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00:00C'est une incarnation d'Europe 1 mais également de C8, bonjour Pascal.
00:03Bonjour Pascal, merci de me recevoir.
00:05Ça nous fait plaisir que vous soyez là parce qu'il y a beaucoup de tristesse,
00:07tristesse évidemment pour la chaîne C8, tristesse pour ses animateurs
00:11et puis tristesse pour tous ceux qui font cette chaîne et qui ont pris d'ailleurs
00:16hier la parole dans l'émission de Cyril Hanouna.
00:20Alors avant de vous donner la parole, on peut peut-être écouter Cyril
00:23qui était hier présent sur l'antenne d'Europe 1.
00:28Sachez-le, on avait déjà anticipé, on est déjà en train de travailler sur des alternatives
00:32et même très bien avancées avec plusieurs groupes, bien entendu audiovisuels.
00:36Et forcément, on n'avait aucun espoir, on sait comment ça se passe,
00:41c'est une énorme supercherie mais on savait, on joue le jeu, on joue le jeu avec eux.
00:45Après, ils ont voulu forcément m'éliminer, ils vont m'entendre à la radio,
00:49ils vont encore me voir à la télé, ils vont peut-être me revoir à la radio,
00:52ils risquent de me voir encore plus à la radio, encore plus à la télé.
00:56On va écouter justement Pascal, hier sur C8, vous étiez très ému, Pascal.
01:01On a le cœur un peu lourd ce soir puisque la décision du Conseil d'État est tombée
01:06et que votre chaîne va donc s'arrêter la semaine prochaine.
01:11Franchement, je vais vous le dire, moi je suis ému, on est tous émus,
01:14les équipes qui sont derrière et qui sont extrêmement nombreuses sont émues.
01:17Je les remercie parce que même dans ces conditions extrêmement difficiles,
01:20elles font un travail formidable, c'est-à-dire que voilà, on est là, on est en direct,
01:23les émissions sont préparées, on ira jusqu'au bout pour vous resservir le meilleur service possible.
01:27C'est la première chose que j'aurais envie de dire, malgré l'effet d'huile.
01:29Exactement, bravo ! Et bravo les équipes !
01:32Parce que travailler dans ces conditions, c'est extrêmement difficile.
01:36Pascal était avec nous ce matin, j'étais pas sur le plateau de C8 hier,
01:40et vous, vous étiez au cœur du réacteur, j'ai envie de dire,
01:43et vous avez dû rester de longues minutes après avec les uns et les autres.
01:46Qu'est-ce que vous retenez de la soirée d'hier, Pascal ?
01:48La soirée, elle était très forte. La première partie avec Eric et Yann, évidemment,
01:52nous ouvrons l'antenne, nous ouvrons le direct, après avoir appris cette décision de l'ARCOM,
01:57et après j'ai trouvé que l'émission de TPMP était très forte.
02:01Moi j'ai trouvé que les mots de Cyril étaient très forts,
02:03notamment ces derniers mots, quand il dit que la fin de C8 serait peut-être liée
02:10à une décision qui viendrait de l'Élysée,
02:13et il cite plus précisément le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Collère,
02:17qui se serait entendu avec le patron de l'ARCOM,
02:21évidemment, ce sont ses sources à lui, moi je suis journaliste,
02:24donc je ne fais que rapporter ce qu'il dit.
02:26En tout cas, j'ai trouvé ça très grave, Pascal, très très grave,
02:29effectivement qu'il y ait eu des influences supérieures pour faire taire Cyril.
02:33Moi ce que je ne comprends pas, je vais vous dire Pascal,
02:35c'est ce que je disais aussi hier,
02:38quand on fait, quand on commet un délit,
02:41on le paye, on passe en justice, on le paye ce délit.
02:43Une fois que ce délit est payé, il est soldé.
02:46Là, j'ai un peu le sentiment que c'est la double peine.
02:48Certes, il y a eu des débordements,
02:50il y a des sommes qui ont été versées, qui ont été réglées,
02:52et là, c'est la double peine.
02:53C'est comme si ces sommes n'avaient pas existé.
02:55Il y a une autre chose, je vais vous dire,
02:57on m'avait demandé de venir à l'ARCOM en juillet dernier.
