Le maire de Béziers, Robert Ménard, comparaissait ce mardi devant le tribunal de Montpellier pour avoir refusé de célébrer et annulé le mariage entre une jeune femme de 30 ans et un Algérien de 24 ans sous OQTF.
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00:00Alors que Robert Ménard est en train d'arriver sur ce plateau, merci d'être avec nous ce soir dans Tout le Monde Veut Savoir,
00:10maire de Béziers donc, et au cœur de l'actualité pour les raisons que l'on vient d'invoquer, puisque vous avez vu ce matin le procureur de Montpellier
00:18dans le cadre de cette procédure dite de plaidé coupable. Ce qu'on vous reproche donc Robert Ménard, pour ceux qui nous rejoignent à l'instant,
00:23c'est d'avoir refusé de marier un individu qui était frappé d'une obligation de quitter le territoire français.
00:28Vous vous êtes opposé à ce plaidé coupable, ça veut donc dire qu'il y aura un procès, que vous irez devant le tribunal correctionnel.
00:36Vous allez continuer de plaider votre bon droit, même si cela risque d'aboutir à une condamnation ?
00:42Oui, parce que c'est quand même une situation ubuesque. On me reproche quoi ? De ne pas avoir marié quelqu'un qui, s'il avait été en face de moi
00:52dans la salle de mariage à Béziers, j'aurais pu m'étonner qu'il y soit, puisqu'il faisait l'objet d'une OQTF. Il a d'ailleurs fait l'objet d'une autre OQTF
01:01avant, qui n'avait non plus jamais été mise en œuvre. Attendez, au-delà de l'argustie sociologique, politique, psychologique, juridique, il y a le bon sens.
01:15Je vois que les gens qui m'abordent ne comprennent même pas qu'on me reproche ça. Ce qui semble évident, c'est que tu dois quitter ce territoire,
01:25on ne va quand même pas te marier, ce qui, soit dit en passant, complique évidemment la possibilité de te mettre dehors et de t'expulser.
01:32C'est ça la réalité. Quant à l'inverse, c'est pas un symptôme. C'est pas seulement ça. J'ai entendu votre journaliste.
01:42Il a eu des problèmes avec la police chez moi. En 2018, pour une histoire de stupe. En 2020, pour un vol aggravé. En 2021, pour un vol aggravé avec violence.
01:54En 2022, pour du recel. Il prend 6 mois ou 8 mois de prison et on nous le présente comme un saint. Mais de toute façon, c'est pas le problème.
02:06Même s'il n'avait pas été condamné, puisqu'on rappelle cette condamnation pour vol avec violence en réunion à 8 mois avec sursis,
02:13le seul principe de l'obligation de quitter le territoire français fait que, de toute façon, vous auriez refusé de le marier.
02:19Attendez, ça me paraît évident. J'ajoute, c'est pas tout à fait rien ce que vous dites. Ce matin, vous avez celle qui devait être son épouse et leur avocat
02:29qui ont menti sciemment. Ça s'appelle mentir. Quand on m'accusait de diffamation en m'expliquant, vous allez voir, je vais vous faire un procès
02:37parce que non, il n'a jamais été en prison. Enfin, attendez, sur sa future épouse, il a été condamné. Moi, je n'ai jamais dit qu'il avait été en prison.
02:46Je lui ai dit qu'il avait pris une condamnation avec sursis, en l'occurrence. Enfin, attendez, vous ne pouvez pas raconter n'importe quoi.
02:53L'avocate, elle ment de solution ou elle ment sciemment, je ne veux pas le croire, ou elle ne regarde pas le dossier. Elle est incompétente, vous choisissez.
03:01Comment s'est passée ce matin la procédure de plaidé coupable ? Puisque je rappelle le principe de ce type de procédure qui, normalement,
03:09permet d'aboutir à un accord, sauf que vous avez refusé. Au début, vous disiez même si la peine est symbolique. En fait, là, de toute façon,
03:15vous avez écarté cette procédure de plaidé coupable. Comment ça s'est passé ?
03:19Écoutez, c'est la première fois que je le vivais. Je vous avoue que je ne suis pas habitué de ça. Voilà, on s'est retrouvé avec mes deux avocats
03:25pendant 20 minutes avec le procureur. Et voilà, il vous demande s'il vous acceptait ou pas de plaidé coupable. Et j'ai répondu que je ne voulais pas.
03:35Je lui ai expliqué pourquoi. Il m'a donné un certain nombre d'arguments. Mais je vous arrête tout de suite sur ça. Il m'a aussi expliqué,
03:41avec l'aide de mes deux avocats, que je n'avais pas le droit de faire état dans cette procédure de ce qui s'était dit face à lui.
03:48Mais le climat était tout ce qu'il y a de plus convenable.
03:51Mais ça veut donc dire qu'il y aura un procès, que vous irez au tribunal correctionnel et que vous serez condamné.
03:56Puisque, là encore, c'est ce qu'on expliquait juste avant, comme officier de police judiciaire, vous avez l'obligation légale,
04:02à droit constant, et on parlera tout à l'heure de la loi qui sera au Sénat dans deux jours, de voter, de marier un individu,
04:11qu'il soit frappé d'une OQTF ou pas.
04:13Pardon, on ne va pas faire du droit, je suis d'abord incapable et ça n'intéressera pas grand monde.
04:19Sur quoi se base la France sur ça ? Sur la Convention européenne des droits de l'homme qu'elle a signée, dont l'article 12.
04:25Honnêtement, je n'étais pas un spécialiste de l'article 12.
04:28Elle explique que c'est un droit de se marier et donc qu'on ne peut pas le remettre en question.
04:37Mais que c'est un droit qui s'applique dans le cadre de la loi nationale.
04:43Pourquoi je vous dis ça ? Je vous donne un exemple.
04:45Aujourd'hui, par exemple, le Haut-Danemark, signataire aussi de la même convention,
04:50vous ne pouvez pas vous marier avec quelqu'un si cette personne est en situation irrégulière.
04:56Le problème, c'est que le Conseil constitutionnel français a une vision extensive de ce droit.
05:02C'est-à-dire, il dit rien, absolument rien, ne peut le remettre en question.
