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00:0013h14, l'Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 13h19, l'heure d'accueillir vos deux
00:06chroniqueurs du jour, Céline, journaliste politique au journal du dimanche Jules Therese et l'écrivain
00:10et philosophe Nathan Devers. Bonjour les amis ! Bonjour ! Vous allez bien ? Très bien, très bien Céline,
00:15prêt à se battre, prêt à jouter. Voilà, à disserter, à échanger, à débattre. C'est Nathan qui disserte, qui philosophe.
00:22Et vous faites quoi alors ? Moi je journalisme. Vous journalistez. Bah écoutez, j'espère que vous êtes en
00:27forme parce qu'on va décrypter cette nouvelle saillie de Jean-Luc Mélenchon qui donc était hier
00:33à Nantes pour commémorer l'abolition de l'esclavage et le leader des Insoumis a réaffirmé le grand
00:39remplacement et la créolisation de la France. Dans notre pays, une personne sur quatre a un grand
00:47parent étranger. 40% de la population parle au moins deux langues. Nous sommes voués à être une
00:55nation créole et tant mieux que la jeune génération fasse le grand remplacement de l'ancienne génération.
01:06Voilà, Jean-Luc Mélenchon dans le texte, Jules Torres, il oppose ainsi au concept de
01:11française souche, ce concept de créolisation. Mais Jean-Luc Mélenchon n'a jamais été aussi
01:16explicite que ces derniers jours. C'est qu'il a fait deux meetings consécutifs où il parle en effet
01:22des grands remplacements. Mais finalement, c'est le cousin germain du grand remplacement d'Éric Zemmour.
01:27Il assume enfin, Jean-Luc Mélenchon, de vouloir remplacer un peuple historique, un peuple français,
01:33un peuple de français de souche, pour reprendre ses mots, par un nouveau peuple, absolument,
01:39mais bien sûr, et pas seulement par l'extrême droite. Je me souviens de Marie-Hélène Thoraval
01:43qui était l'invitée de Cinémabouc la semaine dernière, qui utilisait ce terme-là. Donc on voit
01:47très bien que c'est un terme qui s'est répandu au sein de la politique française. Mais Jean-Luc
01:51Mélenchon, on le savait maintenant depuis des années, depuis son grand virage finalement de
01:552017, qu'il avait bien conscience que la ruralité s'était terminée, que l'ouvrier ce n'était plus
02:02son électorat qu'il visait. On l'avait bien compris. Désormais, il veut que les nouvelles
02:10générations d'immigrés, son trésor électoral, eh bien, ils aillent faire une conquête territoriale,
02:16une conquête géographique et territoriale et démographique dans les territoires aujourd'hui
02:22qui sont préemptés par le Rassemblement National. Parce que c'est ça qu'il veut bien comprendre.
02:25Quand il parle de Nouvelle-France, c'est qu'il veut que les immigrés de troisième ou quatrième
02:30génération aillent faire des enfants dans les territoires miniers du Rassemblement National,
02:35dans le Var, dans les Alpes-Maritimes, dans les territoires où Jean-Luc Mélenchon fait des scores
02:39qui sont très faibles. Et effectivement, il vise un électorat multiculturel. Il y avait François
02:44Ruffin qui avait parlé de France-Débourg et celle des Tours et lui, finalement, il veut aller contre
02:50cette opposition, quoi, Nathan Devers. Ce que fait Jean-Luc Mélenchon, je pense, est extrêmement
02:54grave. Lui, depuis qu'il a quitté le Parti Socialiste, il a comme pari de se retrouver au
03:01deuxième tour face à Marine Le Pen. Là, on est dans une sorte d'abord de calcul électoral. Donc,
03:05dans cette mesure, il combat le Rassemblement National et jadis le FN, mais il les combat en
03:11désirant se retrouver face à eux. Donc, en désirant, si vous voulez avoir cet adversaire qui
03:15soit fort, plutôt que le Bloc Central, parce que deuxième tour, Jean-Luc Mélenchon, je ne sais pas,
03:20Edouard Philippe, le résultat n'est pas beaucoup de suspense. Mais pourquoi c'est grave, alors ?
03:23Eh bien, c'est grave parce qu'il fait monter le discours qu'il prétend combattre quand il met en
03:31miroir deux concepts qui sont différents. Le concept de créolisation et le concept de grand
03:36emplacement, l'un forgé par Renaud Camus et l'autre forgé par Edouard Glissant, qui n'ont pas
03:41la même signification. Le grand emplacement chez Renaud Camus, ça désigne la théorie selon laquelle
03:46il y aurait un remplacement de peuples visant à l'éradication du peuple français tel qu'il
03:52aurait été constitué, si vous lisez par exemple aujourd'hui. Et Renaud Camus dit que c'est organisé
03:58par les élites. Organisé délibérément par des élites qui sont elles-mêmes soumises à un petit
04:04remplacement. Edouard Glissant, qui est donc un poète martiniquais pour nos auditeurs, la créolisation c'est
04:10un concept différent consistant à dire que quand vous avez deux cultures qui peuvent rentrer en
04:14frottement, qui peuvent rentrer en rencontre, en dialogue, en coudoiement, eh bien il va peut-être
04:20enjaillir, il peut enjaillir une créativité nouvelle. Il ne s'agit pas de parler de remplacement, il ne s'agit
04:26pas de parler de dissolution, il s'agit encore moins de parler d'une sorte de complot délibéré
04:30de certaines élites pour faire disparaître des peuples historiques. Ce n'est pas ça. Et quand
04:33Jean-Luc Mélenchon nous dit, en gros, créolisation, grand remplacement, synonyme, et créolisation est
04:39un concept qui s'applique à la France, je ne suis pas sûr, je vais voler à l'hexagone, je ne suis pas sûr.
