• il y a 6 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Prescillia Bavoil, championne du monde de force athlétique en 2021 et Cécile L'Hommelet, coach en préparation mentale.

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Sport
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00:00...
00:23-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:26..dédiée aux femmes dans le sport.
00:28Bienvenue dans la victoire éternelle.
00:30Je suis ravi de vous retrouver, comme toutes les semaines.
00:34On a encore pour vous des invités exceptionnels,
00:36des femmes particulièrement inspirantes.
00:39Voici le sommaire.
00:40Une superwoman avec nous aujourd'hui,
00:42Priscilla Bavoie, championne de France,
00:44championne d'Europe et championne du monde de force athlétique.
00:48A 28 ans, elle domine sa discipline
00:50et compte rebattre de nombreux records.
00:52En 2e partie, nous parlerons préparation mentale
00:54avec la coach Cécile Lomlé,
00:56pratique peu connue, mais qui devient de plus en plus courante
00:59chez les athlètes de haut niveau.
01:01Priscilla, bonjour.
01:02Je suis ravi de t'accueillir dans la victoire éternelle.
01:05Tu avais fait une apparition il y a quelques mois,
01:08mais depuis, tu as étauffé ton palmarès.
01:10Comment ça va ?
01:12Ca va, et toi ?
01:13Ca va super bien. Ca va très bien.
01:15On va parler de force athlétique.
01:17Juste avant, je vais rappeler que tu es championne de France,
01:20championne d'Europe, championne du monde.
01:22C'est une légende de sa discipline,
01:24déjà à seulement 28 ans qu'il est avec nous.
01:27Peux-tu nous rappeler ce qu'est la force athlétique ?
01:30C'est un sport de force, comme son nom l'indique,
01:33qui s'apparente à l'haltérophilie,
01:35mais l'haltérophilie a deux mouvements, et nous en avons trois.
01:39On a le squat, le développé-couché et le soulevé de terre.
01:42OK. Squat, c'est les cuisses.
01:44Développé-couché, c'est...
01:46Oui, c'est sur le banc.
01:48Et levé de terre ?
01:49La barre est au sol. C'est une extension de hanche.
01:52Il faut soulever la barre du sol, sans la lever.
01:56C'est vraiment juste...
01:57Il y a des records partout, des records du monde.
02:01Et il y a aussi le total. Le total, c'est quoi ?
02:04Le total, c'est le cumul de nos trois meilleures barres
02:07sur chaque mouvement,
02:08qui nous donne le total athlétique et le classement.
02:11Tu nous rappelles comment t'es arrivée à cette discipline ?
02:14Pur hasard.
02:15Je rentre dans une salle de sport, à la base,
02:18pour faire de la remise à niveau,
02:20pour perdre du poids, pour être en bonne santé, etc.
02:23T'avais des kilos supplémentaires ?
02:24Oui, j'étais un peu en surpoids.
02:26T'avais quel âge ?
02:27J'avais 21 ans.
02:28J'étais pas spécialement bien dans ma peau,
02:31et c'était un moyen, pour moi, de réapproprier mon corps.
02:35Tu vas seule, avec des amis ?
02:36J'y vais seule.
02:38J'y vais seule.
02:39Difficile, comme démarche ?
02:40Oui, très difficile.
02:43Et du coup, un coach de la salle a repéré un potentiel
02:47par rapport à la force.
02:48Rapidement ?
02:50Assez rapidement.
02:51Apparemment, je m'étais déjà assez lourde sur les mouvements.
02:53J'avais pas de repères, ni de conscience de valeur par rapport à ça.
02:57Et aucune culture dans ce sport.
03:01Et du coup, il me parle de la force athlétique,
03:03et je dis, OK, je veux faire ça.
03:05J'ai adoré, en fait.
03:07J'ai eu vraiment un coup de foudre pour la discipline.
03:09Il faut rappeler qu'à côté de ça, t'as une vie,
03:11t'es maîtresse d'école.
03:12Oui.
03:13Tu gères une classe d'enfants qui ont quel âge ?
03:16Une classe de CE1, et donc, ils ont 7-8 ans.
03:19Aujourd'hui, ils savent que leur maîtresse,
03:21elle est championne du monde, recordmanne du monde.
03:23Oui, ils savent.
03:24Qu'est-ce qu'ils disent ?
03:25Ils sont fiers. Ils sont fiers.
03:28C'est trop mignon.
03:29Oui, c'est grave mignon.
03:30Et en même temps, est-ce que parfois t'en joues genre...
03:32Tu te souviens que la maîtresse, elle est championne du monde,
03:34ou recordmanne du monde ?
03:35Parfois, ça m'arrive de faire des petites boutades là-dessus,
03:38mais c'est plus quand ils font des bêtises,
03:39je leur dis, attention, je vais te suspendre au portement,
03:41genre, je peux te lever d'une main, ou des choses comme ça.
03:44Mais oui, ça reste mignon.
03:45Et ils disent quoi ?
03:47Bon, ils savent que je rigole.
03:49Ils savent que je rigole.
03:50T'as une particularité également,
03:51et je suis ravi qu'on puisse en parler,
03:53parce qu'on peut parler de tout dans le monde d'aujourd'hui,
03:57c'est qu'on t'a détectée de l'autisme.
04:01Oui.
04:02À quel âge ?
04:03Alors, j'ai eu un diagnostic assez tard, à l'âge de 22 ans.
04:06Donc, j'ai eu un diagnostic d'autisme Asperger.
04:09Alors aujourd'hui, dans les termes scientifiques,
04:11on ne dit plus ça, je suis atteinte de troubles autistiques.
04:14D'accord.
04:15Ça reste des termes, quoi.
04:16Mais ouais.
04:17Du coup, à 22 ans.
04:19Et concrètement, dans les faits, c'est quoi ?
04:20Alors, moi, mes difficultés,
04:22c'est essentiellement au niveau sensoriel,
04:25donc tout ce qui va être le bruit, les odeurs,
04:30l'odorat,
04:31et aussi hypersensibilité émotionnelle,
04:34et tout ce qui va être interaction sociale, qui peut être compliqué.
04:36Donc, ils ont été, en fait, un véritable apprentissage pour moi
04:39au quotidien.
04:41Donc, à partir de 22 ans, donc il y a six ans ?
04:43Oui.
04:44Et tu es accompagnée, tu as été accompagnée ?
04:46Comment ça se passe ?
04:47Oui, alors, je le suis toujours.
04:48Je suis suivie par une psychologue
04:50qui est spécialisée dans ces troubles-là.
04:52Et ils appellent ça...
04:54Alors, je ne veux pas me tromper dans les termes,
04:55mais c'est une thérapie comportementale,
05:00quelque chose comme ça.
05:01Enfin, là, je n'ai plus les termes exacts,
05:03mais non, je suis suivie.
05:04Est-ce que, du coup, les bruits et les odeurs d'une salle de sport
05:07sont devenus des repères pour toi ?
05:09Le bruit des barres métalliques, le bruit de la salle de théâtre,
05:12l'odeur, la...
05:13Pas spécialement.
05:14Pas spécialement.
05:15Les odeurs, j'ai beaucoup de mal.
05:16Après, j'ai la chance de m'entraîner dans ma salle de sport,
05:18donc ça va.
05:20Par contre, le bruit, c'est très, très compliqué.
05:21J'ai toujours, par exemple, mes écouteurs en salle.
05:25Même si je n'écoute pas de musique,
05:26ça me permet juste, en fait, d'atténuer le bruit aux alentours
05:30et de pouvoir discuter, en fait, avec mes camarades, par exemple.
05:34Ça, ça a été une grande difficulté
05:36parce qu'en gros, mon cerveau est incapable de...
05:41En fait, par exemple,
05:42ton cerveau va naturellement diminuer les bruits alentours
05:45quand tu te focalises sur quelque chose,
05:46sur quelqu'un qui est en train de te parler.
05:48Moi, mon cerveau, il est incapable de faire ça.
05:49Et donc, du coup, c'est comme si j'avais un brouhaha permanent
05:52et la personne me parle en face et je ne comprends pas ce qu'elle me dit
05:55parce que mon cerveau, en fait, il a trop de stimuli en même temps.
05:59Et donc, du coup, d'avoir mon casque, par exemple, tout le temps,
06:02ça me permet d'atténuer ces bruits-là
06:04et quand la personne est en face de moi,
06:05de vraiment réussir mieux à me concentrer sur ce qu'elle me dit, en fait.
06:09Quand tu es en compétition, tu n'as pas de casque ?
06:11Alors, sur le plateau même, non, mais il n'y a pas de musique,
06:14donc je ne suis pas gênée,
06:15mais par contre, en backstage, j'ai toujours mon casque.
