Le Sommet pour l'Action sur l'IA vient de s'achever, laissant derrière lui un sillage d'innovations, mais surtout de défis. Alors que des centaines de milliards d’euros d’investissements ont été annoncés, une autre voie pour l’Europe est-elle envisageable ?
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00:00Devinez à quoi est dédié ce grand rendez-vous de l'IA de Smartech aujourd'hui, au Sommet qui s'est tenu à Paris.
00:11On en parle avec Bruno Maisonnier qui nous fait le grand plaisir d'être là pour en même temps présenter son livre.
00:17On va pouvoir en dire quelques mots. Organic AI qui est paru aux éditions Hermann.
00:22Comment les stratégies de la nature peuvent révolutionner l'IA ? Voilà le sujet qui est traité dans votre livre.
00:27Je rappelle par ailleurs que vous êtes le fondateur et le patron d'Another Brain.
00:31Et à côté de vous pour cette émission, Jérôme Malzac. Bonjour. Je rappelle que vous êtes directeur de l'innovation,
00:37expert en IA générative chez Micropole. Vous êtes un habitué du grand rendez-vous de l'IA d'ailleurs.
00:42Donc je fais court avec vous. Déjà, je voulais avoir vos premières réactions sur ce sommet pour l'action sur l'IA.
00:49Est-ce que vous avez trouvé qu'on est passé à l'action comme c'était finalement l'objectif ?
00:54Moi, j'ai trouvé ça enthousiasmant, très honnêtement. C'était une vraie effervescence.
01:00J'ai trouvé déjà que c'était un salon, en tout cas un événement beaucoup plus pro-business que ce qu'on avait pu avoir en 2023 en Angleterre.
01:08En Angleterre, c'est vraiment une approche par les risques et donc de l'IA.
01:12Là, on a vraiment démontré l'intérêt de l'IA, en quoi elle était bénéfique.
01:16Toutes les émissions qu'il y a pu y avoir, les grands rendez-vous sur les grandes chaînes de télé ont permis, je pense, de mettre en avant l'intérêt de l'IA auprès du grand public.
01:26Et donc plus avoir cette vision uniquement de risque, biais, fake, l'IA, c'est une vraie capacité à faire fonctionner des exosquelettes.
01:34C'est une vraie capacité à faire progresser la santé, la médecine.
01:38Et c'est ça qu'on a aussi voulu démontrer avec cet événement et ça, j'ai trouvé ça assez enthousiasmant.
01:45C'est vrai que ça a permis une couverture médiatique sans précédent sur ces sujets.
01:49Oui, mais c'est une des questions. Je souscris à ce que Jérôme a dit, c'est enthousiasmant.
01:54Il s'est passé plein de choses et c'est bien de le mettre en avant.
01:57Je relativise un tout petit peu cette mousse médiatique qui est à la fois géniale,
02:01qui à la fois est censée nous donner l'impression que la France est vraiment le leader de l'IA.
02:06Mais quand on regarde en Angleterre, on se rend compte qu'il y a plus de start-up, des formations aussi bonnes, autant d'investissements.
02:11En Allemagne aussi, et que le reste du monde te dit, bof, il paraît-il qu'il y a une tribune dans le Financial Times qui relativise bien quand même.
02:19Donc nous, on a un truc très français qui est de dire, on est les meilleurs du monde, les champions du monde, mais autoprogrammés.
02:24Les autres, ils ne voient pas ça. Il faut relativiser un peu.
02:27Si on peut être bon en com' de temps en temps, pourquoi pas, non ?
02:30C'est très bien et ça crée cette dynamique, donc c'est très bien.
02:33Mais il faut relativiser, il faut se rendre compte qu'ailleurs, c'est peut-être encore plus.
02:38Et puis, il y a eu un contre-sommet. Moi, j'ai assisté au contre-sommet, où là, on entend quand même des citoyens qui continuent à dire,
02:46non, l'IA, en fait, on n'en veut pas, qui refusent justement de voir ça comme un progrès et comme quelque chose qui doit être accepté par tout le monde,
02:55et qui pointaient tous les risques sociétaux.
