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Transcription
00:00Juste avant tout ce cinéma, voici le top 3 des films sortis la semaine dernière,
00:04qui sont les plus appréciés par les spectateurs sur Allociné.
00:07Le drame historique « La fabrique du mensonge » prend la 3ème place avec 3,7 étoiles sur 5.
00:14En 2ème position, Valéria Bruni-Tedeschi dans « L'attachement » a ému les spectateurs et remporte 4,2 étoiles.
00:21Enfin, le coming-out de deux ados dans « Young Hearts » est premier avec un score de 4,3 sur 5.
00:27Passons à présent aux nouveautés de ce mercredi.
00:57C'est bien le voyage qui est la thématique de cette nouvelle semaine de cinéma. Voyons cela dans le détail.
01:10Commençons par « A bicyclette » qui nous emmène jusqu'en Turquie, à vélo,
01:14sur les traces du fils de l'acteur-réalisateur Matthias Mikhus,
01:17qui s'est suicidé après avoir fait ce même périple.
01:21« Ce n'est pas un chemin triste, c'est le mot de la vie en réalité. »
01:24Avec son grand ami Philippe Rebaud, il nous embarque pour un voyage émotionnel
01:28et un travail de deuil déjà célébré dans de nombreux festivals.
01:32Un trip physique doublé d'une introspection philosophique entre deux amis au long cours.
01:38« Quand on refait le voyage que fait mon fils, il est parti de la Rochelle,
01:41il a fait un voyage de vélo et il était jusqu'en Turquie. »
01:44« J'ai fait le film pour moi, ce n'est pas du tout pour penser à actes de courage ou de force,
01:47je le fais dans le film pour moi et je voulais faire le voyage surtout. »
01:50« Au début on s'était parti là-dessus, j'ai dit Philippe viens on s'en va,
01:53on refait le voyage de mon fils. »
01:55« J'ai eu cette idée de refaire le chemin pour continuer à le faire vivre. »
01:58« On ne peut rien refuser à quelqu'un qui vient de perdre son fils,
02:00je suis là pour toi, fais ce que tu veux, viens on va à vélo. »
02:03« C'est la première fois que je fais un truc par amitié vraiment. »
02:08« Et en même temps je ne sais pas à quoi ça sert, à quoi ça peut servir. »
02:12« Cette fois-là, il fallait être là pour lui dire mec, je te suis. »
02:17« Quand tu m'as dit on va prendre une piste cyclable,
02:19j'imaginais une espèce de truc plat qui traverse l'Europe. »
02:21« Je ne t'ai pas dit que c'est plat jusqu'en Turquie. »
02:23« J'ai voulu que mon copain ne s'effondre pas, ça c'est pas truqué. »
02:27« Il aurait pu faire n'importe quoi, on aurait pu aller à la chasse aux crevettes, je ne sais pas. »
02:32« Mais moi je ne voulais pas que mon copain s'effondre. »
02:36« Mathias. »
02:37« Adriane. »
02:38« Je ne veux pas de brûles sur mon sofa. »
02:39« Je n'aime pas les miettes à la mosquée. »
02:41« Je me fous de la touriste. »
02:42« Sinon, strafe. »
02:43« Sinon, punition. »
02:45« C'est compliqué de voyager avec Philippe en ne riant pas. »
02:47« Après, c'est vrai que ce film il est drôle, il n'est pas que triste. »
02:51« C'est un film hommage, c'est un film qui nous fait du bien. »
02:53« J'aime ça. »
02:56« C'était pour magnifier, pour sublimer, peut-être même pour rendre immortel mon fils. »
03:04« C'est un chemin triste, c'est une autre vie en réalité. »
03:08« Tous les jours, je parle à Yuri en lui disant mec, regarde ton vieux père et son copain. »
03:13« Ça fait chier que je vous ai donné une leçon comme ça, mais c'est une leçon. »
03:17« C'est une vraie leçon. »
03:18« On a vraiment fait un mois à aller chercher ce gosse en lui disant putain, mec, tu nous regardes ? »
03:24« Regarde ton père. »
03:25« Je n'ai pas eu l'impression d'avoir une force démesurée. »
03:28« Les gens me disent bravo pour la force. »
03:31« En fait, j'ai été guidé par une pulsion, par une force de vie. »
03:34« Pour dire ça va aller, ça va aller, on ne va pas se laisser mourir. »
03:50Dans la section road trip, c'est en Pologne que deux cousins partent rendre hommage à leur grand-mère bien-aimée dans « Real Pain ».