06:18Et le fait de l'enlever pour rentrer en compétition ?
06:21Alors, ça, ça va.
06:22Tu as dû apprendre à...
06:23Alors, je n'ai pas spécialement appris,
06:25mais ça va parce que vraiment, il n'y a pas de musique, en fait.
06:28Il n'y a pas de musique, le public, en général,
06:30il nous laisse le temps de se concentrer,
06:32donc je ne suis pas tant gênée que ça
06:34et puis je suis focus sur la barre, donc ça va.
06:37Je trouve ça fantastique, ce que tu fais.
06:38A la fois cette vie de femme, entre guillemets,
06:42ordinaire de maîtresse d'école,
06:44cette vie exceptionnelle qui fait de toi
06:46une des femmes les plus puissantes au monde
06:48et de nombreux records du monde,
06:50si jeune, j'ai envie de dire.
06:53Est-ce que tu t'es fait des copines dans ce milieu ?
06:55Est-ce qu'en France, c'est développé ou est-ce que t'es...
06:58Ouh là là, c'est elle et il n'y a qu'elle ?
07:00Non, alors...
07:02Déjà, moi, je suis heureuse d'avoir rencontré la force athlétique
07:06parce que ça m'a permis d'avoir des amis,
07:08chose que je n'avais pas avant à cause de mes troubles autistiques
07:10qui me posaient beaucoup de problèmes dans le milieu social.
07:13Donc déjà, j'ai pu me faire des amis grâce à ça,
07:15donc c'est vraiment génial.
07:18Et puis, on a la chance, en force athlétique,
07:21d'avoir une équipe féminine qui est exceptionnelle
07:24dans plusieurs catégories,
07:25donc ce soit en moins de 47, en moins de 52,
07:27en moins de 57, en moins de 63.
07:29Enfin, on a vraiment une grosse équipe féminine,
07:32même les grosses catégories, la catégorie plus de 84,
07:36qui est représentée aussi par Amélie Merger.
07:38Là aussi, avec des filles qui ont des records du monde.
07:41Oui, qui ont aussi des records du monde,
07:43des records d'Europe, des records de France.
07:45Donc, non, une très, très grande fierté
07:48d'avoir une aussi grosse équipe féminine.
07:51Alors, c'est devenu des copines
07:52et ça crée une émulation entre vous, j'imagine ?
07:54Oui, oui, on se soutient les unes, les autres
07:57et on se pousse pour toujours être meilleure, quoi.
08:01Donc, tu rentres par hasard dans une salle de sport
08:03pour perdre du poids. T'as quel âge ? Rappelle-moi.
08:0528 ans.
08:06Non, non, au moment où tu rentres.
08:07Au moment où je rentre, j'avais 21 ans, du coup.
08:09OK, donc c'est avant-hier, hein ?
08:11Ouais, c'était à partir d'avant que ça.
08:13T'as 21 ans et là, au bout de combien de temps,
08:15un coach dit, tiens, elle, il y a quelque chose,
08:17elle pousse fort ?
08:18Deux, trois mois.
08:19OK.
08:20Deux, trois mois. J'ai fait deux, trois mois de musculation
08:22et j'ai tout de suite changé pour la force athlétique.
08:26OK. Est-ce que pendant ces deux, trois mois,
08:28ça t'a donné satisfaction quant à la volonté primaire
08:33qui était de, je viens pour perdre du poids ?
08:35Ou directement, t'es passée par,
08:37OK, on va partir sur la performance et puis on va suivre.
08:40Non, en fait, j'ai vraiment switché.
08:42Et aujourd'hui, mon corps, je le vois plus du tout
08:44comme quelque chose, comme un poids,
08:46où je dois atteindre un certain poids, un certain physique.
08:49Je le vois plus comme un moyen de réussir certaines choses,
08:53en fait. Donc, j'ai totalement switché ma mentalité là-dessus
08:57et j'étais vraiment fixée sur la performance, la performance.
09:01Et aujourd'hui, la performance, ça fait que j'ai le corps
09:03que j'ai aujourd'hui.
09:04Mais ça n'a pas du tout été une priorité, au final.
09:07Tu l'aimes, ton corps, aujourd'hui ?
09:08Ce n'est pas tous les jours facile,
09:10parce que je reste une femme et je reste un être humain tout court.
09:14Donc, je pense qu'on se voit toujours des défauts,
09:16on aimerait toujours changer quelque chose.
09:17Mais je suis beaucoup plus en paix avec lui-même,
09:20enfin avec lui, que je l'étais à 21 ans.
09:22Qu'est-ce qui, pardon, sans rentrer dans les détails,
09:25mais en quoi la masse musculaire, j'imagine que tu parles de ça,
09:30acquise pour aujourd'hui réaliser ses performances,
09:32en quoi ça dérange ?
09:33Alors, moi, ce n'est pas tant la masse musculaire qui me dérange,
09:37c'est plutôt des petites choses comme des cicatrices ou la cellulite
09:41ou certaines vergetures,
09:42ça va être plutôt des petites choses comme ça, des détails comme ça.
09:44Mais la masse musculaire en soi ne me dérange pas personnellement.
09:48Au contraire même, non ?
09:50Oui, une femme musclée, moi, je trouve ça beau, vraiment.
09:51Bien sûr.
09:52Donc, voilà.
09:53Évidemment, je suis d'accord avec toi.
09:55Les performances arrivent rapidement.
09:56Donc, il y a ces deux mois, le coach qui te détecte.
09:58Comment ça se passe ? Tu restes dans le même club ou tout de suite ?
10:02Alors, j'ai un esprit très compétitif.
10:06Donc, je lui dis, OK, moi, je vais faire de la compétition,
10:08mais ce n'est pas pour finir dernière.
10:10Oui, donc compétitive, organisée, ambitieuse.
10:13Oui, je lui dis, je veux devenir championne de France.
10:17Et du coup, on s'est lancé le pari en fait,
10:20en un an de devenir championne de France.
10:22Donc, il m'a suivie pendant toute cette année.
10:23Et on a...
10:24Toujours ce coach dans cette salle de sport où tu es rentrée par hasard.
10:26Voilà. Et on a accompli du coup, on a accompli l'objectif.
10:31À 23 ans.
10:32Oui.
10:33Et là, tu te dis quoi ?
10:35Là, je me dis...
10:36C'est un bon début.
10:37Oui, je me dis, je veux plus.
10:39Et en fait, alors, à cette époque-là,
10:42je savais déjà, donc j'avais déjà eu mon diagnostic d'autisme,
10:45mais je n'étais pas du tout prête à faire de la compétition internationale
10:48parce que j'avais beaucoup de choses à gérer.
10:50Voyager à l'étranger avec des gens que je ne connaissais pas.
10:53J'avais peur d'être démasquée, entre guillemets, d'être jugée
10:56parce que j'avais subi des brimades au collège, lycée, etc.
11:00Par rapport à ça.
11:02Et j'avais peur, en fait, de ne pas me faire des amis,
11:05d'être mise à part parce qu'on me trouvait bizarre, etc.
11:09Et donc, du coup, j'ai mis beaucoup de temps
11:10avant de me lancer à l'international
11:11et d'oser, en fait, dire oui à l'équipe de France.
11:15Mais...
11:16T'avais peur de te mettre en difficulté ?
11:18Oui.
11:18Sortir d'une, entre guillemets, d'une zone de confort ?
11:21Exactement. C'est exactement ça.
11:23J'étais... J'avais la trouille.
11:26Soyons honnêtes, j'avais la trouille.
11:27Et donc, du coup, quand j'ai commencé à faire...
11:30Donc, j'ai fait deux ou trois championnats de France après,
11:34que j'ai remportés.
11:35Et donc, j'ai rencontré, en fait, le staff de l'équipe de France.
11:38Ils m'ont dit...
11:39Et puis l'ambition...
11:40Puis l'ambition, elle grandit, puis on prend confiance.
11:43Et le staff d'équipe de France m'a dit que j'avais ma place.
11:46Puis j'ai commencé à les connaître, et donc, du coup, à être rassurée.
11:49Et je me suis dit, c'est bon, on passe au cap supérieur, quoi.
11:54Est-ce que, Priscillia, et tu m'arrêtes si je dis une bêtise,
11:56mais est-ce que le plus difficile, c'est pas, dans ton cas,
12:00d'ouvrir les portes ?
12:01J'ai l'impression qu'une fois qu'elles sont ouvertes...
12:03Oui, c'est ça.
12:04Je mets beaucoup, beaucoup de temps à ouvrir les portes.
12:07C'est exactement ça.
12:08Et après, par contre, une fois que je me suis donnée un objectif,
12:12je me mets à fond dedans.
