations peuvent agir.
15:50Mais agir par la loi pour considérer qu'on va jeter dehors de la pratique sportive, parce
15:54qu'on ne parle pas des compétitions internationales, on parle de l'ensemble des clubs de sport
15:57partout en France.
15:58Décider par la loi qu'on va jeter dehors de la pratique sportive des jeunes femmes
16:03en particulier parce qu'elles portent le voile dans une pratique sportive dans laquelle
16:06ça ne pose aucune difficulté du point de vue de la pratique du sport elle-même, je
16:11trouve que c'est une mesure inutilement stigmatisante et je ne suis pas sûr, y compris si on est
16:15attaché à l'idée de l'émancipation de l'ensemble des Françaises et des Français,
16:19d'empêcher des gens de faire du sport contribuera à l'émancipation.
16:21On va partir sur l'international si vous voulez bien, Israël a repris les frappes
16:27sur Gaza mardi malgré le cessez-le-feu, est-ce que les pourparlers avec les médiateurs internationaux
16:32pour mettre fin à cette offensive ont une chance d'aboutir d'après vous ?
16:34Je le souhaite, je l'espère et je trouve que la France est depuis le début, depuis
16:39plusieurs mois, beaucoup trop silencieuse et inactive sur ce sujet et que d'un certain
16:45point de vue elle laisse faire.
16:47Là je rappelle qu'il y avait eu un accord de cessez-le-feu avec plusieurs étapes, que
16:50la première étape s'était plutôt bien déroulée et qu'on allait rentrer à la
16:53deuxième étape et que M. Netanyahou de manière unilatérale décide de reprendre des frappes
16:57qui ont déjà tué des milliers de civils encore cette semaine, des civils, des femmes,
17:04des enfants et la France n'a rien à dire sur ce sujet, ce n'est pas normal.
17:07Donc je pense que la France doit hausser le ton, qu'elle doit prendre des mesures
17:11qui sont des mesures fortes, par exemple elle peut décider d'infliger des sanctions
17:15économiques à l'encontre du gouvernement de M. Netanyahou, par exemple elle peut décider
17:19de rompre ou de se battre pour qu'on rompe au niveau européen l'accord d'association
17:23entre l'Union Européenne et Israël, par exemple elle peut décider d'un embargo sur
17:27les armes pour prendre des exemples, parce que sinon ça veut dire qu'on accepte cette
17:30situation, la violation du droit international, le massacre de milliers de personnes civiles
17:35et moi je pense que la France elle se grandit quand à l'échelle internationale, elle
17:38porte des valeurs de respect des droits humains et elle doit le faire à Gaza comme elle
17:42doit le faire au Liban, comme elle doit le faire en République démocratique du Congo,
17:45comme elle doit le faire en Ukraine, la France elle ne peut pas avoir de double standard
17:49dans ses positions à l'échelle internationale et malheureusement elle a des doubles standards
17:52aujourd'hui et je pense que c'est inacceptable et qu'en plus ça affaiblit la parole de la
17:55France sur la scène internationale.
17:56A propos de respect des droits humains, 10 ans de prison ferme ont été requis jeudi
18:00par la justice algérienne à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boalem Sansal,
18:05comment vous réagissez ?
18:06Je réagis en disant que la France doit aussi agir évidemment pour la libération de Boalem
18:13Sansal et je pense malheureusement que la stratégie qui est celle du ministre de l'Intérieur
18:18aujourd'hui, M.
18:19Retailleau, qui est une stratégie de provocation, une stratégie de montée en tension, en vérité
18:23ne fournit aucun résultat positif pour la France, bien au contraire, parce que si vous
18:28acceptez de rentrer dans une stratégie de rapport de force et de provocation sur la
18:34place publique, alors en face de vous, vous avez un État qui répond de la même manière
18:38par des provocations.
18:39Or, si vous voulez résoudre ces problèmes, vous savez, le peuple français, le peuple
18:45algérien, ils ont des intérêts communs, ils ont des familles en commun, ils ont des
18:48histoires en commun, et je pense que le rôle de la France, c'est d'avancer les sujets
18:53qui posent problème par la négociation, par la diplomatie, pas par la provocation.
