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[#Reportage] Gabon : Entretien avec le Pr. Idiata sur les langues du Gabonaises

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Transcription
00:00Je l'ai annoncé en titre, l'entretien avec le professeur Iliata sur les langues maternelles.
00:04Toujours dans l'esprit de la journée internationale de la langue maternelle,
00:09le professeur titulaire de linguistique à l'Université Marbogo, Franck Daniel Iliata,
00:13a tenu à apporter sa pierre à l'édifice en nous édition sur la langue maternelle
00:17qui tend très souvent à se confondre avec les langues locales.
00:22Bonsoir professeur, merci de nous accorder votre temps qui, nous le savons, est précieux.
00:29Bonsoir Geneviève, merci beaucoup de me recevoir à Gabon Media Time.
00:33D'entrée de jeu, qu'est-ce qu'une langue maternelle
00:36et pourquoi est-elle essentielle dans la construction de l'identité d'un individu ?
00:41Une langue maternelle, c'est la première langue acquise par un individu.
00:47Quand vous naissez, vous allez être confronté à une langue,
00:51la langue que vous allez acquérir en premier.
00:53Il y a des gens qui sont confrontés à plus d'une langue, qui sont bilingues dès le départ.
00:57Et donc, la langue maternelle est importante pour fabriquer,
01:03pour conditionner l'identité d'un individu.
01:06Elle est cruciale.
01:08Par exemple, chez nous au Gabon, en Afrique de façon générale,
01:12si vous avez pour langue maternelle le français ou l'anglais,
01:16mais que vous n'avez pas donc acquis la langue de votre communauté,
01:22vous n'êtes pas, d'un point de vue identitaire,
01:26intégré à cette communauté.
01:28Et vous ne pouvez pas avoir accès à la culture de cette communauté,
01:33du moins pour tous les faits culturels qui sont véhiculés par la langue.
01:38Quelles sont les principales menaces, professeur,
01:40qui pèsent sur les langues maternelles au Gabon ?
01:42Alors, les principales menaces qui pèsent sur les langues gabonaises,
01:46pas nécessairement maternelles.
01:48Je viens de vous expliquer qu'une langue maternelle
01:51est la langue de première acquisition pour un individu.
01:54Or, il y a plusieurs enfants aujourd'hui
01:58qui ont pour langue maternelle le français.
02:01Votre question, je vais la retourner plutôt en disant,
02:04quelles sont les menaces qui pèsent sur les langues vernaculaires,
02:07les langues locales, les langues gabonaises, si vous voulez.
02:11La menace la plus importante,
02:13c'est malheureusement le risque d'extinction.
02:17Plusieurs de ces langues, d'ici à 100-200 ans,
02:21elles vont tout simplement disparaître.
02:24À cause du fait de la rupture de la transmission
02:29de la génération des parents à celle des enfants.
02:33La langue vit parce qu'elle est transmise aux enfants,
02:37qui à l'heure toute vont transmettre à leurs enfants,
02:40et que cette langue permet justement la communication
02:43à l'intérieur d'une communauté.
02:44Or, si les gens ne s'en servent plus,
02:48si les gens ne la pratiquent plus,
02:49ils ne peuvent plus la transmettre à leurs descendants,
02:52et c'en est terminé.
02:56Professeur Daniel Iliata,
02:57comment peut-on mieux intégrer nos langues locales
03:01dans l'éducation et la vie publique ?
03:04Dans l'éducation, c'est simple,
03:07il faut pouvoir insérer ces langues à l'école.
03:12Sinon, comme matière,
03:14ça peut être intéressant que les enfants aient dans leur cursus,
03:19deux heures par semaine par exemple,
03:21sur les langues et les civilisations,
03:25parce que lorsqu'on acquiert une langue,
03:27on apprend une langue, on apprend la civilisation sous-entendue,
03:30les us et coutumes de la communauté propriétaire de cette langue.
03:36Est-ce qu'on pourra y arriver au Gabon ?
03:38Il y a des velléités du gouvernement, du président de la transition,
03:43il y a une ambition du président de la transition.
03:45La ministre de l'Éducation nationale est à pied d'œuvre
03:49pour faire en sorte que dès la rentrée prochaine,
03:51quelque chose se mette en place.
03:53Il y a donc l'éducation scolaire.
03:55Et puis, il y a l'éducation populaire aussi, vous voyez,
04:00à travers différents programmes de santé,
04:04par exemple dans les médias, à la télé, à la radio,
04:09l'affichage sur le numérique par exemple.
04:12Et puis, faire que les communautés s'organisent en comité de langue,
04:17parce que quoi que puisse faire l'État, en définitive,
04:21je vous l'ai dit, la langue appartient aux membres d'une communauté,
04:24et si cette communauté ne se mobilise pas
04:27pour essayer de sauver ce qui peut l'être,
04:30aucun décret présidentiel n'y changera grand-chose.
04:35Et puis, on peut produire de la documentation,
04:38des dictionnaires, des livres de comptes, des romans,
04:41des bandes dessinées et ainsi de suite.
04:43À ce moment-là, je crois qu'on peut arriver à quelque chose.
04:46Mais il faut, un, la volonté politique,
04:49avec le président de la transition, elle existe.
04:52Il faut, deux, mettre en place une politique linguistique.
04:57Ça, c'est ce qu'on attend depuis 30 ans.
04:59Et puis, derrière, il faut mobiliser de gros moyens,
05:03de gros moyens financiers, parce que ça n'est pas un petit programme.
05:06D'abord, pour construire des curriculats sur l'ensemble des cycles.
05:12Ensuite, produire des manuels.
05:16Ça, un coup, former des enseignants,
05:18ça veut dire de nouveaux postes budgétaires
05:21sur l'ensemble du dispositif pré-primaire, primaire et secondaire.
05:25Donc, il faut former des centaines et des centaines d'enseignants.
05:30Il ne suffit pas d'être membre d'une communauté
05:32pour prétendre être enseignant de cette communauté.
05:34Si on fait comme ça, c'est du bricolage.
05:36Un enseignant doit être formé pour enseigner.
05:39Et donc, on peut être un moussangou comme moi et enseigner le teke.
05:44On peut être sogo et enseigner le fang,
05:47parce qu'on aura été formé pour être enseignant de cette langue-là.
05:50Je connais des Africains qui sont professeurs de chinois.
05:53Voilà, c'est ça.

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