Dans cette émission, Danielle Moreau perce les clés pour bien vieillir. Cette semaine, elle part à la rencontre de Macha Méril qui va nous dévoiler le secret pour rester en forme.
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00:00Bonjour, je m'appelle Macha Meryl, j'ai 84 ans et ma vie commence.
00:17Bonjour, bienvenue dans Vieillir Heureux.
00:20Et vous l'avez vu avec Macha, ça va être une grande bouffée d'optimistes.
00:24Et Macha, bonjour et merci de me recevoir au Domaine de la Motte.
00:27Et nous sommes dans une pièce chargée d'histoire, d'histoire musicale,
00:31puisque c'est là que Michel Legrand composait, travaillait.
00:34Absolument, j'ai hérité de cette maison et je m'en occupe autant que possible.
00:39C'est là que nous faisons le prix Michel Legrand.
00:41Et dans cette pièce, c'est là qu'il travaillait, qu'il composait.
00:44D'ailleurs, j'ai tout laissé exactement dans l'état où il l'a laissé quand il l'a quitté.
00:49Et il aimait beaucoup le feu de cheminée.
00:51Et aussi ce canapé sur lequel il faisait quelques fois des siestes très profitables.
00:56Bon, Macha, je crois qu'on ne va pas faire genre on se tutoie, d'accord ?
01:00J'en connais depuis combien ? 40, 50 ?
01:03Non, mais c'est vrai que je te demandais des autographes quand j'étais toute jeune.
01:08J'étais fan.
01:10D'ailleurs, c'est à cause de toi que j'ai accepté de faire cette émission,
01:13parce qu'on me demande souvent cette question-là.
01:16Parce que c'est vrai que les gens m'arrêtent dans la rue pour me demander
01:19comment je fais pour vieillir comme ça.
01:21Et je ne peux pas répondre rapidement à toi.
01:24Je peux prendre le temps de répondre.
01:26Et je vous remercie, Top Santé, de faire cette émission,
01:28parce que je pense que c'est un très grand sujet.
01:30Eh oui. Et alors on parlait donc de Michel Legrand.
01:33Et on connaît évidemment cette belle histoire, cette rencontre en 1964.
01:36Ça fait 60 ans cette année à Rio.
01:39Et puis ces retrouvailles 50 ans après, c'était des...
01:43On connaît les vendanges tardives, le vin.
01:45C'était un amour tardif, des amours tardives.
01:49Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit, ah, quel dommage,
01:51vous auriez pu vivre ensemble davantage.
01:53Et finalement, non.
01:55Parce que nous nous sommes offerts nos vies l'un à l'autre.
01:59Les vies que nous avions vécues.
02:01Vous arriviez chargées en fait de...
02:03Exactement. Et on a pu vivre quelque chose de tout à fait exceptionnel,
02:06justement parce que nous n'étions pas jeunes.
02:08Et que quand on était jeunes, comme tout le monde,
02:11on est débordé. Il faut faire sa carrière,
02:13il faut réussir sa vie sentimentale,
02:15il faut avoir une vie de famille ou pas.
02:17Il faut plaire à la société.
02:19Il faut faire plein de choses.
02:21Parfois, on est un peu brouillon, on va dans tous les sens.
02:23À un certain moment de la vie, c'est de ça que nous allons parler.
02:26On choisit.
02:28Et je pense que de se choisir...
02:31Alors attention, moi je pense que
02:33un grand amour, c'est un immense boulot.
02:36Parce qu'il faut s'y donner corps et âme.
02:39C'est-à-dire qu'il ne faut rien faire d'autre.
02:41Et donc c'est ce que nous avons fait, Michel et moi.
02:43Et c'est pour ça que ça a été si sensationnel,
02:45parce que nous étions heureux,
02:48parce que c'était unique.
02:50On n'avait jamais fait ça.
02:52Ni lui, ni moi.
02:54Et donc je peux dire que ça a été un grand amour
02:57quand je l'ai connu il y a 60 ans,
02:59mais que c'était vraiment un grand amour.
03:01Alors, je veux vous parler de la vieillesse.
03:04C'est très sérieux la vieillesse.
