"Où es-tu, maman ?", c’est le titre du livre-témoignage poignant écrit par Olivia Maurel, mère de trois enfants, née par GPA. Avec beaucoup de sincérité et d’engagement, celle qui est devenue la porte-parole de la Déclaration internationale de Casablanca explique : "Mon unique motivation réside dans le bien-être des enfants et des femmes impliquées dans la GPA. Mon expérience m’a permis de comprendre que la GPA soulève de profondes questions éthiques qui dépassent les clivages politiques, philosophiques, religieux ou culturels. Elle nous interpelle sur notre conception de la dignité et des droits humains. Il faut accepter de voir la GPA pour ce qu’elle est : la chosification du corps des femmes, la privation de liberté des mères porteuses et la falsification de leur consentement. C’est aussi des grossesses à risque, l’achat d’un enfant par contrat, transformant celui-ci en un objet de consommation, alors même que cela est interdit par nos lois et les conventions internationales".
Dans cet entretien, Olivia Maurel se garde bien de juger les parents ou de faire le procès de leur choix d’avoir recours à la GPA. Elle pointe du doigt les pays et les gouvernements qui laissent ce marché mondial proliférer et croître de manière exponentielle, sans en étudier les répercussions sur les femmes et les enfants. Parce que la GPA est son histoire personnelle, Olivia Maurel peut affirmer haut et fort : "Il n’existe qu’une seule solution à la GPA : son abolition universelle".
Dans cet entretien, Olivia Maurel se garde bien de juger les parents ou de faire le procès de leur choix d’avoir recours à la GPA. Elle pointe du doigt les pays et les gouvernements qui laissent ce marché mondial proliférer et croître de manière exponentielle, sans en étudier les répercussions sur les femmes et les enfants. Parce que la GPA est son histoire personnelle, Olivia Maurel peut affirmer haut et fort : "Il n’existe qu’une seule solution à la GPA : son abolition universelle".
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Où es-tu maman ? C'est le titre du livre en forme de témoignage poignant, écrit par
00:10Olivia Morel, une femme née par GPA, vendue, dit-elle, à la naissance.
00:16Bonjour Olivia Morel.
00:17Bonjour.
00:18Olivia Morel, vous êtes mariée, mère de trois enfants, Eléanor, Théodore et Auguste,
00:23et vous insistez dans toutes les premières pages de votre ouvrage sur le fait que vous
00:27avez été élevée dans une famille aisée, entre la Français et les Etats-Unis, donc
00:31une enfance privilégiée et aimante ?
00:34Privilégiée, oui.
00:35C'est vrai que j'ai manqué de rien, j'avais tout ce dont j'avais besoin, des vêtements,
00:41des jouets, mais j'ai beaucoup été élevée par des nounous.
00:44J'ai grandi avec des nounous, j'ai peu vu mes parents quand j'étais toute petite.
00:51Après, mes parents ont fait ce qu'ils ont pu, avec les moyens qu'ils avaient, avec
00:55leurs problèmes aussi, leurs problématiques à eux, donc voilà, ils m'ont élevée
01:01d'une certaine façon, bien à leur manière, et c'est comme ça.
01:06Très aisée, très privilégiée quand même.
01:07Oui, très aisée et très privilégiée, oui, ça c'est sûr et certain.
01:10Mais l'argent ne fait pas le bonheur.
01:15Alors très jeune, vous dites vers l'âge de 7 ans, vous avez eu des premiers doutes,
01:20vous dites, en regardant ma mère, je m'interroge, et à ces doutes va être associé, et c'est
01:24important, aussi un sentiment d'abandon.
01:27Donc c'est quoi ce doute ?
01:28Alors ce doute, c'est tout d'abord un doute plutôt physique, c'est-à-dire qu'on
01:33ne se ressemblait pas du tout.
01:35Je suis grande, j'ai les yeux bleus, à la base je suis blonde, je ne suis pas marrune,
01:41mais ma mère est petite, elle est très très méditerranéenne, des yeux marrons,
01:48on ne se ressemblait pas du tout.
01:50Je vois qu'il y a quand même une différence entre elle et moi, et puis je vois aussi qu'il
01:55y a une différence d'âge, d'âge entre elle et les mères de mes copines.
