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Valérie Tartereau, mère de Charly, un jeune Français mort sur le front en Ukraine, était l'invitée du Forum de BFMTV. L'auxiliaire de puériculture de 55 ans s'est exprimée sur la guerre en Ukraine et l'envoi de troupes françaises sur le front.

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Transcription
00:00Charlie, pendant deux ans qu'il a été en Ukraine, je l'avais tous les jours en WhatsApp,
00:04enfin quand il n'était pas sur le front, en fait il partait 3-4 jours et il avait 3-4 jours de repos.
00:11Et quand il était sur le front, évidemment, je lui disais, connecte-toi seulement et comme ça moi je sais au moins que t'es en vie et c'était notre petit truc à nous.
00:20Et dès qu'il était de repos, on s'appelait tous les jours en WhatsApp.
00:26Je n'ai jamais vu mon fils aussi heureux qu'en Ukraine.
00:29C'est affreux de dire que mon fils était soldat en Ukraine et qu'il faisait la guerre, mais il était heureux.
00:36Il se sentait utile, il aidait les gens, même ses jours de repos, il faisait de l'humanitaire, il allait donner à manger aux enfants, il allait donner des couvertures l'hiver.
00:49Je me rappelle même qu'une fois il avait fait récupérer des croquettes pour les chiens errants, enfin il faisait que ça, c'était quelqu'un de formidable et il avait un cœur gros comme ça.
01:00Et il adorait surtout l'Ukraine et les Ukrainiens.
01:03Et c'est pour ça qu'au début, quand on m'a annoncé, j'ai su que mon fils avait disparu le 1er juillet et que dès le 2, le 3, je me disais mais c'est pas possible.
01:13Et j'ai attendu pendant presque 8 mois. Pendant 8 mois, je n'ai pas eu de nouvelles.
01:20Et ça, je crois que c'était pire que tout.
01:25– Comment vous avez compris qu'il était arrivé ?
01:28– Comment j'ai compris ?
01:29Quand Jérémy Paire, un journaliste de BFM, est parti enquêter là-bas, c'est lui qui m'a apporté la réponse.
01:35Parce que lui-même a enquêté et on a su ce qui était réellement passé.
01:40Apparemment, mon fils est décédé le 1er juillet, des soldats…
01:45– 1er juillet 2024.
01:46– Oui 2024, excusez-moi, il est resté deux ans.
01:49Des soldats russes s'étaient déguisés en soldats ukrainiens.
01:53C'est pour ça que quand tout à l'heure, on parlait de la langue, le russe et l'ukrainien,
01:59ils arrivent quand même à se comprendre puisque là, ils se sont fait avoir…
02:03En fait, c'est un accent apparemment qui fait la différence.
02:09– C'est deux langues différentes.
02:10– Oui, c'est deux langues différentes, ils se comprennent.
02:12– Visiblement, les soldats russes avaient appris des mots d'ukrainiens
02:15pour se faire passer pour ukrainiens.
02:17– Et puis ils s'étaient déguisés aussi en soldats ukrainiens.
02:20Et c'était le moment de la relève.
02:22Ça faisait le 4ème jour qu'ils étaient en place, donc c'était le moment de leur relève.
02:25Donc ils attendaient leur relève et ils étaient certainement très fatigués aussi.
02:30Donc ils se sont moins méfiés et moi mon fils, il s'est réfugié dans une cave
02:36avec un ami à lui, un soldat, et ils l'ont fait sauter à la grenade, voilà.
02:43– Vous voyez la photo de Dorota ?
02:45– Oui, Dorota, c'est son amoureuse.
02:47– Sa compagne.
02:48– Oui, vous voyez là-bas, il avait tout rencontré, même l'amour.
02:51Et elle était infirmière, enfin elle est infirmière, elle est toujours en Ukraine.
02:55Et ils se sont rencontrés, ils se sont aimés, voilà, beaucoup aimés.
03:00Ils se sont même fiancés.
03:02– Quelle leçon il nous donne, notre fils ?
03:04– Ah oui, il me donne une leçon énorme, une leçon de courage.
03:10Et il m'avait toujours dit, tu sais maman, je le fais aussi pour la liberté de notre pays.
03:16Parce qu'il savait, excusez-moi je tremble, il m'avait dit qu'il se battait pour l'Ukraine,
03:21tout ça, mais qu'il se battait aussi pour l'Europe,
03:23parce que les Russes ne se contenteraient pas de l'Ukraine.
