Une rencontre pour faire face à un changement de paradigme. Les 27 pays de l'UE, et Volodymyr Zelensky, se retrouvent ce jeudi 6 mars pour un sommet extraordinaire sur l'Ukraine, destiné à rassurer ce pays et à muscler la défense européenne après l'altercation spectaculaire entre Donald Trump et le président ukrainien.
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00:00On en parle avec Patrick Sow, c'est Nella Latrousse, la cheffe du service politique de BFM TV.
00:05Bonjour Nella, merci d'être avec nous au lendemain de cette longue allocution d'Emmanuel Macron.
00:10Enfin pas si longue en fait, 13 minutes et 40 secondes pour évoquer donc longuement la menace russe
00:15alors que débute aujourd'hui à Bruxelles un sommet européen crucial pour décider de la suite de l'aide européenne à l'Ukraine
00:22et puis de la riposte à ces menaces russes qu'a longuement décrites hier soir Emmanuel Macron
00:27qui en a appelé au patriotisme des français et aussi à l'Europe de la défense, écoutez-le.
00:33Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger.
00:41C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
00:45Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose
00:50mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation.
00:55Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix.
00:59Il ne tient qu'à nous, que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements.
01:06Voilà, nous Européens. Volodymyr Zelensky sera à ce sommet ?
01:09Oui, il sera là, il y avait encore des questions sur sa présence mais ça a été confirmé par son porte-parole.
01:15Il va voir les Européens, il va voir le roi des Belges, il va voir Marc Routeux, le secrétaire général de l'OTAN
01:20dont le siège est à Bruxelles également.
01:22Il faut t'expliquer Patrick, c'est qu'on n'est pas du tout dans la même configuration que Londres dimanche dernier.
01:26Les 27 seront là, des 27 qui sur la conduite à tenir ne sont pas tous sur la même ligne.
01:31Attention, il y a vraiment deux sujets, l'Ukraine et l'Europe.
01:34Si vous pensez à ces louvoiements justement, vous pensez sans doute à l'Ukraine avec effectivement le Hongrois Victor Orban.
01:42Soyons très clairs, lucides sur ce que fait Victor Orban dans des réunions qui concernent l'Ukraine ou la Russie.
01:49Ce sont des conseils ordinaires.
01:51En général, il claque la porte avec beaucoup de bruit.
01:54Ça lui permet finalement de ne pas voter et donc de s'abstenir.
01:58Il faut le tenir comme ça.
02:00Donc vous n'avez pas de décisions qui sont prises à l'unanimité, certes, mais vous n'avez pas non plus de vote contre.
02:04Et je pense ou je suis quasiment certain qu'Emmanuel Macron en a eu la certitude hier en le recevant.
02:10C'est-à-dire, il sait, les choses sont beaucoup plus claires.
02:12Il va faire, pardon d'être aussi trivial, mais son cinéma dans la salle de conférence du concilium.
02:18Mais il ne votera pas contre une nouvelle aide à l'Ukraine, sachant qu'il y a déjà 30 milliards qui sont de toute façon déjà fléchés.
02:25Ça, Orban ne peut rien y faire.
02:26Bon, il y a le plan.
02:27Aussi le plan annoncé par Ursula von der Leyen, proposition de la Commission européenne.
02:31Un plan de 800 milliards d'euros en plus, on est d'accord, dans les 5 ans qui viennent pour compenser, c'est ce qu'on comprend,
02:39le retrait annoncé de l'assistance américaine.
02:41On en parlait hier matin avec Nicolas Dose.
02:43Il y a un vrai effet d'annonce autour de ça.
02:45Mais une question en filigrane, qui va payer ?
02:47Sans doute nous, avec des facilités de paiement, des facilités de crédit.
02:52Vous avez entendu le président de la République hier dire qu'il n'y aura pas d'impôt.
02:56Mais il y a un gouvernement ainsi qu'un parlement qui doivent également le décider.
03:01Ça passera par des choix budgétaires.
03:03Apolline Malherbe va recevoir Jean-Noël Barraud dans quelques minutes.
03:07Le ministre va sans doute répéter qu'il y a eu des efforts, par exemple, faits sur l'agence française du développement.
03:13On l'a entendu, les Américains l'avaient fait, les Anglais aussi.
03:16Nous aussi, on va le faire.
03:18Agence française du développement, vous comprenez à la fois des projets humanitaires,
03:22mais c'est aussi du soft power qu'on fera au moins, parce qu'on passe au hard power,
03:26c'est-à-dire véritablement le réarmement de notre pays.
03:29Alors justement, compte tenu du coût de ce réarmement,
03:31est-ce que ça veut dire, Neyla, qu'il y a des réformes qui sont en cours en France et qui vont devoir s'arrêter ?
03:36Je réalisais ce matin avec les Danois, par exemple.
03:38Tu dis le recul du départ à la retraite chez eux de 67 à 70 ans pour financer les dépenses d'armement.
03:45Typiquement, par exemple, sur la question des retraites,
03:47puisque les syndicats sont en ce moment en train d'examiner la possibilité de revenir sur la réforme,
03:51ça devient de plus en plus compliqué.
03:52François Bayrou leur a dit, le régime est en déficit, il va falloir trouver de l'argent en plus.
03:55Là, on leur dit, il va pas seulement falloir trouver de l'argent en plus,
03:58il va falloir ne pas aggraver les caisses de l'État, rétablir le régime de retraite,
04:03et en plus, en plus, financer l'effort de guerre, porter à 70 milliards le montant de nos investissements militaires.
04:10Typiquement, ça aubert, par exemple, cette discussion.
04:12Est-ce que ça ouvre la discussion sur une nouvelle réforme ?