12:13Et je pense que c'est aussi une des forces de l'autisme,
12:15c'est qu'on est hyper perfectionniste.
12:17On est très minutieux, très dans les détails.
12:20Et ça, ça peut être un atout dans certaines choses.
12:23Moi, pour pratiquer à mon nom le niveau aussi de la musculation,
12:27je vais appeler ça comme ça,
12:29contrairement aux idées reçues,
12:31c'est hyper technique, hyper physiologique, hyper organisé.
12:35C'est assez fantastique,
12:38parce qu'on impacte sur notre corps,
12:41on en demande plus, et ça se fait pas comme ça, quoi.
12:44Non, c'est vrai qu'on a beaucoup cette image...
12:48Ouais, d'un truc de bourrin.
12:49Exactement, il faut aller en mode gros bourrin et tout,
12:52alors qu'en fait, pas du tout, c'est hyper technique.
12:54Et puis, c'est vraiment...
12:56On va parler de nutrition tout à l'heure,
12:58mais c'est vraiment du step by step,
12:59en organisons.
13:01Si on le fait pas bien, tu peux te blesser ou tu performes pas.
13:04Oui.
13:06Ça peut être...
13:07Une performance, elle se joue à un millimètre près.
13:09Donc, il faut être bien entourée, bien encadrée.
13:12Est-ce que ce monsieur qui t'a détectée, tu travailles toujours avec ?
13:14Je ne travaille plus avec, mais on est toujours très proches
13:17et il me suit toujours de près.
13:19Qu'est-ce qui fait que tu es passée à un autre niveau
13:22où il fallait plus de temps, d'organisation ?
13:25Non, c'est plutôt la vie qui a fait les choses.
13:27Il a déménagé à l'étranger
13:29et puis moi aussi, j'avais besoin de changements, entre guillemets.
13:33Mais il m'a suivie pendant trois ans.
13:35Ça t'a perturbée de changer ?
13:37Au début, oui. Ça a été très, très compliqué.
13:39Toujours pareil.
13:41Très, très compliqué.
13:42Celui ou celle qui l'a remplacée ?
13:44Alors, je suis restée trois ans aussi avec cette personne.
13:47Et là, j'ai rechangé récemment.
13:49Oui, mais une fois que tu sais que tu peux changer,
13:52c'est toujours pareil, le principe de l'ouverture des portes.
13:55Je voudrais qu'on s'arrête deux secondes sur tes performances
13:58qui sont juste extraordinaires.
13:59Tu as le record du monde de squat.
14:01C'est une barre sur l'épaule, on se baisse et les cuisses poussent.
14:04En partie, parce qu'il n'y a pas que ça.
14:07205,5 kg.
14:10Développée, couchée,
14:11tu as un record personnel à 112,5 kg.
14:15112,5 kg allongés sous une barre qu'on pousse.
14:17C'est ce qu'on voit à l'image.
14:19Incroyable.
14:20N'importe quelle personne qui a essayé de lever une barre
14:23se rend compte qu'au-delà des 40 kg, ça devient compliqué.
14:26Là, on est à 112.
14:27Soulevée de terre, record du monde,
14:29230,5 kg.
14:32Tu n'as jamais mal au dos ?
14:35Non, ça va.
14:36Alors, ça peut paraître une mauvaise analyse,
14:40car il n'y a pas que le dos, il y a les cuisses, le gainage, les épaules.
14:43Et on le voit là aussi à l'image.
14:45230 kg, c'est juste incroyable.
14:49Et le total, le fameux record du monde,
14:51on est à 548,5 kg.
14:53En quoi tu es la meilleure ?
14:54En quoi je suis la meilleure ?
14:56Sur l'un des mouvements ?
14:57Sur l'un des mouvements, oui.
15:00Le squat.
15:02Le squat, c'est vraiment le mouvement
15:04où on me connaît, mon mouvement phare.
15:07Et du coup, c'est quelque chose que tu travailles plus, moins ?
15:10Comment ça se passe ?
15:12Alors, non, je ne le travaille pas forcément plus que les autres,
15:15ou moins. Je pense que j'ai peut-être juste plus d'atouts
15:18par rapport à ma morphologie
15:21ou ma manière de faire dessus, je pense.
15:23Squat, tu peux me le rappeler ? C'est un squat.
15:25Donc, j'ai la barre, je descends et je remonte.
15:28Oui. On a trois essais, mais c'est une répétition.
15:31Donc, essayez de mettre, allez, 20-30.
15:34Faites gaffe quand même, parce qu'on peut évidemment se blesser.
15:37Oui.
15:39C'est là aussi, et on l'a évoqué tout à l'heure,
15:42mais c'est là où l'aspect technique est tellement important.
15:45Parce qu'évidemment, on soumet des pressions à notre corps
15:48qui sont dangereuses, inhabituelles, et ainsi de suite.
15:52Alors, il y a la technique, mais il y a aussi la récupération
15:55qui joue énormément, et c'est pour ça que, par exemple,
15:59je travaille avec Compex, qui me permet de récupérer
16:03ou d'éviter certaines blessures par rapport à l'activation.
16:06Explique-nous.
16:08Alors, Compex, c'est une entreprise spécialisée dans le sport.
16:13Ils ont différentes gammes, et en fait, tous leurs produits sont...
16:18Tous leurs produits permettent de...
16:20De mieux récupérer.
16:22Ce n'est pas des produits qu'on ingère.
16:24Non. Il n'y a pas que de la récupération,
16:26il y a aussi tout ce qui va être activation musculaire,
16:28où ça va aider, par exemple, pour tout ce qui va être réchauffement.
16:31Tout ce qui va être réchauffement pendant l'entraînement.
16:34C'est ce qu'on voit à l'image.
16:36Oui, voilà.
16:37À l'image d'avant.
16:38Donc là, par exemple, le rouleau, ça me permet de m'activer
16:41avant mon squat et mon deadlift.
16:42Ça me permet d'activer tout ce qui va être...
16:44D'avoir un muscle qui est chaud, mais pas fatigué
16:46au moment où on va le soumettre.
16:48Voilà, exactement.
16:49Après, je vais utiliser ce qu'on a...
16:51Voilà, les bottes de compression, par exemple, aussi les patchs.
16:55J'appelle ça des patchs, mais...
16:57Oui, oui.
16:58L'électrostimulation.
16:59Donc, tout ça, ce sont des petits détails qui, au fur et à mesure...
17:02Qui ne sont pas du tout, du tout, du tout des détails.
17:04Oui.
17:05Moi, j'appelle ça des petits détails
17:07parce que ce n'est pas la principale récupération.
17:09La principale récupération, ça va être quand même la nutrition,
17:11le sommeil, le repos, d'aller...
17:14De prendre le soleil, des choses normales, basiques.
17:17De prendre le soleil ?
17:18Oui.
17:19C'est vrai ?
17:21Oui, bah oui.
17:22C'est pour ton bien-être mental ou c'est pour avoir bonne mine ?
17:24Pour les deux.
17:25D'accord.
17:26Pour tout ce qui va être mental, mais aussi, par exemple,
17:29la vitamine D, on la synthétise grâce au soleil.
17:33Donc, c'est pour ça que, par exemple, des civilisations
17:37qui voient peu le soleil vont avoir un gros manque de vitamine D.
17:40C'est-à-dire les citoyens normaux, quoi.
17:42Et ça va jouer sur le mental, ça va jouer sur le moral,
17:45ça va jouer...
17:46Il y a beaucoup de dépressions qui sont dues à ça, par exemple.
17:48Donc, voilà.
17:50Mais quand je dis que ce sont des détails,
17:51ce sont les plus qui font que, quand on est athlète,
17:54quand on est sportif, on prévient les blessures et aussi...
17:58On anticipe, on prévient.
17:59Oui, on anticipe, quoi.
18:01Tu es une sportive de très, très haut niveau.
18:03Tu travailles, tu es maîtresse d'école.
18:05Combien tu as d'entraînement par semaine ?
18:07Cinq entraînements par semaine.
18:08De combien de temps ?
18:10Deux à trois heures.
18:11Donc, deux à trois heures,
18:12ça veut dire qu'à 17h, un salut les bambinos,
18:14merci, à demain, la maîtresse vous embrasse.
18:16Et toi, tu pars en salle.
18:17Oui.
18:19De genre de 18h à 20h, 21h ?
18:21Alors, j'arrive en général là-bas vers 17h30,
18:25selon le trafic en Ile-de-France.
18:27Oui.
18:28Et ensuite, je commence à m'entraîner
18:31entre 18h et 18h30,
18:32et en fait, je rentre chez moi, il est déjà 22h.
18:34Parce que je finis mon entraînement vers 21h, 21h30.
18:36Tu dors bien ?
