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Dans "Morandini Live" sur CNews, l’animateur Pascal Bataille évoque son combat contre le cancer

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00:00— Bonjour Pascal Bataille. — Bonjour, merci de m'inviter.
00:02— Merci d'être avec nous, Pascal. Vous venez nous parler de votre combat contre le cancer,
00:08un combat que vous avez révélé le 6 décembre dernier dans une vidéo, tout d'abord. Pourquoi avoir décidé d'en parler à ce moment-là ?
00:14— Alors surtout pas pour parler de moi, en fait, et pour me faire plaindre, mais pour essayer de me servir de ce qui m'arrive,
00:21pour faire passer un certain nombre de messages à la fois sur le cancer, sur la prévention de ce cancer,
00:27et notamment du cancer du poumon, qui est aujourd'hui pas assez dépisté précocement. Et il y a des nouveaux tests pilote
00:33qui vont dans ce sens. On en parlera peut-être, et qui me semblaient très intéressants et sur lesquels je voulais
00:39effectivement inciter les gens à se pencher. Et puis faire un petit peu de judo, comme je dis, avec cette maladie,
00:44puisque vous le savez, je suis très engagé dans la lutte contre la maladie de Charcot, la SLA. Je suis ambassadeur de l'ARSLA.
00:51Et les progrès qu'on a faits sur le traitement du cancer du poumon dont je suis atteint, je rêve qu'on fasse les mêmes sur la SLA.
01:00C'est possible. C'est juste une histoire d'argent. C'est juste une histoire de dons pour la recherche, parce qu'il y a des tas de gens
01:07extrêmement calés qui sont en train de chercher jour après jour des solutions à cette maladie qui est aujourd'hui incurable,
01:14qui est mortelle, vous le savez, à échéance 3 à 5 ans. — On en parlera avec Charles Viteri aussi.
01:19— C'est ça qui m'a poussé à témoigner sur mon petit cas personnel qui n'est pas intéressant en soi.
01:23— Oui. Enfin en même temps, c'est assez symbolique. Vous le savez bien que les personnalités connues, quand elles parlent de ce qui leur arrive,
01:28c'est toujours un symbole fort. Vous en avez parlé le 6 décembre dernier. Aujourd'hui, comment vous allez ?
01:33— Alors je vais aussi bien que possible. Merci. J'ai été opéré il y a 3 semaines après un traitement à l'automne et jusqu'en décembre.
01:43J'étais opéré. On m'a enlevé un lobe. On devait m'en enlever deux. Ils ont sauvé un. Donc c'est déjà une très bonne nouvelle.
01:49Comme vous le voyez, je me porte bien. Je fais de la rééducation pour récupérer mon souffle et ma capacité pulmonaire, etc.
01:56Mais je dois dire que que ce soit le traitement d'immunothérapie ou de chimiothérapie que j'ai très très bien supporté
02:02ou l'opération qui s'est merveilleusement passée, pour l'instant, j'ai une chance folle dans mon « malheur », entre guillemets,
02:09dans ce qui m'arrive, dans cette mésaventure. Et c'est aussi l'idée de témoigner de ça, que ça peut bien se passer, que ça se passe de mieux en mieux.
02:16Pas assez, malheureusement. Il y a 52 000 personnes qui sont atteintes du cancer du poumon chaque année.
02:21Il y en a encore plus de 30 000 qui en décèdent. Donc c'est beaucoup trop. Et le dépistage précoce pourrait permettre des gros progrès.
02:29— Ce qui n'a pas été le cas pour vous, hein, parce que ça a mis du temps. Enfin vous avez mis 9 mois.
02:33— 9 mois à le diagnostiquer. — 9 mois à le diagnostiquer. Quand on apprend ça, déjà, quand on vous l'annonce, comment on réagit ?
02:40— Alors je suis un mauvais exemple, parce que moi, j'ai toujours pensé... Je sais pas si ça vous est arrivé à tous de vous imaginer un jour malade.
02:48Peut-être que vous l'avez été, d'ailleurs. Et on a tous des proches. On se dit qu'est-ce que moi, je vais ressentir le jour où on va me dire...
02:56Et j'ai toujours été persuadé que j'allais m'écrouler, que j'allais m'effondrer au moins un moment, que j'allais imaginer le pire.
03:01Et en fait, quand on me l'a dit, j'ai été empli d'une sorte de calme et de sérénité totale. Je ne sais pas pourquoi.
