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À la veille de ses 16 ans, le père de Cyriel Mercier lui annonce qu’il va ouvrir une maison close. Aujourd’hui, l’auteure du podcast « Mon père, ce macro » nous parle de l’ampleur et de l’impact des choix de son père sur sa vie d’adolescente.

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Transcription
00:00Je n'ai absolument pas du tout réalisé l'ampleur et l'impact que cela allait avoir dans ma vie,
00:04dans ma vie d'adolescente, dans ma vie de jeune femme et dans ma vie de femme.
00:07Mon père a fait beaucoup de métiers différents en passant de cascadeur, magicien,
00:12pompier, ambulancier, commissaire priseur, vendeur de voitures.
00:15Et la veille de mes 16 ans, il m'a annoncé qu'il allait ouvrir une maison close.
00:19À 16 ans, tout est important parce que tout est un peu une première fois.
00:25Et le fait de casser un peu cette image du prince charmant,
00:31de voir en fait un certain aspect de l'homme et un certain aspect de la société,
00:37où en fait le romantisme est réduit à néant,
00:42moi ça me faisait beaucoup de peine parce que je me disais « mais de fait,
00:47tout le monde va dans les maisons, tous les hommes font ça,
00:52tous les hommes trompent leurs femmes. »
00:55Inévitablement, vos codes sont cassés alors qu'à 16 ans,
00:57je pense qu'on est en train de les construire.
00:59Vous découvrez le pire avant de découvrir le meilleur,
01:02alors que normalement, c'est un peu l'inverse.
01:04Je voulais essayer du mieux que je pouvais,
01:08qu'on ne croit pas une seule seconde que je pouvais appartenir à ce milieu.
01:13Je voulais adopter un look de petite fille, de femme-enfant,
01:18de petite robe comme ça, le petit polo, le truc.
01:21Donc pas de rouge à lèvres rouges, pas de talons, pas d'escarpins,
01:26les accessoires clichés qu'on pense quand une femme est sexy.
01:32J'avais tellement honte, je savais que ce n'était pas glorieux,
01:38je savais tout ça, que j'avais tellement peur qu'on me rejette en fait.
01:42C'est vraiment cette peur du rejet, de me dire « non, on ne peut pas la fréquenter »
01:48ou alors que ces gens-là veulent bien me fréquenter,
01:51mais que les parents disent « non, mais attends, ce que fait son père,
01:54ce n'est vraiment pas fréquentable ».
01:55Les gens ont énormément de mal à comprendre aussi
01:59que je peux aimer mon père malgré ce qu'il fait.
02:04Moi, j'ai eu un père présent qui était là de ma naissance jusqu'à sa mort.
02:09C'est vrai que sa profession n'était pas glorieuse, mais moi, je l'aimais.
02:16J'avais 18 ans et demi, et je demande à partir à Paris pour étudier,
02:21et on accepte, mes parents acceptent.
02:24Et là, c'est comme si j'avais eu cette chance de pouvoir écrire une nouvelle page.
02:30Je change de pays, je quitte la Belgique, mon père est loin, ma mère est loin,
02:35personne ne sait d'où je viens, personne ne sait qui je suis,
02:38personne ne connaît ma famille.
02:39Donc, ça me permet de pouvoir « m'inventer une vie ».
02:45Et là, je découvre ma vraie liberté et je rencontre, bizarrement, la vraie Cyrielle.
02:54La vraie Cyrielle qui a envie de mettre une paire d'escarpins,
03:00qui a envie de s'autoriser de se maquiller,
03:04parce qu'elle n'a plus peur d'être stigmatisée ni d'être jugée,
03:07puisque c'était toujours ça.
03:09Et puis, quand on me demandait ce que mon père faisait,
03:11comme il avait fait plein de métiers, c'était facile.
03:13J'arrivais toujours à détourner la question.
03:15Quand mon papa est décédé, il y a deux choses.
03:18Il y a un mélange de tristesse, mais il y a aussi une libération.
03:21Maintenant, cette histoire, c'est fini et je suis libre, libérée de cette histoire.
03:28Et en fait, c'était un leurre parce qu'elle fait partie de vous encore.
03:34Donc, quelque part, je me suis retrouvée à encore être jugée
03:42par ce que mon père avait fait dans le passé.
03:44J'ai eu plein de réflexions du genre,
03:49les macros, c'est mieux dans l'eau, en faisant référence aux poissons.
03:55Comment on peut aimer un père pareil ?
03:58Comment une fille macro peut oser s'exprimer ?
04:03J'ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de réflexions.
04:05Alors que vous, encore une fois, vous n'y êtes pour rien.
04:09Le fait de mentir, de ne pas oser dire d'où vous venez vraiment,
04:13c'est une façon de ne pas s'accepter.
04:16Et je me suis dit, en parlant ouvertement de ça,
04:22c'est m'assumer et c'est là que je trouve ma liberté.

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