18:37Les nuits sont courtes.
18:39Mais tu dois tomber comme une masse.
18:41Oui, par contre, oui.
18:44Un aspect très important, tu parlais de récupération,
18:46on va parler d'hygiène de vie,
18:48mais on ne va pas s'éterniser,
18:49parce que ça me paraît indispensable.
18:51Oui.
18:52Sinon, on se pète.
18:53Parle-moi d'alimentation.
18:55Comment tu fais ? Est-ce que tu es suivie ?
18:57Est-ce que tu as un nutritionniste ou une nutritionniste ?
19:00Alors, pour l'instant, je m'auto-gère.
19:02Après, j'ai déjà travaillé avec des personnes
19:04qui sont spécialisées dans la nutrition.
19:06En ce moment, je m'auto-gère.
19:08Tu t'auto-gères, un, parce que tu te connais,
19:10et deux, parce qu'on t'a aidée avant.
19:13Oui, parce que j'ai été formée,
19:14formée entre guillemets,
19:16enfin, j'ai appris, quoi.
19:18Mais, ouais, je m'auto-gère pour le moment.
19:21Et ton alimentation,
19:22qu'est-ce qui donne, moi, des éléments, des clés ?
19:28Alors, moi, par exemple, je fais quatre repas par jour.
19:31À quelle heure ?
19:32Et j'essaye, vraiment, basique, le lundi...
19:35Le matin, le midi,
19:37collation avant l'entraînement et mon dîner du soir.
19:40Le matin, normal, petit-déj.
19:42Ouais, le midi.
19:43À la cantine, à l'école ?
19:45Ouais.
19:46T'amènes ton propre repas ?
19:47Ouais, j'amène mon repas.
19:49Après, collation, à quelle heure ? À 17h à la sortie ?
19:51Ouais, voilà, exactement.
19:53Et le dîner, le soir, du coup.
19:55Quels sont les...
19:57Alors, ils sont évidemment tous importants.
20:00Oui.
20:01Mais quand est-ce que tu sur-protéines,
20:03quand est-ce que tu manges des légumes ?
20:05Je veux toujours des protéines à chaque repas.
20:07Hum.
20:08Toujours soit des légumes ou des fruits à chaque repas.
20:12Et après, une source de glucides à chaque repas.
20:15Donc, mes glucides, quand je dis glucides,
20:17alors les fruits et les légumes, ce sont des glucides,
20:19mais quand je parle vraiment des glucides,
20:21ça va être le riz, les pâtes, les choses un peu plus lourdes.
20:23Hum.
20:25Je vais plutôt les centrer autour de mon entraînement.
20:27Et avant, j'en prends en plus petites portions.
20:31La protéine, par exemple, c'est quoi ?
20:33C'est les oeufs, la viande blanche ?
20:34Les oeufs, la viande, le poisson.
20:36Et les doses, du coup, sont plus importantes ?
20:39Enfin, sont importantes ?
20:40Alors, comparé à une personne lambda, oui.
20:43Par exemple, moi, je suis à 130 grammes de protéines par jour.
20:48Une personne lambda, elle n'a pas besoin
20:50d'autant de protéines par jour.
20:53Mais c'est vrai que quand on a une activité sportive,
20:55forcément, nos muscles demandent plus à manger.
20:59Et les jours où tu ne t'entraînes pas,
21:01donc les deux seuls jours qui sont le samedi ?
21:03Le vendredi et le dimanche.
21:06Oui.
21:07Ces jours-là, c'est repos complet ?
21:09Oui, oui, je me repose.
21:11Hum.
21:12On l'a compris, évidemment, tu ne vis pas de ça.
21:15Non.
21:16Qu'est-ce qu'on gagne ? Je parle financièrement.
21:19Après, le prestige, l'honneur et faire de toi
21:22une des femmes les plus puissantes du monde, fantastique.
21:24Néanmoins, parlons pépettes.
21:26Parlons pépettes.
21:27Alors, en pépettes, pas grand-chose comparé à d'autres sports.
21:32On n'a pas la prime des JO, par exemple.
21:34Mais quand même, la Fédération, par exemple,
21:38nous donne des primes à la performance.
21:40Il y a certains sponsors qui nous rémunèrent aussi
21:43et qui peuvent donner des primes à la performance aussi.
21:46OK. Les primes à la performance, c'est quoi ?
21:48C'est des records du monde ?
21:49C'est un titre de championne de France ?
21:50Alors, ça dépend.
21:52Ça dépend. Il y en a, ça va être uniquement si tu as un titre.
21:55Il y en a d'autres, ça va être pour un podium.
21:57Il y en a d'autres qui vont inclure les records aussi.
21:59Il y en a d'autres, non.
22:00Ça dépend des sponsors.
22:02OK. Aujourd'hui, tu es une des meilleures au monde,
22:04voire la meilleure.
22:05Ouais.
22:06Cette discipline te rapporte, grosso modo, combien par an ?
22:10Par an, je ne saurais pas te dire.
22:14Mais, par exemple, si je gagne un champion...
22:17Là, par exemple, j'ai gagné les championnats du monde.
22:20J'ai eu à peu près 3 000 euros de la Fédération.
22:23Alors, grâce aux titres, plus les records,
22:26qui ont été pris en compte.
22:28Et j'ai eu, de mes sponsors, 7 000 ou 8 000 euros.
22:33Voilà. Donc, en gros, un peu plus de 10 000 euros pour une compétition.
22:37Est-ce que tu considères aujourd'hui l'aspect financier
22:40comme un levier important dans ta motivation ?
22:43Non.
22:44Parce que ça n'a pas été le levier qui m'a attirée dès le début.
22:48Ça avait vraiment été une passion à un coup de foudre.
22:51Il n'y avait pas... Enfin, il n'y avait zéro argent, quoi.
22:54Au début, il n'y avait vraiment zéro argent.
22:55Je ne faisais pas de compétition internationale,
22:57donc je ne gagnais pas.
22:58Je payais tous mes déplacements pour aller en compétition.
23:02Et parfois, je le fais encore et je le fais de bon cœur,
23:03parce que je pense que quand on fait quelque chose
23:05qu'on aime vraiment passionnément,
23:07on ne le fait pas en premier pour l'argent.
23:09Après, c'est sûr qu'aujourd'hui, je suis heureuse
23:12parce que ça me permet d'avoir une vie... Voilà.
23:17D'élever mon niveau de vie.
23:19Mais ce n'est pas ma motivation principale.
23:22Jusqu'à quel âge tu comptes le faire ?
23:24T'as 28 ans, on rappelle.
23:25Oui, je me suis donnée la deadline de 35 ans.
23:28OK.
23:29On verra après.
23:32Parce que tu te dis que ton corps, il y a un moment,
23:35ça va fatiguer ? Parce que...
23:37Oui. Alors, en général, notre sport,
23:39on peut le pratiquer quand même très, très longtemps.
23:41Alors, pas à haut niveau, mais on peut le pratiquer
23:44si on fait attention à tout ce qui va être blessure, etc.
23:48Mais à haut niveau, je me suis donnée 35 ans.
23:51Est-ce que tu penses dans une vie future à la maternité ?
23:55Alors, je ne souhaite pas avoir d'enfants.
23:58C'est une question auxquelles j'ai longtemps réfléchi.
24:02Déjà, pour l'instant, c'est sûr que non
24:04par rapport à ma carrière sportive,
24:06mais j'y ai réfléchi aussi à titre personnel pour après,
24:10parce que 35 ans, je trouve que ce n'est pas si vieux
24:12que ça pour avoir des enfants.
24:13Mais pour l'instant, la balance penche beaucoup plus
24:16pour non que pour oui.
24:17On a parlé de l'argent, on a parlé de tout ça.
24:21Maintenant, j'aimerais qu'on parle des femmes.
24:22Il y a quelques jours, c'était la journée du droit des femmes.
24:24Comment, toi, dans un sport que nous, vilains hommes,
24:28on verrait comme très masculin,
24:30comment une femme a réussi à s'imposer ?
24:32Et encore une fois, bravo.
24:34Moi, c'est une...
24:36Parce que moi, pour avoir beaucoup pété dans les salles de sport,
24:39il y a des femmes, mais il n'y en a pas tant que ça.
24:42Oui, il n'y en a pas beaucoup.
24:43Et encore moins des femmes qui lèvent lourd.
24:44Oui, ça commence petit à petit,
24:48mais c'est vrai que ce n'est pas du tout quelque chose
24:51qui est généralisé et qu'on voit partout.
24:54Pour moi, c'est une extrême fierté.
24:57Vraiment, je suis fière d'avoir ouvert la voie
25:01et d'avoir cassé ces clichés autour de la femme,
25:04autour de la force,
25:05que ce n'est pas quelque chose qui est réservé qu'aux hommes.
