• il y a 22 heures
La violence des mineurs, un fléau qui ne cesse de s’étendre : en 30 ans, le nombre d’affaires est passé de 100.000 à 200.000 par an. Des crimes toujours plus violents et des agresseurs toujours plus jeunes, qui n’ont plus peur de rien. De l’autre côté, une justice débordée et jugée trop laxiste. 

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00:00Ils sont entre 13 et 17 ans et agissent en toute impunité.
00:06Partout en France, les mineurs délinquants volent, agressent et tuent de plus en plus de victimes.
00:12À l'image d'Elias.
00:14Il perd la vie pour un téléphone parce qu'il refuse de donner son téléphone.
00:18Thomas.
00:19Thomas a été mortellement touché, il a reçu plusieurs coups de couteau.
00:24Alicia.
00:25Je me sens seule, on m'a arraché une partie de moi.
00:29Ou encore Mathis.
00:31Tous partagent le même sort tragique.
00:33Ils ont été tués par des mineurs délinquants.
00:37La violence des mineurs.
00:39Un fléau qui ne cesse de s'étendre.
00:41En 30 ans, le nombre d'affaires par an est passé de 100 000 à 200 000.
00:46Il faut savoir qu'un crime ou délit sur 5 est le fait d'un mineur.
00:52Il y a une augmentation des faits de délinquance juvénile.
00:55C'est une évidence qui se voit dans tous les rapports de police que j'ai tous les matins.
00:58Des crimes toujours plus violents.
01:00Ils l'ont frappé à mort, ils ont transporté le corps, ils l'ont jeté dans les eaux glaciales de la Seine.
01:05Et des agresseurs toujours plus jeunes.
01:07C'est deux adolescents, 15 ans, armés, avec des couteaux.
01:12Ils agissent sur les itinéraires des écoliers.
01:15Qui n'ont plus peur de rien.
01:18Pour lui voler 50 euros ou 10 euros, il serait prêt à le faire.
01:21Ils ne respectent plus rien.
01:23De l'autre côté, une justice débordée, jugée trop laxiste.
01:26Il y a une responsabilité énorme du système judiciaire dans ce meurtre.
01:31Alors qui sont ces mineurs délinquants ? Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux ?
01:35Face à la multiplication des drames et des injustices.
01:38Moi j'ai perdu mon enfant à cause d'eux.
01:40Et eux, ils sont protégés par la justice.
01:45Personne n'a été foutu de la protéger.
01:47Et ça c'est les Yerkes.
01:48Certains politiques tentent d'agir, avec une nouvelle proposition de loi.
01:52Mais les choses peuvent-elles vraiment changer ?
01:55Comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?
01:57Il y a des choses concrètes à mettre en œuvre.
01:59Ça va mal finir cette histoire.
02:01Les gens vont se faire justice.
02:04Ces dernières années, les chiffres de la délinquance des mineurs explosent.
02:09David Lysnard, le maire de Cannes, en est témoin quotidiennement.
02:13Je pense que c'est implacable.
02:15Je ne crois pas que ce soit un biais cognitif ou médiatique.
02:18Je suis maire depuis 2014.
02:20Il y a une augmentation des faits de délinquance juvénile.
02:22C'est une évidence qui se voit dans tous les rapports de police que j'ai tous les matins.
02:26Je suis maire depuis 2014.
02:29En 2022, un rapport sénatorial faisait état de cette montée en puissance spectaculaire et inquiétante.
02:34Ce rapport sénatorial indiquait qu'il y avait, en 1992,
02:39100 000 mineurs qui étaient impliqués dans des faits de délinquance
02:43et que la proportion avait doublé en 20 ans.
02:46100 % d'augmentation en 20 ans, donc plus de 200 000 mineurs.
02:49Il y a deux fois plus de mineurs impliqués dans les affaires de coups et blessures.
02:53Quatre fois plus pour trafic de drogue et sept fois plus dans des vols avec arme
02:58que dans la population générale.
03:00Il faut savoir qu'un crime ou délit sur cinq est le fait d'un mineur.
03:05On a une augmentation des chiffres, indiscutablement,
03:08et c'est une augmentation de la population générale.
03:11C'est une augmentation de la population générale.
03:15On a une augmentation des chiffres, indiscutablement,
03:18et c'est une délinquance au-delà des chiffres qui se traduit par de plus en plus de violences.
03:24Des agressions de plus en plus violentes.
03:26Un constat implacable, comme en témoignent les nombreuses affaires
03:29qui font chaque jour la une de l'actualité.
03:31Deux mineurs ont été mis en examen et placés en détention provisoire
03:34après le meurtre de Philippe à Grande-Synthe, dans le Nord.
03:37Une élève soupçonnée d'avoir agressé une enseignante a été placée en garde à vue.
03:41La mort de Mathis, l'adolescent de 15 ans, a succombé à ses blessures.
03:44Le principal suspect est un jeune afghan de 15 ans.
03:47Un adolescent de 16 ans est décédé après avoir reçu un coup de couteau mortel à la tête.
03:51Une rixe au couteau, il y a 25 ans, on en parlait pendant des semaines et des mois.
03:55Aujourd'hui, malheureusement, c'est devenu courant.
04:00La génération d'avant, à la limite, il y avait des bagarres.
04:03Ils picolaient, il y avait une bagarre, ça finissait à coups de poing ou à coups de baffe.
04:07Mais il n'y avait pas de morts.
04:09Là, aujourd'hui, on ne joue plus à se donner les coups de poing, on joue avec des couteaux.
04:15Ça fait quand même 45 ans que je fais ce métier.
04:18Des mineurs impliqués dans les affaires de crime, ça n'arrivait jamais.
04:22Dans les années 80-90, lorsque j'ai été substitué des mineurs,
04:26très franchement, je n'ai pas le souvenir d'affaires de cette gravité-là.
04:30C'est-à-dire que les jeunes de 14, 15, 16 ans ne s'entretuaient pas à coup de kalachnikov ni par armes blanches.
04:36Il y avait évidemment toujours une délinquance, mais pas de ce niveau-là.
04:39Quand on se souvient de ce jeune de 14 ans qui est recruté comme tueur à gage à Marseille
04:45par un dealer qui est incarcéré et qui donne des instructions par téléphone depuis sa cellule
04:51et qui va se servir du kalachnikov pour tuer un chauffeur qui était pour rien,
04:56on s'imaginait.
04:57Ça, c'est des choses qu'on ne voyait absolument pas il y a 20 ans au maximum.
05:02Aujourd'hui, les crimes, ils les commettent de plus en plus jeunes et avec une violence inouïe.
05:08Je commence à prendre en charge des mineurs violents en 1979.
05:13Et je peux dire que ce ne sont plus les mêmes maintenant.
05:17On a un rajeunissement des comportements violents, une augmentation de la fréquence
05:22et une augmentation de la gravité des actes.
05:27Pour mieux comprendre le phénomène de l'escalade de la violence des mineurs,
05:31il faut avoir en tête que la justice pénale qui leur est appliquée repousse sur un principe vieux de 80 ans.
05:37L'ordonnance du 2 février 1945 sur la délinquance des mineurs a été mise en application à la fin de la guerre.
05:45Il y a d'ailleurs un très beau préambule qui dit que la France n'est pas assez riche d'enfants sains
05:53pour ne pas mettre tout ce qui est en notre pouvoir pour les préserver, pour les protéger.
05:59On sortait de la guerre, il y avait beaucoup d'enfants orphelins, de pères, etc.
06:02Et puis la délinquance n'était pas celle d'aujourd'hui.
06:04Et bien que cette ordonnance ait été maintes fois réformée,
06:07les règles de base qui la régissent constituent toujours le socle de la justice pénale des mineurs en France.
06:12Tout doit passer par l'éducatif, doit passer par la prévention, par le soin.
