Reportage cinéma produit par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00L'hypocrisie est un vice privilégié qui de sa main ferme la bouche à tout le monde
00:10et jouit en repos d'une impunité souveraine.
00:13C'est un enfer, ça a été écrit il y a 500 ans, c'est toujours aussi vrai.
00:17C'est en lisant Don Juan dans une librairie à Paris que Benjamin Voisin nous accueille.
00:21Un acteur révélé chez François Ozon pour E.T.
00:24Il est important pour lui de trouver les mots pour le dire, les mots au cœur d'un
00:37métier que Benjamin exerce avec passion, des mots qui aident.
00:42Quasiment à vivre.
00:43C'est par les mots que vous avez réussi à le faire ?
00:46C'est par le fait d'avoir ouvert un bouquin et d'avoir lu, d'avoir réfléchi, imaginé.
00:51L'imaginaire, c'est l'imaginaire.
00:53Moi je trouve que ça manque un peu d'imaginaire aujourd'hui.
00:55Il est aujourd'hui l'un des premiers rôles du troisième long métrage de Delphine et
00:58Muriel Coulin, « Jouer avec le feu ».
01:01Fils de Vincent Lindon, il interprète un jeune homme ébloui par la violence et qui s'accroche
01:06à des groupes d'extrême droite.
01:10Si ta mère te voyait, je te jure.
01:12T'as dit quoi ?
01:12Si ta mère te voyait.
01:14Tu dis pas ce que tu dis pas.
01:15Tu répètes plus jamais ça de ta vie.
01:17T'entends ?
01:18C'est un jeune homme qui a choisi la violence.
01:22Le silence, il s'est retrouvé dans ces idées-là, mais parce que ce groupe-là lui
01:27permet d'avoir une identité, ce qui est dramatique parce qu'il y a tellement d'autres
01:32identités possibles.
01:33Je me casse d'ici.
01:34Je te laisse avec ton fils, par contre.
01:35Fousse.
01:36Fousse.
01:38On est dans une librairie.
01:39Il y a quand même pas mal de façons de se rencontrer ici, je trouve, par les mots,
01:44par la poésie.
01:46Je crois que chez les êtres humains, le mot permet de lâcher du sentiment, de ne pas
01:54contenir les choses.
01:55S'il y en a plein de mots, on peut dire facilement ce qu'on pense, donc c'est beaucoup plus
01:58facile de cohabiter avec des gens qui parlent.
02:00Qui vous a donné le goût des mots ?
02:01J'ai vu mes parents avec des livres à la main.
02:03J'aimais bien comment ils parlaient.
02:04Je les trouvais beaux, je les trouvais élégants.
02:07Je me suis dit, tiens, j'aspire à ça.
02:11Mais est-ce que l'imaginaire de la littérature vous aide et vous porte ?
02:15Je crois avoir un tout petit peu pigé que le cinéma, ça a été voler des émotions.
02:19Donc forcément, ma manière de lire et d'être abreuvé de mots et de cette recherche d'essayer
02:26de ne pas aplatir une phrase, d'essayer de comprendre l'émotion avec laquelle l'auteur
02:30l'a écrite, peut-être que inconsciemment, ça se voit peut-être dans mon regard, mes
02:36yeux, ma manière de parler.
02:37Vraiment, ça me passionne.
02:38C'est-à-dire que si demain on me dit, c'est fini, allez, stop, on arrête, rideau, il
02:41n'y a plus de cinéma, il n'y a plus de théâtre, je suis encore dans la littérature.
02:45Le voyage au bout de la nuit, il est où ? Je l'ai vu là, là ? Il commence à 14
02:50ans, je ne l'ai pas compris.
02:51Je n'ai rien compris.
02:52Mais j'ai vu qu'il y avait des phrases où il parlait quasiment comme moi.
02:55C'est démentiel.
02:56Le mec a réussi à écrire sur une feuille de papier ma vraie manière de parler.
02:59Allez, on fonce sur guerre.
03:01Guerre de Céline, jouée au théâtre, en ce moment, seule en scène, par Benjamin Voisin.
03:08Nous allons dans mon petit théâtre, le théâtre de l'œuvre.
03:11Je vais tout doucement aller m'échauffer.
03:13Je vais me mettre un peu dedans.
03:15Je vais m'habiller, je vais m'étirer un peu, je vais écouter un peu de musique.
03:18Et voilà, c'est parti.
03:20Et c'est parti pour 1h20.
03:2120 ans.
03:22On apprend.
03:23Chaque soir, les mots de Céline résonnent.
03:27Et moi, en deux mois, j'avais appris à peu près tous les bruits de la terre et des
03:30hommes.
03:31Ils sont dits par un jeune acteur.
03:32J'ai l'âme plus dure.
03:33Qui aime, vous l'avez compris, comme un biceps, la belle littérature.
03:37Je ne crois plus aux facilités.
03:38J'ai appris à faire de la musique, du sommeil, du pardon, et vous le voyez, de la belle littérature
03:44aussi.