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Gabrielle Cluzel dénonce une «politique de l'excuse», sur CNEWS

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00:00Alors, c'est simple, je pense que ceux qui nous regardent l'ont déjà remarqué.
00:05Il y a un triptyque qui sert de clé de voûte à la politique de l'excuse.
00:10Alors, le premier pied, on parle de précarité, de pauvreté.
00:14Après, on parle d'oisiveté.
00:16On se souvient que c'était ainsi qu'Emmanuel Macron avait expliqué les émeutes de juin 2023.
00:22Et puis, l'argument des maires isolés constitue le dernier pied de ce triptyque.
00:27Et dimanche soir, j'étais très frappée parce qu'une controverse a opposé sur Europe 1
00:32le criminologue Alain Bauer et la journaliste bien connue de CNews, Véronique Jacquier.
00:36Alors, je me permets de parler d'elle parce qu'elle m'a autorisé à le faire.
00:40Un élément un peu personnel.
00:41Elle élève seule son fils, son adolescent, qui a perdu son père.
00:46Le père est mort.
00:47Et c'est elle qui connaît les réalités de cette vie.
00:50Et paradoxalement, elle s'est opposée à Alain Bauer en disant que cet argument
00:55de la mère célibataire dépassée faisait partie de la politique de l'excuse.
00:59Elle en connaît donc, encore une fois, le vrai rapport à la réalité.
01:03Quand Alain Bauer prétendait, au contraire, qu'il fallait excuser ces mères célibataires dépassées.
01:11Alors, vous savez, au départ, des argumentaires spéciaux, il y a toujours une idée juste.
01:16Et il n'y a pas besoin d'être sorti de la cuisse de Jupiter, j'allais dire.
01:19Non, de Polytechnique, en l'occurrence.
01:21Macron n'a rien à voir là-dedans.
01:24Rien à voir.
01:25Pour comprendre que la pauvreté est une difficulté,
01:29que l'oisiveté est la mère de tous les vices, c'est même un proverbe,
01:33et qu'il y a des fragilités dans une famille monoparentale, comme on dit,
01:38et que ce n'est pas un chemin jonché de roses.
01:41Sauf que ce psytachine devient finalement insultant.
01:44Parce que non, tous les parents modestes n'ont pas des enfants délinquants.
01:50Il n'y a pas de fatalité, il n'y a pas de prédestination.
01:52Et du reste, la fierté de beaucoup d'entre eux est de les avoir élevés dans l'honnêteté, précisément.
01:59On peut dire la même chose de l'oisiveté.
02:01À la campagne, il y a beaucoup de jeunes qui n'ont pas d'infrastructures rutilantes,
02:06des bibliothèques, des piscines, que sais-je encore,
02:09et qui pourtant trouvent à s'occuper, qui ne sont pas dans l'oisiveté.
02:12Mieux encore, ils ne les brûlent pas ensuite.
02:15Et puis, s'agissant des mères seules élevant leurs enfants,
02:19eh bien, j'en connais qui se donnent un mal de chien pour les élever correctement
02:24et qui ne supportent pas cette excuse facile.
02:28J'ai même vu sur Rix un anonyme qui témoignait pour sa mère,
02:31qui disait, ma mère, mère célibataire, à l'époque, on appelait ça une fille-mère,
02:35c'était un peu péjoratif.
02:37Eh bien, rajoute-t-il, je ne suis pas pour un temps un délinquant, loin s'en faut.
02:41Donc, on voit que cela atteint précisément ces mères-là.
02:45Et puis, rappelons aussi, en remontant un peu dans l'histoire,
02:49que la Grande Guerre a laissé 650 000 veuves en France
02:55et 805 000 orphelins.
02:58Alors, s'ils avaient tous été délinquants,
03:00même s'ils avaient été majoritairement délinquants,
03:03évidemment, ça se saurait.
03:04À une époque où, en plus, il y avait moins de filets et d'aide sociale.
03:07Alors, d'aucuns me diront, parce que c'est ce que j'entends aussi,
03:10c'est vrai et ce n'est pas faux,
03:12que ces familles endeuillées avaient quand même une figure tutélaire du père,
03:15une photo posée sur le buffet, en uniforme, avec la décoration à côté.
03:20Mais on pourrait répondre aussi que cela montre que, pour se construire,
03:24les enfants ont besoin d'une figure d'un héros,
03:27d'un héros qui a disparu des livres d'histoire,
03:30et pas d'un anti-héros, comme on en voit la plupart du temps dans le cinéma.
03:35Et puis, alors, ce qui est assez troublant aussi,
03:38c'est que cette dame que vous avez citée, elle est magistrate.
03:41Je rappelle que c'était elle qui est juge.
03:43On comprend le lien avec le sujet initial.
03:45C'est une femme de gauche résolue.
