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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Eric Lombard, ministre de l'Économie et des Finances.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bonjour M. Lombard, merci d'être avec nous ce matin.
00:03Bonjour, j'insiste, Humbert.
00:05Effectivement, je vous fais réagir à ce qui vient d'être dit et qui est un peu l'événement d'hier,
00:10Donald Trump qui menace de taxer le champagne à 200% et les vins européens, donc français.
00:15François Bayrou disait hier, on ne va pas se laisser faire, vous vous dites quoi ce matin ?
00:18Comme le Premier ministre, ce n'est pas une surprise.
00:22On sait que Trump, c'est un négociateur et que sa façon de négocier,
00:26c'est d'abord d'augmenter les tarifs, comme il dit, les droits de douane.
00:30Et dans ces cas-là, il faut qu'on se mette sur un pied d'égalité parce que c'est une négociation.
00:33Donc on va faire pareil.
00:35C'est une guerre idiote, comme toutes les guerres d'ailleurs.
00:38Mais si on veut pouvoir négocier avec lui, il faut qu'on se mette à armes égales.
00:41Donc on va aussi monter les tarifs.
00:43C'est une compétence de la Commission européenne.
00:45Évidemment, on parle à la Commission tous les jours.
00:47Et puis après, il faut qu'on discute avec les Américains pour refaire baisser et la tension et les tarifs.
00:53Et c'est ce à quoi nous nous employons.
00:55On va faire pareil.
00:56C'est-à-dire que vous aussi, puisque je rappelle l'objet du délit.
01:00Donald Trump n'est pas content que vous ayez taxé l'Europe à 50 % le whisky américain.
01:05Donc, lui, il dit 200 %.
01:07C'est œil pour œil, dent pour dent.
01:08Vous allez aller encore plus loin.
01:09On va être dans une phase d'escalade.
01:10Ils ont taxé à 25 % l'acier et l'aluminium européens.
01:14Nous avons répondu.
01:15Ils répondent à nouveau.
01:17Ça s'est passé comme ça il y a huit ans.
01:18En 2016, lors du premier mandat de Donald Trump.
01:21Ça s'est passé pareil.
01:22On a ajusté, évidemment, les listes.
01:23Mais enfin, elles étaient prêtes quelque part.
01:25Et puis après, on va discuter pour faire rebaisser la tension.
01:28J'ai parlé avec mon, non pas mon homologue,
01:31mais le secrétaire au commerce qui s'appelle Howard Leutnick.
01:34On a convenu qu'on n'était d'accord sur rien.
01:35Parce qu'il y a d'autres sujets dont on n'est pas…
01:37C'est un début.
01:38C'est un début de négociation.
01:39Voilà.
01:40Et on va être très attentifs, naturellement, à l'effet sur les filières exportatrices.
01:43Vous avez quand même un espoir que cette escalade,
01:46alors pour l'instant c'est verbal parce que les 200 % c'est une menace,
01:50n'ira pas jusqu'au bout et que vous allez trouver un terrain d'entente
01:53parce qu'on ne semble pas du tout voir ça pour l'instant.
01:55C'est une nécessité pour les deux côtés
01:55parce que les États-Unis, en faisant cela, se font mal.
01:58Donald Trump a reconnu que les États-Unis
02:01pourraient être cette année en récession,
02:02donc en baisse d'activité économique.
02:04Pour les États-Unis, ça c'est tout à fait inhabituel.
02:06Et quand vous regardez la bourse de New York,
02:08elle est en train de baisser.
02:09Alors que Trump avait été élu sur la promesse d'une augmentation
02:12de la richesse des Américains.
02:15Donc, il faut qu'on sorte de cette situation
02:17qui est en train d'être conduite avec le Canada,
02:19avec l'Europe.
02:20Mais c'est quand même en attendant une très mauvaise nouvelle
02:22ou une très mauvaise perspective pour les producteurs,
02:24pour toute la filière viticole française.
02:26Je rappelle qu'en 2024, celle-ci, aux États-Unis,
02:29a progressé de 5 % pour atteindre presque 4 milliards d'euros.
02:34Ils sont aujourd'hui catastrophés.
02:36Est-ce que l'État, le cas échéant, aimerait aider cette filière ?
02:39Nous serons également à l'écoute
02:40des conséquences économiques de cette situation.
02:42Surtout, on a envie qu'elle dure le moins longtemps possible.
02:45D'ailleurs, je retournerai aux États-Unis
02:48pour voir mes homologues dans les jours qui viennent.
02:50Il y a Laurence Amartin, qui est le ministre en charge.
02:52Il est très, très actif.
02:54Dans ce contexte, en tout cas, qui n'est pas optimiste
02:57pour cette partie de l'économie française,
03:00c'est dans ce contexte qu'on va avoir ce soir
03:02une information importante.