03:00J'étais à l'audition avec Maxime Saada, Gérald Boisviré et Franck Apieto,
03:05j'ai entendu, j'ai vu.
03:07Et Franck Apieto fait cette proposition en disant,
03:09écoutez, voilà, on comprend que le direct, ce soit difficile,
03:12parfois il peut y avoir des débordements,
03:14on vous propose le time d'idée,
03:15c'est-à-dire que l'émission est diffusée en léger différé par rapport au direct.
03:21Et là, le patron de l'ARCOM dit, c'est dommage, c'est un peu tard.
03:26C'était plié, Pascal.
03:28Non, mais je pense qu'il y a une volonté effectivement politique, disons-le.
03:32Moi, je disais ce matin, il y a un continuum aujourd'hui
03:36sur toutes les décisions de justice,
03:38qu'elles soient d'ailleurs des magistrats,
03:40mais parfois de la justice administrative.
03:42Et je fais un continuum entre effectivement le parquet national financé,
03:46qui a ciblé Nicolas Sarkozy,
03:49avec le Conseil d'État, qui a pris la décision que vous connaissez,
03:52avec le Conseil constitutionnel,
03:54qui est dirigé depuis 9 ans par Laurent Fabius, un socialiste,
03:57et qui sera dirigé demain par un autre socialiste, Richard Ferrand.
04:01C'est vrai que C8 et Cnews,
04:04et c'est vrai aussi pour Europe 1,
04:06permettent d'entendre d'autres voix.
04:09Elles permettent d'entendre, bien sûr, les voix que je cite là,
04:12mais d'autres voix.
04:14Et c'est vrai qu'on a ce sentiment
04:16que la liberté d'expression aujourd'hui en France,
04:18elle est menacée.
04:19C'est d'ailleurs pas que nous qui le disons.
04:22M. Vance, vice-président des États-Unis, l'a dit.
04:25C'est-à-dire que si vous cherchiez un exemple
04:27de ce qu'a dit M. Vance à Munich il y a quelques jours,
04:30la décision d'hier va exactement dans ce sens-là.
04:34Et qu'elle choque, bien évidemment,
04:37parce que dans l'univers médiatique dans lequel vous êtes,
04:39et vous avez travaillé à LCI, vous avez travaillé à BFM,
04:42tout le monde sait que nos milieux,
04:46mais c'est vrai aussi pour les artistes,
04:47c'est vrai pour les intellectuels,
04:49c'est vrai pour les essayistes,
04:51c'est vrai pour les écrivains,
04:52c'est vrai pour les romanciers,
04:53tout l'espace médiatique, Pascal,
04:56il penche à gauche,
04:58et pas seulement à gauche,
04:59il est aussi dans une forme de morale,
05:01sur le Covid, sur le climat,
05:03sur l'écologie, sur la cigarette, etc.
05:07Les journalistes, j'emploie souvent cette expression,
05:10carte de prêche, et ça c'est nouveau.
05:13Moi quand je suis rentré dans le métier,
05:15il y a 1988,
05:17les journalistes ne prêchaient pas la bonne parole.
05:20Vous avez raison Pascal, effectivement,
05:23on a le sentiment qu'aujourd'hui quand on sort,
05:26moi je vais vous dire, je l'ai vécu,
05:28je l'ai vécu, vous avez raison,
05:29j'étais 17 ans à BFM TV,
05:324 ans à LCI,
05:34quand je suis passé chez Cyril Hanouna,
05:37pour des raisons qui m'appartiennent,
05:39et je ne le regrette pas deux secondes,
05:41que les choses soient claires,
05:42quelle que soit la décision aujourd'hui,
05:43je me suis énormément enrichi,
05:45et je pense que je ne ferais pas ces émissions
05:47si je n'étais pas passé par H2O et par C8.
