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Cette semaine, Magali Rousseau est invitée sur le plateau de La victoire est en elles. Avec Alexandre Delperier, la multiple championne du monde de sauvetage sportif revient sur son parcours, sa participation aux Jeux Olympiques de 2008 en tant que nageuse sans oublier ses études. Dans la dernière partie de l'émission, Julie Caron - rédactrice en chef de auféminin - nous présente une sacrée championne !

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Sport
Transcription
00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié
00:24aux femmes dans le sport.
00:25Bienvenue dans La victoire est en elle,
00:27entre une femme qui a marqué des générations de sportives
00:31et de sportives, une femme bien dans son temps.
00:33C'est Magali Rousseau. Bonjour, Magali.
00:35Bonjour, Alexandre.
00:36Merci beaucoup d'être avec nous.
00:38Alors, ça, c'est l'affiche palmarès de Magali.
00:41Ouais, parce qu'elle a fait plein de choses.
00:44Plein de choses très différentes, et ça, c'est assez génial.
00:47T'as été nageuse, t'as fait les JO de Pékin en 2008,
00:50t'étais sous la... On dit quoi ?
00:53Sous la houlette, sous la coupe, sous la torture de Philippe Lucas.
00:57Sous la coupe, c'est bien.
00:59Je dis ça, c'est un camarade, donc c'est avec beaucoup de respect.
01:02En même temps, tu as fait des études aussi, après.
01:05Ensuite, après la natation,
01:08tu as basculé vers le sauvetage.
01:11Tu as été multiple championne du monde de sauvetage.
01:14Tu continues à faire ça, et en même temps, maintenant, tu bosses.
01:17Bref, on comprend qu'il y a eu la natation,
01:19il y a eu l'après-natation et encore cette évolution qui est géniale,
01:22et puis il y a la femme que tu es aujourd'hui.
01:24Est-ce que j'ai à peu près résumé ?
01:26C'est un bon résumé, c'est très bien.
01:28Tu as 36 ans ?
01:30J'ai 36 ans, exactement.
01:31Donc, ça veut dire que tu as une vie hyper, hyper, hyper remplie.
01:34Assez remplie, oui.
01:36Est-ce qu'une fois qu'on a goûté aux joies des podiums,
01:40au plus haut niveau, est-ce qu'on est capable de vivre au 100 ?
01:43C'est un peu le problème.
01:46C'est un peu le problème,
01:47et c'est pour ça que je pense que je suis encore là aujourd'hui,
01:50à 36 ans.
01:51Des fois, je me demande pourquoi je continue,
01:54et souvent, ce qui revient,
01:55c'est cette envie de retrouver la compétition, l'adrénaline,
02:00d'aller chercher la victoire, le podium,
02:03que ce soit en individuel ou en équipe.
02:05Je sais que je marche à ça, et c'est ça qui me fait continuer,
02:08et le plaisir qui va avec aussi, évidemment.
02:11Bien sûr.
02:12Mais plaisir veut dire aussi, pour gagner,
02:15sacrifice, travail, entraînement.
02:18J'ai bien compris,
02:19et tu vas nous expliquer ce qu'est le sauvetage,
02:21que c'est moins dur que les années Philippe Lucas,
02:24et j'invite tout le monde à regarder le doc sur l'Ormanodou.
02:27On l'a vu travailler avec des vieilles cordes,
02:30avec des trucs en bois et un truc métallique.
02:32C'est une torture à la Philippe Lucas.
02:34Aujourd'hui, tu ne t'imposes plus à ce point-là, ces sacrifices ?
02:39Non, aujourd'hui, je ne me les impose plus pour plusieurs raisons,
02:42parce que, déjà, je pense que ces années Philippe Lucas,
02:45moi, je me suis entraînée quatre ans avec lui,
02:47me servent encore aujourd'hui.
02:48Je pense que le corps, il a une mémoire,
02:51et pour ça, c'est génial, et c'est ce que je dis aux jeunes.
02:55Je ne m'entraîne pas beaucoup aujourd'hui,
02:56mais je me suis beaucoup entraînée par le passé.
02:57Rappelle-nous avec Philippe,
02:58combien vous nagez de kilomètres par jour ?
03:00J'ai le souvenir que j'étais plutôt aux alentours
03:02des 18 kilomètres par jour, en moyenne.
03:0518 kilomètres de natation par jour.
03:07Allez marcher 18 kilomètres ou allez courir 18 kilomètres.
03:10Non, là, c'était nager.
03:12Vas-y, pardon.
03:14Je pense que je nageais plus que ce que je marchais à l'époque.
03:18Et aussi parce qu'effectivement, je pense que le sauvetage,
03:22c'est une discipline qui est un peu plus nouvelle que la natation.
03:24Explique-nous ce qu'est le sauvetage.
03:26Le sauvetage sportif, c'est un sport qui est divisé en deux grandes parties.
03:29Il y a une partie en mer et une partie en piscine.
03:32À chaque fois, on va avoir des épreuves individuelles
03:34et des épreuves de relais.
03:36À chaque fois, c'est des mises en situation de sauvetage réelles,
03:39mais dans un contexte sportif.
03:41Le but, c'est d'arriver le premier,
03:42comme en natation, de toucher le mur le premier.
03:44C'est chronométrique.
03:45Et là, les années Lucas te servent ?
03:46Les années Lucas me servent, exactement.
03:47Je ne lâche rien à chaque fois jusqu'au bout.
03:50Et en mer, pareil, des parcours où il faut arriver le premier.