05:06C'est un vrai débat. Oui, ce ne sera pas simple de sortir ça.
05:09Je ne vais pas vous dire qu'il suffirait de volonté comme ça affichée.
05:15Oui, ça pose peut-être la question de la Constitution elle-même.
05:20On entendait tout à l'heure le maire d'Aumont, Stéphane Villemotte.
05:24Vous avez eu des témoignages que beaucoup de maires ont été, au fond, face à ce genre de situation.
05:30Parce qu'on a le sentiment qu'à la fin, les maires, par crainte de la condamnation,
05:34ils finissent par soit marier, soit déléguer cela à un adjoint,
05:38mais qu'il n'y en a pas beaucoup qui vont jusqu'au bout.
05:40Est-ce qu'il n'y a pas un petit côté un peu, pardon Robert Ménard, mais jusqu'auboutiste,
05:43à ne même pas vouloir faire une procédure de plaidé coupable et aller jusqu'au tribunal correctionnel ?
05:48Et les principes, ça n'existe pas dans la vie pour vous. Vous en foutez.
05:51Mais moi, je ne m'en fous pas. Oui, c'est vrai, il n'y a aucun maire qui a fait ça.
05:55Parce que, attendez, la dissuasion est terrible.
05:58Moi, je n'avais pas compris que je risquais ça. Honnêtement, je ne savais strictement rien.
06:01Sinon, vous ne l'auriez pas fait ?
06:02Oui, non, je pense que je l'aurais fait, mais j'ai pris la mesure du risque
06:06quand mes avocats sont venus me dire, quand j'ai décidé de ne pas le faire,
06:11ils me disent, vous savez que vous risquez 5 ans de prison, 75 000 euros d'amende
06:15et d'être déclaré inéligible, ce qui n'est pas tout à fait rien.
06:19Comme maire, et puis on est à la veille d'élection.
06:21Je te dis, je prends un risque comme ça.
06:23Et c'est vrai que moi, j'en ai parlé avec un certain nombre de maires,
06:25je ne vais pas les citer là parce que c'est des copains,
06:27qui m'ont dit, mais attends, nous, ça nous est arrivé.
06:30On a mis les pouces au bout d'un moment.
06:32C'est quand même un peu lâche de dire, je ne vais pas le faire,
06:35je vais le faire faire par un adjoint.
06:36Honnêtement, j'ai envie de me regarder dans une glace
06:38si je ne me voyais pas demander à un de mes adjoints de le faire à ma place.
06:43Peut-être que c'est jusqu'au bout, c'est juste, me semble-t-il,
06:46au moins, ça permet de mettre sur la table un vrai problème.
06:51Parce que, attendez, moi, on le sait là,
06:53mais combien de gens doivent être mariés alors qu'ils font l'objet d'une OQTF
06:58et on n'en sait rien dans les mairies ?
07:01Parce qu'on n'en sait rien.
07:02– Robert Ménard, pour continuer ce débat
07:04et se dire que peut-être parfois les choses sont complexes,
07:07je voudrais qu'on écoute celle qui devait épouser Moustapha Bé
07:11avant que vous ne procédiez pas à ce mariage
07:13et qu'il soit expulsé vers l'Algérie.
07:15Elle est au micro de Boris Karlamoff, écoutez.
07:17– C'est très dur de s'en remettre, ça a été une dégringolade
07:22et les gens n'ont pas considération de ce qui nous a été fait.
07:26Les gens croient que M. Ménard a agi en grand super-héros
07:29et qu'il a sauvé la France d'un troubleur d'ordre public
07:33alors qu'il a juste gâché une vie de famille
07:36et c'était juste un numéro de titre de séjour.
07:38Il avait eu un récépissé, ce n'était pas un voyou,
07:41on était là juste pour s'aimer,
07:43on voulait vivre nos vies tranquillement, c'est tout.
07:45– Comment est-ce que vous réagissez quand vous entendez ça ?
07:47– Attendez, j'ai envie de la croire, sauf que ce n'est pas vrai.
07:50Elle s'est plaint aussi ce matin de la médiatisation.
07:53Je n'ai jamais prévenu la presse de cette histoire,
07:56c'est la partie en question, ces avocats elles-mêmes
07:59qui ont prévenu un certain nombre de journalistes.
08:04Écoutez, je vais vous raconter quelque chose
08:06parce que moi je veux bien croire ça,
08:08mais quand même il ne faut pas me prendre pour un débile couplé.
08:11La veille du non-mariage, je ne sais pas comment dire,
08:14du non-mariage, Mme Eva Marti prévient mes services
08:19qu'elle souhaite me rencontrer.
08:21J'accepte de la voir, évidemment,
08:23et je la vois deux heures avant ce qu'il aurait dû être
08:25le moment où je la marie.
08:27Elle est dans mon bureau, je la reçois dans mon bureau
08:29et je me sens un peu malaise en me disant
08:31peut-être que c'est terrible pour elle,
08:33elle l'aime et elle va être scandalisée,
08:36surtout elle va vous dire, elle va me dire,
08:38elle va te dire oui, c'est à cause de toi que je suis malheureux.
08:41Je n'ai pas eu un mot de ce type-là.
08:45– C'est-à-dire qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
08:47– J'ai eu des éléments de langage d'association pro-immigration.
08:52Tout le temps, pas un mot.
08:53Et somme homme de cette histoire, à un moment donné,
08:55je m'aperçois qu'en douce, elle était en train de m'enregistrer.
09:00Attendez, vous croyez que j'ai envie de la croire ?
09:03Je vais juste, parce que contrairement à son avocat,
09:06j'ai lu, enfin pardon, mes avocats ont lu exactement
09:10ce qu'il y a dans les déclarations, dans les dépositions.
09:13– C'est-à-dire dans les dépositions de l'individu Moustapha B.
09:17– Exactement, son fiancé, son compagnon.
09:20Il dit, je le cite parce que quand même, je tiens à préciser,
09:24c'est lui qui le dit, personne ne lui pose la question,
09:26je tiens à préciser que son loisir principal, celui d'Eva,
09:30de celle qu'il voulait épouser, est également politique,
09:33parce qu'elle s'intéressait à autre chose, affiliée à la gauche anti-Ménard.
