Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement National, député du Nord, était l'invité du Grand entretien ce mardi. Il estime que son parti "a gagné depuis très longtemps la bataille idéologique" sur l'immigration. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-28-janvier-2025-9055774
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le vice-président du Rassemblement National,
00:09député RN du Nord, vos questions, vos réactions au 0145 24 7000 et sur l'application Radio
00:18France.
00:19Sébastien Chenu, bonjour.
00:20Bonjour monsieur.
00:21Bonjour.
00:22Et bienvenue sur Inter.
00:23Beaucoup de questions à vous poser ce matin sur le budget qui arrive à l'Assemblée
00:27Nationale, sur le narcotrafic, sur la remise en chantier de la réforme des retraites.
00:32Mais d'abord, cela fait une semaine maintenant que Donald Trump a pris le pouvoir aux Etats-Unis.
00:39Il a pris, vous le savez, une centaine de décrets déjà sur l'immigration, sur les
00:45droits de douane.
00:46Hier, décret pour abolir ce qu'il appelle l'idéologie transgenre dans l'armée.
00:52Il assume une proximité avec les milliardaires de la tech.
00:57Comment avez-vous trouvé ces premiers pas ? Vous les avez trouvés réussis ?
01:00Bon, d'abord, les Etats-Unis, ce n'est pas la France.
01:03Donc, on regarde ça, nous, avec nos yeux de Français et d'Européens, en sachant
01:08que c'est une société qui a des repères très différents sur les libertés, le poids
01:12de la religion, etc.
01:13Je pense qu'il faut poser ça avant de regarder ce que fait Donald Trump.
01:18Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a démontré que ses actes suivaient ses paroles.
01:23Il démontre, en tous les cas, une certaine forme d'immédiateté dans les décisions
01:30qu'il prend, de rapidité et une certaine forme de volontarisme politique.
01:35C'est un modèle sur le style ?
01:36Non, ce n'est pas un modèle.
01:38Non, non, non.
01:39Je ne considère pas que Donald Trump soit un modèle.
01:41Il correspond bien, probablement, à la société américaine.
01:43Je pense que ce qui est intéressant, c'est qu'il réactive l'idée que le politique
01:49peut obtenir des résultats.
01:51On verra lesquels, on verra s'il va jusqu'au bout.
01:52Mais il active ça qui est, je pense, très important parce que chez nous, on a un peu
01:56le phénomène inverse, on a le sentiment que le politique est très dépossédé de
02:00capacité à obtenir des résultats, que les décisions se prennent ailleurs.
02:03Trump dit, je prends une décision, elle est suivie, elle est immédiate, elle est suivie
02:07de conséquences immédiates.
02:08Sur les décisions, il a prévenu qu'il était sérieux dans son intention d'annexer
02:12le Groenland.
02:13Il a eu une conversation tendue avec la première ministre danoise, puisque le Groenland appartient
02:17au Danemark.
02:18Plusieurs dirigeants européens proposent d'envoyer des troupes européennes pour faire
02:21face aux menaces de Trump.
02:22Qu'en pensez-vous ? Il faut envoyer des troupes au Danemark, au Groenland, si jamais
02:27ils veulent envahir ?
02:28Bon, on n'en est pas là.
02:29Et moi, je pense que Donald Trump, on le sait, joue beaucoup aussi sur le verbe, immédiatement,
02:35pour impressionner.
02:36Mais s'il le faisait ? Il l'a dit, je suis très sérieux, il a appelé la première
02:39ministre danoise.
02:40Ce n'est pas un effet d'estrade.
02:41Il est évident que ce n'est pas acceptable qu'un État démocratique se fasse spolier
02:48finalement d'une partie de son territoire.
02:50Ce n'est pas acceptable et je pense qu'il faut être capable aussi de lui dire.
02:53Mais Donald Trump, je note aussi, lorsqu'il a été président dans le passé, n'a pas
02:58été un homme de conflit.
02:59Il n'y a pas eu de guerre sous Donald Trump.
03:01Donc voilà, je pense qu'il joue des rôles aussi.
03:04Maintenant, il connaît bien l'appareil d'État américain, il connaît bien, il a une expérience
03:08qu'il n'avait pas avant.
