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Une étude révèle que les hommes ne sont pas plus sensibles à la douleur que les femmes, contredisant une idée reçue. 

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00:00Au-delà du cliché, la vraie question, c'est est-ce qu'il y a un fondement scientifique à cette idée que les hommes supporteraient moins bien la douleur que les femmes ?
00:06On va d'abord prendre l'exemple de la grippe. Ils attrapent plus la grippe que les femmes, les hommes, depuis le début de l'épidémie ?
00:11Non, les hommes n'attrapent pas plus la grippe que les femmes. J'ai posé la question franchement à des stars de l'immunologie.
00:17Pour répondre à cette chronique, il ne fallait pas qu'on reste dans le préjugé, il fallait qu'on décortique scientifiquement.
00:22Le professeur Stéphane Paul m'expliquait en revanche qu'il y avait peut-être un distinguo à faire selon les âges de la vie.
00:28En gros, que les jeunes hommes et les vieux messieurs sont peut-être un peu plus sensibles, mais que les femmes, on aurait une période de vulnérabilité de 15 à 45-50 ans,
00:38en gros, quand on est vraiment imprégné d'hormones, et que dans ce cas-là, ça nous rendrait un peu plus sensibles.
00:44À partir de quel âge on a un vieux monsieur ?
00:46Je ne sais pas, on dit pour le vaccin contre la grippe, c'est 65.
00:50Encore un peu de marge.
00:52Les hommes sont-ils plus susceptibles dans ces cas-là de formes graves ? On disait ça, je crois, pour le Covid, non ?
00:57C'est vrai, c'est ce que me disait Bruno Lina, il me dit que c'est une injustice vis-à-vis de toutes les maladies infectieuses.
01:02Lorsqu'on fait un ratio homme-femme par rapport aux infections et aux formes graves, on voit qu'il y a toujours plus d'hommes et de femmes.
01:08Il m'expliquait, en fait, je viens de le dire, il n'y a pas plus d'hommes infectés ou autres, mais les hommes vont moins bien se défendre,
01:14donc plus souvent malades et donc plus susceptibles de formes graves et donc surreprésentés en réanimation.
01:20Pendant la première vague de Covid, vous vous rappelez de ces chiffres complètement délirants ?
01:24Non.
01:25C'était 48% de la population en ce moment-là, mais ils étaient surreprésentés 55% des hospitalisations, 70% en soins critiques et 60% des décès.
01:33Ah oui, mais est-ce qu'on sait pourquoi ? C'est parce que c'est une question de système immunité qui serait moins solide que celui des femmes ?
01:38Il y a plusieurs pistes d'explications, parce que la recherche est encore dessus, tout n'est pas limpide, malheureusement ou heureusement.
01:44Il y a probablement une question de capacité de défense et de patrimoine génétique.
01:48Jean-Daniel Le Lièvre, il m'expliquait que le patrimoine génétique porté est forcément différent, ne serait-ce que pour les chromosomes sexuels.
01:54Messieurs, vous avez un Y, nous on a deux X, et que ce serait ce chromosome X qui porterait les gènes de l'immunité.
02:00Donc peut-être que nous, on en produit des protéines en plus grande quantité et qu'on se déforme mieux, nous les femmes, contre les infections.
02:08Le professeur Paul, lui, me dit, attention, les femmes ont quand même un système immunitaire peut-être plus sensible que les hommes,
02:14plus sensible aux infections, plus sensible aux injections.
02:19On répond par exemple beaucoup mieux à la vaccination, les taux d'anticorps chez les femmes sont plus élevés que chez les hommes.
02:24Attention, question sensible.
02:26Les hommes sont-ils plus sensibles à la douleur que les femmes ?
02:30Alors là, je suis tombée de ma chaise.
02:31Vas-y.
02:32Non.
02:33Non ?
02:34Non.
02:35L'idée reçue, tombe à l'eau.
02:36Une vraie idée reçue.
02:37Tombe à l'eau, c'est Didier Bouassira, qui est neurologue, chercheur à l'Inserm, grand spécialiste de la douleur,
02:46qui a passé en revue des dizaines d'études, que ce soit chez l'homme ou chez l'animal,
02:50et il m'a dit que la majorité d'entre elles concluait à une légère sensibilité accrue chez les femmes.
