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00:00Appelez-nous 04-76-46-45-45, qui doit oeuvrer pour le devoir de mémoire à l'occasion des 80 ans de la libération d'Auschwitz ?
00:10Est-ce que c'est l'école ? Est-ce que c'est tout à chacun ? Comment vous faites cela ?
00:14Vous pouvez intervenir et échanger avec nous, également avec notre invité Laurent Gallien.
00:18C'est une question qu'on se pose assez régulièrement lors des grands rendez-vous, des grandes commémorations.
00:24Comment perpétuer ce devoir de mémoire alors que les derniers témoins vivants disparaissent ?
00:29On va faire un petit rappel, 25 janvier 1945, donc l'armée rouge entre dans Auschwitz,
00:34le camp ou les camps plus exactement d'Auschwitz, camp emblématique de la solution finale
00:39mise en place par le régime nazi dans le but d'exterminer les juifs d'Europe.
00:42Vous avez peut-être suivi les commémorations à la télévision, c'est une partie du devoir de mémoire,
00:46ou dans vos communes, ça existe aussi, les cérémonies.
00:49Nous nous interrogeons en compagnie d'Alice Buffet, directrice du musée de la résistance et de la déportation de l'ISER,
00:57évidemment concernée par ces questions de mémoire.
01:01Mais d'abord, la Shoah en ISER, ce sont combien de juifs déportés dans notre département ?
01:06C'est plus d'un millier de juifs, et pour l'ISER ce sont 2600 déportés qui sont partis dans les camps entre 1942 et 1944.
01:15On rappelle qu'entre 5 et 6 millions de juifs ont péri pendant la seconde guerre mondiale,
01:18deux tiers des juifs d'Europe.
01:21Il y a aussi des justes en ISER, on va prendre les deux pendants de l'histoire,
01:25ça en fait aussi partie.
01:27Les justes, ce sont ces personnes distinguées par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem,
01:31pour avoir hébergé, caché, sauvé des juifs.
01:33Il y en a eu combien en ISER ?
01:35Il y en a eu plus d'une centaine, qui ont été reconnues par le mémorial de Yad Vashem pour leur action,
01:40et pour avoir pris à un moment donné un risque, le risque de leur vie aussi,
01:44pour protéger et cacher des personnes persécutées,
01:47soit au sein de leur famille, soit au sein d'institutions religieuses,
01:52qui vont aussi contribuer à pouvoir garder cette part d'humanité dans l'horreur.
01:57C'est une forme de résistance.
01:59Au musée, est-ce que vous avez changé la manière de faire les expositions,
02:03de mettre en scène les expositions,
02:05pour justement rendre plus actuelles peut-être les choses,
02:09et pas rester dans l'image poussiéreuse que pourrait avoir de temps en temps un musée ?
02:14Oui, évidemment, on a amorcé ce travail depuis longtemps,
02:17parce qu'on parlait de la fin de l'ère des témoins,
02:19cette fois-ci on y est, elle est progressivement arrivée.
02:23Et donc en effet, nous avons une mission au musée de la résistance et de la déportation de l'Isère,
02:27c'est celle de transmettre aux jeunes générations,
02:29c'était vraiment l'esprit qui a été donné au musée associatif dans les années 60,
02:32et celui qu'on poursuit encore aujourd'hui.
02:34Et donc nos projets, on les pense aussi pour s'adresser maintenant à des jeunes générations,
02:37qui n'ont plus de lien direct avec les témoins de la période,
02:40et donc il y a une forme de perte aussi de sensibilité,
02:43de quelque chose qui est de l'ordre de l'émotionnel aussi,
02:46qu'on a pu connaître, nous, les générations précédentes.
02:49Et ils n'ont plus l'accès direct aux témoins non plus,
02:52alors heureusement le musée conserve plus de 400 témoignages que nous avons collectés,
02:56que nous oeuvrons pour conserver, pérenniser et transmettre.
03:00Mais voilà, il nous faut réinventer aussi la façon dont on va s'adresser à ces jeunes générations,
03:04et on le fait notamment à travers des projets,
03:06et notamment actuellement, alors plus sur la question de la libération,
03:09mais de proposer une expérience immersive sur la libération de l'Isère.