03:09Ce en quoi il est aussi un partenaire, parce que les États-Unis restent un pays ami, partenaire,
03:15extrêmement difficile à contrer.
03:18Moi, je considère que Donald Trump, au-delà des États-Unis, les États-Unis vivent avant
03:24et vivront après Donald Trump, Donald Trump est un partenaire qui va être excessivement
03:31difficile pour la France et l'Union Européenne.
03:32Surtout s'il ouvre une guerre économique avec nous, qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:35C'est bien ce que je dis.
03:36Par exemple, s'il augmentait les droits de douane contre les pays européens, il faut
03:39tendre l'autre joue ou il faut immédiatement augmenter les droits de douane aussi ?
03:42Je pense qu'il faut aussi montrer à Donald Trump qu'on sait résister.
03:47Et le problème, c'est qu'on prend le chemin inverse.
03:49Quand je vois ce que fait l'Union Européenne, par exemple, sur l'industrie automobile,
03:53on va non seulement abîmer notre filière en obligeant les Français et les Européens
04:00à aller vers le tout électrique très rapidement, on n'en a pas les moyens, ça coûte très
04:03cher, etc., mais on est en train de subventionner des structures industrielles étrangères
04:08et américaines qui sont concurrentes des nôtres.
04:11Donc je pense qu'il y a quand même la nécessité de se réveiller.
04:14Donald Trump doit être finalement le révélateur et peut-être le révélateur aussi de nos
04:19faiblesses et ça peut nous inviter à nous réveiller.
04:22Il a annoncé, Sébastien Chenu, que les Etats-Unis allaient geler leur aide étrangère pendant
04:27au moins trois mois, ça exclut l'Egypte et Israël, mais pas l'Ukraine.
04:32Alors que doit-on faire ? Vous dites qu'il ne faut pas tendre l'autre joue.
04:37Que doit-on faire, nous, Européens ? Augmenter notre aide à proportion à l'Ukraine ou
04:42laisser se débrouiller ?
04:44Non, mais l'idée n'a jamais été de laisser se débrouiller l'Ukraine et je pense qu'on
04:46a démontré qu'on ne laissait pas l'Ukraine se débrouiller.
04:49L'idée, c'est quand même de reprendre des initiatives diplomatiques.
04:52Sincèrement, on a le sentiment que ça bouge un petit peu de ce côté-là, que ce soit
04:56côté russe ou côté ukrainien.
04:57On a quand même le sentiment que les deux pays arrivent un peu au bout d'un chemin
05:00et qu'ils ont plutôt envie, d'après ce que je comprends, ce que je vois de loin,
05:05de sorties diplomatiques, ce qu'on a toujours plaidé, nous.
05:08On a toujours indiqué qu'où c'était la guerre de 100 ans, on s'enlisait pour très
05:12longtemps ou alors il fallait prendre des initiatives diplomatiques.
05:16Là encore, j'aimerais que la France prenne des initiatives diplomatiques avec peut-être
05:19des pays qui sont capables de parler à tous, en mettant dans le coup des pays qui sont
05:23capables de parler à tous.
05:24Je pense par exemple à l'Inde, qui est un pays qui peut être un médium intéressant.
05:29En Allemagne, Elon Musk s'est invité au congrès du parti d'extrême droite AFD en
05:34pleine campagne législative, appelant les Allemands à voter pour l'AFD qui va sauver
05:37l'Allemagne et traitant Olaf Scholz d'imbécile et d'incompétent.
05:40Ça s'appelle de l'ingérence pour vous ?
05:42Oui, Elon Musk a la volonté de se mêler un peu de tout, a la volonté de donner son
05:49avis.
05:50Alors si ce n'est que son avis, quelque part il est libre, mais en tous les cas de
05:55mettre des moyens pour faire progresser ce qu'il croit être son intérêt.
05:59C'est une menace pour la démocratie, pour la démocratie européenne, il s'invite ainsi
06:02dans les…
06:03C'est une menace comme Soros, c'est une menace comme tous ces milliardaires qui veulent
06:07influer dans le champ démocratique et qui mettent leurs moyens pour influer dans le
06:12champ démocratique.