06:19Et l'aspect répressif, sanction, on l'avait oublié en quelque sorte.
06:24Donc c'est éteinté d'une forme d'idéologie.
06:27Surtout pas de prison, pas de privation de liberté pour les mineurs, il faut éviter à tout prix.
06:32Et aujourd'hui, la situation devient vraiment alarmante.
06:36Chez les mineurs délinquants règne un sentiment d'impunité qui les pousse à multiplier les infractions.
06:42À partir du moment où il n'y avait pas de véritable sanction lisible pour les mineurs,
06:47il le prend pour une forme d'encouragement à continuer dans cette délinquance.
06:51Il ne respecte plus rien.
06:52L'une des affaires qui a le plus meurtri le pays, c'est le meurtre du jeune Elias, 14 ans, le 24 janvier dernier.
06:59Véritable symbole du dysfonctionnement de la justice.
07:03Elias, il est dans le 14e arrondissement, il sort de son entraînement de football au niveau de la porte d'Orléans.
07:10Il est avec un copain et il rentre chez lui tranquillement.
07:13C'est plutôt un bon gamin qui fait de bonnes études, qui est sportif, qui est issu d'une famille normale.
07:23Un gosse sans problème.
07:28Ils sont abordés par deux jeunes adolescents de 16 et 17 ans qui lui réclament son portable.
07:36Et Elias, il n'a pas du tout envie de donner son portable.
07:38Il dit, ben non, je ne lui donnerai pas mon portable.
07:44Et là, mais sans aucune autre discussion, le plus âgé, celui de 17 ans, a un couteau à la main et va lui mettre un coup de couteau au niveau de la clavicule.
07:54Et ensuite, ils s'en vont en courant.
07:59Les secours arrivent très vite.
08:01Le pronostic vital d'Elias est très sérieusement engagé.
08:05Il est transféré à l'hôpital Necker et il succombera à ses blessures dans les heures qui suivront son agression.
08:14Très rapidement, les deux auteurs sont identifiés.
08:18Ce sont deux grands délinquants, notoirement connus par les services de police pour de multiples délits.
08:24Pour l'un, c'est depuis qu'il a 14 ans qu'il commet des infractions, mais en cascade.
08:30C'est des vols avec violence, des vols avec armes, des conduites sans permis de conduire, du trafic de stupes.
08:35Enfin, il y a à peu près toutes les qualifications possibles et envisageables.
08:39Condamnés quelques mois plus tôt dans une autre affaire, ils ont bénéficié de la césure pénale.
08:44Un procès en deux temps qui a eu pour conséquence dramatique de les laisser en liberté.
08:49Ils sont comparés, ils étaient coupables de vols avec violence.
08:52Il fallait attendre deux mois de juin pour savoir quelle peine les prononcer à leur égard.
08:56Et c'est dans cet intervalle, lié directement au code pénal des mineurs, que le meurtre a eu lieu.
09:02Si ce mineur avait été mis en centre éducatif fermé ou en prison,
09:08Elias serait peut-être, et même probablement, vivant.
09:13On voit bien que la justice ne fonctionne très mal.
09:16On peut dire que c'est un dysfonctionnement.
09:19Il y a une responsabilité énorme du système judiciaire dans ce meurtre.
09:23Un jeune de 14 ans qui avait tout son avenir devant lui, et qui est mort.
09:27Quels sont les mots qu'on va trouver pour justifier la légèreté de la justice ?
09:33Qu'est-ce qu'ils peuvent entendre ces gens-là ? On leur a tué leur gosse.
09:37Au-delà de la responsabilité de la justice, ce qui interpelle dans ce meurtre,
09:41c'est la violence démesurée par laquelle Elias a perdu la vie, pour quasiment rien.
09:46Pour une histoire de téléphone, on est quand même chez les dingues.
09:49Un téléphone portable, c'est un truc qui vaut 200 balles, 300 balles.
09:53Il perd la vie pour un téléphone parce qu'il refuse de donner son téléphone ?
09:57Oui, les mecs qui sont capables de faire ça, qu'ils aient 14, 15, 16, 17 ans, peu importe,
10:02moi je pense qu'il faut les sanctionner sévèrement.
10:06Il y a une forme de banalisation de la violence pour ces jeunes de 14, 15 ans.
10:11Une forme de dévalorisation de ce que peut être la vie.
10:17Ce n'est pas la loi qui compte, c'est le plus fort.
10:19Donc c'est la bourse ou la vie. Et pour Elias, ça a été la vie.
10:24On voit bien qu'il y a là une forme d'ensommagement, oui, il faut dire le mot.
10:29C'est-à-dire qu'on ne respecte plus rien. Et ça, c'est l'échec d'une société.
10:34Il faut réagir très très vite.
10:36Sur le terrain, la police constate tous les jours cette augmentation de la violence.
10:40Et selon un agent marseillais qui a préféré garder l'anonymat,
10:43c'est le manque de représailles qui les motive.
10:45Leur peur de la police n'existe pas, leur peur de la sanction n'existe pas.
10:49Donc ils arrivent à 15 ans, ils n'ont aucune limite.
10:54Et mentalement, ils n'ont même pas de freins moraux.
10:57Agresser quelqu'un, frapper une vieille personne, ça ne pose pas de problème.
11:01Il n'y a pas de corrélation non plus entre le larcin, le butin, le gain, avec l'agression.
11:08C'est-à-dire qu'agresser une vieille dame pour lui voler 50 euros ou 10 euros, il serait prêt à le faire.
11:14Conséquence de cette escalade de violence sans précédent, les Français ont peur.
11:18Cette affaire a créé un véritable traumatisme dans la conscience des gens.
11:23Et c'est ce qu'on appelle le sentiment d'insécurité.
11:25C'est-à-dire qu'aujourd'hui, à Paris, les gens vous disent « je ne me sens plus en sécurité ».
11:30Les parents ont peur lorsque leurs enfants vont à l'école, prennent un transport en commun.
11:36Donc il y a une crainte, on ne vit plus comme à une certaine époque, en forme d'insouciance.
11:43Aujourd'hui, les jeunes sont inquiets et les parents sont inquiets.
11:48Les parents d'élèves sont inquiets.
11:50Car aujourd'hui, en se rendant au collège ou au lycée, des ados se font agresser très violemment.
11:55Le père d'une victime, qui a évité le pire, a accepté de témoigner pour nous faire part de son indignation.
12:01Sa fille a été agressée alors qu'elle se rendait à son collège du 16e arrondissement de Paris.
12:06Un matin, ça s'est déroulé aux alentours de 7h30-8h, il y a eu 4 agressions qui ont eu lieu par la même bande d'individus.
12:14Ces deux individus qui ont agressé plusieurs jeunes, agressés pas pour rien, c'était du racket.
12:20Donc ça s'est passé par ici, ils sont tombés pour une première fois sur un jeune.
12:24Ils l'ont menacé avec un couteau, un grand couteau, au cou, pour lui prendre son téléphone portable et ses Airpods.
12:33Le jeune n'a pas résisté, ils ont continué leur chemin.
12:35C'est un chemin sanglant, mais heureusement, il n'y a pas eu de drame.
12:38On a eu de la chance cette fois-ci.
12:40La deuxième agression, c'est un peu plus loin.
12:42Ils sont tombés sur un jeune, pareil, toujours même mode opératoire.
12:45Le jeune a résisté.
12:46Ils les ont réussi à jeter au sol et ils l'ont commencé à le sabatter à coups de pied, dans toutes les parties du corps et notamment à la tête.
12:52À ce moment-là, il y a deux autres jeunes qui étaient à côté, qui ont crié pour les arrêter.
12:56Il y en a un des deux qui s'est relevé et qui a plaqué son couteau, qui était un grand couteau pliable, genre au pinel, de grand modèle,
13:03au cou de la jeune fille.
13:05En gros, c'était une jeune fille, assez fort pour qu'elle ait des traces.