09:38C'est moi qui le dis ça.
09:40– Donc c'est quoi, Robert Ménard ?
09:42Si je vous écoute bien, tout ça est une sorte d'opération visant à vous nuire ?
09:45– Ah non, non, non, je ne vous dis pas tout ça.
09:47Je vous dis que l'image de la femme épleurée,
09:52qui n'a aucune vision politique, qui est au-dessus de la politique,
09:57qui n'a aucune envie de médiatiser, dont le chéri est un saint,
10:02c'est un conte de fées.
10:04Il a été à quatre reprises, il a eu affaire à la police municipale,
10:08contrairement à la police nationale,
10:10contrairement à ce qu'ils ont affirmé les uns et les autres ce matin.
10:14Il a bien été condamné à huit mois de prison avec sursis.
10:20Non, elle n'est pas une petite sainte elle non plus,
10:24elle fait aussi de la politique.
10:26Par ailleurs, qu'il s'aime ou pas, ce n'est pas exactement mon affaire.
10:30– Vous avez aussi dit, Robert Ménard, que vous soupçonniez un mariage
10:35d'accommodement, ce qu'on appelle un mariage gris ou blanc,
10:38pour lui permettre d'avoir des papiers.
10:41– Mais quand mes services ont été prévenus de ça,
10:44en général, ils saisissent tout de suite les services de la ville,
10:47ils saisissent tout de suite le procureur pour savoir ce qui se passe.
10:51Moi, ils sont venus m'en parler cette fois-là,
10:53ils ne viennent pas tout le temps m'en parler,
10:54parce qu'il y en a souvent des mariages blancs ou gris.
10:56Là, ils sont venus m'en parler parce qu'il y avait une spécificité
10:59qu'on n'avait jamais vue, en tout cas à la ville de Béziers,
11:02c'est qu'il était sous OQTF.
11:04Et ça pose un autre problème, c'est pour ça,
11:06contrairement à ce que disent certains journalistes,
11:09moi, mon problème, ce n'était pas que c'est un mariage d'amour ou pas,
11:12parce que malgré tout ce que je viens de dire,
11:14peut-être qu'elle ment parce qu'elle aime,
11:16peut-être qu'elle demande à son avocat d'arranger la réalité parce qu'elle aime,
11:19moi, je n'ai rien contre eux, je ne les connais pas,
11:22ce n'est pas moi qui les expulse en dehors de la France,
11:29ce n'est pas moi, contrairement aussi à ce qu'elle a expliqué ce matin,
11:32c'est juste parce que son compagnon est sous OQTF,
11:37en situation illégale en France.
11:39Il faut juste se rappeler ça.
11:41Moi, je n'en fais ni une affaire personnelle,
11:43ni une affaire d'amour ou pas d'amour, ce n'est pas mon problème.
11:46Je m'interroge sur un certain nombre de ces propos
11:48et je me retrouve dans une situation
11:50où je ne veux pas marier quelqu'un
11:53qui normalement ne devrait pas être en face de moi.
11:56Et sur cette décision, Robert Ménard,
11:57vous avez été soutenu par une bonne partie de la classe politique
12:00chez les macronistes à droite au RN,
12:02à gauche, c'est l'inverse sans grande surprise.
12:05Regardez ce tweet de Manuel Bompard,
12:07le coordinateur de la France Insoumise,
12:08voilà ce qu'il dit.
12:09« Le droit de s'aimer et de se marier est un droit fondamental.
12:12Le bafouer pour ce pays est une petite campagne médiatique
12:14et minable et odieuse. »
12:15Ménard devrait avoir honte d'avoir brisé ainsi le bonheur d'un couple.
12:18Il salit l'image de la France avec ce spectacle dégoûtant.
12:21Voilà ce que dit Manuel Bompard.
12:23Qu'est-ce que vous lui répondez ?
12:24Vous voulez que je réponde sur le bouton ?
12:26Je vais m'en passer.
12:27Qu'est-ce que j'ai à voir, moi, dans cette histoire ?
12:30Ce n'est pas une histoire d'amour.
12:32D'abord, j'ai mis un certain nombre de bémols sur le récit
12:36que fait Eva de leur histoire et du garçon formidable qu'il est,
12:41parce que sinon, pardon, il n'aurait pas eu une OQTF,
12:43il n'aurait pas été expulsé s'il avait été,
12:45s'il s'était comporté correctement
12:47comme un étranger doit se comporter dans un pays d'accueil.
12:50Rien en face de la politique politicienne.
12:53Écoutez, il y a un certain nombre de maires qui me soutiennent
12:56qui ne sont pas...
12:57Il y a des maires de gauche qui vous soutiennent ?
12:58Il y a des maires qui ne font pas de la politique.
12:59Ce matin, il y avait une trentaine d'élus.
13:01Il y a des élus qui ne sont pas de droite.
13:03Et des maires de gauche ?
13:04Qui sont, oui, qui doivent être d'une gauche,
13:07pas à la France Insoumise, si c'est ça votre question,
13:09social-démocrate, je ne sais pas comment il faut dire,
13:12d'une gauche qui, sur ces terrains-là,
13:15partage exactement la même chose que moi.
13:17Aucun maire n'a envie de se retrouver devant cette situation.
13:20C'est juste ça.
13:22Et quoi que dise M. Bompard,
13:24il doit y avoir 80%, y compris de son propre électorat,
13:28qui ne comprend pas qu'on puisse faire ce genre de choses.
13:31Deux questions encore sur cette question de la loi,
13:34notamment de la perspective d'une évolution de la législation.
13:37Un texte sera débattu au Sénat dans deux jours.
13:41Sauf que, là encore, c'est ce qu'on abordait juste avant sur ce plateau,
13:44il y a une grosse question sur la constitutionnalité de cette loi.
13:47Est-ce que, là encore, on ne promet pas à des maires,
13:49comme vous ou d'autres, la perspective de faire changer la loi,
13:51si, de toute façon, la constitution n'en empêche ?
13:54Est-ce que vous croyez, au fond, à la possibilité sérieuse
13:57que la loi évite ce genre de situation ?