18:57L'Algérie n'est pas notre ennemi, le peuple algérien n'est pas notre ennemi, et nous
19:01nous aspirons à l'amitié avec le peuple algérien, nous aspirons à la solidarité,
19:05à la fraternité avec le peuple algérien, et je trouve que la stratégie de M.
19:08Retailleau, qui instrumentalise cette question pour des enjeux de politique nationale, ou
19:13pour des enjeux de congrès du parti Les Républicains, pour espérer prendre la tête de ce parti,
19:18est une manière d'instrumentaliser la question internationale, qui est extrêmement dangereuse
19:22et extrêmement irresponsable.
19:24Toujours concernant Bolem-Sensal, plusieurs eurodéputés de la France insoumise ont voté
19:27fin janvier une résolution du Parlement européen, se sont abstenus à cette résolution, demandés
19:34la libération de Bolem-Sensal, est-ce que vous êtes à l'aise avec cette position ?
19:39Précisément, les mêmes personnes sont évidemment sur la même position que moi, c'est-à-dire
19:44disant qu'il n'est pas acceptable qu'un écrivain puisse être enfermé comme il
19:48est aujourd'hui.
19:49Pour le défendre, il y a mieux que de s'abstenir.
19:50Oui, mais monsieur, à la fin, il faut regarder une résolution, et dans cette résolution
19:54il n'y avait pas seulement la question de l'appel à la libération de Bolem-Sensal,
19:59il y avait par exemple la menace de suspendre l'accord d'association entre l'Union
20:02européenne et l'Algérie.
20:03Je vous disais tout à l'heure, par exemple, ce qu'on se refuse à faire, par exemple,
20:07avec l'Etat israélien.
20:08Donc, à un moment, il faut aussi avoir une constance dans ces positionnements.
20:12Nous, nous sommes favorables à la libération de Bolem-Sensal, mais comme je vous l'ai
20:16dit, nous pensons qu'en faire un point de crispation politique comme le fait monsieur
20:20Taillot aujourd'hui, précisément conduit au résultat exactement inverse, c'est que
20:24le gouvernement algérien, désormais, s'il accorde la libération de Bolem-Sensal, donne
20:29l'impression de céder aux injonctions d'un autre Etat.
20:31Et donc, c'est une très mauvaise méthode.
20:33Si vous voulez obtenir une libération, y compris d'un de vos ressortissants dans un
20:36autre pays, on a obtenu par exemple la libération, avec soulagement d'ailleurs, d'un Français
20:42qui était détenu en Iran.
20:43On ne l'a pas fait en faisant un point de crispation public, on l'a fait en faisant
20:47de la diplomatie et en obtenant sa libération.
20:49Il faut faire la même chose.
20:50Alors, à propos de diplomatie, comment voyez-vous l'issue de la guerre en Ukraine ?
20:54Je la vois avec inquiétude, pour être honnête, parce que je vois bien que la France, l'Union
21:00Européenne et les Etats-Unis d'ailleurs, pendant plusieurs années, se sont entêtés
21:05dans une illusion qui était l'illusion d'une sortie militaire, c'est-à-dire qu'on allait
21:09gagner par les armes et faire reculer l'armée de Vladimir Poutine à ses frontières.
21:12Et on a refusé d'explorer de manière sérieuse la voie diplomatique.
21:16Et aujourd'hui, on se retrouve en quelque sorte à explorer la voie diplomatique parce
21:20qu'il y a un changement d'administration américaine dans la pire des situations pour
21:24l'Ukraine, c'est-à-dire dans une situation dans laquelle elle est dans la plus grande
21:27position de faiblesse.
21:28Et je crois que la France doit se battre pour que l'accord de paix soit un accord de paix
21:31juste et un accord de paix durable.
21:33Quand on a un dictateur comme Vladimir Poutine en face de nous, qui ne comprend que le rapport
21:37de force, est-ce que vous croyez vraiment que la voie diplomatique peut fonctionner ?
