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  • 06/03/2025
Anne Fulda reçoit Diana Filippova pour son livre «Rien n'est plus grand que la mère des hommes» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Diana Philippova.
00:02Alors vous êtes romancière, vous êtes essayiste,
00:05vous êtes notamment l'auteur de L'Inconvénient d'être russe.
00:08Vous avez déjà écrit un premier roman, celui-ci est le deuxième.
00:11Il s'appelle Rien n'est plus grand que la mère des hommes.
00:14Un roman qui est paru chez Albin Michel.
00:17Un roman qui est une sorte de huis clos
00:19qui se déroule sur une semaine dans une ville à Chambéry
00:25où Emmanuelle Borgia, l'héroïne, a été envoyée
00:28pour couvrir le procès comme chroniqueuse judiciaire.
00:31Là, on a envie d'abord de vous demander
00:34pourquoi avez-vous choisi ce cadre judiciaire
00:37qui a priori n'est pas un élément naturel ?
00:41Je suis assez férue de chroniques judiciaires depuis toujours.
00:45Je crois que la chronique, c'est une sorte de forme narrative
00:49assez intéressante, qui est assez proche du roman finalement.
00:52Et bien sûr, je suis une férue de crime et châtiment.
00:56Un jour, je suis tombée sur une chronique, sur une affaire
01:00et j'ai eu une sorte de coup de fou de littéraire.
01:03Il fallait absolument que j'écrive sur,
01:07non pas cette affaire, mais plutôt quelque chose qui m'a frappée.
01:11Le rapport à la mère, le rapport à la culpabilité, l'inconditionnalité.
01:15Et en même temps, est arrivée cette idée d'Emmanuelle Borgia
01:19qui fuit quelque chose à Paris,
01:21qui se retrouve dans un endroit assez isolé,
01:24mais en même temps, comme si elle était un peu dans un monde parallèle
01:27et qui lui permet de faire quelque chose qu'elle n'a pas fait depuis des années.
01:31Se poser la question de l'introspection,
01:34faire son propre procès en même temps qu'elle assiste au procès d'Alexandre Bataille.
01:39Vous décrivez assez bien cet univers judiciaire.
01:44On suit une affaire qui met en cause un accusé âgé de 25 ans
01:50qui s'appelle André Bataille, qui était un étudiant sans histoire
01:52jusqu'à ce qu'il soit accusé d'un assassinat et d'une tentative d'assassinat.
01:58Alors, Emmanuelle Borgia, qui n'a rien à voir avec la fameuse dynastie,
02:01précisons-le, qui a quelque chose de louche dans cette histoire et décide d'enquêter.
02:09Pour retranscrire cet univers de cour d'assises,
02:14vous avez assisté à des procès, vous avez rencontré des avocats.
02:18Absolument. Comme je vous l'ai dit, j'ai lu des dizaines, des centaines de chroniques judiciaires.
02:25J'ai rencontré des chroniqueurs judiciaires,
02:27je suis allée à Chambéry assister à des procès qui n'avaient rien à voir avec ce procès-là.
02:32Mais j'ai passé un certain temps dans la salle Antoine Fabre, dont je parle dans mon roman,
02:37et j'ai voulu retranscrire ce huis clos,
02:41cette espèce de coque particulière à l'intérieur de laquelle on se retrouve
02:47et qui devient un monde dans un monde.
02:50Et alors c'est assez particulier parce que Chambéry est une ville absolument fascinante,
02:54qui a elle-même ce côté enfermé entre des montagnes, déjà enveloppant,
03:01et je pense que sous certaines conditions, et les conditions étaient réunies pour Emmanuelle Borgia,
03:06ça pouvait être quelque chose qui était proche d'une sorte de déréalisation, d'introspection assez profonde.
03:12Alors ce qui est intéressant, c'est qu'à côté de cette toile de fond judiciaire,
03:16Emmanuelle Borgia doit prendre une décision extrêmement importante,
03:23puisqu'elle est enceinte, suite à une PMA,
03:26et elle doit décider si, oui ou non, elle garde cet enfant.
03:30Donc plein de questions se bousculent.
03:35Comment vous est venu ce thème aussi ?
03:37Vous savez, je commençais par un roman sur un fait judiciaire,
03:40et finalement c'est devenu de plus en plus un roman sur la maternité,
03:43sur l'amour maternel, le rapport, et en particulier le rapport qu'on a au mal de son propre enfant.
03:50C'est-à-dire qu'à la fois elle assiste à ce procès d'une mère,
03:54qui en même temps que le procès de l'accusée,
03:57elle se demande si elle pourrait elle-même accepter tout ce que peut devenir un enfant
04:04qui n'est pas encore né, et qui peut nous surprendre pour le pire.
04:07Et cette espèce de vertige qu'il a saisi de, finalement, si j'enfante un tueur,
04:12c'est aussi beaucoup un roman sur le rapport de la mère à l'enfant mal, en quelque sorte,
04:19et si j'enfante un tueur, que se passera-t-il ?
04:22Donc c'est cet amour qui n'est pas encore là de son côté,
04:26et celui qu'elle observe ou n'observe pas,
04:29et qu'elle essaie de saisir du côté de l'accusé,
04:32que se fait cette espèce de danse, cet aller-retour, ce va-et-vient,
04:35entre les deux plans, les deux procès du roman.
04:38Oui, alors on n'a pas le temps de tout aborder,
04:41mais elle s'interroge d'autant plus qu'elle s'interroge aussi sur le couple qu'elle forme avec Diane,
04:45une énarque ambitieuse, et puis qu'elle a aussi un amour assez fort pour sa nièce, Ida,
04:51qui est la fille de sa sœur, qui est très malade.
04:54On ne peut pas en venir dans les détails,
04:57mais ce qui est intéressant, effectivement, c'est ce double, ce roman à deux vitesses, en fait,
05:01sur l'amour maternel et le mal judiciaire.
05:04C'est un livre sur les femmes, c'est un livre sur la conjugalité,
05:07sur ce qui naît de désagréable et de violent aussi dans le rapport conjugal,
05:15et bien sûr sur ce qui peut surgir dans un couple
05:18qui pourrait se croire à l'abri des déterminismes sociaux et territoriaux.
05:23Et ça, c'est très important, parce qu'elle a elle-même fermé les yeux sur ce qui surgit dans ces cas-là.
05:30Oui, une forme de mépris qui affleure de temps en temps dans les propos et les attitudes de Diane.
05:34En tout cas, ça s'appelle « Rien n'est plus grand que la mère des hommes ».
05:37C'est paru chez Albin Michel. Merci beaucoup, Diana Philippova.
05:41Merci beaucoup, Annette.

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