14:00Aujourd'hui, telle que la majorité en a,
14:03tel qu'on conçoit le rôle du Conseil constitutionnel,
14:06ça va être, je ne sais pas, un trou de souris pour pouvoir faire passer ça.
14:10Vous croyez que je suis assez con pour ne pas m'en rendre compte ?
14:13Non.
14:14Vous rigolez, bien sûr que je me rends compte.
14:16Tout le monde s'en rend compte, tout à l'heure.
14:18Vous faisiez un tas de débats qui ont déjà commencé au Sénat sur ça.
14:22Ça a juste un intérêt, cette affaire.
14:25Enfin, un intérêt, et j'espère que je ne vais pas le payer,
14:27quand même, à un prix démesuré.
14:29C'est donc d'attirer l'attention sur cette contradiction.
14:32Vous l'avez dit quatre fois, mais c'est ça.
14:33Je suis à la fois obligé de le marier comme officier d'État civil,
14:38et en même temps, on me demande, comme officier de police judiciaire,
14:41en gros, d'assurer la sécurité, la tranquillité dans ma ville.
14:44Et donc, de faire appliquer, en l'occurrence,
14:46et de prévenir que cette situation n'est pas normale.
14:49Juste quand même un mot.
14:50Moi, j'ai prévenu, une semaine avant, à la fois les services préfectoraux,
14:55la police et la justice, en leur disant
14:58« Vous allez me foutre dans cette situation-là. »
15:00Et il a pu être expulsé.
15:01Et moi, je leur ai dit « Vous voulez l'arrêter pour l'expulser ?
15:04C'est très simple.
15:05Vous venez à l'hôtel de ville.
15:07Il y a les bancs, puisque les bancs avaient été déclarés et tout.
15:11Venez donc le chercher et vous l'expulsez. »
15:16Vous ne le faites pas après.
15:17Dieu merci, ça a été fait après, grâce au préfet de l'époque.
15:20Mais il fallait le faire avant.
15:22L'avocate, ce matin, Maître Edberg, qui défend donc ce couple,
15:26disait peut-être que Robert Ménard, au fond, s'il n'est pas coupable maintenant,
15:28c'est parce qu'il espère que la loi passe
15:30et que la loi est un effet rétroactif et lui permette d'éviter la condamnation.
15:34C'est pour ça que vous n'avez pas appelé des coupables en espérant...
15:37Je propose à cet avocat de regarder le dossier,
15:41de ne pas mentir le matin devant tout le monde,
15:44de ne pas être obligé le soir de changer d'avis
15:46parce qu'on s'est aperçu qu'elle mentait.
15:50Rien du tout.
15:51Moi, ça m'est tombé sur la figure.
15:53Je me suis dit qu'il fallait juste faire ce que je fais,
15:57juste dire qu'il y a une espèce de manquement au bon sens.
16:00Et comme maire, vous savez, je le vois, le bon sens,
16:03bafouer tout le temps sur plein d'autres sujets.
16:05En parlant d'un maire, vous avez eu un mot de soutien de François Bayrou ?
16:08Non, je n'ai rien reçu de François Bayrou.
16:11Si c'était à refaire, vous le referiez ?
16:13Bien sûr.
16:14Donc si demain, la situation se représente,
16:16vous referiez exactement la même chose ?
16:18Vous faites quoi dans la vie ?
16:20Une fois que vous dites quelque chose, vous y tenez un minimum.
16:23Il n'y a pas mordome, il ne faut pas exagérer.
16:25Je ne suis pas en Russie ou en Arabie Saoudite.
16:27On est dans une démocratie où on peut se battre
16:30et se battre sans risquer demain la prison.
16:33Encore que là, en l'occurrence, c'est le cas.
16:35Oui, puisque vous risquez de la prison.
16:37Tu peux même, si tu tombes sur un juge...
16:41Il y a une chose qui me fait peur dans cette histoire aujourd'hui.
16:43C'est quoi ?
16:44C'est demain d'être, vous l'avez dit, devant un tribunal correctionnel
16:48et de trompes correctionnelles et de tomber sur des magistrats
16:51qui, eux, n'auront pas le goût de la modération
16:56comme il y en a d'autres et qui soient très politisés.
17:00Ils appliqueront la loi et le droit ?
17:03Oui, mais il y a une façon de l'appliquer.
17:05On aurait pu même imaginer qu'il n'y ait pas de poursuite dans ce cas-là.
17:10Ça peut arriver.
17:11Les poursuites, c'est le parquet qui en décide.
17:14Robert Ménard, je voudrais avoir votre regard sur quelques sujets d'actualité
17:17que vous avez l'habitude de commenter sur cette antenne,
17:19notamment dans notre émission du dimanche soir.
17:22D'abord, cette information qui vient de tomber
17:25puisque BFMTV vous révélait il y a quelques instants
17:28un document faisant état d'un niveau de connaissance
17:32de la part de la ministre de la Justice, garde des Sceaux,
17:35Elisabeth Guigou, en 1998, qui était au courant
17:39des accusations de violences sexuelles à Notre-Dame de Bétharame.
17:45C'est l'angle d'attaque qu'a choisi aujourd'hui
17:48le Premier ministre François Bayrou pour précisément contre-attaquer
17:51en disant « d'autres savaient ».
17:53Et de fait, ce qu'on vous révèle ce soir, ce que BFMTV vous révèle ce soir,
17:55c'est qu'Elisabeth Guigou avait reçu un courrier que l'on voit,
17:59un courrier qui venait d'abord de la cour d'appel de Depeau et du parquet
18:03et qui montre qu'elle était avertie de la gravité des faits.
18:06Est-ce que ça c'est un bon angle d'attaque pour François Bayrou ?
18:11En tout cas, ça veut dire que si lui était au courant,
18:13d'autres l'étaient également.
18:15C'est ce qu'il essaye d'expliquer.
18:17Écoutez, je vais être très prudent sur ça d'abord
18:20parce qu'on n'a pas sa réponse à elle.
18:22Est-ce qu'elle en dit ?
18:23Est-ce qu'elle l'a eu elle-même en main ou pas ?
18:25Ou est-ce que ça a été dans son administration
18:28et ça n'est jamais arrivé de son bureau ?