02:00Donc c'est vraiment là où je commence à me demander, il y a quand même un petit
02:04problème, donc je vais lui demander son âge, et c'est là où, je le dis d'ailleurs
02:08dans le livre, je lui demande, je lui dis, maman, tu as quel âge ?
02:11Et la première fois qu'elle me répond, j'ai 8 ans, donc je n'ai jamais su son
02:15âge.
02:16Et c'est malheureusement en fouillant son sac que j'ai découvert son âge réel,
02:20et là j'ai commencé à me poser de sérieuses questions.
02:23Et donc vous vous interrogez sur votre identité dans la réalité, et ce sentiment d'abandon,
02:31plus des relations quand même aussi difficiles avec vos parents, au fur et à mesure ?
02:35Oui, alors le sentiment d'abandon a commencé très tôt.
02:39Très tôt, parce que dès que mes parents me laissaient, je hurlais, je me mettais dans
02:44C'était insupportable, je hurlais, je crisais, je me mettais dans des états d'hystérie,
02:49pas possible, j'étais constamment en besoin d'être avec eux, et j'avais peur d'être
02:55abandonnée, tout le temps.
02:57Et cette peur de l'abandon, elle m'a poursuivie toute ma vie.
03:00Donc, que ce soit avec des amis, j'étouffais des amis, j'étais toujours très territorial,
03:07j'avais possessive, d'ailleurs j'étouffais les gens tellement qu'ils partaient.
03:12C'était un cercle vicieux absolument abominable, je les étouffais parce que je voulais pas
03:16qu'ils m'abandonnent, ils m'abandonnaient parce que je les étouffais, je partais en
03:19dépression parce qu'on m'abandonnait à nouveau.
03:22Donc, cette peur de l'abandon m'a suivie toute ma vie et a commencé dès mon plus
03:26jeune âge, malheureusement.
03:27Et ça se voit sur votre comportement, vous le dites, vous devenez anxieuse, puis on va
03:31le dire le mot, asociale, et à l'adolescence, rebelle, droguée, une vraie descente aux
03:37enfers, ponctuée d'ailleurs de drames et d'épreuves.
03:40Oui, j'ai touché le fin fond du trou, on peut le dire, pendant l'adolescence et un
03:46peu plus tard, où je me mettais au bord du précipice à chaque fois parce que j'avais
03:52besoin d'avoir l'impression de vivre, j'avais besoin aussi de combler un vide, le vide
04:00d'avoir perdu ma mère en fait, en réalité quand on fait une psychanalyse un peu plus
04:04tard, on comprend ce qui s'est passé à l'adolescence, et c'est vraiment un vide
04:08que j'essayais de combler, par la drogue, par l'alcool, et malheureusement aussi, ça
04:15m'a poussée à commettre parfois des choses abominables, comme des tentatives de suicide,
04:22et éventuellement, ça a mené à un violence, qui a été désastreux et que je décris
04:31dans mon livre à cœur ouvert, et c'est la première fois que je le fais, parce que
04:35j'ai eu du mal à en parler pendant de très nombreuses années, mon mari n'était
04:38pas au courant jusqu'à… il n'y a pas très longtemps que ça, et c'est dans
04:43ce livre que j'ai décidé vraiment de me livrer, de décrire la scène comme elle
04:47l'était, pour pouvoir me délester de cette horreur.
04:51Olivier Morel, ces éléments que vous indiquez, ils ont quand même une conséquence dans
04:56l'esprit du lecteur, et puis ça sera celui du téléspectateur aussi, c'est-à-dire
05:00que certains pourraient se dire que votre quête identitaire, cherchant à retrouver
05:04votre mère biologique, on va en parler, relève finalement plus d'un mal-être personnel
05:10que d'un problème inhérent à la GPA.
05:13Est-ce que vous répondez à ces interrogations légitimes ?
05:16Oui, oui, c'est légitime bien sûr, toute question est légitime, mais quand on est
05:21abandonné à la naissance, quand on est arraché de ses racines, quand il y a une rupture
05:27entre la mère et l'enfant, les fondations de notre existence sont bancales.
