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Xerfi Canal a reçu Yohan Gicquel, maître de conférences, Université d’Evry Paris-Saclay, pour parler de binge drinking et de marketing.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Yohan Jiquel, vous êtes maître de conférence à l'université d'Evry Paris-Saclay,
00:14auteur dans décision marketing d'un article très remarqué consacré au binge drinking.
00:20Alors le binge drinking en deux mots, qu'est-ce que c'est ?
00:23Alors le binge drinking, c'est une pratique de consommation expresse d'alcool qui est
00:27plutôt répandue chez les jeunes. Pour vous donner un ordre d'idée, elle concerne 46% en
00:322019 de la population des 18-25 ans et elle va avoir des répercussions relativement inévitables
00:39sur la santé, mais parfois beaucoup plus graves en termes psychiatriques, mais également des
00:45comas éthyliques, voire... Ça veut dire très concrètement boire le plus possible... Boire le
00:50plus possible dans un laps de temps extrêmement réduit. Extrêmement réduit, voilà. Donc une
00:54catastrophe pour la santé, une catastrophe à tous les niveaux, donc la première question qu'on se
00:59pose c'est mais pourquoi ils font ça les jeunes ? Je sais que c'est une question de vieux. Non,
01:03c'est pas une question de vieux. Parce que c'est ça que vous nous aidez à comprendre. Si on opte
01:09pour une approche plutôt psychologique, le psychologue nous dira qu'il y a un manque
01:14d'intégration des normes sociales, des normes morales, qu'il y a une déresponsabilisation
01:19des jeunes vis-à-vis de ce type de pratiques et une volonté de vouloir prendre des risques. Je
01:26suis pas forcément très friand de cette approche parce qu'elle oublie ou elle omet aussi que le
01:31contexte normatif dans lequel cette pratique existe fait qu'elle favorise ce type de pratiques.
01:38Vous avez entendu les effets de groupe quoi. Les effets de groupe, mais aussi le contexte
01:42commercial qui finalement incite aussi à cette consommation, le marketing incite à cette
01:47consommation. Et puis l'alcool finalement, on la trouve à chaque coin de rue. Donc un produit qui
01:53est plutôt très accessible pour les jeunes. Alors c'est ça votre point, c'est la responsabilité
01:57du marketing dans tout ça ? La responsabilité du marketing dans tout ça, elle commence d'abord
02:03chez l'épicier qui par manque de contrôle finalement se pose peu la question de savoir
02:09s'il peut vendre ou non à des mineurs ou à des plus jeunes et des quantités souvent importantes.
02:17Et puis après c'est aussi les alcooliers qui par leur marketing participent à séduire cette
02:24jeunesse. Et puis aujourd'hui les réseaux sociaux qui sont de véritables plateformes pour les
02:31jeunes pour pouvoir s'échanger des tips sur comment ne pas me faire attraper quand je vais
02:37acheter un caddie avec plusieurs litres d'alcool. Sachant que j'ai pas la majorité, est-ce que l'agent
02:43de caisse va me demander ou non ma carte d'identité et finalement c'est devenu un vrai
02:47challenge sur les réseaux sociaux ? Je pense par exemple à TikTok. Bien sûr, on pourrait mieux
02:51prévenir ce type de comportement, ça passerait par quoi ? Pour le moment, toutes les solutions
02:56qui ont été proposées, on peut n'en faire qu'un constat d'échec puisque la pratique n'a jamais
03:04cessé d'augmenter. Ici, ce qu'il manque finalement c'est, on a beaucoup fait de campagnes de
03:12prévention, on a fait très peu de campagnes d'information, notamment auprès des commerçants,
03:16pour expliquer aussi les risques qui sont liés à ce type de pratique. Et que les commerçants
03:22participent d'une manière ou d'une autre finalement à l'engagement des jeunes dans ce type de pratique.
03:28Si on regarde historiquement, toutes les générations ont toujours consommé de l'alcool
03:32avec plus ou moins de volume. Mais ici, cette génération, peut-être qu'elle est un peu plus
03:40perdue aussi, et qu'il faudrait recontextualiser ce type de pratique, sans pour autant blâmer
03:44individuellement ceux qui participent, parce que ça reste une pratique communautaire, et ce n'est
03:49pas du tout une pratique solitaire. Et ça, toutes les études qui ont plutôt une approche sociologique
03:53le montrent, c'est que les jeunes ne consomment pas seuls de l'alcool chez eux, et consomment de
03:59l'alcool de manière festive et communautaire. Le recours au marketing pour penser la
04:05prévention. Tout à fait. Merci à vous. Un papier retrouvé dans la revue Décision Marketing
04:11consacrée au binge drinking. Et puis maintenant aujourd'hui, on parle de binge watching avec
04:15les plateformes. Alors un sujet appelé... Un prochain sujet. Un prochain sujet. Merci à vous.

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