Depuis quelques années le bien-être des salariés est devenu un sujet prioritaire sur lequel de plus en plus d'employeurs s'engagent. Mais toutes les entreprises sont-elles sincères ou certaines cherchent-elles juste à soigner leur image ? Qu'ont-elles concrètement à apporter à leurs collaborateurs pour les rendre plus épanouis dans leur travail ? Réponses avec Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH. Certaines entreprises font figure de bonnes élèves, comme en témoigne le classement bestworkplaces qui chaque année récompense les champions français du bien-être au travail. Parmi elles, l'enseigne Cultura qui a fait de l'épanouissement de ses salariés une priorité.
Et elle n'est pas la seule. American express n'a pas attendu le covid pour prendre soin de ses collaborateurs. Caroline Gaye, sa Directrice Générale pour la France, nous raconte comment le bien-être des salariés fait partie de l'ADN du groupe, depuis son arrivée en France il y a 130 ans.
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Et elle n'est pas la seule. American express n'a pas attendu le covid pour prendre soin de ses collaborateurs. Caroline Gaye, sa Directrice Générale pour la France, nous raconte comment le bien-être des salariés fait partie de l'ADN du groupe, depuis son arrivée en France il y a 130 ans.
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00:00Pourvu que ça dure, avec Bureau Veritas, leader des services d'essai, d'inspection et de certification qui aident ses clients à relever les défis de qualité, de santé, de sécurité et de durabilité.
00:10Bureau Veritas. Bâtir un monde de confiance.
00:13Musique
00:41Bonjour, nouveau numéro de Pourvu que ça dure, l'émission qui rend l'éco responsable sur Public Sédin.
00:46Aujourd'hui, on s'intéresse au bien-être des salariés, un sujet prioritaire pour les collaborateurs et sur lequel de plus en plus d'employeurs s'engagent.
00:53Mais toutes les entreprises sont-elles vraiment sincères ou certaines cherchent-elles juste à soigner leur image ?
00:58Qu'ont-elles concrètement à apporter à leurs collaborateurs pour les rendre plus épanouis dans leur travail ? Réponse dans quelques instants.
01:04Et puis, certaines entreprises font figure de bonnes élèves, comme en témoigne le classement Best Workplaces qui, chaque année, récompense les champions français du bien-être au travail.
01:13Parmi elles, l'enseigne Cultura qui, vous le verrez, bichonne ses salariés.
01:17Mais elle n'est pas la seule. American Express n'a pas attendu le Covid pour prendre soin de ses collaborateurs.
01:21Sa patronne France nous racontera comment le bien-être des salariés fait partie de l'ADN du groupe depuis son arrivée en France, il y a 130 ans.
01:28Le bien-être au travail, une notion devenue incontournable depuis le Covid. Mais les entreprises sont-elles vraiment sincères dans leur démarche ? Réponse avec vous, Benoît Serre.
01:38Bonjour.
01:39Bonjour.
01:40Merci d'être avec nous sur Public Sénat, vice-président de l'Association nationale des DRH.
01:43On sait que les entreprises d'aujourd'hui n'ont pas le choix, elles doivent absolument s'emparer de ces sujets si elles veulent conserver leurs salariés, attirer des talents.
01:50Mais est-ce qu'il y a vraiment derrière après ça des actions concrètes ou est-ce que c'est juste pour soigner leur image, pour se donner bonne conscience ?
01:56C'est les deux en fait. Vous avez effectivement un sujet d'attractivité, ça s'est renforcé avec le Covid. Mais le bien-être au travail, c'est un élément de jugement pour les salariés qui sont dans l'entreprise.
02:06Contrairement à ce qu'on imagine, c'est moins un élément qui va faire venir des gens. Par contre, c'est des éléments qui vont permettre de fidéliser les gens.
02:13Et vu la perspective des difficultés de recrutement qu'on a en ce moment, c'est un élément important.
02:17Comment concrètement un employeur peut améliorer la qualité de vie des salariés ?
02:21On se dit que ça passe évidemment, et notamment depuis le Covid, par le télétravail et par plus de souplesse dans l'organisation du temps de travail du collaborateur.
02:29Est-ce qu'aujourd'hui, le télétravail, c'est vraiment toutes les boîtes s'y sont pliées ou est-ce qu'il y a toujours des degrés divers ?
02:35En fait, d'abord, il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, le télétravail ne concerne au maximum que 30 % des salariés.
02:41Il y a 70 % des salariés en France qui ne peuvent pas faire le télétravail parce que leur métier ne le permet pas.
02:45Donc je ne pense pas que le télétravail soit la solution.