18:30Honnêtement, vous n'en savez rien et j'en sais rien.
18:32Donc, il faut faire très attention.
18:35La leçon quand même, c'est qu'avant de taper sur ton mec en face
18:38parce qu'il n'est pas dans ton camp politique,
18:40tu fais bien de regarder, de balayer devant ta porte.
18:42Parce que je vous rappelle quand même, on en parlait dimanche ensemble,
18:45le point, il y a un an, ils avaient parlé de cette affaire.
18:49C'est vrai qu'il y avait des révélations au mois de juillet
18:52qui, à l'époque, n'avaient pas intéressé grand monde.
18:54Intéressé personne.
18:55Est-ce que vous aviez un élu militant, un bombarde
19:00pour prendre l'exemple, qui criait, qui tapait du poisson ?
19:05Pas du tout.
19:06Ça les a intéressés, cette affaire-là,
19:08quand M. Bayrou est devenu Premier ministre
19:11et c'était un angle d'attaque.
19:13Et en même temps, Robert Ménard,
19:15commencez par dire quand on est François Bayrou,
19:17je n'étais au courant de rien.
19:19Maintenant, c'est d'autres savaient.
19:21Ce n'est pas exactement la même chose.
19:23Ça ne veut pas dire qu'il n'était pas au courant.
19:25Est-ce qu'il n'était au courant que des affaires de violences
19:29qui sont inexcusables ?
19:31De ce monsieur qui en a tapé un autre, un gosse.
19:35Il y a les violences physiques.
19:36Et là, dans le cas d'Espèces,
19:37le courrier concerne les accusations de viol
19:39du père Caricard qui a pu se suicider
19:42quelques années après ces accusations.
19:44C'est terrible de taper sur un gosse
19:45et de lui faire perdre une partie de son vie.
19:48C'est encore pire, évidemment,
19:50quand c'est des affaires de viols.
19:51Je ne sais pas, est-ce que François Bayrou a eu des maladresses
19:54quand il a dit au début « je n'étais au courant de rien »
19:57alors qu'il était au courant de quelque chose ?
19:59Mais être au courant de quelque chose
20:01et être au courant de tout,
20:02ce n'est pas tout à fait du même tonneau.
20:05Voilà.
20:06Et puis, je fais attention à ce que je dis.
20:09Je pense qu'il fut une époque
20:11où les gens, à tort,
20:13n'étaient pas aussi regardants sur ces questions-là.
20:16Où on acceptait.
20:18Là, je ne dis pas que les uns et les autres ont accepté.
20:20Est-ce qu'aujourd'hui,
20:22ça remonte à il y a 25 ans.
20:25Il y a 25 ans, je crois honnêtement,
20:28alors je ne vous dis pas il y a 50 ans,
20:30que le regard n'était pas aussi rude sur ça.
20:33Et tout le monde avait tort de faire.
20:35Voilà, je ne sais pas, je vais regarder comme vous.
20:37Je n'en sais rien.
20:38Et on attend effectivement la réponse.
20:39Quand même, le seul problème de fond,
20:41mais on ne va pas y revenir,
20:42parce que ça fait un peu nier de le dire,
20:44mais c'est quand même la vérité,
20:45c'est que le problème, c'est d'abord les gosses en question.
20:48Absolument.
20:49Il y en a plus d'une centaine.
20:50Plus d'une centaine de plaintes.
20:53C'est quand même ça.
20:54Comment on a pu laisser faire ça pendant tant d'années ?
20:57Et ça, je ne sais pas qui est responsable.
20:59François Bayrou, qui demain va faire face à une motion de censure
21:01pour, je suis sûr que l'expression va vous plaire,
21:03dénoncer la trumpisation et la lupénisation du débat public.
21:07C'est une motion de censure qui est déposée par les socialistes.
21:10Ça vous rend François Bayrou plutôt sympathique, ça, j'imagine, non ?
21:13Moi, je trouvais que quand il a parlé de sentiment d'insécurité…
21:16Sentiment de subversion migratoire.
21:17De subversion migratoire, pardon.
21:19Sentiment d'insécurité, c'était avant, c'était les mêmes.
21:22On peut enlever les mots sentiment et garder la subversion.
21:26Dans un certain nombre de quartiers, dans un certain nombre de départements,
21:29il y a une subversion migratoire, c'est évident.
21:32À part de ne pas voir les choses, je ne comprends même pas une partie du débat.
21:36Honnêtement, je vous jure, ça me dépasse qu'on nie l'évidence.
21:39Après, à partir du constat, oui, je ne sais pas combien,
21:43en Seine-Saint-Denis, il doit y avoir 25 ou 30 % de gens en situation étrangère.
21:48Ce dont il était question, c'était l'utilisation du terme « submersion »,
21:52qui est un terme notamment popularisé par Jean-Marie Le Pen
21:56quand il parlait d'immigration.
21:57On peut parler d'immigration, ne pas se voiler la face,
22:00sans pour autant avoir recours au lexique d'un parti
22:05qui, normalement, n'est pas le parti de François Bayrou.
22:07Mais je m'en contrefous du lexique de tel ou tel parti.
22:10Quel est le problème ?
22:11Si ce mot-là, il colle à la situation,
22:14aujourd'hui, dans un certain nombre de quartiers,
22:16dans un certain nombre de villes, des partis du département,
22:18il est vrai. Je me contrefous.
22:20Alors, vous allez quoi ? On va prendre le dictionnaire
22:22et tous les mots qui ont été utilisés par l'extrême droite ou l'extrême gauche,
22:26on va s'empêcher de les utiliser.
22:29Ça n'a pas de sens, c'est la réalité qui compte.
22:31C'est exactement pareil que pour ce qui se passe dans ce collège
22:35dont on a parlé à l'instant.
22:36La seule chose qui compte, c'est comment on lutte
22:40contre les violences qui sont faites, les viols sur les enfants,
22:44plutôt que de l'utiliser politiquement.
22:46Et pareil, là, est-ce qu'il y a un problème d'immigration en France ?
22:50Attendez, qui peut le nier ?
22:52Je ne sais pas comment on peut le nier.
22:53Encore une fois, Robert Menard, une vérité avérée.