03:55Et on va avoir du matériel en piscine.
03:56On a six épreuves individuelles et trois épreuves de relais.
03:59Et par rapport à la natation, c'est qu'on a du matériel.
04:01On va avoir des mannequins à aller chercher sous l'eau, à tracter,
04:04des épreuves avec, sans palme,
04:05et même l'épreuve un petit peu reine,
04:07en tout cas, moi, celle que je préfère,
04:10c'est celle qui combine un peu toutes les techniques.
04:11On va venir chausser des palmes en plein milieu de l'épreuve.
04:14Et donc, voilà.
04:16Comment t'es arrivée à ça ?
04:17Explique-nous d'abord.
04:19Ta carrière de nageuse professionnelle s'arrête ?
04:22Elle s'arrête en 2012, je dirais.
04:27Non-calife pour Londres ?
04:28Non-calife pour Londres.
04:30En 2011, j'ai une blessure.
04:33Je commence à avoir d'énormes douleurs à l'épaule.
04:35Je commence à perdre toute ma force du côté gauche.
04:38Et là...
04:39En 2011, tu as quel âge ?
04:40C'est il y a 13 ans, donc 26.
04:42Non, moins que ça.
04:4323.
04:4523, exactement.
04:46Pardon.
04:47Oui, c'est ça.
04:48Et je commence à avoir des douleurs, à perdre ma force.
04:51Et là, je sens que je ne nage plus pareil.
04:52Mes temps étaient en pleine progression
04:54et d'un coup, ça commence à dégringoler.
04:56Donc, tu ne te qualifies pas pour les Jeux de Londres ?
04:59Je ne me qualifie pas pour les Jeux de Londres.
05:01Et là, je me dis, bon, maintenant, qu'est-ce que je fais ?
05:03Est-ce que j'arrête le sport ? Parce que ça ne sert à rien de continuer.
05:06Et moi, je voulais rentrer en école de commerce
05:08via les concours passerelles
05:09pour entrer dans une grande école de commerce à l'ESCP.
05:12Avec le titre de sportive.
05:14Le titre de sportive de haut niveau.
05:15Certaines écoles permettent aussi à des sportives de haut niveau
05:18d'avoir un concours d'entrée un peu plus allégé.
05:22Sauf que ?
05:24Sauf que là, je n'avais plus.
05:25Je n'étais plus en équipe de France de natation.
05:26Donc, l'année où je décide de vouloir rentrer en école,
05:29je n'avais plus ce statut.
05:32Et je me suis dit, je vais arrêter, ce n'est pas grave, je vais changer.
05:36Et là, on me dit, des personnes dans la natation connaissaient mon projet.
05:39Ils m'ont dit, mais Magali, mets-toi au sauvetage,
05:40tu vas voir, tu vas faire ça pendant un an.
05:42Avec ton passif de nageuse, ça va être facile,
05:44tu vas rentrer en équipe de France et puis tu auras ton statut
05:48et puis tu pourras t'arrêter et repartir en école de commerce.
05:51C'était ça, le but initial.
05:52Faire un an de sauvetage, puis 11 ans plus tard.
05:55Sauf que ?
05:5611 ans plus tard ?
05:5711, même 12 ans plus tard, j'y suis encore.
06:00Avec combien de titres de championne du monde ?
06:03Alors, je crois que j'en ai huit en individuel
06:06et en tout, avec les relais,
06:07je crois que ça doit faire à peu près une quinzaine, il me semble.
06:11Est-ce que, psychologiquement,
06:14passer de la natation individuelle, entre guillemets,
06:18au sauvetage, est-ce que ça a été facile ?
06:20Comment ça s'est passé ?
06:23Ça a été assez facile parce que, finalement,
06:25la base du sauvetage, c'est de savoir nager,
06:27surtout pour la partie piscine.
06:29Il y a des points techniques qu'il a fallu apprendre
06:33et ça, ça s'est fait en à peu près une année.
06:36J'arrivais à bien maîtriser ces points techniques.
06:38Et puis, moi, je suis arrivée sur un moment où c'était encore...
06:41Le niveau n'était pas le même.
06:43Là, ça va faire une dizaine d'années
06:45que le niveau international s'élève en sauvetage sportif.
06:47Donc, je suis arrivée aussi à un moment
06:48où le niveau était peut-être un petit peu plus accessible.
06:49Il y a beaucoup d'anciennes nageuses ou d'anciennes nageurs
06:51qui viennent aussi au sauvetage.
06:52Et il y en a de plus en plus.
06:54Et puis, surtout dans d'autres pays aussi.
06:57On va retrouver en Italie beaucoup d'anciens nageurs
06:58ou même de personnes qui ont ce double projet,
07:00natation et sauvetage.
07:02En Australie, c'est pareil, on a une des meilleures nageuses mondiales
07:05qui est championne du monde en petits bains
07:07sur 800 et 1500 mètres nage libres
07:09et championne olympique sur 4 x 2 avec l'équipe d'Australie,
07:11qui fait du sauvetage sportif à côté.
07:14Juste une précision, ce n'est pas pour être MNS.
07:16Ce n'est pas pour être sur la guérite à la plage
07:18qu'on fait du sauvetage.
07:19Non, alors, c'est vraiment décorrélé du côté professionnel.
07:22Mais par contre, on a beaucoup de personnes,
07:25enfin, beaucoup, il y en a certains,
07:26qui travaillent aussi l'été sur les plages en tant que sauveteurs.