06:13Nous en connaissons aussi des ingérences, il n'y a pas que Musk qui fait de l'ingérence,
06:20donc il faut s'en prémunir, il faut demeurer libre et ne pas céder à ce type d'ingérence.
06:27Mais encore une fois, il n'y a pas que Musk, là on focalise sur Musk parce qu'il est
06:31partenaire de Trump, mais je vous ai cité Soros, je pense que c'est tout aussi inquiétant.
06:36Elon Musk et Mark Zuckerberg, Facebook, Instagram, etc. ont été très clairs, ils ne veulent
06:42plus de modérateurs sur leurs réseaux sociaux et ils ne veulent pas appliquer les lois européennes
06:48qui leur imposent précisément de modérer les contenus qui circulent sur leurs plateformes
06:54sur le territoire européen.
06:56Doit-on appliquer ces lois ou accepter ce qu'ils disent et répondre « ok, on renonce
07:03à nos propres lois ».
07:04Non, mais il y a une différence, en tout cas une marge entre la modération et la censure.
07:09Moi je suis pour qu'il y ait des modérations sur les réseaux sociaux, je trouve ça tout
07:12à fait normal, je suis contre toute idée de censure.
07:14Or souvent, je vois qu'il y a quand même aussi une volonté chez certains de flirter
07:19avec l'idée d'empêcher d'autres de s'exprimer.
07:21Chez qui ?
07:22Dans les médias, chez les hommes politiques, à gauche en particulier, la volonté de
07:26faire taire ceux qui ne vont pas dans le bon sens.
07:29Moi je suis tout à fait hostile à ça, je pense que la liberté d'expression c'est
07:34le totem.
07:35Il y a la loi pour gérer la liberté d'expression.
07:37Mais ça c'est le principe.
07:38Aujourd'hui vous avez Elon Musk et Mark Zuckerberg qui disent qu'on ne respectera
07:41pas les lois européennes.
07:42Alors on fait quoi ?
07:43Je pense que nous devons agir pour faire en sorte que les lois européennes s'appliquent.
07:47Des lois européennes de modération, mais pas de censure.
07:50Donc là aussi il y a un chemin à trouver.
07:51Mais là elles sont votées les lois.
07:53Elles existent donc elles doivent être appliquées.
07:55C'est des lois de modération ou de censure, celle-là, le DSR européen ?
07:57Pour l'instant on est dans des lois de modération.
07:59Donc il faut les appliquer ?
08:00Les lois sont faites pour être appliquées, absolument.
08:02Encore une question sur ce sujet-là.
08:05Donald Trump et Elon Musk veulent mettre en place un comité de la Hache, coupé un
08:09tiers du budget des Etats-Unis.
08:11Ce que fait aussi Javier Milei en Argentine avec son projet de supprimer les dépenses
08:15de l'Etat à la tronçonneuse.
08:16Vous en pensez quoi ? Parce que votre allié Eric Ciotti dit qu'il est fasciné par ce
08:21que fait Javier Milei.
08:22Est-ce que vous aussi vous êtes fasciné ?
08:23Non je ne suis pas fasciné.
08:24Il n'y a pas grand monde d'ailleurs qui me fascine.
08:27Ça peut m'intéresser intellectuellement.
08:28Est-ce que ça vous intéresse le comité de la Hache, la tronçonneuse ?
08:32Non mais je ne suis pas pour qu'on transpose.
08:34J'ai dit tout à l'heure, j'ai commencé mon propos, en disant que les Etats-Unis
08:37ce n'est pas la France.
08:38Donc il y a aux Etats-Unis, le moins qu'on puisse dire, très peu de services publics
08:41comme nous l'avons ici en France.
08:44Donc c'est évidemment pas comparable.
08:45Si l'idée c'est de, comme le propose Eric Ciotti, de faire du ménage dans les agences
08:49d'Etat.
08:50J'entends même que le Premier ministre y serait attentif.
08:53Évidemment, on a un pays qui est suradministré.
08:56Il n'y a pas un domaine professionnel dans lequel on ne vous dit pas qu'on croule sous
09:00la paperasse.
09:01Les agriculteurs, les chefs d'entreprise, la police, les hôpitaux, première chose
09:05qu'ils vous disent, laissez-nous travailler, nous sommes suradministrés.
