• avant-hier
Frédéric Beigbeder, écrivain, auteur de “Un homme seul” (éd. Grasset), était l'invité de Apolline de 9 à 10 ce lundi matin sur BFMTV.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00un ancien élève qui raconte qu'il a été frappé, tabassé par le directeur, qui s'appelait Fabre, qui est mort,
00:08à genoux,
00:09frappé avec pied, poing, et des livres sur la tempe.
00:15Tabassé aussi pendant la nuit parce que les élèves se frappaient entre eux.
00:19On encouragait des règlements de compte entre les camarades et donc le danger venait beaucoup
00:25des camarades de classe pendant la nuit, ce qui fait que, par exemple, ce Stéphane qui m'a écrit,
00:31toutes les nuits, là il a 53 ans, toutes les nuits, il est sur le qui-vive.
00:35Si sa femme le frôle, il est capable d'être violent parce qu'en fait il ne pouvait pas dormir sans menace.
00:43Les dortoirs, c'était les dortoirs avec 50 élèves,
00:47où on n'était séparés que par une cloison,
00:49et la cloison n'allait pas jusqu'au plafond et donc les élèves passaient par-dessus les cloisons pour se sauter dessus pendant la nuit et se tabasser.
00:57Les surveillants les mettaient parfois au garde-à-vous la nuit, entre 2 et 4 heures du matin,
01:03debout, en caleçon, pieds nus, sous la pluie, pendant deux heures.
01:09Certains s'évanouissaient,
01:11enfin vous imaginez, c'est des enfants.
01:13C'était donc tout le temps des punitions collectives ou individuelles.
01:18Il y avait un cachot à Sorez, ça c'est attesté par,
01:22ça se visite, donc
01:24il y avait ce qu'on appelait le séquestre, où on mettait un enfant seul pendant 12-24 heures
01:30dans le froid, avec juste une bûche collée par terre pour s'asseoir.
01:35Donc bon, voilà, c'est une violence qui n'est pas réservée à Bétharame.
01:40C'est les témoignages que vous avez reçus, qu'on a pu d'ailleurs à BFMTV corroborer, puisque
01:46plusieurs de ceux qui ont témoigné auprès de vous, Frédéric Becbedé, le service police-justice de BFMTV a pu les joindre.
01:54Ils corroborent effectivement les témoignages que vous avez eus sur ce pensionnat, les pensionnats qui étaient dits à la dure.
02:02Ça fait effectivement froid dans le dos, votre père lui-même a traversé cette incision, aujourd'hui elle est
02:09fermée, cette incision, elle n'existe plus. Est-ce que des plaintes ont été déposées ? Est-ce que des signalements ont été déposés ?
02:16Pour l'instant, rien. De toute façon, les faits seraient prescrits, et donc on peut se dire mais pourquoi parler maintenant ? Mais je pense que
02:22c'est générationnel, c'est intéressant de comprendre
02:27d'où vient la masculinité toxique, d'où vient cette souffrance des hommes.
02:32Si plusieurs générations d'hommes ont été traumatisés au XXe siècle,
02:36on le paye aujourd'hui en fait.
02:38Ça veut dire quoi ? Vous vous faites une forme de lien entre la souffrance dont ces petits garçons ont souffert et ensuite une forme de masculinité toxique ?
02:51J'ai écrit un livre sur mon père, j'ai essayé de comprendre pourquoi il était silencieux, frileux,
02:57obèse,
02:59incapable de dire son amour, son affection,
03:03complètement claquemuré,
03:06oui, assez égoïste et assez jouisseur,
03:10obsédé par le confort, le luxe et la séduction.
03:14C'est une génération comme ça, et elle a été détruite, cette génération, dans son enfance.

Recommandations