07:30Donc, ils ont vraiment cette double casquette.
07:32Mais on n'est pas obligés de faire l'un pour faire l'autre.
07:34Donc, finalement, c'est vraiment décorrélé.
07:36Mais à la base, en fait, ce sport-là,
07:38ça a été créé en Australie parce que les sauveteurs professionnels,
07:41donc qui surveillaient les plages,
07:43ont décidé de créer des compétitions entre eux, interpostes,
07:46pour pouvoir justement améliorer leur performance et se tester
07:49et être meilleurs dans leur profession.
07:52Est-ce que ça t'a déjà servi ?
07:55Quand je dis servi, c'est côté utile.
07:57Et est-ce que tu t'es retrouvée un jour à sauver des gens ou pas ?
08:00Pas encore, non.
08:01Pas encore, tant mieux.
08:03Donc, tu as continué, enfin, tu as, oui, poursuivi tes études,
08:06t'as intégré l'ESCP que tu as obtenue.
08:09C'est ça. J'ai eu mon diplôme en 2017.
08:11Oui, enfin, je suis rentrée déjà à l'ESCP.
08:13Donc, je suis rentrée en 2000...
08:15Donc, j'ai commencé...
08:16Ben, 2014, parce que, du coup, le statut, il faut un an pour l'avoir.
08:19Donc, au final, il y a eu un petit couac qui a fait que c'était bien,
08:22j'étais contente, j'ai pu continuer une année de plus le sauvetage à plein temps.
08:26Et donc, j'ai intégré en début 2014.
08:30J'avais décidé d'arrêter le sport.
08:31Je me suis dit, allez, maintenant, c'est bien, j'arrête le sport.
08:33Et puis, au bout d'un an, je me suis dit, c'est pas possible, ça manque.
08:36Il manque quelque chose à ma vie.
08:38Je l'ai trouvé un peu fade, en fait, ma vie par rapport à ma vie d'avant.
08:41Qu'est-ce qui te manquait ?
08:44L'adrénaline, le fait de...
08:46Chaque année, quand on débute une saison sportive,
08:49on sait qu'on va avoir un objectif en fin de saison.
08:51Et on sait qu'en fait, nos journées, elles vont être cadrées,
08:53elles vont être rythmées, nos journées, semaines, mois,
08:56par cet objectif.
08:58Et en fait, on a ce petit objectif qui...
09:01Moi, c'est un petit peu cette flamme en nous qui nous dit,
09:05je vais avoir quelque chose d'excitant et de passionnant à la fin de l'année,
09:07et je sais que je vais avoir ce challenge-là à aller chercher.
09:11L'entraînement, peut-être aussi, non ?
09:13C'est pas un stigmie, ça ?
09:14En fait, ça reste un peu une drogue, aussi, l'entraînement et le sport.
09:18Et c'est vrai qu'on se sent bien à faire du sport de manière régulière.
09:21Et moi, quand j'ai arrêté pendant...
09:23J'ai quand même arrêté pendant un an.
09:25J'avais des douleurs partout, mon corps me faisait mal,
09:28et je me sentais...
09:29T'as arrêté parce que t'avais des douleurs.
09:31C'est pas l'arrêt qui a fait que t'as eu des douleurs.
09:33L'arrêt a fait que j'ai eu des douleurs.
09:35Donc après, je pense qu'aussi, on a un passif de sportif
09:37où on a tellement tiré notre corps que, quand on perd
09:39et quand on fond musculairement, notre corps nous rappelle
09:42qu'effectivement, on a peut-être un peu beaucoup tiré dessus,
09:44mais je pense qu'aussi, le sport amène à une certaine forme de bien-être.
09:48Quand on fait du sport, on est en forme,
09:51on a, musculairement, même en termes de dopamine...
09:54Ouais, mentalement.
09:55Mentalement, exactement. On se sent bien.
09:57Alors, ce qui est génial,
09:58et c'est aussi pour ça que t'es là avec nous aujourd'hui,
10:00c'est qu'aujourd'hui, t'as cet équilibre sportif et professionnel.
10:04Raconte-nous ce que tu fais,
10:06parce que ce que je disais à Magali tout à l'heure
10:08en préparant l'émission, je disais, il y en a là-dedans.
10:11Moi, je me suis reconvertie aussi.
10:13J'ai fait d'autres formations pendant que j'ai profité du Covid,
10:17donc en 2021,
10:19et j'ai appris à coder,
10:20et je suis allée sur tout un autre domaine qui s'appelle la data science,
10:25et maintenant, je forme des gens,
10:26je leur apprends à coder,
10:28et j'apprends aussi aux gens à utiliser plein d'outils
10:31qui vont leur permettre d'aller...
10:34soit entraîner des modèles pour faire de l'intelligence artificielle,
10:36soit des outils qui sont liés à tout ce qui est intelligence artificielle.
10:39Donc, voilà, des choses...
10:41En gros, on ne peut pas faire mieux ou plus connecté que toi.
10:44C'est vrai qu'on me dit souvent...
10:45Avec le monde d'aujourd'hui et de demain, je veux dire.
10:47Parce que les enjeux, ils sont là, beaucoup, là.
10:49C'est hyper passionnant, parce que c'est au cœur
10:52de ce qui se fait en ce moment et de ce qui se passe,
10:55et moi, je suis très curieuse
10:56donc je suis contente aussi de pouvoir, tous les jours,
11:00apprendre énormément de choses dans un sujet qui émerge,
11:03et ça fait du bien d'avoir les deux côtés.
