• avant-hier
Avec Pascal Gélie, victime de violences à Bétharram

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_A_LA_UNE-2025-02-17##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 7h12. Vous êtes sur Sud Radio. Merci.
00:06Le Premier ministre François Bayrou a échangé durant plus de 3 heures avec des représentants des victimes de Bétharame.
00:12C'était samedi, lors d'une réunion à la mairie de Pau. Et Pascal Gelly, bonjour. — Oui, bonjour.
00:19— Vous étiez samedi à la mairie de Pau, Pascal Gelly. Vous avez 50 ans. Vous étiez en classe de seconde à Bétharame. C'est cela ?
00:29— Oui, en 1989-90. J'ai la particularité en fait d'être un des rares. J'y ai un des rares parce que je pensais être tout seul,
00:37comme tous les camarades. On pensait que notre histoire était unique. Mais j'étais pas le seul à vouloir y aller.
00:42Moi, j'avais vu le cercle des poètes disparus. Et Bétharame coché beaucoup de cases pour « A priori, vive la même aventure ».
00:48Et j'ai été fortement déçu. — Voilà. Vous aviez eu envie de partir à Bétharame, d'aller à Bétharame ?
00:56— Oui. En fait, un camarade de ma classe, un ami, lui, comme beaucoup de bordelais, était envoyé là-bas parce que soit on était pas sages
01:04dans son école, soit on travaillait pas assez. Lui, on redoublait sa troisième. J'ai eu la plaquette et j'ai vu le film qui m'a marqué au fer rouge.
01:12J'ai été hypnotisé par le pensionnat, le ski, la piscine. Moi, je me suis dit que ça va être la camaraderie, l'aventure.
01:24— Bon. Et vous vous souvenez de quoi ? Ce n'était ni la camaraderie ni l'aventure. La camaraderie, peut-être, mais l'aventure,
01:32une autre aventure, si j'ai bien compris, Pascal Gély. — Oui, la camaraderie, c'est sûr, avec les amis que l'on se fait sur place
01:42et qui créent des liens très forts. Bon, moi, j'y suis resté qu'un an. Mais je me souviens de la première entrée au dortoir,
01:52puisque moi, j'étais un agneau parmi les loups. Et je l'ai compris dès le premier soir avec le silence. J'ai passé une nuit sur le palier
02:00parce que j'ai chuchoté pour demander du papier toilette que je n'avais plus par un jeune surveillant qui a claqué des doigts,
02:08qui m'a tiré par la joue et qui m'a désigné le palier. Mes camarades m'ont dit « Prends ton manteau quand même, parce qu'il va faire froid
02:15toute la nuit dehors ». Et ce surveillant qui démarrait sa carrière, c'est le surveillant qu'Alain Esquerre a vu en octobre 2023,
02:23toujours présent, surveillant à l'internat. Et c'est de là que tout a démarré. — Incroyable, incroyable. Vous n'étiez pas plutôt arrivé
02:31quand vous vous mettez déjà sur le palier pour passer la nuit. Gifle, coup de poing sur la tête, ça vous est arrivé aussi ?
02:39— Oui. Et en fait, j'ai été amnésique traumatique de deux choses, les coups de poing sur la tête. Et en discutant avec les camarades,
02:45on appelle ça des « cocos ». Il faut savoir qu'à la suite d'une conférence à laquelle j'ai assisté, les « cocos » dans les cours d'école,
02:53ça existe toujours. C'est les coups de poing avec la phalange du majeur qui dépasse. Et j'avais oublié ça. Et quand des camarades en ont parlé,
03:00j'ai fourmillé en fait sur le haut du crâne. Et ma maman m'a rappelé aussi un événement que j'avais oublié parce que je me levais pas assez vite.
03:07On avait retourné mon lit avec moi dedans pour que je me lève. En fait, il faut comprendre, c'est que moi, j'ai appris rapidement,
03:17le plus vite possible, les codes de la violence. Parce que pour éviter la violence de surveillants laïcs embauchés, mais aussi d'élèves dans le bus de terminale
03:28qui, eux, en fait... Moi, je connaissais pas les codes de « pas se lever » sur la dour. Ils sont venus à 4. Et c'est du harcèlement.
03:36C'est des coups de boule, des coups de genoux réguliers, après dans les couloirs de l'école, etc. pour être matés. Donc il y a une violence, en fait,
03:44qui est systémique et une violence physique, morale et sexuelle. C'est ça qu'il faut accepter, d'entendre et de comprendre, qui était présente sur chaque décade,
03:57de 1950 à 2010 minimum, pour l'instant, parce qu'on rentre de nouvelles victimes. Et beaucoup des années 70, là, a priori, et aussi plus récentes.
04:09Tout hier soir, quelqu'un qui était en 98-2000, aussi, était surpris d'apprendre qu'un surveillant qu'il a eu était, comme on le décrit,
04:22il est présumé innocent des crimes dont il sera peut-être obligé de rendre compte, mais il est tombé de sa chaise.