05:33C'est comme une fondation d'une maison.
05:36Moi, mes fondations étaient bancales, donc ma maison s'est écroulée à l'âge de
05:40l'adolescence quand j'ai dû me construire.
05:42On ne peut pas se construire quand on ne sait pas d'où on vient.
05:45Ça n'a rien à voir avec mon cas personnel, c'est général, quand on ne sait pas qui
05:51on est, on ne peut pas savoir où on va.
05:53Ça vaut pour tout le monde.
05:55Donc je ne fais pas de mon cas un cas personnel, pas du tout.
06:00Ça vaut aussi pour les enfants qui sont adoptés par exemple.
06:02Ils sont toujours en quête de leur identité, c'est très compliqué pour eux, ils ont
06:06des adolescences souvent très difficiles, il y a quand même 4 fois plus de tentatives
06:11de suicide chez les enfants adoptés, parce que justement, ils n'ont pas leurs racines,
06:15ils n'ont pas leur identité, et ça leur cause des troubles vraiment très compliqués.
06:19Alors pourquoi ça ne s'appliquerait pas aux enfants nés par GPA ?
06:23On va poursuivre et terminer sur votre cas, pour aller plus loin sur la question même
06:30de la GPA.
06:31Mais vous êtes partie à la quête de vos racines, on le voit bien.
06:33Vous avez même réussi à établir un vrai contact avec votre mère porteuse.
06:37Vous le racontez dans le livre.
06:39Comment s'est déroulée cette rencontre ?
06:41Et surtout, est-ce qu'aujourd'hui encore, elle comprend votre combat contre la GPA ?
06:46Alors, ma mère porteuse, je l'ai rencontrée d'une façon complètement folle.
06:54C'est ma belle-mère qui m'a offert un test ADN, donc la mère de mon mari qui a décidé
06:58d'offrir ce test ADN.
07:00Elle me voyait souffrir pendant de très nombreuses années, ça faisait déjà 8 ans qu'on était
07:03ensemble avec mon mari.
07:05Elle me voyait souffrir, j'étais dans des crises d'hystérie tout le temps, c'était
07:09très compliqué.
07:10Vraiment, j'ai une personnalité très compliquée.
07:13Et elle savait que c'était dû au fait que je n'avais pas de racines et que je ne savais
07:16pas d'où je venais.
07:18Et donc, dans cette quête d'identité, je passais par des moments d'hystérie un peu.
07:23Donc, elle m'a offert ce test ADN à mes 30 ans.
07:26Ce test ADN, j'ai mis du temps à le prendre parce que j'avais peur, parce que je ne savais
07:31pas ce que ça allait donner, parce que j'avais peur d'avoir...
07:34Parce que c'est vrai que depuis mes 17 ans, je raconte que je suis née de GPA.
07:38Donc, j'avais peur d'avoir menti toutes ces années.
07:41Bon bref, je le prends et immédiatement, ce test ADN me montre que je n'ai pas de sang
07:47français dans mes gènes.
07:49Donc, je n'ai aucune génétique française et que je suis plutôt lituanienne, bref,
07:54norvégienne, avec de la Suisse, bref, un joli melting pot.
07:59Et je suis aussi matchée dans la base avec une cousine.
08:06Cette cousine qui va me mettre en relation avec mon demi-frère, mon demi-frère avec
08:10mes demi-sœurs et après avec ma mère porteuse qui a décidé elle-même de me contacter.
08:17Moi, je ne voulais pas la contacter parce que je ne voulais pas être un fardeau pour elle.
08:20Je ne voulais pas lui poser de problème.
08:23Je sais qu'au bout de 30 ans, revenir comme ça, comme une fleur, ça peut être choquant.
08:27Donc, je lui ai laissé par pudeur le choix de venir me contacter ou non.
08:32Et on a beaucoup discuté.
08:34D'ailleurs, on voit le récit exactement de ces échanges dans le livre.
08:39Elle a répondu absolument à toutes les questions dont j'avais besoin.
08:42Des questions existentielles.
08:44Comment je suis née ? Pourquoi tu fais ça ?
08:47Quelles étaient les conditions de notre séparation ?
08:50Comment s'est passée la grossesse ?