03:08Et j'en suis qu'à moitié responsable. C'est comme ça que mon cerveau et mon organisme ont réagi. J'ai eu toute confiance dans ce que m'ont dit les médecins,
03:17qui m'ont pas fait de pronostic, d'ailleurs, mais qui m'ont dit que ça se soigne de mieux en mieux, on sait faire, il y a des protocoles, etc.,
03:24et on fera de notre mieux. Et je suis parti dans l'idée que moi, j'allais m'en sortir. Voilà.
03:29– C'est-à-dire qu'à aucun moment vous vous dites que ça peut être fatal ?
03:32– Si, bien sûr, bien sûr. Tous les jours, je me le dis que... – Aujourd'hui encore ?
03:37– Oui, parce que le problème de ces maladies qui sont assez vicieuses, c'est qu'on n'en sort jamais totalement, vous le savez bien,
03:43il y a des problèmes de récidive, etc., mais je veux pas... C'est pas que je sois dans le déni du tout.
03:49Je sais qu'il y a cette épée de Damoclès, que je peux mourir un jour de ce cancer du poumon ou d'une récidive,
03:55mais je ne me mets pas du tout dans cet état d'esprit, et je me mets dans l'état d'esprit de combattre,
04:01de me dire que je vais m'en sortir par le haut, et que je veux essayer de témoigner aussi aux gens qui vivent ça
04:08beaucoup plus seuls que je ne l'ai vécu. Moi, j'ai eu la chance d'être merveilleusement entouré par mes proches,
04:13ma famille, mes enfants, des tas d'amis, et toute la bienveillance des gens, effectivement, sur les réseaux sociaux,
04:18et c'est formidable, mais j'ai fait mon traitement de chimiothérapie, d'immunothérapie, avec des gens à côté de moi
04:24qui vivaient ça, qui rentraient seuls après la séance, après des heures d'injection, seuls chez eux,
04:31à devoir se faire la bouffe tout seuls, à devoir affronter les angoisses, le stress, etc.
04:37– Et je crois que vous avez voulu le faire avec eux, d'ailleurs, ce traitement, vous avez refusé d'être mis à part,
04:41dans une salle à part, en tant que personnalité, on a la possibilité d'être mis à part,
04:46et je crois que vous avez refusé, vous avez dit, je veux être avec eux.
04:48– Bien sûr, bien sûr, parce que d'abord, il n'y a pas de honte à avoir un cancer,
04:52donc je n'avais pas à me cacher de ça, et j'avais pas non plus à être privilégié,
04:57à avoir un traitement particulier, et puis j'avais envie de comprendre aussi
05:02comment les autres vivaient ça, et ça m'a permis d'échanger avec certains d'entre eux,
05:06et d'être soutenu aussi par certains, il y a des tas de gens qui vivent ça avec un moral d'acier,
05:12avec une résilience formidable, mais j'ai vu à quel point on peut être seul,
05:19et ça aussi, je pense qu'il y a le dépistage précoce,
05:23il faut arrêter les médecins généralistes de prescrire des radios qui ne servent à rien,
05:26il y a maintenant la solution des scanners à faible dose,
05:29qui permettent au contraire de voir des tumeurs très vite et très tôt,
05:33et puis il y a l'accompagnement des malades, une fois qu'ils sont malades,
05:37et effectivement sortir, si vous connaissez quelqu'un dans votre entourage,
05:41proche ou moins proche qui a un cancer, pensez à lui passer un petit coup de fil de temps en temps,
05:46parce que la solitude, c'est ce qu'il y a de pire dans ces moments-là.
05:49– Le docteur Ludovic Thoreau réagira à ce que vous dites dans un instant,
05:52mais une des questions qu'on doit se poser quand même,
05:55alors on pense sans doute à la mort, enfin j'imagine,
05:58on pense à la mort et on se dit je vais vaincre, mais on doit penser aux autres,
06:02et sans doute à sa famille, à ses proches, en se disant comment eux vont réagir,
06:05enfin je sais que moi je me dis, ce serait peut-être ma première réaction aussi,
06:08c'est de me dire, je n'ai pas envie de leur faire vivre des souffrances,
06:12je n'ai pas envie d'être un poids pour eux, je n'ai pas envie de tout ça.
06:14– Vous avez tout à fait raison Jean-Marc, et en fait on se doit aussi d'être fort pour les proches,
06:20je me suis rendu compte a posteriori, parce qu'évidemment,
06:22ils ont eu l'intelligence, la bienveillance de ne pas le montrer,
06:25mais qu'ils avaient été beaucoup plus inquiets pour moi que moi-même,
06:28pendant toute la phase de traitement notamment, et jusqu'à la sortie de l'opération,
06:32et effectivement le fait d'être fort, de leur montrer un bon moral,
06:37une joie de vivre, une envie d'être là et avec eux,
06:41je pense que c'était aussi quelque chose que je me devais, que je leur devais,
06:46parce que c'était un peu la contrepartie de la façon dont eux m'ont soutenu,
06:51leur montrer que bon, ça allait aller, ça allait bien se passer.