03:06Parce qu'il ne faut pas la louper.
03:09Attention, il y a beaucoup de façons de vivre sa vieillesse.
03:13Si on ne jouit pas
03:17de ce moment extraordinaire qui est une aventure.
03:20Parce qu'on n'est pas les mêmes au cours de sa vie.
03:23Et quand on arrive à un certain âge, moi j'ai 84,
03:25mais ça fait déjà une bonne dizaine d'années que je pense ça,
03:28je suis à un moment d'apothéose.
03:32Je suis au meilleur de moi-même.
03:34Je fais des choix, je ne perds pas de temps,
03:36je ne me laisse pas distraire,
03:38je me débarrasse des gens antipathiques,
03:40des gens qui ne m'aiment pas.
03:42Je ne m'entoure que de choses qui me plaisent
03:44et qui sont le fruit de toute ma vie.
03:47C'est-à-dire de tous mes choix,
03:49de tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant.
03:51Et ça, c'est un capital énorme.
03:53Donc il faut se rendre compte que la vieillesse,
03:56c'est une richesse.
03:58Alors évidemment, il faut être un peu en forme.
04:00Mais même ça,
04:02et je pense qu'on va en parler à propos de l'infantation,
04:05c'est que même la santé, on se la fait.
04:07On la fabrique.
04:09On peut devenir un vieux formidable
04:12ou un vieux grincheux et désagréable
04:14si on ne l'affronte pas dans les bonnes manières.
04:17Alors, les bonnes manières, c'est quoi ?
04:20C'est s'aimer soi-même.
04:22Il faut avoir un peu d'indulgence.
04:24Il faut se dire, écoute,
04:26ce n'est pas si mal ce que tu as fait jusqu'à maintenant.
04:28Déjà, on a vécu longtemps avec soi-même,
04:30donc il faut en s'y habituer un peu.
04:32On se connaît, on connaît très bien les petites faiblesses,
04:34les choses qu'on n'a pas bien faites,
04:36les choses qu'on a loupées, on le sait aussi.
04:38Donc c'est le moment de la totale
04:41réparation.
04:43On répare toutes les failles,
04:45toutes les choses qui n'ont pas marché.
04:47Et puis surtout,
04:49il y a un réel plaisir,
04:51parce que ce n'est pas du tout ce qu'on nous a dit.
04:53On nous a raconté
04:55que la vieillesse, c'était la sagesse.
04:57Tu parles !
04:59Moi, je suis beaucoup plus audacieuse maintenant
05:01que quand j'avais 30 ans,
05:03parce que je tente des choses importantes.
05:05Michel me le disait tout le temps.
05:07Il faut faire des choses de plus en plus difficiles,
05:09de plus en plus grandes,
05:11de plus en plus ambitieuses.
05:13Ça, c'est la vieillesse,
05:15parce qu'il faut arriver à un moment où,
05:17ensuite, deuxième chose très importante,
05:19non seulement il faut s'aimer,
05:21mais il faut s'entourer de gens qui t'aiment.
05:23Il faut faire du tri ?
05:25Quand on s'est mariés,
05:27on a confronté nos deux carnets.
05:29Il y avait 2000 personnes chez lui
05:31et 2000 chez moi.
05:33Et on s'est dit, qui on invite ?
05:35On ne peut pas inviter tout le monde.
05:37Il y a des gens qui nous aiment.
05:39Ça fait vite la sélection.
05:41Ça se réduit énormément tout de suite.
05:43Ces deux choses-là...
05:45J'étais invitée, donc je suis quand même super flattée.
05:47C'est pour ça que tu es là, ma chérie,
05:49parce que tu fais partie des rapistes.
05:51Je suis sur la shortlist.
05:53Je prends la vieillesse, moi,
05:55comme un moment d'exception,
05:57comme un moment
05:59très, très gratifiant.
06:01Je suis bien plus intelligente
06:03que quand j'avais 20 ans,
06:05comme c'est difficile,
06:07comme on est inquiet.
06:09Je suis contente d'en être sortie.
06:11Je ne devais pas avoir 20 ans.
06:13C'est les 60 premières années les plus dures.