08:52Quelle est ta couleur préférée ?
08:54Qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ?
08:56Je cherchais qui j'étais en elle.
09:00Et aujourd'hui, je ne sais pas si elle comprend mon combat.
09:06Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne discute plus du tout.
09:09C'est vrai qu'elle est...
09:11Mentalement, elle est en difficulté.
09:13C'est une femme fragile.
09:15Donc, qui ne parle aussi plus à la majorité de ses autres enfants qu'elle a gardés.
09:19Donc, voilà.
09:21Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire si elle comprend mon combat ou non.
09:25Et pourquoi elle l'avait fait ?
09:27Pourquoi elle l'avait fait ?
09:29Elle, à titre personnel, a dit que c'était parce qu'elle avait perdu un fils
09:33juste avant que...
09:35Dans un...
09:37Comment dire ?
09:39Dans un drame familial absolument horrible.
09:43Elle avait perdu un fils et elle se devait redevable à la société
09:47et à Dieu
09:49de donner un enfant à un couple qui ne pouvait pas avoir d'enfant.
09:52C'est sa version à elle.
09:54La vraie version, c'est qu'elle avait besoin d'argent.
09:56Elle avait besoin d'argent.
09:58Elle était seule.
09:59Elle élevait ses quatre autres enfants.
10:01Il fallait qu'elle les nourrisse.
10:03Elle était instable.
10:05Et elle a fait ça pour l'argent.
10:07En plus, j'ai appris de part mon demi-frère
10:09qu'il y aurait potentiellement deux autres enfants de l'épargé PA
10:12parce qu'ils ont retrouvé d'autres contrats.
10:15Donc, on sait très bien que c'est pour l'argent que ça a été fait
10:18et pas pour la gloire et pour Dieu.
10:20– Une expression vendue à la naissance.
10:22– Oui.
10:23– C'est dur.
10:24– Oui, c'est dur, mais c'est vrai.
10:26On est échangé contre un chèque.
10:28Et c'est littéralement être vendu à la naissance.
10:31Voilà.
10:32– La GPA se lève.
10:34On le voit des questions éthiques profondes
10:36qui dépassent les clivages politiques d'ailleurs, aux philosophiques.
10:38– Oui, bien sûr.
10:39Ça n'a rien à voir.
10:40– Aux philosophiques.
10:41Votre position, elle est claire.
10:42Elle est nette.
10:43Vous l'avez d'ailleurs rappelé.
10:44Il y a quelques jours, vous étiez en Albanie, à Tirana,
10:47pour la déclaration…
10:50Ah, j'ai perdu le terme.
10:52– La déclaration de Casablanca.
10:53– La déclaration internationale de Casablanca.
10:55Même quand c'est vu avant cette émission,
10:57j'avais du mal à le dire.
10:58Un saxe poursuivre, vous voyez comme quoi.
11:00Et vous l'avez donc rappelé, en Albanie.
11:02Avant d'arriver à cette conclusion,
11:04abolition universelle de la GPA,
11:05vous répondez à toutes les objections dans le livre.
11:07Et la première est la plus simple quand même.
11:09Celle que je retiens, il y a des témoignages d'enfants nés par GPA
11:12et qui vivent bien leur situation.
11:14– Alors, je suis contente et je suis complètement consciente
11:17qu'il y ait des belles histoires.
11:19Et il y en aura.
11:20Il y en aura toujours des belles histoires.
11:22Comme il y aura toujours des belles histoires d'esclaves
11:26qui leur donnaient de la nourriture,
11:28qui les habillaient, qui les traitaient bien.
11:30Je suis sûre que ça existait aussi dans le temps.
11:32Mais est-ce que ça rend l'esclavagisme éthique pour autant ?
11:36Non.
11:37La gestation pour autrui, c'est exactement pareil.
11:39Il peut y avoir des magnifiques histoires.
11:41Je ne les nie pas.
11:42Et d'ailleurs, je suis très heureuse pour ces familles
11:45où ça se passe très bien.
11:47Je n'ai rien contre eux.
11:49Au contraire, je n'ai que d'amour.
11:51Mais ça ne rend pas la pratique plus éthique.