02:58Donc, il n'y a pas une uniformité autour de ce sommet avec tout le monde est content, tout le monde trouve ça génial.
03:06C'est normal.
03:07Oui, c'est logique. Il y a plusieurs voix qui s'expriment.
03:10Alors, il y a ce rattrapage politique, comme vous disiez, qui est le propre de la France, évidemment.
03:14Emmanuel Macron a quand même un petit peu approprié le sujet, alors que ce n'est pas forcément le seul à avoir porté l'initiative.
03:20Et puis, le contre-sommet, c'est aussi le moment pour eux de faire entendre leur voix.
03:24Et moi, ce que je retiens surtout, c'est finalement la façon dont la France et l'Europe,
03:31parce qu'il n'y avait pas que la France lors de ce sommet qui parlait, qui s'exprimait,
03:34c'est que l'Europe n'est pas là que pour réguler.
03:37L'Europe a aussi cette volonté d'être un élément qui compte dans le monde de l'IA,
03:42face à ces deux grands pôles que sont les Etats-Unis et la Chine.
03:45Et même si, et ça a été un des sujets d'ailleurs débattus lors de ce sommet,
03:50la façon dont on veut en France et en Europe réguler, entre guillemets, l'IA,
03:55en tout cas la rendre rassurante, éthique, responsable et de confiance.
04:00Donc, le contre-sommet, j'espère en tout cas que les participants au contre-sommet
04:03ont aussi été rassurés sur ce côté éthique et moins risqués de l'IA.
04:09Non, je pense que, d'ailleurs, il y a eu un appel d'une personne que j'ai croisée
04:13qui me disait qu'il faudrait une convention citoyenne sur l'IA, finalement,
04:17pour impliquer davantage les citoyens.
04:18Parce que là, on avait une partie très officielle avec tous les grands porteurs de l'intelligence artificielle en France,
04:25il y avait les chefs d'État, il y avait le Business Day à Station F,
04:28mais finalement, les citoyens...
04:30Oui, mais attends, alors moi, je ne suis pas exactement à ce que Jérôme vient de dire,
04:34c'est bien, c'est comme ça qu'il y a de la confrontation.
04:36C'est bien.
04:37Il y a le fait que, quelle que soit la technologie, quand elle arrive, ça génère des peurs.
04:42C'est normal. Pourquoi ?
04:44Parce que 100% des technologies qui ont été inventées par l'humanité ou appropriées
04:48ont généré des problèmes.
04:49Et ont généré du positif et ont généré beaucoup plus de positifs
04:53parce que l'humanité, elle, s'est très bien régulée pour, globalement, en tirer plus de positifs.
04:58Mais c'est arrivé avec l'invention du feu, de la vapeur, de l'électricité, du nucléaire, etc.
05:02Là, ça arrive avec l'IA et c'est normal.
05:04Donc, la réaction de dire qu'il peut y avoir des dangers, c'est normal.
05:09Il y aura des dangers, il y aura des catastrophes.
05:11Il faut être très vigilant pour réagir rapidement.
05:14Par contre, je ne suis pas d'accord avec cette approche trop régulon, dès le début, pour être sûr que...
05:21Parce que ça, c'est la meilleure façon de ne pas avoir le positif qu'on aurait pu en tirer aussi.
05:25Donc, moi, je pense qu'il faut laisser l'exploration darwinienne, par des startups, par des entreprises,
05:31de tout ce qui peut se faire.
05:33Et là-dedans, il y aura des conneries qui se feront.
05:35Il faudra les arrêter, les bloquer ou mettre des réglementations.
05:38A posteriori, c'est comme ça qu'il faut réagir.
05:41Et l'humanité sait très bien faire ça.
05:43Est-ce que, du coup, tu as été rassuré par les annonces, là, de financement,
05:47les 109 milliards posés sur la table ?
05:49Oui et non.
05:50D'abord, je trouve ça génial.