06:15Bien sûr, c'est vrai.
06:17Là, justement, je profite de la vie,
06:19je jouis de la vie,
06:21mais je n'ai pas d'inquiétude
06:23sur le fait que de temps en temps,
06:25j'ai besoin de me reposer un peu,
06:27une petite sieste ici.
06:29Je peux finalement courir,
06:31je marche beaucoup, mais je ne peux pas courir
06:33parce qu'il y a un bout qui est foutu.
06:35On a tous des bobos,
06:37mais je ne m'en occupe pas.
06:39Je ne m'occupe que de ce qui est
06:41profitable,
06:43de ce qui va me
06:45grandir,
06:47mais pas grandir au sens matériel,
06:49mais au sens
06:51que je deviens une personne
06:53de plus en plus intéressante.
06:55C'est pour ça que tu m'interviewes, d'ailleurs.
06:57Je sais que j'ai des trésors
06:59en moi et qui sont ma vieillesse.
07:01Évidemment,
07:03je suis peut-être
07:05un cas
07:07particulièrement réussi,
07:09mais je pense qu'on se fabrique
07:11un personnage quand on est
07:13plus âgé qui est une surprise
07:15pour nous-mêmes. Par exemple,
07:17je ne savais pas à quel point j'étais philosophe.
07:19Je suis devenue très philosophe avec le temps.
07:21C'est de la sagesse. Je reviens à l'histoire
07:23avec Michel Legrand parce qu'en fait,
07:25au bout de 50 ans,
07:27il y a eu quelque chose
07:29à nouveau, mais tu lui as quand même fait passer
07:31un test ici, justement.
07:33On va parler un petit peu d'un sujet
07:35un peu tabou, la sexualité. Non, non, ce n'est pas tabou du tout,
07:37alors pas avec moi. Tu avais besoin de savoir
07:39si ça allait matcher vraiment,
07:41c'est ça ? Alors là aussi,
07:43on en dit des
07:45bêtises sur la sexualité
07:47des gens âgés
07:49parce que ça ne s'arrête pas.
07:51Ça se transforme un peu.
07:53Ça se transforme un peu.
07:55On apprécie des choses.
07:57Il y a de la sexualité dans tout.
07:59Dans la nourriture,
08:01dans la beauté, dans le
08:03soleil, dans le
08:05toucher, parce que le toucher est
08:07un des sens
08:09qui est le plus atrophié chez les humains.
08:11Le goût et le toucher.
08:13Mais étrangement,
08:15avec l'âge, ça se
08:17développe. On était très tactiles,
08:19Michel et moi,
08:21et puis la sexualité proprement dite,
08:23c'est merveilleux parce que
08:25c'est quand même une sorte
08:27de dépassement, d'extase.
08:29On va au bout de quelque
08:31chose. C'est ça le
08:33propre de la sexualité. Mais
08:35quand on est plus âgé, c'est encore
08:37plus. Parce qu'il y a ces
08:39pudeurs. Moi, je l'avais eu la première
08:41fois qu'on a dormi ensemble. Je me suis dit
08:43oh là là. Alors, c'est pas
08:45que j'ai honte de mon corps, mais
08:47je ne suis plus une jeune fille de
08:4920 ans. Eh bien, ça lui a plu.
08:51C'est ça qu'il a
08:53plu. Il a aimé ma pudeur.
08:55Il a aimé aussi mon courage. Parce que
08:57quand on a décidé, on a décidé. Puis on a compris
08:59que c'était merveilleux,
09:01évidemment. Et c'est
09:03plus compliqué pour les hommes que pour les femmes parce que
09:05cette question de l'érection, ça leur tape
09:07sur le système.
09:09Et ils ont raison parce que
09:11c'est vrai que c'est une grande partie
09:13de la sexualité pour les hommes. Ils veulent nous
09:15poignarder avec leur sexe.
09:17Eh bien non. C'était autre
09:19chose. C'était dans la douceur,
09:21dans la compréhension,
09:23dans l'entente et alors aussi
09:25le rire.
09:27Moi, je suis une adepte du rire.
09:29Toute ma vie, j'ai fait 33 ans
09:31les grosses têtes avec Philippe Bouvard.
