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00:00On le disait, vous êtes arrivée huitième du Vendée Globe.
00:03Déjà, comment se passe la récupération ?
00:05On avait eu Charlie Dalin qui nous disait que ses nuits étaient agitées,
00:07se réveillant en pleine nuit au tout début pour ouvrir la fenêtre et vérifier ses voiles.
00:11Est-ce que vous, ça va ou c'est compliqué ?
00:13Moi, ça va. Non, c'est vrai que j'ai entendu cette histoire.
00:15Moi, j'ai tendance plutôt à dormir très profondément après les courses.
00:18Mais c'est vrai que pour l'instant, ça a été encore assez chargé
00:21avec pas mal de demandes médiatiques, etc.
00:23Donc, je n'ai pas encore pu faire une vraie grosse nuit
00:25comme j'aimerais avec une grosse grasse matinée.
00:28Mais voilà, ça va venir dans quelques jours.
00:30Bon, c'est pour bientôt.
00:31Donc, on le rappelle, vous êtes la première femme à avoir passé la ligne d'arrivée
00:35de ce Vendée Globe avec même un nouveau record féminin.
00:38Est-ce que c'est important pour vous d'avoir ce statut de première femme
00:41à passer la ligne d'arrivée ?
00:43Alors, c'est vrai qu'il n'y a pas de classement distinct sur le Vendée Globe.
00:46On court en mixte, on est un des rares sports dans lequel c'est le cas.
00:50Après, voilà, le fait d'être la première femme à passer la ligne,
00:52ça a une portée médiatique parce que c'est toujours quand même suivi,
00:55attendu par le public.
00:56Donc, ça a une importance pour mes sponsors.
01:00Principalement, je pense que ça permet de mettre le projet
01:03et leur soutien en avant.
01:04Et ce nouveau record établi aussi, c'est quelque chose qui compte à vos yeux.
01:09Un record que possédait Clarisse Crémert précédemment.
01:13Oui, je pense que c'est surtout...
01:15Voilà, ça marque un peu des étapes dans notre sport,
01:17dans l'évolution qu'il y a aussi.
01:20Mais c'est vrai que c'est aussi lié énormément à l'évolution
01:23de performance des bateaux qui continuent de se développer
01:25en termes d'architecture.
01:26Donc, c'est sûr qu'on va de plus en plus vite autour de la planète.
01:29Donc, c'est un peu dans la logique des choses que le record,
01:32voilà, soit battu d'édition en édition du Vendée Globe.
01:36On parle beaucoup aussi du fait qu'il y avait six femmes
01:38qui ont participé à ce Vendée Globe.
01:40Vous êtes d'ailleurs ambassadrice du projet Magenta.
01:42C'est un réseau solidaire de navigatrices qui promeut l'équité dans la voile.
01:47Votre résultat est aussi une caisse de résonance aussi
01:50pour la place des femmes dans le milieu de la voile.
01:53Oui, bien sûr.
01:53En tout cas, je pense que dans tous les sports et dans la société en général,
01:56c'est important d'avoir des modèles ou d'avoir des points de référence.
01:59Donc, quand il y a des femmes qui performent au haut niveau,
02:02voilà, on sait que c'est suivi par les jeunes navigatrices
02:05et par les femmes en général.
02:06Donc, voilà, c'est important qu'on soit de plus en plus.
02:09Je pense pour qu'il y ait de plus en plus de profils de jeunes femmes
02:12qui puissent s'identifier à différents profils de navigatrices
02:14et que les choses continuent d'évoluer dans le bon sens.
02:17Alors là, sur les images, on voit le moment de l'arrivée.
02:20Vous entrez dans le chenal.
02:22Il y avait des milliers de spectateurs venus vous acclamer.
02:25C'était comment ce moment après plus de deux mois en mer toute seule
02:29où on voit des milliers de gens venus vous attendre ?
02:32C'était un moment très fort et avec vraiment une super atmosphère.
02:37Voilà, c'est vrai que c'était surprenant pour moi de voir autant de public.
02:40Je ne m'y attendais pas du tout.
02:42Et puis, c'est venu très vite parce qu'en fait, je passe la ligne
02:44et j'ai à peu près une demi-heure pour rentrer dans le chenal
02:46avant qu'il n'y ait plus la possibilité avec la marée.
02:49Donc, il a failli vraiment se dépêcher avec mon équipe
02:52pour aller le port, donc voilà, il n'y a pas eu trop le temps de réfléchir.
02:55Mais c'est vrai que voilà, on voit, il y avait un super engouement,
02:58une super ambiance et ça faisait vraiment chaud au cœur
03:00de voir autant de monde qui s'est déplacé pour accueillir les bateaux
03:03qui rentraient ce jour-là.
03:05Là, ce moment, c'était la délivrance pour vous,
03:07mais la course a été très stressante jusqu'au bout,
03:10car il y avait une vraie bataille pour le top 10 avec Sam Goodchild
03:13qui arrivait juste après vous.
03:15Comment vous avez vécu ces derniers moments de course ?
03:17Est-ce que vous avez un instant pour vous,
03:20pour faire redescendre la pression et vous dire
03:23ça y est, mon Vendée Globe est terminé ?
03:24Ou alors c'est vraiment jusqu'à la dernière seconde
03:27où vous passez la ligne et vous êtes sous pression ?
03:29C'était quasiment jusqu'à la ligne.
03:30Je dirais peut-être jusqu'à une vingtaine de minutes
03:32avant le passage de la ligne,
03:33parce que voilà, effectivement, Sam Goodchild était très proche de moi.