13:10La police, très réactive, a rattrapé ces deux salopards un quart d'heure plus tard.
13:15C'est des tentatives de meurtre, c'est clair, avec un couteau.
13:18Un couteau plaqué au cou.
13:20Je suis désolé, c'est pas anodin.
13:23Donc ça, c'est pas admissible.
13:25C'est surréaliste parce qu'on a l'impression, en racontant ça, qu'on est dans une banalité de la vie de tous les jours.
13:32Et c'est malheureusement ça, l'histoire.
13:34Une énième agression au couteau commise par deux jeunes, une nouvelle fois bien connus des services de police.
13:39C'est deux adolescents, 15 ans, armés, avec des couteaux.
13:44Ils agissent sur les itinéraires des écoliers.
13:47On voit bien ce qu'ils font, eux.
13:49Révoltés, ce père de famille se tourne vers la mairie de Paris pour assurer la sécurité de ses enfants.
13:54La ville de Paris, elle a 50 000 personnes.
13:57Mais qu'est-ce qu'ils foutent, sans déconner ? Mais qu'est-ce qu'ils foutent ?
14:00Vous n'allez pas me dire que sur les 50 000, on ne pourrait pas déployer, on ne pourrait pas prendre la masse salariale
14:05et ne pas la mettre dans les rues, ne serait-ce que pour assurer la prévention.
14:08Après, on dit oui, mais on n'a pas assez d'argent.
14:10Mais de qui on se moque ?
14:12Le plan Baignade de la Seine, c'est un milliard d'euros.
14:17Un milliard d'euros.
14:19Et on dit après qu'on n'a pas de fric.
14:21Mais sans déconner.
14:24Dans cette affaire, en refusant de donner son téléphone au racketteur,
14:28l'un des collégiens a résisté et a donc été passé sévèrement à tabac.
14:32Se défendre aujourd'hui est devenu très dangereux.
14:34C'est difficile à dire pour moi.
14:36Je me demande si nous avons un autre choix que de nous soumettre.
14:42Regardez ce qui s'est passé au Fête de Bayonne.
14:44Un monsieur qui voit trois personnes en train d'uriner sur sa porte.
14:48Et il leur dit non mais enfin ça va pas, il a été tué.
14:51Conclusion, il faut peut-être que nous acceptions que l'on pisse sur notre palier pour rester en vie.
15:03Voilà où nous en sommes.
15:05Et il n'y a pas que des adolescents qui se font agresser par des mineurs délinquants.
15:09Aujourd'hui, même des élus de la République peuvent être en danger.
15:12L'ex-ministre Priska Tevneau en a elle-même fait la mère expérience.
15:16Ce sujet de la violence extrêmement forte des mineurs, je ne fais pas simplement que la lire dans les médias.
15:25Je l'ai vécu directement de façon extrêmement violente puisque avec des militants on a été victime de faits de violence extrêmement graves l'été dernier.
15:34Ça avait fait d'ailleurs du bruit dans les médias.
15:37Le 3 juillet dernier, alors qu'elle était en pleine campagne électorale,
15:40Priska Tevneau et son équipe ont été agressés par une horde de jeunes lors d'une opération collage d'affiches.
15:46C'est simple, on était juste en train de coller des affiches de campagne en pleine journée, il faisait jour.
15:51Et ça n'adait plus visiblement à des jeunes qui étaient là et qui considéraient qu'ils étaient dans leur quartier et donc chez eux
15:58et qu'on n'avait pas à venir afficher une affiche de campagne.
16:02On a essayé de calmer les choses, le ton est très vite monté de leur côté.
16:06Et quand on leur a dit que c'était un délit d'empêcher une campagne de se faire, c'est là qu'est arrivé le « on ne craint rien, vous dégagez ».
16:13Un des militants en l'occurrence a été violemment tabassé.
16:18Vraiment un passage à tabac d'une violence inouïe.
16:21Mâchoire fracturée, opération immédiate dans la soirée.
16:25Ma suppléante s'est pris un coup de trottinette qui aurait pu lui être fatale parce qu'il était dirigé vers sa tête.
16:30Elle a eu le réflexe salutaire de lever le bras pour ne pas le prendre.
16:35Une voiture caillassée, des menaces affichées.
16:38Et puis par-dessus tout, des rires et une impunité affichées.
16:45Des agressions d'élus loin d'être isolées, puisque durant la dernière campagne législative,
16:5051 candidats supplés aux militants ont subi des violences, selon le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin.
16:57Et donc face à ça, il y a une colère qui est là forcément.
17:00Mais derrière cette colère, derrière on se dit « qu'est-ce qu'on fait ? ».
17:03Qu'est-ce qu'on fait ? Je continue à aller faire les plateaux et à commenter l'actualité ?
17:07Ou ici, avec l'écharpe qui est la même, je fais changer les choses ?
17:11Et aucun territoire de la République n'est épargné par cette explosion de violence.
17:15Le 19 novembre 2023, à Crépole, petit village de la Drôme,
17:19le jeune Thomas, 16 ans, a été poignardé à mort lors d'une violente rixe.
17:24Un drame qui va faire couler beaucoup d'encre en France.
17:27On est dans un tout petit village, 527 habitants.
17:31L'espèce de tranquillité de la campagne où on pense qu'il ne peut rien nous arriver.
17:37Et là, il y a un bal dans cette salle des fêtes, plusieurs fois par an,
17:41les jeunes se réunissent, ils dansent, ils s'amusent.
17:44Et vers 2h du matin, arrive une équipe d'une cité, la cité de la monnaie.
17:51Ça dégénère assez vite et puis ça se retrouve vers 2h ou 3h du matin
17:55sur le parking devant la salle des fêtes.
17:58Et là, c'est une baillarde générale.
18:00Alors, il y a une équipe de rugbyman à laquelle appartient Thomas.
18:03Et puis, il y a les terreurs de la cité de la monnaie.
18:07Eux sont armés de couteaux.
18:11Il y a eu plusieurs blessés.
18:13Thomas a été mortellement touché, il a reçu plusieurs coups de couteau.
18:16Il est mort des suites de ces coups de couteau.
18:24Et lors de cette violente attaque, le jeune Thomas ne sera pas la seule victime.
18:28Comme nous le rappelle Emmanuel,
18:30la présidente de l'association des victimes du bal de Crépole surplace le soir du drame.
18:35Il y a eu 3 autres victimes graves.
18:38Il y a eu des dizaines de blessés par coup.
18:41Parce que ça, on n'en parle pas, mais il y a eu des dizaines de blessés par coup.
18:44Il y a eu des mamans qui ont été frappées,
18:46des gens qui ont été menacés de mort avec des couteaux sous la gorge.
18:49Enfin bon, voilà.
18:51Il y a eu quand même énormément de victimes.
18:54Thomas est mort dans cette histoire.
18:56Les auteurs, ils sont neufs.
18:58On ne sait pas qui a mis le coup de couteau.
19:00Encore aujourd'hui, on cherche quel est l'auteur de ce coup de couteau.
19:03Et parmi les neufs, il y en a 4 ou 5 qui sont des mineurs.
19:07Donc on revient encore sur ce problème des mineurs.
19:11Voilà maintenant des mineurs qui vont à 2h, 3h du matin
19:15semer la pagaille dans un bal de campagne d'un village de 527 habitants.
19:20Pour les victimes du drame de Crépole, encore sous le choc,
19:23les agresseurs doivent être jugés comme des adultes.
19:26Je pense que les mineurs, quand c'est des actes criminels avec des crimes de sang,
19:31pour moi, ils n'ont pas égagé contre des mineurs, c'est tout.
19:34Quand on est capable de poignarder quelqu'un au cœur,
19:38c'est qu'on est capable d'assumer derrière ses actes.
19:42À 15, 16, 17 ans, on sait ce qu'on fait.