09:33Et je pense que par
09:35le rire, par l'ironie...
09:37L'ironie sur la vie
09:39et sur les choses, des anomalies
09:41qui nous entourent parce que le monde est bizarre
09:43quand même en ce moment surtout. Franchement,
09:45on ne sait pas où ça va. Mais dans rire...
09:47Il y a quelque chose que tu n'aimes pas
09:49et qu'on te dit, c'est que tu ne fais pas tes 80 ans
09:51parce que tu es très fière de tes 80 ans
09:53et tu dis que c'est comme tu es une femme.
09:55Je n'ai jamais rien fait. Regarde les gros plans.
09:57J'ai beau regarder sous toutes les coutures,
09:59il n'y en a pas des coutures. Je ne veux pas.
10:01Je veux garder ma gueule. Je veux voir mon visage vieillir.
10:03Mes rides m'intéressent.
10:05Et puis alors surtout,
10:07moi je vois que ce n'est pas très réussi
10:09sur les autres. Quand je vois tout ce qu'elles se fabriquent
10:11sur leur gueule...
10:13Première chose, je ne me touche pas
10:15et je le jure, je n'ai jamais rien fait.
10:17Deuxièmement,
10:19je fais attention quand même.
10:21Je mange bien,
10:23je dors bien
10:25et je crois qu'on peut
10:27s'aimer.
10:29Quand je me regarde dans la glace, je ne me dis pas
10:31que tu es moche, que tu es vieille.
10:33Je me dis que c'est intéressant.
10:35Tu ressembles de plus en plus
10:37à ta mère.
10:39Le premier regard, c'est le sien
10:41et il faut s'aimer.
10:43Je pense qu'on va aller dans un endroit
10:45où tu vas me livrer quelques secrets
10:47de cette ligne de jeunes filles
10:49et de ta forme, c'est la piscine.
10:51On va aller faire un petit peu de sport.
10:53C'est un cadeau pour toi.
10:55C'est un endroit privé, on va avoir plein de petits trucs.
10:57On se retrouve à la piscine.
11:03On est dans un lieu stratégique pour le bien-être.
11:05Encore un secret de forme,
11:07le sport évidemment.
11:09Moi je suis comme Churchill,
11:11je déteste le sport.
11:13Je trouve que c'est très ennuyeux,
11:15le sport.
11:17Ça, ce n'est pas ennuyeux.
11:19Nager, c'est entrer dans un autre état.
11:21C'est mon endroit où je me transforme,
11:23où je deviens un poisson,
11:25je deviens une âme,
11:27je deviens quelque chose qui est allié
11:29avec l'eau.
11:31Je trouve que dans le sport,
11:33il y a un esprit de compétition que j'ai toujours détesté.
11:35C'est toujours qu'il faut battre l'autre.
11:37Il faut être le meilleur,
11:39il faut battre notre champion,
11:41il faut faire des points au golf.
11:43J'ai toujours détesté
11:45cet esprit très machiste du sport.
11:47Tandis que la natation,
11:49c'est pour soi, c'est tout seul.
11:51Et moi, je n'ai pas besoin de battre
11:53Léon Marchand, tu comprends ?
11:55Je fais des choses très agréables
11:57que je vais d'ailleurs te montrer.
11:59Ce n'est pas vrai.
12:01Quel courage !
12:03Je suis spectatrice.
12:05Je suis spectatrice.
12:07Non mais ce n'est pas vrai, machin !
12:11Ah non, mais pas ça !
12:15Tu le fais ?
12:17Oui, mais...
12:19Incroyable !
12:21Bravo !
12:23Elle l'a fait !
12:25Elle l'a fait !
12:27C'est incroyable !
12:29Quelle plongeante !
12:31C'est où les JO les prochains ?
12:33Je ne sais plus, mais je t'inscris.
12:35Je te laisse faire des longueurs, machin.
12:37Et comme on dit, après l'effort,
12:39après le réconfort,
12:41on se retrouve à la cuisine !
12:47On est dans une pièce très importante
12:49de la maison.
12:51Pour vous, c'est la cuisine.
