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Le parquet de Pau, qui a ouvert une enquête au début de l'année 2024 en raison de multiples plaintes pour dénoncer des abus au sein de l'établissement Notre-Dame de Bétharram entre les années 1950 et 2000, doit définir quels faits sont prescrits ou non. Gaël, 50 ans, victime d’agressions sexuelles entre 1988 et 1991 au collège-lycée catholique Notre-Dame de Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), témoigne sur BFMTV.

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Transcription
00:00Globalement, j'ai échappé au pire dans le sens où on s'est retrouvés à deux dans le bureau d'un surveillant général
00:08parce qu'on était punis sur le palier du dortoir.
00:12Pourquoi on était punis ? Parce que j'avais souri à une bêtise de mon camarade.
00:18Ça suffit à ce qu'on soit punis qu'on prenne une première gifle.
00:21Et puis, on s'est retrouvés dans le bureau du surveillant à baisser nos pantalons et ça s'est arrêté là.
00:28Pourquoi il vous a-t-il demandé de baisser vos pantalons ?
00:33On était sur le palier forcément des gamins de 12 ans qui s'ennuient, ils font les couillons.
00:39Il y en a un de nous deux qui a dû commencer à montrer ses fesses à l'autre et puis l'autre a fait pareil.
00:43Et le surveillant général s'est pointé à ce moment-là.
00:47Et il nous a simplement amenés dans son bureau en disant « puisque vous voulez, vous regardez, baissez vos pantalons et regardez ».
00:55En haussant les épaules bêtement et je pense que je n'ai pas pris la mesure de la gravité de l'événement à ce moment-là.
01:01Est-ce que vous étiez au courant qu'il y avait des agressions sexuelles, des violences dans l'établissement ?
01:06Non, j'ai appris par la suite et récemment avec les 112 plaintes que j'avais un camarade de classe qui avait subi des viols.
01:14On avait entendu parler, moi j'étais entre 88 et 91, donc à l'époque du père Caricard.
01:22Et j'ai vécu le changement des deux surveillants généraux, donc j'ai connu les deux de l'époque.
01:28On avait entendu une histoire avec le père Caricard qu'on n'avait pas voulu croire parce que ça nous paraissait aberrant.
01:35C'était quoi cette histoire ?
01:37Une histoire d'élève de cinquième à qui le père Caricard aurait demandé une fellation.
01:42L'élève aurait tapé sur le poing sur la table en partant et en claquant la porte.
01:46Et il aurait été uriné sur la vierge après, histoire de se venger.
01:51Et aujourd'hui, on en parle, on s'interroge sur ce que savait ou pas François Bayrou.
01:58Visiblement, il y avait quand même une omerta au-delà du cas de François Bayrou.
02:02C'est-à-dire qu'on a mis des années à dire ce qui s'était réellement passé parce qu'on parle de faits qui remontent aux années 70 aussi.
02:08En fait, ce qui se passe surtout, c'est qu'Alain Esquerre a eu la bonne idée de créer un groupe Facebook il y a un petit peu plus d'un an,
02:16qui en un an, un an et demi, a gonflé. Je crois qu'il y a plus d'un millier de personnes qui sont sur ce groupe.
02:23Ça a amené des gens à se dire comme moi, finalement, les gifles que j'ai suivis, les cocos,
02:29alors les cocos, c'était des coups de poing sur la tête à 12 ans pour punir. C'est sympathique aussi.
02:34Donc il y avait des violences physiques et des violences sexuelles.
02:37Les violences physiques commençaient dès le bus, en fait.
02:39Vous avez des surveillants qui sont des élèves de première qui sont nommés par Bétarame pour être les garants du voyage paisible entre Bordeaux et Bétarame, pour ma part,
02:50qui durait trois heures et demie. Et ces élèves s'amusent à faire des jeux de questions idiotes avec des gifles au bout.
02:57Dans les dortoirs, c'est aucune communication. C'est les pieds du galon sur les lattes.
03:02– Vous en parliez à vos parents ? – Comment ?
03:04– Vous en parliez à vos parents ?
03:06– Le bus, j'en ai parlé. Il a pris un surveillant entre 4 yeux.
03:09Il lui a dit qu'il ne fallait pas que ça recommence.
03:11On a fait 10 kilomètres et j'en ai pris deux de plus.
03:14– Il y avait un sentiment quand même de toute puissance et d'impunité au sein de l'établissement.
03:20– Il y avait un sentiment de toute puissance.
03:22Il faut bien faire la séparation entre les externes qui sont du coin et qui ne connaissent pas tout cet ensemble d'ambiances moroses
03:32et de peur de la punition qui est sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt.
03:36– Et d'ailleurs les agressions sexuelles qui sont décrites là.
03:38– Que ce soit en salle d'écule, dans le bureau, que ce soit dans les dortoirs.

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