05:51Et bravo au président et à l'équipe d'avoir réussi à attirer 109 milliards.
05:54Donc, c'est super.
05:55On ne les a pas tout de suite, là, maintenant.
05:57Oui, oui.
05:58Mais les 500 milliards de Trump non plus, il ne les a pas.
06:00C'est vrai.
06:01Donc, c'est des choses...
06:02Et c'est bien.
06:03Mais, je dis attention, parce que je pense que ce n'est pas la bonne chose à faire pour la France.
06:07Pourquoi ?
06:08Parce que si le but, c'est de courir après les Américains et les Chinois sur leur terrain,
06:13c'est-à-dire sur le deep learning, sur les LLM, etc.,
06:17leur courir après sur leur terrain,
06:19sachant que même si on met les moyens, on a infiniment moins de moyens,
06:22on est perdant l'avance.
06:24La seule solution, pour moi, c'est de sauter d'une génération,
06:27d'aller sur un autre terrain, comme l'avait fait l'Afrique dans les années 80.
06:30On aura quand même besoin d'argent pour les data centers, pour l'énergie à produire.
06:33Oui, on n'a pas forcément besoin de data centers pour faire de l'IA.
06:35Ton cerveau, il ne fonctionne pas avec un data center.
06:37Pour l'instant, c'est vrai.
06:38Non, mais il y a des tas de façons de faire de l'IA autrement.
06:41Et moi, si j'étais le gouvernement...
06:43Organique, par exemple.
06:44Oui, du coup, ça enlève un peu de crédibilité à ce que je dis,
06:47parce que je suis partie prenante, on fait ça.
06:49Mais il y en a d'autres, on n'est pas les seuls.
06:51Il y en a d'autres qui font faire de l'IA, qui n'ont pas besoin de big data,
06:54qui n'ont pas besoin de consommer des milliards de données.
06:56Et je trouve que c'est un peu presque à contre-courant
07:00de se lancer à fond, de courir après les Américains sur leur territoire.
07:04Quant à Yann Lequin qui t'explique qu'il faut trouver des alternatives,
07:07parce qu'on arrive au bout, on a une impasse.
07:09On n'y arrivera pas.
07:10On peut en tirer plein de choses, mais on arrive dans une impasse.
07:12Donc, cherchons autre chose.
07:13Et l'ADN français, c'est un ADN d'ingénierie et de sciences disruptives.
07:17Or, ça, ça coûte beaucoup moins d'énergie et d'investissement
07:21de créer un truc alternatif que de vouloir suivre les Américains sur leur terrain.
07:25Donc, moi, je pense que le gouvernement devra avoir une vraie poche
07:28pour prendre des paris sur les boîtes qui font de l'IA totalement autrement.
07:31Mais il y a eu aussi ces paris quand même au Business Day, par exemple.
07:34Là, on a vu l'écosystème IA vraiment arriver en force,
07:39montrer tout ce qu'il attendait aujourd'hui des carnets de commandes.
07:44En fait, il y a eu des partenariats qui ont été annoncés.
07:46Il y a eu des choses très fortes autour de Mistral, ne serait-ce que ça.
07:49Ça, ce sont des signaux très concrets, très positifs de soutien.
07:52C'est génial, mais c'est de l'IA comme les Américains, ça ?
07:54Non, pas forcément.
07:55Ah que oui, il n'y avait pas que ça, quand même.
07:57Je pense que le signal, ce n'était pas de dire, on va faire,
07:59d'ailleurs, on n'est pas à la hauteur des annonces,
08:01109 milliards plus 200 milliards côté européen, ça fait 309,
08:04ça ne fait pas les 500, même si dans aucun des deux cas,
08:06on sait concrètement ce qui va être investi.
08:09Mais l'avantage que ça a eu, à mon sens,
08:12c'est de remettre un petit peu les projecteurs sur la France et l'Europe,
08:15en se disant, voilà, on a le moyen de réfléchir peut-être
08:18à un environnement réglementaire qui permet l'expérimentation
08:22et qui permet d'aller dans de l'innovation.