03:13Des projets avec les classes, avec les écoles, en lien avec l'éducation nationale aussi,
03:17j'imagine, parfois.
03:19On va prendre quelqu'un au téléphone.
03:21Tout à fait, on a Yacine, qui nous appelle deux fois.
03:25Yacine, on vous pose la question,
03:27qui doit oeuvrer pour le devoir de mémoire ?
03:29Je crois que vous, justement, vous avez un poste qui vous permet d'être dans la transmission.
03:33Oui, tout à fait.
03:34Alors je dirais que cela ne nous concerne tous.
03:37Cela ne nous concerne tous.
03:39Le devoir de mémoire, c'est la phrase qui dit que
03:42si on oublie son passé, on est amené à le reproduire,
03:45et c'est vrai que j'ai l'impression qu'on est un petit peu là-dedans en ce moment.
03:48Chaque génération évolue dans un sens et dans un autre.
03:54Donc c'est nous aussi, on va dire, anciens,
03:57anciens jeunes,
03:59qui devons donner et rendre accessible tout ça aux jeunes.
04:05Et c'est vrai que nous, avec nos cadets à l'UNC,
04:08on va dans les musées...
04:09Juste pour expliquer, Yacine, parce qu'on n'a pas expliqué l'UNC,
04:12vous êtes coordinateur départemental des anciens combattants de l'ISER.
04:16Voilà, alors l'Union Nationale des Combattants de l'ISER,
04:18alors c'est vrai qu'on a des anciens, des actifs et des jeunes.
04:22D'accord.
04:23Et est-ce que c'est toujours facile à faire passer le message, Yacine ?
04:26Oui, je dirais oui.
04:29Ils sont réceptifs encore, les jeunes ? Ils sont réceptifs ?
04:32Oui, franchement, oui.
04:33Honnêtement, oui.
04:34Quand on prend le temps de leur expliquer,
04:37par exemple, leur dire qu'il y avait tout un bataillon de Sénégalais
04:41dans le Vercors qui œuvraient pour la résistance et la libération de la France,
04:45c'est quelque chose qu'ils ne savaient pas.
04:47Alors on a cette grande culture et ce patrimoine en ISER,
04:52on a cette chance, dans la région,
04:54d'avoir énormément eu de combattants, de résistants de tout horizon,
05:00qui ont défendu...
05:02Voilà, et donc beaucoup de lieux de mémoire,
05:04beaucoup de lieux de mémoire également,
05:05qui rendent les choses aussi plus préhensibles.
05:07Merci beaucoup, Yacine, de votre témoignage.
05:09On va en débattre avec notre invité,
05:11mais juste avant, on a aussi beaucoup de réactions sur notre page Facebook, sur Zikpele.
05:14Et effectivement, les auditeurs sont plutôt d'accord avec Yacine.
05:17Tous doivent aider à ce devoir de mémoire,
05:22tous doivent être impliqués là-dedans.
05:24On a Frédéric qui nous dit « Nous devons tous œuvrer
05:26afin que perdure la commémoration de cette atrocité ».
05:29Le devoir de mémoire est important,
05:31l'école doit en témoigner, selon Sylvie.
05:33Et puis on a René qui nous met la même citation que Yacine,
05:37« Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre de Karl Marx ».
05:42Avec Alice Buffet, directrice du musée départemental de la résistance et de la déportation,
05:47on revient sur ces nouvelles formes,
05:49peut-être c'est la nouvelle manière de raconter les choses pour toucher les plus jeunes.
05:53Pour la résistance, vous avez mis en place par exemple une course de la résistance,
05:57une épreuve sportive qui cumule à la fois défis,
06:01donc pour chacun un défi sportif,
06:04et puis histoire et devoir de mémoire.
06:07Quand on parle de la Shoah, c'est peut-être moins facile de mettre en place une course ?
06:11Quelle forme on peut inventer pour parler de la Shoah ?
06:15Sur la course de la résistance, on met en avant des lieux qui sont liés à la répression,
06:19c'est une façon de parler plus largement de la Seconde Guerre mondiale
06:22et de la façon dont elle s'est déroulée sur notre territoire.