02:47La vraie aspiration des gens, vous l'avez cité, c'est une meilleure liberté d'organisation dans leur travail, une meilleure prévisibilité de leurs horaires.
02:55Ça, c'est une manière d'améliorer le bien-être au travail, évidemment.
02:58Il y a de l'attente pour un management plus humain, avec une hiérarchie, vous le disiez indirectement, qui est plus à l'écoute des salariés.
03:06Un N plus un, comme on dit, qui peut-être met moins la pression, mais on se dit que c'est un changement qui prend du temps.
03:11Oui, c'est culturel.
03:13Il faudra une génération pour ça.
03:14Mais sur la hiérarchie, il y a deux choses.
03:15Il y a d'un côté la qualité du management hiérarchique du quotidien.
03:18On parlait tout à l'heure d'attractivité ou de fidélisation.
03:20Ça fait des années que la première cause de démission d'un individu, c'est parce que sa relation avec son manager direct est épouvantable.
03:26Donc on ne lui convient pas.
03:28Le deuxième aspect sur le management, et ça, c'est un mouvement qui est lancé et qui va être très long, c'est la déhiérarchisation.
03:33La France, c'est un cas particulier.
03:36C'est une entreprise d'un pays qui met beaucoup de strates hiérarchiques et qui, en plus, organise une forme de présentéisme.
03:45Comme vous savez, dans les pays d'Anglo-Saxons, les gens partent à 16h ou 17h.
03:48Ils arrivent à équilibrer leur vie de cette manière-là.
03:50Il faut toujours faire chauffer le siège en France.
03:52Voilà.
03:53Donc ça, ça va mettre des années, mais c'est en train de se corriger petit à petit, évidemment.
03:56Et concrètement, je reviens à cette question.
03:57Comment un employeur doit-il s'y prendre pour, encore une fois, améliorer la qualité de vie de ses salariés, col blanc, col bleu ?
04:04Ça dépend, mais le premier aspect, c'est la prise en compte qu'aujourd'hui, vous ne pouvez plus avoir un modèle de management très,
04:13comment dire en bon français, top-down.
04:16Il faut s'assurer déjà de mesurer régulièrement comment les salariés vivent leur entreprise.
04:24Je vais vous donner un cas concret.
04:26De plus en plus, il y a des enquêtes d'engagement régulières.
04:29Et dans ces enquêtes, pendant longtemps, on a mesuré l'engagement du salarié vis-à-vis de son entreprise.
04:34Mais jamais celle de l'entreprise vis-à-vis de son salarié.
04:36L'engagement, c'est une affaire mutuelle.
04:38Vous avez de plus en plus de questionnements autour de, est-ce que vous considérez que l'entreprise s'occupe bien de vous ?
04:44Est-ce que vous considérez que l'entreprise fait attention à vos équilibres de vie ?
04:48Ça, c'est la réciprocité, et ça, c'est un élément de bien-être au travail.
04:52L'autre élément, je crois, qui est très important, qui est d'ailleurs qualifié un peu différemment, qu'on appelle la qualité du travail,
04:59ça, c'est parce que pendant des années, on a beaucoup travaillé autour de ce qui entourait le travail,
05:03les conditions, etc.
05:05On a un peu oublié le travail à cette occasion-là.
05:08Le sens qu'on donne à sa tâche.
05:09Le sens qu'on donne à ça.
05:10Or, la qualité du travail, ça a été défini.
05:12C'est trois critères majeurs.
05:13Le premier critère, la personne sait ce qu'elle fait.
05:15Ça a l'air idiot, ce que je dis.
05:17Mais savoir ce que vous faites, c'est important.
05:18Savoir à quoi ça sert.
05:20La deuxième, c'est où est-ce que vous êtes dans la chaîne de valeur de l'entreprise ?
05:22Autrement dit, si vous arrêtez de faire ce que vous faites, qu'est-ce qui se passe ?
05:26Interrogez-vous.
05:27Vous avez des gens, vous leur demandez.
05:28Si vous arrêtez de faire ce que vous faites, qu'est-ce qui se passe ?
05:29Ils vous diront, je crains pas grand-chose.
05:31Et ça, c'est inquiétant.
05:32Et ça, pour eux, ça...
05:33Et puis, le troisième élément, c'est être certain que l'entreprise, surtout en ce moment,
05:37vous donne en permanence les compétences dont vous avez besoin pour bien faire votre métier.
05:40Ça, c'est les qualités du travail.
05:42Une entreprise qui arrive à additionner, comme certaines le font,
05:44cette dimension-là, avec le bien-être, c'est-à-dire les conditions physiques de travail,
05:48la qualité de management, la capacité à s'exprimer,
05:51la capacité à faire autre chose,
05:53la capacité à trouver un peu de liberté de temps ou d'autonomie dans le temps de l'organisation du travail.