04:44Et donc tout ça pose énormément de problèmes et sa stratégie à Jean-Luc Mélenchon, elle est
04:48dangereuse, elle est dangereuse politiquement et elle est profondément cynique. Et elle est orientée
04:53aussi cette stratégie ? Bien sûr qu'elle est orientée, mais surtout jamais Jean-Luc Mélenchon,
04:57finalement il devrait plutôt utiliser le mot de multiculturalisme parce que c'est ça en fait.
05:02Il reprend des thèmes soi-disant littéraires et philosophiques alors qu'en réalité le multiculturalisme
05:10c'est ce que souhaite Jean-Luc Mélenchon, il le souhaite sur toute la France.
05:13Est-ce qu'il ne va pas sur ce terrain-là parce qu'il sent que le vent est en train de tourner, que globalement son discours s'essouffle,
05:18on l'a vu avec la défaite de Louéard à Villeneuve-Saint-Georges ?
05:21Moi je n'ai pas du tout l'impression que son discours s'essouffle, quand on regarde...
05:25Sa stratégie première qui était d'aller dans les quartiers, vous vous souvenez, il y a que ça qui compte.
05:28C'est parce que sa stratégie à Jean-Luc Mélenchon elle se développe en plusieurs étapes.
05:31La première c'était celle des quartiers, il a bien vu qu'aux élections législatives il y avait les quartiers,
05:36qu'au municipal il y va y avoir, non pas un raz-de-marée, mais qu'il y aura en tout cas des villes,
05:41notamment de cette Saint-Denis, notamment dites de l'Est de l'Île-de-France, qui vont basculer dans la France Insoumise.
05:46Et là on verra qu'il y a une assise électorale de la France Insoumise dans ces quartiers-là.
05:50Donc la question elle est terminée dans ces quartiers, ils ne les perdront pas.
05:54Le sujet c'est d'aller dans d'autres sphères de l'hexagone pour aller chercher un nouvel électorat.
06:01Et cet électorat qui ensuite gagnera par la démographie.
06:04Donc c'est très bien qu'aujourd'hui les femmes immigrées ou étrangères font 2 à 3 fois plus d'enfants que les femmes françaises,
06:12et donc Jean-Luc Mélenchon il fait ce pari de la démographie.
06:14Mais la question qu'il faut poser c'est celle du consentement des populations.
06:18Aujourd'hui on a eu depuis 2 semaines un débat sur le sentiment de submersion migratoire.
06:22On a eu les chiffres de l'immigration hier matin qui nous montrent qu'on n'a jamais autant accueilli et qu'on n'a jamais fait autant peu d'enfants.
06:30On est à peu près à 1,6 enfants par femme.
06:34Donc on voit très bien que le consentement de la population n'a jamais été aussi faible quant à l'accueil massif d'immigration.
06:41Et c'est là où Jean-Luc Mélenchon finalement se trompe, c'est qu'il ne va faire que diviser.
06:46Et en effet, et c'est là où peut-être je rejoindrai Nathan, c'est une stratégie qui est très dangereuse,
06:51qui peut possiblement nous mener à la guerre civile parce que jamais, et c'est aussi le problème des macronistes,
06:57c'est qu'ils ne questionnent le consentement de la population.
06:59Il y a quelques mois, il y a eu le pacte Asie des migrations, vous vous souvenez, qui a été voté au Parlement européen
07:03et qui condamnait chaque état qui refusait un migrant dans la répartition à 20 000 euros d'amende.
07:08Et c'est tout ce sujet, c'est le consentement de la population à accueillir de nouvelles populations.
07:12Une réponse très courte, Nathan Devers pour conclure.
07:14Mais en un mot, je crois que Jean-Luc Mélenchon, quand il fait cela, il reprochait lui-même souvent à Emmanuel Macron et aux macronistes
07:22de reprendre des mots de l'extrême-droite, vous savez, en sauvagement, qui avaient pu donner selon certains, des civilisations, etc.
07:29Mais là, Jean-Luc Mélenchon, c'est ce qu'il fait en puissance XXL.
07:33Vous savez, d'ailleurs, l'histoire de son amitié, de sa relation avec Éric Zemmour est intéressante à cet égard.
07:38Il le désignait il y a quelques années comme un très brillant intellectuel, etc.
07:42Et il allait à son anniversaire, on connaît l'histoire.
07:44Et après, ils se sont brouillés avant une émission de télévision, tout en s'appelant, enfin bref.
07:48Tout ça montre bien que son pari est celui-ci.
07:51On ne peut pas prétendre lutter contre une force politique quand on désire, quand on fantasme, de se retrouver au second tour contre elle.
07:58C'est contradictoire, dans l'été.
08:00Et la France Insoumise, qui a donc déposé deux motions de censure contre François Bérou et son gouvernement,
08:06qui seront étudiées cet après-midi à l'Assemblée,
08:08sans les voix du Parti Socialiste et probablement sans celles du Rassemblement National.
08:12On va en parler dans quelques instants, restez avec nous.
08:14Jusqu'à quand est-ce que le Rassemblement National va maintenir, ne pas maintenir cette motion de censure, on en parle.
08:21Vous écoutez Reping, les 13h27, à tout de suite.

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