19:46Ce drame a traumatisé pour longtemps le petit village de Crépole
19:50et marque incontestablement un tournant dans l'escalade de la violence en France.
19:54Il y a d'énormes traumatismes parce que les gens qui habitent à Crépole,
19:58vous n'imaginez pas une seule seconde que ça peut arriver.
20:02On se croyait en sécurité.
20:04Ma fille était malheureusement au bal aussi.
20:06Le jour où ça s'est passé, heureusement, elle est partie un peu plus tôt.
20:09Mais oui, on leur dit de faire attention.
20:11Il y a cette espèce de sérénité de ces coins un peu perdus dans les campagnes
20:16et d'un seul coup, il y a un crime qui vient vous rappeler
20:21qu'on est dans une société violente et brutale.
20:23L'affaire Crépole est un moment mutatif dans notre société.
20:29Cela signifie deux choses.
20:31Premièrement, on a un groupe qui était d'une certaine culture
20:37qui est venu attaquer un autre groupe.
20:42On est passé des territoires perdus de la République
20:45à la conquête d'autres territoires.
20:48Deuxième point, il y avait des personnes dans une insouciance totale,
20:54c'est-à-dire le plaisir d'être ensemble.
20:57Et ces agresseurs sont venus détruire les liens,
21:02c'est-à-dire détruire ce qu'il y avait de positif.
21:06Et ils ont amené uniquement de la haine.
21:13Mais alors qui sont ces jeunes qui ne respectent plus rien ?
21:18Et quel est le mécanisme qui pousse vers la délinquance ?
21:21Si les parents n'élèvent plus leurs enfants
21:24et si les profs ont peur de leurs élèves
21:28et que la justice ne les sanctionne pas, on fabrique des criminels.
21:32Les mineurs criminels de 2025 ne sont plus les mêmes qu'il y a 30 ou 40 ans.
21:36Mais selon Maurice Berger, ces jeunes ont souvent le même profil.
21:40Des mineurs qui n'ont pas été décrocheurs scolairement,
21:45ils n'ont jamais accroché.
21:47On a une étude qui montre que ce sont des mineurs
21:50qui avaient des difficultés de compréhension.
21:52Pour eux, l'école, ça a été un calvaire puisqu'ils n'arrivaient pas à suivre.
21:56On en a 61% de ce type de mineurs qui a redoublé le CP.
22:01Donc ils sont là en errance puisque souvent ils quittent l'école.
22:05Les parents ne cherchent même plus à les faire retourner à l'école.
22:09Donc pour se sentir en sécurité,
22:11ils ont besoin d'avoir toujours de l'argent dans la poche.
22:15Et pour avoir toujours de l'argent de poche,
22:17la solution la plus simple pour ces jeunes désœuvrés,
22:19le trafic de drogue.
22:21Un chouffe, c'est entre 50 et 100 euros par jour,
22:24juste pour être assis sur une chaise de pêcheur
22:27et puis crier à ras lorsque la police arrive dans le secteur.
22:3050, 100 euros, c'est plus que ce que gagnent leurs parents
22:34en travaillant le lendemain matin à 6h pendant le RER.
22:38Le mineur, il fait son rapport coût-avantage.
22:41Combien ça me rapporte ? Combien ça me coûte ?
22:44Rien. Il n'y a pas de raison que je m'arrête.
22:47Si on avait une politique de fermeté,
22:49c'est-à-dire qu'à partir du moment où vous arrêtez un jeune dealer
22:52de 16 ans par exemple,
22:54plutôt que de le faire comparer et le relâcher,
22:56déjà vous le retirez du quartier.
22:58Une ordonnance de placement par un juge,
23:00vous le placez dans un établissement ou dans une autre région
23:03pour l'extirper de son milieu criminel.
23:05Et puis s'il y a une récidive,
23:07une courte peine d'emprisonnement, ça va le calmer.
23:09Or aujourd'hui, ça ne se fait pas.
23:11À l'image de tous les règlements de comptes-entrebandes,
23:14souvent à la une de l'actualité,
23:16ces points de deal sont imprégnés de violence.
23:18Et ces mineurs déscolarisés représentent une main-d'œuvre
23:21très utile pour le réseau.
23:23C'est d'ailleurs pour ça qu'ils sont recrutés
23:25par les majeurs qui font du trafic de drogue.
23:28Ils leur expliquent que tu risques
23:30quelques heures de garde à vue ou pire.
23:32À cause de cette absence de sanctions,
23:34ces délinquants ne respectent plus les autorités,
23:36ce que la police constate au quotidien.
23:38La police est au contact de la population, constamment.
23:41Et constamment, elle agit contre la délinquance.
23:44Dans ce cadre-là, il est vrai que certains mineurs
23:47ont une attitude de défi et de non-respect des autorités.
23:51Certains sont tellement dans leur schéma de délinquance.
23:54Des fois, on interpelle des gamins qui ont 16 ans, 17 ans,
23:57qui conduisent sans permis, et qui vous disent
23:59« Mais pourquoi vous m'interpellez ? Je ne fais rien. »
24:03Oui, mais à part ça, tout est autorisé.
24:06Ils ont un exemple qui est leur grand frère,
24:08où leur grand frère est passé 30 fois au commissariat
24:11et que 30 fois, il est sorti.
24:14Donc, pour eux, il n'y a aucune abstention.
24:17À tel point que lorsqu'ils rentrent dans le poste de police,
24:20la première chose qu'ils font la plupart du temps,
24:22c'est qu'ils hurlent leur nom en disant « C'est qui ? Il y a qui, là ? »
24:26pour savoir qui est là.
24:28Et ça répond, il y a machin, il y a bidule.
24:31À travers les cellules, ils communiquent.
24:33On dirait presque une rencontre en colline de vacances.
24:35Qu'est-ce qui est grave ?
24:37Eh bien, la seule chose qui vient signifier que c'est grave,
24:39c'est la sanction.
24:41C'est-à-dire, c'est la valeur de la sanction
24:43qui détermine la valeur de l'acte.
24:45Est-ce que je prends cher ?
24:47Si je ne prends pas cher, quels que soient les dégâts,
24:49c'est que ce n'était pas grave.
24:51Cet univers violent est constamment abreuvé
24:53par les réseaux sociaux et les messageries cryptées,
24:56qui jouent un rôle déterminant dans cette délinquance.
24:59L'influence des réseaux sociaux est conséquente.
25:01Le fait d'avoir une vision de l'existence
25:04qui est quasiment déconnectée par rapport à la réalité,
25:09donc une vision virtuelle de l'existence,
25:12joue dans le comportement des mineurs.
25:14Les réseaux sociaux ont bien évidemment
25:16une très, très importante responsabilité.
25:20Aujourd'hui, sur le Darknet, vous avez besoin d'une Kalachnikov.
25:23Vous pouvez acheter une Kalachnikov.
25:25Vous avez besoin de 10 grammes de cocaïne.
25:27Toujours sur le Darknet, vous achetez vos 10 grammes de cocaïne.
25:30On vous les livre à domicile.
25:32Les réseaux sociaux sont également à la base
25:34de nombreuses affaires de harcèlement scolaire,
25:36dont certaines ont dégénéré,
25:38à l'image du terrible lâchage
25:40qu'a subi la jeune Samara à Montpellier.
25:42Cette collégienne passait à tabac,
25:44mardi après-midi, traitée de pute,
25:46de coufarde, mécréante,
25:48parce qu'elle s'habille à l'européenne,
25:50a raconté ça à sa mère.
25:52Le 2 avril 2024,
25:55Samara, une collégienne de 13 ans,
25:58dans la région de Montpellier,
26:00est littéralement roué de coups
26:02par une horde sauvage.
26:04Ils sont tombés à une dizaine sur elle.
26:07Ils l'ont massacrée.
26:09Littéralement massacrée
26:11devant l'établissement.