05:58Celle qui arrive à faire les deux, alors elle crée des conditions de travail
06:01qui correspondent sans doute plus aux attentes des gens aujourd'hui.
06:04Il y a beaucoup de boîtes en France qui réussissent à faire tout ça de front ?
06:07Tout ça en même temps.
06:08Il y en a pas mal et beaucoup dans les PME, en fait, parce qu'elles sont beaucoup plus rapides.
06:12Donc, c'est pas une question de moyens ?
06:13Non, parce que, vous savez, c'est une question d'état d'esprit,
06:15c'est une question de volonté du dirigeant.
06:17Et puis, quelquefois, les grandes entreprises font des choses formidables,
06:20mais leur taille fait qu'avant que ça se déploie, c'est très, très lent, quoi.
06:24Une PME, c'est beaucoup plus agile, c'est beaucoup plus proche, beaucoup plus rapide.
06:27Sur le télétravail, j'insiste quand même, qui concerne un salarié sur trois, c'est ça ?
06:32En fait, 30% des salariés ont accès.
06:34Est-ce qu'il y a un retour en arrière sur le télétravail ?
06:36On entend que beaucoup de managers, de patrons souhaitent voir revenir leurs salariés au bureau.
06:40Faut-il déjà leur donner envie de revenir au bureau ?
06:42Ce qui pose une autre question.
06:43Et donc, maintenant, on commence à en tirer les enseignements et on remet des règles.
06:47Et ces règles, c'est limiter le nombre de vendredis, par exemple.
06:50L'Oréal, Bouygues, c'est ce qu'ils font.
06:52Ça peut être interdire de coller ça aux vacances, parce que quand même,
06:55vous avez des gens qui disaient, non, mais vous savez, les fameuses tracances.
06:58Je pars sur mon lieu de vacances faire du télétravail pendant huit jours
07:01et après, je suis en vacances.
07:02Bon, il ne faut pas prendre non plus les gens pour des idiots.
07:04Trois, le réglementer de manière à ce que les gens se voient quand même.
07:08Vous avez des jours interdits, des jours obligatoires.
07:10Et puis, le dernier point sur le télétravail que j'observe aujourd'hui,
07:13c'est une évolution qui est en train de commencer,
07:15qui existe déjà, je crois, c'est Stellantis,
07:17qui est qu'on ne donne pas deux jours de télétravail par semaine.
07:20Ça ne veut rien dire.
07:21Vous avez des semaines où c'est pertinent, des semaines où ce n'est pas pertinent.
07:23C'est une moyenne de jour, d'ailleurs.
07:24Oui, mais c'est la plupart des accords d'entreprise, c'est deux jours.
07:27On donne en fait X jours sur le semestre.
07:30Puis, les gens les répartissent comme ils veulent.
07:32Ça, ça crée de la liberté d'organisation du travail.
07:34Ça me paraît assez pertinent comme utilisation du télétravail.
07:37Derrière cette notion de flexibilité, il y a aussi le fait de s'accorder de plus en plus,
07:42en tout cas plus de temps pour soi, d'avoir un meilleur équilibre,
07:45une meilleure séparation entre vie pro et vie perso.
07:48Est-ce qu'on tend doucement vers un meilleur équilibre
07:51ou c'est difficile de se prononcer comme ça ?
07:53D'abord, c'est très difficile d'avoir une politique d'entreprise sur ce sujet
07:56parce que chaque individu presque a sa propre vision de son équilibre de vie professionnelle.
08:01Donc, qu'est-ce qu'on fait ?
08:02On traite ça par typologie de communauté.
08:05Les jeunes parents, par exemple.
08:08Les gens qui vivent seuls, les familles monoparentales, les seniors.
08:14On essaye d'adapter au fur et à mesure.
08:17Après, je crois vraiment que les équilibres de vie professionnelle,
08:19ce n'est pas tellement dire aux gens on vous donne deux heures par jour pour faire du sport.
08:23C'est mettre en place un mode de temps.
08:25C'est toujours ça ?
08:26C'est bien, mais c'est un modèle d'organisation qui permet aux gens de dire
08:30voilà, moi je vais plutôt arrêter parce que j'ai des trucs à faire importants pour moi
08:35de 17h à 19h et puis je reprends après.
08:37Et là, on a un problème de législation.
08:39Vous savez que la Directive de Travail Européenne prévoit que vous devez avoir 11 heures de repos
08:44entre deux jours de travail.
08:46Moi, je connais des gens qui me disent
08:47mais moi, j'ai des enfants en bas âge.