06:54– Et juste, alors question sans doute bête, excusez-moi,
06:57mais voilà, je vous pose des questions basiques.
06:59– Non, il n'y a pas de question bête.
07:00– Cancer du poumon, c'est forcément parce qu'on est fumeur ?
07:02– Non, pas forcément, mais je pense, le docteur pourra le dire mieux que moi,
07:08il paraît que 80% environ des cancers du poumon sont quand même dus à la fumée,
07:14actives la plupart du temps.
07:16– Vous étiez fumeur vous-même ?
07:17– J'ai été fumeur, mais j'avais arrêté il y a 23 ans.
07:19– Ah oui, d'accord.
07:20– Alors on m'avait dit, normalement vous en êtes sorti, mais manifestement non.
07:24– Docteur Thoreau ?
07:25– Il y a plein de choses à dire, un, rompre l'isolement, ça c'est primordial,
07:28et le fait que vous témoignez aujourd'hui, c'est aussi pour rompre ce…
07:30parce que des fois quelqu'un qui a un cancer s'en repisse sur lui-même,
07:33et quand vous n'avez pas autour de vous une structure familiale,
07:36en disant tout simplement, on peut en guérir, parce qu'on en guérit de plus en plus,
07:38vous parliez de l'immunothérapie, qui a été un truc extraordinaire,
07:41et qui guérit de plus en plus de cancers, ça c'est évident.
07:44Maintenant le cancer du poumon c'est vrai,
07:45à mon époque, quand je faisais mes études, 99% c'est les fumeurs,
07:48aujourd'hui on est 110, 80, ça veut dire qu'on a maintenant 20% des gens
07:51qui ont un cancer du poumon qui sont dus à autre chose que le tabac,
07:54et là on va parler de la pollution et tout ce qui va avec,
07:56mais on est très loin de trouver encore toutes ces choses qui font des cancers.
08:00Mais votre témoignage il est super, l'isolement, le courage,
08:03et surtout le fait qu'aujourd'hui les médecins travaillent beaucoup,
08:05et on découvre, mais là encore on découvre grâce aux privés,
08:09pas trop au public, et là on en parlera peut-être un autre jour,
08:11mais c'est vrai qu'il n'y a plus de recherche du tout du public,
08:13c'est que le privé qui gère ça.
08:15Et l'immunothérapie, il faut qu'on garde les molécules en France,
08:18parce que le jour où on enlèvera...
08:20Certains cancers n'ont pas possibilité d'avoir un traitement immunothérapique,
08:23parce qu'on ne nous le vend pas, et ça c'est une vraie problématique.
08:26Mais en même temps, Pascal Bataille, et je voudrais que Ludovic réagisse là-dessus,
08:30vous disiez, moi on a mis 9 mois pour découvrir ce que c'était,
08:35mais pourquoi ? Parce que ça a été compliqué à découvrir,
08:37ou parce qu'on n'a pas fait les bons examens ?
08:39Parce qu'on n'a pas fait les bons examens,
08:41mais je n'en veux absolument pas aux médecins généralistes,
08:43puis aux pneumologues qui m'ont suivi au début,
08:46il y avait des mauvaises pistes, et effectivement,
08:49le problème c'est que si vous ne faites pas tout de suite,
08:51enfin très vite l'examen, qui va permettre vraiment d'y voir,
08:54c'est-à-dire ce fameux scanner à faible dose...
08:57Mais c'est long 9 mois quand même, excusez-moi.
08:59Il y a eu aussi un peu sans doute de déni,
09:02ou en tout cas de négligence de ma part.
09:04On a pensé d'abord à la Covid, on a pensé à des allergies,
09:06on a pensé à du reflux gastrique, etc.,
09:09qui aurait provoqué des irritations.
09:11On m'a fait faire quand même une radio, à mi-chemin,
09:13la radio, on n'a rien vu,
09:15et on s'est éloigné du diagnostic du cancer.
09:19Le problème c'est que l'arrêt du poumon ne va pas être un critère de non-cancer,
09:22ça c'est clair.
09:23Quand on voit une image, c'est qu'elle est déjà costaud,
09:25et il faut la voir avant.
09:26Et la voir avant, c'est vrai qu'on va chercher d'autres choses
09:28avant de faire du poumon, c'est évident,
09:29mais maintenant il y a des marqueurs.
09:30Il y a des marqueurs du cancer.