09:08Les agences régionales de santé par exemple.
09:10Donc on a beaucoup à faire de ce côté-là.
09:12Est-ce qu'il faut le faire à la Hache ou à la tronçonneuse ?
09:15Chacun choisira son instrument.
09:17Vous choisissez quoi ? La Hache ou la tronçonneuse ?
09:19Moi je pense qu'il faut le faire au bistouri.
09:20Je pense qu'avec beaucoup de précision, mais aussi de détermination, il faut désadministrer
09:26notre pays.
09:27Eric Ciotti fait oeuvre utile en ce sens.
09:29Sébastien Chenu, venons-en à la France.
09:31Hier, lors de ses voeux, le président de votre parti, Jordan Bardella, a estimé qu'il
09:36était inévitable de convoquer des législatives dès qu'elles seront institutionnellement
09:42possibles, c'est-à-dire en juillet prochain, un an après la précédente dissolution.
09:47Ce n'est pas, vous le savez, ce que veut Emmanuel Macron, il l'a dit, et il en décide.
09:52Alors comment comptez-vous forcer la main du président ?
09:55Il ne s'agit pas de forcer la main du président.
09:58Nous, on a toujours indiqué que le président était libre de ses choix, y compris de celui
10:01de démissionner.
10:02La question existe.
10:03Elle existe toujours, parce que c'est vrai que vous l'avez dit, puis plus dit.
10:07Vous espérez une présidentielle anticipée au plus vite ?
10:10Non, mais c'est le président qui choisira.
10:12Mais quelle est la position ORN ? Parce que vous avez aussi lié sur ça.
10:15Non, mais en fait, c'est la situation du pays qui guide ça.
10:19Quand un pays se bloque, si vous n'arrivez plus à faire voter un budget, à nommer un
10:23premier ministre, que vous avez un président de la République tel qu'il est aujourd'hui,
10:27qu'il n'est absolument pas audible que 79% des Français le rejettent dans un sondage
10:31paru hier, évidemment, vous arrivez dans des situations de blocage assez immédiates.
10:35Je rappelle que nous n'avons pas voté en France un texte depuis le mois de juin.
10:39Le moins qu'on puisse dire, c'est que de façon législative, même si parfois on a
10:43tendance à voter trop de textes dans notre pays, le pays est à l'arrêt.
10:47Donc là, vous pensez que ce serait une bonne idée qu'Emmanuel Macron pense à démissionner
10:51avant 2027 ?
10:52Non, mais le pays tourne encore, le pays réussit à payer ses fonctionnaires, contrairement
10:59à tout ce qu'on nous avait dit.
11:00Donc pour l'instant, le pays tourne encore.
11:02Si des situations de blocage venaient à advenir, parce qu'Emmanuel Macron n'entendrait pas
11:07ce que lui demandent les Français, car à la base, c'est bien ça, il n'a pas voulu
11:10entendre la demande des Français d'une autre politique et finalement d'une cohabitation.
11:14Il n'a pas voulu reconnaître, et c'est pour ça qu'il nomme François Bayrou comme il
11:18avait nommé Michel Barnier.
11:19Il nomme des hommes qui poursuivent, peu ou prou, sa politique libérale, pro-européenne,
11:24etc.
11:25Ce dont ne veulent plus les Français, ils lui ont exprimé aux européennes, deux fois
11:27aux législatives, par les deux tours.
11:29Et bien si Emmanuel Macron, sans tête, a proposé aux Français...
11:32Les Français, ils n'ont pas appelé un plébiscite pour le Rassemblement National, ça ne vous
11:35a pas échappé ?
11:36Sinon, Jordan Bardella serait Premier ministre.
11:37Oui, mais nous sommes tout de même le parti qui a obtenu le plus de voix, donc on ne peut
11:41pas nous passer...
11:42Oui, en groupe, vous êtes le troisième.
11:43Non, on est le premier groupe de l'Assemblée Nationale.
11:44Oui, en groupe, à l'issue des législatives, c'était d'abord le NFP, puis...
11:48En coalition.
11:49Le NFP est une coalition.
11:50Oui, oui.
11:51Le coalition, vous avez raison.