22:55On peut dire qu'il y a un problème d'exécution des obligations
22:57de quitter le territoire français.
22:58Ça rejoint la thématique qu'on abordait au début de cet entretien.
23:01Se dire qu'il faut s'interroger sur, comment dire,
23:05la question de faire diminuer l'immigration illégale,
23:08sans pour autant considérer que le pays est submergé tout entier
23:11par un flot migratoire qu'on ne peut plus contrôler.
23:14J'ai dit ça ?
23:15Non, mais c'est la question que je pose.
23:16Attends, je ne dis pas ça, je vous dis, je prends.
23:18Je fais justement attention, chaque fois que je vous réponds,
23:21en vous disant, ça concerne certains quartiers,
23:24ça concerne certaines parties du département.
23:26Évidemment, il n'y a pas une submersion migratoire
23:29dans toute la France, là encore.
23:31Mais attendez, encore une fois, est-ce qu'on ne pourrait pas
23:33être un tout petit peu raisonnable, pas faire de la politique
23:36de merde, de la politique politicienne, partisane,
23:39sur le dos des gens ?
23:40Moi, je sais, dans un certain nombre de quartiers,
23:42la submersion migratoire, le malheur qu'elle fait.
23:46Le malheur, y compris, d'abord, pour les gens en question.
23:49Parce que quand tu es dans une école où tu as 90% d'enfants
23:53issus de l'immigration, où tu as une telle difficulté
23:56de parler avec les parents parce qu'ils parlent mal le français
23:59et tout, ça fait le bonheur de ces enfants-là ?
24:02Non.
24:03Alors, c'est la seule chose qui m'intéresse.
24:04Le reste, je m'en contrebalance.
24:05Le problème, c'est qu'en France, tout est vu au prisme
24:09de tes intérêts de parti.
24:10Vous pouvez prendre n'importe quel sujet.
24:12Je ne vais pas revenir sur Bonnepart.
24:13On pourrait être d'accord sur ça.
24:15Il aurait pu dire, non, par rapport aux reproches qu'il me fait
24:17en disant, oui, il y a quand même un problème,
24:19que le maire, il soit obligé de marier des gens
24:22alors qu'ils ne sont pas en situation de...
24:24Non, c'est au-dessus de ses fonds.
24:26Honnêtement, c'est d'un minable.
24:28– Un mot, c'est encore une affaire partisane,
24:31mais elle va faire l'actualité demain.
24:33Les Républicains, aujourd'hui, les députés républicains,
24:35ont dit qu'ils s'opposaient à la nomination de Richard Ferrand
24:38à la tête du Conseil constitutionnel.
24:39Il faut rappeler que la nomination capote
24:41si trois cinquièmes des parlementaires, députés et sénateurs,
24:43s'opposent à cette nomination.
24:46Est-ce que là encore, puisque je reprends votre terme,
24:48je ne sais pas si vous l'avez dit, mais c'était votre idée,
24:50il n'y a pas une forme d'hypocrisie sur ce qu'on reproche à Richard Ferrand
24:53à partir du moment où, au fond, il a le profil à peu près
24:56à quelque chose près de tous les présidents
24:58qui ont été nommés à la tête du Conseil constitutionnel ?
25:00– Ils auraient fait la même chose.
25:02Qui est assez nié pour imaginer que si c'était eux,
25:06si c'était un type de droit qui était chef de l'État,
25:09il aurait choisi autre chose qu'un proche de lui.
25:13Alors il y a toujours quelqu'un qui va me répondre,
25:15oui mais enfin je ne sais pas, Badinter par exemple,
25:18il avait une vraie expérience, enfin il connaît mieux le droit
25:21que vous ou moi, ce n'est pas difficile.
25:23– Comme moi, c'est sûr.
25:24– Et comme moi, c'est évidemment.
25:27Mais enfin quand même, qu'on utilise aujourd'hui les nominations
25:31pour mettre des gens proches de chez vous,
25:33proches de votre camp, Fabius il était très à droite,
25:37enfin il ne faut pas rigoler, il faut se calmer.
25:41Et en même temps, je dis ça et pour être tout à fait honnête,
25:45je le comprends qu'on choisisse quelqu'un proche de ses idées.
25:49Pourquoi ? Parce que c'est le Conseil constitutionnel,
25:52on l'a vu sur cette histoire qui m'arrive à moi,
25:54son interprétation des choses, là sur le mariage,
25:58une interprétation extensive qui fait qu'il dit que dans aucun cas
26:02on peut interdire le mariage.
26:04– Richard Ferrand s'il est nommé d'interpréter la loi
26:06et la constitution de telle manière pour que…
26:08– Est-ce qu'il va le faire ?
26:09– Pour que vous puissiez passer contre les bourges codifiées de la constitution.
26:13– Je vous trouve un peu alerte là, je vous trouve un peu alerte
26:15en termes de prospective parce que, c'est bien compris,
26:18il n'est pas sûr d'être nommé quand même, c'est les trois cinquièmes.
26:21– Selon les comptages, ça pourrait passer ric-rac,
26:23mais ce qui est sûr, c'est que c'est beaucoup moins sûr
26:25que ça ne l'était il y a quelques jours.
26:27Robert Ménard, je voudrais qu'on parle un petit peu
26:29de la situation internationale et puis on parlera de vous
26:31et de vos ambitions politiques puisque,
26:33savoir si vous en avez peut-être, au-delà de la seule ville de Béziers,
26:37mais juste avant.
26:38Je vous ai souvent entendu d'ailleurs sur ce plateau, le dimanche,
26:41dire du bien de l'élan d'optimisme suscité par Donald Trump,
26:46par Elon Musk, son acolyte qui taille à tour de bras
26:51dans l'administration américaine.
26:53Est-ce que quand vous voyez Donald Trump qui refait de Vladimir Poutine
26:58un paria jusque-là, quelqu'un avec qui l'on peut converser
27:01à l'échelle géopolitique, est-ce que vous avez le même enthousiasme
27:04ou est-ce qu'au contraire, vous dites non ?
27:07Là, il est en train de dépasser les bornes.
27:10– On n'est pas obligé de juger les gens d'un bloc.