08:48Si vous avez des enfants en bas âge, la période 18h-20h, c'est le début de l'enfer.
08:53C'est vrai, vous avez les bains, les machins, les trucs.
08:55C'est la deuxième journée.
08:56Voilà, c'est la deuxième journée.
08:57Moi, j'avais des jeunes femmes qui me disaient ou qui me disent encore aujourd'hui
09:00moi, je préfère stopper à 18h, gérer mon truc ou jeunes hommes, peu importe.
09:05Et puis, je reprends à 20h après.
09:07Mais moi, ça me met en danger sur un plan juridique parce que si elles travaillent jusqu'à 22h,
09:10elles n'ont pas 11 heures de repos.
09:12Donc, je pense qu'il y a un vrai travail d'adaptation de l'organisation du travail
09:17et de sa législation pour justement donner la liberté aux gens.
09:20Un mot, on en reparle de la question de la santé mentale au travail,
09:22notamment la prise en charge du surmenage, la dépression, le burn-out.
09:27Ça a été un sujet tabou pendant longtemps.
09:29Est-ce qu'aujourd'hui, c'est une priorité pour les entreprises petites, moyennes, grandes ?
09:34C'est la priorité absolue dans tous les pays du monde.
09:37Il y a des études qui sont sorties qui montrent ça.
09:40C'est un vrai sujet.
09:41C'est le sujet, sans doute, l'un des sujets les plus préoccupants aujourd'hui du travail.
09:45La santé mentale, notamment chez les jeunes.
09:47Les chiffres sont effrayants.
09:49De gens qui disent, vous avez plus de 25% des jeunes qui disent
09:51moi, je ne me sens pas bien dans ma vie, dans ma vie professionnelle, etc.
09:55C'est très difficile à gérer pour plusieurs raisons.
09:57La première, c'est que c'est multicausal, un état de santé mentale défaillant.
10:02Ça peut être des causes personnelles, des causes professionnelles.
10:05Vous savez, avant, quand quelqu'un se casse la jambe, c'est facile,
10:08vous réparez les jambes et puis on n'en parle plus.
10:10Santé mentale, c'est plus compliqué.
10:11La deuxième chose, dans l'entreprise, c'est quelque chose,
10:15il faut former absolument les managers à identifier les premiers signes.
10:19Vous savez, la dégradation de santé mentale, ça n'apparaît pas un matin.
10:22C'est quelque chose qui se dégrade dans le temps.
10:24Donc, il faut les former à repérer les premiers signes, à repérer les éléments.
10:27Et puis, il y a un moment où il faut savoir dire, l'entreprise,
10:30elle ne peut pas s'en occuper, ça relève du monde médical.
10:33Et pour se protéger du surmenage, il y a le droit à la déconnexion
10:36qui est censé protéger les gens.
10:38Mais après, bon, est-ce qu'il est bien appliqué ?
10:40Alors d'abord, le droit à la déconnexion, c'est un outil de protection.
10:45Ce qui n'est pas là, c'est que personne ne peut vous obliger à fermer
10:48votre téléphone portable ou à ne pas lire vos mails après 20 heures.
10:51Ce n'est pas bien de le faire, mais en revanche,
10:54cette loi sur la déconnexion, elle a une valeur,
10:57c'est qu'elle protège celui ou celle qui se verrait reproché
11:00de ne pas avoir répondu à un mail après les heures normales de travail.
11:03Donc ça, c'est plutôt un point important.
11:05Après, vous avez raison, on y travaille, vous avez beaucoup d'entreprises
11:08qui essayent de dire, bon, après 18 heures, vous ne répondez pas à des mails.
11:11Il y a pas mal de choses.
11:13C'est sûr que cette espèce de sursollicitation permanente,
11:17elle est très, très impactante sur la santé mentale.
11:22Les gens ne se reposent jamais.
11:24Les neuroscientifiques l'expliquent très bien.
11:26Ils disent, en fait, vous êtes tout le temps sollicité.
11:29Bon, on finit là-dessus. Malgré tout, on le sait, la situation économique est compliquée.
11:33On a un taux de chômage qui remonte en France, retour des destructions d'emplois,
11:36faillite d'entreprise, plans sociaux, conjoncture qui est quand même assez dégradée ou morose.
11:40Est-ce que le bien-être des salariés ne risque pas, pour le coup,
11:43de passer au second plan désormais ? C'est le risque.
11:46On a commencé l'interview comme ça, en disant, avec les difficultés de recrutement,
11:51l'attractivité, les entreprises ont commencé à s'intéresser au sujet.
11:54Là, on connaît une phase, mais elle est très, très conjoncturelle.
11:57Je vais faire juste une seule référence à la démographie.