04:15C'est peut-être trop tôt pour le dire.
04:16Et puis surtout, Emmanuel Macron ne va pas s'embêter avec cela.
04:18Il charge les partenaires sociaux, les partis politiques et le gouvernement de faire des propositions.
04:25Mais ce qui est sûr, c'est qu'il fallait déjà se serrer la ceinture.
04:28Cette année, il va falloir se serrer la ceinture un peu plus pour le budget de l'année prochaine.
04:32Si on ajoute la donne militaire, il va falloir peut-être serrer de deux, peut-être trois crans cette ceinture.
04:37Tiens, on va rejoindre Jérémy Normand, qui est l'envoyé spécial de BFM TV à Moscou.
04:41Jérémy, la Russie fait peur à la France, mais est-ce que la France a fait peur à la Russie hier soir ?
04:49Alors, pas encore de sons ni d'images en provenance du Kremlin que vous apercevez juste derrière moi.
04:54Mais comme souvent, Vladimir Poutine a laissé ses lieutenants réagir à sa place.
04:58Et donc, ce matin, on a cette déclaration de Dmitri Medvedev.
05:01Souvenez-vous, c'est l'ancien président de la Russie, l'ancien Premier ministre également de Vladimir Poutine,
05:05qui était réputé libéral avant et puis qui a pris un virage radical et qui est souvent assez agressif.
05:10Regardez cette déclaration à l'instant.
05:12Il ironise, en fait, sur le fait qu'Emmanuel Macron voit dans la Russie une menace pour la France et pour l'Europe.
05:18Et Macron, comme il l'appelle, lui, en revanche, ne poserait aucune menace.
05:22Il sera très vite oublié dès le 14 mai 2027.
05:26Et il ne manquera à personne.
05:28Voilà la première réaction du pouvoir russe par la voix de Dmitri Medvedev.
05:34Alors, qu'en pensent les Russes ? Qu'en pensent les Moscovites ?
05:37On a échangé avec eux hier soir, avec Clément Ingranon qui m'accompagne.
05:40C'est très simple. L'un d'entre eux a utilisé cette image.
05:43Le train est passé. À son bord, il y a Vladimir Poutine, il y a Donald Trump.
05:46Et les Européens ont raté le train, arrêté d'essayer de sauter dans le wagon.
05:49Voilà ce que m'a dit l'un d'entre eux.
05:51Et puis, il y a un mot qui revient aussi dans leur bouche.
05:53C'est le mot force. La force qu'incarnerait Donald Trump.
05:56La force qu'incarne Vladimir Poutine, selon certains.
05:58Et les Européens, on serait faibles, selon certains.
06:01Alors, il faut faire attention parce que lorsqu'ils nous disent ça,
06:03ils reprennent mot pour mot la doctrine, le verbatim du pouvoir russe.
06:08Et vous le savez, ici, il est difficile pour ceux qui pensent différemment
06:11de s'exprimer et qui plaisaient à une caméra occidentale.
06:14Mais voilà, aujourd'hui, il y a cette inversion des rôles de la part de Vladimir Poutine
06:17qui essaye de se poser du côté de la paix.
06:19Il appelle à la paix, il applaudit dès demain,
06:21lorsque Donald Trump arrache à Zelensky de s'asseoir à la table des négociations.
06:24Et puis, à l'inverse, il accuse et les Européens et les Ukrainiens
06:27de vouloir poursuivre la guerre.
06:29Patrick, à Bruxelles, il y a une question essentielle qui sera évoquée.
06:32C'est celle de la protection des Européens grâce aux parapluies nucléaires français.
06:37Dans quelle direction ce débat peut évoluer entre Européens ?
06:41Il y a une vraie prise de conscience désormais de ceux qui se croyaient à l'abri
06:46pour toujours sous le parapluie américain.
06:49En fait, on revient toujours aux mots du général De Gaulle.
06:52Un jour, les Américains s'en iront.
06:54Et ces mots-là, ils ont été repris par tous les présidents de la République.
06:58Ce n'est pas simplement de la doctrine macronienne.
07:01Ça a été un peu plus prégnant dans ses discours,
07:03notamment le discours de la Sorbonne.
07:05En fait, tout le monde l'a dit.
07:06Tous les présidents de la République.
07:07Sauf que, évidemment, vous n'avez pas tout à fait les mêmes cultures.
07:10Et lorsque vous êtes à l'est de l'Europe,
07:12que vous avez connu la menace soviétique pendant des années,
07:15c'était extrêmement pratique.
07:17Et c'est vraiment une révolution philosophique à faire.
07:20Et donc, évidemment, ça va être assez étonnant comme scène,
07:24je dis bien au pleurier, dans la journée.
07:26Il y aura ces discussions qui ont été ouvertes par Emmanuel Macron hier
07:29qu'on va retrouver dans la salle du concilium.
07:31Mais vous allez voir le président français
07:34qui va être rejoint par tel ou tel dirigeant dans les couloirs pour dire
07:37« Ton idée de parapluie, ça va bien jusqu'à mon pays.
07:41Ça va se passer comme ça. »
07:42Ça change la France, garderait la main, évidemment.
07:44Alors, elle garderait la main, évidemment.
07:46Mais encore une fois, on ne partagera pas les codes nucléaires.
07:48Et surtout, on ne va pas dire « Au fait, ça va aller jusqu'à la banlieue de Varsovie. »
07:51Ou « Ça va s'arrêter juste avant Budapest. »
07:53Non, l'ambiguïté stratégique restera.
07:55Les dirigeants le comprennent bien.
07:57Mais je peux vous dire que dans les couloirs du bâtiment Europa,
08:00vous aurez donc ces dirigeants qui diront « Moi aussi, j'en suis. »