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00:00Effectivement, cette médaille d'argent remonte déjà à quasiment 5 mois lors des Jeux Paralympiques de Paris.
00:07Est-ce que vous y pensez encore, à ces Jeux Paralympiques, à cette médaille, ou ça vous semble encore tellement loin désormais ?
00:13Un petit peu des deux. C'est vrai que j'ai l'impression que c'était il y a des années. Mais d'un autre côté, on en parle encore tous les jours.
00:19D'ailleurs, jusqu'à très récemment, la sonnerie de l'école où je travaille était la musique, le jingle des Jeux.
00:26Donc j'avoue que ça fait un petit pincement au cœur.
00:29J'imagine qu'en tant qu'athlète de haut niveau, désormais, on est en 2025, vous vous projetez vers les prochains objectifs.
00:36Quels sont vos objectifs, justement, pour cette année ?
00:39Mes objectifs à court terme, cette année, ça va être vraiment le sport passion.
00:43Donc j'ai pratiqué beaucoup plus pour le plaisir, notamment en kayak de slalom,
00:48donc une discipline qui n'est pas aux Jeux Paralympiques, mais que j'affectionne particulièrement.
00:52Et puis ensuite, ça va être de me projeter sur les Jeux Paralympiques de Los Angeles.
00:55Et là, en fait, cette année, comme il n'y a pas de compétition phare comme les Jeux Paralympiques, par exemple,
01:01justement, c'est l'année pour faire des tests, pour faire des expériences.
01:04Donc j'ai envie de profiter à 100%.
01:06Avec les championnats d'Europe aussi, vous avez cet été.
01:08Tout à fait. J'ai les championnats d'Europe cet été.
01:09Si je suis qualifiée, il y a aussi les championnats du monde qui arrivent fin août.
01:12Donc bon, je suis compétitive, donc j'aurais quand même envie d'aller chercher des médailles sur ces compétitions.
01:17Alors là, on parle de la fête des Jeux Paralympiques, mais il y a une annonce qui est mal tombée dernièrement pour le sport français.
01:25C'est la volonté du gouvernement de réduire le budget du sport de 33%, plus de 100 millions d'euros.
01:29Il y a eu plus de 400 athlètes qui ont fait une tribune pour dénoncer cela.
01:34Vous, en tant qu'athlète de haut niveau, comment vous avez accueilli cette nouvelle ?
01:37Alors, c'est vrai que la pilule a été un peu difficile à avaler.
01:40On était tous et toutes très contents, très heureux des résultats qui ont été faits à Paris cette année.
01:46On était absolument convaincus que ça allait être un boost, que ça allait être un héritage, justement,
01:50que ça allait permettre aussi au club, là où tout commence, de pouvoir se développer encore plus,
01:54de pouvoir amener la prochaine génération sur les Jeux de Los Angeles et les Jeux de Brisbane.
01:57Et finalement, c'est vrai qu'on était tous surpris.
01:59Donc, on est tous un peu en questionnement sur comment on va financer nos saisons,
02:02sur comment les clubs aussi vont pouvoir suivre, parce que c'est aussi de l'acné, ce sont les athlètes.
02:07Donc, on est un petit peu en questionnement, mais on se mobilise au maximum, toutes et tous,
02:13pour pouvoir pallier à ces manques de subventions.
02:17Qu'est-ce que cela peut avoir comme conséquence, le fait que les budgets dédiés au sport diminuent ?
02:22Alors, il y a énormément de conséquences, notamment sur la préparation.
02:24Donc, une préparation olympique et paralympique, c'est sur quatre ans.
02:27Ça demande énormément d'entraînement, donc physique, mais aussi de l'entraînement mental.
02:32C'est des déplacements sur des stages, des compétitions.
02:35C'est aussi de la récupération, du kiné, du matériel très spécifique,
02:39surtout pour les athlètes paralympiques, donc par exemple sur des prothèses, sur des fauteuils.
02:43Et donc, c'est beaucoup d'aides qui vont être coupées et qui ne vont pas permettre à certains athlètes
02:48de pouvoir bénéficier des aides qu'on avait avant les Jeux de Paris.
02:52Et qui ont permis d'avoir d'excellents résultats sur les Jeux de Paris.
02:54Alors, cette semaine aussi, il y a l'opération Sport féminin toujours de l'ARCOM,
02:58pour évoquer la place du sport féminin dans les médias.
03:01Quel est votre ressenti en tant qu'athlète paralympique ?
03:05Vous avez participé aussi aux championnats du monde, d'Europe.
03:08Est-ce que vous avez senti une progression, ces dernières années, sur la place du sport féminin dans les médias ?
03:13Alors, j'ai senti une évolution, peut-être aussi parce que je m'intéresse au sport féminin.
03:17Je dirais qu'aujourd'hui, on entend de plus en plus parler de grandes athlètes féminines.
03:22Je pense notamment à Tess Le Deux, qui a été medallée sur les X-Games il y a quelques jours.