12:00La démographie, elle est implacable.
12:02Donc, le marché d'employeur, c'est fini.
12:04On est dans un marché d'employés.
12:06Alors là, c'est des entreprises qui renonceraient aux efforts, aux améliorations,
12:10aux adaptations qu'elles ont connues parce que la paix était tendue il y a quelques mois sur l'emploi.
12:14Elles se tromperaient lourdement parce que cette paix devait revenir.
12:16Là, on est sur une mauvaise phase.
12:18Je reconnais que, quand j'ai vu apparaître les chiffres du chômage dans un pays
12:21qui a une démographie très, très dégradée, donc théoriquement qui devrait aller vers le chômage de masse,
12:25la fin du chômage de masse, c'est absurde, en fait.
12:28Mais c'est très conjoncturel.
12:30Par contre, effectivement, on voit réapparaître quelques comportements
12:34qu'on a connus pendant 40 ans sous l'ère du chômage de masse.
12:37Moi, j'ai la conviction, et les chiffres le prouvent,
12:39que de toute façon, la mathématique est implacable.
12:42Allez, merci pour cet entretien avec vous, Benoît Serres,
12:44vice-président de l'Association nationale des DRH.
12:47Merci.
12:48Merci à vous.
12:49On va maintenant aller sur le terrain pour voir comment s'y prennent les employeurs
12:51qui en font plus pour leurs salariés à l'image de Cultura,
12:54qui vient d'être récompensé dans le classement des entreprises où il fait bon vivre.
12:58Manuel Laigre.
12:59Stress, burn-out, démission en cascade.
13:02Le bien-être au travail est devenu un enjeu majeur pour les entreprises comme pour les salariés.
13:07Selon une étude récente, plus d'un salarié sur deux
13:10estime que son emploi a un impact négatif sur sa santé physique et mentale.
13:16Alors, face à ce constat alarmant, comment les entreprises réagissent-elles ?
13:20Quelles initiatives font réellement la différence ?
13:24Pour mieux comprendre, nous sommes allés chez Cultura,
13:27une enseigne dédiée à la culture et aux loisirs
13:30qui s'est hissée à la 7e place des entreprises de plus de 2500 salariés
13:34où il fait bon travailler.
13:37C'est quoi de nouveau dans les rayons ?
13:39Je suis en train de faire un peu de rangement au niveau de la fantaisie.
13:43Selon Elodie Radier, la clé du bien-être en entreprise
13:46est de se sentir à sa place, utile et reconnue.
13:50L'une des raisons pour lesquelles on est si bien placé, je pense déjà,
13:53c'est le fait que tous nos collaborateurs sont des passionnés.
13:56C'est un motif d'embauche chez nous,
13:58c'est même le premier critère d'embauche, c'est la passion.
14:00Vous n'avez pas un collaborateur qui travaille en littérature, par exemple,
14:03qui ne lit pas de littérature,
14:06Ici, le salarié gère son rayon comme sa propre boutique.
14:10Il choisit la mise en place, met en avant ce qui lui plaît
14:13et peut même exposer ses dessins pour stimuler les ventes,
14:16comme ici, au rayon art plastique.
14:18Par exemple, une tête de gondole que j'ai réalisée.
14:21Donc, il y a ma création, et ma création, comme vous le voyez,
14:25j'ai utilisé de l'acrylique.
14:28C'est une liberté qu'on nous laisse pour créer notre tête de gondole,
14:32pour mettre en avant les produits.
14:35Si l'enseigne a choisi de donner beaucoup de liberté à ses employés
14:39pour qu'ils s'épanouissent, d'autres entreprises parient sur le sport
14:43pour renforcer la cohésion et le bien-être au travail.
14:46On fait un peu de gainage, on va le refaire.
14:49On s'amuse, on passe du bon temps ensemble, on transpire ensemble.
14:53Et du coup, ça nous permet vraiment de nous connaître mieux.
14:5780% des salariés estiment que le sport en entreprise
15:01renforce les liens entre collègues.
15:03Une conviction que Sabina et son équipe mettent en pratique au quotidien,
15:07aussi bien pour eux que pour les autres.
15:10T'as vu le message de Philippe ?
15:12Nous sommes chez Sparte, une entreprise à mission
15:15qui a pour raison d'être la promotion de la santé, du bien-être et de la cohésion.
15:20On est aujourd'hui, nous, une solution qu'on appelle FIGITAL,
15:25c'est-à-dire qu'on utilise à la fois le digital, donc une application digitale,
15:29et puis on va venir intégrer des événements physiques
15:32pour créer du lien, créer de la motivation,
15:34inciter les gens à faire un peu plus d'activités physiques.