11:52C'est plus la coalition centriste, et enfin le RN.
11:54Oui, mais nous sommes le seul parti politique dont il n'y a pas une coalition, on n'a pas
11:57cherché des alliances avec des gens qui ne nous ressemblent pas.
12:00Nous sommes...
12:01Si, avec Amy Sioty.
12:02Je dis qu'ils ne nous ressemblent pas, Sioty, il nous ressemble un peu, il a des choses
12:06très en commun avec nous.
12:07Mais au-delà de ça, ce que je veux dire, c'est qu'Emmanuel Macron, à travers les
12:11politiques, l'entêtement politique qu'il a, crée les conditions chaque jour d'un blocage.
12:16Donc, si votre projet Sébastien Chenu, ce sont des législatives, ça veut dire quoi ? D'ici
12:22là, vous ne censurerez pas ce gouvernement ? Que vous le soutiendrez parce que seules
12:27des élections vous intéressent, peu importe qui est à Matignon ?
12:30Non, pas du tout.
12:31Je pense que nous, on attend, avec beaucoup d'impatience et d'intérêt, les propositions
12:37budgétaires du gouvernement.
12:38Il ne vous a pas échappé qu'il y ait un texte budgétaire qui est au Sénat, madame
12:41de Montchalin.
12:42Il nous a dit que ce n'est pas le texte du gouvernement.
12:44Donc, quel est le texte du gouvernement ? Moi, j'ai écouté le Premier ministre hier,
12:48je suis resté un peu sur ma faim.
12:51Je ne sais pas où François Bayrou nous emmène.
12:52Je ne comprends pas.
12:54Il lance des balles.
12:55Alors, c'est là où d'ailleurs le Rassemblement national est utile, parce qu'un coup, ils
12:59veulent taxer les retraités, un coup, ils veulent faire travailler les Français gratuitement.
13:02À chaque fois, on s'y oppose, ils reculent, parce qu'ils voient bien qu'il y a une réaction
13:06dans le pays dont nous, nous sommes les portes-paroles, dont nous, nous sommes l'écho, nous en faisons
13:10l'écho.
13:11On est monté très fort au créneau sur ces sujets-là.
13:13Ils reculent.
13:14Mais que vont-ils faire ? Quel type de budget et quel type d'avenir préparent-ils pour
13:19la France ? Moi, j'ai le sentiment que François Bayrou, son ambition, c'est de durer.
13:23Ce n'est pas de changer les choses, ce n'est pas de réformer le pays, ce n'est pas d'avancer,
13:26c'est de durer.
13:27C'est trouver un budget à minima, finit la réduction du déficit.
13:30Visiblement, ce n'est pas sa priorité.
13:32Et donc, c'est faire un service minimum pour durer.
13:36Il a dit qu'il veut faire 50 milliards d'économies, il veut réduire.
13:39On va avoir un déficit public qui va être à 5,8 au lieu de 6.
13:44Vous voyez les niveaux où on en est.
13:45J'ai du mal à comprendre où vous vous positionnez.
13:47Vous avez censuré le précédent budget de M.
13:50Barnier.
13:51Et aujourd'hui, vous dites, j'attends de voir, j'entends bien, mais quelle est votre
13:55philosophie ? Quelles sont vos lignes rouges ? Vous aviez fixé des lignes rouges dans le
13:58précédent budget.
13:59Là, vous avez des lignes rouges sur celui-là où vous attendez de voir ? Et puis finalement,
14:03à la fin, vous voterez ou vous laisserez passer ?
14:06Avouez que c'est compliqué d'avoir aujourd'hui des lignes rouges sur le vide.
14:10François Bayrou ne nous délivre rien.
14:12En revanche, un budget qui ne soit pas un budget d'austérité, un budget qui préserve
14:17la France du travail ou qui a travaillé, c'est-à-dire que j'inclus les retraités,
14:21ça me semble être deux options, deux axes extrêmement importants pour nous.
14:26Un budget qui s'attaque au totem, au tabou.
14:30Celui de l'immigration est un sujet, c'est l'éléphant au milieu du salon.
14:34Personne ne veut en parler.
14:35Le ministre de l'économie et des finances que j'ai rencontré avec mon collègue Tanguy
14:39nous dit « non, non, on ne touchera pas à ça ».