12:53Vous avez écrit 5 livres de cuisine.
12:55L'alimentation, c'est primordial.
12:57Vous allez d'ailleurs faire un livre
12:59sur les règles d'or de l'alimentation.
13:01Ces livres, je devrais les réécrire.
13:03S'il y a une chose qui bouge,
13:05qui change, c'est la façon de se nourrir.
13:07Ce sont les règles que je vais vous énoncer.
13:09Je vous ai fait aujourd'hui
13:11un menu qui est très français.
13:13C'est du poulet à l'estragon
13:15avec de la crème fraîche.
13:17Voilà ce que je veux dire.
13:19La première chose
13:21qu'il faut supprimer,
13:23c'est le sel.
13:25Le sel et le sucre.
13:27Il y a du sucre partout.
13:29Le sucre caché.
13:31Le sel, on s'en passe très bien.
13:33Il faut peut-être en mettre
13:35un petit peu dans l'eau des pâtes,
13:37mais pas trop.
13:39Le sel fixe l'eau dans les tissus
13:41et on gonfle, on grossit.
13:43En plus, c'est très mauvais
13:45pour tout, pour le cœur, pour tout.
13:47Le sucre, kiff, kiff.
13:49C'est vrai qu'en vieillissant,
13:51beaucoup de personnes
13:53qui vieillissent aiment bien
13:55les gâteaux.
13:57Et l'autre chose très importante,
13:59c'est le contraire de tout ce qu'on nous dit,
14:01il faut bien manger
14:03le soir,
14:05très peu au petit déjeuner,
14:07et une petite assiette de salade
14:09à midi.
14:11Parce qu'on fait exactement le contraire,
14:13on t'explique qu'il faut,
14:15l'heure du déjeuner est une aberration
14:17de la société française
14:19et qui est complètement
14:2119e siècle.
14:23Aujourd'hui, on n'a pas besoin de déjeuner.
14:25Parce que pour travailler et pour être
14:27complètement en forme,
14:29l'important c'est qu'on ait
14:31des choses faciles à digérer.
14:33Et le principe de tous les régimes,
14:35quels qu'ils soient,
14:37d'ailleurs, moi ce n'est pas vraiment un régime,
14:39c'est un art de vivre.
14:41C'est une façon de le garder.
14:43Il faut faire des choses
14:45qui soient rapides
14:47à digérer, sauf le soir.
14:49Parce que le soir, c'est le repas
14:51familial, social.
14:53Là, on peut manger ce qu'on veut.
14:55Alors, quand même,
14:57avec quelques petites règles.
14:59La première règle,
15:01c'est de ne pas mélanger
15:03les hydrates de carbone
15:05et les protéines.
15:07Le jour où tu manges de la viande, tu manges de la viande.
15:09Et tu ne manges pas des pâtes ou du riz.
15:11Le jour où tu manges du riz et des pâtes, tu ne manges que des pâtes et du riz.
15:13Je le disais déjà dans certains de mes livres.
15:15Je vais mettre de la crème fraîche.
15:17Alors, le plat où il a cuit,
15:19le poulet,
15:21qui est donc le plat du four,
15:23je l'ai déglacé avec un petit peu de vin blanc.
15:25Et là, je vais vous mettre
15:27un peu de crème fraîche.
15:29Parce qu'en fait, ce que tu dis, c'est qu'il faut se faire plaisir
15:31quand même en mangeant. C'est la cuisine plaisir,
15:33même si on a des règles.
15:35Et puis, autre chose,
15:37et ça, évidemment, ça veut dire qu'il faut avoir un petit peu de temps
15:39pour s'en occuper, c'est varier.
15:41Ce n'est pas manger tous les jours la même chose
15:43et pas surtout parce que tu l'as fait à midi
15:45qu'il y a des restes, tu manges le soir.
15:47Non, tu gardes les restes pour deux jours plus tard.
15:49Et puis, surtout maintenant, avec la congélation,
15:51il y a des solutions formidables.
15:53Pendant que ça mijote,
15:55est-ce qu'on ne retournerait pas au salon
15:57pour voir quelques photos ?
15:59Moi, j'adore cette séquence d'album photo.