09:32Vous étiez quand même à risque, parce que vous avez dû fumer beaucoup,
09:35on aurait pu s'orienter vers ça.
09:37Il ne faut culpabiliser personne dans cette chaîne-là.
09:40Je pense qu'il faut donner aussi les moyens à la médecine de faire tout ça.
09:43Parce qu'aujourd'hui on a un système de santé qui ne marche pas, d'accord ?
09:46Pour avoir un pneumologue, il faut je ne sais pas combien de rendez-vous.
09:48C'est la problématique d'aujourd'hui,
09:50on n'a pas vraiment accès à tout cela,
09:52alors que les progrès sont là.
09:53Alors qu'on a les progrès, on a tout pour le faire,
09:55et on risque d'être freiné pour des questions seulement budgétaires
09:58et décisionnelles au niveau du ministère de la Santé.
10:00– Pascal Bataille, vous parlez, vous osez briser un tabou,
10:03parce que pour certains le cancer c'est un tabou,
10:05et on a tous en tête Charles Biétry, qui a parlé il y a quelque temps,
10:09on revoit une des images là.
10:12Charles Biétry qui était face à la maladie de Charcot,
10:15c'était dans 7 à 8, et l'interview était bouleversante.
10:20Audrey Crespo-Marat qui l'a interrogée avec une voix qui avait été reconstituée,
10:23parce qu'il ne peut plus parler.
10:25Et c'est vrai que j'ai été surpris aussi,
10:27parce qu'en préparant l'émission vous avez dit,
10:29je veux à tout prix parler de la maladie de Charcot.
10:31Il y a moi et mon cancer du poumon,
10:33mais je veux à tout prix qu'on parle de la maladie de Charcot,
10:35dont souffre Charles Biétry.
10:37– Oui bien sûr, dont souffre Charles, et malheureusement…
10:39– Bien sûr, d'autres personnes.
10:41– 8000 cas effectivement en France,
10:43et 5000 décès chaque année, c'est beaucoup.
10:46Alors Charles est à un stade très avancé,
10:50et il plaide, et c'est très très important,
10:53et ce projet de loi, il faut un jour quand même qu'il soit voté,
10:56que nos parlementaires soient un petit peu sérieux,
10:58pour l'aide à la fin de vie.
11:01– Vous êtes en faveur ?
11:02– Oui, je pense qu'il faut pouvoir, sur ces 4 très précis,
11:06dont on sait qu'effectivement de toute façon,
11:08il n'y a pas d'autre issue que le décès,
11:10il faut laisser les personnes choisir du moment
11:12où elles en ont assez de souffrir,
11:14et d'être enfermées comme ça dans leur corps,
11:17de cette maladie qui est impitoyable,
11:19qui est la plus cruelle au monde d'après l'OMS.
11:23Mais évidemment que le combat pour la fin de vie,
11:26il est essentiel, il est très important,
11:28et des personnes comme Charles ou Olivier Goua, etc.
11:31le portent merveilleusement,
11:34mais il y a aussi le débat sur,
11:36et la question avant tout je dirais,
11:39du fait de trouver des solutions.
11:41Alors il y a des petits progrès sur les formes génétiques de la maladie,
11:44qui sont malheureusement les plus rares,
11:46à peine 10 à 15% de cette maladie est due à des causes génétiques,
11:50mais sur ces aspects-là, on fait des petits progrès,
11:53et même des progrès peut-être importants,
11:55on va le savoir dans quelques mois.
11:57Maintenant sur les autres formes,
11:59dont on ignore quasiment les causes,
12:03et bien il y a possibilité de trouver,
12:05avec l'intelligence artificielle,
12:07avec les échanges de plus en plus importants
12:09entre les pays, entre les chercheurs, etc.
12:12Mais tout ça c'est juste une question d'âme.
12:15Dernière petite question Pascal,
12:17qu'est-ce qui vous fait tenir aujourd'hui ?
12:20Mon amour de la vie,
12:22mon plaisir d'être avec vous,
12:24mon plaisir de mes proches,
12:26j'aime la vie.
12:28Il y a une jolie phrase que mon ami Loren,
12:30qui est atteinte de la maladie de Charcot,
12:32a mise comme nom de son compte Instagram,
12:34c'est « La vie est belle, et c'est là ».
12:36C'est un jaune mot sur S,
12:38sclérodatéral et nootrophique.
12:40La vie est belle, il faut rajouter de la vie au jour,
12:42quand on n'est pas sûr de rajouter des jours à la vie.
12:44Bon courage à tous ceux qui sont malades,
12:46qui nous regardent et qui se battent
12:48en ce moment contre des maladies.

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