03:48Elle a défendu Jean-Luc Mélenchon pour sa campagne présidentielle,
03:51pas la dernière, mais une autre un peu avant.
03:54Enfin, en tout cas, pas que je sache pour la dernière.
03:56Et c'est étonnant, quand on est de gauche,
03:59d'offrir le visage d'une femme qui ne serait finalement qu'une petite chose fragile,
04:05dépassée, sans le père, sans l'autorité du père,
04:09comme si le patriarcat était utile.
04:12On peut se dire que ce n'est pas très féministement correct.
04:15N'y a-t-il pas des non-dits derrière cet argument ?
04:18Et quels sont-ils ?
04:20Oui, déjà, on peut dire que ce discours déresponsabilisant
04:23ne correspond à aucune règle de droit.
04:25Vous êtes responsable de votre enfant mineur, et c'est tout.
04:27Ces mères célibataires ne sont pas des personnes sous tutelle.
04:31Elles ne sont pas mises sous tutelle.
04:33Elles sont évidemment responsables.
04:35Et cet argument, je crois, que nous avons évoqué tout à l'heure,
04:38est assez condescendant et participe de l'impunité.
04:41Mais surtout, il y a, et vous le savez, c'est le sujet principal de tabou,
04:48il y a un non-dit, c'est celui de l'immigration.
04:51En réalité, on sait qu'en filigrane derrière, on parle,
04:54ou ces gens qui évoquent cette excuse de la mère célibataire
05:00ont dans la tête, pensent aux femmes issues, aux mères issues de l'immigration.
05:06Elles les imaginent plus démunies que les autres,
05:09mais elles ne disent pas pourquoi.
05:11On ne veut pas dire pourquoi.
05:13Parce que l'argument que je connais,
05:15elles se lèvent tôt le matin à 4h, et c'est vrai, c'est méritoire,
05:18pour aller faire le ménage, c'est un peu l'argument récurrent, encore une fois.
05:22Eh bien, ça ne fonctionne pas, ou en tout cas pas seulement,
05:26puisque les infirmières, les ouvrières, les sages-femmes,
05:30les femmes de ménage aussi, évidemment,
05:33font le 3-8 depuis bien longtemps,
05:35et avec, de fait, des difficultés d'organisation,
05:38pour la garde des enfants, mais ce n'est pas cela.
05:41Il y a évidemment, et ça, c'est totalement interdit de le dire,
05:45des facteurs liés au déracinement et à la civilisation d'origine
05:50qui rendent cette autorité maternelle compliquée.
05:52Et je vous renvoie à l'excellent livre d'Emmanuel Todd,
05:55je ne sais pas si vous connaissez, Où en sont-elles ?
05:57où il parle de la condition des femmes dans le monde
06:00et de leur lien avec la société et le modèle de famille,
06:05la structure de famille.
06:06Alors, on n'a pas le droit d'en parler,
06:07parce qu'il est convenu de considérer que tous les hommes sont interchangeables,
06:10vous savez, et les femmes, du reste.
06:12Ce sont des feuilles blanches, on ne tient pas,
06:14on fait comme s'ils n'avaient pas vécu de civilisation,
06:18de passé, d'histoire, et même de structure familiale
06:21qu'ils continuent à perpétrer par une communautarisation
06:25croissante sur notre sol.
06:26Donc, ils ne font pas en parler.
06:27Eh bien, la structure familiale traditionnelle
06:29que l'on connaît, par exemple, en Afghanistan,
06:33en Iran, en Azerbaïdjan, en Pakistan,
06:36c'est une famille communautaire endogame.
06:39Et c'est vrai que dans ces familles-là,
06:41eh bien, il arrive, et plus souvent qu'on le dit,
06:46que l'héritage d'une femme soit la moitié de celle d'un homme,
06:51que le témoignage d'une femme ne vaille pas celui d'un homme,
06:55qu'elle soit soumise, mariée de force,
06:58qu'elle soit sous la tutelle de leur père,
07:01puis de leur frère, etc.
07:03Et c'est évident que pour certaines mères,
07:05avoir un surplomb nécessaire pour avoir de l'autorité
07:09sur leur fils n'est pas évident dans ces conditions.
07:15Et en réalité, personne ne veut évoquer tout cela,
07:20et personne ne veut évoquer l'idée que cette importation
07:23de ces modèles familiaux extrêmement différents
07:26de ces structures familiales tout à fait autres sur notre sol
07:29auront des conséquences sur notre vie à tous,
07:32sur la condition féminine.
07:34Et vous êtes priés de croire que tout réfugié
07:37venant, je ne sais pas, moi, d'Afghanistan,
07:41a adhéré absolument en passant la frontière
07:43par l'opération du Saint-Esprit au livre
07:45de savoir-vivre de Caroline de Haas,
07:47vous savez, qui est notre nouvel baronne-staff,
07:49et de penser toute autre chose serait extrêmement suspect.

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