Le ministre de la Justice a présenté sa feuille de route à l'administration pénitentiaire ce 23 janvier. Gérald Darmanin a précisé la date d'ouverture d'une prison de "haute sécurité" pour les narcotrafiquants "les plus dangereux" et veut lancer la création d'une "police pénitentiaire".
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00:00Ce que je pense surtout c'est de l'action de Gérald Darmanin, j'avais chez Apolline de Malherbe dit que je faisais confiance à Gérald Darmanin pour prendre des décisions, il les prend, bonnes, pas bonnes, on verra.
00:14Les gens qui contestent ces décisions, les directeurs de prison et les magistrats, ils ne sont pas dans les courcives, ce n'est pas des gens qui se font menacer tous les jours, ce n'est pas des gens qui se font cracher à la figure tous les jours.
00:25Donc moi je veux bien entendre des réflexions tout le temps, dès qu'on fait quelque chose et immédiatement il y a des gens qui disent que ce n'est pas bien, moi je trouve qu'il a beaucoup de courage.
00:36Dupond-Moretti est resté 4 ans et demi, il n'a pris aucune décision et toutes les conditions de détention se sont aggravées pendant son passage au chef de garde des Sceaux.
00:49– C'est-à-dire quand vous dites les conditions de détention, les crachats, ce qui se passe dans les courcives, qu'est-ce qui se passe et qu'est-ce qui est lié finalement à ces narcotrafiquants, à ces grands criminels ?
00:58– C'est très simple, ce dont j'ai peur si vous voulez c'est que sans ça ne sera pas assez, il y a 17 000 détenus qui sont liés au narcotrafic.
01:07C'est très simple monsieur, c'est que quand un surveillant ne veut pas s'aider, la prison est une cloche, les gens qui sont en train de parler, mis à part les surveillants pénitentiaires,
01:18il s'avère que sur ce sujet les détenus et les surveillants, moi ancien détenu et eux surveillants, on est sur la même longueur d'onde, et bien c'est très simple.
01:28De cellule en cellule, ils se disent, lui il va falloir lui faire la vie difficile, et je vous assure que le matin quand il vient au travail, il a la peur au ventre.
01:38Voilà ce qui se passe, quand je dis que dans mon livre, je dis que les surveillants sont de la chair à canon, c'est la réalité.
01:44Donc je pense que monsieur Darmanin est pris conscience de cela, mais je n'en doutais pas d'ailleurs.
01:51Et l'autre chose qui est importante, on me dit que ça va être sanctionné par les droits de l'homme, mais madame vous qui êtes magistrate,
01:59depuis combien de temps les conditions de détention sont sanctionnées par les droits de l'homme ? Depuis combien de temps madame ?
02:05Et ça a changé quoi ? Depuis combien de temps on nous promet l'enseignement individuel et ça n'a pas été fait ?
02:13Donc moi, je préfère quelqu'un qui décide comme Gérald Darmanin, qui fait un constat en trois semaines,
02:22alors que les gardes des sceaux successifs n'ont fait aucun constat et sont contentés de gérer les problèmes.
02:30Ce n'est pas vous madame qui êtes dans une cellule à quatre avec des matelas au sol.
02:35Madame, moi je n'ai pas vu de magistrat quand j'étais incarcéré.
02:39Attendez, monsieur Bouton, Eveline Sirmarin vous répond.
02:42Je ne crois pas que ça va changer malheureusement grand-chose. Enfin, on ne va pas polémiquer, mais voyez,
02:47les 80 000 détenus pour un peu plus de 60 000 places, malheureusement pour eux, cette décision ne va pas changer grand-chose.
02:54Moi, je ne veux pas du tout être négative. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire quelque chose.
02:58Je pense que ça aurait été intéressant aussi d'envisager, même si ça peut vous choquer, la réinsertion,
03:06pas uniquement l'incarcération de ces gens-là. Et les quartiers spécialisés auraient été peut-être une meilleure chose, c'est tout.
03:13Mais pour les autres détenus, pour les 80 000 détenus, je crois qu'il faut envisager aussi des mesures.
03:19Ça serait bien que monsieur Darmanin se penche sur la surpopulation carcérale générale.
03:23On n'arrive pas à construire des prisons en France.
03:25Voilà, on n'arrête pas de construire des prisons.
03:27Non, on n'arrive pas. On n'arrive pas et ce n'est pas à cause des gardes des sceaux,
03:31ce sont à cause des élus locaux qui n'en veulent pas dans leur ville.
03:34Mais comment lutter contre la surpopulation ? Peut-être emprisonner différemment des mesures alternatives à l'incarcération, etc.
03:41Oui, ça existe, mais regardez, il veut créer 3000 places de semi-liberté.
03:45Ça sera intéressant de voir ce que ça fait.
03:47C'est quoi une place de semi-liberté ?
03:48La semi-liberté, c'est un aménagement de peine, c'est-à-dire que vous finissez votre peine quand vous avez un projet professionnel, personnel, familial.
03:56Au lieu de la finir en prison, quand vous avez moins de deux ans à faire, à la fin, vous allez dans un centre de semi-liberté.
04:02Le jour, vous êtes libre. La nuit, vous êtes en prison ou dans un centre.
04:06Alors ça, c'est très intéressant.
04:08Mais ce qui est curieux, c'est que d'après les statistiques du ministère de la Justice, il y a des places dans ces centres.
04:14Le problème essentiel n'est pas le centre de semi-liberté.
04:17Il y a des places encore, bon, d'après les statistiques.
04:20Mais c'est la prison ordinaire, la maison d'arrêt, la détention provisoire en attendant d'être jugée, les délais.
04:25C'est ça la question.
04:27Alors il faudrait peut-être envisager une régulation carcérale comme dans d'autres pays.