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Les grands industriels de l'armement ainsi que les représentants de 4.000 PME du secteur ont rendez-vous ce vendredi avec Emmanuel Macron. Dans la lignée des annonces de ces dernières semaines, le chef de l'Etat entend les préparer au défi de monter en puissance dans l'économie de guerre.

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00:00Avec nous pour en parler Gaëtan Mélin, chef du service économie de BFM TV, Michel Calvirol, bonjour, rédacteur en chef de la rubrique Industrie et services à la Tribune,
00:12et Alain Dulac est également avec nous, PDG de Factem, leader en équipement électro-acoustique. Il y a une réunion aujourd'hui, Emmanuel Macron réunit les industriels de la défense
00:22avec une double injonction, Gaëtan, produire davantage et encore plus vite. Réunion avec qui d'ailleurs ?
00:27Avec tous les dirigeants des principales entreprises de défense en France, que ce soit Thalès, Safran, Dassault, MBDA et bien d'autres encore, Airbus, Naval Group.
00:37L'objectif c'est tout simplement de faire le point sur leur capacité de production actuelle et surtout sur la possibilité de monter en production à quel rythme et surtout à quel prix.
00:49Bien évidemment, tous ces sujets ont de l'importance, ça nécessite des investissements, ça nécessite des embauches et l'objectif c'est aussi d'apporter des garanties à tous ces industriels
01:01parce qu'encore une fois, on va partir sur une période de long terme et non pas de court terme, ce ne sont pas des investissements pour les 5 prochaines années mais bien pour les 25-30 prochaines années
01:13et tout ceci va permettre de voir où on en est aujourd'hui en France.
01:18Vous croyez qu'Abirol, ça va être un changement de paradigme à l'échelle de ce qu'est en train de faire l'Allemagne dans son virage stratégique ?
01:24Ce n'est peut-être pas un changement de paradigme mais en tout cas, elle va monter en puissance cette industrie de l'armement.
01:30La France a vraiment une industrie de l'armement très performante par rapport à tout ce qu'on peut en voir dans le monde entier sauf qu'aujourd'hui, cette industrie de défense est dimensionnée pour le temps de paix.
01:43Elle est encore dimensionnée pour le temps de paix donc aujourd'hui, il faut qu'elle monte en cadence.
01:47Il faut des recrutements, il faut des investissements en infrastructures industrielles, il faut des investissements en technologie.
01:55Tout cela ne se fait pas en un claquement de doigts.
01:58Le paradigme va arriver au fur et à mesure et donc, on ne va pas claquer des doigts pour justement faire cette économie monter en puissance pour aider soit l'Ukraine, soit ce réarmé.
02:10C'est vraiment une des problématiques principales et crucielles de l'industrie de défense aujourd'hui française.
02:16Il y a une question de volume, une question de technologie aussi. On sait tout faire aujourd'hui en France ou alors est-ce qu'il y a des choses qu'on est obligé d'importer ?
02:21Très certainement, on sait tout faire ou à peu près.
02:24Je veux dire, c'est une réponse au moment mais on sait faire un avion de A à Z, les avions rafales d'assaut d'aviation, on sait faire de A à Z.
02:34On sait faire des bâtiments de guerre, un porte-avions, des frégates de premier rang, des patrouilleurs, tout cela, on sait faire.
02:42Après, sur des systèmes un peu plus compliqués, échantillonnaires, on achète aux Etats-Unis.
02:48Par exemple, je vais vous donner un exemple, c'est l'avion de détection AWACS, il vient des Etats-Unis.
02:54On saurait faire mais les séries sont trop petites pour que la France se lance. Ce serait trop cher pour que la France se lance.
03:02Sur les drones, on n'était pas très bons quand même.
03:04On n'était pas très bons mais on sait faire en fait, technologie bien. Je veux dire, l'industrie française sait faire.
03:08Après, les drones, c'est une longue histoire. C'est une longue histoire politique.
03:14Il y a eu beaucoup d'aléas, de retours. C'est une histoire de leadership industriel où les industriels Airbus, Thales, Dassault sont un peu disputés.
03:25Donc, on n'y est jamais arrivé mais on a technologiquement toutes les capacités à faire des drones, surtout que c'est un système assez...
03:32Sauf qu'en temps de paix, on a choisi de s'en remettre à d'autres fabricants que nous-mêmes.
03:36Et c'est ce qui crée des dépendances dont peut-être il faut se défaire aujourd'hui en fait, non ?