11:06L'aspect transmission te plaît aussi ?
11:08L'aspect transmission me plaît.
11:11Alors, en termes de formation, ça me plaît,
11:13et transmission...
11:14Je ne sais pas, transmission du domaine professionnel ou sportif ?
11:18Là, je parlais du pro, mais on peut peut-être parler du sportif
11:20s'il y a cet aspect-là aussi.
11:22C'est vrai que du côté sportif,
11:23aujourd'hui, moi, j'arrive plutôt en fin de carrière,
11:25et j'ai vraiment cette envie de pouvoir transmettre
11:28aux jeunes générations et de laisser un héritage
11:29pour leur donner envie de continuer à développer ce sport
11:33et notre sport, et même le sport de manière générale,
11:37et je sais que c'est quelque chose qui m'anime, cette année,
11:40sur cette fin de carrière,
11:41c'est aussi de transmettre aux jeunes générations.
11:44Et côté pro ?
11:46Côté pro, transmettre, toujours, parce que les gens...
11:49Moi, j'aime bien quand les gens apprennent des nouvelles choses
11:51et à la fin me disent que c'était super,
11:53on a appris plein de choses, on s'est régalés, donc voilà.
11:56Magali, tu es quand même dans un domaine
11:58qui est le modèle d'aujourd'hui,
12:00un peu obscur, mais la courbe, elle est comme ça,
12:04et on sait que demain, le monde ne sera dirigé que par des...
12:08Beaucoup, par des éléments comme ça.
12:11Il y aura ces aspects-là qui me rentrent en ligne de compte.
12:13Évidemment, il faut la bonne idée, le bon outil, tout ce que tu veux.
12:16Il n'y a pas des moments où tu as envie de monter une boîte ?
12:18Ce n'est pas une critique, hein ?
12:20J'y pense. J'y ai pensé.
12:22Après, il faut...
12:25La bonne idée, les bonnes personnes.
12:26Exactement, mais c'est des choses qui... J'y pense.
12:29Et c'est vrai que je pense que le côté un peu sportif,
12:31c'est que j'ai l'impression qu'on a un peu une âme d'entrepreneur,
12:35parce que notre carrière, on l'a gérée comme si c'était aussi
12:38un peu un projet, une boîte, quelque chose comme ça.
12:41Et on se remet en question à chaque compétition.
12:43Et on se remet tout le temps en question, exactement.
12:44Donc, on n'a pas des choses où on fait des choses tout le temps,
12:48les mêmes choses tous les jours.
12:49On est tout le temps obligé d'aller chercher la nouveauté,
12:51se remettre en question.
12:53Et c'est vrai que j'y pense.
12:55J'y pense. Aujourd'hui, j'ai...
12:59Ouais, c'est une des possibilités.
13:02Tu reviendras nous en parler.
13:03Exactement.
13:04Mais est-ce que tu serais déçue si ça n'arrivait pas ?
13:07Après, il faut trouver le bon projet, les bons associés et tout ça, mais...
13:10Non, je ne serais pas déçue, parce que je me dis que si ça n'arrivait pas,
13:12c'est que peut-être que j'aurais trouvé autre chose
13:15qui me plairait aussi, parce qu'intégrer une...
13:19Être dans une grande entreprise qui est dans ce domaine
13:23de l'intelligence artificielle, je pense que ça peut être aussi passionnant.
13:26Donc, c'est que finalement, j'aurais trouvé autre chose
13:28qui me passionne aussi, donc...
13:30Tu as regardé les JO de Paris, évidemment.
13:32Qu'est-ce que tu en as pensé ?
13:34C'était magnifique. C'était beau.
13:35On a eu des très beaux Jeux, en plus des résultats incroyables.
13:38Moi, j'ai eu la chance de pouvoir passer un peu de temps au Club France aussi
13:41et de voir une ambiance magnifique.
13:44Enfin, les gens... Moi, j'ai...
13:46L'engouement qu'il y a eu de la part des Français...
13:48C'était merveilleux.
13:50Quand on entendait scanner le nom de Léon Marchand,
13:52alors qu'il y a quelques années, les gens ne connaissaient pas vraiment
13:55la natation avant leur manoudou,
13:56les gens ne savaient pas citer un nageur...
13:59Enfin, ou très peu, en tout cas, c'était très rare.
14:01Il y en avait très peu.
14:03Moi, j'ai trouvé ça magnifique.
14:05Quand on voit les coupes budgétaires dans le budget France et sport,
14:09ça génère quoi en toi ?
14:12Moi, je suis hyper inquiet.
14:13Pareil, c'est dommage.
14:15J'ai l'impression qu'il y a eu un petit peu cette soufflée
14:17avant et pendant les Jeux, et maintenant que c'est fini
14:20et qu'on n'a plus vraiment besoin du sport,
14:21on le laisse de côté.
14:23Alors qu'on se disait, il y aura un héritage...
14:24Exactement.
14:26Alors aujourd'hui, moi, je vois beaucoup de sportifs parler,
14:29ce qui se faisait beaucoup moins avant.
14:31Et les têtes d'affiches.
14:32Exactement.
14:33Donc, en espérant que ça puisse faire bouger les choses,
14:37mais le sport, c'est hyper important.
14:39On l'a vu dans plusieurs domaines,
14:42que ce soit au niveau...
14:45Même pour le bien-être des gens,
14:47que les gens se mettent au sport.