14:41Donc, on veut bien toucher aux retraités, on veut bien toucher aux travailleurs français,
14:45on veut bien toucher aux gens qui sont malades sur les remboursements de médicaments.
14:49On ne touchera pas à l'immigration.
14:51La contribution à l'Union européenne, ministre des Affaires étrangères, nous dit qu'il
14:54faudrait aller vers le doublement de cette contribution.
14:56Nous, nous considérons que c'est un tabou.
14:58Très bien, mais là, à ce stade, vous n'êtes pas au pouvoir, il y a un budget qui est en discussion.
15:03Vous dites vous-même, ça fait huit mois qu'on n'a pas voté un texte.
15:06Amélie Monchalin dit « chaque jour qui passe, c'est de l'argent perdu pour les Français sans budget ».
15:10Voyez, il y a une question de Frédéric sur l'application de France Inter.
15:14« Je comprends mal votre stratégie ORN, vous détestez le gouvernement de Macron,
15:18mais vous ne voulez pas le censurer, on va avoir un gouvernement Bayrou pendant trois
15:21ans de plus à cause de vous ».
15:22Pourquoi est-ce que vous dites « vous n'allez pas le censurer » ?
15:25Nous avons censuré Michel Barnier.
15:27Nous avons démontré que nous étions tout à fait capables de le censurer.
15:30Vous allez censurer le budget ?
15:31Mais on va voir, sur quoi ?
15:33On a dit à François Bayrou « on vous jugera sur les actes ».
15:35Vous savez, Michel Barnier a fait une déclaration de politique générale,
15:38on ne l'avait pas censurée.
15:39Il a fait un budget qui faisait la poche des Français, qui augmentait les impôts des Français,
15:42nous l'avons censurée.
15:43François Bayrou a fait une déclaration de politique générale,
15:45de la même façon nous ne le censurons pas, car nous attendons les actes.
15:48Aujourd'hui, François Bayrou ne nous délivre rien.
15:51On est tout à fait capables de le censurer.
15:52Il ne nous délivre rien, donc on va censurer, c'est-à-dire, c'est ce que vous dites.
15:56Mais on attend de savoir.
15:57Est-ce que vous êtes capables de nous dire les directions que prend le budget de François Bayrou ?
16:01Moi, j'en suis absolument incapable.
16:02Donc, on va voir ce qu'il propose.
16:04Il y a deux jours, il voulait faire travailler les Français gratuitement.
16:07Il y a trois jours, il voulait faire une taxe sur les recrétés.
16:09Là, il ne veut plus.
16:10Que veulent-ils ?
16:12Que veulent-ils ?
16:13Moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qu'il n'y a pas dans le budget,
16:15c'est ce qu'il y aura dans le budget.
16:16Par exemple, il y a quelque chose qui meurt, voyez-vous,
16:18c'est la baisse des crédits sur la recherche.
16:19Il y a 650 millions d'euros en moins sur la recherche,
16:23au moment où on doit relever le défi incroyable de l'intelligence artificielle.
16:26Donc ça, ça pourrait être une ligne rouge, la baisse des crédits sur la recherche ?
16:31Je dirais que c'est une ligne rouge, mais c'est en tous les cas totalement à l'inverse.
16:34Mais vous n'employez plus le terme de ligne rouge.
16:35Mais parce que je veux connaître, je vous ai dit,
16:38un budget d'austérité ou un budget qui touche la France du travail,
16:41ça, ce sont des lignes rouges, si vous voulez que je reprenne ce terme.
16:44Mais je vois qu'il y a des priorités qui me semblent être à l'inverse de ce qu'il faudrait faire.
16:48– Et la décision de remettre en chantier la réforme des retraites,
16:53sans totem ni tabou, est-elle une bonne décision ?
16:57– La décision de la remettre en chantier, oui, évidemment.
17:00Moi, je suis pour l'abrogation de cette loi sur les retraites.
17:03Mais je ne crois pas qu'un conclave,
17:04puisque c'était le terme qui dure trois mois et qui ne traite pas les dossiers de la productivité,
17:12de l'employabilité des jeunes, de l'employabilité des seniors,
17:17de la natalité, puisse permettre d'aller très loin.