03:27– Il avait cette conscience-là, il avait ça en tête.
03:29– Ah oui, depuis le début, oui.
03:32Et la liberté, il m'a dit, il n'y a rien de plus que la liberté d'un pays,
03:41et de se sentir en sécurité.
03:44J'ai peur, j'ai perdu mon fils, vous voyez,
03:48mon fils est parti pour la bonne cause,
03:51et je sais que moi j'ai peur pour la France, la France et l'Europe.
03:55– Qu'est-ce qui vous fait peur aujourd'hui ?
03:58Vous avez la même crainte que lui ?
04:00Que ce qui se passe en Ukraine, ça puisse déborder les frontières ?
04:04– Après, ce que je veux dire, c'est que dans toutes les guerres,
04:06il y a des atrocités, il y a des choses horribles qui se passent.
04:09Mais mon fils m'a rapporté des choses que je ne rapporterai pas ce soir,
04:13parce que ce n'est pas à moi de le faire.
04:15Mais ce n'est pas une guerre normale.
04:20– C'est-à-dire ?
04:21– Je n'en dirai pas plus, mais il y a des choses qui…
04:25Quand des militaires s'affrontent et que des militaires se tuent,
04:28bon, c'est la guerre, c'est comme ça, malheureusement.
04:31Mais on ne s'en prend pas aux femmes, aux enfants, aux innocents,
04:34et il a vu trop de choses, trop de choses horribles,
04:36et ça c'était quelque chose…
04:38Moi au début, il m'a dit, à un moment, j'avais perdu le sommeil.
04:42Je me disais, mais bon, ça malheureusement, c'est dans toutes les guerres.
04:45Peut-être que de l'autre côté, l'Ukrainien aussi, quand il capture des Russes,
04:49mais ce sont des soldats, il ne capture pas des civils.
04:53– Vous, votre fils, on le voyait sur les images,
04:54il est littéralement allé en première ligne.
04:56– Ah oui, mais moi il était en première ligne.
05:00– Il y avait 400 mètres entre les Russes et nous.
05:02Il était vraiment la première ligne.
05:04– Et c'était son choix.
05:06– Et quand vous voyez qu'on se pose la question de savoir
05:08si à un moment donné, il faudrait éventuellement envoyer des troupes européennes,
05:14françaises ou autres, pour aller faire respecter la paix.
05:19Vous qui avez perdu votre fils sur cette ligne de combat, sur ce front-là.
05:22– Je ne voudrais pas que d'autres mamans perdent leurs enfants pour…
05:27Enfin je veux dire, voilà, moi c'était le choix de mon fils,
05:29je n'ai pas à parler au nom des autres,
05:32mais j'espère qu'on n'aura pas à envoyer des troupes françaises là-bas.
05:38Non, ni là-bas, ni nulle part ailleurs d'ailleurs.
05:42J'espère qu'on va quand même réussir,
05:44enfin que nos hommes politiques vont quand même…
05:49Je ne sais pas, mais j'ai peur, j'ai peur en l'avenir, ouais, voilà.
05:54– Vous avez, tout à l'heure vous leviez la main,
05:57qu'est-ce qui vous faisait réagir dans tout ce qui était dit dans ce forum ?
06:00– Je ne me rappelle même plus, parce que là du coup avec l'émotion, tout ça,
06:03mais c'était surtout…
06:06Je crois que c'est quand on parlait qu'il y avait aussi…
06:12Je crois que c'est le Monsieur le Général,
06:15qu'il faut, quand on a envie, que des gens ont besoin de s'engager,
06:20qu'il faut les pousser pour s'engager, parce qu'on a besoin de militaires.
06:24Ben moi, je croyais que le mien il s'est battu pour rentrer dans l'armée française,
06:27et on n'en a pas voulu, pour une visite médicale,
06:30pour une fissure au niveau du tympan, ça ne l'a pas empêché de faire la guerre en Ukraine,
06:34croyez-moi, en plus il était en première ligne.
06:36– Je peux vous témoigner madame, qu'il a mérité sa place dans le cœur des soldats français.
06:40– C'est très gentil, mais je trouve que c'est dommage que la France,
06:43des fois, passe à côté de super bons soldats comme était mon fils,
06:47mais je vous remercie.

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