27:13Moi, je trouve que le souffle qu'il donne aux États-Unis,
27:16mais je ne suis pas américain, un regard qu'il a,
27:20même s'il est excessif sur l'immigration,
27:23on parlait de l'insécurité, ce qu'il dit de l'insécurité dans son pays,
27:29tout ça, tu peux le saluer, tu peux comprendre qu'il y a une majorité,
27:32parce que cette fois-ci, il a une majorité des Américains
27:35qui ont voté pour lui.
27:36Ce qu'il fait sur l'Ukraine, c'est une saloperie.
27:42C'est un nouvel accord de Yalta.
27:44On se dépêche, on divise un pays sur son dos.
27:49Enfin, on a quand même des mémoires, la Tchécoslovaquie,
27:52je ne dis pas que tout...
27:53Evidemment, il faut faire attention sur les comparaisons.
27:55C'est Munich 1938 ?
27:57Oui, je te donne ça, je prends ça,
28:02et on va regarder les sous-sols de façon annexe,
28:05qu'est-ce qu'il y a comme métaux rares, qu'est-ce qu'il y a comme gaz noble,
28:08et on va se partager les zones d'influence.
28:11C'est une saloperie, absolue.
28:14Vous vous rendez compte ?
28:15Ça va faire trois ans, c'est le 24, non ?
28:17Le 24 février.
28:19Ça va faire trois ans que des dizaines de milliers d'Ukrainiens meurent
28:23pour défendre leur pays,
28:25et deux, un salaud absolu qui s'appelle Poutine,
28:30et de l'autre côté, un cynique absolu,
28:33un marchand absolu, un épicier absolu,
28:37un dealer au sens de fait, des deals absolus,
28:41se partagent ton pays dans ton dos.
28:43Et nous, en plus, on n'a même pas le moyen,
28:46nous, je parle des Européens, de peser en quoi que ce soit.
28:49Bien sûr que c'est terrifiant, terrifiant.
28:52J'ai envoyé hier un mot, je suis jumelé avec une vie en Ukraine,
28:57par solidarité, et évidemment, j'ai écrit au maire,
29:00il est catastrophé, vous imaginez.
29:02Et l'Europe et la France, dans tout cela,
29:04Emmanuel Macron a convoqué hier une réunion d'urgence
29:08autour d'un certain nombre de pays,
29:10principalement avec une force militaire.
29:13Emmanuel Macron, qui lui, avait tant parié
29:15sur la relation qu'il avait avec Donald Trump,
29:18sur aussi la pression qu'il avait, rappelons que c'était
29:21l'un des premiers à envisager la possibilité
29:23d'envoyer des troupes au sol en Ukraine,
29:25là, il est dans une situation d'impuissance absolue ?
29:28Oui, mais voyez, même, regardez Macron,
29:30à la fois, moi ici, comme vous, vous le soulignez,
29:33au début, il a cru que, allez, le feeling,
29:37parce que je te tape sur l'épaule, l'un l'autre,
29:40ça allait suffire à arrêter Poutine,
29:42t'imagines le personnage, il vient du KGB,
29:45s'il est capable d'être sensible à ça.
29:47Mais ensuite, pour ça que j'essaye de pas avoir
29:50des jugements comme ça, tout en noir et tout en blanc,
29:53rappelez-vous les attaques dont il a été victime,
29:56quand il a dit qu'il faudrait peut-être envoyer
29:58du matériel et ensuite des hommes.
30:01Et qu'est-ce qu'on va faire ? On va envoyer des hommes.
30:03Le problème dans cette histoire-là,
30:05c'est qu'au fond, quand on discute,
30:08c'était 8 pays européens, est-ce que oui ou non,
30:11on va envoyer des hommes ?
30:12Ils sont pas d'accord.
30:13Non, mais même s'ils étaient d'accord,
30:15c'est prendre un acte qu'on a perdu.
30:17Parce que c'est dans le cadre d'un éventuel cessez-le-feu.
30:20Voilà, et le cessez-le-feu aujourd'hui,
30:22tout le monde sait qu'il se fera sur le dos
30:24des Ukrainiens, que tout le Donbass
30:27ne reviendra jamais ukrainien,
30:29que la Crimée restera russe, et c'est au fond,
30:33je comprends qu'on le fasse, je comprends
30:36que l'Europe essaye de jouer au moins ce rôle-là,
30:39mais c'est prendre acte de notre défaite.
30:42Je dis « notre » parce que la défaite des Ukrainiens,
30:45c'est notre défaite si elle est actée comme ça.
30:49Ça ressemble à ce qui va s'arriver,
30:52ce qui va arriver dans les jours,
30:54dans les semaines à venir.
30:56Je voulais qu'on parle aussi, Robert Maynard,
30:58de l'émotion et de la douleur.
30:59Le Hamas qui a annoncé qu'il restituera,
31:01après-demain jeudi, le corps des 4 otages
31:03retenus dans la bande de Gaza,
31:05dont ceux de la famille Bibas,
31:07Chiri, la maman, et ses deux enfants,
31:09Ariel, 5 ans, et Kfir, 2 ans.
31:12On voit les photos, notamment les visages
31:16d'Ariel et de Kfir, qui sont devenus
31:19des sortes d'emblèmes de l'horreur du 7 octobre,
31:23de l'horreur des prises d'otages
31:25dans la bande de Gaza.
31:28Je me demande votre réaction.
31:30Il y avait un espoir, même si, évidemment,
31:33on craignait le pire.
31:35Mais là, visiblement, c'est ce qu'a annoncé
31:37le Hamas, la restitution des corps sans vie
31:39de ces otages.
31:46Vous avez vu ? C'est des bébés.
31:48Des bébés.
31:50Otages.
31:53C'est des monstres, ceux qui ont fait ça.
31:56Comment tu fais la paix ?
31:58Comment tu imagines un futur,
32:01un avenir pas commun, mais pas conflictuel,
32:05avec des gens qui font ça ?
32:07Qui font ça ?
32:09Une fois de plus, les enfants qui meurent
32:11à Gaza sous les bombes israéliennes,
32:14c'est terrible.
32:16Mais Israël, et les bombes en Israël,
32:18ne visent pas les enfants.
32:20Là, ils ont été pris en otage,
32:22en otage avec leur maman.