11:53Ça reste de la location d'utérus.
11:55Ça reste de la vente d'enfants.
11:57Et c'est quelque chose qu'on doit abolir.
11:59Certains estiment aussi que la GPA,
12:01si elle était encadrée éthiquement,
12:03ou s'il n'y avait pas l'aspect marchandisation,
12:05ça pourrait être la solution.
12:07Et pensez-vous qu'il y a un modèle éthique de la GPA
12:09qui peut exister ?
12:11On a presque répondu à l'instant.
12:13Non, il n'y a pas de modèle éthique, évidemment.
12:15Comme je l'ai dit, il n'y a pas de modèle...
12:17Il n'y a pas de moyen éthique de louer un corps.
12:19Il n'y a pas de moyen éthique de vendre un enfant.
12:22Il y a toujours de l'argent qui est échangé.
12:24Je vais vous donner l'exemple de deux pays.
12:27Très clairement, on va prendre la Grande-Bretagne.
12:30En Grande-Bretagne, c'est altruiste.
12:32C'est-à-dire que normalement,
12:34quand on pense altruiste, on pense éthique,
12:36on pense pas d'argent échangé.
12:38Néanmoins, ces mères porteuses
12:40sont dénommagées de frais énormes,
12:42tellement conséquents
12:44que ça constitue un salaire mensuel
12:46pour ces femmes.
12:48Donc pour une femme qui doit sortir de la précarité,
12:50qu'est-ce qu'elle doit faire ?
12:52Elle doit louer son corps pour obtenir un salaire.
12:54Donc on touche des femmes pauvres
12:56à chaque fois.
12:58C'est de l'exploitation, tout simplement.
13:00Deuxième cas que je vais vous donner, c'est la Grèce.
13:02La Grèce où la GPA est altruiste,
13:04éthique, comme vous voulez dire.
13:06Et ça n'a pas empêché le trafic d'humains.
13:08En août 2023,
13:10169 femmes ont été trafiquées
13:12de pays comme l'Ukraine, la Georgie, l'Albanie.
13:14Elles ont été forcées
13:16à rentrer en Grèce.
13:18Elles ont été forcées
13:20à produire des enfants pour des couples
13:22notamment australiens.
13:24Et ça a été démantelé. C'est un réseau de trafic
13:26d'êtres humains à ciel ouvert, catastrophique.
13:28Ça a été démantelé, là, en 2023.
13:30Donc ce n'est pas parce qu'on régule,
13:32on rend ça éthique,
13:34on met des jolis mots,
13:36des jolis adjectifs devant,
13:38que ça rend la pratique plus jolie.
13:40Au contraire, dès qu'on commence à réguler,
13:42dès qu'on commence à dire qu'on va la rendre éthique,
13:44c'est ouvrir la porte
13:46au trafic d'êtres humains.
13:48Et c'est fini, c'est fini.
13:50C'est le début de la fin pour les femmes et les enfants de ce monde.
13:52– Achat d'enfants par contrat,
13:54transformation de l'enfant en objet de consommation,
13:56le droit à l'achat d'enfants,
13:58ça vous en donnait beaucoup d'exemples
14:00et à quelques fois absolument sordides.
14:02– C'est-à-dire ?
14:04– Dans les exemples de ce qui nuit à l'enfant,
14:06et de ces informations sur GPA,
14:08vous oubliez pas de définir
14:10les aspects les plus sordides.
14:12C'était vraiment de la marchandisation
14:14et même de l'esclavagisme.
14:16Vous donnez des exemples.
14:18On est véritablement dans quelque chose
14:20qui est loin d'être éthique,
14:22mais qui est absolument indominable
14:24par son caractère industriel.
14:26– On parle d'un marché quand même
14:28de la femme et de l'enfant.
14:30Déjà, on était à 14 milliards en 2022,
14:32on est monté à 20 milliards,
14:34plus de 21 milliards en 2024.
14:36Normalement, le marché va toucher
14:38195 milliards en 2030.