05:52Je ne m'étais jamais posé la question,
05:54je pense qu'il y a une forme d'autocensure
05:57chez les journalistes aujourd'hui,
05:59c'est-à-dire qu'on s'imagine,
06:00et c'est vrai que souvent je vois passer des messages,
06:02il y a eu des coups de fil de la direction,
06:04il y a eu des coups de fil de politique,
06:06je crois qu'on n'en arrive même pas là,
06:08c'est-à-dire que je pense qu'on est dans un système
06:10où on s'auto-censure,
06:12il y a beaucoup de journalistes aujourd'hui
06:14qui s'auto-censurent et qui n'osent pas aller
06:16sur certains terrains de peur,
06:18même si on ne leur a rien demandé.
06:20Je ne sais pas ce que vous en pensez Pascal.
06:22Je partage complètement votre avis,
06:23en fait les journalistes ne veulent pas
06:25appartenir au mauvais camp,
06:27donc le camp du bien.
06:29Ils ont peur pour leur travail.
06:30Le Covid était très intéressant,
06:32il y a eu une parole unique
06:34qui a été dite, c'est-à-dire
06:36il faut se faire vacciner,
06:38tous, et puis certains comme moi
06:40ont dit, moi je voudrais quand même
06:42qu'on me dise pourquoi
06:44les gosses on doit les vacciner,
06:46alors que le risque chez eux
06:48d'attraper
06:50le Covid est infime.
06:52Alors on me dit, oui mais ils peuvent transmettre,
06:54oui mais finalement le vaccin n'empêchait pas
06:56la transmission. Donc c'est des questions
06:58qu'un journaliste doit se poser.
07:00Je trouve que le Covid est un bon exemple, je pourrais en citer d'autres,
07:02bien sûr, mais il y a ce côté
07:04prêcheur, prêcheur sur
07:06le climat climatique. Est-ce l'homme
07:08à 100% ou pas ?
07:10On peut poser les questions.
07:12Moi il me semble que le journalisme c'est ça.
07:14Il y a des questions, il ne faut surtout pas les poser.
07:16Il est 11h12, on marque une pause. Pascal Latour-Dupin
07:18est avec nous,
07:20on peut vous écouter sur Europe. Alors moi je vous écoute sur Europe,
07:22mais je vais vous dire quelque chose.
07:24C'est que je vous ai écouté jadis sur LCI,
07:26je vous ai écouté jadis sur BFM,
07:28je trouve que sur Europe il y a plus de liberté
07:30que vous n'aviez ailleurs.
07:32J'entends une petite musique
07:34chez vous, non mais j'entends chez vous une petite musique
07:36plus personnelle.
07:38Oui, bien sûr, bien sûr,
07:40mais j'ose, et surtout je traite comme,
07:42mais alors évidemment, Pascal,
07:44vous le faites tous les jours, mais je traite des sujets
07:46qui me touchent et qui touchent aussi
07:48les auditeurs. Je trouve que c'est important de parler
07:50des vraies choses et je pense qu'en France,
07:52je pense, parce qu'on entend beaucoup, effectivement, on se sent un peu seul,
07:54on a un peu le sentiment, et c'est ce qui se passe aujourd'hui à C8,
07:56heureusement que vous êtes là, et heureusement qu'on est soutenus,
07:58mais pas beaucoup. J'ai pas vu beaucoup de politiques
08:00réagir, pas beaucoup de syndicats
08:02appelés à la mobilisation pour les emplois, on se sent très isolés.
08:04En revanche, je pense qu'on représente une majorité
08:06silencieuse, qui n'ose pas encore prendre
08:08la parole, mais qui pense la même chose.
08:10Il y a une espèce de brouhaha qui est en train de se faire,
08:12et je pense qu'il va dans le bon sens.
08:14Et c'est pourquoi les audiences, d'ailleurs, les audiences
08:16de CNews, CNews est la première chaîne
08:18info, c'est évidemment, alors,
08:20elle est caricaturée. Les gens disent
08:22ben oui, effectivement, vous êtes première chaîne info
08:24parce que vous ne parlez toujours que de
08:26certains thèmes que je ne vais pas citer là. Non.
08:28Je pense qu'ils ont compris que
08:30c'est une chaîne où toutes
08:32les opinions sont
08:34entendues, et qui traite
08:36des sujets qui sont en miroir
08:38avec ceux que
08:40les uns et les autres ont
08:42face à eux dans leur
08:44vie personnelle.