15:37C'est un enjeu de santé publique, mais c'est aussi un enjeu surtout de motivation,
15:41d'engagement des salariés et de motivation.
15:44L'application propose des activités physiques,
15:47un classement entre collègues et entre entreprises,
15:50et même des défis surprises.
15:52Du coup, c'est l'heure.
15:54Par exemple, lorsque l'alarme retentit,
15:57tous les employés se lancent spontanément dans le jeu.
16:00Allez, c'est parti !
16:04Des grandes entreprises, au PME,
16:0680 sociétés ont adopté cette application
16:09pour améliorer le bien-être au travail.
16:11Résultat, des équipes plus engagées au quotidien
16:14et une hausse de productivité de 9%.
16:26On continue de s'intéresser à ces entreprises
16:28où il fait bon vivre pour les salariés
16:30avec une championne du classement Best Workplaces, American Express.
16:34Caroline Gay, bonjour.
16:35Bonjour David.
16:36Merci d'être avec nous sur Public Sénat,
16:38directrice générale France d'American Express.
16:40J'imagine que ce n'est pas le fruit du hasard
16:42quand on est dans le top du classement des entreprises
16:44qui en font plus pour leurs salariés.
16:46Ça ne tombe pas du ciel.
16:47Tout à fait.
16:48Alors, nous, nous sommes une société de services,
16:51dans le service financier,
16:53et on considère en fait que
16:56lorsque vous devez servir des clients,
16:58la première chose, le principe fondamental,
17:01c'est que vous devez d'abord prendre soin de vos collaborateurs.
17:05Parce que plus vos collaborateurs sont épanouis,
17:08plus, du coup, vous aurez des résultats
17:10bien pour votre entreprise.
17:12800 salariés en France.
17:14On se dit que si les salariés, en général d'ailleurs,
17:17sont heureux d'aller travailler,
17:19ça veut dire qu'ils restent plus longtemps au travail.
17:21Dans l'entreprise, il y a moins de turnover.
17:23C'est le cas d'ailleurs chez Amex.
17:25Il y a moins d'allers-venus.
17:26Oui, donc avec cette certification que vous mentionnez,
17:29la Best Workplace que nous avons obtenue,
17:32une des questions qui ressort,
17:34qui est posée à toutes les entreprises,
17:36c'est le pourcentage.
17:37Quel est le pourcentage d'employés, de collaborateurs
17:39qui se disent fiers de travailler pour la société ?
17:41Donc pour American Express, 93% se disent fiers
17:44de travailler pour Amex,
17:45et 95% vont recommander à leurs amis
17:49de travailler pour American Express.
17:50Donc ça, c'est un vrai signe, un vrai témoignage
17:53de fidélité dont on est fier.
17:54Bien sûr, on va arriver à 100%.
17:56Et il y a l'ancienneté aussi.
17:57L'ancienneté aussi est plus importante
17:59que dans d'autres entreprises.
18:00Oui, l'ancienneté, les gens restent chez American Express
18:03parce qu'ils pensent qu'ils peuvent se développer
18:05professionnellement et puis dans une culture
18:07qui est bienveillante, inclusive,
18:09et ils ont vraiment toutes les chances pour croître.
18:12Il y a vraiment des belles perspectives,
18:13de carrière, de mobilité professionnelle.
18:16Vous-même d'ailleurs, avant d'arriver tout en haut,
18:19d'être directrice générale,
18:20vous avez gravi tous les échelons.
18:21En tout cas, beaucoup d'échelons.
18:23Oui, complètement.
18:24Je suis arrivée, moi, au début des années 2001
18:28en tant que chef de produit.
18:30Et puis, en fait, la chance qu'on a chez American Express,
18:33c'est qu'on travaille beaucoup en équipe.
18:35Donc très vite, on est exposé à des équipes
18:37très différentes, à des leaders très différents.
18:39Donc bien sûr, il faut délivrer les résultats.
18:41Mais ensuite, plus vous allez monter,
18:43et puis si vous êtes curieux,
18:44les gens vont dire « Tiens, je voudrais que Caroline
18:46vienne travailler dans mon équipe. »
18:48Et au fur et à mesure, vous vous créez un réseau
18:50qui fait que lorsque des postes s'ouvrent,
18:52en fait, les gens disent « Tiens, j'ai vu cette personne
18:54sur tel projet, elle m'intéresse, je veux la faire venir. »
18:57Et en effet, en 2015, j'ai été nommée
18:59directrice générale d'Amex France,
19:01la première femme de toute l'histoire d'Amex en France.
19:05Et en plus, j'étais enceinte de ma dernière.
19:08Donc, voilà.