14:40Donc c'est exponentiel,
14:42c'est un vrai marché très lucratif
14:44où on prend des femmes,
14:46on leur met des contrats
14:48qui les empêchent de boire
14:50ce qu'elles veulent,
14:52si elles ne peuvent pas prendre
14:54un thé à base d'herbe
14:56si elles le souhaitent toutes seules,
14:58elles ne peuvent pas avoir
15:00des relations intimes avec leur mari
15:02si elles le veulent,
15:04elles ne peuvent pas voyager,
15:06donc elles sont contraintes
15:08et en fait,
15:10les parents commanditaires
15:12ont le droit de propriété
15:14sur cette femme
15:16pendant toute la durée du contrat
15:18parce qu'ils ont la propriété
15:20du petit enfant
15:22qui est à l'intérieur de ce corps.
15:24Donc c'est de l'esclavagisme moderne,
15:26tout simplement.
15:28– Un business.
15:30– Un business très très fructueux.
15:32– Avec un marketing très agressif.
15:34– Très agressif sur les réseaux sociaux surtout.
15:36Donc on est bassiné à longueur de journée
15:38sur TikTok, Facebook, Instagram,
15:40de belles images,
15:42de TikTokers,
15:44d'influenceurs
15:46qui ont 500 000 abonnés
15:48et qui en ont fait leur métier
15:50de montrer leur vie de famille
15:52avec leurs enfants, que tout est beau,
15:54que tout est rose, que la GPS est magnifique
15:56et aussi sur les médias français,
15:58soyons honnêtes, aujourd'hui sur les médias français,
16:00sur les plateaux de télé,
16:02on ne voit que ça, on ne voit que des belles histoires
16:04incroyables d'enfants,
16:06de parents heureux
16:08et on ne montre pas ce qu'est la GPA
16:10à la base.
16:12Quelque chose de purement non éthique.
16:14– Vous étiez à Tirana, vous étiez en Serbie,
16:16en Albanie, en Serbie avant,
16:18est-ce que dans ces pays-là,
16:20on a parlé beaucoup de l'Ukraine, il y a vraiment
16:22une forme d'industrialisation de la GPA ?
16:24– Alors on n'a pas beaucoup parlé de l'Ukraine,
16:26non, on a plutôt, parce qu'en Albanie en ce moment
16:28ce qui se passe, c'est qu'il y a
16:30des socialistes qui sont au pouvoir
16:32et ils veulent légaliser
16:34la gestation pour autrui en Albanie.
16:36Chose complètement atroce,
16:38parce qu'aujourd'hui on sait qu'en Albanie
16:40c'est le pays parfait pour la GPA,
16:44pardon, excusez-moi, pour les pros GPA,
16:46parce que les femmes sont pauvres,
16:48parce que les femmes,
16:50le SMIC est à 385 euros,
16:52donc on sait que,
16:54voilà, on a des pros faciles.
16:56Et là, s'ils commencent
16:58à ouvrir la porte au marché
17:00de la gestation pour autrui
17:02en Albanie, c'est fini.
17:04Ces femmes seront utilisées,
17:06abusées, trafiquées
17:08et ça va être très compliqué
17:10de s'en sortir. Donc j'étais là-bas
17:12pour les prévenir de ce qui peut se passer
17:14pour les femmes albanaises
17:16et ça sera la catastrophe.
17:18– En France, est-ce que vous avez,
17:20votre discours, comment est-il
17:22reçu par exemple par une femme
17:24qui peut être féministe ou qui se dit féministe
17:26de gauche, est-ce que ça c'est quelque chose,
17:28je pense à Sandrine Rousseau,
17:30qui symbolise cela, mais qui n'est pas la seule,
17:32c'est dérisoire,
17:34ce type de profil politique,
17:36j'entends, et philosophique,
17:38est-ce que vous en avez, vous avez un soutien
17:40ou alors une incompréhension de leur part ?
17:42– Alors, j'en ai, j'ai du soutien
17:44de la gauche, j'ai du soutien, surtout,
17:46alors peut-être pas politique,
17:48mais j'ai beaucoup de soutien de militantes
17:50féministes de gauche,
17:52abolitionnistes,
17:54qui sont mon filet de sécurité,
17:56qui sont mes guerrières, qui sont là pour me protéger
17:58à chaque fois sur les réseaux sociaux,
18:00qui sont derrière les scènes
18:02à chaque fois,
18:04et qui militent depuis des années
18:06contre la gestation pour autrui,
18:08donc oui, j'ai du soutien à gauche,
18:10de gens dans la politique,
18:12mais de fortes personnalités,
18:16c'est vrai qu'on en a peu,
18:18on en a plus à droite
18:20qu'à gauche, il faut le dire.