03:41Oui. Petit à petit, effectivement, la France et en tout cas l'industrie de l'armement via le ministère des armées se désensibilise de plus en plus à cette dépendance qu'elle soit,
03:54notamment américaine. On ne va pas se le cacher. C'est des dépendances américaines.
03:59Donc, effectivement, il faut petit à petit se désensibiliser mais on ne pourra pas se désensibiliser à 100%. Ça, ce n'est pas possible.
04:06J'ai un exemple. Vous avez un missile RR qui s'appelle le Météor qui est fabriqué par CPI. Il y a beaucoup de composants américains.
04:15Donc, si vous voulez exporter ce missile, il faut avoir l'autorisation des États-Unis.
04:20Et pourtant, c'est un missile qui est performant et disruptif par rapport à toute la panoplie.
04:27Jacques, on a cité Dassault, on a cité Thalès, mais la défense, c'est aussi énormément de PME, 4000. Qu'est-ce que fabrique votre entreprise Factem ?
04:38Oui, bonjour. Alors nous, on fabrique chez Factem des accessoires électro-acoustiques. On est accessoriste des grands donneurs d'ordre que vous avez cités précédemment.
04:50Aujourd'hui, ça a été dit, l'industrie de défense, c'est une industrie du temps long. Et nous, pour produire, pour être capable de monter en puissance,
05:00en fait, on a besoin de trois choses. On a besoin d'avoir un outil de production qui soit opérationnel et pour ça, c'est un besoin de financement.
05:08On sait qu'aujourd'hui, il y a un paradoxe entre les exigences d'ESG des établissements financiers et cette volonté de monter en puissance et de financer l'industrie de défense.
05:22On a besoin de ressources humaines. Les ressources humaines, c'est un besoin de formation, de recrutement. Et puis, on a besoin de matériaux ou de composants.
05:31Et donc ça, c'est toute la problématique de la supply chain qui a été évoquée précédemment et donc de notre capacité à être souverain sur nos approvisionnements et sur la sécurisation de ces approvisionnements.
05:43La montée en cadence que va vous réclamer aujourd'hui Emmanuel Macron, elle va impliquer des problèmes, vous le dites, d'approvisionnement, de recrutement aussi ?
05:53Tout à fait. C'était mon deuxième point. C'est les ressources humaines, donc de formation et de recrutement. Et en fait, aujourd'hui, la BITD, les PME de la BITD,
06:04on est prêts, je dirais, à monter en puissance à condition d'avoir de la visibilité. Et pour nous, la visibilité, c'est des commandes. Si on a des commandes,
06:12aujourd'hui, on sera en mesure d'aller chercher des financements pour faire grossir notre outil de production, de faire l'effort de recruter en ayant des perspectives pour ces nouveaux collaborateurs.
06:29Et puis également de déclencher des approvisionnements, des approvisionnements longs, de façon à sécuriser nos approvisionnements, notre production et de pouvoir sécuriser les livraisons chez nos fournisseurs.
06:39Donc vraiment, aujourd'hui, ce qui nous manque, ce qui nous manque et ce qui est vital pour nous pour pouvoir avancer, c'est de la visibilité et donc des commandes.
06:47Gaëtan, ça, c'est une surprise ?
06:49Oui, parce que jusqu'à présent, le ministre de l'Économie s'était refusé à mettre en place un livret d'épargne dédié à la défense, préférant cibler l'assurance-vie et surtout,
07:01en laissant les gestionnaires de fonds flécher l'argent vers ces secteurs d'activité sans pour autant demander aux Français de choisir ce secteur de la défense.
07:12Alors que là, c'est la piste qui semble privilégiée, en fait.
07:14Effectivement, il est assez flou. Il dit tout simplement que ça va être aux établissements bancaires de proposer des solutions aux Français pour les insister à investir dans la défense.
07:24On ne sait pas encore véritablement s'il fait allusion à de nouveaux produits d'épargne, s'il veut les encourager. En tout cas, encore une fois, tout ceci mérite d'être un peu éclairci.
07:36On va voir dans les prochains jours puisqu'effectivement, le ministre de l'Économie réunit tous ses acteurs le 20 mars à Bercy pour faire justement le point sur les besoins de cette industrie de la défense et puis ce qu'on peut mettre sur la table.
07:48Merci à tous les quatre d'avoir été avec nous pour nous expliquer ça.

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