25:07Une femme peut être forte.
25:09Et elle est légitime, elle a le droit d'être forte.
25:12Féminine, femme, ou pas, d'ailleurs.
25:15Une femme, une mère, avoir une carrière sportive,
25:19avoir une carrière professionnelle,
25:21elle est libre et elle peut faire plein de choses
25:24et elle a plein de potentiels.
25:25Et moi, je suis heureuse d'être un exemple pour tout ça.
25:29T'as vu des regards d'hommes qui t'ont dérangée ?
25:35Alors, moi, ce qui me dérange chez les hommes,
25:38ça va être plutôt tout ce qui va être mansplaining,
25:41dans le sens où ils savent toujours mieux que toi,
25:45même si c'est toi la professionnelle.
25:47Il faut toujours qu'ils mettent leur petit grain de sel
25:49et qu'ils te fassent des réflexions.
25:51Après, non, pas tant que ça, sinon.
25:53Après, ça va être plutôt sur le dopage.
25:55Question récurrente.
25:57Allons-y.
25:58Souvent, j'ai jamais eu une femme qui m'a dit concrètement
26:04« t'es dopée », c'est toujours que des hommes.
26:06Et c'est souvent des hommes qui soulèvent moins lourd que moi.
26:10Voilà, ils se disent que si je fais plus lourd qu'eux,
26:13c'est forcément que je prends des produits.
26:15Il y a des contrôles dans ta discipline ?
26:17Oui, oui.
26:18Donc moi, je suis, par exemple, sur la liste WADA.
26:21Ça veut dire que j'ai un planning à remplir avec où je suis.
26:25Où est-ce que je travaille, mes horaires ?
26:27Où est-ce que je m'entraîne, mes horaires ?
26:29Quand est-ce que je suis chez moi ?
26:31Ils peuvent venir que ce soit au travail, que ce soit chez moi,
26:34que ce soit à l'entraînement, en compétition aussi.
26:38J'ai un devoir de le dire tous les jours.
26:40Même si je pars en vacances, j'étais aux Etats-Unis pour les vacances,
26:43j'étais obligée de dire mon lieu de vacances.
26:45Et comme toutes les disciplines, si tu ne dis pas où tu es,
26:48au bout de trois...
26:49Oui, au bout de trois non-shows,
26:51tu es suspendue et tu as la peine maximale qui est de quatre ans.
26:54Donc, oui, donc...
26:56Et tu n'as pas le droit de refuser un contrôle.
26:58Est-ce que, pour terminer,
26:59t'as toujours été entraînée par des hommes ou aussi par des femmes ?
27:02Non, toujours des hommes.
27:04C'est vrai que le coaching dans ma discipline
27:08est encore très, très masculine.
27:09Il y a encore très peu de femmes qui se sont imposées
27:11au niveau du coaching dans la force athlétique
27:13et je pense que ça viendra avec les années à venir.
27:16Ça viendra avec toi, peut-être ?
27:17Oui, c'est dans mes plans.
27:19C'est dans mes plans, oui.
27:21Tu restes avec nous, Priscillia, c'est passionnant.
27:24On a une autre personne qui va nous rejoindre,
27:27une coach, on va voir.
27:35Et donc, Cécile Lommelet nous rejoint en direct.
27:38Bonjour, Cécile.
27:40Bonjour.
27:41Tu es coach en préparation mentale,
27:43donc cet échange va être particulièrement intéressant
27:46et enrichissant.
27:48Juste une petite question avant, Cécile,
27:50de te donner la parole.
27:51Toi, Priscillia, tu travailles aussi avec une coach
27:53en préparation mentale ?
27:55Oui.
27:56Depuis combien de temps, combien de fois par semaine ?
27:57Comment ça s'organise ?
27:59Depuis peu, ça fait deux ou trois mois.
28:03J'avais quelqu'un avant, mais ouais, deux ou trois mois, là.
28:06En quoi, explique-nous,
28:07et après, on va donner la parole à Cécile,
28:09en quoi c'est important, essentiel, fondamental ?
28:12En plus, je ne sais pas les mots que tu veux mettre.
28:15Alors, pour moi, personnellement, la performance,
28:18je pense qu'elle est à plus de 50 % dans le mental.
28:20Waouh.
28:21Et je suis quelqu'un qui est très émotive,
28:25très dans l'émotion,
28:27et c'est quelque chose que j'ai besoin d'apprendre à canaliser,
28:28surtout en compétition avec le stress.
28:30Due à l'autisme ?
28:31Je pense qu'avec l'autisme, ouais, c'est exacerbé.
28:34Cécile, on comprend mieux pourquoi tu fais ce boulot-là
28:37quand on entend une athlète de très, très, très haut niveau
28:40qui cumule les records du monde, comme Priscillia.
28:42Toi, tu as quel âge et tu fais ça depuis combien de temps ?
28:47Moi, j'ai 33 ans,
28:48et ça va bientôt faire trois ans maintenant
28:50que je suis coach professionnel et préparatrice mentale.
28:53Pas que pour les sportifs ?
28:56Pas que pour les sportifs, également.
28:57Pour les managers, dirigeants d'entreprises,
29:00et puis les particuliers,
29:01parce qu'en vérité, le mental, on en a besoin tous les jours,
29:05mais c'est important de prendre soin de son hygiène mentale.
29:07Est-ce que tu es d'accord avec Priscillia,
29:09qui nous dit que 50 % de la performance
29:11vient de l'hygiène mentale ?
29:14Oui, complètement.
29:15Les trois piliers de la performance,
29:16on a la stratégie, la technique,
29:21et puis le physique aussi, et le mental.
29:25Vraiment, le pilier qui est fort dans la performance,
29:29c'est le mental, et ça peut compter jusqu'à 30,
29:31voire 50 % de la performance,
29:33c'est exactement ce que dit Priscillia.
29:35Ça commence où et ça s'arrête où, le mental ?
29:39Il n'y a pour moi aucune limite,
29:42et ça peut être vraiment...
29:44C'est ça, la magie, je crois, de cette grosse machine
29:47qu'est le mental, et on peut aller vraiment très loin.
29:49Pour moi, c'est illimité.
29:51Tu as aussi cette vision-là des choses ?
29:55Oui.
29:56C'est-à-dire que toi, une Priscillia dans le bad
29:59et une Priscillia optimale dans le mental,
30:01ce n'est plus du tout la même ?
30:06Je ne dirais pas que ce n'est plus la même,
30:08parce que je pense que même dans le bad,
30:11on peut avoir du mental.
30:14Mais c'est sûr qu'il vaut mieux être bien.
30:16Et toi, il y a des jours où tu as surperformé,
30:18où tu as battu des records du monde,
30:20où tu es devenue championne du monde,
30:21ou championne d'Europe, ou championne de France,
30:24et où, après, avec le recul et l'analyse,
30:26tu t'es dit, bon, j'ai fait tout ce qu'il fallait,
30:29mais waouh, heureusement qu'il y a eu cette prépa mentale
30:32qui fait que j'étais inarrêtable, quoi.
30:35Oui, la prépa mentale, moi, je la fais beaucoup
30:38avant les compétitions et pendant la compétition.
30:41Pendant la compétition aussi ?
30:42Oui, pendant la compétition aussi.
30:43Elle vient, vous vous appelez, comment ça s'organise ?
30:46Non, j'ai mes petites routines de performance,
30:49j'ai mes petits exercices à faire,
30:50mais c'est vrai que ça se joue avant, essentiellement.
30:54Ce n'est pas le jour J que tu te mets à faire de la préparation mentale,
30:56bon, ça peut aider,
30:58mais c'est surtout avant, pendant les entraînements
31:00et avant les compétitions.
31:02Cécile, est-ce que tu peux nous expliquer
31:04qu'aller voir un préparateur ou une préparatrice mentale,
31:07ce n'est pas une tare, ce n'est pas une faiblesse,
31:09c'est comme aller voir un psy aujourd'hui ?
31:12Clairement, c'est vraiment une force,
31:14ça fait partie de la vie d'un athlète
31:18et pour moi, aujourd'hui, un sportif qui passerait
31:20à côté de la préparation mentale,
31:22c'est un sportif qui pourrait passer à côté de sa carrière.
31:25C'est vraiment un élément incontournable de la préparation
31:30pour atteindre son meilleur niveau de performance.
31:32Cécile, comment tu es arrivée là-dedans ?
31:34Tu as fait quoi comme études ?
31:36Explique-nous ton parcours, qu'on comprenne.
31:39J'ai un parcours d'entrepreneur à la base.