03:04C'est l'agence de notation Fitch.
03:06Ce n'est pas elle qui détermine la politique française
03:08et l'économie française,
03:09mais enfin, vous la regardez de près.
03:11On s'attend peut-être à une nouvelle dégradation
03:13de la note française,
03:14qui est aujourd'hui de AA moins avec perspective négative,
03:17je ne dis pas de bêtises.
03:18Est-ce que vous êtes, vous aussi, pessimiste,
03:20comme le sont de nombreux experts ?
03:21Alors, d'abord, c'est une des meilleures notes possibles.
03:23Je rappelle que la dette française
03:25est une dette de très bonne qualité.
03:27Mais comme je le dis souvent,
03:28dans la souveraineté, il y a les sujets de défense,
03:30on va en parler,
03:31il y a aussi les sujets financiers.
03:32Si on veut protéger notre souveraineté financière,
03:35il faut que nos comptes publics soient en ordre.
03:37Et ça, c'est une de mes missions.
03:39Et donc, c'est pour ça que nous avons une politique
03:41très résolue de réduction des déficits
03:43pour que la dette française,
03:45à un niveau très élevé, soit maintenue
03:47et puis ensuite se réduise.
03:49Donc, effectivement, l'agence de notation
03:51prendra sa décision.
03:52Et vous attendez à quoi, monsieur le ministre ?
03:54Nous soyons...
03:55Voilà, on est entre nous, là.
03:56Est-ce que vous êtes plutôt optimiste ?
03:57Nous faisons un effort extrêmement vigoureux.
03:59Et je pense que...
04:00J'espère que cet effort sera entendu
04:02par l'ensemble des observateurs.
04:04Y compris les agences de notation,
04:05on verra donc ce soir.
04:06Alors, donc, pour sauver l'économie,
04:08est-ce qu'il faut...
04:09Est-ce que l'économie de guerre,
04:10puisque c'est ce dont on parle aujourd'hui
04:12et c'est l'expression consacrée,
04:14peut aider ou sauver l'économie ?
04:16Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu,
04:19parlait dimanche dans une interview
04:20d'un effort qui devrait atteindre
04:22100 milliards d'euros
04:23pour le budget de la défense,
04:24pour le budget des armées,
04:26à l'horizon.
04:27Il ne veut pas, d'ailleurs, donner d'horizon.
04:28On est loin du budget actuel,
04:29qui est de la moitié
04:30et qui est, je crois,
04:31de 83 milliards pour 2030,
04:33dans les prévisions.
04:35Comment on arrive à 100 milliards ?
04:36On a déjà doublé ces dernières années
04:38à l'initiative du président de la République,
04:40depuis 2017,
04:41et on va continuer à monter.
04:42Moi, je préfère parler
04:43d'économie de paix,
04:44parce que, quelle est la situation ?
04:46Le monde, à l'évidence,
04:47devient plus dangereux.
04:48Le président de la République en a parlé.
04:50Il y a les menaces russes,
04:51qui sont parfois cyber,
04:53en Ukraine, évidemment,
04:54sont bien pires.
04:55Il y a d'autres menaces qui demeurent.
04:56Et ce qui se passe,
04:57on a bien vu l'attitude des États-Unis,
04:59dont le parapluie est incertain.
05:01Donc, il faut dépenser plus ?
05:03L'Union européenne,
05:04c'est un âge adulte,
05:05l'Union européenne doit se protéger
05:07et j'étais avec mes homologues européens,
05:09nous allons tamer un effort
05:11pour que l'autonomie stratégique de l'Europe
05:13soit garantie,
05:14c'est-à-dire pour garantir la paix
05:16pour les générations qui viennent.
05:17C'est ça notre objectif.
05:18Donc ça, ça coûte beaucoup d'argent,
05:19Monsieur le ministre de l'économie,
05:20comment on fait ?
05:21Ça va coûter plus d'argent,
05:22parce qu'en réalité,
05:23comme le dit le président,
05:25les dividendes de la paix,
05:27eh bien, en fait,
05:28on les a encaissés,
05:29mais maintenant,
05:30il faut se préparer
05:31à un monde plus dur.
05:32Donc, nous allons investir plus
05:33dans les années qui viennent,
05:34de façon méthodique,
05:35avec l'ensemble des partenaires européens,
05:37auxquels, d'ailleurs,
05:38les Britanniques vont se joindre.
05:40Voilà, on retrouve...
05:41Comment, Monsieur le ministre,
05:42comment en France, par exemple ?
05:43On entend beaucoup,
05:44depuis plusieurs jours,
05:45qu'on va mobiliser
05:46l'épargne des Français,
05:47et beaucoup de Français
05:48qui nous écoutent ce matin
05:49se demandent
05:50s'ils leur épargnent
05:51leur livret A,
05:52d'autres...