03:36Il finit 25 minutes derrière et puis on naviguait à ce moment-là
03:39dans des conditions assez instables avec soit pas du tout de vent,
03:42soit beaucoup de vent.
03:43Et voilà, juste, je pense, les dernières minutes où je me dis bon là, c'est bon,
03:46j'ai assez de vent et je suis assez proche de la ligne
03:48pour aller la passer tant que j'ai de la pression.
03:51Voilà, là, j'ai pu finalement relâcher un peu et puis profiter.
03:54C'était un joli dernier bord avec le bateau où ça glissait bien, ça allait vite.
03:57Et puis du coup, voilà, j'ai pu profiter de ce dernier moment avec mon bateau.
04:01Là, on revoit des images où vous étiez sur votre bateau,
04:03donc pendant la course, toute seule en mer.
04:05Jusqu'ici, vous n'aviez passé que 22 jours toute seule en compétition.
04:08Là, c'est plus de deux mois.
04:10Comment vous avez vécu cette longue période de solitude ?
04:13Est-ce que vous avez appris des choses sur vous ?
04:15C'était déstabilisant ?
04:17Au final, ça se fait assez naturellement.
04:18C'est vrai que quand on passe l'étape de ce qu'on connaît,
04:22il y a une part d'inconnu, mais au final, les jours sont bien remplis.
04:26Ça s'enchaîne les uns après les autres.
04:28Et puis, je ne sais pas si je pourrais dire que j'ai vraiment changé
04:32ou que j'ai vraiment appris des choses sur moi.
04:33Mais par contre, c'est vrai que de passer plus de 75 jours en mer,
04:37ça permet d'accumuler une expérience de navigation qui est énorme.
04:40Donc en tout cas, j'ai l'impression d'avoir vraiment progressé en termes
04:44toujours de navigation, de connaissance de mon bateau, de performance,
04:46d'apprentissage météo aussi, parce que c'était la première fois
04:49que je faisais un tour du monde toute seule.
04:51Donc, il y a plein de choses qui étaient nouvelles.
04:54Et puis, voilà aussi en technique, parce que sur un Vendée Globe,
04:58on passe beaucoup de temps en mer.
04:59Donc, il y a naturellement des choses qu'il faut,
05:01des petits problèmes qu'il faut régler sur le bateau.
05:03Donc voilà, c'était intéressant aussi pour ça.
05:05Donc, l'objectif a été rempli.
05:06Le bilan est largement positif pour vous ?
05:08Oui, le bilan, il est positif.
05:09Je pense qu'on a vraiment coché les cases qu'on attendait.
05:13Moi et mon sponsor avant le départ, en termes de résultats,
05:17en termes de manière dont le projet a été mené depuis le début
05:22jusqu'à ce Vendée Globe, qui est quand même un aboutissement
05:24de trois ans de travail pour moi et toute mon équipe.
05:28Donc voilà, c'est vraiment positif.
05:30Qu'est-ce qui a été le plus compliqué ?
05:33Il y a plein de choses qui sont compliquées.
05:34Il y a plein de moments...
05:36Le temps dur !
05:37Le temps dur, je dirais pour moi, ça a été vraiment sur la fin de course.
05:40Depuis le Cap Horn, on a vraiment eu une remontée de l'Atlantique
05:43qui a été compliquée, alors que normalement, on s'attend...
05:44On se dit que c'est la fin des mers du Sud et que les choses vont plutôt...
05:46On se dit que le Cap Horn, c'est le pire et en fait, ce n'est pas le pire.
05:49On se dit que toute la période des mers du Sud, on est très proche de l'Antarctique
05:51et dans les zones où les vents soufflent très fort,
05:53où il n'y a pas de barrière pour les vagues non plus,
05:55normalement, c'est là où on est un peu le plus exposé.
05:57Mais tout le groupe dans lequel je naviguais,
05:58on a eu des conditions assez dures aussi sur les trois semaines
06:01de remontée de l'Atlantique, avec encore des conditions très fortes
06:04les quelques jours avant l'arrivée.
06:05Donc voilà, ça n'a pas été de tourpeau vraiment jusqu'à la fin
06:09et c'est ça qui est peut-être un peu dur à gérer quand psychologiquement,
06:12on ne s'est pas forcément préparé à ce que ce soit aussi dur
06:15sur un certain tronçon de la course.
06:17Il peut y avoir un moment de découragement ?
06:20Oui, ça peut arriver.
06:22Je pense que c'est bien sûr sur une durée aussi longue de la course,
06:24c'est difficile d'avoir le moral en haut tout le temps.
06:28Après, voilà, c'est ce qui fait l'intérêt de notre sport aussi.
06:30Le mental, c'est une grosse partie et d'arriver à trouver les ressources
06:33quand des fois, c'est plus compliqué à se dire que de toute manière,
06:37c'est un peu comme dans la vie, les choses finissent toujours par s'améliorer,
06:40par évoluer.
06:40Donc, il faut garder le moral et toujours essayer de faire au mieux avec ce qu'on a,
06:44même si des fois, le bateau, il n'est plus aussi performant qu'au moment du départ.
06:48Et puis, ça finit par aller.
06:51Merci Justine, bravo en tout cas pour votre huitième place au Vendée Globe.
06:55Alors, on ne vous dit pas rendez-vous dans quatre ans
06:57parce que vous ne savez pas encore si vous allez faire ce Vendée Globe,
07:00mais on vous souhaite bonne chance pour tous les projets.
07:01Et nous, en tout cas, on espère vous revoir.