31:41J'ai dirigé des agences de services à la personne
31:44et je me suis retrouvée propulsée à 29 ans
31:47à la tête d'une entreprise de 400 salariés,
31:50principalement des femmes,
31:52qui allaient au domicile des particuliers.
31:54Et puis, de par mon parcours,
31:58quand on arrive à la tête d'une société comme ça,
32:00ça peut être vertigineux.
32:02Et je me suis fait accompagner par une coach.
32:05J'ai été accompagnée professionnellement,
32:07sportivement et personnellement.
32:08Moi-même, je suis sportive amatrice.
32:11Et les effets ont été extrêmement puissants sur moi.
32:15Et ça m'a confortée dans l'idée
32:18de me réorienter professionnellement.
32:21Et donc, j'ai fait le choix de me former au coaching,
32:24avec une spécialité en préparation mentale
32:27et accompagnement en entreprise.
32:28Est-ce que tu veux dire, Cécile, que sans cette rencontre
32:31avec ce ou cette coach, tu étais une femme ?
32:35Oui, j'étais une femme.
32:36Sans cette coach et sans la vision nouvelle,
32:39qui est la tienne aujourd'hui et qui l'a été
32:41au fur et à mesure que tu as avancé avec elle,
32:44jamais tu ne te serais lancée là-dedans
32:45et jamais tu n'aurais évalué à quel point c'est important ?
32:49Oui, je pense que c'est un concours de rencontres,
32:52d'opportunités, de circonstances,
32:53mais qui font que, pour moi, il n'y a pas de hasard
32:56et que les choses devaient se faire comme ça.
32:59Et c'est vrai que ça a été extrêmement puissant et positif
33:02sur mon parcours aussi bien professionnel que sportif.
33:06Alors, tes performances sportives, c'est quoi ?
33:09C'est quelle discipline ? Qu'est-ce que tu fais ?
33:11Alors, moi, je suis athlète amatrice.
33:14C'est vraiment une passion.
33:18Je fais de l'athlétisme.
33:20Et c'est plutôt des cours sur route, du 10 km,
33:23semi-marathon et marathon.
33:25Là, je prépare le marathon de Paris
33:27et en objectif de courir en 3h15.
33:31Et jusqu'à présent, ton record précédent est de ?
33:343h19.
33:35Tu cours, toi, Priscillia ?
33:37Absolument pas.
33:39Priscillia, est-ce que tu te souviens, la première fois
33:41que t'as été mise en contact avec une coach mentale ?
33:44Oui.
33:45Avec quel âge ? On rappelle, t'as commencé à 22 ans.
33:47Au bout de deux mois, le gars dans la salle dit
33:49« Hop, hop, hop, là, il y a un phénomène.
33:51Viens voir, on va travailler ensemble. »
33:54C'était peu de temps après mes premiers championnats d'Europe.
34:00En 2018 ?
34:01Non, j'avais terminé deuxième.
34:04OK. Tu l'avais vécue comme une défaite ?
34:06Oui.
34:08Et là, qui t'a dit quoi ?
34:10Comment ?
34:11Qui t'a dit « Tiens, peut-être qu'on devrait... » ?
34:13C'est un ami qui...
34:16Donc, c'est deux amis, en fait,
34:18on a un ami en commun.
34:19Et il m'a dit, justement, c'était une reconversion professionnelle
34:24et il devait faire un stage auprès d'athlètes.
34:26Et donc, du coup, il me connaissait et il m'a dit
34:28« Est-ce que je peux vous mettre en relation ? »
34:30Et c'est parti de là, du coup.
34:31Donc, il m'a suivie pendant un an.
34:33Et t'as vu un changement rapide ?
34:35Oui.
34:36Un vrai changement rapide ?
34:37Oui, oui, oui.
34:40Et comment...
34:43Quelles ont été les incidences sur toi ?
34:45Comment tu t'es vue une autre Priscillia ?
34:48Je l'ai vue sur mes entraînements,
34:50je l'ai vue sur les compétitions.
34:53Je suis passée d'une place de vice-championne d'Europe
34:57à une première place de championne d'Europe
35:00avec des records du monde.
35:01Et je pense qu'il n'y a pas que l'entraînement.
35:03Le mental a énormément joué.
35:05Oui, puisque là, entre guillemets,
35:08c'est ça que t'as changé, en tout cas.
35:09Oui.
35:10Ça n'explique pas tout, mais évidemment...
35:12En l'espace d'un an, oui.
35:13En quoi...
35:16Ça m'intéresse, et après on va donner la parole à Cécile,
35:18mais en quoi ça, ça t'aide aussi dans ta vie de femme ?
35:22En fait, il y a plein de tips ou de petites routines
35:25qu'on peut mettre en place dans la vie de tous les jours,
35:28au final, que ce soit sur la gestion des émotions
35:31ou du stress au quotidien.
35:32Donc, en fait, c'est utile au quotidien.
35:35Il y a vraiment des choses qu'on peut rebasculer, en fait.
35:39Cécile, comment on passe d'un sportif de haut niveau
35:42à un chef d'entreprise,
35:43d'une entreprise plus ou moins grande ?
35:45Est-ce que finalement, ça reste de l'humain
35:47et que ça ne change pas grand-chose ?
35:49Oui, exactement, et puis que ce soit un chef d'entreprise
35:52ou un sportif de haut niveau,
35:54on se rend compte qu'il est finalement confronté
35:57aux mêmes enjeux de forte pression
36:00et avec l'importance d'apprendre à bien se connaître
36:04pour atteindre son meilleur niveau de performance
36:07ou libérer son plein potentiel
36:09et s'exprimer pleinement dans sa pratique.
36:12Et clairement, c'est exactement ça, ça reste de l'humain
36:14et c'est vraiment important d'apprendre à bien se connaître
36:17pour bien performer.
36:19J'ai l'impression, et je dirais enfin,
36:22que parmi toutes les choses qui changent dans notre monde aujourd'hui,
36:25alors on peut parler des femmes, de la diversité,
36:28alors évidemment, tout ne va jamais assez vite,
36:30qu'il y a aussi cette approche qui est que l'homme et la femme
36:34ne sont pas parfaits,
36:35que même des grands patrons sont accompagnés
36:37et qu'on peut en parler librement sans avoir honte
36:39et on a des grands, des immenses sportifs,
36:41des Teddy Riner et autres,
36:43qui sont accompagnés psychologiquement
36:45et qui en parlent, qui en parlent très librement
36:47sans avoir à se cacher.
36:50Exactement.
36:51De plus en plus, la parole est en train de se libérer petit à petit
36:55et voilà, ça a été un conditionnement des croyances bien ancrées
36:59et aujourd'hui, le tabou est en train de se lever petit à petit.
37:03Ça reste un métier qui est quand même récent malgré tout,
37:06mais il y a une vraie libération qui est en train de se faire
37:10parce qu'on voit en fait la réalité aussi,
37:13c'est les résultats derrière qui sont très importants.
37:18Oui, les performances.
37:20Toi, Cécilia,
37:24on a vu beaucoup de femmes, et notamment des femmes,
37:27parler dans le tennis, le numéro un mondial,
37:31mais pas que, on a vu beaucoup de femmes et d'hommes
37:34qui parlent maintenant très librement de la défaite,
37:38d'accepter la défaite, de la dépression dans le sport,
37:41de la fragilité de l'humain finalement,
37:44alors qu'à un moment, il ne fallait surtout pas parler d'humain.
37:46Est-ce que toi, tu le comprends et est-ce que c'est même indispensable
37:50d'abord pour s'accepter et pour s'améliorer en quelque sorte ?
37:55Je ne sais pas si c'est dû à ma personnalité ou le fait d'être autiste,
37:58mais je suis quelqu'un qui est extrêmement sans filtre et sans tabou.
38:02Donc en fait, dès mes débuts,
38:04moi, je n'ai jamais eu de problème à dire
38:06que je vois un psy ou que je suis suivie en thérapie.
38:10Vraiment, je ne vois pas en quoi c'est un problème.
38:13Je trouve que parfois, on fait des histoires pour pas grand-chose.
38:16Par exemple ?
38:19Tu as des exemples où tu t'es dit ça, justement ?
38:21C'est vrai que, comme le disait...
38:23Excuse-moi, j'ai oublié son nom.
38:24Cécile.
38:26C'est comme le disait Cécile, pardon.
38:28C'est vrai qu'il y a beaucoup de tabou autour de ça,
38:30où en mode, si tu vois un psy, c'est forcément que tu as des problèmes,
38:33c'est forcément que tu es fou ou que tu as des troubles.
38:36Ou que tu es faible.
38:37Ou que tu es faible.
38:38Et moi, au contraire, je trouve que de libérer la parole là-dessus
38:41et les gens qui assument, c'est plutôt une force,
38:43et même qui osent franchir ce pas,
38:46parce qu'apprendre sur soi, sur la vie en général,
38:51c'est quelque chose qui n'est pas si facile que ça.