14:49Et ça, c'est grâce aussi aux sportifs
14:51et aux résultats des sportifs
14:52que les gens sont inspirés derrière
14:54pour pouvoir venir s'impliquer beaucoup plus dans le sport.
15:00Le sauvetage n'est pas encore olympique ?
15:02Non.
15:03Le sera ?
15:04On espère.
15:042032, Australie, Brisbane.
15:07Et il faut savoir que Brisbane, à côté, il y a la Gold Coast.
15:11La Gold Coast, c'est le berceau du sauvetage sportif.
15:13Et moi, quand je suis en France,
15:15les gens, quand je leur dis que je fais du sauvetage sportif,
15:17ils me regardent en me disant...
15:18Qu'est-ce que le sauvetage sportif ?
15:20En Australie, on arrive...
15:21Moi, la première fois que je suis arrivée en Australie,
15:23en Nouvelle-Zélande,
15:24j'ai dit que je fais du sauvetage sportif
15:25et je m'apprêtais à leur expliquer.
15:26Ils m'ont dit que tout le monde connaît le sauvetage sportif.
15:28Et donc, du coup, la Fédération internationale de sauvetage sportif
15:33et d'Australie sont en train, justement, de rentrer en campagne
15:37pour faire rentrer le sauvetage sportif
15:40en tant que sport rajouté par le pays organisateur
15:43en 2032 sur la Gold Coast.
15:45Et ça, ça doit te titiller.
15:47Alors, pas en tant que sportive, parce que là, si on fait le calcul...
15:50J'aurai quelques années.
15:51Exactement.
15:53Mais en tout cas, j'aimerais être partie prenante aussi
15:56pour faire en sorte que le sport se développe,
15:59qu'il soit beaucoup plus connu, parce que je pense que c'est un beau sport.
16:02En France ou d'une manière générale ?
16:03D'une manière générale, mais déjà en France,
16:05si en France, on arrivait à le rendre beaucoup plus médiatique
16:08et beaucoup plus connu, peut-être que ça donnerait aux jeunes
16:11l'envie de venir tester ce sport.
16:14Quand est-ce qu'on saura si, officiellement, c'est olympique en 2032 ?
16:17Je crois qu'il faut attendre encore une petite année.
16:19OK. Donc, ça veut dire qu'on aurait le temps, malgré tout,
16:21de former des nageurs ou des nageuses en France
16:24pour être prêts pour 2032 ?
16:25Bien sûr, exactement. On aurait le temps.
16:27Ah oui, là, on aurait le temps. Et puis, de former des nageurs
16:30ou même de donner envie à des nageurs d'avoir ce double projet,
16:32parce que c'est un double projet qui fonctionne très bien,
16:35d'allier natation et sauvetage.
16:37En fait, on ne s'entraîne pas spécialement pour le sauvetage.
16:41On a une base de natation et on vient rajouter
16:43des éléments techniques par-dessus
16:46pour pouvoir, justement, manier tous les éléments techniques
16:48et être plus à l'aise avec les mannequins, les palmes, etc.
16:52On a des images de ton titre de championne du monde, 200.
16:56200 mètres super sauveteurs.
16:58Exactement. On va les regarder. J'aimerais bien que tu les commentes
17:00et que tu nous dises exactement... Explique-nous.
17:02Alors, là, ça commence. On commence par 75 mètres.
17:05Donc, c'est un bassin de 50 mètres où on nage.
17:07Donc, il faut savoir nager. Donc, là, on commence par nager.
17:11Et au 75 mètres, il y a un mannequin qui est immergé au fond de l'eau.
17:15Ce mannequin, il pèse en fait 40 kg,
17:16mais il simule une victime de 70 kg
17:18parce que c'est un mannequin qui ne faute pas.
17:20Et là, vous voyez, on va le récupérer au fond de l'eau.
17:23Et là, on doit le tracter. Donc, on le ramène.
17:26Et on doit le garder en main jusqu'à ce qu'on touche le mur.
17:29Donc, là, on fait du crawl, mais qu'avec un seul bras.
17:30Avec un seul bras. Donc, on a développé des techniques
17:32qui ne sont pas forcément celles qu'on utilisera en cas de sauvetage réel.
17:35Mais en tout cas, on le ramène vite. Et là, on touche le mur.
17:38On a des palmes et une bouée tube.
17:40C'est le pain de mousse jaune qu'on vient récupérer.
17:43On vient chausser. On met la bouée tube.
17:45Vous avez vu, en trois secondes, c'est assez rapide.
17:47Et là, on repart.
17:48– Surtout chez toi, visiblement. Parce que là, tu l'auras collé deux mètres.
17:51– Et là, on repart en nageant avec cette bouée tube et les palmes.
17:55On a un mannequin à moitié rempli cette fois-ci.
17:57Donc, il simule une victime encore consciente parce qu'elle le flotte.
18:01Et là, on entoure avec le pain de mousse.
18:03Et on vient retracter la victime, le mannequin, jusqu'au 200 mètres.
18:08Et là, je peux vous dire que ça fait mal aux jambes.
18:10– Oui, effectivement. Aux jambes, aux épaules, partout, quoi.
18:13– Oui, oui, oui.
18:14Et le but, c'est vraiment…
18:18On n'a pas de note technique sur comment on ramène le mannequin.
18:20C'est vraiment d'être le plus rapide,
18:22tout en respectant un certain nombre de règles.
18:24On a quand même des règles, comme en natation,
18:26où il faut toucher à deux mains le mur en bras et en papillon.
18:28Là aussi, on a des règles à respecter.
18:31– Et ça, c'est vraiment ta spécialité ?