21:40On l'a bien vu avant qu'il envahisse l'Ukraine, tout a été tenté, tout a échoué.
21:45Je ne crois pas que tout ait été tenté avant, d'abord, mais ensuite, je vais vous
21:48dire quelle autre solution vous proposez.
21:50De faire la guerre avec une puissance nucléaire ?
21:53Dans un rapport de force, peut-être le tenir, le rapport de force le plus possible.
21:56Est-ce que vous êtes favorable aujourd'hui à accroître l'aide à l'Ukraine ?
22:00On aide l'Ukraine et moi je suis favorable à continuer à aider l'Ukraine, mais…
22:05Pour compenser éventuellement le…
22:07Oui, mais justement, répandre l'illusion que la France pourrait compenser le manque
22:11à gagner en quelque sorte de l'aide américaine en Ukraine me paraît vraiment pas sérieux
22:15du tout, parce qu'on n'en a pas la capacité financière, qu'on n'en a pas la capacité
22:18industrielle.
22:19Donc je pense qu'il faut discuter, négocier, obtenir un accord par la diplomatie qui doit
22:23être un accord juste pour l'Ukraine, un accord qui doit être durable, qui s'assortit
22:26de ce qu'on appelle des garanties de sécurité pour faire en sorte que ça ne se traduise
22:29pas par une nouvelle guerre dans un an, dans deux ans ou dans trois ans.
22:32Voilà la solution qui doit être la nôtre.
22:34Mais utiliser sur la scène nationale cette préoccupation et cette situation très dangereuse
22:39internationale pour, à des fins de politique nationale, comme on l'a vu sur les retraites
22:43ou comme on le voit sur l'idée qu'il va falloir faire des efforts ou travailler plus
22:46longtemps me paraît être irresponsable.
22:48Est-ce qu'Emmanuel Macron exagère quand il dénonce l'imminence d'une menace russe ?
22:53Je pense qu'il y a une exagération dans la nature de cette menace.
22:57On nous dit, et c'est vrai, que la Russie mène des campagnes de déstabilisation en
23:01France.
23:02On nous dit, et c'est vrai, que la Russie mène des attaques cyber en France.
23:06Mais si c'est le cas, bon d'abord je veux dire qu'ils n'en ont pas l'apanage, pardonnez-moi,
23:11mais la nouvelle administration américaine mène aussi des campagnes de déstabilisation
23:15en France.
23:16Mais deuxièmement, si c'est effectivement le cas, on ne répond pas à des attaques
23:19cyber ou à des campagnes de désinformation avec des chars, des missiles ou des obus.
23:23On répond avec des investissements dans la cybersécurité.
23:26C'est-à-dire que la réunion qui a eu lieu sur la menace russe avec les responsables
23:32des services secrets français, c'est la seule chose qu'on vous a avancé ? On vous a juste
23:37dit que c'est des attaques cyber, la menace est des cyber ?
23:39Vous comprendrez que je ne vais pas dévoiler la nature exacte de ce qui a été dit.
23:43Non mais là je m'appuie sur les prises d'opposition publiques qui ont été celles du président
23:47de la République, du ministre des armées, qui qualifiaient la fameuse menace russe de
23:52cette manière.
23:53Parce qu'il y a aussi des attaques contre l'architecture de sécurité européenne
23:57de la part de Poutine, qui veut mettre à bas la protection de l'OTAN, le parapluie
24:03nucléaire américain.
24:04Je ne sais pas sur quoi vous vous appuyez pour dire ça, mais moi je veux juste dire
24:08que j'essaie de regarder les choses avec précision.
24:11Si la France a des vulnérabilités sur un certain nombre de sujets, elle doit compenser
24:14ces vulnérabilités.
24:15Mais essayer de faire croire qu'en quelque sorte les chars russes pourraient passer les
24:19frontières françaises de main et que donc la menace serait de cette nature, je pense
24:23que d'abord ce n'est pas sérieux, et deuxièmement je crains malheureusement que ça soit utilisé
24:28pour essayer de faire accepter en France un agenda politique national dont les français
24:31ne veulent pas.