03:57« Ma grand-mère ne s'est jamais déçue. »
03:59« En fait, elle m'a toujours dit qu'elle était reconnaissante de sa lutte. »
04:01Quand deux personnes que tout oppose tentent malgré tout de s'entendre pour une cause commune, c'est là le début de bien des quiproquos.
04:08« Hey Benji, je viens juste d'arriver à l'aéroport. »
04:10« J'espère que tu as déjà quitté... »
04:12« Oh mon dieu, tu l'as fait ! »
04:13« J'ai eu de la merde de Wemiland. »
04:15« Attends, tu ne prends pas de l'herbe en Pologne, n'est-ce pas, Benji ? »
04:17« Ils ne font pas de merde sur ce genre de choses. »
04:18« Je crois qu'ils font de la merde sur ça. »
04:21Je n'ai jamais abordé le film comme étant un buddy movie ou un road trip.
04:25Je me suis contenté de retranscrire ce que je ressentais à travers des discussions que je voulais entendre.
04:31Au fur et à mesure de l'écriture, j'ai pris conscience de ce que je voulais raconter.
04:35Ok, c'est l'histoire de deux gars qui font l'expérience de la douleur et qui essaient de ressentir la douleur de l'histoire avec un grand H.
04:42Et là, j'ai commencé à développer les thèmes du film.
04:45Mais au départ, ça ressemblait plus à un journal intime.
04:48« Un mot de précaution. »
04:49« C'est un tour sur Ped. »
04:51« Notre grand-mère et Benji étaient super proches. »
04:53« Elle était la plus cool. »
04:54« J'ai été un vrai punk depuis qu'elle est morte. »
05:02Dans le film, le personnage de Benji veut tout ressentir d'un point de vue physique.
05:09Il part du principe que s'il n'y parvient pas, ce serait immoral et contre toute éthique.
05:14Je ne vois pas les choses de cette façon, mais je comprends pourquoi il pense de la sorte.
05:18Il est intelligent, même s'il est odieux.
05:31Oui, je suis dépressif, alors que tout se passe bien dans ma vie.
05:35Je suis conscient que ma famille a survécu par miracle et contribué à ce que je sois en vie aujourd'hui.
05:40Et pourtant, je suis en dépression.
05:45Pourquoi ? Je n'en sais rien.
05:48Je me balade dans New York et je suis dépressif.
05:51Je connais l'histoire de ma famille.
05:52Je devrais me sentir chanceux de me lever le matin et embrasser le sol.
05:55Et pourtant, je me sens malheureux.
05:57Je n'ai aucune réponse à apporter.
05:58Je ne sais pas pourquoi tous les gens que je connais de ma génération, qui sont juifs américains,
06:02sont déprimés alors que leur famille a miraculeusement survécu.
06:06C'est étrange et je me pose cette question, oui.
06:28Dans Yokai, le monde des esprits, Catherine Deneuve joue une star de la chanson
06:32qui décède lors d'un concert au Japon.
06:34Elle commence alors un bien étrange périple dans l'au-delà,
06:36guidée par le fantôme de l'un de ses plus grands fans.
06:39Vous savez ce que c'est de créer ?
06:41C'est comme faire voler un cerf-volant.
06:42Mais lorsque le vent n'est pas en votre faveur, on commence à douter.
06:48Peut-être que mourir seule au Japon, ce n'est pas si mal après tout.
06:58Deux documentaires sont à l'affiche cette semaine.
07:01L'énigme Velázquez propose un voyage immersif
07:04dans l'œuvre du célèbre peintre espagnol avec Vincent Lindon en voix off.
07:08La vérité, la personnalité, c'est là tout le dogme de l'art moderne,
07:14dont l'origine est Velázquez.
07:20L'autre documentaire, Maman déchire, d'Émilie Brizavoine,
07:23est centré sur la mère de la réalisatrice,
07:26une femme à la personnalité joyeusement fantasque,
07:29avec ce que cela suppose de positif, mais aussi de moins réjouissant.
07:33Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Maman.
07:35Et je ne l'ai pas reconnue à l'aéroport.
07:37Elle était habillée tout en noir et en cuir comme une punk.
07:40Maintenant, elle porte des lunettes noires tout le temps, même le soir.
07:43Il faudrait qu'on puisse évoquer le passé ensemble.
07:45Mais ce n'est pas évident.
07:47J'ai toujours peur d'elle comme si j'avais 8 ans.
07:50Judith Davis est l'un des membres fondateurs du collectif théâtral L'Avantage du Doute.