32:24C'est une monstruosité.
32:26Et tout à l'heure, M.Bombard,
32:30sa capacité...
32:32Vous n'allez pas me parler de lui,
32:34mais sa capacité, lui et son parti,
32:36à ne jamais avoir les mots
32:38par rapport à cette monstruosité
32:40dont je viens de parler.
32:42Et de trouver toutes les excuses,
32:44parce que dans son parti,
32:46vous vous rappelez, un mouvement armé,
32:48le Hamas, un acte de résistance,
32:50le Hamas, mais il se disqualifie
32:52à vie, ces gens-là.
32:54A vie.
32:56Je suis d'une génération où je croyais
32:58qu'après la Shoah,
33:00on a mis du temps,
33:02après la Deuxième Guerre mondiale,
33:04mais après la Shoah, plus jamais,
33:06on imaginerait avoir
33:08le dixième
33:10de prudence
33:12dans la dénonciation de quelque chose
33:14de ce type-là.
33:16Et là, vous voyez toute une partie
33:18de notre classe politique
33:20qui, par rapport à ces deux enfants,
33:22qu'est-ce qu'il va nous dire ?
33:24Il va nous dire qu'ils sont quoi ?
33:26C'est juif.
33:28C'est ça qu'on leur reproche.
33:30Ils sont pas israéliens,
33:32ils sont juifs.
33:34C'est pas pour rien que je porte
33:36depuis tout le temps, ici, vous le savez,
33:38ce signe qui rappelle
33:40qu'il y a des otages.
33:42Et on a entendu
33:44votre émotion, Robert Ménard.
33:46Pour terminer cet entretien,
33:48je me rappelle
33:50de ce sondage,
33:52plus qu'un sondage d'une grande enquête
33:54il y a quelques jours,
33:56dans l'enquête du Cevipof
33:58dans les colonnes du Monde,
34:00qui montrait le rejet,
34:02le dégoût de la politique
34:04de la part des Français,
34:06avec une exception,
34:08qui est d'ailleurs une exception
34:10assez fréquente,
34:12concernant les maires,
34:14les élus locaux.
34:16Est-ce qu'en voyant cette enquête-là,
34:18ça vous a donné des idées
34:20pour la suite ?
34:22Oui, je pense que les maires,
34:24vous y faisiez allusion.
34:26Les seuls élus,
34:28il y en a une catégorie,
34:30c'est les maires,
34:32qui restent populaires.
34:34Plus de 60% des Français
34:36leur font confiance,
34:38jusqu'où ça tombe.
34:40Oui, il y a la place, aujourd'hui,
34:42pour une approche qui ne soit pas
34:44partisane, qui regroupe des maires.
34:46Moi, je leur dis, aux maires,
34:48à mes copains maires,
34:50on peut se retrouver.
34:52Moi, j'ai discuté avec des maires
34:54qui n'ont pas mon avis.
34:56Quand vous discutez en privé
34:58avec un maire de gauche,
35:00je ne parle pas des maires
35:02de la France Insoumise,
35:04ou des écologistes.
35:06Les autres, tu peux discuter.
35:08Au moins, on est d'accord
35:10sur un constat.
35:12Pourquoi on n'arriverait pas
35:14ensemble à faire quelque chose ?
35:16Est-ce que ça peut vouloir dire
35:18qu'il n'y a pas de souhait de candidature ?
35:20Je ne vous demande pas
35:22une déclaration de candidature.
35:24Par exemple, j'ai posé la question
35:26à Michel-Élord Leclerc.
35:28Je lui ai soumis un sondage
35:30où il était testé en souhait
35:32de candidature.
35:34Il m'a répondu oui.
35:36Moi, je vais participer au débat
35:38en 2027 pour aider
35:40à ce que je vous dis là se réalise.
35:42Avec qui ? Comment ?
35:44Il y a d'autres maires
35:46Est-ce que dans l'éventail
35:48des possibilités, il y a une candidature ?
35:50Non, pas comme ça.
35:52Je vais vous dire pourquoi.
35:54Peut-être que ça va vous paraître débile
35:56ce que je vous dis.
35:58Vous avez le droit de le penser.
36:00Je ne vous juge pas complètement débile.
36:02Honnêtement, je trouve qu'il faudrait
36:04une prétention de ma part pour dire ça
36:06que je n'ai pas.
36:08D'autres ont moins de précautions.
36:10Oui, mais ils les ont moins.
36:12Moi, je doute trop
36:14sur ma capacité à répondre.
36:16Je suis toujours considéré, je vais vous dire quelque chose,
36:18la capacité des hommes politiques
36:20à répondre à tout.
36:22Moi, il y a des domaines entiers
36:24où je ne vous connais rien.
36:26Même comme maire, il y a des domaines où je ne comprends rien.
36:28Je me dis, quoi, tu vas avoir
36:30ces prétentions-là. Vous avez raison,
36:32il y en a qui n'ont jamais ces états d'âme-là.
36:34Mais vous participeriez au débat en 2027.
36:36Bien sûr, attendez.
36:38J'espère encore une fois que les élus locaux,
36:40un élu local
36:42sera capable d'incarner
36:44une autre façon de faire de la politique.
36:46C'est un peu gnagnant de dire ça,
36:48mais il y a une autre façon de prendre des risques,
36:50de ne pas changer d'avis,
36:52de ne pas se mettre toujours à l'abri
36:54et de se dire que, attendez,
36:56c'est formidable d'être maire.
36:58Moi, je ne suis pas le genre à me plaindre tous les matins.
37:00Écoutez, essayons
37:02de transformer cette envie d'être maire
37:04peut-être que sur 4 ou 5 sujets
37:06nationaux, on pourrait apporter des réponses
37:08et peut-être que je vais participer à ça.
37:10Merci Robert Ménard, maire de Béziers,
37:12d'avoir été l'invité de tout le monde de savoir
37:14et d'avoir donc réservé votre réaction à BFM TV.
37:16Après ce qui s'est passé ce matin,
37:18le refus du plaidé est coupable
37:20et il y aura donc un procès
37:22en correctionnelle
37:24pour ne pas avoir marié un individu
37:26qui était frappé d'une QTF.