04:29— Alors, 3-4 questions. Vous êtes resté peu. Pourquoi vos parents s'en sont intervenus et vous ont fait sortir de Bétarame ?
04:36— Non, mais moi, dès le premier week-end où je suis rentré, j'ai dit à mes parents « sortez-moi de là ». Et ils m'ont dit... En fait, si vous voulez,
04:44eux, ils ne connaissaient pas Bétarame non plus, donc ils m'ont dit « ben non, t'as demandé à y aller ».
04:49J'ai dit « je vais y rester toute l'année ». Mais après, ils ont compris. Et à la fin de l'année, je suis allé voir le père Caricard.
04:54Et je lui ai dit « c'est pas sûr que je sois là l'année prochaine, mon père ». Et il m'a dit « moi, je te garde que si t'arrêtes de motiver tes camarades
05:00pour quitter l'école ». — Oui. Oui. Le père Caricard qui s'est suicidé après de très fortes accusations de violences sexuelles et d'agressions sexuelles.
05:11Pascal Jelly, vous avez rencontré François Bayrou. Comment ça s'est passé ?
05:17— C'est une expérience qui l'a marquée pour la vie. Il nous a marqués, nous aussi, pour la vie. Il s'est assis. Il a dit « j'ai tout mon temps ».
05:30Et il nous a écoutés un par un. La parole a été difficile parce que pour certains d'entre nous, émus et pris par l'émotion qui ont éclaté en sanglots,
05:40il a été d'une écoute sincère et honnête. Et le vernis de Bétharame... Vous voyez, même si on dit « voilà, attention, comme il dit dans l'Assemblée,
05:52si tu te railles pas, tout ça, tu vas aller à Bétharame ». Mais comme lui, en fait, moi, mon prof de maths à l'époque dans l'école où j'étais m'a dit
05:59« mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? ». Donc il savait, on savait, on savait comme ça que c'était... Mais le vernis, il faut se remettre dans le contexte
06:07d'une époque, en fait, était tel que tout ça, c'était incroyable, impensable et inimaginable que des prêtres qui sont des auxiliaires de Dieu,
06:18des laïcs, qui s'engagent sur un projet pastoral, etc., enfin qui viennent peut-être pas dans le privé par hasard, puissent être aussi horribles que ça.
06:29Et ça, en fait, ce qu'il a retenu un point important, c'est dire à quelqu'un que pénalement son cas est prescrit, c'est pas possible.
06:40Et il veut vraiment entamer une réflexion sur comment on peut, en fait, réfléchir à trouver quelque chose de nouveau pour dire à une victime de viol, d'agression sexuelle
06:53« Désolé, c'est prescrit ». Et ça, pour lui, c'est intolérable, je pense.
06:58— Vous avez senti que François Bayrou voulait revenir sur la prescription qui existe en matière de violence sexuelle sur mineurs.
07:04— Moi, j'ai senti qu'il voulait s'occuper des victimes parce que lui dire à une victime « c'est prescrit », c'est pas possible.
07:10En fait, il faut sortir les victimes de l'Église dans la sous-traitance qui a été mise en place par le Rapport Sauvé, parce que déjà, ils sont jugés partis,
07:16c'est financé par les évêques de France, et donc il faut une autorité indépendante, etc., qui puisse...
07:22— Je comprends. Création d'une commission indépendante pour savoir ce qui se passe dans les écoles catholiques.
07:30— Vous savez, Jean-Jacques, c'est pas que dans les écoles catholiques. Toutes les écoles, c'est partout où il y a des enfants.
07:36Moi, ce que j'ai découvert depuis un an et demi sur le sujet de la pédocriminalité, c'est que plus vous êtes petit,
07:42c'est papa, beau-papa, tonton, papy, plus vous grandissez. Ça peut être dans votre club de sport, ça peut être au conservatoire,
07:48en musée, ça peut être partout où il y a des enfants. Et la bonne nouvelle de cette journée de samedi et de Bétharame,
07:55c'est que pour toutes les victimes, en fait, de harcèlement, de violences physiques, morales non prises et de violences sexuelles,
08:02c'est que ces prédateurs qui sont là où il y a des enfants ne sont désormais plus tranquilles, parce que la parole doit se libérer
08:10chez les gens qui savent et qui, en fait, ne parlent pas. C'est ça, Bétharame, c'est ça, ça doit être terminé maintenant
08:20et on doit pouvoir afficher par précaution et puis aussi le respect de la présomption d'innocence qui est extrêmement important.
08:32Mais c'est quand il y a un signalement, comment on peut maintenir la présomption d'innocence et sortir.
08:37Alors ces 95%, c'est des hommes. Et sortir les hommes, en fait, des enfants là où ils sont.
08:43— Merci Pascal Gély. Merci pour votre témoignage, Pascal. Il est 7 h 20. Vous êtes sur Sud Radio.
08:49Ça vous fait réagir. 0826 300 300, vous n'hésitez pas. Le rappel des titres de l'actualité. Laurie Leclerc.

Recommandations