07:55Pour son deuxième long métrage, elle embarque ses comparses et ses personnages
07:59dans une sorte de conte de fées contemporain et ubuesque,
08:02avec pour lieu de ralliement un vieux château en ruine qui sert d'asile
08:05et qui est aussi convoité pour un projet immobilier.
08:08Bonjour l'asile, c'est un film qui interroge nos choix de vie.
08:11Là, on arrive au potager, on essaye de tout faire en permaculture.
08:14C'est compliqué, mais c'est passionnant.
08:16J'aimerais bien qu'il y ait quelque chose de cathartique dans...
08:18Ok, je ne suis pas tout seule à avoir l'impression qu'on est vraiment chez les fous.
08:22Ça parle aussi du couple moderne.
08:25Je les mets où les bodys ?
08:26Elle est où la boîte des pirates d'attaque ?
08:27Je n'ai pas trouvé la moutarde.
08:29Lisa !
08:31J'essaie vraiment d'entretenir des énergies positives
08:34et de fédérer avec un humour que j'espère contaminant.
08:38C'est également une ode à la misère.
08:40C'est un film qui est un peu comme un film d'horreur.
08:44C'est également une ode à l'amitié.
08:46Je n'ai pas fait le choix de la petite famille merdeuse qui n'a rien d'autre à proposer, ça c'est sûr.
08:49Parce que là, tu te racontes le Père Noël avec des cabanes.
08:51Va dans la salle stalinienne, gros snob !
08:53Garde-toi !
08:55Et de me dire que si je m'adresse aux gens à travers un miroir tendu,
08:59je pense qu'il y a quelque chose qui passe.
09:01Tout ce qui est évoqué, ça a été vécu, ça a été traversé d'une manière ou d'une autre.
09:07Il y sera même question d'un promoteur engagé.
09:09Qu'est-ce que vous foutez là ?
09:11Notre 5 étoiles s'inscrit dans un projet éco-conscient 100% décarbonique.
09:18Non, on ne part pas.
09:21Mais Bonjour l'asile, c'est avant tout un film qui parle d'un asile.
09:24C'est un film qui nous invite à ne pas sombrer dans la folie en termes de psychiatrie,
09:31mais qui nous invite à identifier ce qui pourrait être de l'ordre de la folie dans nos vies
09:35et ensuite assumer le fait qu'on a tous et toutes des masques
09:39et que ces masques-là, il faut en avoir conscience, il faut pouvoir jouer avec.
09:52C'est aussi une manière de s'interroger sur ce qu'est cette folie intérieure qu'on a toutes et tous
09:57et qui n'a plus d'espace dans la société dans laquelle on vit pour s'exprimer.
10:01Parce que la folie, ce n'est pas qu'une pathologie, c'est aussi une manière de jouer avec la vie,
10:05de jouer avec soi-même, de jouer avec l'image qu'on se trimballe en permanence
10:09parce qu'on passe notre temps quand même à jouer un rôle dans cette société.
10:29Quittons un peu la France pour l'Autriche,
10:31Fatterland se veut une plongée dans l'univers de l'auteur et dramaturge Thomas Bernhardt,
10:36décédé en 1989, qui fut célèbre pour ses provocations à l'égard de l'État autrichien
10:41et ses prises de position tonitruantes.
10:56Voyage, voyage, passons de l'Autriche au Mexique en un clin d'œil
11:00pour voir l'œuvre de William Burroughs, librement adaptée par Luca Guadagnino.
11:04« Queer » est porté par l'ancien double 07, Daniel Craig,
11:08faisant ici la démonstration d'une tout autre masculinité.
11:21Ce film illustre un monde inventé par William Burroughs.
11:24Burroughs n'est pas un écrivain qui respecte la chronologie et le réalisme.
11:30Il écrit des livres qui sont surtout des voyages intérieurs.
11:35Peu importe qu'on sache où on en est et à quel moment.
11:39Cette histoire n'est absolument pas le journal de bord d'un touriste en voyage au Mexique en 1949.
12:00Ce film accompagne le quotidien d'un personnage
12:04qui évolue dans sa propre vision des villes de Mexico et de Panama
12:08et dans sa propre vision de l'Équateur.
12:11Ce ne sont pas des vrais lieux avec une réalité géographique
12:14mais plutôt une projection mentale d'endroits traversés par le personnage
12:18lui-même inspiré de William Burroughs.