05:53Je veux rassurer les Français,
05:54ils feront ce qu'ils voudront
05:55de leur épargne.
05:56C'est-à-dire ?
05:57Comment ça va se passer ?
05:58Ça va se passer, d'abord,
05:59par une planification.
06:00On va travailler
06:01avec les ministres des armées
06:02des différents pays européens,
06:03à la façon
06:04dont on va s'organiser.
06:05Ça va se traduire
06:06par des commandes
06:07pour notre industrie,
06:08et moi, j'insiste toujours
06:09pour que cet argent européen
06:10aille vers
06:11l'industrie européenne.
06:12On achète trop,
06:13alors pas nous, les Français,
06:14mais les autres Européens,
06:15de matériel américain,
06:16qui, en plus,
06:17nous met sous une tutelle américaine.
06:18Donc, il faut que ça bénéficie
06:19à notre industrie.
06:20Pour ça, il faut qu'on développe
06:21notre industrie,
06:22et donc, nous avons
06:23des besoins de financement
06:24pour l'industrie.
06:25Comment ?
06:26Alors, encore une fois,
06:27est-ce que ça sera
06:28une incitation,
06:29une injonction,
06:30notamment aux banques,
06:31aux fonds d'investissement ?
06:32C'est une explication.
06:33La semaine prochaine,
06:34avec Sébastien Lecornu,
06:35le ministre des Armées,
06:36nous réunissons,
06:37en Bercy,
06:38les acteurs financiers
06:39et les acteurs industriels,
06:40et nous voulons convaincre
06:41les Français,
06:42qui le souhaitent
06:43et qui ont de l'épargne,
06:44d'investir
06:45dans notre économie
06:46de défense.
06:47Ce sera leur liberté,
06:48et moi,
06:49je demande
06:50aux grands réseaux
06:51bancaires,
06:52d'assurance,
06:53de conseil financier,
06:54de proposer aux Français
06:55des produits
06:56permettant de financer
06:57l'effort
06:58de défense,
06:59mais, encore une fois,
07:00ce sera la liberté
07:01des Français
07:02de faire ce qu'ils veulent
07:03de leur épargne.
07:04Dans cet effort collectif,
07:05je cite vos mots,
07:06il faudra sans doute
07:07travailler plus.
07:08Qu'est-ce que ça veut dire ?
07:09Est-ce que ce n'est pas
07:10le moment de parler
07:11de la réforme
07:12des retraites ?
07:13En gros,
07:14on reste à 64 ans au minimum.
07:15Est-ce que vous pouvez nous dire
07:16clairement les choses là-dessus ?
07:17On voit bien
07:18que la situation
07:19est très nouvelle
07:20et va nous imposer
07:21de réfléchir
07:22collectivement
07:23à notre modèle
07:24et
07:25pour intégrer
07:26les charges
07:27de la défense
07:28dans un budget
07:29déjà très contraint.
07:30Moi, je pense que
07:31la solution pour ça,
07:32c'est le dialogue.
07:33On va dialoguer
07:34avec la ministre
07:35des Comptes publics,
07:36Amélie de Montchalin.
07:37Mais est-ce qu'on peut
07:38revenir à 62 ans ?
07:39La question,
07:40elle est un peu simple.
07:41La première réponse à ça,
07:42c'est pour ça que je parle
07:43de travailler plus,
07:44déjà si les jeunes étaient
07:45plus dans l'emploi,
07:46ils le souhaitent.
07:47Si les seniors étaient
07:48plus dans l'emploi,
07:49on aurait résolu
07:50une bonne partie
07:51de nos questions de déficit.
07:52Les autres solutions
07:53relèvent du dialogue
07:54avec les partenaires sociaux,
07:55avec les entreprises,
07:56avec les Français
07:57et dans la préparation
07:58du budget 2026
07:59parce que c'est surtout
08:00à partir de 2026
08:01que cet effort supplémentaire
08:02va être proposé.
08:03Ce dialogue va permettre
08:04de trouver des solutions
08:05partagées parce qu'à la fin,
08:06on parle.
08:07Mais votre idée à vous,
08:08ce n'est pas de rebaisser
08:09l'âge de la retraite ?
08:10C'est les partenaires sociaux
08:11qui s'en occupent.
08:12Il y a des réunions,
08:13je les rencontre régulièrement,
08:14ils travaillent,
08:15ils avancent.
08:16Je leur fais confiance.
08:17C'est à eux d'apporter
08:18les idées.
08:19Moi, mon idée,
08:20c'est de les écouter
08:21et d'intégrer
08:22ce qu'ils veulent.
08:23On vous a entendu
08:24ce matin,
08:25cette écoute
08:26et puis le reste
08:27des informations
08:28que vous nous avez donné
08:29ce matin.
08:30Merci beaucoup,
08:32Merci à vous.
08:33Merci à vous.