24:32Juste pour finir là-dessus, le réarmement de la France, ce que vous dites c'est qu'en
24:35fait c'est pour faire passer une politique austéritaire.
24:37Je crains que ce soit ça, oui.
24:39Sinon il faut nous dire pour quoi faire.
24:41Mes collègues ont participé à une réunion avec le Premier ministre dans laquelle il
24:44avance le chiffre de 100 milliards d'euros.
24:46On lui demande mais pour quoi faire ? Et il nous dit pour faire un choc dans l'opinion.
24:50Un poids de forme de l'armée d'Eastin.
24:52Moi j'ai entendu pour faire un choc dans l'opinion.
24:54Ce n'est pas sérieux.
24:56Si on a besoin d'investissement dans la défense, on nous dit pour quoi faire, à quel endroit,
25:00mais pas pour faire un choc dans l'opinion.
25:02Il n'y a pas d'argument quoi.
25:03Donc je ne trouve pas que ce soit un argument sérieux.
25:05Et aujourd'hui notre priorité, je suis désolé de le dire, la priorité en France ce n'est
25:09pas d'investir des milliards d'euros ou des dizaines de milliards d'euros supplémentaires
25:12dans la défense.
25:13Ce n'est pas vrai.
25:14La priorité aujourd'hui c'est de lutter contre le réchauffement climatique, c'est de lutter
25:17pour les besoins sociaux de la population.
25:19Moi je suis contre une économie de guerre, je suis pour une économie des besoins.
25:22Et je crois que la France doit travailler plutôt dans la direction d'une économie qui répond
25:26aux besoins de sa population.
25:27Le besoin de se protéger en fait partie évidemment, mais ce n'est pas le seul et donc ce n'est
25:32pas la priorité aujourd'hui.
25:33Alors on revient sur la politique française.
25:35Jean-Luc Mélenchon est encore très présent dans le débat politique.
25:39Cette semaine, un extrait de l'émission Dimanche en politique sur France 3 a beaucoup fait
25:43réagir.
25:44On regarde.
25:45On affiche Cyril Hanouda, c'est une erreur ou pas ?
25:47Mais écoutez monsieur, pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ?
25:51De quel droit ?
25:53Parce que c'est vous qui...
25:54Vous m'accusez ? Est-ce que vous m'accusez ?
25:56Pas du tout.
25:57Alors taisez-vous.
25:58Vous êtes en train de continuer une campagne qui a délaré à l'extrême-droite contre
26:02nous.
26:03Alors attendez.
26:04Donc maintenant on demande à l'extrême-droite ce qu'on peut publier ou pas.
26:07Vous pensez que la tête de monsieur Hanouda, comme la mienne, ne peut pas être caricaturée ?
26:12Moi je suis caricaturé continuellement.
26:14Vous voulez que je vous montre les caricatures de Charlie Hebdo ?
26:16Et ça n'est pas de l'antisémitisme ?
26:17Ben pourquoi ça serait de l'antisémitisme ?
26:19Ça suffit.
26:20Ça suffit maintenant.
26:21Alors ça suffit, taisez-vous.
26:24Avec de tels propos et un tel comportement, est-ce que Jean-Luc Mélenchon ne constitue
26:28pas aujourd'hui le principal handicap de LFI ?
26:31Monsieur, si je viens vous voir sur un plateau de télévision et je vous pose des questions
26:38qui sont des questions infamantes, si je vous demande si vous êtes raciste, si je vous
26:41demande si vous êtes antisémite, vous allez peut-être me répondre avec un peu de vigueur
26:45parce que vous allez considérer que la question elle-même est infamante.
26:48Vous avez répondu sur la fiche tout à l'heure, vous n'êtes pas emporté.
26:50Mais je trouve ça infamant quand même.
26:52Et je comprends tout à fait que Jean-Luc Mélenchon en ait assez d'être en permanence
26:57calomnié sur ce sujet, accusé d'une manière mensongère et qu'au bout d'un moment il
27:02vous dit « ça suffit ». Maintenant, je vais élargir la réponse à la question que
27:06vous me posez.
