• il y a 3 ans
À l'occasion de la sortie de son nouveau livre « Fils à papa(s) », Christophe Beaugrand nous raconte le parcours GPA qu'il a mené avec son mari Ghislain Gerin pour donner naissance au petit Valentin. L'occasion d'expliquer clairement en quoi consiste la gestation pour autrui, son fonctionnement et ce que cela implique.

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Transcription
00:00 L'envie de fonder une famille, c'est quelque chose d'universel.
00:02 Ce n'est pas une histoire d'hommes, de femmes, hétéros ou homos.
00:05 Le rêve de fonder un foyer, de transmettre,
00:08 je pense que ça parle à tout le monde.
00:10 La GPA, c'est ce qu'on appelle la gestation pour autrui,
00:15 c'est-à-dire une femme qui va porter un bébé pour un couple qui ne le peut pas,
00:19 que ce soit un couple hétérosexuel ou un couple homosexuel.
00:22 En l'occurrence aux États-Unis, il y a des règles très précises
00:25 dans ce qu'on appelle une GPA éthique.
00:27 Il y a d'un côté une femme qui donne ses ovocytes
00:29 et de l'autre, une autre femme qui va porter notre bébé,
00:32 c'est-à-dire qu'elle n'a pas de lien génétique avec l'enfant qu'elle va mettre au monde.
00:36 On me pose souvent la question "pourquoi vous n'avez pas adopté ?"
00:38 C'est que hélas, aujourd'hui, pour les couples hétérosexuels,
00:41 c'est déjà très compliqué d'adopter, c'est souvent des années d'attente.
00:44 Pour les couples homosexuels, c'est quasiment impossible.
00:47 Il y a aujourd'hui, si je ne me trompe pas, depuis la loi sur le mariage pour tous, 2013,
00:52 une quarantaine d'enfants qui ont été confiés à des couples homos.
00:55 Donc on a finalement décidé avec mon mari de se tourner vers la gestation pour autrui,
01:00 mais en prenant toutes les précautions pour être sûr,
01:03 avec tous les garde-fous possibles pour être sûr que les choses se fassent dans le respect.
01:06 Je n'aurais pas pu regarder mon enfant dans les yeux
01:09 si je n'avais pas été persuadé que les choses se sont faites dans le respect,
01:13 et surtout dans le respect de la femme.
01:14 Il n'y a pas 36 solutions, il n'y a que deux pays qui offrent un cadre juridique,
01:19 éthique, psychologique, médical correct,
01:23 ce sont les États-Unis et le Canada.
01:25 Et on a fait appel à une agence aux États-Unis,
01:27 ce sont des agences qui prennent en charge,
01:29 qui accompagnent ceux qu'on appelle les parents d'intention,
01:32 et ces agences vous mettent en relation avec des donneuses de vocites,
01:37 des mères porteuses, des cliniques de fécondation in vitro,
01:40 des assurances, parce que c'est très important aux États-Unis,
01:43 des avocats, parce qu'il y a toute une partie juridique très importante.
01:46 Donc voilà, il y a tous ces états-là, c'est lourd, c'est compliqué, c'est laborieux,
01:50 mais on y arrive.
01:51 Et surtout, ça a été l'occasion, grâce à cette agence,
01:55 de rencontrer deux femmes extraordinaires.
01:58 Une qui s'appelle Bruna, qui a donné ses ovocytes,
02:00 et une autre dont je parle beaucoup dans le livre, qui s'appelle Whitney,
02:03 qui a porté notre petit garçon, qui est le plus beau des petits garçons, forcément.
02:06 C'est le nôtre.
02:07 Nous, ça a été assez rapide, ça a mis à peu près deux ans,
02:10 mais ça faisait des mois qu'on se renseignait avant.
02:13 On ne clique pas sur un bouton, comme je peux lire parfois,
02:15 "Vous avez commandé un bébé sur Internet",
02:17 ce n'est pas du tout ça, ce sont des espèces de caricatures malveillantes.