16:01D'accord ? On laisse mijoter ?
16:03Tu sais, Daniel, tu vas me faire plaisir
16:05parce que j'aime beaucoup
16:07les photos. Je trouve que
16:09de revisiter son passé
16:11à travers les photos,
16:13il faut que ce soit une fête, il faut que ce soit un moment
16:15de...
16:17Et aussi de
16:19un petit peu faire le bilan, de se dire
16:21tiens, comment j'ai passé telle époque,
16:23telle épreuve, etc.
16:25En général, les photos sont des souvenirs, des moments heureux.
16:27Il n'y a pas beaucoup de moments malheureux.
16:29Mais, c'est un moment.
16:31On va voir ça parce que je sais qu'on a beaucoup travaillé.
16:33Alors attends que je mette du poivre parce que c'est très important.
16:35Et où est-ce qu'il est, mon poivre ?
16:41Ça, ça fait album.
16:43Ça fait vraiment album de photos.
16:45Et là, on a la petite Macha.
16:47Regarde, c'est incroyable.
16:49J'ai pas changé.
16:51On me reconnaît vraiment.
16:53Il y a des gens qu'on ne reconnaît pas.
16:55Qu'est-ce que tu es mignonne.
16:57Alors là, tu es née au Maroc ?
16:59Au Maroc.
17:01Mes parents avaient fui un peu la Russie
17:03dans les années 1920.
17:05Ils se sont mariés en France.
17:07Ils ont été naturalisés tout de suite.
17:09Et mon père disait, il y en a pour 100 ans.
17:11Et donc, il ne s'est pas tellement trompé sur la Russie.
17:13Et là, tu as 5 ans à peu près.
17:15C'est ça, 6 ans.
17:17Mon papa est décédé.
17:19Il est allé chercher le corps de son fils.
17:21Il a eu un fils d'un mariage précédent
17:23qui est mort au front la veille de l'armistice.
17:25Il a eu un tel chagrin
17:27qu'il a attrapé le typhus
17:29et il est mort très vite.
17:31Je regarde comment il était beau.
17:33Il ressemble un peu à Henri Fonda
17:35dans Les raisons de la colère.
17:37Alors là, regarde.
17:39Je veux quand même qu'on s'arrête
17:41sur cette ravissante Russie.
17:43Tu as une vingtaine d'années.
17:45Et tu fais partie de cette génération.
17:47Tu dis que ça a vraiment été une révolution
17:49et surtout pour les femmes.
17:51Il y a un avant et un après.
17:53Il y a une chose importante.
17:55On n'en a pas parlé.
17:57C'est le look.
17:59C'est très important
18:01de trouver une façon.
18:03Je pense que quand on vieillit,
18:05il ne faut pas s'habiller comme une vieille dame.
18:07Il ne faut pas non plus
18:09s'habiller comme une petite fille
18:11avec des coletés plongeants.
18:13Mais il faut respecter quelque chose
18:15C'est un peu mon image.
18:17J'ai trouvé ça.
18:19Ça me correspondait.
18:21Et je pense que c'est important
18:23de trouver un style.
18:25J'ai trouvé mon style Bleu marine.
18:27Madame Bleu marine.
18:29Mais toi, ton style est à la mode en ce moment.
18:31Tout le monde met ça.
18:33Je te parlais de mai 68.
18:35Parce que toi,
18:37l'évolution des femmes,
18:39ça t'intéresse.
18:41Il faut que je te montre.
18:43Quand j'ai créé cette association
18:45qui s'appelait les cinquantièmes jubilantes,
18:47on avait plus ou moins 50 ans.
18:49C'était l'idée
18:51qu'on ne nous prenait plus pour les films.
18:53Il n'y avait plus de rôle pour les femmes.
18:55Les femmes de 50 ans, c'est périlleux.
18:57Je vais m'en occuper.
18:59Je vais faire un film
19:01sur l'histoire d'une femme de mon âge.
19:03Quand on m'offre des rôles,
19:05c'est toujours des rôles un peu ridicules
19:07et un peu clichés qui ne correspondent pas
19:09à ce que je suis.