18:22Mais bon, ça va venir.
18:24– On va vous expliquer, comme vous dites,
18:26à Tirana, ce sont les socialistes
18:28dont ils sont pour la GPA.
18:30Quelle est, pour vous,
18:32l'explication de leur comportement ?
18:34– Je pense qu'ils essayent
18:36de gagner des électeurs, tout simplement.
18:38Voilà, parce que
18:40c'est le libéralisme, parce que c'est
18:42le progressisme, parce que
18:44ils pensent qu'avec ça, les gens,
18:46voilà, pour eux,
18:48c'est la progression,
18:50c'est tout. Après, il y a aussi
18:52les filles pro-GPA, il faut le dire,
18:54qui est extrêmement fort,
18:56qui est très fortunée, comme je l'ai dit,
18:58qui appuient derrière, qui sont
19:00à l'Union Européenne, qui sont aux Nations Unies,
19:02qui sont derrière tous les pays,
19:04qui vont voir les ministres,
19:06les présidents, et qui poussent,
19:08et qui poussent, et qui poussent.
19:10Et ils ont des moyens incommensurables
19:12que nous, on n'a pas. Et donc,
19:14c'est sûr que c'est plus compliqué
19:16à convaincre quand on n'a pas beaucoup d'argent
19:18derrière, comme nous.
19:20– Vous dites qu'il existe aujourd'hui 36 millions d'esclaves
19:22dans le monde, 36 millions.
19:24– Oui, c'est ça. – Comment aboutir
19:26à l'abolition universelle ? Comment on fait ?
19:28Et est-ce que d'autres pays le font ?
19:30– Des esclaves ? – Non, l'abolition.
19:32L'abolition des esclaves, on l'a partout
19:34dans la France sociale.
19:36– Les esclaves, malheureusement, on en a encore aujourd'hui.
19:38Est-ce qu'on va réguler la pratique pour autant ? Non.
19:40Pour moi, la GPA,
19:42c'est exactement la même chose aujourd'hui.
19:44Je pense qu'il y a
19:46plusieurs manières de faire. Aujourd'hui,
19:48il faut, premièrement, agir
19:50dans les pays,
19:52exactement comme l'Italie l'a fait.
19:54C'est-à-dire qu'ils ont interdit
19:56la gestation pour autrui sur leur territoire.
19:58Aucun Italien ne peut
20:00recourir à la gestation pour autrui sur le territoire italien.
20:02Et ils ont pénalisé
20:04le fait qu'un Italien
20:06aille ailleurs, dans un autre pays,
20:08chercher un enfant et revenir avec.
20:10Donc, ils peuvent encourir
20:12une peine de prison et une lourde amende
20:14allant jusqu'à un million d'euros, je pense que c'est.
20:16Donc, ça, pour moi,
20:18c'est l'exemple parfait de ce qui doit être fait
20:20dans un pays, dans chaque pays.
20:22Après,
20:24au niveau international,
20:26c'est ce qu'on fait avec la déclaration de Casablanca.
20:28On milite pour un traité international.
20:30Donc, on doit asseoir autour de la table
20:32des pays qui vont
20:34commencer par signer d'abord une déclaration
20:36et ensuite,
20:38on va commencer à parler d'un traité international
20:40pour abolir la pratique.
20:42Dans cette abolition de la GPA,
20:44vous apportez aussi
20:46un autre témoignage qui est quand même important,
20:48c'est le nombre de vedettes
20:50internationales, américaines,
20:52françaises aussi, bien évidemment, des présentateurs
20:54notamment, qui ont eu recours
20:56à la GPA et qui en font la promotion.
20:58Et là, vous répondez, par exemple,
21:00pour Paris Hilton,
21:02vous évoquez cela, et c'est en termes
21:04qui sont plus glorieux, finalement.