19:09Vous étiez enceinte de votre enfant
19:11quand on vous a annoncé votre promotion.
19:13C'est assez rare quand même pour le signaler.
19:15Je pense que c'est justement, c'est pour ça
19:17que c'est aussi un thème qui est important pour moi,
19:20de faire cette promotion des femmes
19:21et de leur dire « Oui, c'est faisable. »
19:23Et dans cette culture, en tous les cas,
19:24vous pouvez, si vous le souhaitez, vous développer.
19:26Et concrètement, vous faites quoi
19:27pour aider les salariés à évoluer
19:29justement dans leur carrière ?
19:31Il y a des formations qui sont proposées,
19:32des programmes de développement de carrière.
19:34Vous investissez, il y a des budgets pour ça ?
19:36Alors oui, tout à fait.
19:37Donc déjà, on fait des plans de développement
19:40pour chaque collaborateur,
19:41en même temps qu'on fixe leurs objectifs,
19:42parce que chez American Express, en fait,
19:44on mesure les objectifs, donc ce qu'il faut faire,
19:47mais surtout comment on le fait.
19:48Et pour ça, on a des budgets de formation
19:50qui sont là pour aider les employés.
19:52On a des outils comme…
19:54parce qu'on a une culture du feedback très importante,
19:56donc on a des outils, ce qu'on appelle 360,
19:58où en fait, chaque employé,
19:59même moi en tant que directrice générale,
20:01je suis évaluée sur différents éléments,
20:03je me note moi-même.
20:04Et puis en fait, on note mon boss, mes pairs, mon équipe,
20:08parce que c'est important de comprendre aussi
20:10comment je me perçois
20:12et quelle est l'image que je renvoie
20:13et quels sont les axes à améliorer.
20:14Donc on a ces outils de feedback
20:17et puis on a, bien sûr, un cadre de télétravail aussi
20:21qui permet d'être entre le bureau,
20:23parce que c'est important pour la culture,
20:25mais aussi un travail hybride à la maison.
20:28Combien de jours par semaine en télétravail ?
20:30Alors, on fait trois jours.
20:31Trois jours au bureau.
20:32C'est plus que la moyenne française.
20:33Trois jours au bureau et deux jours à la maison.
20:36Ah, c'est trois jours au bureau, deux jours à la maison,
20:38donc c'est dans la moyenne de la France.
20:39Voilà, exactement.
20:40À titre personnel, quand vous avez commencé
20:41votre carrière chez American Express,
20:43d'ailleurs, c'était hors de France,
20:45on vous a reproché de trop en faire
20:47et il y a eu un déclic à ce moment-là chez vous.
20:50Oui, alors je peux vous raconter l'anecdote.
20:52En fait, j'ai travaillé en effet à Londres
20:55et je prenais ce nouveau poste,
20:57j'étais très enthousiaste
20:59et je pense qu'il y a un peu une culture française
21:01qui doit être là,
21:02mais les premières semaines, je restais très, très tard.
21:05Et au bout d'un mois, à l'anglaise,
21:09j'étais là vers 7h30, 8h du soir,
21:12alors que tout le monde part à 5h.
21:13Enfin, en tous les cas, dans cette entreprise.
21:15Et donc, au bout de trois semaines,
21:16en fait, il y a une des collaboratrices
21:18et je la remercierai jamais assez,
21:20d'où l'importance du feedback,
21:21qui est venue me voir et qui me dit
21:22« Caroline, tu sais, je pense qu'il y a un problème
21:24parce que, en fait, tout le monde pense
21:27que soit tu es trop lente,
21:29tu ne comprends pas bien,
21:30soit tu n'as pas de vie sociale.
21:32Parce que, en fait, de travailler tard,
21:35bien sûr, ça peut arriver,
21:36mais de travailler si tard tout le temps,
21:38de façon continue,
21:39ce n'était pas normal pour eux.
21:41Et donc, je me suis dit « Mon Dieu,
21:42quelle est l'image que je projette ? »
21:43Parce que j'ai une vie sociale,
21:45j'adore ce que je fais.
21:46Et vous n'êtes pas lente non plus.
21:47Voilà, exactement.
21:48Mais donc, d'où l'importance du feedback,
21:50parce que si elle ne me l'avait pas dit,
21:52en fait, ça aurait changé.
21:53Le fait qu'elle me le dise,
21:54ça m'a permis de changer
21:55et de corriger tout de suite mon image,
21:57qui était importante dans le cadre
21:59dans lequel j'étais.
22:00Vous vous impliquez pour que les femmes
22:02trouvent toute leur place
22:03dans cette entreprise,
22:04chez American Express.