17:19Moi, je crains qu'à la fin, nous n'atterrissions que sur des mesures
17:23liées à la pénibilité qui soient souvent très inapplicables
17:26et que ça ne remette pas, évidemment, en cause, ni l'âge de départ, la retraite,
17:30ni les annuités demandées aux Français.
17:33Or, c'est vers ça qu'il faut aller.
17:34– Autre sujet, Sébastien Chenu,
17:37l'arrivée au Sénat de la proposition de loi transpartisane
17:40pour lutter contre le narcotrafic.
17:42Le texte s'inspire d'une récente commission d'enquête parlementaire transpartisane également.
17:48« Il y a le feu à la maison, il faut agir vite », dit Jérôme Durin.
17:52« Il y a un devoir d'union nationale sur le sujet ».
17:56En quelques mots, le texte propose d'instaurer un nouveau statut du repenti,
18:00de l'infiltrer, de créer un parquet national sur la criminalité organisée,
18:05de faciliter le gel des avoirs.
18:07– Elle va dans le bon sens, cette proposition de loi, vous la voterez ?
18:11– On accueille avec bienveillance cette proposition de loi.
18:13C'est pas, vous l'avez dit, c'est une proposition de loi,
18:15donc c'est pas une initiative gouvernementale,
18:17mais c'est une initiative transpartisane du Sénat.
18:20Elle dit quoi ?
18:20Elle dit d'abord que notre pays pourrait devenir un arco-État.
18:26Il y a 240 000 personnes qui vivent du trafic de drogue dans notre pays,
18:30il est temps de se réveiller là aussi.
18:31Ça nous dit aussi que les politiques qui ont été menées jusqu'à présent n'étaient pas à la hauteur.
18:35Gérald Darmanin et sa communication Place Net,
18:38c'est à taper à côté de la plaque.
18:40Ça n'a pas fonctionné.
18:41Donc là, il y a des mesures qui me semblent aller dans le bon sens,
18:44mais encore une fois, il y a un élément essentiel qui manque,
18:47c'est celui du contrôle des frontières.
18:49– Alors justement, ce matin, Bruno Retailleau déclare qu'il veut un État-major
18:52contre la criminalité organisée dans les prochaines semaines.
18:55Ça va dans le bon sens, ça ?
18:56– Oui, mais très bien, mais ça…
18:57– Ou c'est des mots qui ne veulent rien dire ?
18:58– Tout ça va dans le bon sens.
19:00Mais tant que vous ne traitez pas la question des frontières,
19:03je rappelle que le port du Havre est devenu une des ports d'entrée les plus importantes,
19:06je rappelle que la Guyane et les Antilles sont des ports d'entrée très importantes,
19:10tant que vous ne traitez pas la question des frontières,
19:13eh bien vous ne pourrez pas traiter, au fond, le problème de la drogue.
19:16– Justement, Sébastien Chenu vous dit que j'entends rien dans ce gouvernement sur l'immigration.
19:19Hier, François Bayrou a parlé d'un sentiment de submersion migratoire.
19:25Ça vous a plu, ça, j'imagine, quand vous l'avez entendu dire ça ?
19:28– Écoutez, je ne sais pas quoi vous dire, parce qu'en fait, ça dit quoi ?
19:31Ça veut dire que, finalement, on a gagné, nous, la bataille idéologique.
19:34– Je ne sais pas, est-ce que vous l'avez gagnée ?
19:36– Je pense qu'en fait, on l'a gagnée depuis très longtemps.
19:38Je pense que ça fait très longtemps que, ça ne veut pas dire que les actes ont suivi, malheureusement,
19:42mais ça fait très longtemps que, d'abord les Français, puis les gouvernants,
19:45ont compris qu'il y avait un problème, pour dire les choses pudiquement, avec l'immigration.
19:50Mais de l'autre côté, j'entends Éric Lombard qui dit « nous avons besoin d'une immigration de travail ».
19:54– Comme le MEDEF, qui dit la même chose.
19:56– Oui, mais ça, le MEDEF, ça ne m'étonne pas, ça permet de peser à la baisse sur les salaires.