08:25Et quand on parle de Mistral, c'est exactement un axe de développement intéressant
08:30parce que c'est de l'IA, en tout cas, il travaille sur des mécaniques d'IA frugales,
08:33comme vous le faites de votre côté,
08:36et cette capacité à se dire, on va avoir des modèles plus petits,
08:39on va avoir des modèles moins consommateurs, c'est une vraie voie.
08:42Et c'est une vraie...
08:44Oui, mais ce n'est pas ça dont on parle, ce n'est pas ça le sujet.
08:46Ton cerveau, il consomme 5 watts pour faire de l'intelligence.
08:48Je suis d'accord, mais...
08:49Eux, ils passent d'une voie où il y a 140 milliards de paramètres
08:51à une voie avec 6 milliards de paramètres.
08:53Et ce n'est probablement pas la bonne voie.
08:55Et c'est bien, mais je ne dis pas que ce n'est pas la bonne voie, non.
08:57Moi, je dis, il faut la suivre, mais il faut aussi en suivre une alternative.
09:01Le fait d'avoir de tels investissements et d'en remettre les projecteurs
09:03sur l'Union Européenne, ça va, je pense,
09:05ramener d'autres investisseurs qui vont ramener de la liquidité
09:07qui va permettre d'explorer ces autres voies.
09:09Et peut-être créer justement de la confiance dans l'ingénierie française
09:12et ce qu'on est capable de produire.
09:13Je voulais aussi vous faire écouter, on a fait un petit son sur place
09:16à Station F au Business Day.
09:20Bonjour Christophe.
09:21Innovation Makers Alliance, je vais y arriver,
09:25a traité lors d'une grande conférence le sujet de la souveraineté numérique.
09:29Aujourd'hui, c'est un petit peu au cœur quand même
09:31de toutes les attentes en matière d'intelligence artificielle.
09:34Qu'est-ce que déjà votre première impression sur ce qui se passe
09:36dans l'écosystème ?
09:37Je trouve que c'est assez incroyable.
09:38Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde.
09:40Vous savez que d'ailleurs, je crois que c'est peut-être une information confidentielle,
09:42mais ils ont donné accès à 6000 personnes pour uniquement 4000 places.
09:46Il y a un monde complètement fou, une affluence folle,
09:49beaucoup d'étrangers.
09:50Donc, je suis très agréablement surpris par ce qu'on a réussi à créer.
09:55Et bravo, bravo aux organisateurs, bravo à Business France,
09:58bravo à la PPI, bravo au ministère, bravo à la DGE, bravo à la French Tech,
10:02bravo à France Digital, parce que c'est un,
10:04et puis ce lieu magnifique de l'innovation française.
10:07Eldrick, vous vous occupez de la data chez Crédit Agricole.
10:11Le sujet de la souveraineté, ça vous parle ?
10:13Comment vous le traitez ?
10:14Oui, bien sûr, ça nous parle.
10:16Alors, Crédit Agricole, nous, on est une grande banque.
10:20Et donc, sur le sujet de la souveraineté,
10:22pour nos activités, en étant un organisme d'importance vitale,
10:27ce qu'on cherche à faire, c'est à limiter les risques de dépenses technologiques.
10:30Donc, ce qui compte pour nous, c'est de créer de la diversité.
10:32Et en tant que banque, créer la diversité, ça veut dire probablement financer.
10:36Et donc, des lieux comme celui qu'on est en train d'occuper maintenant,
10:39ça permet de faire nourrir ce fumillement de start-up à financer.
10:44Et aussi, on est très attaché au fait d'être client.
10:47Parce qu'être client, c'est aussi garantir qu'elles pourront passer à l'échelle,
10:50se développer, et puis créer des vraies alternatives européennes ou françaises.
10:55C'est pas si simple quand même, pour les très grandes organisations comme la vôtre et plein d'autres,
11:00de décider justement de faire des choix complètement souverains,
11:03d'indépendance technologique, dans le domaine de l'IA en particulier.