26:14Ils étaient vraiment venus pour la tuer.
26:17Pour moi, c'était pour la tuer.
26:19Ça m'a vraiment choquée.
26:21Sa mère, qui s'est très rapidement rendue sur les lieux de l'agression,
26:23est encore traumatisée par ce qu'elle a vécu.
26:26Je pensais qu'elle était morte.
26:28Je me suis vue.
26:30Je l'ai vue vite prise en charge par les pompiers.
26:33Elle a été dans le coma.
26:35Elle a été amenée dans une unité
26:37pour les personnes qui sont
26:39entre la vie et la mort.
26:43Je pensais que ma fille n'allait pas survivre.
26:45Je me suis dit que pour autant de personnes
26:47qui l'ont frappée, c'est impossible.
26:49Pour moi, c'est une miraculée.
26:51L'enferlement de violence faisait suite
26:53à une longue période de harcèlement
26:55subi par Samara sur les réseaux sociaux.
26:57Là, il y a des responsabilités à tous les étages.
26:59Samara s'était plainte auprès de sa mère.
27:01La mère était au courant.
27:03Elle avait été voir le lycée.
27:05Elle avait vu les profs.
27:07Elle avait vu le proviseur.
27:09Elle avait vu les services sociaux.
27:11Et personne n'a été foutu de la protéger.
27:13Personne n'a été foutu de la protéger.
27:15Et le jour où ça s'est passé,
27:17la horde sauvage,
27:19les agresseurs,
27:21ils étaient à l'extérieur.
27:23Et il y a des gens à l'intérieur du lycée,
27:25des adultes, des surveillants ou des profs,
27:27qui avaient bien vu ce qui était en train de se passer.
27:29Et ils l'ont laissé sortir.
27:31Ils ne l'ont pas protégé.
27:33Et ça, c'est dégueulasse.
27:35Les raisons de ce lynchage sont terribles.
27:37Pour une envie de liberté et d'indépendance,
27:39Samara a failli perdre la vie.
27:41Les auteurs ont été arrêtés.
27:43Il ne s'agit que de mineurs.
27:45Et à l'origine,
27:47la jeune fille qui est la commanditaire
27:49de ce lynchage,
27:51c'est une jeune
27:53fille maghrébine
27:55qui lui reprochait
27:57de ne pas porter le voile et lui reprochait
27:59de se maquiller.
28:01Et elle avait littéralement harcelé
28:03depuis des semaines et des semaines
28:05Samara
28:07jusqu'au moment où
28:09elle va déclencher ce lynchage
28:11en demandant à des copains
28:13à elle de venir
28:15massacrer Samara.
28:19La jeune fille qui est à l'origine de l'agression de ma fille,
28:21elle était voilée.
28:23Et du coup, j'ai demandé
28:25aux élèves du collège
28:27pourquoi Samara ?
28:29Parce qu'elle-même,
28:31elle était tellement frustrée.
28:33En fait, elle était très jalouse de ma fille.
28:35Dans le cas de Samara,
28:37ce qui est, entre guillemets, intéressant,
28:39c'est que cette jeune fille a voulu
28:41développer un projet personnel
28:43de vie. S'habiller
28:45comme elle l'entendait, se maquiller.
28:47Et une adolescente qu'il a agressée,
28:49chez cette jeune fille, il y avait un énorme
28:51processus d'envie. C'est-à-dire,
28:53elle, elle se permet ça. Moi, je n'ai pas le droit.
28:55Moi, je dois m'habiller d'une certaine manière.
28:57Moi, je devrais peut-être me marier
28:59avec quelqu'un qu'on m'aura
29:01obligée à accepter, etc.
29:03Et il y avait une rage
29:05envieuse chez l'assaillante.
29:07Et Samara a dû
29:09rentrer dans le rang.
29:11Pour les victimes,
29:13les conséquences d'une telle agression
29:15sont très lourdes, voire même
29:17destructrices. Samara,
29:19elle est toujours suivie.
29:21Des moments où elle chute,
29:23elle est malle, elle a peur.
29:25Elle essaie d'avancer tant bien que mal.
29:27Elle a été re-scolarisée.
29:29Mais c'est vrai que même au niveau
29:31scolarité, c'est compliqué.
29:33Du coup, elle a perdu beaucoup de temps.
29:35Elle a été choquée de ce
29:37qui s'est passé. Malheureusement,
29:39certaines histoires de harcèlement se terminent
29:41encore plus mal que pour Samara.
29:45En mars 2021,
29:47Alicia a trouvé la mort dans des circonstances
29:49horribles. C'est une histoire
29:51totalement folle. Ça se passe en région parisienne,
29:53à Argenteuil, sous le grand pont
29:55d'Argenteuil.
29:57Alicia avait 14 ans.
29:59Elle a été
30:01tuée par
30:03deux adolescents, un garçon
30:05et une fille, de 16 et 17 ans.
30:09L'autre fille, celle qui est l'auteur,
30:11était jalouse et
30:13demandait à son petit copain
30:15une preuve d'amour. Et donc,
30:17ce qu'elle lui demandait, c'était
30:19de faire venir à un rendez-vous
30:21cette malheureuse
30:23Alicia pour
30:25lui mettre une raclée.
30:29Ils l'ont frappée à mort.
30:31Et ensuite, alors qu'elle n'était pas tout à fait morte,
30:33ils ont transporté le corps,
30:35ils l'ont jetée dans les eaux glaciales de la Seine.
30:37On a retrouvé son corps sous le pont d'Argenteuil
30:39quelques temps plus tard.
30:41Un assassinat barbare
30:43qui a profondément choqué la France.
30:45Je veux dire toute mon émotion parce que
30:47ce qui est arrivé à cette jeune fille est absolument
30:49terrible et ignoble.
30:51Je me sens seule.
30:53On m'a arrachée une partie de moi.
30:57La mère d'Alicia,
30:59meurtrie dans sa chair, se souvient
31:01du choc de l'annonce de la mort de sa fille.
31:03La police, elle nous a
31:05annoncé qu'ils ont trouvé
31:07le corps d'Alicia.
31:09J'étais trop contente, mais après,
31:11ils ont dit que c'était sans vie.
31:15Et elle était noyée.
31:19C'était vraiment horrible pour moi.
31:21C'était comme que
31:23je suis tombée de très haut.
31:27Je ne croyais pas.
31:29Moi, je ne croyais pas
31:31que les enfants,
31:33qu'ils allaient être tués.
31:35Je ne croyais pas.
31:37Là, on est quand même dans un scénario
31:39criminel
31:41élaboré,
31:43avec un guet-apens,
31:45où il y a une vraie préméditation.
31:47Vous voyez bien que
31:49on ne règle plus ces querelles
31:51d'une manière, je dirais,
31:53normale, humaine.
31:55C'est-à-dire, on peut imaginer
31:57qu'ils s'envoient des injures.
31:59Là, on frappe
32:01pour tuer, on jette un corps.
32:03Ça montre bien qu'il n'y a plus
32:05vraiment de compréhension
32:07de ce qu'est la valeur humaine.
32:09Durant le procès,
32:11la mère d'Alicia a été choquée du traitement
32:13réservé par la justice aux deux jeunes meurtriers.
32:15Moi, j'ai pourtant dit
32:17le procès est vraiment injuste
32:19parce qu'on n'a pas le droit
32:21de dire le prénom
32:23ou le nom
32:25de la personne qui a tué votre enfant.
32:27Mais le nom
32:29d'Alicia, c'était partout.
32:35Ils ne cachaient pas le nom d'Alicia,
32:37mais ils cachaient le nom
32:39de ces assassins-là.
32:41On les préserve, c'est la loi qui le prévoit.
32:43On ne doit pas donner les noms
32:45des mineurs. Les procès sont à huit clous.
32:47Sur le fait qu'on livre comme ça
32:49sur la place publique ou dans les débats
32:51le prénom de la victime,
32:53je trouve que c'est maladroit.