12:21Si la première partie du film peut paraître réaliste,
12:24j'ai voulu que la deuxième soit un rêve éveillé dans un monde parallèle et fantasmé.
12:30La difficulté, c'est de convaincre quelqu'un d'être vraiment une partie de toi.
12:36Alors pourquoi ?
12:37Je ne suis pas un réalisateur qui travaille consciencieusement
12:42à établir des liens entre chacun de ces films.
12:46Je suis avant tout intuitif
12:48et j'aime suivre les directions que mon inconscient m'invite à prendre.
12:52Je veux te parler
12:56sans parler.
13:00Je dirais que le désir anime le film du début à la fin.
13:04Le désir est une force continue dans cette histoire,
13:08un désir constant et permanent.
13:26Je m'appelle Toba Birenboum.
13:29Mon nom de jeune fille est Zilbert Stein.
13:34Quand vous parlez de la rafle, c'est laquelle ?
13:36Celle du 6 juillet.
13:42Ils sont au bout de la rue !
13:44Ils arrivent !
13:45Prends des affaires et on verra.
13:46Dépêche-toi !
13:47Bougez !
13:48J'ai des clés des voisins d'en face.
13:50C'est l'histoire de la mère de Guy Birenboum
13:53que scénarise le film, Toba.
13:55Elle et ses parents ont été sauvés par des voisins
13:59qui les ont protégés, cachés dans une remise de 6 mètres carrés
14:04et dans laquelle ils ont vécu jusqu'à la libération de Paris.
14:07Entrez.
14:08Avec les gardiennes, on a un code.
14:10En cas de danger, elles balayent rapidement dans la cour.
14:13Il faudra être le plus silencieux possible.
14:16Ils sont enfermés pendant plus de deux ans.
14:18Il y a des périodes où c'est plutôt le père qui flanche
14:22et ensuite c'est la maman.
14:25C'est la rafle.
14:26Silence, Toba.
14:27Les gens qui viennent chercher, ils les emmènent où ?
14:29Par ici, par ici !
14:30Ils les emmènent dans des camps de travail.
14:33Et quand quelqu'un craque, c'est les deux autres qui vont être là pour...
14:36Il y a un vrai socle familial qui est important.
14:39Et en fait, ils se relèvent les uns les autres.
14:41Heureusement qu'ils étaient tous les trois
14:43parce que je pense que c'est trois personnalités déjà très fortes.
14:46Et les parents, ils tiennent pour leurs filles
14:49et leur fille, elle tient pour les parents.
14:52Et ils vivent comme ça, en fait.
14:54En s'entraidant, ils survivent comme ça.
14:58Leur but, c'est de nous humilier et nous faire disparaître.
15:01Mais ils n'y arriveront pas.
15:02C'est la guerre.
15:03C'est la guerre.
15:04C'est la guerre.
15:05C'est la guerre.
15:06C'est la guerre.
15:07Et nous faire disparaître…
15:08Mais ils n'y arriveront pas, d'accord ?
15:12On va tenir !
15:13On va tenir ensemble !
15:23Toujours au rayon inspiré d'une histoire vraie,
15:26« To The North » s'intéresse au parcours de clandestins
15:28retrouvés à bord d'un porte-conteneur
15:30au milieu de l'Atlantique.
15:33Je vais à New York,
15:34pour faire de l'argent.
15:37Dans la réalité, le migrant qui est monté à bord avait une bible sur lui et le marin
15:51a décidé de l'aider grâce au livre.
15:53C'est ce qui leur a permis d'établir une communication entre eux.
15:57Le but du jeu n'était pas d'être manichéen mais de jouer sur la notion de moralité
16:21à géométrie variable.
16:22J'avais en tête, pour ce capitaine taïwanais, de questionner le spectateur, qu'il se dise
16:28qu'il a peut-être raison.
16:29Cet officier a une logique horrible, il cherche à protéger l'équipage d'un individu et
16:41sa réponse la plus évidente est de tuer cet individu.
16:44Ce genre de pratiques a toujours cours, je ne sais pas si cela égale les atrocités
16:53perpétrées dans les années 90, mais rien ne changera tant que l'argent restera au
16:58coeur du débat.
16:59La vie ou la mort de ces gens ne sont que des considérations financières.
17:02On ne pouvait finir l'émission sans vous montrer des images incroyables du deuxième
17:17volet de Creation of the Gods, adapté d'un pilier de la littérature chinoise, l'investiture
17:22des dieux.
17:23C'était Tous au Cinéma, l'émission qui vous a fait voir ce que vous allez voir.