11:07Comment est-ce qu'on peut les accompagner, les organisations ?
11:10Alors, il y a plusieurs éléments, on ne pourra jamais les forcer.
11:12Parce qu'il y a une règle absolue sur la défense de la souveraineté,
11:15c'est qu'on ne peut pas forcer une entreprise à choisir quelque chose juste sous l'idée de patriotisme.
11:20Il faut absolument que la solution qui soit choisie soit la meilleure solution mondiale.
11:24Néanmoins, on peut les accompagner de plusieurs manières.
11:26On pourrait pousser les grandes entreprises à préférer la France à la solution équivalente.
11:30On pourrait créer des commandes publiques beaucoup plus larges,
11:32qui permettraient à nos groupes locaux, nos startups par exemple locales,
11:35d'être beaucoup plus puissantes, de skyler, comme le disait Aldric,
11:38et donc d'être capable ensuite de pouvoir gagner des contrats.
11:40Et puis, on pourrait créer des politiques publiques d'accompagnement, par exemple des labels.
11:44On pourrait créer des labels French Tech, alors on a déjà le label Je Choisis la French Tech.
11:48On pourrait créer une marque un peu bleu, blanc, rouge ou européenne,
11:51qui ferait rentrer dans l'imaginaire collectif un peu plus le fait que défendre les intérêts du territoire,
11:59c'est potentiellement nous permettre dans 10 ans, dans 20 ans d'être indépendants,
12:02et pas d'être dans une position de dépendance probablement problématique dans le monde de demain
12:07par l'intelligence artificielle aux puissances étrangères que peuvent être la Chine ou les Etats-Unis.
12:11Vous êtes satisfait de la manière dont se déroulent ces journées internationales autour de l'IA à Paris ?
12:17Ce qu'il faut retenir c'est que c'est un formidable lieu de rencontre.
12:20Crédit Agricole c'est une boîte qui est éminemment territoriale.
12:23Je pense que voir tout ce qui existe, ça redonne confiance aussi pour se dire que le défi n'est pas perdu
12:30et qu'on peut finalement accoster à celui de l'intelligence artificielle,
12:34à celui de la réindustrialisation des territoires, au plus près de l'économie réelle,
12:38des ETI, des PME qui font la vitalité de notre économie.
12:41Merci à tous les deux.
12:43On a quand même le directeur d'ATA de Crédit Agricole qui nous dit
12:47« Moi j'ai envie d'avoir plein de solutions différentes, européennes. »
12:51C'est quand même très très possible parce que c'est un acheteur, il veut être client.
12:55Vous pensez quoi de la proposition de créer des labels autour des solutions françaises souveraines dans l'IA ?
13:02Ça pourrait aider justement à ouvrir les carnets de commandes ?
13:04Moi je ne sais pas, je trouve que tout ça c'est des côtés gadget.
13:07Donc certainement ça va aider mais ce n'est pas ça le sujet.
13:09Il faut d'abord qu'il y ait des vraies solutions souveraines.
13:14C'est-à-dire pas avec les mêmes algos que les Américains et les Chinois, il me semble.
13:18Mais pour ça il faut qu'on ait les investissements qui vont nous permettre de travailler
13:22et de garder déjà d'une part les cerveaux chez nous.
13:25La France est un vivier d'experts en data science, en mathématiques extraordinaires
13:30et jusqu'à maintenant ils partent ailleurs, ils partent aux Etats-Unis.
13:33C'est vrai, on ne veut pas perdre Bruno.
13:35On ne les garde pas.
13:36J'espère qu'avec ce type d'événements et les milliards qui peuvent être drainés,
13:41on va être en capacité justement de garder ces cerveaux chez nous
13:43et de faire cette IA de demain, cette IA souveraine.
13:46Même si aujourd'hui, quand on regarde dans le détail des investissements,
13:49les 109 milliards, il n'y a pas grand-chose de souverain.
13:51C'est beaucoup des fonds étrangers qui investissent.