38:53Ça demande beaucoup de courage sur beaucoup de points,
38:56de s'affronter soi-même, entre guillemets,
38:59de dire que j'ai mes forces, j'ai mes faiblesses,
39:02et il faut que je les assume, en fait.
39:05Parce que c'est qui je suis, je ne peux pas le changer.
39:08Donc non, moi, je n'ai pas de soucis là-dessus.
39:12Cécile, c'est terrible, mais on a l'impression
39:14qu'on était sur une société qui est un peu déshumanisée,
39:17robotisée, hiérarchisée,
39:20et tes patrons, tu gagnes bien ta vie, ferme ta gueule,
39:22ou tes sportifs de haut niveau, tu as des ambitions, vas-y,
39:25et si tu n'y vas pas, c'est que tu es un faible
39:27et que tu ne sauras jamais être un « winner ».
39:30C'est vraiment ça.
39:32L'évolution, elle est là, aujourd'hui.
39:35C'est-à-dire ? Qu'est-ce que tu entends par...
39:38Qu'heureusement qu'on a fait tomber cette barrière-là.
39:41Ah oui, bien sûr, c'est essentiel,
39:44et qu'aujourd'hui, on voit vraiment ce que ça peut amener.
39:48Je prends l'exemple, même des sportifs
39:51qui s'entraînent depuis 10 ans, 15 ans,
39:54qui n'ont jamais touché à la prépa mentale.
39:56Et je pense que Priscilla l'illustre bien aussi
39:58en disant qu'en un an, les résultats sont arrivés,
40:02et il y a eu des vraies performances avec des records.
40:07Clairement, ça peut aller très vite,
40:08une fois en plus qu'on passe le cap de la prépa mentale,
40:12et ce qui fait que les personnes commencent à s'y intéresser
40:15et voient que ça reste une force plutôt qu'une faiblesse
40:18d'aller voir un préparateur mental.
40:20Cécile, comment les gens viennent à toi ?
40:23Principalement par le bouche-à-oreille.
40:25Et voilà...
40:27Ils sont gênés quand ils arrivent ?
40:29Ils sont gênés, genre c'est difficile d'en parler ?
40:33Franchement, je dirais que non.
40:36J'ai le truc qui fait que je brise la glace très rapidement,
40:40dans les 15 premières minutes, la glace se brise,
40:44et puis il y a vraiment un climat de confiance qui s'installe,
40:49et puis c'est là qu'il y a les échanges qui commencent,
40:52et tout commence par...
40:56Je pense que c'est une vocation, en vérité.
40:58J'ai le truc qui permet de m'être à l'aise,
41:00et la personne, elle se sent bien,
41:01et elle y va, quoi.
41:03Est-ce qu'on a peur de passer à un climat de dépendance ?
41:08Je pense pas, moi, c'est pas du tout ma philosophie,
41:12et Priscille, elle l'explique très bien aussi.
41:16Voilà, le ou la préparatrice mentale
41:20va être là pour vraiment amener l'athlète
41:22à ce qu'il devienne autonome dans sa pratique,
41:25au maximum,
41:27et en lui transmettant des outils, des clés,
41:30en mettant en place une routine de performance
41:32pour qu'il soit autonome et prêt le jour J
41:35à affronter toutes les situations.
41:39J'ai l'impression,
41:40et je vais demander d'abord à Priscille,
41:42et après tu vas prendre la parole, Cécile,
41:44j'ai l'impression que pour être performant,
41:47c'est un peu comme un coach,
41:48il faut aussi accepter qu'il faudra en changer,
41:50pas régulièrement, mais qu'il faudra aussi en changer de temps en temps.
41:55Peut-être que je me trompe,
41:58mais qu'à un moment, il faut un renouveau dans l'approche.
42:01J'ai adoré cette préparatrice ou ce préparateur mental,
42:04il t'a permis de surperformer, de franchir cinq paliers,
42:08mais qu'à un moment, il faut, pour continuer,
42:11avoir un autre, quoi, ou une autre.
42:13Moi, je suis pour le changement général,
42:16alors pas tous les 36 du mois, pas tout le temps,
42:19mais plutôt dans le changement où...
42:23Je pense que oui, il y a un moment où l'accompagnement est terminé,
42:26on est arrivé à la fin,
42:28et c'est par exemple ce que j'ai ressenti avec mon ancien coach
42:30quand j'ai changé, je me suis dit, je sens que là, c'est la fin.
42:34Voilà, j'ai appris tout ce que j'avais appris,
42:35il m'a donné tout ce qu'il avait à me donner,
42:38je suis allée jusqu'au bout des choses,
42:40et il est temps de changer aussi pour...
42:43Moi, ce que j'aime bien, c'est mettre mes propres croyances,
42:46entre guillemets, à rude épreuve.
42:49Voilà, j'aime bien me challenger aussi sur mes connaissances,
42:53sur ma vision de la vie, sur la vision des choses,
42:56et je pense qu'au bout d'un moment, forcément, on n'a pas...
42:59Enfin, chacun a sa vision des choses,
43:01et j'aime bien piocher un peu à droite, à gauche sur ça
43:04et me former mon propre avis.
43:06Donc, je le suis en général pour le changement
43:09quand on est arrivé au bout des choses,
43:11ou quand ça ne marche pas, on voit que ça ne matche pas.
43:14Cécile, moi, je suis un peu d'accord avec cette approche,
43:16c'était le sens de ma question.
43:18Oui, je le partage aussi pleinement.
43:20C'est important d'avoir le feeling,
43:22sentir qu'il peut toujours y avoir des déclics qui peuvent être créés,
43:26et à partir du moment où on ne sent plus le truc,
43:29ça ne sert à rien d'insister.
43:30Je pense qu'il y a peut-être une autre approche
43:33qui correspondra mieux à l'athlète,
43:34et je trouve que c'est plutôt sain et une bonne chose pour l'athlète
43:38de se sentir à l'aise avec ça
43:40et de pouvoir changer quand on arrive à terme,
43:42et on sent que la collaboration devient plus difficile.
43:47Est-ce que c'est plus important dans les sports individuels, entre guillemets ?
43:53Peut-être que oui, c'est plus important.
43:56Il y a une relation assez privilégiée qui peut se créer,
44:00et ça peut arriver, encore une fois,
44:03je pense que c'est une question de personne.
44:04Si chacun des deux travaille personnellement sur soi
44:08pour aussi donner le meilleur dans la relation,
44:12parce que ça reste une relation aussi,
44:14entraîneur et entraîné,
44:17à un moment donné, je pense que c'est aussi...
44:19Si chacun travaille sur soi,
44:21on peut peut-être arriver aussi à trouver des solutions à terme.
44:24On peut aussi, à un moment donné, ne plus s'y retrouver.
44:27Qui sont les sportifs ou les sportives du haut niveau que tu accompagnes ?
44:31J'accompagne principalement des athlètes en équipe de France,
44:35en athlétisme, pour le coup,
44:36aussi bien sur de la course à pied que sur des sauts.
44:40J'ai aussi une apte athlète.
44:43C'est important de le faire dans les disciplines qu'on connaît
44:46et qu'on pratique, et c'est ton cas ?
44:49Il se trouve que c'est par mon réseau
44:52que je suis arrivée à accompagner des athlètes en équipe de France,
44:57et pas que, j'accompagne aussi des athlètes amateurs.
45:01Je trouve que l'avantage de pratiquer ce sport,
45:06ça me permet aussi de vraiment comprendre ce à quoi ils sont confrontés,
45:10et je pense que ça aide aussi dans ma pratique.
45:13Ça voudrait dire aussi que du jour au lendemain,
45:16tu ne pourrais pas t'occuper d'une précielle IA, par exemple ?
45:18Si, c'est tout à fait possible, parce que ça reste de l'humain,
45:22et moi, j'ai vraiment une approche où je pars des rêves,
45:26des rêves des athlètes, s'autoriser à rêver.
45:28Quand on arrive, on me dit,
45:30en fait, avec un peu de pudeur,
45:33j'aimerais être championne ou championne olympique,
45:35et je dis, alors, il est où le mal ?
45:38Sois fière de ça, et en fait, c'est s'autoriser à rêver grand
45:42pour que derrière, à partir du moment où on s'autorise à rêver grand à l'intérieur,
45:46ça va forcément se réaliser ou on va s'en rapprocher à l'extérieur.
45:50Je me trompe ou toi, rêver, c'est ta vie ?
45:52Comment ?
45:53Toi, rêver, c'est ta vie ?
45:54Oui. Je rêve tout le temps.
