Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 07/03/2025
Retrouvez la chronique de Camille Diao sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/retropop/retropop-la-chronique-de-camille-diao-du-vendredi-07-mars-2025-7816708

Catégorie

😹
Amusant
Transcription
00:00Elle nous a rejoints en studio, son psy a insisté pour qu'elle reste sur un rythme
00:03de 4 chroniques par semaine, son banquier lui a dit « Madame de Brewer, ça serait
00:06bien quand même de faire le vendredi aussi, bonjour Marie ! »
00:08Bonjour, et qu'est-ce qu'elle fout là la Marie ? Closet, vous l'avez dit.
00:12Une chronique sur la nouvelle star, parce que je crois bien qu'elle est devant vous,
00:17la nouvelle star.
00:18Allez, ciao !
00:19Avant de basculer dans l'hilarité avec vous Marie, je vous propose de revenir sur
00:222003 en musique avec notre spécialiste, bonjour Camille Diao !
00:25Salut Mathieu !
00:26Camille, chaque semaine dans Retro Pop, vous passez l'année au prisme de la pop-musique.
00:30En 2003, c'est l'année de naissance d'un riff de guitare devenu culte.
00:33Oui, un riff simple, dépouillé, mais terriblement efficace.
00:36Cinq notes, une guitare qui sonne comme une basse, et puis vient la batterie.
00:41Le rythme est tout droit, presque martial, le combo minimaliste, mais assez percutant
00:46pour marquer instantanément l'histoire du rock.
00:49Seven Nation Army, c'est le nom du morceau, le groupe, c'est les White Stripes.
00:59Quant au riff, comme toutes les meilleures recettes, il est né un peu par hasard.
01:03En janvier 2002, Meg et Jack White, le duo qui forme les White Stripes, donnent un concert
01:08à Melbourne.
01:09Pendant les balances, Jack improvise sur sa guitare et il sent immédiatement qu'il
01:13tient quelque chose.
01:14Contre l'avis de son label, il insiste pour en faire le premier single de leur album
01:18à venir, « Elephant ». Bien lui on l'a pris !
01:21Quand le morceau sort, il faut savoir qu'il y a eu une petite méprise sur son sens.
01:35Cette armée de 7 nations est interprétée par certains comme une prise de position
01:39contre la guerre en Irak.
01:40D'ailleurs, les White Stripes ne vont pas s'en priver, mais quelques mois plus tard.
01:44Parce que quand le morceau sort, le 7 mars 2003, on est très exactement 13 jours avant
01:49l'invasion américaine.
01:50En réalité, « 7 Nations Army », c'est une référence à l'enfance de Jack White.
01:54Petit, il n'arrivait pas à prononcer correctement « Salvation Army », le nom anglais de l'armée
01:59du salut.
02:00C'est un peu comme si le morceau s'appelait l'armée du chahut.
02:02Oui, ce sera un peu péssant en français, effectivement.
02:04Ça ne va pas empêcher le morceau de marquer l'apogée du grand revival rock du début
02:08des années 2000.
02:09Après des années 90 marquées par l'histoire du grunge, l'industrie a comme bien souvent
02:14rattrapé, digéré, standardisé le genre.
02:17Mais au tournant du siècle, une bande de jeunes rockers vont lui donner un nouveau
02:20souffle en allant puiser dans l'énergie brute du rock garage des années 60-70.
02:24A Détroit, ce sont les White Stripes.
02:27A New York, les Strokes.
02:33Et en Angleterre, les Libertines.
02:40J'aurais pu en citer d'autres, il y a aussi les Yeah Yeah Yeahs ou encore Interpol.
02:43Toute cette scène en 2003, elle est bien vivante, mais elle reste encore cantonnée
02:47aux pages musiques des magazines branchés.
02:49C'était Seven Nation Army, c'est le morceau qui va un peu tout changer.
02:52Il remporte un Grammy Award et il va contribuer à propulser cette nouvelle vague dans le
02:57mainstream.
02:58Mais l'histoire est loin d'être terminée.
03:00Et là, tous les supporters de foot qui nous écoutent voient très très bien où je veux en venir.
03:03Seven Nation Army devient un hymne de stade.
03:12Et ça, Marianne, on le doit aux supporters du FC Bruges qui l'entament pour la toute
03:17première fois lors d'un match contre Milan en Ligue des Champions en octobre 2003.
03:21Trois ans plus tard, ils se déplacent à Rome et ils se font tout bonnement piquer
03:25le chant par les supporters du camp adverse.
03:27On les connaît, ces Italiens, aucun scrupule.
03:29Ils vont même en faire leur hymne pour la Coupe du Monde 2006.
03:34On n'a pas peur du remix en Italie.
03:46C'est donc sur cette aire que la Squadra Azzurra l'emporte en finale contre les Bleus.
03:50Sur cette aire que l'Italie célèbre sa victoire pendant que nous en France on essaye
03:56de se remettre du fameux coup de boule de Zizou.
03:58Donc les White Stripes ont quelque part enterré notre « I will survive » de 98, Camille.
04:02Oui, bon, c'est difficile d'en vouloir aux White Stripes, surtout qu'à ce stade,
04:04franchement, tout le monde ou presque a oublié d'où vient le morceau au départ.
04:07Ce « pa pa la pa pa pa » va voyager de stade en stade, de sport en sport.
04:12On l'entend même pendant la révolution de 2011 en Égypte sur la place Tahrir.
04:16Et ça, ça touche beaucoup Jack White.
04:18Il dira même « rien n'est plus beau que lorsque les gens s'emparent d'une mélodie
04:21pour la faire entrer au panthéon de la musique populaire ».
04:24Il y a quand même une fois où ça lui a un peu déplu à Jack White.
04:27C'est lorsque Donald Trump l'a utilisé.
04:30Pas content, ils se font d'une réponse lapidaire « Ne pensez même pas à utiliser
04:34ma musique, bande de fascistes ! ».
04:36Contre Trump, les White Stripes vont recevoir un soutien improbable.
04:39« Donald Trump is a wanker, Donald Trump is a wanker ».
04:48Traduction, Trump est un connard, dans le style de Jean-Sébastien Bach.
04:51S'il vous plaît.
04:52On peut lui faire dire ce qu'on veut à cette chanson.
04:54Oui, et c'est tout le talent et la chance aussi peut-être un peu des White Stripes.
04:57Ils ont accouché d'une mélodie qui semble immédiatement familière.
05:01Un peu comme si elle avait toujours existé quelque part dans notre inconscient collectif.
05:04Et je crois qu'on touche là à l'essence même de la pop, une musique populaire au
05:08premier sens du terme.

Recommandations