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Donald Trump a renoué le dialogue avec Vladimir Poutine, suscitant des inquiétudes sur l'ordre international. Les concessions territoriales à la Russie, la remise en question de la légitimité de Volodymyr Zelensky et un nouvel équilibre mondial se dessinent, avec l'Arabie saoudite comme acteur clé.

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00:00Elsa Vidal, on passe à votre choix ce soir. Trump estime que Poutine veut la paix avec l'Ukraine. C'est l'une des dernières dépêches qui tombent à l'instant.
00:08Dernier commentaire de Donald Trump du président américain. On revient avec vous ce soir sur les trois leçons à retenir du fait que Trump et Poutine ont renoué le dialogue hier.
00:19Les trois leçons à retenir ce soir.
00:20Oui, alors s'il ne devait y en avoir que trois après ce coup de téléphone, il y a ses conséquences qui sont incommensurables sur l'ordre international.
00:29La première, et le Kremlin ne s'y est pas trompé, c'est que sous couvert de rétablir la paix, Donald Trump a accédé à la plupart des exigences de Vladimir Poutine,
00:41oui, mais avant d'avoir négocié. Ce qui va complètement à l'encontre des pratiques internationales et c'est ce que soulignait d'ailleurs un ambassadeur,
00:49l'ancien ambassadeur américain en Russie, qui s'est décrié contre cette pratique.
00:55Trump a déjà cédé en réalité.
00:57Trump a déjà cédé sur l'essentiel en réalité et il a cédé sur trois points. Le premier de ces points, c'est les concessions territoriales.
01:05L'Ukraine ne recouvrera pas, en tout cas la Crimée perdue en 2014.
01:10Et quant aux quatre autres territoires annexés en 2022, rien n'est dit pour le moment, mais toutes les craintes sont justifiées.
01:21L'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN, celle-ci qui était encore considérée comme irréversible en décembre dernier par le secrétaire général de l'Alliance,
01:30l'a balayée comme irréaliste.
01:32On revoit donc ces quatre territoires qui ont été annexés de force par la Russie et qui sont sans doute perdus pour l'Ukraine,
01:39avec la certitude que la Crimée, dans l'esprit de Donald Trump, l'est.
01:43Et puis, troisième point, le départ de Zelensky.
01:46Zelensky, il est élu depuis 2019, mais de plus en plus, on entend sa légitimité remise en cause
01:54et l'envoyé spécial de Donald Trump sur l'Ukraine a lui-même repris ses éléments de langage.
01:59On le voit là, la plupart des pays démocratiques ont des élections en temps de guerre.
02:03Je pense que c'est important qu'elles aient lieu et que cela est bon pour la démocratie.
02:07Ça veut dire que quand les Américains disent ça, c'est surtout pour dire en fait, c'est le moment à Zelensky de partir.
02:10Exactement, et trois jours avant cette déclaration, Vladimir Poutine en avait fait une très similaire,
02:15dans une voiture, en indiquant qu'il négocierait à peu près avec tout le monde, sauf avec Zelensky.
02:20Deuxième grande leçon, Elsa, vous nous dites que c'est carrément l'ordre politique mondial qui pourrait bouger après ce coup de téléphone.
02:28Oui, il a déjà bougé en réalité.
02:30Première fois, parce que lorsque Donald Trump parle à Vladimir Poutine,
02:36il permet à celui-ci de passer instantanément de paria à partenaire de premier ordre.
02:42Paria depuis 2014 et encore plus depuis 2022.
02:46Joe Biden n'avait pas parlé à Vladimir Poutine depuis 2022.
02:49Et instantanément, là aussi, Paris-Cochet, l'Europe et l'Ukraine perdent leur statut et passent en seconde catégorie.
02:59Et on peut entendre Dmitry Peskov qui, lui, a bien compris de quoi il s'agissait.
03:03C'est le porte-parole du Kremlin.
03:04Exactement.
03:07Le président russe a invité le président américain à se rendre à Moscou
03:11et s'est déclaré prêt à recevoir des responsables américains en Russie
03:16dans les domaines d'intérêt mutuel, y compris bien sûr l'Ukraine.
03:20Les deux présidents souhaitent une rencontre en face-à-face.
03:25Voilà, en face-à-face, sans les Européens et sans l'Ukraine.
03:29Une autre conséquence, inévitable, c'est que l'ordre mondial va s'éloigner du multilatéralisme.
03:38Fini l'ordre né de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire celui fondé sur l'organisation des États-Unis,
03:45établi en 1945 pour nous éviter la guerre et nous apprendre à vivre en paix.
03:52On regarde quelques images de l'INA.
03:55Les membres de cette conférence sont appelés à être les architectes d'un monde meilleur.
03:59Si nous ne voulons pas mourir ensemble par la guerre, nous devons apprendre à vivre ensemble dans la paix.
04:04C'est la conférence de San Francisco, absolument. 43, pas 45.
04:0743. Troisième grande leçon, on est déjà projeté en réalité avec ce coup de fil dans une nouvelle ère.
04:13Oui, dans une ère qui ressemble à celle de la conférence de Téhéran, et pas d'Ialta.
04:18Celle de 43, quand les trois grands présidents, Churchill, Roosevelt, Staline, se rencontrent et divisent le monde en zones d'influence.
04:27C'est donc dans cette ère que nous sommes entrés, mais avec des nouveaux venus.
04:32Et ce nouveau venu, c'est l'Arabie Saoudite.
04:35Dans ce contexte-là, on combine puissance financière et puissance militaire.
04:42Les États-Unis ont le plus gros budget de la défense.
04:45La Russie a dépensé en 2024 plus que l'Europe et la Grande-Bretagne réunies.
04:53Et l'Arabie Saoudite apporte à Donald Trump des éléments de grandeur.
04:59Elle a été son partenaire pour les accords d'Abraham au Proche-Orient.
05:03Elle a investi 600 milliards dans les États-Unis récemment.
05:07Elle est aussi à la tête d'une puissance en hydrocarbures.
05:11Ces trois pays, la Russie, les États-Unis, l'Arabie Saoudite, tirent leur puissance de l'armée et de leur contrôle des hydrocarbures.
05:19C'est donc un nouvel ordre qui s'installe.
05:21Et c'est bien en Arabie Saoudite qu'aura lieu la rencontre, logiquement, entre Trump et Poutine.

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