27:07Moi, je considère que Jean-Luc Mélenchon a fait 22% des voix à la dernière élection
27:10présidentielle.
27:11Il a fait plus de 20% à Nice d'ailleurs, comme quoi, contrairement à parfois les clichés
27:16qu'on peut laisser se répandre, y compris ses idées à Nice, elles ont un écho.
27:21Et je considère que Jean-Luc Mélenchon fait partie et sans doute la figure politique
27:25qu'il a mieux placée aujourd'hui pour permettre à la gauche de pouvoir remporter les prochaines
27:30élections et empêcher, puisqu'on parlait de ça tout à l'heure, l'extrême droite
27:33de s'emparer du pouvoir.
27:34Après les accusations contre Jean-Luc Mélenchon, vous savez, j'ai fait trois campagnes d'élections
27:42présidentielles avec Jean-Luc Mélenchon.
27:44A chaque fois, les années précédentes, on me disait « mais Jean-Luc Mélenchon, il
27:47est trop clivant, il n'y arrivera pas, etc. ». Entre 2017 et 2022, on nous disait « c'est
27:52terminé, c'est fini Jean-Luc Mélenchon, au début de la campagne présidentielle.
27:55Les sondages l'annonçaient à 8% des voix à 18 mois de l'élection présidentielle
27:59et annonçaient le rassemblement national à 30%, les premiers sondages de la campagne
28:03présidentielle de 2022.
28:04On a fini à 22% et le rassemblement national a fini à 23%.
28:07Donc, les commentaires, j'ai envie de leur dire « parlez, parlez, nous on travaille ».
28:11Alors vous allez me dire que ce ne sont que des sondages, mais toutes les projections
28:13aujourd'hui montrent que Jean-Luc Mélenchon serait incapable de battre Marine Le Pen au
28:17deuxième tour d'une élection présidentielle.
28:18Mais justement, vous avez entendu ce que je vous ai dit.
28:21Oui, mais c'est quand même important que des fois on tire quelques enseignements.
28:25Des échecs, des sondages sur les dernières élections.
28:28Quand vous rentrez dans une élection présidentielle, on vous dit que Mélenchon est à 8% et que
28:32le rassemblement national est à 30%, c'est-à-dire qu'il y a 22 points d'écart et que le jour
28:36de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est à 22%, le rassemblement national est à
28:3923%, c'est-à-dire qu'il y a un point d'écart, c'est-à-dire que les sondages se sont trompés
28:42de 21 points.
28:44Je ne sais pas, ça devrait quand même vous faire réfléchir.
28:46Quand vous avez la dernière élection législative où 27 sondages sur 27 disaient que l'extrême
28:50droite allait gagner l'élection législative et que M.
28:52Jardin là allait être Premier ministre, 27 sondages sur 27, c'est par un qu'il s'est
28:56trompé, qu'il s'est mis en place.
28:58D'accord, mais à la fin, je ne sais pas, imaginez, vous connaissez franchement, vous
29:02connaissez un métier dans lequel si vous vous trompez une fois sur deux, vous continuez
29:05à faire votre travail.
29:06Imaginez un boulanger qui fait une mauvaise baguette une fois sur deux, vous n'allez plus
29:09aller à sa boulangerie, non ? Pourquoi vous continuez à relayer les sondages, il se trompe
29:12à chaque fois.
29:13Une ou deux fois vous vous êtes planté sur des visuels que vous avez annulés, ça ne
29:16vous empêche pas de continuer à en faire.
29:17Si vous mettez en proportion le nombre de visuels qu'on produit, je peux vous promettre
29:21que notre taux de réussite, il n'est pas si mauvais, mais franchement, acceptez l'idée
29:25qu'on puisse quand même commenter la vie politique autrement que par des outils et
29:29les sondages qui se trompent allègrement à chaque élection.
29:31On résume souvent la stratégie de l'EFI à une volonté de politiser les abstentionnistes
29:35par la conflictualité, est-ce que c'est bien votre stratégie ?
29:38Notre stratégie effectivement, c'est de faire en sorte que les personnes qui ne vont pas
29:43voter, qui considèrent que ça ne sert à rien, qui sont dégoûtées, qui ont l'impression
29:46d'avoir été trahis, que ces gens-là retournent aux urnes.