13:53Mais quand je regarde ça en détail, Amazon qui en met 6 milliards,
13:57c'est quand même un signe.
13:59C'est quand même un signe de confiance, je pense, dans la France, dans l'Europe
14:02sur le fait qu'on peut faire des choses autrement
14:04pour encore une fois compter dans ce domaine de l'IA.
14:08Je voulais aussi vous faire réagir à la création de la fondation Current AI
14:11qui va peut-être d'ailleurs être utile à des entreprises comme la vôtre
14:16puisque l'idée, c'est quand même de rassembler des jeux de données
14:20qui vont être à disposition des chercheurs, des start-up.
14:26C'est toujours un peu le même message.
14:27Je ne suis pas con, je ne connais pas très bien,
14:29donc je ne vais pas beaucoup parler de Current AI.
14:31Ce que je sais, c'est que l'IA américaine, chinoise qui domine
14:36est une IA basée sur les données.
14:38Et d'ailleurs, il y a eu des tas d'indicateurs de mesure.
14:41On sait qu'entre un moteur d'IA qui n'est pas terrible et un autre qui est vachement mieux,
14:45si celui qui n'est pas terrible, on l'alimente avec plus de données,
14:47c'est lui qui aura les meilleurs résultats.
14:49Donc c'est basé sur les données.
14:51Et donc ça, ça va dans ce sens-là, ce sujet.
14:53Et moi, je pense que le cerveau ne fonctionne pas comme ça.
14:55Je pense qu'il y a des alternatives et qu'il faut qu'on fasse des IA
14:58qui ne fonctionnent pas sur des données,
14:59qui soient des IA qui soient portables,
15:01qui puissent fonctionner déconnectées d'Internet
15:04et qui consomment quelques watts comme notre cerveau.
15:07Je pense que c'est vers ça qu'il faut aller.
15:09Et je pense qu'on a la capacité, on a ce qu'il faut.
15:11Enfin, nous, c'est ce qu'on fait.
15:13Tu me montres le livre.
15:14Effectivement, j'ai publié un livre sur l'organic AI,
15:16c'est-à-dire de l'IA bio au sens inspiré du fonctionnement du cerveau.
15:20On connaît beaucoup de choses sur le fonctionnement du cerveau.
15:23Utilisons-le.
15:24Et il y a moyen de faire une IA sans données,
15:27enfin avec très peu de données, pas 100, mais très peu de données,
15:29et qui soit vraiment différente et souveraine.
15:32On a juste après, d'ailleurs, un rendez-vous avec le biomimétisme.
15:35Comme ça, vous écouterez, Bruno.
15:37Un mot de la fin, Jérôme ?
15:38Alors, sur Q1TI, juste pour deux mots là-dessus,
15:41l'initiative est très intéressante.
15:43Comment est-ce qu'on fait de l'IA éthique,
15:45de l'IA qui va dans le sens de l'énergie, de la green energy ?
15:53Moi, le souci que j'ai sur le Q1TI,
15:55c'est que les mots-clés sont à peu près les mêmes que l'IA Act.
16:00Comment est-ce qu'on garantit en Europe une IA éthique,
16:02une IA souveraine, une IA sans biais ?
16:04Donc je ne sais pas comment ça va se réguler,
16:06ensuite, entre ces organismes-là, entre une fondation qu'on crée,
16:09comme ça, avec neuf pays.
16:11C'est rajouter une feuille au millefeuille déjà existant.
16:14Ça demande de la gouvernance.
16:16Et d'autant plus si le sommet IA,
16:19ce n'était pas que la France et l'Europe, c'était aussi l'Inde.
16:21Donc on élargit les pays intervenants.
16:23Donc il va falloir une vraie gouvernance de l'IA demain.
16:25Et je vous réinviterai pour la suite,
16:27parce que c'est complètement terminé.
16:29Merci beaucoup Jérôme Balzac de Micropole
16:31et Bruno Maisonnier d'Another Brain.
16:33Merci encore.
16:34Merci à vous.
16:35Merci à toi Delphine.