02:21 C'est vraiment l'inverse de ce qu'on imagine.
02:23 Nous, on prend contact avec des femmes, on leur demande
02:25 si elles ont envie de continuer avec nous et de discuter avec nous.
02:29 Mais il y a un dialogue, il faut qu'il y ait quelque chose qui se passe,
02:32 un feeling qui se crée.
02:33 C'est ce qui s'est passé avec Whitney,
02:34 elle avait discuté avec quatre autres couples,
02:37 et finalement, c'est avec nous qu'elle a eu le sentiment
02:41 qu'elle allait pouvoir vivre cette aventure-là.
02:44 Dans les questions qui reviennent le plus,
02:45 les gens n'arrivent pas toujours à comprendre pourquoi Whitney a fait ça.
02:49 Ils imaginent qu'elle a fait ça pour l'argent.
02:51 Alors, je réponds toujours,
02:52 aux États-Unis, ce n'est pas comme ça que ça se passe.
02:55 Les femmes qui portent des enfants dans le cadre d'une GPA éthique
02:58 sont sélectionnées sur leur niveau de vie, sur leur revenu.
03:00 Il faut que ce soit des gens qui ne sont pas du tout dans le besoin.
03:03 Au contraire, elle est propriétaire de sa maison avec son mari,
03:07 ils ont deux voitures, son mari est cadre hospitalier,
03:09 ils ont leurs trois enfants, tout va très bien dans leur vie.
03:12 C'était très important pour nous, pour Giselin et moi,
03:14 de garder une relation forte avec les deux femmes
03:17 qui ont permis à Valentin de venir au monde.
03:19 Je le disais, en aucun cas ce ne sont ses mères,
03:21 ce sont des femmes qui nous ont aidées.
03:23 Cet enfant a ses deux parents,
03:25 il se trouve que ce sont deux hommes, ses deux papas.
03:27 Mais en revanche, c'était très important
03:29 qu'il puisse avoir accès à ses origines et garder un contact.
03:32 Et donc, on a gardé contact avec Bruna.
03:34 Aux États-Unis, il y a un quart des donneuses de vos sites
03:36 qui acceptent de garder le contact
03:37 et les trois quarts qui préfèrent rester anonymes.
03:39 Et puis, le contact,
03:41 évidemment, la relation qu'on a avec Whitney est très, très proche.
03:44 Moi, je peux vous dire qu'il n'y a pas une semaine
03:46 sans qu'on ne s'envoie pas des messages, des photos, des petites vidéos.
03:50 Les réseaux sociaux sont souvent très agressifs.
03:52 Alors, j'ai reçu énormément de messages formidables,
03:54 très bienveillants, au moins 95 %
03:57 et 5 % de messages très violents.
03:59 Il y a tout un tas de messages qui m'ont dit
04:01 « Voilà, c'est un bébé Amazon.
04:03 S'il a un défaut, vous le renvoyez au magasin. »
04:05 Ce genre de choses immondes.
04:07 J'ai reçu aussi, au moment de la naissance de Valentin,
04:10 des photos où on me disait
04:11 « Tiens, voilà une photo du bébé de Christophe Beaugrand. »
04:14 Et c'était la photo d'une merde, d'un étron,
04:17 en disant « Ah, ben voilà, l'accouchement a dû être difficile, etc. »
04:20 J'ai subi un raid numérique de gens qui m'insultent
04:24 et qui me disent que je suis un esclavagiste,
04:25 qu'il faut que j'aille en prison,
04:27 que j'ai arraché un bébé des entrailles d'une femme
04:29 et qu'ils me traitent de criminel.
04:31 Et ça me donne encore plus envie de prendre la parole pour tout vous dire.