18:33– C'est ma spécialité, parce que c'est une épreuve
18:36que je trouve, elle est dure, mais ludique,
18:38parce qu'elle combine plein d'aspects techniques
18:40et il faut tout savoir faire, en fait.
18:42– Et peut-être que quand on a vécu…
18:45T'as fait combien de quatre ans chez Philippe Luxin ?
18:47– J'ai fait quatre ans avec lui.
18:48– Quatre années très exigeantes, très dures, de sacrifices,
18:52où on mange natation, on dort natation,
18:55mais c'est ce qui fait qu'on arrive à des sommets, en tout cas certains.
19:00L'aspect ludique, il est essentiel.
19:02– Exactement, c'est ce pourquoi aujourd'hui je continue aussi le sport.
19:06J'ai retrouvé un plaisir dans le sport depuis que je fais du sauvetage aussi,
19:10que j'avais un peu perdu avec la natation sur la fin de carrière,
19:13aussi peut-être parce que j'avais des blessures,
19:15mais j'ai retrouvé ce côté un peu ludique, et voilà.
19:19– Comment on fait dans une discipline comme la natation
19:21qui est tellement dure, tellement exigeante ?
19:23Pour moi, il n'y a pas plus dur, tu ne vois jamais le paysage,
19:26tu vois des carreaux et t'enchaînes les kilomètres 18 par jour,
19:30c'est juste un truc de fou.
19:32Comment on fait pour trouver du plaisir quand il n'y a pas de victoire ?
19:37Parce que quand il y a des victoires, on comprend,
19:39t'es champion d'Europe, t'es champion du monde, t'es champion olympique,
19:42mais quand il n'y a pas ça, quand on n'échoue à rien en plus,
19:46et puis parfois il suffit que tu sois mal tombé
19:49parce que t'es face à une génération
19:50où t'as une ou deux filles qui sont intouchables.
19:52– Exactement, ou des fois il suffit d'être malade le jour J et voilà,
19:56et toute une quatre ans partent en fumée,
19:58mais comment on trouve du plaisir ?
20:00C'est dur, c'est dur, après je pense que nous,
20:02on trouvait du plaisir à l'entraînement avec Philippe tous les jours
20:05parce qu'on vivait chaque entraînement comme une compétition
20:07et comme un challenge,
20:08donc les jours où on était à l'entraînement,
20:10on arrivait à faire des bons temps, se dépasser…
20:11– Parce qu'il arrivait à vous mettre dans ce…
20:13– Il arrivait à nous mettre là-dedans,
20:14et c'est là où il a toujours été très fort,
20:15c'est qu'il arrivait vraiment à créer cette émulation à l'entraînement
20:18et à nous faire nous dépasser,
20:19et on voyait l'entraînement comme un challenge,
20:21et on était content d'aller faire des choses
20:24qu'on ne pensait jamais être capable de faire,
20:26et c'est ça vraiment qui nous motivait,
20:27alors je ne vais pas vous mentir,
20:28moi surtout tous les matins c'était très compliqué,
20:30et je n'étais pas matinale…
20:32– Parce que c'est à six heures dans l'eau ?
20:34– Non, c'était six heures et demie,
20:35on avait la demi-heure supplémentaire.
20:37– Au piscine extérieure ?
20:38– En piscine extérieure,
20:39– À Gola ?
20:40– Moi j'ai eu de la chance, je l'ai rejoint à Canet-en-Roussillon,
20:43j'ai eu beaucoup de chance.
20:44– C'est un peu plus chaud, ou moins froid.
20:46– Et on habitait juste en face de la piscine,
20:47donc on traversait la piscine, on s'échauffait à sec,
20:50on plongeait dans l'eau à six heures et demie,
20:51ça durait en moyenne deux heures et demie à trois heures,
20:54on rentrait chez nous, on se reposait parce qu'on était rincé,
20:57et puis on repartait en muscu un jour sur deux,
21:00et sinon à 16 heures on était dans l'eau,
21:02de nouveau pour deux heures et demie, trois heures dans l'eau.
21:05Et il y a des fois où ça passait bien,
21:08où on prenait du plaisir à l'entraînement parce qu'on était bien,
21:10on se sentait bien, on arrivait à faire des choses incroyables dans l'eau,
21:12et puis des fois c'était dur, on pleurait dans les lunettes,
21:14et on serrait les dents jusqu'à ce que l'entraînement soit fini.
21:20– Mais c'est ce qui fait aussi qu'aujourd'hui tu brilles dans le sauvetage,
21:22ces années natation qui, en plus du reste,
21:25on ne va pas dire qu'il n'y a que ça évidemment,
21:26mais ça aide beaucoup quoi.
21:27– Oui.
21:28– J'imagine aussi que les copains, les copines qu'on se fait,
21:33avec qui on en bave, c'est essentiel, tu t'en revois encore,
21:38ça a constitué des liens à vie.
21:40– Oui, moi j'ai mes meilleurs amis qui viennent de ces années,
21:44Lucas, à l'époque il y avait la meilleure brasseuse de France,
21:48qui s'appelle Coralie, et aujourd'hui je sais que c'est quelqu'un
21:53avec qui je serai toujours en contact, j'ai d'autres amis,
21:59pareil, je sais qu'on sera toujours proches,
22:02ces années, oui, elles ont créé des liens,
22:04elles ont créé des liens, effectivement.
22:06– Et dire que tu as failli ne jamais nager et faire de la danse.