03:26Et qui devient l'athlète la plus titrée sur les X-Games.
03:28Et de plus en plus, j'entends parler autour de moi, de Cassandre Beaugrand, de Marie Patouillet, de Romane Dicot.
03:34Des athlètes qui ont tendance à s'étendre de plus en plus.
03:37Après, c'est vrai qu'aujourd'hui, je crois que l'athlète féminine, la préférée des Français,
03:42reste Laure Manodou, qui est à la retraite depuis un certain temps.
03:44Mais voilà, ça reste quand même une grande figure du sport français.
03:47Et j'espère que de plus en plus, les athlètes actuels vont aussi marquer les esprits chez les Français.
03:52— Alors, est-ce qu'en 2025, aujourd'hui, est-ce que c'est toujours difficile pour une femme dans le milieu du sport
03:58de s'imposer, de trouver des structures adaptées, des clubs, des associations ?
04:01— Alors, c'est vrai que c'est pas évident. Ça reste quand même des milieux majoritairement masculins.
04:06Donc on a besoin de s'imposer. Personnellement, c'est vrai que le sport, ça m'a vachement fait forger.
04:10Ça m'a appris à m'exprimer vachement plus, à exprimer mes volontés aussi.
04:16Donc voilà, je vais me battre tous les jours pour pouvoir exprimer mes volontés.
04:19Je sais qu'aujourd'hui, une femme, elle a un petit peu plus de mal à se faire sa place, parce que c'est un sport...
04:24Enfin ça reste un milieu relativement machiste, malheureusement, d'encore beaucoup de sports.
04:29Mais voilà, on ne se laisse pas abattre. Et je pense que petit à petit,
04:34les futures générations vont aussi suivre la trace des championnes actuelles.
04:37— Et comment faire pour lutter contre cette tendance machiste, comme vous l'avez dit ?
04:41C'est quoi les résultats qui peuvent inverser cette tendance ?
04:45C'est les dirigeants, un changement de dirigeant, plus de présence féminine ?
04:49— Je pense que les résultats sont là. Et la preuve, lors des Jeux, on a fait de super résultats,
04:54notamment aussi chez les féminines. Je pense que la place des médias, c'est très importante.
04:58On a besoin de voir des femmes à l'écran, de montrer des exploits. C'est vrai qu'il y a beaucoup...
05:02Notamment sur les réseaux sociaux. Et c'est un réseau social qui est très en vogue actuellement,
05:07qui est TikTok par exemple, où on voit beaucoup de jeunes personnes dirent « Ah bah ouais, mais bon,
05:11le sport féminin, c'est facile. Moi, je ferais mieux ». Bah je suis pas certaine.
05:15Et le fait de montrer des images de sport féminin, ça montre qu'en fait, on s'entraîne autant que les hommes
05:19avec autant de volonté. Et on fait des performances au même niveau que les hommes,
05:26mais avec nos capacités physiques.
05:28— Il y a aussi une spécificité qui touche le parasport. C'est que quand on regarde les délégations
05:32aux Jeux olympiques, il y avait quasiment la parité entre les hommes et les femmes.
05:36La délégation paralympique avait que 35% de femmes. Comment est-ce qu'on peut l'expliquer ?
05:40Est-ce que ça vient d'en bas de l'échelle ? C'est-à-dire que c'est difficile d'accéder au club
05:45et du coup difficile de pratiquer le parasport en tant que femme ?
05:49— Alors il y a beaucoup de facteurs qui peuvent expliquer ce phénomène. Mais il y a un facteur
05:53qui est assez important. C'est qu'il y a plus de personnes en situation de handicap chez les hommes
05:57que chez les femmes, parce qu'en fait, on mesure un taux d'accidentologie plus important chez les hommes.
06:01Et donc forcément, statistiquement, il y a plus d'hommes en situation de handicap qui pratiquent du sport,
06:08mais aussi parce qu'il y a cette image du corps de la femme qui doit être féminin, qui doit être élégant.
06:12Et il y a beaucoup de femmes qui ont aussi du mal à accepter leur handicap.
06:15Mais je pense que le sport, ça passe aussi par ça. Ça passe par accepter son corps,
06:19par justement démonter ces stéréotypes et ces clichés qu'on veut avoir de la femme.
06:24Et c'est pour ça que j'encourage toutes les femmes à pratiquer le sport qu'elles veulent,
06:28pas forcément pour la compétition, mais aussi pour s'accepter et s'insérer dans la société.
06:33– Eh bien, merci Nélia Barbosa d'être intervenue sur le plateau de France 24.
06:38On vous souhaite évidemment bonne chance pour cette année
06:40avec le début de la préparation pour les Jeux Paralympiques de Los Angeles.
06:44– Merci beaucoup.
06:44– Merci Nélia Barbosa et vive le canoë.
06:46Merci également à Cédric Ferreira, c'était le journal des sports sur France 24.