32:55Parce qu'effectivement, ça fait une disparité.
32:57Il y a les auteurs qu'on protège
32:59et publiquement la victime
33:01qui n'est pas protégée, alors qu'elle était
33:03mineure aussi et qui n'avait le droit à une protection.
33:05Eux, ils étaient protégés.
33:07Eux,
33:09ils étaient...
33:11Ils demandaient, ah, vous allez faire quoi
33:13après ? Vous avez fini
33:15votre étude ? Vous avez...
33:17Ah, quel métier vous allez
33:19voir ? Et tout ça. Ça m'a
33:21touchée, ça m'a énervée
33:23de dire, mais c'est quoi ça ?
33:25On est dans quoi ici ?
33:27Moi, j'ai perdu mon enfant
33:29à cause d'eux. Et eux,
33:31ils sont protégés par
33:33la justice qui dit
33:35ah oui, vous allez faire quoi
33:37après ? Mais c'est quoi ça ?
33:39C'est un point
33:41important.
33:43Le procureur
33:45a
33:47évidemment pris la parole publiquement
33:49et il a dit
33:51l'agresseur n'a pas
33:53exprimé de remords évidents.
33:55C'est une formule polie pour dire que
33:57cet agresseur n'avait aucune empathie.
33:59Aucune empathie, c'est-à-dire aucune
34:01identification à ce qu'il a fait subir à l'autre
34:03et à ce qu'il a fait subir aux parents.
34:05Dans l'affaire d'Alicia,
34:07il n'y a ni empathie
34:09ni culpabilité.
34:11En raison du principe de l'excuse de minorité,
34:13les deux auteurs du crime ont été condamnés
34:15à 13 et 10 ans de prison.
34:17Une peine que ne comprend pas la mère d'Alicia.
34:19Il ne devait pas avoir pour les personnes
34:21qui tuent quelqu'un, qui sont pris
34:23une vie, il ne devait pas avoir
34:25une excuse de minorité.
34:27Ça ne devait pas exister.
34:29L'excuse de minorité a sûrement fonctionné
34:31puisque c'est mi-peine.
34:33En temps normal, ils auraient pris
34:35au lieu de prendre 12, ils auraient pris 24
34:37et 26.
34:39Lorsque la mère ou le père
34:41d'un enfant qui vient de mourir
34:43pour un rien voit
34:45le peu de sévérité dans la sanction,
34:47ils ont le sentiment
34:49et je les comprends,
34:51d'une terrible injustice.
34:53Nouveau traumatisme pour la mère de famille,
34:55il y a quelques semaines,
34:57la jeune fille condamnée à 10 ans de prison
34:59pour le meurtre de sa fille a demandé
35:01une libération anticipée.
35:03Celle-ci a disposé
35:05d'un aménagement de peine
35:07pouvant entraîner la cession
35:09temporaire ou définitive
35:11de son incarcération.
35:13Elle n'a pas de honte,
35:15elle n'a pas de regrets, cette fille,
35:17de tuer quelqu'un
35:19et de quand même sortir,
35:21c'est pas normal.
35:23J'étais vraiment
35:25déçue, j'étais triste,
35:27j'étais en colère.
35:29Mais de toute façon, ce qu'il faut savoir,
35:31c'est qu'elle est jeune,
35:33elle n'a pas pris une très longue
35:35peine de prison, de toute façon, en général,
35:37on fait mi-peine, quand on est condamné à 12,
35:39on en fait 6, donc quoi qu'il arrive,
35:41elle sortira au bout de 6, là,
35:43on est à 4 ans, donc quoi qu'il arrive,
35:45dans deux ans, elle est dehors.
35:47Les auteurs de ce crime horrible ont donc vu
35:49leur peine diminuer de moitié
35:51et pourront peut-être même sortir de prison
35:53à la moitié de celle-ci.
35:55Cela soulève évidemment des interrogations
35:57sur la sévérité de la justice
35:59envers les mineurs dans notre pays.
36:01Est-ce que la justice a tout faux ?
36:03Je peux dire que le code pénal des mineurs
36:05a tout faux.
36:07Nous délégons
36:09l'usage de la force
36:11dans l'espace public à l'État.
36:13Et, en contrepartie,
36:15nous attendons de l'État
36:17et de la justice qu'elles protègent
36:19notre corps. Or, ce n'est pas fait.
36:21Donc, le contrat
36:23de base n'est pas tenu.
36:25L'une des affaires
36:27impliquant des mineurs les plus choquantes
36:29de ces dernières années, c'est l'agression d'Angèle,
36:31cette grand-mère de 89 ans
36:33qui s'est fait rouer de coups à Cannes
36:35en 2022.
36:37Une femme de 89 ans qui rentre chez elle,
36:39elle vient de faire ses courses,
36:41elle a son petit sac à main
36:43et son cabard.
36:45Elle rentre à son portillon de l'immeuble.
36:47Ils sont arrivés par derrière.
36:49Un,
36:51il frappe ma maman,
36:53il met un gros coup,
36:55on le montre à la vidéo, ils l'ont vu.
36:57Le deuxième,
36:59il prend le sac,
37:01et le troisième filme à la scène.
37:03Pour mettre ça sur les réseaux,
37:05je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant.
37:07Les deux agresseurs de mémoire
37:09à l'époque avaient 14 ans
37:11et le troisième, 15 ans.
37:13Pour moi, sur le moment, il m'avait monté le sang à la tête.
37:15J'ai cru qu'elle était morte, ma mère.
37:17Franchement.
37:19Quand on voit des trucs comme ça, comment vous ne voulez pas vous manifester ?
37:21On va où, là ?
37:23On est à la fois bouleversés,
37:25exaspérés quand on voit ça.
37:27Très en colère, très révoltés, très émus.
37:29Ce qu'il faut, c'est qu'au-delà
37:31de nos états d'âme personnelle,
37:33il y ait une action de la justice qui soit implacable
37:35et qui soit efficace.
37:37Pour que les victimes se sentent
37:39prises en considération,
37:41ça commence par cela,
37:43mais aussi pour protéger la société.
37:45Mais inexplicablement,
37:47la justice s'est montrée extrêmement laxiste
37:49à l'égard de ces trois agresseurs
37:51qui ont pris au maximum un an de prison avec sursis.
37:53Celui qui filmait a été innocenté
37:55pour une raison que j'ignore
37:57et que je ne comprends pas, surtout.
37:59Et les deux autres
38:01ont été condamnés
38:03à aller en centre d'éducation
38:05fermé.
38:09Comment voulez-vous
38:11qu'on s'en sorte ?
38:13Ces faits sont d'une extrême gravité.
38:15Il y a des symboles, c'est la grand-mère,
38:17c'est l'arrière-grand-mère, 89 ans,
38:19totalement inoffensive.
38:21Elle a du mal à avancer, à marcher,
38:23à son petit sac à main. Pour une poignée d'euros,
38:25il la frappe,
38:27la jette au sol,
38:29lui arrache son sac à main,
38:31la laisse inanimée sur le sol.
38:33La prison avec sursis,
38:35c'est un passeport pour continuer.
38:37J'ai dit une chose toute simple qui a fait polémique,
38:39que si ma mère
38:41avait été agressée
38:43de cette façon-là,
38:45je pense que c'est moi qui serais allé en prison.
38:47Ça va mal finir, cette histoire.
38:49Les gens vont se faire justice.
38:51Face à la faiblesse de la sanction,
38:53les deux jeunes auteurs n'ont pas mis beaucoup de temps
38:55à refaire parler d'eux.
38:57Dès le début de l'affaire,
38:59j'avais dit que malheureusement,
39:01on les retrouverait, ces délinquants,
39:03dans des problèmes d'insécurité en ville.
39:05Et c'est ce qui s'est passé.