22:09– Oui, c'est vrai, j'aurais toujours nagé parce que j'ai un papa
22:12qui m'a mis dedans quand même.
22:14– Qui faisait ça.
22:15– Qui faisait ça, et qui dans tous les cas,
22:18c'était pas une option, il fallait dans tous les cas apprendre à neiger,
22:22savoir nager, et ça c'était obligatoire pour pouvoir,
22:26en plus on avait une piscine à la maison,
22:27donc pour la sécurité c'était obligatoire,
22:29mais moi je faisais de la danse classique au conservatoire de Paris,
22:32enfin dans un conservatoire, et j'adorais ça,
22:35j'adorais la danse classique, et c'est vrai que quand j'étais jeune,
22:38j'aimais un peu moins nager.
22:39– Est-ce que tu penses que mentalement,
22:43enfin est-ce que le mental faisait partie de tes atouts ?
22:45– Pas au début, au contraire, le mental, alors il y a deux aspects,
22:52moi j'ai toujours été une bosseuse,
22:53donc le côté bosseuse a été un atout pour moi,
22:56par contre j'ai jamais eu une grande confiance à moi
22:59sur mes années natation, et c'est d'ailleurs,
23:01Philippe me le disait souvent, il faut que tu prennes confiance en toi,
23:04et je l'ai toujours su que c'est ce qui me manquait,
23:07cette confiance en moi que j'ai retrouvée là dans les années,
23:11et je pense après avec l'âge aussi,
23:13on a aussi plus de recul sur les choses.
23:16– Parce que tu as commencé chez Philippe, tu avais quel âge ?
23:19– Moi j'y suis arrivée un peu plus tard, j'avais 18 ans,
23:20j'ai attendu de passer le bac,
23:22parce que je savais que mener ce double projet
23:25aurait été peut-être un petit peu compliqué,
23:26et les études aussi faisaient partie, c'était important dans la famille,
23:30d'avoir quand même le bac en poche à minima,
23:33et de pouvoir poursuivre des études après.
23:35– Tu es Magali, une femme inspirante,
23:36on va parler encore d'une autre femme inspirante,
23:38dans Sacré Championne, avec le magazine Au Féminin,
23:42et sa rédactrice en chef, Julie Caron, qui va nous rejoindre.
23:50Et Julie est donc avec nous, comme prévu, bonjour ma chère Julie.
23:52– Bonjour Alexandre, et bonjour Magali.
23:54– On reste dans l'eau ?
23:55– Oui, on reste dans l'eau, et on va même plonger ensemble
23:58dans une histoire qui mêle à la fois courage,
24:01résilience et dépassement de soi.
24:03Alors ces trois valeurs qui résonnent forcément
24:04quand je vais évoquer le parcours de celle dont j'ai parlé aujourd'hui,
24:08Yousra Mardini, mais aussi qui peut tout à fait s'adapter à votre parcours Magali.
24:15– Qui d'elle ?
24:15– Est-ce que vous la connaissez Yousra ?
24:17Toi tu avais déjà entendu parler d'elle ?
24:18– Non.
24:19– Toi Magali peut-être ?
24:20– Moi je n'ai pas entendu parler.
24:22– Alors Yousra Mardini, c'est une athlète syrienne,
24:25qui elle aussi a consacré sa vie à la natation,
24:28mais qui a aussi sauvé des vies dans des conditions tout à fait incroyables.
24:33Donc imaginez, on est en 2015, à ce moment-là Yousra n'a que 17 ans,
24:38lorsqu'elle est obligée de fuir la Syrie qui est en guerre à ce moment-là,
24:42elle est avec sa sœur Sarah.
24:44À ce moment-là, elle fait partie de l'équipe nationale syrienne de natation,
24:48et elle doit fuir son rêve d'enfance à cause des événements géopolitiques.
24:53– Bien sûr.
24:54– Donc comme beaucoup de réfugiés à ce moment-là,
24:57leur périple les mène en Turquie,
24:59là elles embarquent dans un petit bateau pneumatique avec 18 autres réfugiés,
25:05mais voilà, en pleine mer Aigée, le moteur il tombe en panne,
25:09ce qui aurait pu devenir une tragédie comme on en entend beaucoup.
25:12– Bien sûr.
25:13– Malheureusement en fait, ça va se transformer en un acte vraiment héroïque,
25:18puisque Yousra avec sa sœur et deux autres passagers,
25:21ils se jettent à l'eau, et là pendant plus de trois heures,
25:24ils vont nager, tirer le bateau, pour le maintenir à flot en fait,
25:29et affronter les vagues, mais aussi et surtout leur propre fatigue,
25:33et c'est une happy end puisque tout le monde a réussi à être sauvé de ce périple.
25:38Donc voilà, à ce moment précis, Yousra, elle nageait pas pour battre des records,
25:42elle nageait pas pour décrocher une médaille,
25:44mais bien pour survivre, pour sauver des vies,
25:46et donc c'est bien pour ça que j'ai voulu parler d'elle aujourd'hui et de son histoire.
25:50– Tu as bien fait, et je me souviens tout à l'heure,
25:51tu nous disais que quand tu tractes un mannequin
25:53qui représente l'équivalent d'une personne de 70 kilos,
25:57c'est très très très très lourd.
25:58Là on imagine un bateau, même si c'est un semi-rigide,
26:01mais avec 4 ou 5 personnes, combien de personnes ?
26:04– Ils étaient 18 et 4 à l'eau, donc 14 qui restaient à bord.