19:11Michel et moi,
19:13notre mariage.
19:15Celle-là, elle est trop belle.
19:17On dirait presque un chœur.
19:19C'était l'église orthodoxe.
19:21À l'église, il écoutait la musique.
19:23Nous avons ces chœurs dans les églises orthodoxes.
19:25Il y avait le grand chœur
19:27de 25 chanteurs. C'était magnifique.
19:29C'est comme ça. Il regardait.
19:31C'est long, les yeux fissures.
19:33On avait le temps de lui parler.
19:35Michel, qu'est-ce que tu as ?
19:37Je vois la musique s'afficher.
19:39Il entendait la musique.
19:41Il lisait la partition.
19:43En parlant de musique et de chansons,
19:45il a écrit une chanson qui s'appelle
19:47Vieillir ensemble.
19:49Tu l'as accompagnée jusqu'à la fin.
19:51C'est une chanson inédite que je vais t'offrir
19:53pour cette émission.
19:55On va en écouter quelques notes.
19:57Elle est formidable.
19:59Elle n'a jamais été chantée.
20:01Michel l'a enregistrée.
20:03C'était pour un film.
20:05Une musique qui n'a pas été utilisée
20:07dans Trois places pour le 26.
20:09C'était une scène
20:11entre Françoise Fabian
20:13et Yves Montand.
20:15Finalement, cette scène a été coupée.
20:17J'ai gardé cette musique,
20:19cette chanson que je vais peut-être
20:21enregistrer, que je vais chanter
20:23avec la voix de Michel.
20:25Tu l'as accompagnée jusqu'au bout.
20:27Tu dis qu'en fait,
20:29il faut regarder la mort
20:31avec élégance.
20:33Et plus que ça.
20:35C'est un autre sujet.
20:37Mais ces quelques instants
20:39que j'ai passés avec lui
20:41et les dernières minutes de sa vie
20:43et les morts dans mes bras,
20:45c'est les plus beaux moments de ma vie.
20:47Parce qu'il m'a emmenée
20:49quelque part.
20:51Il m'a emmenée dans un endroit
20:53que je ne pouvais pas connaître
20:55et que lui commençait à découvrir.
20:57Il disait toujours que ça n'existe pas,
20:59la mort. On continue
21:01d'une autre manière. Et c'est vrai
21:03que je suis encore avec lui et que ça continue.
21:05Mais cette équipée
21:07vers la mort,
21:09les dernières semaines, les derniers jours,
21:11c'était d'une telle intensité,
21:13c'était tellement
21:15riche, profond.
21:17Ce n'était pas du tout malheureux.
21:19Bien sûr que
21:21c'était un chagrin
21:23immense quand il est parti,
21:25mais je lui serai éternellement reconnaissante
21:27de ces instants-là
21:29qui sont l'approche de la mort.
21:31Il ne faut pas avoir peur de la mort.
21:33Voilà.
21:35Et puis là, il te parle, il te booste.
21:37Quand tu fais des choses...
21:39Il n'arrête pas de me dire. En ce moment, il me dit
21:41« Alors, qu'est-ce que tu fais ? Tu écris ton livre ?
21:43Tu as trouvé un sujet ? Tu écris ? Tu fais
21:45un grand film ? Tu n'as pas encore fait ton grand film ? »
21:47Parce qu'il était très exigeant
21:49et surtout, il faisait ça avec les gens
21:51qui l'aimaient. Pas nombreux.
21:53Les gens qui étaient autour de lui,
21:55ils voulaient tout le temps nous stimuler pour qu'on fasse
21:57le meilleur de nous-mêmes.
21:59Oui, ça serait une leçon d'optimisme
22:01cette émission avec Macha.
22:03Donc, ma dernière question, c'est un rituel.
22:05Pour être ce que tu es aujourd'hui,
22:07qu'est-ce que c'est ton petit truc
22:09en plus, Macha ?
22:11Ah...
22:13Un petit coup de vin blanc ?
22:15C'est pas mal résumé.
22:17Allez, on y va.
22:19Merci beaucoup et on se retrouve
22:21très bientôt pour un nouveau numéro
22:23de Vieillir Heureux.