29:49En leur parlant super fort, comme le fait Jean-Luc Mélenchon dans l'oreille, que ça
29:52marche.
29:53Mais on ne fait pas que de leur parler super fort, monsieur, il ne faut pas non plus caricaturer
29:55notre point de vue.
29:56On défend nos idées de manière franche, on ne s'excuse pas d'avoir des idées qui
30:00sont des idées claires, on a un programme avec 800 mesures et je pense qu'il faut parler
30:05à l'intelligence des Françaises et des Français.
30:07Mais parfois, vous avez raison, pour que les gens s'intéressent à la politique, c'est
30:10aussi bien de mettre un coup de pied dans la porte et de dire non, on n'est pas d'accord
30:13avec ça.
30:14Voilà, c'est ça notre stratégie.
30:15Mais il ne faut pas la caricaturer.
30:16Je rappelle que si on a réussi, par exemple, y compris dans une ville comme Nice, à faire
30:21plus de 20% des voix à l'élection présidentielle, si on a réussi à qualifier un candidat au
30:24second tour d'une élection législative, ce qui n'était pas arrivé depuis des années
30:27et des années, vous le savez comme moi.
30:29Si on a réussi, c'est mon camarade Olivier Salarno qui a fait 28% des voix au premier
30:33tour, qui a réussi à se qualifier au second tour.
30:34Si on a réussi à le faire, c'est parce qu'il y a plein de gens qui n'allaient plus voter
30:37parce qu'ils étaient dégoûtés, parce qu'ils avaient l'impression que la gauche et la
30:39droite c'était la même chose et qu'ils se sont dit qu'il y a une gauche qui est fidèle
30:43à ses principes.
30:44Eh bien, les gens peuvent nous faire confiance.
30:45Je ne dis pas qu'on fait tout bien, je ne dis pas qu'on fait tout parfaitement, mais
30:49on a au moins le mérite de la cohérence, de la sincérité, de la clarté dans les positions
30:53qui sont les nôtres.
30:54Et quand on défend quelque chose dans une campagne, après, on n'oublie pas les promesses
30:57et les engagements qu'on a pris devant les électrices et les électeurs.
31:00Donc les gens savent qu'ils peuvent nous faire confiance et je leur dis que vous pouvez effectivement
31:04nous faire confiance.
31:05Et je dis aux personnes qui ne vont pas voter pour l'instant, si vous vous mobilisez, si
31:09vous sortez, si vous décidez de vous engager dans une campagne, quelle qu'elle soit, ça
31:15peut être municipale, présidentielle, législative, vous pouvez changer les choses, ça peut marcher.
31:20En tout cas, il ne faut pas laisser les autres décider à votre place.
31:22Donc il y a la campagne des municipales qui se profile, quelles sont vos ambitions dans
31:27les Alpes-Maritimes et est-ce que la gauche va arriver à faire l'union à Nice ?
31:31Je le souhaite.
31:32Je pense qu'à Nice, pour la raison que je vous ai indiquée, sur la base y compris du
31:37résultat des dernières élections ici, il peut y avoir une opportunité pour la gauche
31:41si elle s'assume, si elle défend des positions claires, de faire en sorte de tourner la page
31:47d'une forme de guéguerre entre monsieur Estrosi et monsieur Ciotti qui, moi je ne veux pas
31:52parler à la place des habitants de Nice, je n'habite pas dans cette ville, mais si
31:55j'habitais dans cette ville, je commencerais à me gonfler un petit peu parce que je pense
31:59que les citoyens, ils sont en droit qu'on leur propose plutôt des mesures qui améliorent
32:05leur quotidien et pas de participer ou de devenir les arbitres d'une guéguerre personnelle
32:10entre deux individus.
32:11Elle a suivi la tête de liste à Nice ?