26:07– Ça doit être très lourd, et dans des conditions aussi quand même assez extrêmes.
26:10– En pleine mer…
26:11– La peur et ainsi de suite, donc ce que je veux dire,
26:13c'est que physiquement c'est…
26:14– C'est très très compliqué, je pense, oui.
26:17– Et donc bon, son histoire, elle ne s'arrête pas là,
26:19même si elle aurait pu, c'était déjà pas mal,
26:21mais quand elle arrive finalement à sa destination qui est l'Allemagne,
26:24elle choisit de continuer…
26:27– Donc Turquie puis Allemagne en fait.
26:28– Voilà, la destination en Europe, c'était l'Allemagne,
26:32et là elle reprend l'entraînement tout de suite,
26:34et à peine plus d'un an plus tard, après son arrivée en Allemagne,
26:38elle réalise un exploit inédit puisqu'elle se qualifie
26:40pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016,
26:43au sein de la toute première équipe des réfugiés
26:46du Comité international de l'Olympique,
26:47donc c'est la première fois qu'il y a cette équipe qui est créée,
26:50et donc à seulement 18 ans, à ce moment-là,
26:52elle devient un symbole d'espoir pour des millions de déplacés,
26:56et elle va répéter l'exploit puisqu'en 2021,
27:00pour Tokyo, elle est à nouveau qualifiée.
27:02Entre-temps, elle devient ambassadrice des Nations Unies pour les réfugiés,
27:06elle use ainsi de sa voix pour raconter son histoire
27:10et sensibiliser le monde à ce sujet,
27:12et donc son parcours, il est si puissant qu'il a fait l'objet d'un livre,
27:17mais aussi il a été porté à l'écran dans le film
27:21« Les nageuses » qui est sorti sur Netflix en 2022,
27:24je vous le conseille.
27:25C'est à la fois un film qui retrace ce périple
27:28dont je viens de vous parler, entre danger et détermination,
27:32mais c'est surtout cette histoire indéfectible d'amour
27:35entre elle et sa sœur.
27:36C'est vraiment une histoire poignante et inspirante,
27:39et elle montre bien aussi que les vagues que l'on affronte dans la vie,
27:42elles forgent la force nécessaire pour avancer.
27:46Et donc c'est pour ça, en pensant à Yusra,
27:48mais ça vaut aussi pour vous, Magali,
27:50je me dis qu'en fait, ce qui fait une championne,
27:51en fait, ce n'est pas seulement les médailles ou les podiums,
27:54c'est vraiment aussi ce qu'on va donner aux autres,
27:56ce qu'on va inspirer, et donc vous êtes deux femmes,
27:59chacune à votre manière, qui prouvent que le sport,
28:01c'est bien plus qu'une discipline et des résultats,
28:03c'est des parcours de vie.
28:05Et donc pour conclure, j'aimerais citer Yusra
28:07dans une interview qui nous dit,
28:09« Dans la vie, il ne s'agit pas seulement de gagner ou de perdre,
28:11mais de grandir et d'apprendre,
28:13et pour cela, le sport est la meilleure école. »
28:15Bravo, et on la voit porter la flamme olympique à Paris.
28:18Magali, je dis une bêtise si je dis que les nageurs ou les nageuses,
28:21peuvent, pas sont, parce qu'on sait que parfois,
28:24c'est difficile de faire la bascule avec la vie réelle derrière,
28:28mais que ça peut forger des personnes
28:32avec un mental exceptionnel et une force incroyable.
28:35Oui, mais totalement.
28:36Totalement, les sportifs, je pense que de plus en plus en France,
28:40on commence à reconnaître les sportifs de haut niveau
28:43pour cette dimension-là aussi,
28:46et en entreprise, c'est valorisé.
28:48Le côté, quoi qu'il arrive, j'irai jusqu'au bout.
28:52Quelles que soient les épreuves à surmonter,
28:56j'irai jusqu'au bout.
28:57Et des fois aussi, les épreuves très difficiles à surmonter,
29:00ça peut être plus motivant que démotivant.
29:02Mais c'est vrai que là, sur le parcours que vous nous avez cité,
29:06moi, je le trouve très inspirant.
29:08J'avais vu le film,
29:09et on parle de nager pour réaliser des exploits,
29:14mais déjà nager pour savoir être en sécurité nous-mêmes
29:17et sauver les gens,
29:19moi, je trouve ça magnifique, parce que ça illustre très bien aussi...
29:22Je comprends ce que tu veux dire. Une photo pour terminer ?
29:25Oui, l'image que j'ai retenue de ces derniers jours,
29:28c'est celle de l'équipe de short track française en relais mixte,
29:31qui a été sacrée championne d'Europe ce 19 janvier en Allemagne.
29:35Et dans l'équipe, on a donc trois patineuses
29:38qui ont ainsi reçu la médaille d'or et se placent sur les toits de l'Europe.
29:41Donc, félicitations à Aurélie Lévesque,
29:43Chloé Olivier et Gwendoline Daudet,
29:46ainsi qu'à leurs trois coéquipiers masculins.
29:48Merci beaucoup. Merci infiniment, Julie.
29:50Merci, Magali, d'avoir été avec nous.
29:52Bon retour sur les bassins, en mer et en entreprise.
29:56Exactement. Merci à vous.
29:57On a fait le tour ? On a fait le tour.
29:58Et merci à vous toutes et à vous tous pour votre fidélité.
30:01Je vous donne rendez-vous très prochainement. Salut.
30:16Sous-titrage Société Radio-Canada

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