02:57Il me dit, on parle vraiment de différence minime, mais ça se vérifie.
03:01Alors, plusieurs causes possibles.
03:03D'abord, une cause biologique, peut-être le rôle des hormones avec les oestrogènes qui augmenteraient la sensibilité des femmes,
03:09mais là, vous me direz, au moment de la ménopause, le seuil de douleur devrait être le même,
03:13donc il n'y a sans doute pas que ça comme explication.
03:15Aussi, une explication peut-être de différence de système nerveux avec les zones du cerveau
03:20et le traitement de l'information qui ne seraient pas organisées exactement de la même manière.
03:24Et puis, une raison culturelle, le fait que les femmes auraient plus tendance à dire qu'elles ont mal,
03:31enfin, oseraient plus facilement exprimer et consulter.
03:34Tous les médecins me l'ont dit, les femmes consultent davantage.
03:37On voit, par exemple, dans les centres antidouleurs, le ratio, c'est parfois 70 ou 80 % de femmes.
03:43Pourquoi est-ce que les hommes ont l'air de plus se plaindre que les femmes ?
03:46Alors, c'est ça. Il y a la sensibilité à douleur qui n'est pas prouvée scientifiquement.
03:49C'est encore une idée reçue.
03:50Et après, il y a le ressenti. Il y a le ressenti et l'expression.
03:54Et là, on est dans le sociétal, le culturel.
03:57Cette idée reçue est si présente dans la culture anglo-saxonne qu'elle a même un nom.
04:00On appelle ça le man-flu, la grippe d'homme.
04:03Ça s'élargit en gros. On ne parle pas que de la grippe, on parle même du simple rhume,
04:07mais qui prend des proportions particulières chez l'homme.
04:11Il y avait un épidémiologiste qui me disait peut-être qu'au final,
04:14il y a peut-être une part de prophétie autoréalisatrice à force de dire ça,
04:18qu'on entretient cette idée que les hommes, dès qu'ils ont un petit truc, ça prend des proportions.
04:22Et bien, ils le deviennent et ils osent davantage se plaindre.
04:26Est-ce que les femmes aussi ne sont pas plus résistantes ou intériorisent plus leurs douleurs ?
04:30Parce qu'elles sont sujettes aux règles aussi, parfois aux douleurs menstruelles.
04:35À l'accouchement, elles vivent des choses peut-être plus douloureuses dans leur vie d'humains que les hommes.
04:40Et donc, les hommes ont moins cette habitude de la douleur.
04:43Ça rentre forcément en compte, mais là, on rentre dans un argument plus sociétal et culturel, plus scientifique.
04:48Ce qui, pour moi, vaut aussi, même si ce n'est pas scientifique,
04:51ça vaut aussi l'argument sociologique.
04:53Ils aiment bien se faire chouchouter, c'est tout.
04:55Oui, exactement.
04:56Et les femmes aussi, à travers les siècles, pour moi, c'est des arguments qui valent aussi,
04:59mais qui ont plus intériorisé leur souffrance aussi, et les hommes sont plus habitués à se faire danser.
05:03Ça joue aussi, et il y a une étude amusante qui a porté, non pas sur la sensibilité,
05:07mais sur la mémoire, le lien entre mémoire et douleur.
05:09Ils ont comparé 41 hommes et 38 femmes.
05:11Ils ont mis de la chaleur sur l'avant-bras, de façon à ce qu'on se souvienne quand même d'une petite douleur.
05:16Et ça a montré que les hommes gardent un souvenir plus marqué de la douleur que les femmes.
05:21Et donc, le fait de repenser parfois...
05:23Le traumatisme de la douleur.
05:25Voilà, ils y repensent davantage.
05:26Donc, il y a aussi une interprétation et une façon de ressentir et de mémoriser différentes.
05:32Très bien.
05:33Merci, Margaux.
05:35Donc, vous n'êtes pas plus sensible à la douleur.
05:36Non, je suis sensible à la douleur.

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