04:35 Parce que je pense qu'aujourd'hui,
04:37 beaucoup de Français sont à même de comprendre ce qu'on a vécu,
04:40 de comprendre notre expérience,
04:41 de comprendre surtout ce qu'a vécu et ce qu'a voulu faire Whitney,
04:44 qui a porté notre petit garçon.
04:46 C'est pour ça qu'il y a un chapitre entier dans le livre
04:48 où elle répond directement aux questions.
04:49 C'est elle qui s'exprime,
04:50 parce qu'on a tendance à parler à la place de ses femmes.
04:53 Ce sont des messages d'amour qu'on a envie de faire passer avec ce livre.
04:55 Je plains finalement les gens qui nous envoient des messages aussi haineux,
04:58 parce que je pense qu'ils doivent être très malheureux.
04:59 Mais je reçois beaucoup de messages de femmes,
05:01 beaucoup de femmes,
05:02 qui sont très touchées par notre expérience,
05:05 qui sont très touchées par ce qu'a fait Whitney,
05:08 et qui comprennent.
05:09 Et c'est ça qui me touche le plus.
05:11 Je pense que l'envie de fonder une famille,
05:13 c'est quelque chose d'universel.
05:15 Ce n'est pas une histoire d'hommes, de femmes, hétéros ou homos.
05:18 Le rêve de fonder un foyer, de transmettre,
05:21 je pense que ça parle à tout le monde.
05:23 Quand votre bébé naît sur le sol américain,
05:26 il a un passeport américain, il a le droit du sol.
05:28 Et il y a un acte de naissance où nous apparaissons,
05:31 Gislain et moi, comme les deux papas de Valentin.
05:33 Donc une fois qu'on rentre en France, avec ces papiers-là,
05:36 il faut les faire traduire,
05:37 et vous faites une demande de papiers classiques,
05:40 mais ils sont un peu arrêtés au milieu.
05:41 C'est-à-dire qu'il y a un flou juridique,
05:42 et cet enfant est considéré comme français,
05:44 mais il n'existe pas à l'état civil,
05:46 et sa filiation n'est pas reconnue dans le droit français.
05:48 Donc on n'est pas reconnu officiellement,
05:51 aux yeux de la France, comme étant les deux papas de Valentin.
05:54 On a ces papiers américains, simplement pour justifier de ça.
05:56 Donc là, il faut commencer un autre combat,
05:58 et faire des démarches juridiques,
06:00 et passer devant un juge.
06:02 Et la vraie problématique, c'est que ça dépend des tribunaux.
06:05 À Paris, il y a 100% de réussite,
06:07 et il y a donc des tribunaux qui ne veulent pas reconnaître ça.
06:12 On m'a dit par exemple qu'à Versailles,
06:14 le tribunal de Versailles refuse systématiquement.
06:16 Donc si vous faites la demande à Paris, ça marche.
06:17 Si vous êtes à 15 km de Paris, à Versailles, ça ne marche pas.
06:21 Ce qui est sûr, c'est qu'après, il faut faire des recours,
06:23 ça peut durer trois ans.
06:24 Mais qu'il y a toujours une victoire à la fin,
06:26 puisque la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme,
06:29 pour forcer tous les couples à être reconnus comme parents.
06:34 Ce qui me tient à cœur avec ce livre, "Fils à Papa",
06:36 c'est de montrer que tous les parents,
06:37 toutes les formes de parentalité méritent d'exister,
06:40 et doivent être respectés.
06:42 Le principal, et je parle à des parents qui nous regardent,
06:45 c'est de donner de l'amour à ces enfants.
06:47 Un enfant, tant qu'il ne manque pas d'amour,
06:49 je suis convaincu qu'il sera heureux
06:51 qu'il soit élevé par une maman solo,
06:53 par deux papas, par deux mamans,
06:55 par un papa et une maman,
06:56 par une maman et un beau-papa.
06:58 Le principal, c'est d'avoir des parents qui nous aiment.
07:01 ♪ ♪ ♪

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