06:24Après sur la Shoah, aujourd'hui on a, vous le disiez,
06:28un travail à mener avec les scolaires et l'éducation nationale.
06:31On est un des musées départementaux qui accueillent le plus de scolaires
06:35et aujourd'hui on est vraiment l'espace de transmission pour cette mémoire-là
06:38et on la transmet d'une manière complémentaire aussi à l'école,
06:41avec notamment du sensible, de l'incarnation aussi.
06:44Je crois que c'est important d'incarner les parcours,
06:46de pouvoir rappeler quels ont été les itinéraires des personnes
06:49et que ça puisse faire écho.
06:51Je crois qu'aujourd'hui il faut rechercher les échos avec les générations d'aujourd'hui
06:54et comment cette histoire peut encore résonner chez eux.
06:58Nous avons des lieux de mémoire de la résistance en Isère,
07:01on a moins de lieux de mémoire de la Shoah.
07:03Pourtant il y a eu des événements très particuliers en Isère.
07:06Oui tout à fait, je pense notamment à la Rave de la Martelière
07:09qui est une maison d'enfants qui avait accueilli des jeunes personnes juives à Voiron
07:16et qui a fait partie un petit peu à l'instar de ce qui s'est passé à la Maison d'Izieu dans l'Inde.
07:21Où l'ensemble des enfants et des jeunes gens ont été arrêtés, déportés.
07:26Il n'y en a qu'un seul qui a survécu.
07:30Vous avez une exposition particulière en ce moment au musée ?
07:33Nous avons un dispositif, non.
07:35Rien aujourd'hui sur la commémoration,
07:37en revanche on peut inviter vos auditeurs à nous rejoindre jeudi soir au Méliès
07:41puisque nous avons un partenariat pour commémorer ce 80e anniversaire
07:44de la libération d'Auschwitz et plus largement des camps de concentration et d'extermination
07:49avec la projection du film La Zone d'Intérêt.
07:52C'est de cette façon-là que nous avons choisi de marquer cet anniversaire
07:56et justement ça participe aussi au renouvellement des formes de la transmission
07:59avec notamment d'autres médias comme le cinéma, la bande dessinée.
08:04Aujourd'hui c'est un outil important pour cette transmission auprès des jeunes générations.
08:09Par contre on le disait tout à l'heure, Yacine le disait, il faut prendre du temps pour raconter les choses.
08:14La mémoire ne passe pas par une application smartphone, c'est un peu difficile à envisager ce genre de choses.
08:19Il faut du temps, du long temps avec les jeunes.
08:22Oui tout à fait et puis surtout aujourd'hui on a ces outils-là au Musée de la Résistance
08:27notamment à travers des visites aussi théâtralisées qui permettent d'apprendre aux plus jeunes
08:32la façon dont ça s'est déroulé notamment en Isère.
08:36Et je crois que l'ancrage territorial est très important aussi parce qu'on est en proximité
08:40et donc c'est aussi comme ça que ça peut résonner chez chacun d'entre nous.
08:43Beaucoup de demandes des enseignants, on en a parlé, c'est un peu en filigrane tout au long de cet entretien.
08:47C'est toujours en lien aussi avec les écoles souvent en tout cas.
08:50Beaucoup de demandes, des demandes que vous ne pouvez peut-être pas remplir,
08:53vous ne pouvez pas recevoir tout le monde peut-être ?
08:55Alors on essaye de recevoir tout le monde parce que c'est aussi notre rôle
08:58et comme je le disais, le public scolaire c'est vraiment un public prioritaire pour le Musée de la Résistance.
09:03Public de collégiens, lycéens plutôt ?
09:05Et même primaires également, cycle 3 qu'on reçoit en nombre aussi plutôt en fin d'année dans le cadre du programme.
09:14L'école, les musées et tout un chacun.
09:16Comment commémorer les grands faits de l'histoire ?
09:20Comment perpétuer le devoir de mémoire ?
09:22C'est la question qu'on se posait ce matin.
09:23Merci à vous d'être intervenue.
09:24Merci Alice Buffet, directrice du Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère.
09:29Et vous pouvez toujours continuer de nous laisser vos messages sur notre page Facebook.
09:32Cet espace vous est ouvert.