32:13Je ne sais pas si c'est les camarades, les militants de la France Insoumise localement
32:17qui le décideront, en tout cas la France Insoumise, elle souhaite avoir un rassemblement
32:21qui est un rassemblement sur un programme de rupture, c'est-à-dire un rassemblement
32:25clair qui s'assume avec des positions qui sont des positions franches et je sais que
32:30certains voulaient exclure une partie des composantes du rassemblement, notamment le
32:34mouvement associatif qui s'appelle Viva et qui avait présenté une élection à la
32:38dernière élection législative.
32:39Nous les Insoumis, on a dit non, si on veut se rassembler, il faut que tout le monde puisse
32:43participer de ce rassemblement et on n'a pas que des objectifs à Nice, on sera présent
32:48aussi dans les élections municipales dans d'autres communes, on sera présent à Grasse,
32:51on sera présent à Valoris, on sera présent dans un certain nombre d'autres communes
32:54où les idées de la France Insoumise ont de l'écho et on essaiera de faire en sorte
32:59de constituer ou de participer à la constitution de Nice dans ces communes.
33:02Merci, alors avant de terminer, la question perso.
33:04Ok.
33:05Emmanuel Bompard, pourquoi n'êtes-vous pas candidat aux élections municipales de Marseille?
33:15D'abord, à Marseille, nous n'avons pas encore répondu à cette question, nous n'avons
33:20pas encore procédé à la désignation de nos candidats, pour l'instant nous travaillons
33:24sur un programme.
33:25Après, vous savez, moi je suis coordinateur national de la France Insoumise, je suis député
33:30des Bouches-du-Rhin, je joue un rôle de porte-parole de la France Insoumise et donc
33:35je pense qu'on ne peut pas tout faire non plus et il faut aussi avoir la modestie de
33:39reconnaître qu'on ne peut pas occuper toutes les fonctions en même temps et il y a la
33:44France Insoumise à Marseille, un certain nombre de figures qui sont tout à fait capables,
33:49qui sont brillants et qui sont tout à fait en mesure de pouvoir porter le programme et
33:54les idées de la France Insoumise dans cette campagne des élections municipales.
33:56Et vous montrerez l'exemple de l'unité de la gauche à Marseille, c'est-à-dire que
33:59quoi qu'il arrive, vous pourrez repartir avec Benoît Payet ?
34:01Alors, c'est Benoît Payet, pardon, le maire de Marseille, mais je pense que nous on va
34:08d'abord porter une proposition politique avec des programmes et ensuite la discussion
34:12elle se fera sur les contenus programmatiques.
34:14Malheureusement, ce que j'observe pour l'instant, c'est que la volonté du maire de Marseille,
34:18c'est plutôt une volonté de laisser la France Insoumise sur le côté du rassemblement.
34:22Et pourtant, la France Insoumise, elle arrivait en deuxième position aux élections européennes
34:27à Marseille, elle arrivait très largement en tête de la gauche, on a deux députés
34:31qui ont été éludés le premier tour, donc je pense que les idées qu'on défend, elles
34:35doivent avoir leur place dans cette élection.
34:36Vous êtes prêt à y aller sans lui ?
34:37Voilà, après il y a plusieurs tours à une élection, mais je pense qu'il peut y avoir
34:40un chemin, une possibilité, une alternative, y compris parce que la liste du printemps
34:45marseillais a aussi, sur un certain nombre de points, des engagements de campagne qui
34:51n'ont pas été suivis d'effet, qui n'ont pas été respectés.
34:53Et comme je le disais tout à l'heure, je pense que pour mobiliser les Françaises et
34:56les Français, les électrices et les électeurs, il faut le faire sur la base d'une cohérence,
35:00d'une sincérité.
35:01Et en respectant les engagements qu'on a pris dans une campagne électorale, moi j'y
35:05tiens beaucoup.
35:06Je crois que c'est ça qui fait beaucoup de mal à la démocratie, à la France Insoumise,
35:08elle sera toujours de ce côté-là.
35:09Merci beaucoup, Julien Bonpart.
35:11Merci à vous.
35:12Merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission, à
35:17Christelle Benjamin pour sa préparation.
35:18Et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau rendez-vous de l'Interview à
35:22la Une.
35:23Bonne journée à tous.