20:00Donc, ça ne m'étonne pas, mais que le ministre des Finances dise « on a besoin d'une immigration de travail »,
20:04dans un pays où il y a 5 millions de chômeurs, où le chômage augmente de 3,5% ce mois-ci,
20:08je pense qu'ils sont à côté de la plaque.
20:09– Alors, vous dites « ils ne font rien », Bruno Retailleau a adressé au préfet une circulaire
20:13pour mettre fin aux régularisations à tour de bras, comme il dit.
20:17En gros, il met fin à la circulaire VALS qui permettait des dérogations
20:21dans certaines règles classiques de dérégularisation, ça touche 30 000 personnes.
20:26Ça, là, vous applaudissez Bruno Retailleau ?
20:28– Ben non, parce qu'en fait, c'est une illusion, parce que Bruno Retailleau reste dans la même logique.
20:33Comprenez bien que ce sont des logiques politiques.
20:36Bruno Retailleau reste dans la logique qui est « vous êtes illégal, vous pouvez un jour être régularisé ».
20:41Eh bien, moi, je pense l'inverse.
20:42Vous êtes illégal, vous vous maintenez illégalement sur notre territoire, avec nous,
20:46vous ne pourrez jamais être régularisé, vous ne pourrez jamais travailler
20:50si vous vous êtes maintenu en fraudant, en bafouant les lois de notre pays.
20:55Lui, il accepte ça, c'est un accommodement que moi, je trouve assez inacceptable.
20:58– Comment vous jugez l'irrésistible ascension de Bruno Retailleau dans les sondages,
21:01qui semble beaucoup plaire à votre électorat ?
21:03Il est une menace pour Marine Le Pen en 2027 ?
21:06– Non, parce que le résultat sera forcément déceptif, mais parce qu'il a des convictions, je pense.
21:10En revanche, Bruno Retailleau, il dit la même chose depuis très longtemps,
21:13il a des convictions, et je pense que ça, ça plaît.
21:16Les gens qui ont des convictions, ça plaît.
21:17On a longtemps eu des gens qui, notamment la Macronie, n'avait pas de colonne vertébrale.
21:21Bon, Retailleau, il a des convictions, le problème, c'est qu'il s'est mis…
21:23– Il est une menace pour vous ?
21:24– Non, il s'est mis sous la tutelle du PS, ça n'ira pas loin, regardez…
21:26– Du PS ?
21:27– Oui, parce que c'est le PS aujourd'hui qui dicte s'il y a censure ou pas.
21:30Regardez, sur l'aide médicale d'État, il n'a pas eu d'arbitrage favorable.
21:34Sur les crédits pour l'immigration clandestine, il n'a pas eu d'arbitrage favorable.
21:38– Question de Fiona, sur l'application Radio France,
21:41François Bayrou a annoncé diviser le texte sur la fin de vie en deux,
21:45avec d'une part les soins palliatifs, d'autre part l'aide active à mourir.
21:48La position du RN sur le sujet ?
21:51– Bon, moi je trouve ça bien d'avoir scindé le texte en deux.
21:55D'abord, les soins palliatifs, c'est une question, j'allais dire,
21:57technique, financière, organisationnelle, nécessaire.
22:00Il y a trop de départements dans notre pays qui ne bénéficient pas de ces structures-là,
22:03il faut aller à fond là-dessus, et je trouve ça normal.
22:05Et puis après, il y a la question qui n'est pas qu'une question,
22:08pour le coup, technique, financière et organisationnelle,
22:11qui est celle de la fin de vie, qui fait appel aussi à des convictions,
22:14à des sensibilités, et je trouve bien de la scinder.
22:17Moi, à titre personnel, non seulement je suis favorable aux soins palliatifs,
22:20je ne suis pas défavorable à un texte sur la fin de vie.
22:23Mais pas à n'importe quel texte non plus.
22:25Quand on avait commencé à en parler, on prenait des directions qui pouvaient me heurter.
22:28Mais je ne suis pas défavorable à ce qui est un texte pour aider à mourir dans la dignité.
22:32– Merci.
22:32– Merci beaucoup Sébastien Chenu, vice-président du RN, député RN du Nord.
22:37Merci d'avoir été à notre micro.