39:07C'est ce qui s'est passé.
39:09Dès, d'abord, on s'est rendu compte
39:11qu'un centre éducatif fermé,
39:13il s'est avéré très rapidement
39:15que c'était ni éducatif, ni fermé.
39:17Et on retrouve
39:19ces deux jeunes hommes
39:21sur beaucoup de faits de délinquance,
39:23comme je l'avais prédit et annoncé,
39:25ce qui est absolument scandaleux.
39:27Quel est le pays
39:29qui peut accepter d'être aussi nié,
39:31d'être aussi bête, d'être aussi faible,
39:33avec des voyous
39:35qui, parallèlement, emmerdent la vie des Français ?
39:37Il y a des choses concrètes à mettre en œuvre,
39:39sur le plan législatif,
39:41mais aussi et surtout
39:43sur le plan exécutif.
39:45La justice des mineurs en France répond
39:47à trois principes constitutionnels,
39:49comme le détaille la magistrate Béatrice Brugère.
39:51La spécialisation des magistrats,
39:53c'est une justice à part.
39:55On ne peut pas juger les mineurs
39:57comme des criminels majeurs.
39:59Une atténuation de responsabilité
40:01est le primat de l'éducatif
40:03sur le répressif.
40:05C'est le cadre général dans lequel
40:07la justice des mineurs doit se déployer.
40:09Tous les mineurs délinquants en France
40:11bénéficient de l'excuse de minorité,
40:13un principe qui atténue
40:15leur responsabilité, mais aussi leur peine,
40:17qui, comme nous l'avons vu dans l'affaire Alicha,
40:19est diminuée de moitié.
40:21C'est-à-dire que lorsque l'infraction prévoit,
40:23par exemple, 5 ans d'emprisonnement,
40:25il risque 2 ans et demi.
40:27Ça ne veut pas dire qu'il aura 2 ans et demi,
40:29il aura sans doute un peu moins encore.
40:31En 2021, l'ordonnance de 1945
40:33est modifiée par l'ancienne
40:35ministre de la Justice, Nicole Belloubet,
40:37qui a mis en place un nouveau
40:39code de la justice pénale des mineurs,
40:41le CJPM,
40:43qui, pour beaucoup de professionnels,
40:45n'a fait qu'aggraver les choses.
40:47Première grande nouveauté de ce CJPM,
40:49la césure pénale.
40:51La première audience est plus rapide,
40:53on peut y revenir dans les 3 mois,
40:55là où parfois on attendait 18 mois
40:57pour être jugé sous l'ancien régime.
40:59Mais, je ne sais pas pourquoi,
41:01en tout cas, nous, on était opposés à ça,
41:03on a créé une seconde audience,
41:05qui est l'audience pour
41:07prononcer la sanction.
41:09C'est-à-dire que le mineur
41:11vient à l'audience, il dit
41:13coupable ou pas coupable, ce qui permet aux victimes
41:15d'être indemnisées plus rapidement, éventuellement.
41:17Mais, pendant
41:196 à 9 mois,
41:21il doit attendre la sanction.
41:23Et pourquoi on a fait ça ? Parce qu'en fait,
41:25c'est une philosophie pénale très précise,
41:27qui est celle, à notre sens,
41:29qui confond le temps judiciaire
41:31et le temps éducatif.
41:33C'est-à-dire que la philosophie, c'est de dire,
41:35on ne va pas te juger sur les faits
41:37que tu as commis, c'est très important
41:39de comprendre ça, mais on va te juger
41:41sur ton évolution pendant ce temps éducatif,
41:43et si tu as une bonne évolution,
41:45éventuellement, il n'y aura pas trop
41:47de sanctions.
41:49Pour l'audience, dans des tribunaux déjà surchargés,
41:51cette césure pénale s'est également montrée
41:53très dangereuse.
41:55Ça crée ce que j'appelle un risque pénal,
41:57de voir des mineurs dangereux
41:59ne pas comprendre ce qui se passe,
42:01même être dans ce qu'on appelle parfois
42:03un sentiment d'impunité,
42:05et de continuer à commettre des infractions.
42:07On l'a vu avec l'affaire Elias,
42:09mais il y a plein d'affaires Elias.
42:11C'est la loi Beloubet
42:13qui a,
42:15je dirais littéralement, permis
42:17le meurtre d'Elias.
42:19Alors que sa fille est poursuivie pour une agression commise en bande,
42:21diffusée sur les réseaux sociaux,
42:23une mère de famille qui a découvert
42:25que sa fille était mêlée à cette bagarre très violente,
42:27a accepté de nous parler
42:29de son désarroi face à cette césure pénale.
42:31L'intercation
42:33s'est déroulée
42:35fin novembre, début décembre,
42:37et l'audience
42:39de culpabilité se fait
42:41le 19 février, donc dans quelques jours,
42:43et le jugement final
42:45se sera en fin d'année.
42:47Si le parent ne fait rien,
42:49il ne se passe rien,
42:51le mineur va continuer
42:53à faire ce qu'il a envie de faire.
42:55On leur demande de ne pas rentrer en contact
42:57avec les auteurs des faits.
42:59Qui est là pour contrôler ?
43:01On leur demande d'être présente chez eux
43:03de 20h jusqu'à 6h du matin.
43:05Qui est là pour contrôler ? Les parents.
43:07Mais moi, ma fille, elle me dit
43:09« si tu dis rien, personne ne le saura ».
43:11Et les autres réformes instituées
43:13de la justice pénale des mineurs
43:15ne semblent pas aller dans le bon sens non plus.
43:17La loi Belloubet interdit
43:19les peines
43:21d'incarcération de moins
43:23d'un mois, et entre
43:25un mois et six mois, il y a
43:27obligation de trouver ce qu'on appelle une alternative
43:29à l'incarcération,
43:31c'est-à-dire que le mineur
43:33est mis avec un bracelet
43:35électronique dans son milieu familial.
43:37Plus de courtes peines,
43:39les courtes peines ont disparu de la loi,
43:41on ne peut pas mettre par exemple
43:4315 jours de prison ou un mois de prison,
43:45ça a disparu de la loi.
43:47J'ai été pendant 7 ans directeur de formation
43:49à l'école nationale de la magistrature.
43:51À chaque session,
43:53des magistrats venaient me dire
43:55l'efficacité qu'avaient eues les courtes peines
43:57pour eux, pour des mineurs
43:59qui prenaient du galon dans la violence
44:01et comme leader
44:03de groupes violents.
44:05En matière de délinquance des mineurs en France,
44:07pour ne rien arranger, par idéologie,
44:09certains juges hésitent à rendre une justice répressive.
44:11Le juge des enfants
44:13a une double casquette,
44:15et ça c'est une singularité française,
44:17à la fois il est juge
44:19protecteur, c'est-à-dire au civil,
44:21il protège les mineurs en danger
44:23et le même juge
44:25est aussi le juge pénal,
44:27c'est-à-dire qu'il sanctionne
44:29le mineur délinquant.
44:31Donc en fait il a ces deux casquettes qui peuvent parfois
44:33poser des problèmes puisque souvent
44:35les juges préfèrent un aspect
44:37plutôt qu'un autre.
44:39Je pense que beaucoup de juges ont basculé
44:41uniquement
44:43dans ce qu'on appelle la justice de l'auteur,
44:45quelle est son histoire,
44:47comment il est arrivé là, quelles circonstances,
44:49complètement au détriment
44:51de la justice de l'acte délibéré.
44:53Ils ont été biberonnés à ce qu'on appelle
44:55la culture de l'excuse,
44:57où il faut bien considérer que l'auteur d'infraction
44:59est lui-même victime
45:01d'abord d'une société extrêmement discriminante.
45:03Donc c'est cette idéologie
45:05qui fait qu'on retient son bras,
45:07on ne veut plus sanctionner,
45:09on voudrait que la prison
45:11soit totalement rayée de la carte.