21:06Paris Hilton,
21:08c'est un cas très particulier, quand même.
21:10Elle ne voulait pas…
21:12Sa raison pour recourir
21:14à la gestation pour autrui est très simple,
21:16ce n'est pas parce qu'elle est infertile
21:18ou parce qu'elle est en manque d'enfants
21:20ou parce que je peux entendre les gens qui sont en manque d'enfants
21:22et voilà, je l'entends totalement.
21:24Pour une personne comme Paris Hilton,
21:26c'est tout simplement parce qu'elle avait peur
21:28de tomber enceinte, peur de l'accouchement,
21:30parce qu'elle avait vu un accouchement,
21:32elle avait eu peur pendant un de ses tournages
21:34et qu'elle ne voulait pas accoucher.
21:36Donc, elle a remis la peur à une autre femme.
21:38Moi, ça, c'est abominable.
21:40Et oui, c'est…
21:42Qu'est-ce que je voulais que je vous dise ?
21:44– Je vous le dis parce qu'il y a des présentateurs,
21:46on ne va pas les citer, mais il y a des présentateurs connus en France
21:48qui vous disent, moi j'ai un enfant,
21:50une enfant de l'enfance, c'est merveilleux,
21:52ils vont être dans un climat privilégié,
21:54à un niveau aisé, aimant…
21:56– Mais qu'est-ce qu'ils en savent ?
21:58– Hétérosexuel ou homosexuel, aimant,
22:00et ça, vous dites quoi à cela ?
22:02– Je dis que je l'espère…
22:04– Parce qu'ils se font entendre.
22:06– Mais bien sûr, ils se font entendre
22:08certains dirigent des groupes,
22:10il y en a d'autres qui sont présentateurs,
22:12c'est facile pour eux,
22:14ils ont accès aux médias en claquant des doigts.
22:16Des gens comme moi n'ont pas accès
22:18à des médias mainstream en claquant des doigts,
22:20c'est très très compliqué.
22:22Qu'est-ce que j'ai à leur dire ?
22:24J'ai à leur dire que pour l'instant,
22:26on ne sait pas, moi, à l'âge de 3 ans,
22:28je n'aurais jamais pu parler,
22:308 ans non plus, 10 ans, 15 ans, 20 ans,
22:32il m'a fallu 30 ans pour parler,
22:3430 années pour parler.
22:3630 ans, c'est long.
22:38Et aussi, j'ai eu de l'aide psychologique,
22:42d'une psychanalyse, d'un psychiatre,
22:44j'avais mon mari, j'avais mes enfants,
22:46j'avais les féministes,
22:48j'avais la déclaration de Casablanca,
22:50j'avais un filet de sécurité.
22:52Moi, j'ai cette chance-là,
22:54c'est d'être soutenue,
22:56j'ai un soutien qui est infaillible,
22:58j'ai de l'amour inconditionnel autour de moi
23:00qui me pousse à parler.
23:02Je parle à des enfants qui sont nés par GPA,
23:04et un petit peu après moi,
23:06on est un petit groupe,
23:08on est un groupe, on peut dire,
23:10et ces enfants ne parleront jamais.
23:12Jamais, parce qu'ils ont un conflit de loyauté
23:14envers leurs parents,
23:16parce qu'ils ont été voulus, ils ont été achetés,
23:18il y a eu quand même une somme qui a été investie
23:20dans ces enfants-là, ils ne parleront jamais
23:22parce qu'ils ont peur de perdre leurs parents.
23:24Moi, j'ai ce filet de sécurité,
23:26je n'avais pas peur de perdre mes parents,
23:28je savais que j'allais les perdre.
23:30Mais c'était le prix à payer,
23:32j'avais envie de faire le juste, le bon,
23:34j'avais envie de me battre
23:36pour mes idées,
23:38pour l'abolition universelle
23:40de la gestation pour autrui.
23:42– Un livre qui suscite le débat
23:44et qui agit pour sensibiliser nos compatriotes,
23:46pour vous sensibiliser,
23:48mais un livre aussi, et vous le dites,
23:50comme une forme de thérapie, une thérapie qui a fonctionné.
23:52– Absolument. – Merci beaucoup.
23:54– Merci à vous.