22:05D'ailleurs, je ne l'ai pas dit,
22:06vous êtes aussi lauréate
22:07du Best Workplaces for Women,
22:09donc aussi pour les femmes.
22:10Vraiment, vous en faites plus
22:11et t'assumez d'en faire plus
22:12pour les femmes,
22:13en prévoyant, je ne sais pas,
22:14des horaires aménageables
22:15pour les mamans
22:16qui ont deux boulots en un
22:17quand il faut s'occuper des enfants,
22:18la sortie de l'école,
22:19les médecins, etc.
22:21Alors oui, comme je vous l'ai dit,
22:22moi, j'ai été promue
22:24et j'étais enceinte de ma dernière.
22:26Je considère que j'ai un rôle à jouer.
22:28On dit en anglais souvent le rôle modèle.
22:30On a mis beaucoup d'actions en place.
22:31Par exemple, lorsque vous partez
22:33en congé maternité,
22:35vous êtes évalué
22:36comme si vous étiez là toute l'année,
22:37donc vous n'êtes pas pénalisé.
22:40Lorsque vous revenez,
22:41eh bien, on a mis en place
22:43un retour progressif.
22:44Vous êtes payé 100%,
22:45mais au début,
22:46vous ne travaillez pas
22:47cinq jours par semaine.
22:48Ensuite, les places en crèche,
22:50ça, c'est un grand stress.
22:52Quand on revient,
22:53on a son enfant,
22:54on veut venir travailler,
22:55donc on a réservé des berceaux
22:56pour nos collaboratrices.
22:57Et puis ensuite,
22:58comme j'en parlais,
23:00moi, je donne le signe.
23:02Si à 5h30,
23:03je dois aller voir la maîtresse
23:04de ma fille,
23:05je pars à 5h30
23:06et si je donne le ton,
23:07c'est plus facile
23:08pour les autres de copier.
23:09Donc, on a pas mal
23:10d'actions concrètes
23:11qui sont mises en place.
23:12La dernière que je mentionnerai,
23:13c'est qu'on fait,
23:14comme je le disais tout à l'heure,
23:15des revues de talent,
23:16mais on fait des revues
23:17de talent spécifiques
23:18sur les femmes.
23:19Parce que les femmes,
23:21qu'on le veuille ou non,
23:22il faut leur donner
23:23un petit coup de pied
23:24pour leur dire
23:25« Aie confiance en toi ».
23:26En tous les cas,
23:27nous, on croit que t'as du potentiel.
23:28On va te mettre sur ce projet.
23:30Il va falloir que...
23:31Parce que si on donne
23:33cette confiance,
23:34on la regagne 100 000 fois
23:36et on voit que c'est
23:37un vrai accélérateur des talents.
23:38Caroline Gay,
23:39femme dirigeante et enceinte,
23:41on sait que ça n'a pas dû
23:42être très facile, j'imagine.
23:44D'ailleurs, vous avez eu
23:45des remarques sexistes,
23:47parfois, c'est arrivé ?
23:49Alors, je dirais que
23:51dans le monde de la finance,
23:52quand j'ai démarré
23:53en tant que DG en 2015,
23:56c'était un monde
23:57très, très masculin.
23:59Et ça a beaucoup évolué.
24:01Donc, c'était plus...
24:02Il m'est arrivé très souvent
24:03de rentrer en Réunion,
24:04en plus quand j'étais enceinte,
24:06où j'étais la seule femme.
24:07Donc, ce n'étaient pas
24:08des remarques, on va dire, sexistes,
24:10c'était plus...
24:11Je me sentais un peu différente.
24:13Mais quand même,
24:14on peut le dire,
24:15et notamment grâce aux lois
24:16en France,
24:17que ça a évolué.
24:19Quand on regarde aujourd'hui
24:20le pourcentage de femmes
24:21qui travaillent dans le secteur
24:22de la finance,
24:23il est, je crois, à 53 %,
24:24ce qui est un peu plus élevé
24:25que la moyenne nationale.
24:26Bon, sur les cadres dirigeants,
24:28on a encore du travail à faire,
24:30mais je pense qu'on est
24:31dans la bonne voie.
24:32Merci à vous, en tout cas,
24:33Caroline Gay,
24:34directrice générale
24:35d'Ameca Express pour la France.
24:36Merci à vous.
24:37Merci.
24:38Voilà, c'est la fin
24:39de Pourvu que ça dure,
24:40l'émission qui rend
24:41les co-responsables.
24:42Émission tournée
24:43depuis l'atelier Covivio à Paris.
24:44Pourvu que ça dure,
24:45c'est aussi, vous le savez,
24:46du replay sur publicsena.fr.
24:47A très vite.
24:48Sous-titrage Société Radio-Canada