45:13Donc c'est une idéologie
45:15qui a pénétré
45:17à la magistrature
45:19et c'est comme ça qu'il faut le comprendre.
45:21En France, près de 800 mineurs
45:23sont tout de même incarcérés dans des prisons
45:25qui leur sont exclusivement réservées.
45:27Mais avant d'y entrer, ces jeunes délinquants
45:29passent d'abord par la case Centre éducatif fermé,
45:31qui ne sont pas assez nombreux dans le pays.
45:3353 centres éducatifs fermés
45:35aujourd'hui en France,
45:37des unités de 10-12,
45:39ce n'est pas suffisant, il faudrait au moins
45:41déjà doubler ce nombre.
45:43Le centre éducatif fermé, comme son nom l'indique,
45:45il est fermé,
45:47mais ce n'est pas une prison avec des miradors,
45:49avec des barreaux.
45:51C'est effectivement une privation de liberté,
45:53mais ce n'est pas un établissement pénitentiaire
45:55comme on les connaît pour les majeurs.
45:57Mais encore une fois, le centre éducatif fermé,
45:59c'est une solution qu'il faut creuser
46:01et il faut donner plus de moyens.
46:31Cela fait plus de...
46:33presque 3 ans
46:35que je demande de l'aide,
46:37que ce soit donc via la justice,
46:39via les services
46:41de l'enfance. C'est pas facile de gérer
46:43un enfant, un adolescent de 15 ans tout seul.
46:45On n'est pas assez aidés, nous, en tant que parents.
46:47Cette mère de famille,
46:49dont la fille va bientôt être jugée pour une agression,
46:51ne parvient plus à restaurer son autorité.
46:53J'assume le fait que
46:55je n'arrive plus à assumer
46:57en termes d'autorité parentale.
46:59Un enfant, on lui dit
47:01de ne pas faire ça, c'est pour son bien, c'est pour le protéger.
47:03Et moi,
47:05dans ma position, ça ne fonctionne plus.
47:07C'est-à-dire que mon enfant ne m'écoute pas.
47:09J'ai essayé la méthode
47:11la plus forte chez n'importe quel adolescent,
47:13c'est-à-dire la privée de son téléphone.
47:15Ça a fini
47:17à l'hôpital pédiatrique
47:19de Valence. C'est les pompiers qui sont venus la chercher.
47:21Qu'est-ce qui s'est passé ?
47:23Crise de colère.
47:25Elle m'a frappée.
47:27J'ai été victime
47:29de violences conjugales pendant plus de 17 ans.
47:31J'ai eu le courage de partir
47:33pour essayer d'offrir à mes enfants
47:35une meilleure vie.
47:37Et plus les traumatismes
47:39dans la petite enfance ont été puissants,
47:41plus les jeunes pourront développer des comportements
47:43ultra-violents.
47:45S'en prendre au corps, donner un coup de couteau,
47:47frapper jusqu'à mettre la personne dans le coma,
47:49il s'agit là de parents
47:51qui ont été
47:53auteurs de négligences
47:55éducatives très graves,
47:57de violences intrafamiliales,
47:59souvent, ou de fonctionnements
48:01cliniques qui sont à l'origine
48:03d'attaques corporelles.
48:05À Châteauroux, au mois d'avril 2024,
48:07le meurtre barbare
48:09du jeune Mathis a mis en lumière
48:11ce type de fonctionnement.
48:13Mathis est un gamin de 15 ans,
48:15il est avec un de ses nouveaux copains,
48:17ils discutent, ils marchent dans les rues
48:19de Châteauroux, et à un moment ils s'embrouillent
48:21pour des raisons qui m'échappent.
48:23Le jour est-il que le nouveau copain sort un couteau
48:25et commence à
48:27poignarder Mathis.
48:29Mathis va succomber
48:31sous les coups de couteau
48:33de son nouveau copain,
48:35et là, quand même extraordinaire,
48:37la mère de celui qui vient de mettre
48:39les coups de couteau
48:41se met sur Mathis et le frappe,
48:43elle aussi.
48:45Mathis est mort,
48:47la mère a été poursuivie pour les coups
48:49qu'elle avait mis,
48:51elle avait expliqué que c'était pour essayer de le réanimer,
48:53mais enfin bon, il y a eu des vidéosurveillances
48:55qui disent
48:57évidemment toute autre chose.
48:59Dans l'affaire Mathis, on a une mère
49:01qui frappe la victime
49:03au sol, et on a là
49:05un fonctionnement clanique, un groupe familial
49:07avec une matriarche
49:09ou un patriarche, là c'était
49:11peut-être une matriarche,
49:13tout le monde doit penser de la même manière,
49:15on ne doit pas s'éloigner géographiquement
49:17ou même en pensée,
49:19donc un clan,
49:21c'est un corps. Cette mère
49:23est totalement solidaire
49:25de son enfant,
49:27elle est incapable de penser différemment,
49:29et ce qui règne dans des clans,
49:31c'est le code de l'honneur
49:33à la place des lois.
49:35Pour répondre et combattre cette escalade
49:37de violence des mineurs, Gabrielle Attal,
49:39aujourd'hui députée, porte une proposition
49:41de loi visant à restaurer
49:43l'autorité de la justice.
49:45Elle répond à trois enjeux assez simples,
49:47mais qui ont un beau sens.
49:49Le premier, c'est de pouvoir
49:51revoir la procédure de comparution
49:53immédiate. Le deuxième point,
49:55c'est l'atténuation de l'excuse de minorité.
49:57Il n'est pas, bien sûr,
49:59prévu de revenir sur l'ordonnance de 45,
50:01pas du tout, mais simplement de pouvoir
50:03la réformer, cette excuse de minorité,
50:05pour l'adapter aux besoins
50:07aujourd'hui de notre société.
50:09Et puis enfin, le sujet de la parentalité.
50:11Et sur la parentalité, il faut faire quand même la distinction.
50:13D'un côté,
50:15il y a les parents défaillants.
50:17Des parents qui, quand leurs enfants commettent
50:19des actes violents,
50:21répréhensibles, ne viennent pas
50:23aux convocations du juge.
50:25Face à ces parents qui ne viennent pas,
50:27qui sont défaillants, il y aura la possibilité
50:29de mettre aussi bien des travaux d'intérêt généraux
50:31pour répondre à des actes de leurs enfants
50:33ou des amendes quand ils ne se présentent pas.
50:35Et puis à côté d'eux,
50:37à côté de ces parents défaillants, il y a des parents dépassés.
50:39Et souvent, ces parents dépassés,
50:41ce sont des parents solos,
50:43majoritairement des mamans.
50:45Et là, il faut pouvoir les aider.
50:47Et donc, toute une capacité à venir proposer
50:49des solutions d'accompagnement pour ces parents.
50:51Cette proposition de loi sera-t-elle
50:53adoptée par l'Assemblée nationale ?
50:55Et si c'est le cas, changera-t-elle
50:57réellement la donne chez les mineurs délinquants ?
51:01Si je peux vous raconter une anecdote,
51:05je me promenais à Lyon,
51:07là où j'exerçais mes fonctions,
51:09et j'entends
51:11quelqu'un m'interpeller.
51:13Monsieur le juge est un homme
51:15d'une quarantaine d'années.
51:17Il me dit, merci monsieur le juge.
51:19Je dis, de quoi monsieur ?
51:21Il me dit, lorsque j'avais 16 ans,
51:23vous êtes le premier
51:25qui m'avait mis
51:27un mois en prison.
51:29Là, j'ai compris.
51:31Parce que j'étais un délinquant de récidiviste.
51:33Et j'ai compris.
51:35Et j'ai tout arrêté.
51:37Et aujourd'hui, je suis marié.
51:39J'ai trois enfants. Je travaille.
51:41Merci monsieur le juge. Et il est parti.

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