45:57Non, mais c'est vrai, ça se voit, on le comprend.
46:00Nos barrières, nos limites, on y va, puis on verra, quoi.
46:03Après, on fait le taf et on fait les choses comme il faut.
46:05Oui, non, mais oui, c'est beaucoup ma mentalité.
46:08Et aujourd'hui, ton rêve, c'est quoi ?
46:09Sachant que t'as quasi tout accompli, quoi.
46:12Alors, à part que... On peut toujours en lever plus, quoi.
46:15Oui. Alors, déjà, de lever encore plus, vraiment d'atteindre des...
46:19J'ai vraiment des barres, des objectifs de barres précises.
46:23Et l'objectif ultime, c'est de devenir vraiment la meilleure des meilleures.
46:28Donc, ce qu'on appelle la goat, quoi.
46:30Et c'est quoi ? Qu'est-ce qu'il faut pour être ça ?
46:33Alors, il y a une formule qui compare, en fait, les athlètes,
46:37que ce soit hommes ou femmes, tout confondu par rapport à la catégorie de poids, etc.
46:40Compliqué, donc, déjà.
46:41Oui. Et du coup, ce serait d'avoir ce plus haut total aujourd'hui.
46:45OK. Parce que je vais juste reprendre tes performances,
46:47qui sont juste stratosphériques.
46:50Aujourd'hui, au squat, t'es à 205,5.
46:53Au développé couché, t'es à 112,5.
46:55Au soulevé terre, t'es à 230,5.
46:57Et au total, t'es à 548,5.
46:59Qu'est-ce qu'il faudrait pour arriver à ça ?
47:02Beaucoup plus.
47:03Beaucoup, c'est quoi ?
47:05Beaucoup plus.
47:06Alors, là, aujourd'hui, le meilleur, il est à 123 points.
47:11Donc, par exemple, pour le battre, il me faudrait un total...
47:14Si je suis à 63 kg, il me faudra un total à plus de 570 kg.
47:19570 kg, là où aujourd'hui t'es à 548.
47:22Oui.
47:23Donc, 22 kg à aller chercher.
47:24Oui, c'est ça.
47:26Ce qui est à la fois peu et non.
47:27Si lui ne progresse pas aussi entre-temps et qu'il ne met pas la valeur...
47:30Est-ce qu'une femme a déjà été le goat ?
47:32Oui. Oui, oui, sur une ancienne formule.
47:34Une moins de 47 kg.
47:36Il te manque 22 kg ou est-ce que c'est le plus...
47:40Facile, entre guillemets, d'aller les chercher
47:42ou est-ce que t'as la plus grande marge de manœuvre
47:44et inversement, où est-ce que c'est le plus compliqué ?
47:47Honnêtement, là, je ne saurais pas répondre à ta question
47:50parce que j'ai changé récemment de méthode d'entraînement,
47:53donc je ne sais pas ce que ça va donner.
47:55Mais je pense qu'aujourd'hui, j'ai 7 ans de pratique,
47:59les kilos, aujourd'hui, je vais les grappiller.
48:00Je ne vais pas avoir...
48:02J'ai eu vraiment une très, très grande progression
48:04là jusqu'à très récemment
48:06et là, je pense qu'aujourd'hui, les kilos, je vais les chercher.
48:08J'allais les grappiller.
48:10Mais ça veut dire quoi ? Petit à petit ?
48:11Oui, petit à petit.
48:13Ça veut dire quoi ? 500 g par 500 g ? Kg par kilo ?
48:14Je ne dirais pas 500 g par 500 g,
48:16ce sera peut-être 10 kg par 10 kg sur le total.
48:19Pour aller en chercher 22, ça va aller vite, alors.
48:24Il faut quelques mois, quand même, pour gagner 10 kg.
48:26Oui, évidemment, ça, on s'entend.
48:28Mais les 10 kg, c'est quoi ?
48:30C'est au développé couché ou là où tu es à 112,5 ?
48:33Tu penses que tu peux aller à 120 ?
48:34Par exemple, mes objectifs, là, vraiment de barre,
48:37ça va être 220 kg au squat,
48:39250 au...
48:40Attends, 220 là où tu es à 205,5, donc 14,5 kg en plus.
48:44Oui, mais ça, c'est vraiment les goals ultimes
48:46que j'aimerais avant la fin de carrière.
48:48OK, donc 220 kg au squat, là où tu es à 205,5.
48:51120 au bench, du coup, au développé couché.
48:54Oui, là où tu es à 112,5.
48:55Donc là, si tu fais les deux, tu as pété le record.
48:57Oui.
48:58Oui, mais il faut y arriver.
49:00Il faut y arriver, c'est ça.
49:04Tu en parles déjà, ta préparatrice mentale ?
49:06Oui.
49:07Elle dit quoi ?
49:08Que rien n'est impossible.
49:12Est-ce que tu dirais, toi ?
49:13Alors, évidemment, tu connais, entre guillemets,
49:15pas bien le dossier, Priscillia.
49:17Cécile, ton approche, ça serait quoi
49:19quand tu as quelqu'un qui arrive avec cet objectif ?
49:22Après, cette jeune femme a cette particularité
49:24de rêver et de se fixer aucune limite.
49:27Oui, mais je partage pleinement ce que dit Priscillia,
49:30ce que dit aussi sa préparatrice mentale.
49:32Pour moi, on rêve pas par hasard.
49:33Et quand on a des rêves, ils sont en nous.
49:37Il faut laisser personne se distraire de ses objectifs
49:40et y croire, et tout mettre en oeuvre pour y croire.
49:43Justement, c'est casser toutes les croyances limitantes,
49:47tous les freins que l'on peut avoir.
49:49Et après, c'est une autoroute à quatre voies qui s'offre à nous.
49:53Alors, je vais faire exprès d'aller dans l'autre sens,
49:56mais il y a peut-être le corps qui va dire non.
49:58Je fais exprès, je ne te dis pas que ton corps va dire non.
50:01Non, mais je pense qu'on sous-estime beaucoup le mental.
50:04Et je pense que le mental est beaucoup plus fort que le corps,
50:06sur énormément de choses.
50:08Et je pense que vraiment, quand on se croit capable
50:12de faire quelque chose, le corps suit.
50:14Parfait.
50:15Juste, j'ai besoin de comprendre une dernière chose, Priscillia.
50:18T'as 28 ans, t'as dit que tu voulais arrêter à 35 ans.
50:20Oui.
50:22À quel âge le corps, physiologiquement, est le plus puissant ?
50:27Autour de la trentaine, en général.
50:29Donc, t'y arrives.
50:29Oui, j'y arrive.
50:31Je ne sais pas encore, mais autour de la trentaine, en général,
50:33c'est là où on dit qu'on a le pic de force.
50:35Et ensuite, c'est un peu sur le déclin.
50:37Oui, mais on sait quoi, on va dire, ça dépend des personnes, déjà.
50:41Oui, ça dépend des personnes, ça dépend de l'hygiène de vie,
50:44ça dépend de plein de choses,
50:46il y a plein d'autres facteurs qui rentrent en compte.
50:47Hygiène de vie, tu ne déconnes pas.
50:49Non, on essaye de...
50:50Bien sûr, évidemment.
50:51Merci beaucoup, Cécile, d'avoir été avec nous.
50:54Merci. Merci à vous.
50:56Profite bien du magnifique bassin d'Arcachon
50:57et continue d'accompagner des grandes sportives,
51:00des sportifs et des chefs d'entreprise.
51:01Merci beaucoup, Cécile Lomlé. À bientôt.
51:03Merci, merci beaucoup. À bientôt.
51:04Au revoir. Merci infiniment, Priscillia.
51:06Tu reviendras nous raconter la suite.
51:08Et je note bien, je mets tout dans un petit cahier
51:11ou sur mon téléphone, pour ne pas paraître trop vieux.
51:13Et dans six mois, tu me diras à combien t'es.
51:16Je noterai qu'au mois de mars, t'étais à 205 et 112.
51:20D'accord.
51:22La performance, tu la vois au quotidien, toi ?
51:24Comment ça, au quotidien ?
51:25Les plus ?
51:27Moi, c'est ce que j'aime dans cette discipline,
51:29c'est que les 500 grammes, le kilo, on sait aller le chercher.
51:32Alors, c'est pas au quotidien, c'est à chaque compétition, pour moi.
51:36À chaque compétition, je veux toujours faire plus
51:38que ce que j'ai fait à la dernière compète.
51:40Eh bien, reviens vite nous voir, parce que, à mon avis, ça va vite monter.
51:42Merci, Priscillia. Merci à vous pour votre fidélité.
51:44Et puis, je vous dis à très bientôt. Salut.
51:55Sous-titrage ST' 501

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